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Nouvelle-Calédonie: à la veille d’une semaine cruciale, Manuel Valls fixe le cap des négociations

Le ministre des Outre-mer Manuel Valls a affiché dimanche sa volonté d'”achever la décolonisation de la Nouvelle-Calédonie” en continuant de plaider pour le “vivre-ensemble”, à la veille de la reprise des discussions sur l’avenir de l’archipel dans un contexte tendu.La Nouvelle-Calédonie est une terre de symboles, et Manuel Valls l’a bien compris. Dimanche, c’est donc aux îles Loyauté, à Maré, terre natale de Yeiwéné Yeiwéné, indépendantiste kanak tué en même temps que Jean-Marie Tjibaou le 4 mai 1989 par un extrémiste lui reprochant d’avoir signé l’accord de paix de Matignon-Oudinot, que Manuel Valls s’est rendu. Le ministre doit réunir lundi à huis clos indépendantistes et non-indépendantistes pour tenter de leur faire signer un accord sur l’avenir de l’archipel, exsangue après des mois de violences qui ont fait 14 morts en mai 2024 et plus de deux milliards d’euros de dégâts.En cette date anniversaire, une centaine de personnes est rassemblée au mémorial qui abrite la tombe de Ye Ye (Yeiwéné Yeiwéné). “Il est mort parce qu’il avait eu le courage de faire le choix du destin commun et de la paix. L’acceptation des autres, c’est ce qui a guidé les accords de Matignon et de Nouméa”, signés respectivement en 1988 et 1998, souligne l’ancien Premier ministre. Et de lancer: “Moi, je crois que l’eau et l’huile se mélangent”. Un message envoyé aux Loyalistes, branche la plus radicale des non-indépendantistes, qui ont menacé de quitter les discussions vendredi dernier, estimant que l’accord proposé par Manuel Valls était trop favorable aux indépendantistes.Le 14 juillet 2024, leur cheffe de file Sonia Backès, présidente de la province Sud, avait justifié son souhait de renforcer les pouvoirs accordés aux provinces par le fait qu'”au même titre que l’huile et l’eau ne se mélangent pas, je constate à regret que le monde kanak et le monde occidental ont, malgré plus de 170 années de vie commune, des antagonismes encore indépassables”.- “Le pari de l’intelligence” -“L’eau et l’huile se mélangent”: la phrase sera répétée plusieurs fois au cours du déplacement, durant lequel Manuel Valls a assuré que l’État avait bien l’intention “d’achever la décolonisation de la Nouvelle-Calédonie. L’aspiration à la souveraineté est légitime, celle à rester Français aussi, alors comment faire ? Eh bien, il faut faire le pari de l’intelligence”.Une référence, cette fois, au leader indépendantiste Jean-Marie Tjibaou: c’est en ces termes qu’il parlait des accords de Matignon, signés par Michel Rocard, dans lesquels était inscrite la notion de “vivre-ensemble” pour laquelle Manuel Valls avait plaidé lors d’un précédent déplacement dans le nord de l’archipel en février dernier.Si le ministre est venu aux Loyauté, ce n’est pas un hasard: les îles sont à une écrasante majorité indépendantistes et bien représentées dans les instances décisionnelles de ce camp. Elles n’ont en revanche pas ou très peu été touchées par les violences de l’an dernier, liées à un projet de loi modifiant le corps électoral.”La Calédonie est une pirogue, et les Loyauté en sont le balancier, ce sont elles qui apportent l’équilibre”, explique Pierre Ngaihoni, ancien maire de l’île, à la table de la Fête de l’avocat, temps fort de la vie locale, où déjeune Manuel Valls avec des Maréens. Visiblement conquis, ils ont accompagné tout le déplacement de chants traditionnels et de petits cadeaux: ignames, chapeaux et couronnes tressées, et avocats bien sûr.A Nouméa, les réactions aux propos de Manuel Valls, accusé de promouvoir un statut d'”indépendance-association” avec la France, comme l’avait fait en 1985 le délégué du gouvernement en Nouvelle-Calédonie Edgard Pisani, ne se sont pas fait attendre.”Il y a ceux qui passent et ceux qui restent. En 1985 Pisani est passé, nous sommes restés. En 2025, nous, nous resterons, d’autres passeront, leurs idées avec eux”, a répliqué Sonia Backès sur les réseaux sociaux.L’ancienne secrétaire d’Etat chargée de la Citoyenneté assure toutefois que les Loyalistes seront présents à la table des négociations lundi. A une date elle aussi symbolique puisque c’est le 5 mai 1998 qu’avait été signé l’accord de Nouméa.

