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Bayrou sur “le sentiment de submersion” migratoire: Braun-Pivet n’aurait “jamais tenu ces propos”

La présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet n’aurait “jamais tenu les propos” du Premier ministre François Bayrou qui a évoqué lundi soir “un sentiment de submersion” migratoire en France. “Je n’aurais jamais tenu ces propos et ils me gênent. On parle d’hommes et de femmes, on parle de notre pays, la France, qui, de par son histoire, de par sa géographie, de par sa culture, a toujours accueilli et s’est construite avec cette tradition-là”, a-t-elle déclaré mardi sur BFMTV/RMC. La France “approche” d’un “sentiment de submersion” en matière d’immigration, a estimé lundi François Bayrou.”Je pense que les apports étrangers sont positifs pour un peuple, à condition qu’ils ne dépassent pas une proportion”, a déclaré le Premier ministre sur LCI.”Mais dès l’instant que vous avez le sentiment d’une submersion, de ne plus reconnaître votre pays, les modes de vie ou la culture, dès cet instant-là vous avez rejet”, a-t-il ajouté, en estimant “qu’on approche” de ce seuil.”Evidemment qu’il faut réguler l’immigration, évidemment qu’il faut être très ferme sur nos valeurs, sur les conditions et nos exigences d’intégration (…) Mais je n’utilise pas ces mots et je ne les utiliserai jamais parce que je crois que c’est contraire à ce que nous sommes profondément”, a ajouté Mme Braun-Pivet. “Il faut regarder le sujet migratoire en face. Mais moi ce que je souhaiterais, c’est que l’on arrête de le regarder uniquement par le prisme du ministère de l’Intérieur (…) c’est un sujet beaucoup plus large que cela”, a-t-elle dit.

Emmanuel Macron “au chevet du Louvre”, annonces à la clé

Emmanuel Macron se rend mardi “au chevet du Louvre” pour des “annonces” en réponse à l’alerte du musée le plus visité au monde, confronté à une vétusté alarmante et au casse-tête des milliers de touristes qui défilent quotidiennement sous la pyramide et devant la Joconde.”Il y aura des annonces concernant le Louvre et son avenir”, s’est bornée à dire lundi la présidence à des journalistes, sans dévoiler les solutions que préconisera le chef de l’Etat.Au soir de la présidentielle de 2017, Emmanuel Macron s’était mis en scène devant la pyramide de verre pour célébrer sa victoire. Mardi, il pourrait s’exprimer avec le chef-d’oeuvre de Léonard de Vinci en arrière-plan.Le musée cristallise l’attention depuis que sa présidente-directrice, Laurence des Cars, a tiré la sonnette d’alarme dans une note du 13 janvier à la ministre de la Culture, Rachida Dati.Le document égrène les problèmes: “Multiplication d’avaries dans des espaces parfois très dégradés”, “obsolescence” des “équipements techniques”, “inquiétantes variations de températures mettant en danger l’état de conservation des oeuvres”…La pyramide inaugurée en 1988, majestueuse entrée voulue par l’ancien président François Mitterrand et conçue par l’architecte Ieoh Ming Pei, est jugée “structurellement dépassée” car elle était prévue pour accueillir quatre millions de visiteurs par an. Le musée en a compté près de neuf millions (dont 80% d’étrangers) en 2024 et dix millions avant la pandémie de Covid-19!M. Macron va-t-il reprendre l’idée d’une seconde entrée du côté de la Cour carrée de l’ancien château? L’Elysée reconnaît que l’inadéquation à la fréquentation actuelle est un “point central”.De la même manière, un conseiller présidentiel relève que la réflexion porte aussi sur le lieu d’accrochage de la Joconde, car “l’engouement des visiteurs”, qui sont 20.000 par jour à l’admirer, “obère les conditions de visite dans les espaces environnants”. Sans confirmer à ce stade un éventuel déplacement du portrait de Mona Lisa dans un nouvel espace.- Budget contraint -Le président de la République fait face à deux écueils.Après la défaite de son camp aux législatives, il ne peut plus dicter ses décisions au gouvernement comme il l’a fait pendant sept ans. En outre, la situation très dégradée des finances publiques rend inimaginables des investissements massifs de l’Etat.Or les travaux nécessaires se chiffrent, selon la direction du musée, en “centaines de millions d’euros”. Le chiffre d’un demi-milliard a circulé, sans être confirmé. “Il n’est évidemment pas question, au moment où nous construisons un budget (…) de maîtrise des dépenses publiques, d’ajouter une ligne de 500 millions comme cela”, a prévenu lundi la porte-parole du gouvernement, Sophie Primas, sur TF1. Selon elle, l’annonce éventuelle de fonds publics “n’engage que le président”.L’Elysée assure au contraire que M. Macron, qui s’est rendu discrètement sur place à l’automne pour constater l’étendue des besoins, a préparé ses annonces “en lien” avec Mme Dati, qu’il avait nommée à la Culture il y a un an. “Ce ne sont pas des annonces présidentielles découplées de l’action gouvernementale”, insiste un conseiller.Sans détailler les pistes de financement, la présidence a minimisé la difficulté technique d’un billet d’entrée plus cher pour les touristes étrangers hors Union européenne, évoqué par la ministre.Elle a d’ailleurs noté que les tarifs du Louvre étaient “nettement dans le bas de la fourchette” par rapport aux “grands musées équivalents”. Et souligné les “possibilités de progression en matière de mécénat”.Selon une source gouvernementale, l’exécutif réfléchit à la manière de “mobiliser des ressources ailleurs”, auprès de donateurs privés et de grandes entreprises, comme ce fut le cas pour les 846 millions d’euros de dons qui ont permis de reconstruire Notre-Dame de Paris.Ce chantier, qui a permis de rouvrir en décembre la cathédrale cinq ans après l’incendie, est une des principales actions culturelles d’Emmanuel Macron. Au-delà, son “grand projet”, dixit l’Elysée, c’est la Cité internationale de la langue française, dans le château restauré de Villers-Cotterêts, dans l’Aisne.Si aujourd’hui “le président se place au chevet du Louvre”, c’est qu’il se considère, malgré sa perte de pouvoir, comme “garant du temps long”, chargé “de protéger tout ce qui fait le patrimoine, la fierté et le rayonnement du pays”, plaide son entourage, qui n’hésite pas à élargir son “domaine réservé” au gré de l’actualité.”Ce n’est pas son domaine”, grince pourtant un membre du gouvernement. “Il s’achète des points de popularité à bon compte.”

