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Nouvelle-Calédonie: Marine Le Pen dénonce un accord “profondément ambigu”

La patronne du Rassemblement national Marine Le Pen a qualifié dimanche l’accord sur la Nouvelle-Calédonie conclu la veille de “profondément ambigu”, précisant que son groupe à l’Assemblée nationale serait à la recherche “d’améliorations” lors de la modification de la Constitution.”Si, à brève échéance, cet accord conjure sans doute le risque du pire, il n’en demeure pas moins profondément ambigu, comme l’était en son temps l’accord de Nouméa. Ce faisant, il ne peut que faussement satisfaire les deux principales parties prenantes de la vie publique calédonienne”, estime la cheffe des députés RN dans un communiqué.Cet accord, annoncé samedi, acte la création d’une nationalité calédonienne, les habitants répondant aux critères de citoyenneté du Caillou bénéficiant de la double nationalité française et calédonienne.Un “État de la Nouvelle-Calédonie” inscrit dans la Constitution de la République française sera créé et pourra être reconnu par la communauté internationale.Pour cela, il faudra que soit voté un projet de loi constitutionnelle, qui devra être adopté par le Parlement réuni en Congrès.Aux yeux de Marine Le Pen, qui se veut très investie sur le sujet des Outre-mer, cela “constitue un exercice d’équilibrisme juridique et politique difficilement compréhensible et donc périlleux, tant en Calédonie même que pour l’effet de contagion qu’il est susceptible de provoquer dans l’ensemble des outremers”.Selon elle, cet accord “ne peut que faussement satisfaire les deux principales parties prenantes de la vie publique calédonienne”, indépendantistes et non-indépendantistes.”Soucieux de l’intérêt général, le Rassemblement national s’attachera à l’Assemblée nationale à lever toutes les ambiguïtés de ce texte et à proposer toutes les améliorations qui lui paraissent s’imposer”, ajoute-t-elle.Un peu plus tôt dans la journée, le député RN Jean-Philippe Tanguy avait indiqué sur LCI que le parti d’extrême droite pourrait ne pas voter la modification de la Constitution.”C’est possible qu’on le vote, mais c’est possible qu’on ne le vote pas. Dans les annonces grand public qui ont été faites autour de cet accord, nous avons de vives inquiétudes sur les mots qui sont employés. Évidemment, créer un État au sein de l’État français, ça pose une question importante. Créer une nationalité à côté de la nationalité française, ça pose une question fondamentale”, a-t-il dit.”D’ores et déjà, au-delà des détails politiques et de souveraineté de l’accord, le volet économique nous semble extrêmement fragile”, a également mis en garde Jean-Philippe Tanguy.L’accord, qui doit d’abord être entériné en Nouvelle-Calédonie par les partis et les mouvements qui l’ont signé, et qui doivent consulter leur base, aborde l’économie avec un futur “pacte de refondation économique et financière” qui prévoit notamment un “plan stratégique” pour le nickel, ressource-clé du territoire, mais reste vague dans les ambitions et les termes.”Le diable se cache dans les détails”, a prévenu Jean-Philippe Tanguy, alors que la majorité de la classe politique, du PS à LR, a salué cet accord.

