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Choqués, les socialistes pointent l’antisémitisme derrière les agressions du 1er mai

Attaqués parce que “socialistes” mais aussi parce que “juifs”: choqués par la prise à partie de certains de leurs militants, dont le député Jérôme Guedj, lors de la manifestation parisienne du 1er mai, plusieurs dirigeants du PS pointaient vendredi l’antisémitisme comme une des causes des incidents.L’un des principaux cadres du PS, Nicolas Mayer-Rossignol, a dénoncé “des lâches encagoulés, vêtus de noir et qui ont carrément agressé physiquement les militants et les élus socialistes, un parce qu’ils sont socialistes, et deux, parce que certains d’entre eux sont juifs”. Les incidents se sont produits sur le stand installé par le parti. Des manifestants habillés de noir, certains portant des drapeaux antifas, ont vivement bousculé des élus et militants. Le ministère de l’Intérieur a fait état de quatre blessés légers parmi les socialistes.Depuis une dizaine d’années, et notamment lors des manifestations contre la loi travail de 2016, les socialistes sont habitués à entendre “tout le monde déteste le PS” scandé par l’extrême gauche dans les manifestations.Mais là, “il y a eu des tirs de mortier. On a des copains qui se sont retrouvés aux urgences. Ça aurait pu être extrêmement grave”, a jugé M. Mayer-Rossignol sur Sud Radio.Le PS a porté plainte, et selon le parquet de Paris, une personne a été placée en garde à vue après les faits commis (tirs de mortier, dégradations et violences).Et plusieurs socialistes ont aussi entendu des insultes à relents antisémites. “Des militants qui se prétendent de la gauche, de l’extrême gauche (….) se sont mis d’abord à nous insulter de +sales sionistes+, de +génocidaires+, de +traîtres+”, a raconté l’eurodéputée Emma Rafowicz.Le député Jérôme Guedj, juif comme Mme Rafowicz, a dû être écarté du cortège après avoir déjà dû quitter un rassemblement dimanche contre l’islamophobie organisé à la suite du meurtre d’un fidèle dans une mosquée du Gard. “Tout cela est cohérent avec la détestation qu’ils ont à l’endroit des socialistes et à mon endroit singulier”, a déclaré M. Guedj pour qui “cela pue l’antisémitisme”. Même s’il a confié lui-même jeudi ne pas avoir entendu d’insulte antisémite dans le cortège du 1er-Mai.- les excuses de Tondelier -Alors que les polémiques sur l’antisémitisme à gauche sont généralement provoquées par LFI (positionnement après le 7 octobre, affiche Hanouna, etc) cette fois-ci c’est la patronne des écologies Marine Tondelier qui a semé le trouble jeudi soir en laissant entendre que Jérome Guedj avait un comportement un peu provocateur en venant aux manifestations.Elle a fait son mea culpa vendredi matin, expliquant avoir été mal informée des incidents. “Jérôme Guedj comme l’ensemble des socialistes et des manifestants, doit pouvoir le faire (manifester) dans la sérénité (…) Quant à savoir s’il existe un antisémitisme d’extrême gauche, la réponse est oui”, a-t-elle affirmé, en présentant ses excuses.”Ca fait partie des réflexes presque automatiques que de dire que si quelqu’un subit de la violence, il a une part de responsabilité”, a dénoncé dans la soirée la députée écologiste Sandrine Rousseau, critique de Marine Tondelier au sein du parti, sur BFMTV.”Arrêtons avec cela!” a-t-elle mis en garde à l’adresse de “ceux qui ne voient pas le sujet de l’antisémitisme”. De nombreuses personnalités de gauche ont apporté leur soutien à M. Guedj. Mais les Insoumis, accusés par M. Mayer-Rossignol d’entretenir un “climat” par “leur stratégie de fracturation et de brutalisation du débat”, se sont contentés du service minimum sur Jérôme Guedj qui leur est radicalement opposé. “Merci aux médias d’arrêter de nous imputer n’importe quelle action contre un tel ou une telle dans les manifestations parisiennes”, avait simplement réagi le coordinateur de LFI Manuel Bompard après les incidents.”J’ignorais que Guedj était un travailleur tant il occupe l’espace médiatique du 1er-Mai traditionnellement réservé aux travailleuses et travailleurs qui souffrent de leur labeur”, a réagi pour sa part le député LFI Aly Diouara. “Invisibiliser cette date à des fins d’instrumentalisation de l’antisémitisme est dégueulasse”, a-t-il accusé sur X.Même au sein du PS, le climat est tendu. Jérôme Guedj, qui est dans le camp des opposants à Olivier Faure et derrière Nicolas Mayer-Rossignol pour le prochain Congrès, s’en est pris sur X au premier secrétaire qui n’a pas eu “un appel ni hier ni depuis dimanche pour le porte-parole du PS que je suis”.