Budget: Bayrou confirme certaines concessions et appelle l’ensemble des partis à la “responsabilité”

Pas de suppression de postes enseignants pour les socialistes, pas de nouvel impôt sur les ménages pour la droite et le centre. Toujours à la merci d’une censure, François Bayrou a confirmé lundi plusieurs concessions faites aux partis en les appelant à la “responsabilité” pour trouver un compromis sur le budget.”J’ai confiance dans le sentiment de responsabilité de tous”, a affirmé le chef du gouvernement sur la chaîne LCI. Cet entretien intervient alors que les débats ont repris ce lundi en commission à l’Assemblée sur les comptes de la Sécurité sociale, avant une réunion cruciale, jeudi, de sept sénateurs et sept députés en commission mixte paritaire (CMP) pour rechercher un compromis sur le budget de l’Etat.François Bayrou espère de nouveau convaincre le PS de ne pas voter une censure. Il a confirmé à cet égard l’abandon, réclamé par les socialistes, de la suppression de 4.000 postes d’enseignants, une décision “définitive”.Il a également écarté l’hypothèse de 7 heures de travail non rémunéré par an pour financer la Sécurité sociale, un autre irritant pour le PS mais aussi pour certains macronistes, car “le travail doit être payé”. “Le compte n’y est pas complètement, mais on chemine”, a réagi le chef de file des sénateurs socialistes Patrick Kanner sur la même chaîne.Mais les socialistes “ne sont pas les seuls” à avoir des demandes, a ajouté M. Bayrou, en citant la droite et le camp présidentiel. A cet égard, s’il a confirmé une contribution exceptionnelle sur les très hauts revenus et les grandes entreprises, il a aussi assuré que les ménages ne paieraient “aucun impôt nouveau” en 2025.- “Sentiment d’une submersion” -Sur l’immigration, “un certain nombre de villes ou de régions” ont “le sentiment d’une “submersion”, a assuré François Bayrou.Des propos “extrêmement choquants” pour le coordinateur de LFI Manuel Bompard. “Ça ne correspond pas du tout à la réalité”, a-t-il dit sur LCI en ajoutant que les étrangers représentaient 7,7% de la population en France selon l’Insee.Favorable à une restriction du droit du sol à Mayotte mais pas en métropole, le chef du gouvernement se pose aussi en homme de compromis. Pour lui, ses ministres, le très droitier Bruno Retailleau (Intérieur) qui veut durcir les conditions de régularisation des étrangers en France, et le rocardien Eric Lombard (Economie) pour qui le pays “a besoin d’une immigration de travail”, ont tous “les deux” raison.Si “on n’a pas de budget, alors aucune des décisions nouvelles qui ont été annoncées ne peut être remplie”, a de nouveau prévenu le Premier ministre.Il a promis aussi que l’organisation de l’Etat sera “repensée en profondeur” et que l’Etat allait maigrir “nécessairement”.Concernant le texte sur la Sécurité sociale (PLFSS), dont une première mouture avait entraîné la chute du gouvernement Barnier début décembre, les discussions ont repris ce lundi à partir de la version adoptée par le Sénat fin novembre.   Mais les termes de l’équation ont changé, avec un déficit 2025 de la Sécu désormais anticipé à au moins 23 milliards d’euros, contre 16 milliards évoqués à l’automne. Un dérapage qui s’explique notamment par l’abandon forcé des mesures d’économie sur les retraites, et par le coût de certaines concessions faites aux socialistes sur le budget des hôpitaux ou sur le remboursement des consultations médicales et des médicaments.Après son examen en commission, le texte doit revenir dans l’hémicycle à partir du 3 février.- Budget de “compromis” -En attendant, le gouvernement est confronté à la réunion décisive de la commission mixte paritaire (CMP), jeudi, pour rechercher un compromis sur l’autre texte majeur, celui du budget 2025 de l’Etat.Cette CMP, où le socle commun soutenant le gouvernement est majoritaire, pourrait être l’une des dernières occasions d’intégrer des concessions susceptibles de résister à la censure.L’exécutif en a bien conscience: la version du texte adoptée la semaine dernière par le Sénat doit être adoucie pour devenir un “budget de compromis”, a assuré dimanche la ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin.La version issue de la CMP sera ensuite soumise à l’Assemblée, la semaine du 3 février, avec vraisemblablement l’usage du 49-3. Qui devrait donc déclencher une nouvelle motion de censure, déposée par les Insoumis.D’où les appels du pied de l’exécutif en direction des rangs socialistes, qui ont renoncé mi-janvier à voter une précédente censure, mais sans s’engager pour la suite. “Le compromis n’empêchera pas, évidemment, le PS d’être dans l’opposition”, a souligné Mme Montchalin.Une perspective vivement rejetée par Manuel Bompard: si le PS ne vote pas cette censure, a-t-il mis en garde, il changera d’alliance et entrera dans “un soutien sans participation” au gouvernement.