Budget 2026: les pistes d’économies sur la table avant les annonces de Bayrou

Comment trouver 40 milliards d’euros en 2026? Les contributions ont foisonné ces dernières semaines mais le flou persiste sur les pistes que retiendra mardi le Premier ministre François Bayrou. Voici les principales pistes sur la table.- Décréter une “année blanche” -L’hypothèse, qui revient avec insistance, consisterait à reconduire à l’identique certaines dépenses entre 2025 et 2026, sans augmentation. Mais les ressources espérées de ce gisement d’économies varient significativement selon le périmètre retenu. D’après la commission des Finances du Sénat, le gel entre 2025 et 2026 des dépenses de l’Etat sur ses missions budgétaires (hormis la défense, la contribution au budget de l’UE et la charge de la dette) pourrait rapporter 10 milliards d’euros. Pour l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) et l’Institut des politiques publiques (IPP), une année blanche pourrait permettre d’économiser entre 5,7 et 6 milliards d’euros. – Désindexer les retraites -La piste d’une désindexation des pensions de retraites par rapport à l’inflation gagne du terrain, renforcée par une proposition en ce sens du Comité de suivi des retraites (CSR), et appuyée par plusieurs parlementaires du camp gouvernemental. Dans le cadre d’une “année blanche”, s’abstenir d’indexer les pensions de retraites sur l’inflation rapporterait 3,7 milliards d’euros, selon les chiffres de l’OFCE.Dans cette équation en 2026, près de 10 millions de ménages dont “la personne de référence est retraitée” verraient leur revenu disponible réduit de plusieurs centaines d’euros, toujours d’après l’OFCE.- Réduire la protection sociale -Plusieurs pistes ont été avancées ces derniers mois pour réduire le déficit de la protection sociale (Sécurité sociale, assurance chômage, retraites complémentaires), notamment par l’Assurance maladie qui devrait connaître un trou de 16 milliards d’euros en 2025.Elle a proposé fin juin d’économiser 3,9 milliards d’euros en 2026 en améliorant la pertinence des soins, luttant contre les fraudes, régulant les prix, renforçant la prévention et réformant les indemnités journalières.Côté assurance vieillesse, dont le déficit est plus faible (environ 6 milliards d’euros en 2025), de nombreux acteurs ont appelé à une mise à contribution des retraités, soit par la désindexation des pensions, soit par une hausse de la CSG, qui pourrait le cas échéant épargner les retraités les plus modestes. Selon Les Echos, le gouvernement envisage également un nouveau durcissement des règles de l’assurance chômage.- Geler le barème de l’impôt sur le revenu -Cela consisterait à ne pas réévaluer les seuils des différentes tranches qui habituellement sont ajustés automatiquement chaque année pour neutraliser les effets de l’inflation. Sans ajustement, des ménages jusque-là non imposables seront soumis à l’impôt et d’autres verront leur niveau d’imposition augmenter, un chiffon rouge agité par plusieurs partis politiques.Début 2025, les seuils des différentes tranches avaient été réévalués, ce qui avait permis à 600.000 contribuables de ne pas devenir imposables. En 2026, l’OFCE calcule qu’un gel du barème de l’IR pourrait rapporter 1,2 milliard d’euros, avec une hypothèse d’inflation à 1,1%.- Réformer agences et opérateurs -Le Sénat a estimé que réformer le fonctionnement de “l’archipel” d’opérateurs et d’agences de l’Etat, soit 434 opérateurs, 317 organismes consultatifs et 1.153 organismes publics nationaux (comme l’Ademe – pour la transition écologique -, l’Agence Bio, l’Agence nationale du sport, etc.), permettrait d’économiser 540 millions d’euros sur plusieurs années.Mais le gouvernement voit plus grand, visant 2 à 3 milliards d’euros d’économies. Certaines agences pourraient être fusionnées et certaines missions rognées.- Limiter les dépenses de la fonction publique -Matignon a exhorté fin avril à maitriser l’augmentation des dépenses concernant la masse salariale de la fonction publique. Une circulaire soulignait que la rémunération des 5,8 millions d’agents publics coûtait 107 milliards d’euros en 2024, en hausse de 6,7%.Certaines mesures dites “catégorielles” (concernant certaines catégories de fonctionnaires) ont à elles seules contribué à gonfler la masse salariale de 3,7 milliards d’euros en 2024. Le gouvernement pourrait aussi actionner le levier des réductions d’emploi. Le ministre de l’Economie Eric Lombard disait début juin vouloir engager la “baisse du nombre de fonctionnaires”, tout en se gardant d’en préciser le nombre.Le Sénat préconise de ne pas remplacer un départ à la retraite sur deux dans la fonction publique d’Etat (l’une des trois branches, à côté de l’hospitalière et de la territoriale, NDLR), avec 500 millions espérés à la clé.En 2025, après l’abandon de la suppression de 4.000 postes dans l’Education nationale, le projet de budget amendé par le Sénat prévoyait la création de 3.076 emplois pour l’Etat et la suppression de 812 postes au sein des opérateurs.- Et aussi… -D’autres pistes sont évoquées pour améliorer les finances publiques.Parmi elles, celle de “rationaliser” les aides publiques aux entreprises, prônée par la porte-parole du gouvernement Sophie Primas. Selon une commission d’enquête sénatoriale, ces aides étaient de 211 milliards d’euros en 2023.Ou encore taxer davantage les plus riches: ceux gagnant plus de 250.000 euros par an doivent actuellement payer une contribution qui garantit un niveau minimum d’imposition de 20% (CRDH). Mais la gauche rêve d’obtenir une “taxe Zucman” (inspirée par l’économiste français Gabriel Zucman) sur les 1.800 contribuables “ultra-riches” ayant plus de 100 millions d’euros de patrimoine, en prélevant 2% par an de celui-ci, pour un rendement annuel de 20 milliards d’euros.L’idée d’augmenter la TVA pour compenser des baisses de cotisations pesant sur le travail, soit une “TVA sociale”, est elle fortement rejetée par la gauche et le Rassemblement national, ce dernier menaçant le gouvernement de censure si elle venait à être retenue. 