Meurtre dans une mosquée: pour Bergé, le terme “islamophobie” pas “approprié”

La ministre chargée de la lutte contre les discriminations Aurore Bergé a estimé dimanche que le terme “islamophobie” utilisé par François Bayrou après le meurtre d’un musulman dans une mosquée n’était “pas approprié”, affichant son désaccord avec le Premier ministre.Ce terme, “je comprends ceux qui peuvent spontanément l’employer, parce qu’ils y verraient une manière (…) d’exprimer un soutien et une empathie. Mais je pense que ce n’est pas un terme approprié”, a affirmé Mme Bergé lors du Grand jury RTL/M6/Le Figaro/Public Sénat.”J’ai eu cette discussion aussi avec le Premier ministre. Et on a le droit aussi parfois d’avoir des nuances. Et cette nuance pour moi, elle est importante, parce que je sais que celles et ceux qui aujourd’hui veulent imposer ce terme, eux, ne sont pas avec des intentions louables”, a-t-elle ajouté.”Je combats toutes les formes de haine, et sans aucune hiérarchie et sans aucune distinction”, a-t-elle ajouté. “Mais je crois que l’emploi de ce terme malheureusement risque d’apporter une forme de confusion, et surtout d’être un levier pour un certain nombre d’ennemis de la République, pour imposer l’idée qu’on n’aurait pas le droit de critiquer une religion ou qu’on n’aurait pas le droit de blasphémer, alors que dans notre pays ce sont des droits”.François Bayrou a défendu samedi dans le JDD son emploi du terme “islamophobe”, contesté par une partie de la classe politique, affirmant qu'”il faut avoir le courage de dire les choses telles qu’elles sont”.Ce terme n’est pratiquement pas utilisé par la droite, qui le conteste. Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau avait estimé qu'”il y a une connotation idéologique du terme +islamophobie+ très marquée vis-à-vis des Frères musulmans, qui fait que dans notre ministère, on prend la précaution de ne pas l’utiliser”, après le meurtre d’Aboubakar Cissé dans le Gard.Interrogée sur l’antisémitisme venant de l’extrême gauche, Aurore Bergé a estimé qu’il fallait que la gauche “rompe de manière définitive” avec LFI, car “le seul fait de l’antisémitisme suffit à rompre, évidemment, tout accord électoral”.Concernant la secrétaire nationale des Ecologistes Marine Tondelier, qui a “présenté ses excuses” vendredi après avoir tenu des propos ambigus sur le socialiste Jérôme Guedj, pris à partie comme d’autres socialistes dans la manifestation parisienne du 1er mai, Aurore Bergé a dit attendre “qu’elle dise qu’ici et maintenant, aujourd’hui comme demain, plus jamais il n’y aura de possibilité d’alliance avec La France insoumise”.

Face aux blocages, Bayrou évoque un référendum sur la réduction de la dette

Un référendum pour surmonter les blocages politiques, réformer l’Etat et ses finances. C’est l’option mise sur la table samedi par le Premier ministre François Bayrou qui a redit être confronté à un “Himalaya” de difficultés.Rejetant “la méthode de l’artichaut” faite de mesures séparées et disparates, le chef du gouvernement s’est engagé à présenter un “plan cohérent, avec des propositions claires, lisibles” afin de réduire les déficits et la dette, dans un entretien au Journal du Dimanche (JDD) mis en ligne samedi soir.”C’est un plan d’ensemble que je veux soumettre, il demandera des efforts à tout le monde, et par l’ampleur qui doit être la sienne, il ne peut réussir si le peuple français ne le soutient pas”, a-t-il déclaré.Le gouvernement de François Bayrou, qui est parvenu à faire adopter les budgets 2025 de l’Etat et de la sécurité sociale en début d’année, en échappant à une série de motions de censure, est désormais engagé dans la préparation du budget pour 2026. Il estime qu’il lui faut trouver 40 milliards d’euros d’économies pour respecter ses objectifs de réduction du déficit public de 5,4% du Produit intérieur brut (PIB) cette année, à 4,6% l’an prochain.Dans cet entretien au JDD, le chef du gouvernement reprend les éléments de son diagnostic exposé lors d’une conférence sur les finances publiques le mois dernier. Il avait alors promis de faire connaître avant le 14 juillet ses choix budgétaires pour 2026.”Notre pays a devant lui deux défis massifs, les plus lourds de son histoire récente: une production trop faible et une dette écrasante”, a-t-il appuyé samedi.Privé de majorité à l’Assemblée nationale, se heurtant aux oppositions de secteurs économiques, François Bayrou voit dans le référendum une manière de contourner les blocages. Mais il s’agit d’une prérogative constitutionnelle du chef de l’Etat et un pari politique toujours extrêmement risqué.”Un référendum ne peut être décidé que par le président de la République. Le gouvernement propose, le président décide. Mais la question de l’adhésion des Français aux réformes est bien la question centrale”, a-t-il estimé.Jamais sous la Ve République une telle consultation des Français n’a été organisée pour faire adopter un texte budgétaire.- Une question “grave” et “lourde” -François Bayrou estime que son plan “doit proposer des solutions précises, avec un objectif clair: être moins dépendant de la dette dès cette année, et à l’horizon de quatre ans, revenir sous le seuil des 3% de déficit public”.”Cela passera par une baisse déterminée des dépenses. Par la simplification. Par une meilleure efficacité de l’État et de l’action publique en général”, a-t-il mis en garde, tout en réaffirmant que “la solution n’est pas dans de nouveaux impôts”.”Je pense que la question est assez grave, assez lourde de conséquences pour l’avenir de la nation, pour qu’elle s’adresse directement aux citoyens”, a-t-il ajouté.Dans cet entretien, le leader centriste dresse un constat d’échec des tentatives de mener des réformes de structure dans le domaine de l’Etat et des finances publiques.”Quand on réforme par les voies classiques, par le passage en force, que se passe-t-il? Le pays entre en grève, les manifestations s’enchaînent, et personne ne sait si ceux qui défilent connaissent vraiment le contenu de ce qu’ils contestent”.François Bayrou n’exclut pas une baisse des effectifs des fonctionnaires, qu’il juge “possible et salutaire” mais découlerait d’une réforme des missions de l’Etat et des collectivités territoriales.Premier ministre depuis le 13 décembre, lorsqu’il avait pris la succession de Michel Barnier, censuré sur le budget de la sécurité sociale, François Bayrou met régulièrement en avant l'”Himalaya” qui se dresse devant son action.”Et un Himalaya, ce n’est pas une montagne, c’est une chaîne. Avec plusieurs sommets, tous au-dessus de 8.000 mètres”, a-t-il dit au JDD.