Fin de vie: Bayrou confirme vouloir “deux textes” distincts, l’un sur les soins palliatifs et l’autre sur l’aide à mourir

François Bayrou a confirmé lundi vouloir scinder le projet de loi sur la fin de vie, pour distinguer les “deux sujets” des soins palliatifs et de l’aide à mourir, afin de “pouvoir voter sur chacun de ces deux textes différemment”.”Les soins palliatifs, pour moi ce n’est pas un droit, c’est un devoir”, a déclaré sur LCI le Premier ministre, qualifiant l’aide à mourir de “débat de conscience”.Plus de 200 socialistes et macronistes ont exhorté lundi François Bayrou à ne pas scinder le texte jugeant que “dissocier les soins palliatifs de l’aide médicalisée active à mourir serait une erreur”. Cette tribune, signée notamment par la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet, a été mise en ligne sur le site du Parisien à quelques heures du long entretien télévisé du Premier ministre sur LCI.A ce stade, le gouvernement se refuse à élaborer un calendrier parlementaire, pour la fin de vie ou d’autres textes législatifs, tant que le budget n’est pas adopté, selon la porte-parole du gouvernement Sophie Primas.Une proposition de loi du député Modem Olivier Falorni a néanmoins été déposée à l’Assemblée nationale. La genèse de ce texte, censé devenir la grande réforme sociétale de la présidence d’Emmanuel Macron, remonte à plusieurs années. La fin de vie a d’abord fait l’objet d’une convention citoyenne, puis d’un long travail de plusieurs gouvernements. La proposition de loi prévoit le développement des soins palliatifs mais aussi de légaliser, à d’importantes conditions, une “aide active à mourir” – concrètement un suicide assisté ou, dans certains cas, une euthanasie. En marge de cette prise de position sur la réforme de la fin de vie, François Bayrou a livré quelques convictions intimes concernant ce débat: “On touche là à quelque chose qui tient au sens de la vie, à la vie et au sens de la vie.”En référence à son père décédé tragiquement dans un accident, le Premier ministre a évoqué son rapport à la mort imprégné de foi chrétienne. “Beaucoup des êtres que vous aimez vous sont arrachés. Et ces êtres-là, ils vous façonnent. J’ai souvent dit que pour moi, la mort n’existait pas (…) Moi, je ne crois pas que les morts soient morts”, a-t-il avancé.”Je crois à la vie (…) Je crois que ceux qui sont de l’autre côté continuent à avoir avec nous quelque chose comme une relation. (…) Peut-être vous me prendrez pour un fou”, a confié M. Bayrou, catholique pratiquant mais qui s’est toujours positionné pour la séparation stricte du politique et du religieux.

La lutte contre le narcotrafic érigée au rang de priorité numéro un, pour Darmanin