Antisémitisme: Jérôme Guedj, de gré ou de force dans la mêlée

Violemment pris à partie deux fois en quelques jours en manifestation, le député socialiste Jérôme Guedj, un temps figure de l’aile gauche du PS, énarque et spécialiste des questions sociales, met en lumière malgré lui le malaise de la gauche sur la question de l’antisémitisme.”Je commence à en avoir un peu marre là des manifs”, ironise Jérôme Guedj auprès de l’AFP. Jeudi pour le 1er-Mai, il a été ciblé et insulté par des manifestants de gauche ou d’extrême gauche. Dimanche, il a dû quitter un rassemblement en hommage au meurtre d’un jeune Malien dans une mosquée après avoir été accueilli au cri de “sioniste dégage !”.Un climat qui “pue l’antisémitisme”, selon lui.Ses détracteurs lui reprochent un soutien trop timide à la Palestine, soutien devenu une valeur cardinale pour une bonne partie de la gauche sous l’impulsion de La France insoumise après les attaques du Hamas du 7-Octobre 2023 et la riposte dévastatrice d’Israël. Ou son refus d’utiliser le terme – contesté par une partie de la classe politique – d'”islamophobie” pour décrire les actes hostiles aux musulmans.  Lui, issu d’une famille juive séfarade et fervent défenseur de la laïcité, a l’impression d’être ramené à sa “judéité”, sujet qu’il n’évoque normalement pas. “Je récuse les termes +d’État colonial+, d’+apartheid+ et de +génocide+ parce que trois points, ça fait une ligne et si on laisse s’installer durablement ces termes, après, c’est la question même de la légitimité de l’État d’Israël qui est posée”, explique-t-il.L’élu de 53 ans se définit comme “sioniste et propalestinien”, défenseur de la solution à deux Etats. Et rappelle régulièrement son opposition au gouvernement de Benjamin Netanyahu ou qu’il s’est rendu à Gaza en 2009 pour soutenir la cause palestinienne.  Pas suffisant cependant pour une partie de la gauche.Les Insoumis lui reprochent ainsi de les avoir traités d'”idiots utiles du Hamas” après le 7-Octobre.Jean-Luc Mélenchon a tenu des propos très durs et ambigus à son encontre, le qualifiant notamment de “lâche de cette variété humaine que l’on connaît tous, les délateurs”. “L’intéressant est de le voir s’agiter autour du piquet où le retient la laisse de ses adhésions”, avait-il ajouté.- Anti LFI mais pro-union -C’est dans l’Essonne, département de banlieue parisienne où Jérôme Guedj a fait toute sa carrière politique, qu’il a rencontré le leader de LFI, alors membre du PS.Ce dernier le prend rapidement sous son aile -il en fera même son assistant parlementaire au Sénat- et a pour habitude de raconter comment son jeune protégé venait dans son bureau de ministre pour réviser son concours de l’ENA.Mais les deux hommes se fâchent quand Jean-Luc Mélenchon quitte le PS en 2008. Pourtant en 2022, au moment de la création de l’alliance de gauche Nupes, Jérôme Guedj, est alors fervent partisan de l’union. Celui qui se définit comme “le plus insoumis des socialistes” retrouve son ex mentor, avant de rompre à nouveau après le 7-Octobre.”Ce qui me gonfle, c’est que ma vie entière aura été matricée par mon rapport à Mélenchon”, reconnaissait-il auprès de l’AFP en 2024. De ses années avec lui, Jérôme Guedj en a gardé un réel enracinement à la gauche du PS.Entré à l’Inspection générale des Affaires sociales après sa sortie de l’ENA, il devient député en 2012. Il fait alors partie des frondeurs socialistes qui, en avril 2014, avaient refusé d’accorder leur confiance au gouvernement socialiste, en dénonçant sa dérive libérale.Ses adversaires politiques ne manquent d’ailleurs pas de souligner que, pour le congrès du mois prochain, il s’est allié à d’anciens ministres de François Hollande au sein de l’aile droite du PS, derrière le maire de Rouen Nicolas Mayer-Rossignol, principal opposant à Olivier Faure.Volontiers disponible dans les médias, il se fait remarquer après son retour à l’Assemblée nationale en 2022 en réclamant, lors de la réforme des retraites, à la Sécurité sociale des documents sur les conséquences de la réforme. Chiffres à l’appui, il entame alors une bataille dans l’hémicycle contre le ministre du Travail Olivier Dussopt. Plus récemment, il s’est imposé comme l’un des parangons de la non-censure du gouvernement Bayrou au sein du PS, au nom de la “responsabilité”, après avoir voté la censure de Michel Barnier. 

Valls en Nouvelle-Calédonie: discussions plénières sur l’avenir institutionnel

Une nouvelle phase des discussions sur l’avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie s’est ouverte vendredi à Nouméa, avec la tenue d’une séance plénière réunissant l’ensemble des forces politiques locales autour du ministre des Outre-mer, Manuel Valls.Après deux précédentes phases de discussions, cette troisième séquence – qui se poursuivra la semaine prochaine – vise à parvenir à un accord sur l’avenir institutionnel du territoire français du Pacifique sud, durement marqué par les émeutes de 2024.Vendredi, le ministre a notamment présenté un nouveau document de travail aux différentes délégations indépendantistes et non-indépendantistes. Fruit des précédentes consultations, celui-ci doit servir de base aux discussions en cours pour rapprocher des positions encore très éloignées.La séance au Haut-Commissariat a commencé vers 10H00 locales mais selon des sources concordantes, les représentants des Loyalistes ont menacé de quitter la table.Selon ces mêmes sources, les Loyalistes ont déclaré ne pas avoir de mandat pour négocier le statut d’un territoire qui ne serait plus français.Les échanges se tiennent dans un contexte toujours tendu, près d’un an après les émeutes de mai 2024, déclenchées par un projet de réforme du corps électoral. Ces violences, les plus graves depuis les années 1980, ont fait 14 morts et causé plus de deux milliards d’euros de dégâts.Mercredi, le ministre a mis en garde contre un risque de “chaos” en cas d’échec, rappelant que la stabilité politique était indispensable au redressement économique et social du territoire.

