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A Ajaccio et Bastia, “les désarmés” manifestent pour dire “assassins, mafieux, dehors”

Sous le mot d’ordre “Assassins, mafieux, dehors”, 1.700 personnes selon la police et 3.000 selon les organisateurs ont manifestés samedi après-midi à Ajaccio et Bastia, pour exprimer le “besoin de justice et de sécurité”, et faire “que la peur change de camp”.Derrière la banderole de tête de cortège où ce mot d’ordre était écrit en corse “Assassini, maffiosi, fora”, une seconde assurait que “A maffia tomba, U silenziu dino (La mafia tue, le silence aussi)”. Deux autres rendaient hommage à Pierre Alessandri, secrétaire général du syndicat agricole Via Campagnola assassiné en mars dernier et Massimu Susini, militant nationaliste abattu devant sa paillote en septembre 2019, dont le nom est devenu celui de l’un des deux collectifs antimafia de l’île.Dans le cortège, Lara Marcellini, 27 ans, est venue pour “montrer qu’en tant que citoyen, on est motivé à lutter”. Pour André Leca, restaurateur de 63 ans, “une immense majorité souffre de la réalité des dérives mafieuses” et “il faut qu’elle s’exprime” pour “faire en sorte que la peur change de camp”, a-t-il dit à l’AFPTV.Ces deux manifestations étaient organisées par une coordination antimafia inédite d’une douzaine d’associations, créée en septembre et réunissant notamment les collectifs “A Maffia no, a Vita ié” (Non à la mafia, oui à la vie) et le collectif Massimu Susini, Via Campagnola (Confédération paysanne) ou les associations de défense de l’environnement U Levante et Le Garde.”Nous sommes des désarmés” a lancé au micro Jean-Toussaint Plasenzotti, fondateur du collectif Massimu Susini, mais nous sommes “la Corse de la civilisation, de la culture, de la légalité, la Corse qui veut qu’on règle le problème” face à une “mafia qui est la prédation, l’exploitation, la menace, l’intimidation, la violence et la mort”.En mars, la première manifestation antimafia avait réuni entre 1.500 et 3.000 personnes. Et neuf jours plus tard, Pierre Alessandri, qui y avait participé, était assassiné.- “Harcèlement des groupes criminels” -Interrogé par l’AFPTV sur cette mobilisation, le procureur de Bastia, Jean-Philippe Navarre, a estimé qu'”il faut que chacun puisse apporter son soutien à ce mouvement (…) citoyen qui témoigne d’une volonté très forte de la société corse de se lever contre des pratiques criminelles qui étouffent son économie”.Le procureur a précisé mettre en oeuvre “une logique de harcèlement des groupes criminels”, en “multipliant les enquêtes” dans “les secteurs sensibles des balades en mer, des travaux publics, de la restauration” et “en multipliant les contrôles administratifs”, avec le préfet de Haute-Corse, des entreprises suspectées d’être tenues par la mafia.Une démarche partagée par Nicolas Septe, procureur d’Ajaccio, qui a assuré à l’AFP “soutenir ces éveils de conscience et ce qui permettra de rendre à chaque Corse sa liberté d’entreprendre”.Devant les préfectures, les préfets Eric Jalon à Ajaccio et Michel Prosic à Bastia sont sortis au passage de la manifestation.Sans s’adresser à la foule, Eric Jalon a exposé à Jean-Toussaint Plasenzotti puis aux médias, “l’engagement ferme et résolu de l’Etat pour avancer dans la lutte contre la criminalité organisée et les emprises mafieuses” via trois types d’actions: sensibilisation des agents publics, meilleur accompagnement des “entreprises exposées à la criminalité organisée” et meilleure coordination administration-justice.”On veut être protégé”, a insisté Jean-Toussaint Plasenzotti auprès du préfet.Une minute de silence en hommage aux victimes a ensuite été marquée avant que Jean-Dominique Musso, président régional du syndicat Via Campagnola, ne “réclame justice”, avec émotion, pour Pierre Alessandri, en présence de sa veuve.Celle-ci s’est approchée du préfet et lui a demandé une réponse judiciaire à la mort de son mari: “Tous les jours, je me dis mais pourquoi, pourquoi?”, lui a-t-elle confié, émue. “Les équipes enquêtent”, a assuré le haut fonctionnaire.Pour Gilles Simeoni, président du conseil exécutif de Corse et “ami de fac du couple Alessandri”, “c’était important d’être aux côtés d’une démarche citoyenne qui dit que la Corse veut vivre dans une société de liberté et de démocratie”. Il a salué une “mobilisation importante”.   