La lutte contre le narcotrafic doit être une “priorité absolue”, a martelé lundi le ministre de la Justice Gérald Darmanin, dans une circulaire de politique pénale envoyée à tous les procureurs.”A l’instar du sursaut collectif auquel nous ont contraints plusieurs attentats terroristes, la lutte contre la criminalité organisée en particulier, doit constituer une priorité absolue pour l’ensemble des parquets”, mentionne la circulaire, envoyée lundi à tous les procureurs. Gérald Darmanin, qui s’est entretenu plusieurs heures lundi avec ceux-ci, leur a détaillé les orientations qu’il souhaitait voir mettre en Å“uvre. “Votre priorité comme celle des services enquêteurs (…) doit être celle de la lutte contre le blanchiment et les gains induits par la criminalité”, évoque le document, transmis à la presse. “Il faut plus d’enquêtes patrimoniales et des saisies de biens systématiques”, a précisé sur TF1 le ministère de la Justice, qui entend travailler main dans la main avec Bercy. Le ministre de la Justice souhaiterait par ailleurs que les biens saisis soient vendus plus rapidement, prenant pour exemple des “millions de montres Rolex entassées depuis des années au dépôt de Marseille” et qui pourraient être vendues ou encore les millions d’euros dépensés en fourrière pour les voitures saisies et immobilisées, selon une source au ministère de la justice. La feuille de route mentionne également des procédures “d’interdictions de paraître” afin d’éloigner les délinquants de certaines zones. Concernant les criminels de nationalité étrangère, le ministère évoque le recours à des expulsions et à des interdictions de territoire français “dans la stricte application de la loi” et en accord avec le ministère de l’Intérieur, en cas d’atteintes contre des personnes.  Gérald Darmanin a évoqué la création d’un parquet national anti-criminalité organisée (Pnaco), opérationnel en janvier 2026 selon lui et qui aurait notamment un “monopole sur les crimes les plus graves” et serait chargé de “coordonner les parquets sur tout le spectre de la criminalité organisée”.La proposition de loi transpartisane qui le propose sera débattue à partir de mardi au Sénat.”Je n’ai pas à attendre la loi du Parlement pour renforcer les moyens contre le narcotrafic. Je vais quasiment doubler le nombre de magistrats dans les prochains mois qui luttent contre le narcotrafic” a détaillé le ministre sur TF1. En tout 100 magistrats supplémentaires seront détachés à la lutte contre le crime organisé d’ici 2027, soit un doublement selon la chancellerie.Autre priorité pour le ministère de la Justice: les violences faites aux personnes et notamment les femmes et les enfants. Faisant référence à la mort d’un adolescent de 14 ans poignardé vendredi à Paris, et pour laquelle deux  mineurs ont été mis en examen lundi soir et placés en détention provisoire, Gérald Darmanin s’est exprimé en faveur de la “comparution immédiate pour les crimes les plus graves, ce qui n’est pas dans notre droit”. Sur TF1 le ministre a par ailleurs regretté le peu de moyens dont bénéficie la justice pour les mineurs. “Il y a un juge pour 300 enfants parce que les victimes, les auteurs sont malgré tout des jeunes, des enfants qu’il ne faut pas juger totalement comme des adultes”. Le ministre de la Justice a annoncé 100 juges pour enfants de plus d’ici 2027 “qui vont être désignés dans les prochaines semaines”. 

Audiovisuel public, IA et Hip hop: Rachida Dati présente sa feuille de route pour 2025

De la réforme de l’audiovisuel public menée “d’ici l’été” à la création d’une “fondation pour l’art contemporain”, en passant par un “été culturel” dans les campings, la ministre de la Culture Rachida Dati a livré une feuille de route fournie et iconoclaste lors de ses voeux lundi.”Ce ministère de la Culture est le ministère de tous les Français dans leur besoin de culture”, a-t-elle martelé face à plusieurs centaines d’acteurs culturels et à la presse depuis le Palais de la Portée Dorée, à Paris, reprenant son crédo depuis son arrivée rue de Valois en janvier 2024.Pêle-mêle, Rachida Dati a proposé “la création d’une grande fondation pour l’art contemporain français basée sur un modèle juridique public-privé comparable à la Fondation du patrimoine” et souhaité concrétiser “le projet de National Trust à la française”, sur le modèle anglais, pour l’entretien et la valorisation des “45.000 monuments historiques” du pays.Elle a confirmé la “concrétisation du projet de la Maison du hip hop, qui s’appellera la Maison des cultures urbaines, et trouvera sa place à La Villette (dans le Nord de Paris, NDLR), dans un lieu magnifique qui sera dévoilé au mois de mars”.Désireuse de toucher des publics éloignés des lieux de culture, la ministre a annoncé “cet été toute une saison d’actions exceptionnelles dans les campings”.Elle a aussi évoqué “pourquoi pas un musée du cinéma”.- “budget d’équilibre” -Voulue dès son arrivée à ce poste mais repoussée au gré des changements de gouvernement, la réforme de l’audiovisuel public doit, elle, être menée “à son terme d’ici l’été”.La piste privilégiée est la création d’une holding, France Médias, composée de quatre filiales: France Télévisions, Radio France, France Médias Monde (FMM) ainsi que l’Institut national de l’audiovisuel (Ina).Mme Dati appelait de ses voeux une fusion des entreprises de l’audiovisuel public mais une holding pourrait être mieux acceptée, à la fois à l’Assemblée nationale et au sein des médias concernés.La ministre a également souhaité placer la culture “au centre” des préoccupations du sommet de Paris sur l’intelligence artificielle (10-11 février).”Innovation et régulation non seulement vont de pair, mais sont à l’origine, ensemble, des plus belles réussites culturelles françaises. Si nous renonçons à l’une des deux, (…) nous serons relégués dans une ligue qui n’est pas la nôtre”, a-t-elle lancé.Alors que les crédits consacrés à la culture et à l’audiovisuel public s’annoncent en baisse dans le budget 2025, qui sera examiné en commission mixte paritaire jeudi, Mme Dati “assume un budget d’équilibre, y compris la part d’efforts qui nous est demandée”. “J’ai veillé à ce que cet effort reste proportionné, qu’il nous donne en 2025 tous les moyens dont nous avons besoin”, a-t-elle clamé, quelques heures après qu’une quinzaine d’organisations du spectacle vivant, “en colère”, lui ont demandé un “rendez-vous” afin qu’elle “rétablisse” ces crédits.- “tolérance zéro” -Prise à partie à ce sujet par une vingtaine d’acteurs du monde de la culture vêtus de couvertures de survie et lui tournant le dos, la ministre a demandé à échanger face à face: “J’ai des choses à vous dire, j’ai fait le choix de la coopération, le combat ne va pas s’arrêter avec le budget”.En revanche, il n’a pas été question de la dégradation de l’état du plus grand musée du monde, le Louvre, où le président de la République Emmanuel Macron doit se rendre mardi.La ministre s’est enfin exprimée sur nombre de sujets de société, à commencer par le mouvement #MeToo, qui agite particulièrement le monde de la culture. “En 2025, nous renforcerons donc notre action, dans tous les secteurs, pour prévenir ces violences (sexistes et sexuelles, NDLR), et accompagner celles et ceux qui en sont les victimes. Dans un esprit de tolérance zéro pour ceux qui n’auraient pas encore compris le message”, a-t-elle insisté.”Le combat pour la culture est avant tout un combat pour la liberté, la liberté de création, la liberté d’expression”, a-t-elle aussi déclaré, faisant référence autant à l’écrivain Boualem Sansal, incarcéré en Algérie, qu’aux “déprogrammations, actes de vandalisme, menaces et cyber harcèlement contre des artistes”.Justifiant son choix de s’exprimer depuis le Palais de la Porte Dorée, qui abrite le musée de l’histoire de l’immigration, pour la deuxième année consécutive, la ministre a enfin affirmé en avoir “un peu marre des débats sulfureux sur l’immigration”.