Macron va lancer une convention citoyenne sur les temps de vacances et les horaires scolaires

Emmanuel Macron va lancer au mois de juin une nouvelle convention citoyenne sur “les temps de l’enfant” où seront abordés les temps de vacances et les horaires scolaires, des sujets qui concernent le quotidien de millions de Français mais aussi leur lot d’irritants.Après la convention citoyenne sur le climat et celle sur la fin de vie, le chef de l’Etat va demander à un panel de citoyens de plancher sur une troisième convention, a indiqué l’Elysée confirmant une information du Parisien. “Il me paraît nécessaire que l’on travaille à faire en sorte que l’organisation des journées de nos élèves soit plus favorable à leur développement et aux apprentissages, qu’un équilibre soit trouvé aussi pour faciliter la vie des familles”, a indiqué le président au journal.La question du nombre de semaines de vacances sera également abordée. “La France a des vacances plus longues que dans beaucoup de pays”, avait indiqué le chef de l’Etat en février.”Il y a beaucoup de pays qui ne partent en vacances qu’à partir du 14 juillet. On a des vacances qui sont très très longues l’été. Les enfants qui ne sont pas accompagnés par leurs familles vont perdre souvent du niveau scolaire (…) Le temps des enfants, c’est quelque chose qu’on va ouvrir, mais il faut que ce soit un peu discuté”, avait-il dit.En France, une année scolaire est composée de 36 semaines au moins de classe, et de 16 semaines de vacances. “La convention citoyenne m’a semblé être l’outil de consultation des Français le plus adapté, car c’est une question très complexe qui nécessitera de dégager de nombreux consensus entre tous ceux qui sont touchés par ce vaste sujet, comme les parents, la communauté éducative y compris périscolaire, les collectivités locales et même les professionnels du tourisme”, a ajouté le chef de l’Etat. Pour Emmanuel Macron, le champ de l’éducation permet en outre d’envisager des réformes sans passer par la case parlement où son camp ne dispose pas de la majorité, la plupart des dispositions sur l’Ecole relevant du domaine réglementaire. Lors de ses voeux pour l’année 2025, Emmanuel Macron avait laissé entrevoir le lancement d’une nouvelle convention citoyenne, ou l’organisation d’un referendum, en disant que les Français seraient amenés à “trancher” sur des sujets déterminants.-“hors sujet”-Comme pour la fin de vie, M. Macron a décidé de confier l’organisation de cette convention citoyenne au Conseil économique, social et environnemental (Cese).”Le malaise démocratique ressenti par nos concitoyens est aussi une crise de l’efficacité de l’action publique. Et c’est là que la démocratie participative et sociale prend tout son sens en apportant le matériau nécessaire pour des politiques publiques mieux construites, plus applicables, mieux acceptées”, a déclaré son président Thierry Beaudet. En choisissant l’expression des “temps de l’enfant”, Emmanuel Macron évite de reprendre celle des “rythmes scolaires”, une réforme conflictuelle avec l’instauration de la semaine de quatre jours et demi à l’école mise en oeuvre au début du quinquennat de François Hollande et sur laquelle l’ex-ministre Vincent Peillon avait fini par se casser les dents.Dès à présent, l’initiative présidentielle s’est attiré les foudres du principal syndicat enseignant des collèges et lycées. “C’est un hors-sujet de la part du Président de la République sur les questions d’éducation”, a déclaré à l’AFP Sophie Vénétitay secrétaire générale du Snes-FSU. “Il fait diversion pour ne pas s’occuper des urgences et masquer l’état de l’école qui s’effondre: on manque de professeurs, on a les classes les plus chargées d’Europe…””On considère aujourd’hui que le système éducatif est arrivé à un point de rupture, et qu’il nous faut absolument repenser l’école dans ses attentes, dans ses objectifs, et ça doit être un débat de société”, salue au contraire Grégoire Ensel, vice-président des parents d’élèves de la FCPE.”On doit repenser la question des rythmes scolaires (…) Mais nous demandons à ce qu’il y ait une approche beaucoup plus globale de l’enfant. Il y a plein d’autres sujets à aborder : la question de la mixité sociale et scolaire, celle du handicap, celle des effectifs dans les classes”, met en avant M. Ensel.