Droits de douane: Macron exprime sa “très vive désapprobation” et appelle l’UE à défendre ses intérêts

Emmanuel Macron a exprimé samedi sur X la “très vive désapprobation” de la France et a appelé l’UE à “défendre résolument les intérêts européens”, après les menaces de Donald Trump d’imposer 30% de droits de douane au 1er août sur les produits de l’Union.Le président français invite notamment la Commission européenne à “accélérer la préparation de contre-mesures crédibles, par la mobilisation de l’ensemble des instruments à sa disposition”, “si aucun accord n’était trouvé d’ici le 1er août”. Faisant valoir que l’UE négociait avec Washington depuis plusieurs semaines “sur la base d’une offre solide et de bonne foi”, M. Macron a affirmé qu’il revenait “plus que jamais à la Commission d’affirmer la détermination de l’Union à défendre résolument les intérêts européens”.”La France soutient pleinement la Commission européenne dans la négociation qui va s’intensifier, pour parvenir à un accord mutuellement acceptable d’ici le 1er août, afin qu’il reflète le respect que se doivent des partenaires commerciaux comme l’Union européenne et les États-Unis, aux intérêts partagés et aux chaînes de valeur intégrées”, a encore écrit le chef de l’Etat.Le ministre délégué au Commerce extérieur Laurent Saint-Martin a lui mis sur la table la possibilité d’une “une riposte proportionnée”, notamment sur les biens et les services américains, si Bruxelles n’arrive pas à un “accord équitable” avec Washington. “Dès lundi à Bruxelles avec mes 26 homologues, je serai au travail pour soutenir la Commission dans ses négociations avec les Etats-Unis jusqu’au 1er août”, a-t-il ajouté sur X.La présidente de la Commission Ursula von der Leyen, fustigeant les nouveaux droits de douane annoncés par Donald Trump, a déclaré que l’UE souhaitait toujours parvenir à un accord commercial avec Washington.Le président américain, qui a également annoncé au Mexique 30% de droits de douane, a justifié sa décision par le déséquilibre commercial entre son pays et l’UE. En 2024, les Etats-Unis ont affiché un déficit commercial de 236 milliards de dollars (202 milliards d’euros) avec l’Union (+13% sur un an), qui a exporté 606 milliards de biens sur le territoire de la première économie mondiale, selon des chiffres du bureau du représentant américain au Commerce.

Indépendantistes et loyalistes s’accordent sur un futur “Etat de la Nouvelle-Calédonie”