La gauche unitaire veut se rendre incontournable pour 2027, et annonce une primaire à l’automne 2026

La gauche unitaire, qui défend une candidature commune pour la présidentielle de 2027, s’est réunie samedi à Trappes (Yvelines) pour faire la démonstration d’une union incontournable face à l’extrême droite, annonçant la tenue d’une primaire pour “l’automne 2026”.Ils avaient fait “le serment”, en juillet dernier à Bagneux (Hauts-de-Seine), d’avoir un “candidat commun” pour 2027: le patron du PS Olivier Faure, la cheffe des Ecologistes Marine Tondelier, les ex-députés LFI Clémentine Autain (L’Après) et François Ruffin (Debout!) ainsi que le coordinateur de Génération.s Benjamin Lucas se sont retrouvés avec l’égérie de l’union de la gauche en 2024, Lucie Castets, pour donner un aspect plus concret à cette promesse jusque là peu visible.La primaire aura lieu à “l’automne 2026”, a annoncé Lucie Castets, précisant que la date et les modalités de ce processus de désignation seront annoncées durant la première quinzaine de décembre.     “Quand nous allons donner la date, cela va créer un effet d’entraînement, une dynamique”, veut croire Mme Castets, s’appuyant sur une enquête Elabe pour BFMTV qui affirme que 72% des électeurs du Nouveau Front populaire veulent une candidature unique de la gauche. “C’est la bataille politique la plus difficile qu’on ait jamais eue à mener”, assure Marine Tondelier, fer de lance de cette union.Mais les deux candidats de gauche les mieux placés dans les sondages, le leader de LFI Jean-Luc Mélenchon et le dirigeant de Place publique Raphaël Glucksmann, sur deux lignes antagonistes, refusent toute particidanpation à ce processus, persuadés de pouvoir s’imposer en incarnant vote utile.Le PCF n’a pas non plus souhaité à ce stade s’intégrer à cette volonté d’union. Mais “ils ont une culture antifasciste et une tradition d’union”, relève Clémentine Autain.Pour l’heure, trois candidats sont déjà déclarés pour cette primaire: François Ruffin, Clémentine Autain et Marine Tondelier, qui devrait officiellement être désignée par son parti début décembre. Interrogé pour savoir s’il serait candidat, Olivier Faure a indiqué que “la décision n’était pas prise”.Reste qu’au sein même du PS, certains ne sont pas favorables à cette primaire, et penchent pour soutenir Raphaël Glucksmann. “On a un mandat tranché par notre congrès sur cette question d’une candidature commune”, rappelle la maire PS de Nantes Johanna Rolland, précisant que les militants seront consultés “après les municipales”.   “Toux ceux qui (en interne) étaient sceptiques sur le +format Bagneux+ jugent aujourd’hui qu’il est utile. Cette obligation morale va augmenter au fur et à mesure qu’on va avancer vers la présidentielle”, insiste Olivier Faure, alors que la capacité du PS à se rallier à un autre candidat que celui issu de ses rangs est aussi mis en doute à l’extérieur. Comme par ce responsable de Place publique qui ne voit pas les socialistes se ranger “derrière Tondelier si elle gagne”. -“Jospin 2002” -Pour cette première manifestation du “Front populaire 2027″, les unitaires ont organisé une convention sur le thème de l’éducation, avec notamment des jeunes des quartiers populaires, en dénonçant notamment le séparatisme scolaire. D’autres conventions suivront, pour enrichir une plateforme programmatique, lancée en février prochain.Mais il reste aussi difficile de pousser la stratégie d’union, quand les différents partenaires ont défendu des positions adverses à l’Assemblée sur le budget.”La séquence budgétaire ne fédère pas”, reconnaît Clémentine Autain, qui a peu apprécié la position de compromis des socialistes vis-à-vis du gouvernement. Mais “ça donne aux électeurs de gauche la possibilité de trancher un profil lié à une ligne politique”, ajoute-t-elle.Cet événement intervient la veille d’un rassemblement d’une autre partie de la gauche, représentant la social-démocratie, dimanche à Pontoise autour de l’ancien Premier ministre Bernard Cazeneuve. Raphaël Glucksmann y sera présent. Pas de quoi inquiéter les unitaires. “Il a le droit de vouloir incarner ce qu’il veut, si ça lui convient le mieux”, a réagi Olivier Faure. Mais s’il “zappe la primaire, il n’échappera pas à la fragmentation de la gauche. Il aura face à lui Ruffin, Tondelier et Roussel, voire plus”, estime un député socialiste: “Ce sera Jospin 2002.” 