Au tribunal, Sarkozy, les infirmières bulgares et la visite de Kadhafi dont il se serait “bien passé”

Contrepartie d’un “pacte de corruption”, ou de la libération de ces “malheureuses infirmières bulgares” détenues en Libye ? Nicolas Sarkozy s’est longuement expliqué lundi au tribunal sur la visite controversée à Paris de Mouammar Kadhafi en 2007, dont il jure qu’il se serait volontiers passé.Son argument principal tient en une phrase, qu’il répète une dizaine de fois : “Si les infirmières n’avaient pas été libérées, Mouammar Kadhafi ne serait pas venu en France”, jure Nicolas Sarkozy, qui a encore passé plusieurs heures à la barre – “13 ou 14 heures” depuis le début du procès le 6 janvier, a-t-il compté.”Quand avez-vous commencé à vous intéresser au sort des infirmières ?”, demande la présidente. “Le 26 avril 2007”, répond le prévenu, notes sous les yeux, visiblement bien préparé. Comme son adversaire Ségolène Royal insiste-t-il, il avait reçu entre les deux tours de la présidentielle et à leur demande les familles de ces cinq infirmières, accusées à tort, avec un médecin palestinien, d’avoir inoculé le virus du sida à des centaines d’enfants libyens. Elles ont vécu “huit années de cauchemar”, et Nicolas Sarkozy prend “l’engagement de faire de leur libération une priorité” – comme Ségolène Royal, insiste-t-il encore.L’ancien chef d’Etat est accusé d’avoir passé en 2005 un pacte de corruption avec le dictateur libyen pour qu’il finance son accession à l’Elysée en 2007. Parmi les contreparties supposées, une réhabilitation sur la scène internationale qui se serait notamment concrétisée par une visite de Mouammar Kadhafi à Paris, une première depuis 30 ans, et par la libération des infirmières. “Il sera facile de faire litière de ces accusations grossières”, assure le prévenu, avant de méticuleusement remonter, date par date, le fil du réchauffement des relations franco-libyennes.  En résumé : il est “bien antérieur à mon action”, engagé par “Jacques Chirac”, et “ne concerne pas que la France mais le monde entier” avec la levée des sanctions des Nations Unies en 2003, soutient-il.- “Coût en terme d’image” -Une fois élu, dans le contexte de ce réchauffement, et alors que les “gros efforts” de l’Union européenne pour libérer les infirmières n’ont “pas abouti” – mais qu’un accord pour indemniser les familles des enfants vient d’être trouvé -, Nicolas Sarkozy a “l’idée” d’envoyer son épouse d’alors, Cécilia Sarkozy, négocier en Libye. “Ce sont des femmes qui sont victimes de cette situation épouvantable et je pense que ce geste personnel pourrait faire bouger les choses”.”L’idée que Kadhafi pouvait me tenir se fracasse à la pression que je lui mets pour les infirmières, pour les droits de l’Homme. On voit bien que je suis parfaitement libre”, clame-t-il.Les infirmières et le médecin palestinien repartiront de Libye à bord de l’avion de Cécilia Sarkozy. “Recevoir Mouammar Kadhafi n’est pas une condition de la libération ?”, demande la présidente du tribunal. “Je ne l’aurais pas reçu si elles n’avaient été libérées”, répond le prévenu. Les images de la tente plantée à deux pas de l’Elysée, les critiques au sein même du gouvernement sur la France qui n’est pas “un paillasson, sur lequel un dirigeant, terroriste ou non, peut venir s’essuyer les pieds du sang”…Cette visite, “franchement je m’en serais bien passé”, répète plusieurs fois Nicolas Sarkozy, conscient du “coût en terme d’image”.Mais “à aucun moment on ne peut voir cette visite comme celle de deux compères qui se retrouvent après un accord juteux qui les a rapprochés, tellement ça a été tendu de la première à la dernière minute”, jure-t-il encore, s’affairant à minimiser le rôle de l’Etat qui n’a ni “payé” ni “organisé” le tour “en bateau mouche” du Guide, “la visite du Louvre”, ou encore “la partie de chasse à Rambouillet”. Le parquet national financier, qui peine décidément à faire vaciller l’ancien chef de l’Etat depuis le début du procès, s'”interroge” : si la libération des infirmières n’était pas la contrepartie de la visite, peut-être le pacte de corruption l’était-il ? Le prévenu s’agite, le procureur précise : “je suis obligé de vous poser la question”. Nicolas Sarkozy se radoucit: “Le pacte de corruption, M. le procureur, il n’existe pas”.