Les forces politiques calédoniennes ont signé samedi près de Paris un accord “historique” prévoyant un futur “Etat de la Nouvelle-Calédonie” inscrit dans la Constitution française, après dix jours de discussions sur l’avenir institutionnel de ce territoire du Pacifique sud.Ce “projet d’accord”, qui prévoit un statut inédit se rapprochant d’une indépendance-association ainsi qu’une nationalité calédonnienne, doit encore être entériné en Nouvelle-Calédonie après consultation interne de la base au sein de chaque parti et mouvement signataires. Participaient à ces négociations à Bougival (Yvelines) près de Paris toutes les forces politiques du Congrès calédonien: Union calédonienne et UNI-Palika pour les indépendantistes, Loyalistes et Rassemblement-LR pour les non-indépendantistes, Calédonie ensemble et Éveil océanien au centre.Le président Emmanuel Macron a reçu les signataires en début de soirée à l’Elysée, en présence de François Bayrou, du ministre des Outre-mer, Manuel Valls et des présidents des deux chambres, Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher, très impliqués dans le processus.”Après deux accords et trois référendums, la Nouvelle-Calédonie, par ce que vous avez signé, ouvre une nouvelle page de son avenir dans un lien serein avec la France”, a déclaré le chef de l’Etat martelant à plusieurs reprises à l’adresse de ses interlocuteurs calédoniens : “vous avez bien fait”.François Bayrou a lui exprimé sa “fierté d’un accord à hauteur d’Histoire” pour l’avenir de ce territoire à 17.000 kilomètres de l’Hexagone. Un enthousiasme assez largement partagé dans la classe politique française.- “Rien n’est gagné” -Dans une réaction transmise à l’AFP, M. Valls avait lui salué dès samedi matin “le choix du courage et de la responsabilité” des responsables calédoniens.Lors d’un échange avec la presse, l’ex-Premier ministre a ensuite évoqué un “compromis intelligent” et “historique”, soulignant que l’accord acte un “Etat de la Nouvelle-Calédonie dans l’ensemble français”, un lien avec la France “maintenu” avec “davantage de souveraineté pour la Calédonie” et un socle de “reconstruction politique, économique et sociale”, rendu nécessaire après les émeutes de 2024.”Mais rien n’est gagné”, prévient-il, appelant à “convaincre les Calédoniens”. Environ 270.000 personnes vivent en Nouvelle-Calédonie.Reçus à l’Elysée, tous les signataires ont confié que le projet d’accord serait délicat à défendre dans l’archipel.Le député Emmanuel Tjibaou (GDR), qui conduisait la délégation FLNKS, s’attend à “se mettre à l’épreuve de la critique”.”On a dit ce matin (samedi) +dès qu’on sort de la table, on va passer le pas de la porte et on va se faire insulter, menacer+, parce que nous avons choisi un chemin différent”, celui du “compromis”, dit-il.Même tonalité côté Loyaliste et Rassemblement-LR, où l’on salue “un accord historique” en mesure “d’instaurer une nouvelle ère de stabilité”, mais qui va devoir être défendu et accepté sur le Caillou. “Ca va bouger sur place, il va falloir être extrêmement solide”, pour “rester sur les rails” de l’accord, a estimé Nicolas Metzdorf, figure du camp non-indépendantiste.Un des points de l’accord stipule que le corps électoral local sera ouvert aux résidents en Nouvelle-Calédonie depuis au moins dix ans à partir des élections provinciales de 2031, alors que la réforme du corps électoral avait été à l’origine des émeutes de mai 2024, qui ont fait 14 morts.Le texte prévoit “un statut dans la France. Avec des Calédoniens qui restent Français. Plus aucun référendum en vue si ce n’est celui qui sera organisé pour valider cet accord. Une ouverture du corps électoral”, a résumé le député non indépendantiste Nicolas Metzdorf auprès de l’AFP. – Nationalité calédonienne -Intitulé le “pari de la confiance”, les 13 pages du projet d’accord, consulté par l’AFP, actent la création d’une nationalité calédonienne, les habitants répondant aux critères de citoyenneté du Caillou bénéficiant de la double nationalité française et calédonienne.Un “Etat de la Nouvelle-Calédonie” inscrit dans la Constitution de la République française sera créé, qui pourra être reconnu par la communauté internationale, souligne l’accord. Cela ne signifie pas que la Nouvelle-Calédonie disposera d’un siège à l’ONU.L’accord aborde l’économie avec un futur “pacte de refondation économique et financière” qui prévoit notamment un “plan stratégique” pour le nickel, ressource-clé du territoire, mais reste vague dans les ambitions et les termes.Une fois validé par la base en Nouvelle-Calédonie, le texte prévoit l’adoption à l’automne d’une loi organique reportant les élections provinciales – déterminantes pour la composition du Congrès et du gouvernement local – à juin 2026.Suivra un projet de loi constitutionnelle, modifiant le titre XIII de la Constitution relatif à la Nouvelle-Calédonie, qui devra être adopté par le Parlement réuni en Congrès. Les Calédoniens seront ensuite appelés à se prononcer sur l’accord lors d’un référendum, prévu en février 2026.

Macron instaure une journée nationale à la mémoire de Dreyfus et son combat pour la justice