Le CNRS lance son programme pour attirer en France les chercheurs menacés

Vaisseau amiral de la recherche française, le CNRS lance un programme pour attirer des scientifiques étrangers dont le travail est menacé, notamment aux Etats-Unis, dans la ligne du souhait de l’exécutif.Les premiers contacts traduisent un “petit élan”, qui concerne “pour l’immense majorité des non-Américains”, explique à l’AFP Antoine Petit, le PDG du Centre national de la recherche scientifique (CNRS). L’organisme, le premier en Europe en matière de recherche avec 34.000 agents, ouvre les bras aux “collègues aujourd’hui empêchés de faire de la recherche”, mais aussi aux chercheurs français expatriés dont certains n’ont “pas envie de vivre et d’élever leurs enfants dans les Etats-Unis de Trump”, dit-il.Cette initiative, baptisée “Choose CNRS” (Choisissez le CNRS), suit celle impulsée par l’exécutif avec l’annonce mi-avril d’une plateforme “Choose France for science”. “Des chercheurs étrangers sont déjà arrivés en France pour se familiariser avec les infrastructures en attente de la mise en place des fonds et de la plateforme”, indique-t-on au ministère de la Recherche.Ces programmes font suite à l’annonce par Emmanuel Macron d’une conférence à Paris de la communauté de la recherche, prévue lundi. Intitulé “Choose Europe for Science”, l’évènement auquel participera la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, entend signifier “dans un moment où les libertés académiques connaissent un certain nombre de reflux ou de menaces, que l’Europe est un continent d’attractivité”, selon l’Elysée.Pionnière de ce mouvement dès le mois de mars avec son programme “Safe place for science” (un endroit sûr pour la science), l’Université d’Aix-Marseille accueillera ses premiers chercheurs en juin.Depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier, chercheurs et universités sont dans le collimateur de son gouvernement et ont peur pour leur avenir, entre libertés académiques et de recherche minées, financements sabrés.- Nerf de la guerre -Avec son initiative, le CNRS, qui a l’habitude de recruter des chercheurs non-Français à hauteur d’un tiers chaque année dans ses concours classiques, vise quatre publics. D’abord, les plus jeunes – les post-doctorants – dont certains pourraient espérer des emplois pérennes. Puis des chaires de professeur junior, un dispositif assez récent qui va faire l’objet d’une “publicité particulière cette année”, selon M. Petit.Un cran au-dessus, le recrutement annuel de directeurs de recherche externes, c’est-à-dire non issus du corps interne des chargés de recherche, pourrait être redimensionné à la hausse.Enfin, le CNRS veut innover en ciblant des “stars” de la recherche mondiale, sur des chaires internationales. Sans besoin de les payer mieux que ne le sont les meilleurs déjà employés, selon son PDG. Qui se dit convaincu que “la motivation d’un chercheur n’est jamais la rémunération”, mais avant tout “l’environnement de travail, avec ses infrastructures, et la possibilité de se confronter aux meilleurs”.Sans compter qu’une fois intégrés les frais liés à l’éducation, la santé et la protection sociale, les écarts de rémunération paraissent plus faibles.Pour autant, l’argent restant le nerf de la guerre pour financer la recherche, le responsable note que la marge de manoeuvre du CNRS n’est “pas très grande”. Et place ses espoirs dans l’annonce sur la plateforme que l’Etat pourrait abonder jusqu’à 50% du coût de projets de recherche, au mérite et sur les fonds du programme France 2030. “C’est au niveau européen que l’effort doit être fait”, remarquait récemment le ministre de la Recherche Philippe Baptiste. Et pas seulement pour de vulgaires questions d’argent, mais aussi sur des thèmes comme la libre circulation des chercheurs ou de la connaissance.”On pense, à France-Universités, que c’est l’échelle à laquelle il faut travailler”, souligne aussi auprès de l’AFP son vice-président Jean-François Huchet, en rappelant que “l’Europe de la recherche doit encore se constituer”. “Ce que nous pouvons faire pour les chercheurs aux Etats-Unis pourrait accélérer le mouvement et améliorer nos dispositifs”, ajoute-t-il. Par exemple, dans l’accès à certaines bases de données, partagées avec les Etats-Unis, qui pourrait être menacé. Ce qui “pose la question de notre souveraineté”, avertit le responsable.