La gauche unitaire annonce une primaire pour l’automne 2026

La gauche unitaire, qui défend une candidature commune pour la présidentielle de 2027, a annoncé la tenue de sa primaire à l’automne 2026, lors d’un rassemblement samedi à Trappes (Yvelines).Le patron du PS Olivier Faure, la cheffe des Ecologistes Marine Tondelier, les ex-députés LFI Clémentine Autain (L’Après) et François Ruffin (Debout!) ainsi que le coordinateur de Génération.s Benjamin Lucas se sont retrouvés avec l’égérie de l’union de la gauche en 2024, Lucie Castets, pour donner un aspect plus concret à la promesse de candidature commune qu’ils avaient annoncée en juillet dernier à Bagneux (Hauts-de-Seine).Tous sont désormais d’accord sur le principe d’une primaire, qui aura lieu à “l’automne 2026”, a annoncé Lucie Castets à la presse.La date et les modalités de ce processus de désignation seront annoncés durant la première quinzaine de décembre.Même si les deux candidats de gauche les mieux placés dans les sondages, le leader de LFI Jean-Luc Mélenchon et le dirigeant de Place publique Raphaël Glucksmann, refusent de participer à cette primaire, “on a toujours espoir. La dynamique, elle est là. Toutes les personnes qui étaient présentes à Bagneux le 2 juillet dernier ont répondu présentes”, a rassuré Lucie Castets.Interrogé sur “les éléphants dans la pièce” que sont Jean-Luc Mélenchon et Raphaël Glucksmann, Marine Tondelier a jugé “assez incompréhensible de vouloir être candidat aux plus hautes fonctions responsabilité politique de ce pays, c’est-à-dire la présidentielle, en ayant peur du vote des électeurs de son propre camp politique”.”Le problème, ce n’est pas les éléphants. Regardez ici, vous avez des souris. Et souvent, en fait, ce sont les souris qui finissent par l’emporter sur les éléphants. Et aujourd’hui, la question pour nous tous, c’est le trou de souris par lequel il faudra s’infiltrer pour gagner face à une extrême droite que tout le monde présente comme triomphante”, a répondu Olivier Faure.”Quand il y aura eu cette primaire, que des millions de gens se seront déplacés pour venir dire qui ils voulaient pour incarner cet espoir, alors tous ceux qui se seront mis à l’écart le regretteront”, a-t-il martelé. Le député François Ruffin a reconnu ne pas savoir si le pari de la primaire “sera gagnant”, mais “nous faisons ce pari là parce que nous pensons que c’est le seul qui nous donne une chance”.Les unitaires se sont retrouvés lors d’une convention sur l’éducation, première d’une série de thèmes destinés à enrichir le futur projet commun du “Front populaire 2027”, comme ils se nomment. D’autres conventions suivront, sur l’industrie et l’emploi, puis les questions internationales.caz/jmt/jco

Verdun: messe à huis clos en hommage à Pétain

L’hommage “au maréchal Pétain et à ses soldats” a démarré samedi à Verdun dans une église strictement réservée aux membres de l’association organisatrice, a indiqué le préfet de la Meuse, tandis qu’une centaine de manifestants protestaient devant le bâtiment religieux.”Un tout petit nombre” de personnes, “une vingtaine au maximum”, assistait à cet office en l’église Saint-Jean-Baptiste, a déclaré à l’AFP le préfet Xavier Delarue.”Les choses sont organisées de façon à ce que l’église soit fermée et réservée aux membres de l’association”, a-t-il expliqué.Le maire de la ville, Samuel Hazard, avait pris un arrêté interdisant cette messe par crainte de “trouble à l’ordre public”, qui a été retoqué vendredi par le tribunal administratif de Nancy.Le préfet a précisé s’être entretenu avant la cérémonie avec le prêtre célébrant la messe, afin de s’assurer que les règles découlant de la loi de 1905 sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat soient respectées, à savoir qu’aucune prise de parole ou de distribution de tracts de nature politique n’ait lieu.A l’extérieur, un photographe de l’AFP a dénombré une vingtaine de policiers et gendarmes, tandis qu’une centaine de manifestants protestaient dans le calme, entonnant la Marseillaise.”J’ai mis en place un dispositif visant à éviter les contacts” entre les manifestants et les personnes venues assister à la messe, a indiqué le préfet.Plusieurs élus étaient présents à la manifestation avec leur écharpe tricolore.”Je suis profondément heurté, parce que je pense à toutes les victimes de la barbarie nazie et de la révolution nationale, l’idéologie du maréchal Pétain”, a déclaré à la presse Samuel Hazard (divers gauche).”C’est pas possible qu’on dérive comme cela”, a déclaré une paroissienne, Mariette Descamps, portant une pancarte où l’on pouvait lire “Catho pas facho”. “Je suis désolée de ce qui se passe aujourd’hui”, a-t-elle dit.L’office à l’origine de la polémique était organisé par l’Association pour défendre la mémoire du maréchal Pétain (ADMP).Cette association avait été autorisée par l’archevêque-évêque de Metz, administrateur apostolique de Verdun, à célébrer la messe pour le repos de l’âme du maréchal Pétain et des victimes de toutes les guerres.Philippe Pétain, héros de la Première Guerre mondiale puis chef du régime de Vichy qui collabora avec l’Allemagne nazie, a été frappé d’indignité nationale en 1945.