Marathon budgétaire: le gouvernement appelle au compromis avant une semaine décisive

Toujours à la merci d’une censure, le gouvernement affiche sa volonté de “compromis” à l’entame d’une semaine décisive dans les discussions budgétaires: les débats sur les comptes de la Sécurité sociale ont repris lundi à l’Assemblée, avant une conciliation jeudi entre députés et sénateurs sur le budget de l’Etat.Le Premier ministre François Bayrou, qui espère de nouveau convaincre le Parti socialiste de ne pas voter une censure, devrait fixer les grandes lignes de sa position lundi soir lors d’une longue interview télévisée très attendue sur LCI.Concernant le texte sur la Sécurité sociale (PLFSS), dont une première mouture avait entraîné la chute du gouvernement Barnier début décembre, les discussions ont repris en fin d’après-midi devant la commission des Affaires sociales de l’Assemblée nationale, à partir de la version adoptée par le Sénat fin novembre.   Depuis lors, les termes de l’équation ont changé, avec un déficit 2025 de la Sécu désormais anticipé à au moins 23 milliards d’euros, contre 16 milliards évoqués à l’automne. Un dérapage qui s’explique notamment par l’abandon forcé des mesures d’économie sur les retraites, et par le coût de certaines concessions accordées par le Premier ministre aux socialistes sur le budget des hôpitaux ou sur le remboursement des consultations médicales et des médicaments.Les députés du “socle commun” affichent leur souhait de limiter les déficits. Pour le ministre de la Santé, Yannick Neuder, il y a urgence, car le texte a pris du retard et l’année 2025 risque de compter deux, voire trois mois “où il n’y aura eu aucune mesure (pour) envisager des recettes nouvelles ou des économies”.Pour l’heure, cependant, l’exécutif, tout à la recherche d’un compromis avec la gauche, ne dévoile guère ses positions. “Je ne peux qu’appeler à ce que chacun fasse un pas vers l’autre. C’est ce que le gouvernement essaie de faire”, a prudemment déclaré devant la commission la ministre déléguée chargée de l’Autonomie et du Handicap, Charlotte Parmentier-Lecoq. La gauche, de son côté, espère “sortir les dispositions irritantes du texte introduites par le Sénat”, a indiqué à l’AFP Jérôme Guedj (PS), citant notamment la deuxième “journée de solidarité” – que même le nouveau rapporteur du texte, Thibault Bazin (LR), souhaite supprimer. Après son examen en commission, le texte doit ensuite revenir dans l’hémicycle, à partir du 3 février.- Ne pas “tout bloquer” -En attendant, un obstacle d’importance attend le gouvernement: jeudi, sept sénateurs et sept députés se réuniront en commission mixte paritaire (CMP) pour rechercher un compromis sur l’autre texte majeur, celui du budget 2025 de l’Etat.Cette CMP, où le socle commun soutenant le gouvernement est majoritaire, pourrait être l’une des dernières occasions d’intégrer des concessions susceptibles de résister à la censure.L’exécutif en a bien conscience: la version du texte adoptée la semaine dernière par le Sénat doit être adoucie pour devenir un “budget de compromis”, a martelé dimanche la ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin.Le texte de la chambre haute, qui comprend de multiples coupes budgétaires, a le mérite de “réduire le déficit”, a-t-elle salué, mais “il faut qu’on trouve un compromis, car ce budget (…) ne sera pas celui de la droite, ni de la gauche, ni du centre, ce sera le budget du pays”, a-t-elle souligné sur BFMTV.En gage à la gauche, la ministre a plaidé notamment pour que soit inclus dans le texte le maintien des “4.000 postes d’enseignants” que le projet initial devait supprimer.La version issue de la CMP sera ensuite soumise à l’Assemblée, la semaine du 3 février, vraisemblablement via l’usage du 49-3. Qui devrait donc déclencher une nouvelle motion de censure, déposée par les Insoumis.D’où les appels du pied de l’exécutif en direction des rangs socialistes, qui ont renoncé mi-janvier à voter une précédente censure, mais sans s’engager pour la suite. “Le compromis n’empêchera pas, évidemment, le PS d’être dans l’opposition”, mais “on peut être dans l’opposition sans censurer, sans tout bloquer”, a commenté Mme Montchalin.Une perspective vivement rejetée par le coordinateur de LFI, Manuel Bompard: si le PS ne vote pas cette censure, a-t-il mis en garde, il changera d’alliance et entrera dans “un soutien sans participation” au gouvernement.Pour l’heure, les concessions de l’exécutif restent cependant insuffisantes pour les socialistes. Les discussions continuent avec le gouvernement, mais “le compte n’y est pas”, s’inquiétait dimanche soir le premier secrétaire du PS Olivier Faure. 