Choqués, les socialistes pointent l’antisémitisme derrière les agressions du 1er mai

Attaqués parce que “socialistes” mais aussi parce que “juifs”: choqués par la prise à partie de certains de leurs militants, dont le député Jérôme Guedj, lors de la manifestation parisienne du 1er mai, plusieurs dirigeants du PS pointaient vendredi l’antisémitisme comme une des causes des incidents.L’un des principaux cadres du PS, Nicolas Mayer-Rossignol, a dénoncé “des lâches encagoulés, vêtus de noir et qui ont carrément agressé physiquement les militants et les élus socialistes, un parce qu’ils sont socialistes, et deux, parce que certains d’entre eux sont juifs”. Les incidents se sont produits sur le stand installé par le parti. Des manifestants habillés de noir, certains portant des drapeaux antifas, ont vivement bousculé des élus et militants. Le ministère de l’Intérieur a fait état de quatre blessés légers parmi les socialistes.Depuis une dizaine d’années, et notamment lors des manifestations contre la loi travail de 2016, les socialistes sont habitués à entendre “tout le monde déteste le PS” scandé par l’extrême gauche dans les manifestations.Mais là, “il y a eu des tirs de mortier. On a des copains qui se sont retrouvés aux urgences. Ça aurait pu être extrêmement grave”, a jugé M. Mayer-Rossignol sur Sud Radio.Le PS a porté plainte, et selon le parquet de Paris, une personne a été placée en garde à vue après les faits commis (tirs de mortier, dégradations et violences).Et plusieurs socialistes ont aussi entendu des insultes à relents antisémites. “Des militants qui se prétendent de la gauche, de l’extrême gauche (….) se sont mis d’abord à nous insulter de +sales sionistes+, de +génocidaires+, de +traîtres+”, a raconté l’eurodéputée Emma Rafowicz.Le député Jérôme Guedj, juif comme Mme Rafowicz, a dû être écarté du cortège après avoir déjà dû quitter un rassemblement dimanche contre l’islamophobie organisé à la suite du meurtre d’un fidèle dans une mosquée du Gard. “Tout cela est cohérent avec la détestation qu’ils ont à l’endroit des socialistes et à mon endroit singulier”, a déclaré M. Guedj pour qui “cela pue l’antisémitisme”. Même s’il a confié lui-même jeudi ne pas avoir entendu d’insulte antisémite dans le cortège du 1er-Mai.- les excuses de Tondelier -Alors que les polémiques sur l’antisémitisme à gauche sont généralement provoquées par LFI (positionnement après le 7 octobre, affiche Hanouna, etc) cette fois-ci c’est la patronne des écologies Marine Tondelier qui a semé le trouble jeudi soir en laissant entendre que Jérome Guedj avait un comportement un peu provocateur en venant aux manifestations.Elle a fait son mea culpa vendredi matin, expliquant avoir été mal informée des incidents. “Jérôme Guedj comme l’ensemble des socialistes et des manifestants, doit pouvoir le faire (manifester) dans la sérénité (…) Quant à savoir s’il existe un antisémitisme d’extrême gauche, la réponse est oui”, a-t-elle affirmé, en présentant ses excuses.”Ca fait partie des réflexes presque automatiques que de dire que si quelqu’un subit de la violence, il a une part de responsabilité”, a dénoncé dans la soirée la députée écologiste Sandrine Rousseau, critique de Marine Tondelier au sein du parti, sur BFMTV.”Arrêtons avec cela!” a-t-elle mis en garde à l’adresse de “ceux qui ne voient pas le sujet de l’antisémitisme”. De nombreuses personnalités de gauche ont apporté leur soutien à M. Guedj. Mais les Insoumis, accusés par M. Mayer-Rossignol d’entretenir un “climat” par “leur stratégie de fracturation et de brutalisation du débat”, se sont contentés du service minimum sur Jérôme Guedj qui leur est radicalement opposé. “Merci aux médias d’arrêter de nous imputer n’importe quelle action contre un tel ou une telle dans les manifestations parisiennes”, avait simplement réagi le coordinateur de LFI Manuel Bompard après les incidents.”J’ignorais que Guedj était un travailleur tant il occupe l’espace médiatique du 1er-Mai traditionnellement réservé aux travailleuses et travailleurs qui souffrent de leur labeur”, a réagi pour sa part le député LFI Aly Diouara. “Invisibiliser cette date à des fins d’instrumentalisation de l’antisémitisme est dégueulasse”, a-t-il accusé sur X.Même au sein du PS, le climat est tendu. Jérôme Guedj, qui est dans le camp des opposants à Olivier Faure et derrière Nicolas Mayer-Rossignol pour le prochain Congrès, s’en est pris sur X au premier secrétaire qui n’a pas eu “un appel ni hier ni depuis dimanche pour le porte-parole du PS que je suis”.