Emmanuel Macron appelle à “assumer une politique de protection de notre industrie”

Face à la “brutalité des échanges commerciaux” et à la “concurrence déloyale”, le président de la République Emmanuel Macron a plaidé vendredi pour une “politique de protection de notre industrie”, lors de l’inauguration de la cinquième édition de la Grande exposition du fabriqué en France à l’Elysée.”Il faut qu’on assume une politique de protection de notre industrie, et ce n’est pas un gros mot”, a-t-il déclaré devant un parterre de ministres, parlementaires, industriels et entrepreneurs français.Le président a évoqué un contexte économique marqué par l'”accélération de la mondialisation”, la “brutalité des échanges commerciaux ” et “une concurrence déloyale”, citant notamment la “surproduction chinoise” et les droits de douane américains.”Il faut tout à la fois une politique de compétitivité” et “une politique de protection si on ne veut pas se laisser déborder”, a-t-il ajouté.”J’ai besoin de votre soutien”, a lancé Emmanuel Macron, insistant sur un “combat”, mené par la France à l’échelle européenne et “parfois contre beaucoup de ses alliés”.Le président a notamment cité la question de l’acier et celle les petits colis qui “viennent déstabiliser nos commerces de centre-ville”.Depuis des années, la sidérurgie européenne souffre d’une rude concurrence chinoise et est également menacée par la hausse des droits de douane américains. Début octobre, la Commission européenne a proposé de réduire de 47% les quotas annuels d’acier étranger qui peuvent être importés dans l’UE sans droits de douane, notamment de Chine.Sur le sujet des petits colis, les ministres des Finances ont approuvé jeudi la suppression de l’exonération de droits de douane sur les petits colis importés dans l’Union européenne, qui pourrait entrer en vigueur dès le premier trimestre 2026.A l’inauguration de la Grande exposition du fabriqué en France, Emmanuel Macron a aussi plaidé pour la décarbonation. “On peut réindustrialiser le pays en décarbonant”, a-t-il affirmé, ventant la création d’emplois en France “tout en baissant les émissions de CO2″.”Il ne faut pas en ce moment dans le débat public réouvrir des oppositions d’avant-guerre”, a tancé le président. “Si on veut garder nos grands cimentiers, nos grandes aciéries, nos ports, il faut aller beaucoup plus vite dans la décarbonation”.Les 15 et 16 novembre, 123 produits fabriqués sur l’ensemble du territoire français seront exposés au Palais de l’Elysée. L’initiative, dont c’est la cinquième édition, vise à mettre en valeur la fabrication française.