Emmanuel Macron a instauré samedi une journée nationale de commémoration, le 12 juillet, de la réhabilitation par la justice d’Alfred Dreyfus, officier juif injustement accusé de trahison à la fin du XIXe siècle, en appelant à “toujours” rester vigilant “contre les vieux démons” de l’antisémitisme.”Désormais, chaque 12 juillet, se tiendra une cérémonie de commémoration pour Dreyfus, pour la victoire de la justice et de la vérité contre la haine et l’antisémitisme”, écrit le chef de l’Etat dans une déclaration aux Français.La première aura lieu en 2026, pour le 120e anniversaire de la reconnaissance par la Cour de cassation de l’innocence du capitaine.”Ainsi, Alfred Dreyfus et ceux qui combattirent à travers lui pour la Liberté, l’Egalité et la Fraternité continueront d’être l’exemple qui doit inspirer notre conduite”, souligne le président.”L’Affaire Dreyfus” a déchiré l’opinion française pendant plus d’une décennie sur fond d’antisémitisme et de conspiration politico-militaire.De 1894, année de son arrestation, au 12 juillet 1906, date de l’arrêt mettant fin judiciairement à l’Affaire, Alfred Dreyfus aura connu deux procès, l’emprisonnement et plus de quatre ans de bagne sur l’île du Diable en Guyane.”Hélas, la filiation des héritiers des antidreyfusards, antirépublicains et antisémites du début et du milieu du XXe siècle ne s’est jamais éteinte”, poursuit le président.- “Héros démocratique” -“Nous savons qu’il faut toujours faire preuve de vigilance et persévérance contre ces vieux démons antisémites engendrés par la haine. Et aujourd’hui plus que jamais”, ajoute-t-il.Entre janvier et mai 2025, 504 actes antisémites ont été recensés en France, selon le ministère de l’Intérieur, soit une baisse de 24% sur un an mais un doublement par rapport à la même période de 2013. “C’est formidable qu’il y ait une commémoration nationale et annuelle. Ce sera un rappel, tous les ans, de ces valeurs fondamentales qu’aucun Français ne doit oublier et qu’il doit au contraire porter et transmettre”, s’est félicitée Anne-Cécile Levy, arrière-petite-fille du capitaine, jointe par l’AFP.Le chef de l’Etat n’a finalement pas accédé aux appels à la panthéonisation d’Alfred Dreyfus à l’occasion de ce 120e anniversaire, tout comme celui des 90 ans de sa mort, le 12 juillet 1935.L’historien Vincent Duclert – spécialiste de l’Affaire Dreyfus mais aussi du génocide des Tutsi au Rwanda – qui plaidait pour un tel geste a toutefois salué la décision présidentielle.”A travers elle et les mots qui l’accompagnent, c’est Dreyfus qui est pleinement honoré parce qu’il a été l’artisan courageux, patriote de ce combat pour la justice”, a-t-il déclaré à l’AFP.Lors du 100e anniversaire de la réhabilitation en 2006, le président Jacques Chirac avait déjà fait un premier pas avec une cérémonie nationale d’hommage à l’Ecole militaire, sans aller toutefois jusqu’à un transfert au Panthéon, à l’issue d’un débat agité.- “Rupture” -Les détracteurs d’une entrée au Panthéon considèrent qu’Alfred Dreyfus, en tant que victime, n’a pas sa place aux côtés des grands hommes.”Ce serait une rupture par rapport à la tradition de la Ve République”, relevait Avner Ben-Amos, historien spécialiste de la mémoire collective à l’université de Tel-Aviv, le 14 juin dans le quotidien Le Monde.Après sa réhabilitation, Alfred Dreyfus, réintégré comme commandant, demanda une revalorisation de carrière tenant compte de ses annnées perdues au bagne, sans obtenir gain de cause, et quitta l’armée en 1907 – avant de servir à nouveau pendant la Première Guerre mondiale. “Jusqu’à la fin de sa vie (..) il considéra comme injustes les conditions de sa réintégration. Mais, en dépit de cette situation, il continua d’être fidèle à l’esprit de la République comme à sa personne”, considère le chef de l’Etat.L’Assemblée nationale a approuvé à l’unanimité en juin une proposition de loi de Gabriel Attal, chef du parti présidentiel Renaissance, élevant Alfred Dreyfus au grade de général de brigade. Le texte doit encore être approuvé au Sénat à l’automne.”Le président a pris acte du vote de l’Assemblée nationale sur le grade”, s’est félicité Charles Sitzenstuhl, député Renaissance et rapporteur de la proposition de loi.Julien Aubert, vice-président des Républicains, reste plus circonspect. “Faire reculer l’antisémitisme par la réactivation d’une affaire judiciaire vieille d’un siècle? Dans une époque où l’inculture est justement le problème?  Mobiliser les jeunes au mois de juillet?”, s’est-il interrogé sur X.