Antisémitisme: Jérôme Guedj, de gré ou de force dans la mêlée

Violemment pris à partie deux fois en quelques jours en manifestation, le député socialiste Jérôme Guedj, un temps figure de l’aile gauche du PS, énarque et spécialiste des questions sociales, met en lumière malgré lui le malaise de la gauche sur la question de l’antisémitisme.”Je commence à en avoir un peu marre là des manifs”, ironise Jérôme Guedj auprès de l’AFP. Jeudi pour le 1er-Mai, il a été ciblé et insulté par des manifestants de gauche ou d’extrême gauche. Dimanche, il a dû quitter un rassemblement en hommage au meurtre d’un jeune Malien dans une mosquée après avoir été accueilli au cri de “sioniste dégage !”.Un climat qui “pue l’antisémitisme”, selon lui.Ses détracteurs lui reprochent un soutien trop timide à la Palestine, soutien devenu une valeur cardinale pour une bonne partie de la gauche sous l’impulsion de La France insoumise après les attaques du Hamas du 7-Octobre 2023 et la riposte dévastatrice d’Israël. Ou son refus d’utiliser le terme – contesté par une partie de la classe politique – d'”islamophobie” pour décrire les actes hostiles aux musulmans.  Lui, issu d’une famille juive séfarade et fervent défenseur de la laïcité, a l’impression d’être ramené à sa “judéité”, sujet qu’il n’évoque normalement pas. “Je récuse les termes +d’État colonial+, d’+apartheid+ et de +génocide+ parce que trois points, ça fait une ligne et si on laisse s’installer durablement ces termes, après, c’est la question même de la légitimité de l’État d’Israël qui est posée”, explique-t-il.L’élu de 53 ans se définit comme “sioniste et propalestinien”, défenseur de la solution à deux Etats. Et rappelle régulièrement son opposition au gouvernement de Benjamin Netanyahu ou qu’il s’est rendu à Gaza en 2009 pour soutenir la cause palestinienne.  Pas suffisant cependant pour une partie de la gauche.Les Insoumis lui reprochent ainsi de les avoir traités d'”idiots utiles du Hamas” après le 7-Octobre.Jean-Luc Mélenchon a tenu des propos très durs et ambigus à son encontre, le qualifiant notamment de “lâche de cette variété humaine que l’on connaît tous, les délateurs”. “L’intéressant est de le voir s’agiter autour du piquet où le retient la laisse de ses adhésions”, avait-il ajouté.- Anti LFI mais pro-union -C’est dans l’Essonne, département de banlieue parisienne où Jérôme Guedj a fait toute sa carrière politique, qu’il a rencontré le leader de LFI, alors membre du PS.Ce dernier le prend rapidement sous son aile -il en fera même son assistant parlementaire au Sénat- et a pour habitude de raconter comment son jeune protégé venait dans son bureau de ministre pour réviser son concours de l’ENA.Mais les deux hommes se fâchent quand Jean-Luc Mélenchon quitte le PS en 2008. Pourtant en 2022, au moment de la création de l’alliance de gauche Nupes, Jérôme Guedj, est alors fervent partisan de l’union. Celui qui se définit comme “le plus insoumis des socialistes” retrouve son ex mentor, avant de rompre à nouveau après le 7-Octobre.”Ce qui me gonfle, c’est que ma vie entière aura été matricée par mon rapport à Mélenchon”, reconnaissait-il auprès de l’AFP en 2024. De ses années avec lui, Jérôme Guedj en a gardé un réel enracinement à la gauche du PS.Entré à l’Inspection générale des Affaires sociales après sa sortie de l’ENA, il devient député en 2012. Il fait alors partie des frondeurs socialistes qui, en avril 2014, avaient refusé d’accorder leur confiance au gouvernement socialiste, en dénonçant sa dérive libérale.Ses adversaires politiques ne manquent d’ailleurs pas de souligner que, pour le congrès du mois prochain, il s’est allié à d’anciens ministres de François Hollande au sein de l’aile droite du PS, derrière le maire de Rouen Nicolas Mayer-Rossignol, principal opposant à Olivier Faure.Volontiers disponible dans les médias, il se fait remarquer après son retour à l’Assemblée nationale en 2022 en réclamant, lors de la réforme des retraites, à la Sécurité sociale des documents sur les conséquences de la réforme. Chiffres à l’appui, il entame alors une bataille dans l’hémicycle contre le ministre du Travail Olivier Dussopt. Plus récemment, il s’est imposé comme l’un des parangons de la non-censure du gouvernement Bayrou au sein du PS, au nom de la “responsabilité”, après avoir voté la censure de Michel Barnier. 