Municipales à Grenoble: le PS se rallie à la liste Ecologiste

Le Parti socialiste à Grenoble va se rallier à la campagne des Ecologistes pour les élections municipales de 2026, ont annoncé vendredi leurs dirigeantes lors d’un point presse.Le PS va rejoindre les sept autres partis de gauche composant la liste menée par la cheffe d’entreprise Laurence Ruffin, en lice pour succéder à l’actuel édile écologiste Eric Piolle. Celui-ci a indiqué de longue date qu’il ne se représenterait pas dans la capitale des Alpes après deux mandats.Ce rapprochement “historique et important pour Grenoble” est le fruit d’un “cheminement” et de nombreuses discussions entre les deux mouvements depuis son élection à la tête du mouvement en septembre dernier, a déclaré Mme Ruffin.”Aujourd’hui on arrive avec beaucoup d’envie de fabriquer un projet” visant à “améliore(r) le quotidien des Grenoblois et Grenobloises. Et en cela je pense que c’est ce qu’on a envie de porter ensemble”, a-t-elle ajouté.”Ce n’était pas forcément quelque chose de naturel, on est quand même ce soir dans un moment qui est assez historique”, a renchéri la cheffe de file socialiste Amandine Germain, rappelant les vives divisions qui ont émaillé ces vingt dernières années les relations entre socialistes et écologistes à Grenoble.Mais “il y avait quand même beaucoup de similitudes dans ce qu’on avait commencé à travailler les uns et les autres, chacun dans notre coin jusqu’à maintenant”, a-t-elle souligné, exprimant sa “confiance” envers Laurence Ruffin et la décrivant comme “quelqu’un de solide pour demain être la future maire de Grenoble”.Interrogée sur les relations avec les partis LFI et Place Publique, qui mènent leurs campagnes municipales séparément, ils ont “fait leur propre choix”, a souligné Mme Ruffin. “Moi, ce que je porte, c’est l’union de la gauche. Il y a des partis qui ont décidé de partir seuls. C’est leur responsabilité”, a souligné l’Amiénoise d’origine, installée depuis 2003 à Grenoble et sœur du député François Ruffin (ex-Insoumis).

Sébastien Lecornu donne des gages aux départements sur le budget et le social

Le Premier ministre Sébastien Lecornu, lui-même ancien président du département de l’Eure, a proposé vendredi de doubler le fonds de sauvegarde des départements à hauteur de 600 millions d’euros, principale revendication de ces collectivités en grande difficulté financière. Dans un discours prononcé en clôture des Assises des départements à Albi, le chef du gouvernement a dressé le constat “triste” d’une situation inchangée pour les départements depuis 2015, lorsqu’il venait d’être élu conseiller départemental.”Plus la situation est difficile, plus les discours sont sucrés vis-à-vis des départements (…), plus les mots sont doux, moins les solutions arrivent”, a-t-il reconnu.Les départements alertent depuis plusieurs années sur le risque d’asphyxie financière qui les guette sous l’effet conjoint de la chute de leurs recettes issues notamment des transactions immobilières et de l’explosion de leurs dépenses sociales, non pilotables.Quelque 54 départements seront dans le rouge fin 2025, soit la moitié des départements, selon Départements de France, qui estime à six milliards d’euros les dépenses nouvelles imposées par l’Etat depuis deux ans et demi, et à 8,5 milliards la baisse des recettes.Pour éteindre le feu, M. Lecornu a annoncé le dépôt d’un amendement gouvernemental au budget faisant passer de 300 à 600 millions d’euros le fonds de sauvegarde des départements, dont les critères n’évolueront pas.”Ca évite tout défaut, et donc ce n’est qu’une mesure conservatoire”, a-t-il précisé.M. Lecornu a également ouvert la voie à une révision du Dilico, un dispositif très critiqué par les collectivités de mise en réserve de leurs recettes fiscales.”Ce Dilico, par définition, ne peut pas être demandé aux conseils départementaux qui sont dans la difficulté. Les ministres ont le mandat pour non seulement le plafonner dans son montant” mais aussi “dans le nombre de conseils départementaux qui seront concernés”, a-t-il indiqué. “Quoi qu’il arrive (…) il faut qu’il y ait un budget voté à la fin de l’année”, a-t-il toutefois insisté, alors qu’il ne dispose pas de majorité.Chose nouvelle, M. Lecornu s’est dit également ouvert à ce que les départements bénéficient d’une part de CSG. “Si l’on fait du conseil départemental la collectivité des solidarités (…), il est logique que les conseils départementaux perçoivent une part de CSG”, a-t-il estimé.- “Ruptures” -Concernant les causes structurelles des difficultés départementales, Sébastien Lecornu a dit vouloir proposer “quelques ruptures” via le nouvel acte de décentralisation qu’il appelle de ses voeux. “C’est avec les conseils départementaux que l’on va tenter d’écrire le premier chapitre de la réforme de l’État et notamment de la grande clarification autour des questions sociales, médico-sociales et sanitaires”, a-t-il annoncé.Un projet de loi sera déposé en décembre pour créer une “allocation sociale unique”, mesure saluée par les députés LR, dont c’était une revendication.Cette allocation permet de “rapprocher la prime d’activité, le RSA et un certain nombre d’aides au logement”, a déclaré Sébastien Lecornu, ajoutant qu’elle permettrait de faire des économies “de gestion” et “non pas sur les bénéficiaires”.Cette réforme promise par Emmanuel Macron depuis 2018 a vocation à rendre les prestations sociales plus lisibles, mais ses contours sont encore flous.Les associations de défense des plus précaires demandent qu’elle ne se fasse pas aux dépens des plus vulnérables.Sur les compétences, Sébastien Lecornu a ouvert la réflexion sur le transfert aux départements de la gestion des 10.000 km de routes nationales non concédées, et s’est dit favorable à une “réforme profonde des agences régionales de santé”.”Au moment où il faut faire France Santé sur la même logique que France Services (…), on voit bien que c’est la structure départementale qui pourra la mettre en œuvre et la planifier”, a-t-il déclaré en souhaitant intégrer l’accès aux soins dans son avant-projet d’acte de décentralisation.Interrogé par l’AFP, le président de Départements de France François Sauvadet (UDI) a appelé les parlementaires à voter l’amendement concernant le doublement du fonds de sauvegarde.”C’est ce que nous demandions (…). Ca nous permettra d’avoir la tête hors de l’eau”, a-t-il déclaré.Jean-Luc Gleyze, président PS des départements de gauche, a lui salué l’idée d’un transfert de CSG, “vraie réponse” selon lui dans la “solidification d’un socle de recettes cohérent” pour les départements.  “On est satisfaits, il faut qu’on prenne la perche qui nous a été tendue”, a déclaré de son côté Nicolas Lacroix, président des départements de la droite et du centre.