La France promet de ne rien céder face à l’antisémitisme en commémorant la libération d’Auschwitz

Le gouvernement français a promis lundi qu’il ne céderait rien à l’antisémitisme, à l’occasion du 80e anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz-Birkenau, marqué en France par une série d’hommages, en présence des derniers rescapés.Le 27 janvier 1945, les troupes russes libéraient le camp de concentration et d’extermination d’Auschwitz-Birkenau, en Pologne, révélant au monde l’horreur du génocide nazi.Pour commémorer l’événement, Emmanuel Macron s’est rendu lundi matin au mémorial de la Shoah à Paris. Il y a observé une minute de silence en mémoire des victimes de l’Holocauste, déposé une gerbe et signé le livre d’or.”Nous ne céderons rien face à l’antisémitisme sous toutes ses formes”, a-t-il écrit. “L’universalisme de la France se nourrit de ces combats”, a-t-il ajouté.Dans le cadre des commémorations, le président et son épouse Brigitte Macron participent lundi après-midi en Pologne à la cérémonie internationale organisée sur le site d’Auschwitz-Birkenau en présence d’autres dirigeants étrangers.En fin d’après-midi, la ministre de la Culture Rachida Dati a annoncé  3,5 millions d’euros supplémentaires pour l’extension et le réaménagement du Musée d’art et d’histoire du Judaïsme (mahJ), portant à 6,5 millions d’euros le soutien de l’Etat dans ce projet.A Paris, la ministre de l’Education Elisabeth Borne, dont le père a été déporté à Auschwitz, a visité le mémorial de la Shoah à la mi-journée, accompagnée notamment de la maire de Paris Anne Hidalgo, en commençant par l’exposition retraçant l’histoire du judaïsme et la montée de l’antisémitisme en Europe.L’enseignement de la Shoah doit pouvoir être abordé “sans aucune censure”, a déclaré la ministre, faisant de l’école “ce rempart d’humanité contre l’oubli de l’Histoire et la banalisation de la haine”. Car “aujourd’hui, 80 ans après l’horreur nazie, l’antisémitisme prolifère, prend d’autres visages, (…) se drape dans d’autres mots, se dévoile au grand jour sur Internet et partout en France, se déchaîne depuis la barbarie terroriste du 7-Octobre”, a-t-elle dit.Après la lecture d’une lettre de déporté, un chÅ“ur de 120 lycéens a chanté plusieurs chansons choisies par les rescapés présents et symbolisant à leurs yeux la Shoah – Nuit et brouillard de Jean Ferrat, la Marseillaise, le Chant des marais…Dans la matinée, Esther Sénot et Léon Placek, rescapés des camps, ont répondu aux questions de lycéens sur leur déportation, a constaté une journaliste de l’AFP. “Quand je suis revenu de déportation, je pesais 28-30 kilos…”, a ainsi expliqué Léon Placek, 91 ans, survivant du camp de Bergen-Belsen où il a été déporté à l’âge de 10 ans avec sa mère et son frère.- “Autant d’horreur” -Les questions sont nombreuses et il n’en élude aucune: “En termes d’hygiène ça se passait comment?” – “Il y avait un lavabo avec de l’eau froide. On devait puer”.- “Est-ce que vous aviez des objets personnels?” – “On se servait sur les cadavres, on prenait les vêtements des cadavres”…- “Comment c’est possible de revenir à la vie normale après avoir vu autant d’horreurs ?”- “Je ne sais pas, l’homme est fait comme ça. De deux choses l’une: ou on crève ou on va de l’avant”.Comme personne ne l’aborde, il pose lui même la question de la foi: “non, je ne suis plus croyant… Si Dieu existait, où il était à l’époque?”Comme beaucoup, Léon Placek a longtemps gardé le silence. Au début “on ne parlait pas, ça n’intéressait personne. Mais depuis un an que je le fais dans des collèges et lycées, la nuit ça me revient…”, ajoute-t-il, appelant les plus jeunes à “faire confiance au prochain: le prochain, c’est comme vous, c’est un homme ou une femme”…- “Emotions” -Dans le public, Emma Arene, 17 ans, en terminale au lycée Charles Péguy d’Orléans, éprouve “beaucoup d’émotions” à écouter ce témoignage. “Se dire que c’était il y a 80 ans, c’est si récent… Écouter un rescapé, on sent l’Histoire, ça nous touche”, confie-t-elle.Le Premier ministre François Bayrou a ravivé la flamme du soldat inconnu sous l’Arc de Triomphe à Paris en présence de représentants de l’Union des déportés d’Auschwitz.De son côté, la ministre chargée de la Lutte contre les discriminations, Aurore Bergé, a inauguré le jardin mémoriel de l’ancienne synagogue à Strasbourg avant des échanges prévus avec des collégiens, sur fond de recrudescence d’actes antisémites en France depuis plus d’un an.”Si nous honorons aujourd’hui les victimes du passé, nous devons être lucides sur les combats du présent (…) l’antisémitisme n’a pas disparu”, a affirmé celle qui doit relancer le 13 février les assises de lutte contre l’antisémitisme.bur-cg-ito-kf/grd/sde/dsa