Cortèges du 1er-Mai: craintes pour l’emploi et la paix et un PS chahuté

Entre 157.000 et 300.000 personnes ont défilé jeudi, en France à l’occasion des cortèges du 1er-mai rattrapés par les menaces sur l’emploi chez ArcelorMittal, les inquiétudes pour la paix mais aussi les querelles politiques à gauche avec à Paris, des militants et élus socialistes pris à partie.La CGT a fait état d’environ “300.000” manifestants en France au sein de quelque 270 cortèges, dont quelque 100.000 à Paris. L’an dernier, le syndicat avait comptabilisé 210.000 manifestants (50.000 à Paris) et les autorités 121.000.Les autorités ont dénombré 157.000 manifestants dont 32.000 dans la capitale. La quasi-totalité des quelque 270 cortèges se sont déroulés dans le calme mais le ministère de l’Intérieur a comptabilisé 72 personnes interpellées, dont 52 à Paris, avec 28 personnes placées en garde à vue, dont 19 dans la capitale.Selon un premier bilan du parquet de Paris, une cinquantaine de personnes ont été interpellées dans la capitale, “principalement pour des infractions de participation à un attroupement en vue de commettre des violences ou dégradations”. Parmi elles, “une personne a été placée en garde à vue après les faits commis aux abords du stand du Parti socialiste (tirs de mortier, dégradations et violences”, a précisé le parquet.Lors du défilé parisien, quatre élus et militants socialistes ont été légèrement blessés lors d’un épisode de vive tension où des manifestants ont d’abord pris à partie un stand du parti à la rose avant que d’autres habillés en noir comme des blacks blocs ne viennent bousculer et molester le groupe de socialistes, accusés d’être des “vendus”, des “pourris”.   Le premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure a dénoncé “la violence de fanatiques” et a promis des plaintes en justice. Le député Jérôme Guedj déjà pris à partie dimanche dans un autre rassemblement, a dû être écarté du cortège alors que les versions divergent sur l’existence d’insultes aux relents antisémites le ciblant. Lui-même dit ne pas en avoir entendu. Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a dénoncé une attaque “absolument lamentable”. La N.1 de la CFDT, Marylise Léon, absente du cortège parisien, s’est dite “atterrée” sur LCI.Ces images contrastent avec celles affichées plus tôt à Dunkerque où plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées dans la ville à l’appel de la CGT, en présence de plusieurs responsables politiques, dont Olivier Faure (PS), François Ruffin (ex-LFI), Marine Tondelier (Ecologistes) ou Aurélie Trouvé (LFI), sur fond d’inquiétudes concernant la situation d’ArcelorMittal qui prévoit un plan de suppression d’environ 600 postes. A Metz, des salariés d’ArcelorMittal Florange, où 113 emplois doivent être supprimés, étaient aussi présents. A Rennes où les organisateurs ont recensé 4.000 participants et la préfecture 3.000, Guillaume Naud, 53 ans, éducateur social et adhérent FO, s’est inquiété du retour de la guerre et de ses conséquences: “Les budgets militaires vont augmenter et le social et le scolaire vont trinquer.””On est dans un contexte d’inquiétude au niveau international et économique”, constatait encore Carole Nejjari, professeure d’histoire-géographique dans le cortège marseillais, où la préfecture a comptabilisé 3.600 personnes et la CGT 15.000. A Toulouse, ils étaient entre 6.500 (préfecture) et 10.000 (organisateurs), quelque 3.000 à Narbonne où devait se tenir un meeting du RN, 1.800 à Brest, selon la préfecture, 2.200 à Nancy et encore 2.900 à Strasbourg.Avant le départ du cortège parisien, la N.1 de la CGT, Sophie Binet a annoncé une nouvelle “journée de manifestation et de grèves” le 5 juin pour réclamer l’abrogation de la réforme des retraites.A ses côtés, Frédéric Souillot (FO) a souligné que son syndicat portait notamment “l’exigence d’une augmentation des salaires” et “l’abrogation de la réforme des retraites”. – “Crise du travail” -La journée internationale des travailleurs se tenait, comme l’an dernier, sans unité syndicale. La CGT a appelé avec la FSU, Solidaires et des organisations de jeunesse à défiler “contre l’extrême droite, pour la paix, les libertés et la justice sociale”.Les syndicats entendaient aussi en faire un temps fort “contre la trumpisation du monde”, Murielle Guilbert, codéléguée de Solidaires, relevant cent jours après l’arrivée au pouvoir du président américain qu’elle ne connaissait “pas un seul salarié aujourd’hui qui ne s’inquiète pas de ce que fait Trump et de la montée du racisme”.Lors d’une prise de parole devant ses militants en marge de la manifestation parisienne, le leader de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon a promu un 1er-mai “politique” et “antiraciste”, se prononçant en outre pour une “nationalisation d’ArcelorMittal”.La numéro un de la CFDT et son homologue de l’Unsa Laurent Escure se sont pour leur part retrouvés dans le centre de Paris pour une table ronde sur le travail, Marylise Léon expliquant qu’il s’agissait d’avoir un espace pour évoquer “la crise du travail”, “le grand impensé du moment”.  burs-chl-bat-mk/mat/dch    