Valls en Nouvelle-Calédonie: discussions plénières sur l’avenir institutionnel

Une nouvelle phase des discussions sur l’avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie s’est ouverte vendredi à Nouméa, avec la tenue d’une séance plénière réunissant l’ensemble des forces politiques locales autour du ministre des Outre-mer, Manuel Valls.Après deux précédentes phases de discussions, cette troisième séquence – qui se poursuivra la semaine prochaine – vise à parvenir à un accord sur l’avenir institutionnel du territoire français du Pacifique sud, durement marqué par les émeutes de 2024.Vendredi, le ministre a notamment présenté un nouveau document de travail aux différentes délégations indépendantistes et non-indépendantistes. Fruit des précédentes consultations, celui-ci doit servir de base aux discussions en cours pour rapprocher des positions encore très éloignées.La séance au Haut-Commissariat a commencé vers 10H00 locales mais selon des sources concordantes, les représentants des Loyalistes ont menacé de quitter la table.Selon ces mêmes sources, les Loyalistes ont déclaré ne pas avoir de mandat pour négocier le statut d’un territoire qui ne serait plus français.Les échanges se tiennent dans un contexte toujours tendu, près d’un an après les émeutes de mai 2024, déclenchées par un projet de réforme du corps électoral. Ces violences, les plus graves depuis les années 1980, ont fait 14 morts et causé plus de deux milliards d’euros de dégâts.Mercredi, le ministre a mis en garde contre un risque de “chaos” en cas d’échec, rappelant que la stabilité politique était indispensable au redressement économique et social du territoire.

Le CNRS lance son programme pour attirer en France les chercheurs menacés

Vaisseau amiral de la recherche française, le CNRS lance un programme pour attirer des scientifiques étrangers dont le travail est menacé, notamment aux Etats-Unis, dans la ligne du souhait de l’exécutif.Les premiers contacts traduisent un “petit élan”, qui concerne “pour l’immense majorité des non-Américains”, explique à l’AFP Antoine Petit, le PDG du Centre national de la recherche scientifique (CNRS). L’organisme, le premier en Europe en matière de recherche avec 34.000 agents, ouvre les bras aux “collègues aujourd’hui empêchés de faire de la recherche”, mais aussi aux chercheurs français expatriés dont certains n’ont “pas envie de vivre et d’élever leurs enfants dans les Etats-Unis de Trump”, dit-il.Cette initiative, baptisée “Choose CNRS” (Choisissez le CNRS), suit celle impulsée par l’exécutif avec l’annonce mi-avril d’une plateforme “Choose France for science”. “Des chercheurs étrangers sont déjà arrivés en France pour se familiariser avec les infrastructures en attente de la mise en place des fonds et de la plateforme”, indique-t-on au ministère de la Recherche.Ces programmes font suite à l’annonce par Emmanuel Macron d’une conférence à Paris de la communauté de la recherche, prévue lundi. Intitulé “Choose Europe for Science”, l’évènement auquel participera la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, entend signifier “dans un moment où les libertés académiques connaissent un certain nombre de reflux ou de menaces, que l’Europe est un continent d’attractivité”, selon l’Elysée.Pionnière de ce mouvement dès le mois de mars avec son programme “Safe place for science” (un endroit sûr pour la science), l’Université d’Aix-Marseille accueillera ses premiers chercheurs en juin.Depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier, chercheurs et universités sont dans le collimateur de son gouvernement et ont peur pour leur avenir, entre libertés académiques et de recherche minées, financements sabrés.- Nerf de la guerre -Avec son initiative, le CNRS, qui a l’habitude de recruter des chercheurs non-Français à hauteur d’un tiers chaque année dans ses concours classiques, vise quatre publics. D’abord, les plus jeunes – les post-doctorants – dont certains pourraient espérer des emplois pérennes. Puis des chaires de professeur junior, un dispositif assez récent qui va faire l’objet d’une “publicité particulière cette année”, selon M. Petit.Un cran au-dessus, le recrutement annuel de directeurs de recherche externes, c’est-à-dire non issus du corps interne des chargés de recherche, pourrait être redimensionné à la hausse.Enfin, le CNRS veut innover en ciblant des “stars” de la recherche mondiale, sur des chaires internationales. Sans besoin de les payer mieux que ne le sont les meilleurs déjà employés, selon son PDG. Qui se dit convaincu que “la motivation d’un chercheur n’est jamais la rémunération”, mais avant tout “l’environnement de travail, avec ses infrastructures, et la possibilité de se confronter aux meilleurs”.Sans compter qu’une fois intégrés les frais liés à l’éducation, la santé et la protection sociale, les écarts de rémunération paraissent plus faibles.Pour autant, l’argent restant le nerf de la guerre pour financer la recherche, le responsable note que la marge de manoeuvre du CNRS n’est “pas très grande”. Et place ses espoirs dans l’annonce sur la plateforme que l’Etat pourrait abonder jusqu’à 50% du coût de projets de recherche, au mérite et sur les fonds du programme France 2030. “C’est au niveau européen que l’effort doit être fait”, remarquait récemment le ministre de la Recherche Philippe Baptiste. Et pas seulement pour de vulgaires questions d’argent, mais aussi sur des thèmes comme la libre circulation des chercheurs ou de la connaissance.”On pense, à France-Universités, que c’est l’échelle à laquelle il faut travailler”, souligne aussi auprès de l’AFP son vice-président Jean-François Huchet, en rappelant que “l’Europe de la recherche doit encore se constituer”. “Ce que nous pouvons faire pour les chercheurs aux Etats-Unis pourrait accélérer le mouvement et améliorer nos dispositifs”, ajoute-t-il. Par exemple, dans l’accès à certaines bases de données, partagées avec les Etats-Unis, qui pourrait être menacé. Ce qui “pose la question de notre souveraineté”, avertit le responsable.