Nouvelle-Calédonie: une consultation sur l’accord de Bougival avant la révision constitutionnelle

La ministre des Outre-mer Naïma Moutchou a annoncé vendredi la tenue d’une “consultation citoyenne anticipée” en Nouvelle-Calédonie avant la révision constitutionnelle prévue pour acter l’accord de Bougival, sur fond de dissensions entre indépendantistes. “Nous allons d’abord donner la parole aux habitants. Cela donnera de la puissance à ce qui est discuté”, a déclaré Mme Moutchou sur la chaîne Nouvelle-Calédonie la 1ère, au dernier jour de son déplacement dans l’archipel du Pacifique sud, le premier depuis sa nomination en octobre.Initialement prévue après l’adoption d’une loi constitutionnelle, la consultation aura finalement lieu en amont, probablement en février, conformément au calendrier envisagé lors de la signature du texte en juillet.Depuis, le texte a connu des revers avec notamment son rejet par le Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS), le principal mouvement indépendantiste.L’annonce de la ministre a été saluée par les non-indépendantistes. La visite de Naïma Moutchou “se conclut positivement”, a réagi sur Facebook Virginie Ruffenach (Rassemblement-LR), pour qui la “consultation citoyenne envisagée fera des Calédoniens les véritables juges de paix”.”Le FLNKS ne veut pas, à ce stade, trouver un accord avec l’Etat et les forces politiques calédoniennes (…) Les autres forces ont donc fait le choix de soumettre l’accord de Bougival aux Calédoniens avant que le Parlement n’ait à adopter une loi constitutionnelle”, a de son côté déclaré la cheffe de file des Loyalistes, Sonia Backès.Selon elle, le FLNKS est par ailleurs “affaibli par le départ du Palika”, qui a acté vendredi sa sortie définitive de l’alliance indépendantiste.Le Palika, membre du FLNKS depuis 1984 et l’un de ses deux principaux partis avec l’Union calédonienne (UC), est en désaccord sur la ligne du Front depuis les émeutes meurtrières de 2024 et s’en était mis en retrait en août 2024.Il lui reproche notamment l’intégration dans le Front de la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT) comme “outil de mobilisation”, estimant que la CCAT a joué un rôle dans les violences de l’an passé.La fracture entre les deux formations s’est accentuée avec l’accord de Bougival, validé par le Palika mais rejeté par le FLNKS. Le Palika devrait être suivi par l’Union progressiste mélanésienne (UPM) dont le congrès annuel se tient dimanche.S’il contrôle la province Nord grâce à un jeu d’alliance, le Palika a perdu plusieurs mairies en 2020 et son poids actuel est difficile à quantifier dans un territoire n’ayant pas eu d’élections régionales depuis 2019.- Crise économique -L’inversion du calendrier a toutefois reçu les réserves du parti non-indépendantiste Calédonie ensemble, pour qui “une consultation référendaire” ne saurait contourner “une formation politique hostile à l’accord”, mais doit consacrer “un consensus préalable”.Le mouvement met en garde contre un vote organisé sans accord global, rappelant “les événements du 13 mai 2024” et le référendum d’autodétermination de 2021, boycotté par les indépendantistes.Le FLNKS, qui a rencontré Mme Moutchou à deux reprises sans participer aux réunions plénières, a de son côté réaffirmé vendredi que le “projet dit +de Bougival+ ne saurait constituer une base de travail, car il est contraire au processus de décolonisation”.”Toute tentative de passage en force sans le FLNKS risque d’entraîner le pays dans une instabilité durable”, a-t-il averti dans un communiqué.”Je ne ferai pas sans le FLNKS, à condition que le FLNKS ne fasse pas sans les autres”, a répliqué Mme Moutchou.Selon le ministère des Outre-mer, “l’engagement à poursuivre les discussions sur la mise en œuvre de l’accord” et le “lancement d’un plan de relance économique à la hauteur des défis du territoire” ont également été actés au cours de ce déplacement. Mais aucune mesure nouvelle n’a été annoncée, alors que Naïma Moutchou était très attendue dans le territoire à l’économie exsangue depuis un an et demi. Alors que la Nouvelle-Calédonie s’est lourdement endettée pour surmonter la crise, la ministre a jugé que la transformation d’une partie du prêt garanti par l’État (PGE) d’un milliard d’euros en subvention “n’est pas à l’ordre du jour”.”Clairement insuffisant”, avait estimé mercredi le membre du gouvernement local chargé du budget, Christopher Gygès, alors que le taux d’endettement de la Nouvelle-Calédonie atteint 360% selon les autorités locales.