Pour le 1er-Mai, la gauche en ordre de marche pour parler aux travailleurs

Marine Tondelier, Olivier Faure et François Ruffin qui entonnent l’Internationale à Dunkerque aux côtés des salariés d’ArcelorMittal: pour ce 1er-Mai, la gauche veut se réapproprier la question du travail, éternel combat pour elle depuis qu’elle a perdu le vote ouvrier.  “C’est un formidable symbole”, a vanté jeudi matin la patronne des Ecologistes Marine Tondelier, en saluant la venue de nombreux dirigeants de gauche dans le Nord pour la fête du Travail.Même si la fête a été gâchée plus tard dans la journée par des agressions émanant visiblement de black blocs contre le stand socialiste lors de la manifestation à Paris.A Dunkerque, dans une région ouvrière, le site d’ArcelorMittal est devenu le haut lieu de la contestation sociale depuis l’annonce de la suppression d’environ 600 postes par le géant de la sidérurgie.Dans un communiqué commun, l’ensemble de la gauche hormis La France insoumise (Parti socialiste, Parti communiste, Ecologistes, Génération.s et Picardie Debout, le parti de François Ruffin) a demandé une “intervention immédiate de l’Etat”, par une “nationalisation temporaire ou durable” et une entrée de l’Etat au capital.    Un discours anti-libéral et protectionniste assumé puisque ces forces progressistes demandent également la mise en place de protections douanières “en urgence” sur l’acier. Le patron des députés PS Boris Vallaud a de son côté annoncé le dépôt d’une proposition de loi de mise “sous tutelle” par l’Etat de ce site. Chantre de la défense de la classe ouvrière et partisan affirmé du protectionnisme économique, François Ruffin a rappelé jeudi matin, devant le patron du PS Olivier Faure, que “la gauche socialiste a un passif” sur ce dossier.”ArcelorMittal c’est aussi Florange, c’est François Hollande qui avait promis de sauver cette industrie et qui finalement a abandonné les ouvriers, et ça laisse des traces”, a-t-il dénoncé.Olivier Faure, adversaire assumé de François Hollande à l’intérieur du Parti socialiste, n’a pas bronché. Le porte-parole du groupe écologiste à l’Assemblée nationale, le député Benjamin Lucas, a pour sa part indiqué à la presse qu’il allait “convoquer la direction d’ArcelorMittal” pour lui demander de “rendre des comptes” sur ces licenciements, alors que le géant de la sidérurgie est bénéficiaire et a été soutenu par des aides publiques.- LFI à part -Le communiqué commun de la gauche “a été publié sans nous être proposé”, a regretté le coordinateur de LFI Manuel Bompard, en appelant à “sauver les emplois et les savoir-faire”. Et le dirigeant du parti de dénoncer des “opérations politiciennes ou des combines de congrès”.Une délégation insoumise, menée par la présidente de la commission des Affaires économiques de l’Assemblée nationale Aurélie Trouvé, représentait le mouvement de gauche radicale à Dunkerque pour demander également la nationalisation d’ArcelorMittal.Mais c’est bien à Paris que Jean-Luc Mélenchon a livré sa traditionnelle adresse du 1er-Mai.Entre LFI et les syndicats, la CGT particulièrement, la relation n’est pas au beau fixe, notamment depuis les divergences d’approches lors de la lutte contre la réforme des retraites en 2023. Les seconds demandent régulièrement au premier de respecter leur autonomie.Devant ses militants jeudi, Jean-Luc Mélenchon a défendu sa vision “politique” de la fête du travail.”Pendant si longtemps, ce furent les syndicats qui unifiaient le 1er-Mai et la classe ouvrière du monde entier. Eh bien aujourd’hui, hélas, une telle unité n’a pas été possible. C’est donc à la politique de faire son travail et de dire +il faut changer le monde si vous voulez changer le travail+”, a-t-il déclaré alors que la journée internationale des travailleurs se tient cette année sans large unité syndicale”Il a parfois besoin de petits rappels” sur l’indépendance syndicale, “ce que la CGT ne manque pas de faire systématiquement, pour dire que les organisations syndicales sont là pour défendre les travailleurs et les travailleuses et ne se laisseront instrumentaliser par aucun objectif partisan”, a déclaré la secrétaire générale de la CGT Sophie Binet sur franceinfo à l’égard du leader insoumis.Pas sûr que cela suffise à convaincre les troupes mélenchonistes. “C’est vrai qu’on n’a pas toujours bien géré les relations avec les syndicats. Mais pardon, ils ne font rien non plus”, déplorait auprès de l’AFP un cadre insoumis avant la manifestation du 1er-Mai.”Ils n’ont rien proposé ces derniers mois contre le racisme ou le pouvoir d’achat… S’il n’y a pas d’initiative prise, on est obligé de les prendre à leur place”, assurait-il. 