Cortèges du 1er-Mai: craintes pour l’emploi et la paix et un PS chahuté

Entre 157.000 et 300.000 personnes ont défilé jeudi, en France à l’occasion des cortèges du 1er-mai rattrapés par les menaces sur l’emploi chez ArcelorMittal, les inquiétudes pour la paix mais aussi les querelles politiques à gauche avec à Paris, des militants et élus socialistes pris à partie.La CGT a fait état d’environ “300.000” manifestants en France au sein de quelque 270 cortèges, dont quelque 100.000 à Paris. L’an dernier, le syndicat avait comptabilisé 210.000 manifestants (50.000 à Paris) et les autorités 121.000.Les autorités ont dénombré 157.000 manifestants dont 32.000 dans la capitale. La quasi-totalité des quelque 270 cortèges se sont déroulés dans le calme mais le ministère de l’Intérieur a comptabilisé 72 personnes interpellées, dont 52 à Paris, avec 28 personnes placées en garde à vue, dont 19 dans la capitale.Selon un premier bilan du parquet de Paris, une cinquantaine de personnes ont été interpellées dans la capitale, “principalement pour des infractions de participation à un attroupement en vue de commettre des violences ou dégradations”. Parmi elles, “une personne a été placée en garde à vue après les faits commis aux abords du stand du Parti socialiste (tirs de mortier, dégradations et violences”, a précisé le parquet.Lors du défilé parisien, quatre élus et militants socialistes ont été légèrement blessés lors d’un épisode de vive tension où des manifestants ont d’abord pris à partie un stand du parti à la rose avant que d’autres habillés en noir comme des blacks blocs ne viennent bousculer et molester le groupe de socialistes, accusés d’être des “vendus”, des “pourris”.   Le premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure a dénoncé “la violence de fanatiques” et a promis des plaintes en justice. Le député Jérôme Guedj déjà pris à partie dimanche dans un autre rassemblement, a dû être écarté du cortège alors que les versions divergent sur l’existence d’insultes aux relents antisémites le ciblant. Lui-même dit ne pas en avoir entendu. Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a dénoncé une attaque “absolument lamentable”. La N.1 de la CFDT, Marylise Léon, absente du cortège parisien, s’est dite “atterrée” sur LCI.Ces images contrastent avec celles affichées plus tôt à Dunkerque où plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées dans la ville à l’appel de la CGT, en présence de plusieurs responsables politiques, dont Olivier Faure (PS), François Ruffin (ex-LFI), Marine Tondelier (Ecologistes) ou Aurélie Trouvé (LFI), sur fond d’inquiétudes concernant la situation d’ArcelorMittal qui prévoit un plan de suppression d’environ 600 postes. A Metz, des salariés d’ArcelorMittal Florange, où 113 emplois doivent être supprimés, étaient aussi présents. A Rennes où les organisateurs ont recensé 4.000 participants et la préfecture 3.000, Guillaume Naud, 53 ans, éducateur social et adhérent FO, s’est inquiété du retour de la guerre et de ses conséquences: “Les budgets militaires vont augmenter et le social et le scolaire vont trinquer.””On est dans un contexte d’inquiétude au niveau international et économique”, constatait encore Carole Nejjari, professeure d’histoire-géographique dans le cortège marseillais, où la préfecture a comptabilisé 3.600 personnes et la CGT 15.000. A Toulouse, ils étaient entre 6.500 (préfecture) et 10.000 (organisateurs), quelque 3.000 à Narbonne où devait se tenir un meeting du RN, 1.800 à Brest, selon la préfecture, 2.200 à Nancy et encore 2.900 à Strasbourg.Avant le départ du cortège parisien, la N.1 de la CGT, Sophie Binet a annoncé une nouvelle “journée de manifestation et de grèves” le 5 juin pour réclamer l’abrogation de la réforme des retraites.A ses côtés, Frédéric Souillot (FO) a souligné que son syndicat portait notamment “l’exigence d’une augmentation des salaires” et “l’abrogation de la réforme des retraites”. – “Crise du travail” -La journée internationale des travailleurs se tenait, comme l’an dernier, sans unité syndicale. La CGT a appelé avec la FSU, Solidaires et des organisations de jeunesse à défiler “contre l’extrême droite, pour la paix, les libertés et la justice sociale”.Les syndicats entendaient aussi en faire un temps fort “contre la trumpisation du monde”, Murielle Guilbert, codéléguée de Solidaires, relevant cent jours après l’arrivée au pouvoir du président américain qu’elle ne connaissait “pas un seul salarié aujourd’hui qui ne s’inquiète pas de ce que fait Trump et de la montée du racisme”.Lors d’une prise de parole devant ses militants en marge de la manifestation parisienne, le leader de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon a promu un 1er-mai “politique” et “antiraciste”, se prononçant en outre pour une “nationalisation d’ArcelorMittal”.La numéro un de la CFDT et son homologue de l’Unsa Laurent Escure se sont pour leur part retrouvés dans le centre de Paris pour une table ronde sur le travail, Marylise Léon expliquant qu’il s’agissait d’avoir un espace pour évoquer “la crise du travail”, “le grand impensé du moment”.  burs-chl-bat-mk/mat/dch    