Près d’un millier de personnes rendent un dernier hommage au député Marleix

Près d’un millier de de personnes, dont de nombreux responsables politiques nationaux et locaux, ont rendu vendredi un dernier hommage au député Olivier Marleix en l’église d’Anet, la localité d’Eure-et-Loir où il vivait et où il a mis fin à ses jours lundi à l’âge de 54 ans.”Il vaut mieux être vivant dans un corps mort que mort dans un corps vivant”, a déclaré sa fille Anna au début de la cérémonie des obsèques chargée d’émotion dans l’église Saint-Cyr Sainte-Julitte, trop exigüe pour accueillir la forte affluence. La plupart des participants ont suivi l’hommage, conduit par l’évêque de Chartres Philippe Christory, sur un grand écran installé devant l’entrée de l’édifice.  Olivier Marleix devait ensuite être inhumé dans la stricte intimité au cimetière de la ville.”Son départ a été très brutal et très choquant” et “donc tout le monde voulait être là, le gouvernement, le Parlement et puis tant et tant de personnes”, “c’est un signe de reconnaissance” autour de “son engagement” et “d’affection pour les siens”, a commenté le Premier ministre François Bayrou après la cérémonie.La veuve du député, ses deux filles, son père, l’ancien secrétaire d’État Alain Marleix, et sa mère Évelyne, étaient entrés dans l’église en suivant le cercueil porté par les sapeurs-pompiers d’Anet, une localité de près de 3.000 habitants dont Olivier Marleix a été le maire de 2008 à 2012 avant d’être élu député.De nombreuses personnalités politiques ont assisté à la cérémonie, dont François Bayrou, la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet et celui du Sénat Gérard Larcher. Les Républicains, la formation politique d’Olivier Marleix, étaient représentés par leur président, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, le patron des députés Laurent Wauquiez, l’ancien chef de gouvernement Michel Barnier, ainsi que les ministres Annie Genevard (Agriculture), Sophie Primas (porte-parole du gouvernement), Yannick Neuder (Santé) et Véronique Louwagie (Commerce). Et les anciens ministres Michèle Alliot-Marie et Brice Hortefeux.D’autres membres du gouvernement, comme le garde des Sceaux Gérald Darmanin (Renaissance) et le ministre des Relations avec le Parlement Patrick Mignola (MoDem), étaient également présents.A l’extérieur de l’église, de nombreux habitants de la 2e circonscription d’Eure-et-Loir sont venus se recueillir à la mémoire de leur député, se tenant pour la plupart d’entre eux sous le soleil sur le parvis de l’église, d’autres cherchant refuge à l’ombre des châtaigniers voisins. “Il a toujours été à nos côtés, d’un grand soutien”, a confié Sandrine Slimati, professeure dans le réseau d’éducation prioritaire de Dreux, soulignant que le défunt avait “de vraies convictions”.

Réforme de l’audiovisuel public: Dati déclenche le “vote bloqué”

Face à l'”obstruction” de la gauche, la ministre de la Culture, Rachida Dati, a déclenché vendredi au Sénat la procédure du “vote bloqué” sur la proposition de loi réformant l’audiovisuel public, dans l’espoir de faire adopter le texte avant la fin de la session extraordinaire, prévue à minuit.Un peu plus d’une demi-heure après la reprise des débats, Mme Dati a annoncé que le gouvernement demandait au Sénat “de se prononcer par un vote unique sur l’ensemble du texte”, “en application de l’article 44 alinéa 3 de la Constitution”.Cette procédure très rarement utilisée permet d’accélérer les débats en n’organisant qu’un seul vote, sur le texte et les amendements que le gouvernement choisit de conserver.”Après plus de sept heures de débat, nous n’avons pu débattre que de 31 amendements sur ce texte. On a vu encore ce matin (…) de l’obstruction, toujours de l’obstruction et encore de l’obstruction”, a-t-elle justifié. Il reste environ 300 amendements à débattre.”Rachida Dati refuse le débat sur sa réforme de l’audiovisuel public”, a dénoncé le groupe PS sur X. Par ce vote bloqué, elle “annonce son objectif réel : fragiliser notre service public de l’audiovisuel”, a-t-il ajouté, rappelant que le débat n’avait déjà pu avoir lieu à l’Assemblée, en raison d’une motion de rejet votée dès l’entame des discussions.Les débats, suspendus vers 10H15, ont repris près de deux heures plus tard.Le président de séance Didier Mandelli (LR) a pris acte de la demande du gouvernement à la reprise.Les orateurs de la gauche ont successivement protesté contre ce “coup de force”, selon le mot de l’ancienne ministre socialiste Laurence Rossignol. “On parle de liberté de la presse. Mais commençons déjà par respecter les droits du Parlement”, a-t-elle tonné, en rappelant que le Sénat avait d’outres outils à sa disposition pour discipliner les discussions.Interrogée à l’issue du Conseil des ministres, la porte-parole du gouvernement, Sophie Primas (LR), a relevé la “route chaotique” de cette proposition de loi, dont l’inscription à l’Assemblée a été maintes fois repoussée. “Naturellement, si les travaux s’arrêtent ce soir ou (…) demain et qu’ils ne sont pas terminés, ils se poursuivront à l’automne”, a-t-elle dit.