L’Insoumise Sophia Chikirou se lance dans la course à la mairie de Paris

La députée insoumise Sophia Chikirou s’est officiellement lancée vendredi dans la course à la mairie de Paris, avec l’ambition d’incarner un “nouveau Paris populaire”, en rupture avec une majorité sortante “épuisée”, avec laquelle elle ne s’alliera pas pour battre la droite de Rachida Dati.”Force est de constater qu’aujourd’hui les Parisiens ne vivent pas mieux après 25 ans de gestion de la majorité sortante”, menée depuis 2014 par la maire socialiste Anne Hidalgo, “privée de sensibilité populaire”, a déclaré Sophia Chikirou, investie par le mouvement de Jean-Luc Mélenchon pour prendre la tête de liste aux municipales de mars 2026. Elle était la seule candidate.”J’incarnerai le Paris populaire avec un programme de rupture franche et nette”, a assuré la députée et conseillère régionale de 46 ans lors d’une conférence de presse présentant les têtes de liste des 17 arrondissements.”On va redécouvrir Sophia Chikirou. J’ai laissé pendant des années des adversaires politiques et médiatiques salir mon image. Je suis l’opposée de ma caricature”, a confié à l’AFP cette proche de Jean-Luc Mélenchon jugée clivante, y compris à gauche.Elle a notamment dit cet été ne pas considérer la Chine comme une dictature et avait publié un message comparant le dirigeant du PCF Fabien Roussel à Jacques Doriot, ancien communiste passé à la collaboration dans les années 1940.L’élue est par ailleurs mise en examen notamment pour “escroquerie aggravée” sur les comptes de campagne du candidat à la présidentielle en 2017, des faits qu’elle conteste.”C’est une frustration d’être mise en examen à tort, mais ce n’est pas un problème politique”, selon elle.A Paris, elle peut tabler sur sa notoriété. “Mon avantage, si c’en est un, c’est qu’on me connait”, fait valoir la candidate créditée dans un récent sondage de 12% des intentions de vote au premier tour – score suffisant pour maintenir sa candidature au second.Aujourd’hui, LFI n’a pas d’élu au Conseil de Paris mais espère une “meilleure représentativité” grâce à la réforme de la loi PLM (Paris-Lyon-Marseille), qui permet d’élire directement les conseillers de Paris sans passer par le filtre de l’arrondissement. – Seule au premier tour -Dès ce week-end, plusieurs centaines de militants insoumis iront tracter sur les marchés des arrondissements de gauche pour “faire progresser la participation” là où LFI a fait ses meilleurs scores à la présidentielle de 2022 et aux élections européennes de 2024.Parmi les têtes de liste: les députés Danièle Obono (18e) et Rodrigo Arenas (14e), et des profils issus de la société civile comme l’ancien auteur des Guignols Bruno Gaccio dans le 7e, tenu par Rachida Dati, l’avocate Caroline Mécary, engagée pour la défense des familles monoparentales (12e), ou encore le médecin urgentiste et conseiller régional Christophe Prudhomme (13e).  Au cœur de son programme: la réduction du coût du logement, sujet sur lequel “l’action politique n’a pas été à la hauteur”, regrette Sophia Chikirou, puisque “des dizaines de milliers de familles sont menacées d’éviction” de la capitale faute de pouvoir s’y loger.La candidate souhaite aussi créer un “service d’éducation communale du même niveau que l’éducation nationale” en investissant “massivement” pour les animateurs du périscolaire, actuellement en grève contre la précarisation du secteur, récemment ébranlé par une série d’enquêtes pour soupçons d’agressions sexuelles.Comme à Marseille et à Lyon, les Insoumis parisiens partiront au premier tour indépendamment du reste de la gauche.Sophia Chikirou ne souhaite pas d’alliance au premier tour avec les Ecologistes menés par David Belliard, actuel adjoint à l’Hôtel de ville, car “ils assument l’intégralité du bilan d’Anne Hidalgo”.Elle ne ferme en revanche pas la porte à des retrouvailles au second tour si elle atteint la barre des 10%. Mais pas avec le candidat socialiste Emmanuel Grégoire, “qui a dit +pas d’accord avec LFI, ni au premier ni au second tour+”, relève-t-elle.Les prétendants socialiste et écologiste sont toujours en négociations sur une liste commune aux forces de gauche (PS, Ecologistes, PCF, Place publique, ex-Insoumis de L’Après…) mais achoppent notamment sur le périmètre de l’union, Emmanuel Grégoire écartant toute discussion avec LFI, contrairement à David Belliard.Des sources à gauche ont néanmoins bon espoir que les deux candidats atterrissent sur une union dès le premier tour, sans LFI.  Le maintien de Sophia Chikirou au second tour fragiliserait quoi qu’il en soit les chances pour la gauche de garder la capitale dans son giron, alors que les sondages donnent gagnante la candidate LR Rachida Dati. 