Pour le 1er-Mai, la gauche en ordre de marche pour parler aux travailleurs

Marine Tondelier, Olivier Faure et François Ruffin qui entonnent l’Internationale à Dunkerque aux côtés des salariés d’ArcelorMittal: pour ce 1er-Mai, la gauche veut se réapproprier la question du travail, éternel combat pour elle depuis qu’elle a perdu le vote ouvrier.  “C’est un formidable symbole”, a vanté jeudi matin la patronne des Ecologistes Marine Tondelier, en saluant la venue de nombreux dirigeants de gauche dans le Nord pour la fête du Travail.Même si la fête a été gâchée plus tard dans la journée par des agressions émanant visiblement de black blocs contre le stand socialiste lors de la manifestation à Paris.A Dunkerque, dans une région ouvrière, le site d’ArcelorMittal est devenu le haut lieu de la contestation sociale depuis l’annonce de la suppression d’environ 600 postes par le géant de la sidérurgie.Dans un communiqué commun, l’ensemble de la gauche hormis La France insoumise (Parti socialiste, Parti communiste, Ecologistes, Génération.s et Picardie Debout, le parti de François Ruffin) a demandé une “intervention immédiate de l’Etat”, par une “nationalisation temporaire ou durable” et une entrée de l’Etat au capital.    Un discours anti-libéral et protectionniste assumé puisque ces forces progressistes demandent également la mise en place de protections douanières “en urgence” sur l’acier. Le patron des députés PS Boris Vallaud a de son côté annoncé le dépôt d’une proposition de loi de mise “sous tutelle” par l’Etat de ce site. Chantre de la défense de la classe ouvrière et partisan affirmé du protectionnisme économique, François Ruffin a rappelé jeudi matin, devant le patron du PS Olivier Faure, que “la gauche socialiste a un passif” sur ce dossier.”ArcelorMittal c’est aussi Florange, c’est François Hollande qui avait promis de sauver cette industrie et qui finalement a abandonné les ouvriers, et ça laisse des traces”, a-t-il dénoncé.Olivier Faure, adversaire assumé de François Hollande à l’intérieur du Parti socialiste, n’a pas bronché. Le porte-parole du groupe écologiste à l’Assemblée nationale, le député Benjamin Lucas, a pour sa part indiqué à la presse qu’il allait “convoquer la direction d’ArcelorMittal” pour lui demander de “rendre des comptes” sur ces licenciements, alors que le géant de la sidérurgie est bénéficiaire et a été soutenu par des aides publiques.- LFI à part -Le communiqué commun de la gauche “a été publié sans nous être proposé”, a regretté le coordinateur de LFI Manuel Bompard, en appelant à “sauver les emplois et les savoir-faire”. Et le dirigeant du parti de dénoncer des “opérations politiciennes ou des combines de congrès”.Une délégation insoumise, menée par la présidente de la commission des Affaires économiques de l’Assemblée nationale Aurélie Trouvé, représentait le mouvement de gauche radicale à Dunkerque pour demander également la nationalisation d’ArcelorMittal.Mais c’est bien à Paris que Jean-Luc Mélenchon a livré sa traditionnelle adresse du 1er-Mai.Entre LFI et les syndicats, la CGT particulièrement, la relation n’est pas au beau fixe, notamment depuis les divergences d’approches lors de la lutte contre la réforme des retraites en 2023. Les seconds demandent régulièrement au premier de respecter leur autonomie.Devant ses militants jeudi, Jean-Luc Mélenchon a défendu sa vision “politique” de la fête du travail.”Pendant si longtemps, ce furent les syndicats qui unifiaient le 1er-Mai et la classe ouvrière du monde entier. Eh bien aujourd’hui, hélas, une telle unité n’a pas été possible. C’est donc à la politique de faire son travail et de dire +il faut changer le monde si vous voulez changer le travail+”, a-t-il déclaré alors que la journée internationale des travailleurs se tient cette année sans large unité syndicale”Il a parfois besoin de petits rappels” sur l’indépendance syndicale, “ce que la CGT ne manque pas de faire systématiquement, pour dire que les organisations syndicales sont là pour défendre les travailleurs et les travailleuses et ne se laisseront instrumentaliser par aucun objectif partisan”, a déclaré la secrétaire générale de la CGT Sophie Binet sur franceinfo à l’égard du leader insoumis.Pas sûr que cela suffise à convaincre les troupes mélenchonistes. “C’est vrai qu’on n’a pas toujours bien géré les relations avec les syndicats. Mais pardon, ils ne font rien non plus”, déplorait auprès de l’AFP un cadre insoumis avant la manifestation du 1er-Mai.”Ils n’ont rien proposé ces derniers mois contre le racisme ou le pouvoir d’achat… S’il n’y a pas d’initiative prise, on est obligé de les prendre à leur place”, assurait-il.Â