Pour son 1er-Mai, Marine Le Pen re-lepénise le RN

Un mois après sa condamnation qui pourrait compromettre une quatrième candidature à l’Elysée, Marine Le Pen a mis en garde contre une “confiscation de la démocratie”, jeudi à Narbonne, en mesurant une popularité intacte chez les militants.”Depuis trente jours, c’est pour mon honneur et pour mon innocence que j’ai dû m’engager dans une nouvelle bataille avec pour seul horizon de vous représenter dans deux ans à la prochaine élection présidentielle”: devant au moins 5.000 personnes, Marine Le Pen a entendu annihiler toute ambiguïté.Et précisé, si nécessaire, que “ce combat” sera mené “avec le soutien de Jordan Bardella”.Il s’agissait ainsi de marteler le caractère incontestable de sa candidature, malgré l’épée de Damoclès judiciaire, et surtout faire taire l’hypothèse d’un “plan B comme Bardella” pour l’Elysée en 2027, relayée ces derniers jours par l’intéressé lui-même.Le 31 mars, le tribunal correctionnel de Paris avait condamné Marine Le Pen à une inéligibilité immédiate de cinq ans dans le dossier des assistants d’eurodéputés du parti, qui lui a aussi valu quatre ans d’emprisonnement, dont deux ferme, et 100.000 euros d’amende.Marine Le Pen a fait appel de cette condamnation et un nouveau procès aura lieu au premier semestre 2026.Si le président du RN a eu l’honneur protocolaire de prendre la parole en dernier lors de ce traditionnel meeting du 1er-Mai, c’était bien Marine Le Pen le clou de ce spectacle qui se voulait une démonstration de force et de détermination.La triple candidate malheureuse, après un long bain de foule, en a profité pour insister sur le volet “social” de son programme, à rebours des accents libéraux dont use Jordan Bardella depuis plusieurs mois.Revendiquant une “vision gaullienne”, elle lie “justice sociale” et “justice économique”, loue un “Etat stratège” et promet une “Renaissance”.L’immigration ? Un coût sur la protection sociale, “au-delà des problèmes sécuritaires, identitaires, culturels”.La “préférence nationale” ? Justifiée par “la lutte contre la falsification du marché du travail”. Et lorsqu’elle énumère ses “première priorités” au pouvoir, le “rétablissement de notre modèle énergétique”, “l’abrogation des transpositions européennes”, “la remise en ordre de notre système fiscal” et “la remise à flot de notre système d’éducation” arrivent avant “la maîtrise de l’immigration”.Quelques minutes auparavant, le maire RN de Perpignan, Louis Aliot, s’était d’ailleurs autorisé à célébrer la figure narbonnaise, le socialiste Léon Blum, avant d’entonner a capella “Douce France” de Charles Trénet, l’autre enfant du pays.- Appel à “se lever” -Il restait à Jordan Bardella à évoquer “les racines chrétiennes”, “les clochers”, “les prières anciennes” ou “la tolérance zéro” face à “l’ensauvagement” qui “n’épargne plus aucun territoire.Pas un mot, en revanche sur 2027, lui qui avait estimé samedi dernier que “si (Marine Le Pen) devait être empêchée demain”, il “pensait pouvoir dire” qu’il serait “son candidat”.”Si je passais demain sous un camion, eh bien, (Jordan Bardella) serait très évidemment la personne qui aurait vocation à me remplacer”, avait-elle admis pleine d’ironie trois jours plus tard, manière de mieux renvoyer l’hypothèse à une forme d’incongruité.Reste que le président du Rassemblement national a lui-aussi pu mesurer son immense popularité auprès des sympathisants, déclenchant une ferveur parfois supérieure à celle recueillie par sa patronne lors d’un discours d’ailleurs plus long d’une dizaine de minutes.Les deux, pour qui il s’agissait d’afficher leur unité, se sont quoi qu’il en soit rejoints sur l’importance des élections municipales de 2026.”Ce sont elles qui vous donneront l’occasion de vous lever contre leur entreprise de confiscation de la démocratie pour la reprendre en main au plus près de chez vous”, a lancé Marine Le Pen.Et relevé que “si le système veut m’empêcher d’être candidate à l’élection présidentielle, après avoir voulu empêcher Jordan Bardella d’être Premier ministre, il ne pourra pas empêcher des milliers de Français, partout dans notre pays, d’agir, de s’engager, de prendre des responsabilités”.

Loi simplification: l’Assemblée rétablit un “test PME” différent de la version gouvernementale