Trois députés contraints de démissionner après avoir été déclarés inéligibles par le Conseil constitutionnel

Trois députés, les élus des groupes Ensemble pour la République (EPR) Jean Laussucq et Stéphane Vojetta ainsi que celle de l’Union des droites (UDR) Brigitte Barèges, ont été déclarés inéligibles par le Conseil constitutionnel vendredi, en raison d’irrégularités dans leurs comptes de campagne.Jean Laussucq, député de Paris, Brigitte Barèges, députée du Tarn-et-Garonne, et Stéphane Vojetta, député pour les Français établis hors de France, ont été déclarés inéligibles “pour une durée d’un an” et “démissionnaires d’office” de leurs mandats, a annoncé le Conseil constitutionnel.Il est reproché à Jean Laussucq d’avoir réglé “des dépenses de campagne au moyen de son compte bancaire personnel” et d’avoir laissé des tiers régler “directement une part significative des dépenses exposées pour sa campagne électorale” de 2024.Les dépenses irrégulières “représentent 21% du montant des dépenses du compte et 10,2% du plafond des dépenses autorisées dans la circonscription” et s’élèvent à 7.030 euros, a précisé le Conseil constitutionnel.Brigitte Barèges a été épinglée pour avoir facturé la participation à sa campagne de deux collaborateurs de son cabinet à la mairie de Montauban, alors qu’elle en était la maire.Enfin, le Conseil constitutionnel a reproché à Stéphane Vojetta, élu dans une circonscription comprenant notamment l’Espagne et le Portugal, d’avoir réglé “irrégulièrement” une “part substantielle des dépenses engagées”, durant sa campagne, notamment des “frais de transport”.”On ne se débarrassera pas de moi comme cela” a écrit sur X Stéphane Vojetta, dénonçant une “décision absurde”.”Une décision politique” qui n’a “rien du juridique” pour Brigitte Barèges, qui y voit un moyen de l’empêcher de se “représenter aux élections municipales de Montauban de mars 2026”. Après la perte d’un siège, l’UDR ne possède plus que 15 députés à l’Assemblée, soit le pallier minimum pour constituer un groupe.Des élections législatives partielles devront être organisées prochainement pour désigner des nouveaux députés.Deux autres députés élus lors des législatives de juillet 2024 avaient dû remettre leurs sièges en jeu après des décisions du Conseil constitutionnel, dans le Jura et en Saône-et-Loire. 

Budget: objectif 4,6% de déficit pour 2026, “des efforts” mais pas d’augmentation d’impôts généralisée

François Bayrou a assuré jeudi que son objectif était de ramener le déficit à 4,6% en 2026, évoquant “ici ou là des efforts particuliers”, mais sans augmentation d’impôts généralisée, dans un entretien sur LCI.Le déficit est “à 5,8%” du produit intérieur brut, “nous allons cette année passer à 5,4% et l’année prochaine, (…) nous allons aller vers 4,6%”, a-t-il affirmé, en soulignant que “le gouvernement va dire ce que sont les contraintes, les efforts nécessaires, les décisions à prendre pour qu’on se tire de ce piège mortel”, sans vouloir dévoiler ses pistes.”Je veux que tout le monde participe” à l’effort d’économie d’environ 40 milliards d’euros pour le prochain budget de la France, a expliqué le chef du gouvernement, en disant ne pas vouloir “qu’il y ait des catégories ciblées et d’autres qui ne le sont pas”, mais “avec un effort de justice qu’il va falloir évidemment mettre en place”.A quelques jours de la présentation d’un plan de redressement des finances publiques, “il peut y avoir ici ou là des efforts particuliers, mais je ne crois pas que ce soit par l’impôt qu’on résout des problèmes”, a en outre fait valoir M. Bayrou, mais par la baisse de “la dépense publique”.”Si la prospérité venait des impôts, puisque nous avons les impôts les plus importants du monde, nous serions les plus riches du monde”, a-t-il ajouté, en appelant au “bon sens”.

Accord franco-britannique sur un échange de migrants au dernier jour de la visite d’Etat de Macron