“En trompe-l’oeil”, “inefficace” : la Cour des comptes étrille la politique égalité femmes-hommes

Portage politique en “trompe-l’œil”, pilotage “défaillant”, actions “redondantes” : la Cour des comptes étrille, dans un rapport publié lundi, la politique de l’Etat en faveur de l’égalité femmes-hommes qui peine, selon elle, à produire des “effets probants”.”Plus diplômées que les hommes, les femmes n’accèdent pourtant pas aux postes et aux métiers les mieux considérés et les plus rémunérateurs”, relèvent les magistrats financiers dans leur rapport “les inégalités entre les femmes et les hommes, de l’école au marché du travail”.Si les femmes sont désormais majoritaires au sein des professions intermédiaires et si elles ont davantage qu’avant accès à des métiers de cadre, les inégalités “se résorbent trop lentement” notamment du fait “d’un portage politique en trompe-l’œil et d’un pilotage interministériel défaillant”, peut-on lire dans ce document de 150 pages. L’augmentation des crédits alloués est, elle aussi, en “trompe-l’oeil” et résulte d’une “volonté d’affichage”, souligne la Cour. Les outils servant à mesurer les inégalités progressent, mais ils restent “insuffisants” et l’égalité entre les femmes et les hommes apparaît encore “secondaire”. Face à ce constat, les magistrats financiers appellent à “réaffirmer la responsabilité” de l’institut national de la statistique (Insee) comme “coordinateur des statistiques genrées” et à inscrire la question de l’égalité entre les femmes et les hommes au “rang de priorité” du Comité national de l’information statistique.En matière d’égalité professionnelle, les politiques en faveur de la mixité” peinent à porter leurs fruits” et l’articulation entre la stratégie interministérielle et les plans d’actions ministériels est “insuffisante”.Dans l’enseignement scolaire et universitaire, “le foisonnement d’actions ne constitue pas une politique publique”, met en garde la Cour des comptes. L’égalité entre les filles et les garçons est “partout et nulle part”, or elle “nécessite un portage politique plus fort”, ajoute l’institution qui préconise de renouveler la convention interministérielle dans le système éducatif 2019-2024 et d’en réunir le comité de pilotage une fois par an.Face à la faible mixité des parcours, la Cour des comptes appelle par ailleurs à une “plus grande mobilisation” des branches professionnelles, notamment au moment des stages pour “élargir les choix d’orientation et faciliter la découverte des métiers”.Concernant les écarts de salaire persistants, le rapport estime que le ministère du Travail doit “s’impliquer davantage” pour revaloriser les métiers majoritairement exercés par des femmes.- Peu de pénalités – Il épingle l’index “égalité professionnelle” instauré en 2018 qui ne concerne “qu’une faible part des salariés, tend à invisibiliser les inégalités réelles entre femmes et hommes, et ne s’accompagne pas toujours de pratiques plus vertueuses en matière d’égalité professionnelle”. Quant au système de sanctions et de pénalités, il est “insuffisamment appliqué” avec 120 pénalités infligées “seulement” entre 2021 et 2024. Les lois imposant des quotas aux entreprises ont quant à elles “une efficacité limitée”. L’obligation de transparence prévue dans la loi Rixain de 2021 sur la représentation équilibrée dans les instances dirigeantes n’est pour sa part “pas encore respectée”, relève la Cour, avec, “sur les 1.194 entreprises assujetties, seulement 64%” ayant “satisfait à leur obligation de déclaration”.Même critiques concernant le secteur de l’éducation où depuis 2018, les établissements doivent compter un ou plusieurs référents égalité filles-garçons. Or, en 2020 seuls 53% indiquaient en avoir, pointe la Cour des comptes.A cela s’ajoute, poursuivent les magistrats, une formation des cadres et enseignants encore “insuffisante”. Afin de les sensibiliser davantage et de les former à la pédagogie égalitaire et au poids des stéréotypes de genre dans l’orientation des élèves, l’institution estime nécessaire d’instaurer un “module de formation continue” et s’assurer de son suivi sous cinq ans”. Quant aux parcours exemplaires de femmes – les “+role models+” -, ils “doivent être mieux valorisés, en développant les présentations de modèles féminins permettant d’influencer les choix des jeunes femmes vers des filières scientifiques”, estime la Cour des comptes.Â