Les députés ont rétabli mercredi un article attendu de la loi de “simplification”, pour mesurer les effets de nouvelles normes sur les petites et moyennes entreprises, mais dans la version défendue par les ciottistes et leurs alliés du RN, qui ont fait passer plusieurs amendements.L’esprit de la mesure, qui figurait dans la version initiale du projet du gouvernement, examiné en première lecture à l’Assemblée, consiste à analyser les effets d’une norme créée par un texte, pour anticiper d’éventuels effets délétères, notamment sur les petites entreprises.Le Sénat avait densifié l’article en proposant la création d’un Haut Conseil à la simplification pour les entreprises. Trop complexe pour une loi de simplification, avait décidé la commission spéciale de l’Assemblée, qui l’avait supprimé du texte avant la séance publique.La ministre du Commerce Véronique Louwagie avait prévenu qu’elle proposerait la réintroduction de cette mesure, l’une des vitrines du projet de loi.Plusieurs groupes politiques et le gouvernement ont proposé leur propre réécriture. C’est finalement le groupe UDR d’Eric Ciotti qui a fait adopter à une voix près un amendement confiant au “comité interministériel de la Transformation publique” la mission d’analyser “l’impact attendu des normes sur les petites et moyennes entreprises ainsi que sur les auto-entrepreneurs”.Dans la soirée, les députés ont commencé l’examen d’un article particulièrement irritant pour les écologistes, qui vise à faciliter le déploiement de centres de données (datacenters) en les qualifiant de projet “d’intérêt national majeur”.Ce statut accélère le lancement des chantiers et facilite une Reconnaissance impérative d’intérêt public majeur (RIIPM), ouvrant la voie à une dérogation à la protection de certaines espèces.L’article, comme d’autres dispositions du projet de loi, simplifie aussi les dérogations au dispositif “Zéro artificialisation nette” (ZAN), destiné à lutter contre la bétonisation des zones rurales.Le ministre de l’Industrie Marc Ferracci a défendu un enjeu “de souveraineté numérique”, pour éviter que ces datacenters ne s’installent “ailleurs en Europe ou hors d’Europe”.Un datacenter “où les vidéos Netflix sont stockées” ou “pour être plus provoquant des vidéos porno” serait “d’intérêt national majeur?”, a interrogé le député écologiste Nicolas Bonnet au cours de débats animés.”Quand toutes nos terres seront bétonnées, quand la biodiversité se sera effondrée (…) croyez-vous alors que notre pays sera souverain ?”, a lancé, à son tour, la députée insoumise Claire Lejeune.Durant l’examen de l’article, les députés ont confirmé une disposition introduite en commission qui ouvre la possibilité de déclarer “d’intérêt national majeur” les projets d'”infrastructures”, remettant au cÅ“ur des débats le chantier A69 dans le Tarn, suspendu après une décision de justice.La disposition devra toutefois être confirmée avec le vote final de l’article, les députés n’ayant pas fini d’examiner les 136 amendements en deux heures et demi de discussions. L’examen reprendra les 30 et 31 mai. Il restera alors des dizaines d’autres articles et plus de 850 amendements à discuter pour aller au bout de ce projet de loi qui s’éternise. Les débats s’annoncent aussi tendus, par exemple autour des “zones à faibles émissions” (ZFE), supprimées par la droite et l’extrême droite en commission.A la fin de la séance  le président de la commission chargée d’examiner le texte, Ian Boucard (LR), a plaidé pour qu’une semaine pleine de débats complémentaires soit trouvée, quitte à retarder la reprise de l’examen, pour éviter qu’il ne soit de nouveau interrompu.  

Avant sa nomination, le PDG d’EDF tente de déminer le terrain et fixe ses priorités pour une électricité “compétitive”

Bernard Fontana, le candidat choisi par l’Elysée pour prendre la tête d’EDF, a été confirmé mercredi par le parlement après un grand oral au cours duquel il a tenté d’expliquer comment il voulait pacifier les relations avec les grands clients industriels tout en répondant au défi financier et industriel du chantier du nouveau nucléaire.M. Fontana est passé successivement au gril des questions des députés et sénateurs des commissions des Affaires économiques de chacune des deux assemblées. Toutes deux ont donné leur feu vert à sa nomination, avec un total cumulé de 55 voix pour et de 40 voix contre, notamment des Ecologistes et de la France insoumise.Mais il reste une étape: un décret présidentiel devra avaliser la nomination, après une assemblée générale d’EDF le 5 mai.”Je mesure bien les défis qui attendent le futur président-directeur général d’EDF et je m’engagerai avec détermination dans ce nouveau challenge”, a déclaré M. Fontana devant le Sénat, un peu plus d’un mois après le départ brutal de l’actuel PDG Luc Rémont, que l’Elysée n’a pas reconduit à son poste. Entre EDF et l’État actionnaire, plusieurs différends s’étaient accumulés: maîtrise du programme de construction de réacteurs EPR2, part de l’État dans leur financement, sur fonds de bras de fer sur les prix de l’électricité avec les clients industriels énergivores. L’objectif est de fournir “une électricité compétitive à l’ensemble des consommateurs français et plus particulièrement aux industriels”, a dit d’emblée M. Fontana.Message reçu cinq sur cinq par ces derniers, regroupés dans le consortium Exeltium, qui achètent ensemble leur électricité. “Nous attendons avec impatience de reprendre les discussions et souhaitons les voir aboutir avant l’été” a déclaré à l’AFP un porte-parole.   En déclinant ses priorités pour EDF, M. Fontana a voulu se montrer à l’écoute des problématiques de compétitivité de l’industrie française et européenne qui se dit étranglée par les prix de l’énergie et demande à EDF de modérer ses prix.”J’aime l’industrie”, “je les connais bien”, a-t-il lancé après avoir décliné son itinéraire professionnel passé par les plus grands industriels électro-intensifs du pays – chimie, sidérurgie, ciment.”Je serai particulièrement attentif à identifier rapidement les marges de manÅ“uvre possibles pour conclure des contrats avec eux”, a-t-il ajouté. Alors que son prédécesseur avait ulcéré les industriels en annonçant vouloir vendre de l’électricité aux enchères – notamment à destination des centres de données énergivores -, M. Fontana veut rassurer: “il faut d’abord servir nos collègues, nos partenaires électro-intensifs”.- Priorité au nucléaire -Sinon, la première priorité d’EDF restera de “poursuivre le rétablissement de la production du parc nucléaire” pour atteindre 400 térawatts en 2030. M. Fontana compte notamment “augmenter la puissance là où c’est possible”.Il s’agit aussi de “maîtriser les délais et les coûts du programme de relance du nucléaire”, annoncé en 2022 par Emmanuel Macron, avec la construction de six réacteurs EPR2 et une option pour huit autres: un programme “nécessaire” pour “faire face à l’inévitable effet de vieillissement du parc nucléaire”.Autre “grande priorité”: relancer l’investissement dans les barrages. “La ligne rouge à ne pas franchir est la mise en concurrence des installations”, a-t-il dit, même si c’est ce que demande Bruxelles.Tout cela, en assurant “la soutenabilité de la trajectoire financière de l’entreprise”, toujours lestée d’une dette abyssale de 54,3 milliards d’euros.”Équation impossible”, a réagi le rapporteur de la commission à l’Assemblée nationale Matthias Tavel (LFI) dénonçant les injonctions contradictoires, entre “le besoin de rentabilité” d’EDF “pour financer la filière nucléaire à la demande du gouvernement” et le fait de proposer une électricité à des prix bas pour les ménages et pour les entreprises, “quitte à vendre à perte”.Au Sénat, l’exposé de M. Fontana a suscité une sérieuse opposition avec 28 votes contre sa nomination et seulement 14 votes pour, plusieurs sénateurs soulignant auprès de l’AFP une audition sans relief et sur la réserve. “Beaucoup n’ont pas compris l’éviction de Luc Rémont, ce qui a renforcé la défiance et les attentes sur l’audition de Bernard Fontana. Le défi était d’autant plus grand pour lui” a indiqué un élu LR en requérant l’anonymat.  