La France et le Royaume-Uni se sont mis d’accord jeudi sur un “projet pilote” d’échange de migrants à l’issue de la visite d’Etat du président français Emmanuel Macron, alors que les traversées de la Manche atteignent des chiffres record.Cet accord, qui doit encore être soumis à la Commission européenne avant d’être signé, repose sur le principe de “un pour un”. Il prévoit le renvoi en France d’un migrant arrivant au Royaume-Uni par petit bateau, en échange de quoi Londres s’engage à accepter un migrant se trouvant en France et exprimant sa volonté, via une plateforme en ligne, de s’installer au Royaume-Uni et justifiant de liens avec ce pays.”Pour la première fois, les migrants arrivant par petits bateaux seront arrêtés puis renvoyés rapidement en France”, a déclaré le Premier ministre britannique Keir Starmer, lors d’une conférence de presse sur la base militaire de Northwood (nord-ouest de Londres), se réjouissant d’un accord “révolutionnaire” sur un projet susceptible de démarrer “dans les prochaines semaines”.Plus de 21.000 migrants ont traversé la Manche depuis le début de l’année, un niveau record qui accroît la pression sur le dirigeant travailliste, au moment où le parti anti-immigration Reform UK de Nigel Farage monte en puissance dans l’opinion.Emmanuel Macron a quant à lui mis en cause le Brexit, soulignant qu’il n’existait plus depuis lors “aucun accord migratoire avec l’Union européenne” et que cela créait une “incitation” à traverser la Manche. Il a estimé que ce projet pilote “exercera un effet très dissuasif sur le modèle des passeurs et sur les traversées”.Aucune précision chiffrée n’a été apportée sur cet accord, trouvé après d’intenses négociations lors d’un sommet bilatéral en conclusion d’une visite d’Etat de trois jours du président français, la première pour un chef d’Etat de l’UE depuis le Brexit en 2020.Le chiffre évoqué dans la presse de 50 migrants par semaine échangés – jugé insuffisant par l’opposition conservatrice – n’a pas été confirmé.- Dissuasion nucléaire -“Cet accord est une humiliation”, a fustigé Nigel Farage. “Nous avons agi comme un membre de l’Union européenne et nous sommes inclinés devant un président français arrogant”, a-t-il écrit sur X. L’ONG Médecins sans frontières a de son côté jugé que ce projet n’était “pas seulement absurde”, mais “aussi extrêmement dangereux”.Pour sa part, le Haut Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) a salué un projet qui, “s’il est mis en Å“uvre de manière appropriée”, pourrait “offrir un accès à la protection aux demandeurs d’asile et réfugiés des deux côtés de la Manche”.Reste que cinq pays de l’UE -Espagne, Grèce, Italie, Malte et Chypre- avaient exprimé en juin leur “préoccupation”, craignant que la France ne renvoie ensuite les migrants vers le premier pays de l’UE dans lequel ils sont arrivés.La France et le Royaume-Uni ont aussi acté un rapprochement d’ampleur en matière de dissuasion nucléaire, en signant une déclaration stipulant que leurs moyens respectifs pourront “être coordonnés”.La souveraineté des deux pays – seuls à disposer du feu nucléaire en Europe – restera entière, mais “tout adversaire menaçant les intérêts vitaux du Royaume-Uni ou de la France pourrait être confronté à la puissance des forces nucléaires des deux nations”.Les deux Etats stipulent aussi “qu’il n’existe aucune menace extrême sur l’Europe qui ne susciterait une réponse des deux pays”.Un message à destination de Moscou, quand plusieurs pays de l’est de l’Europe craignent de possibles velléités expansionnistes russes.- Satellites -Outre le volet nucléaire, le Royaume-Uni et la France doivent accélérer le programme conjoint de missiles de croisière Scalp/Storm Shadow, et lanceront une nouvelle phase du projet de futurs missiles de croisière et de missiles antinavires, dont le développement s’était quelque peu enlisé.Les accords de Lancaster House encadrant la coopération militaire bilatérale depuis 2010 avaient entériné la création d’une force expéditionnaire conjointe franco-britannique. Cette force, qui pourrait servir de socle à une future force internationale de garantie d’un cessez-le-feu en Ukraine, va voir ses effectifs renforcés pour atteindre “jusqu’à 50.000 hommes” mobilisables “dans un engagement majeur”, a indiqué Emmanuel Macron.Les deux dirigeants ont assuré que les plans de la coalition des pays volontaires pour garantir un futur cessez-le-feu entre Kiev et Moscou étaient “prêts”, à l’occasion d’une réunion en visioconférence de représentants de ces pays, à laquelle ont également pris part l’émissaire américain Keith Kellogg, ainsi que le sénateur républicain Lindsay Graham et le sénateur démocrate Richard Blumenthal qui prônent des sanctions drastiques contre la Russie.Cette coalition a un nouveau quartier général à Paris, coprésidé par le Royaume-Uni et la France, qui sera transféré à Londres au bout de douze mois.Sur le Proche-Orient, le chef de l’Etat français a appelé à une reconnaissance commune de l’Etat de Palestine par la France et le Royaume-Uni, pour “initier (une) dynamique politique qui est la seule conforme à une perspective de paix”.Mais Keir Starmer a semblé peu convaincu de l’urgence d’une telle décision, estimant que “l’accent doit maintenant être mis sans relâche sur l’obtention d’un cessez-le-feu”.vl-ctx-alm-adm/lpt