“Allocation sociale unique”: un projet de loi sera déposé en décembre, annonce Lecornu

Le gouvernement déposera un projet de loi en décembre en faveur d’une “allocation sociale unique”, réclamée principalement par la droite, a annoncé le Premier ministre Sébastien Lecornu vendredi à Albi lors des Assises des Départements de France.”Cette aventure de l’allocation sociale unique va faire l’objet d’un projet de loi rapide, puisqu’il sera déposé au conseil des ministres au mois de décembre”, a affirmé le Premier ministre.L'”allocation sociale unique” permet de “rapprocher la prime d’activité, le RSA et un certain nombre d’aides au logement”, a précisé Sébastien Lecornu.Il a souligné la “capacité” de cette mesure “à faire des économies, non pas sur les bénéficiaires (…) mais tout simplement, évidemment, des économies de gestion”, et à “réconcilier beaucoup de gens de sensibilités politiques différentes”.”Il est temps d’enfin créer un vrai social.gouv.fr qui permet aux travailleurs sociaux” et aux départements en charge des aides sociales, “de pouvoir justement avoir un accompagnement personnalisé” des bénéficiaires, a-t-il ajouté.Il s’agit d’une mesure chère au chef de file des députés Les Républicains Laurent Wauquiez, qui préconise une “allocation sociale unique” plafonnée à “70% du Smic” afin de lutter contre l'”assistanat”.Pour les associations de défense des plus précaires, l’idée d’une simplification et d’une harmonisation des bases des prestations sociales est une bonne chose en soi au vu du taux de non recours de certaines d’entre elles. Mais il ne faut pas que cette réforme se fasse aux dépens des plus vulnérables, insistent-elles, mettant en garde contre la tentation d’une “harmonisation vers le bas”.Ce risque de potentiels “perdants” avait été pointé en 2018 par France Stratégie, un organisme rattaché à Matignon, selon lequel la fusion de plusieurs prestations pourrait “à budget constant” entraîner une baisse de ressources pour 3,55 millions de ménages.Cette réforme promise par Emmanuel Macron depuis 2018, relancée par les prédécesseurs de M. Lecornu à Matignon, a vocation à rendre les prestations sociales plus lisibles mais ses contours sont pour l’heure encore flous.Fin 2024 Michel Barnier, alors Premier ministre, avait prévu de lancer en 2025 ce chantier, repris ensuite par François Bayrou, qui n’avait pas donné cependant son périmètre et les prestations concernées.