Macron va enchaîner les rendez-vous pour afficher son “ambition européenne”

Une conférence pour attirer les chercheurs américains, une rencontre pour “retrouver le réflexe franco-allemand”, puis un traité franco-polonais inédit: Emmanuel Macron enchaînera la semaine prochaine les rendez-vous pour mettre en scène son “ambition européenne”.Dans l’attente d’un “signal russe”, encore très “incertain”, sur la possibilité d’un “véritable cessez-le-feu” en Ukraine, le président français a prévu de renforcer les liens avec deux alliés clés au sein de l’Union européenne, l’Allemagne et la Pologne, a expliqué mercredi l’Elysée à la presse.La semaine s’ouvrira lundi avec une conférence intitulée “Choose Science, Choose Europe” et organisée à la Sorbonne, prestigieuse université parisienne, pour attirer les chercheurs étrangers, notamment les Américains ébranlés par les politiques de Donald Trump. Emmanuel Macron aura à cette occasion un entretien avec la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.Il va plaider auprès d’elle, selon son entourage, pour que “la Commission accélère dans sa traduction concrète” des initiatives prises ces derniers mois en faveur de la compétitivité et du renforcement de la défense des Vingt-Sept face au désengagement américain.Cette “accélération”, la France entend l’afficher dans ses propres alliances, avec une succession d’événements qui marquent “un aboutissement et aussi une sorte de nouveau départ de notre ambition européenne”, a avancé un conseiller du chef de l’Etat.Dès mercredi 7 mai, au lendemain de son arrivée officielle à la tête du gouvernement en Allemagne, le nouveau chancelier conservateur Friedrich Merz est attendu à Paris. Et avec une certaine impatience, tant les points de friction ont été nombreux sous le mandat de son prédécesseur social-démocrate Olaf Scholz.- Trêve “insuffisante” -La présidence française salue une “volonté de la part du chancelier Merz, très clairement marquée y compris dans le contrat de coalition” avec les sociaux-démocrates, “sur le fait de retrouver le réflexe franco-allemand”.Les deux hommes ont déjà commencé à travailler depuis les élections allemandes de février et vont donc entrer directement dans le vif des dossiers, fait valoir l’Elysée.Ils souhaitent d’abord “solder les malentendus” en vue d’une “resynchronisation”, selon l’expression d’un conseiller d’Emmanuel Macron, qu’il s’agisse des questions liées à l’énergie ou au commerce.Ensuite, ils visent une “accélération” d’un “agenda franco-allemand de croissance et de compétitivité pour l’Europe”, avec des positions conjointes sur la simplification réglementaire, l’union des marchés de capitaux, l’investissement public et privé. Jeudi, pour les 80 ans du 8 mai 1945 et de la fin de la Seconde Guerre mondiale, Emmanuel Macron doit présider une cérémonie nationale à l’Arc de Triomphe. “Nous n’avons pas d’événement international prévu à ce stade”, a dit l’Elysée, sans l’exclure totalement, alors que cela avait un temps été envisagé.Vendredi 9 mai, Journée de l’Europe, le président français et le Premier ministre polonais Donald Tusk signeront à Nancy, dans l’est de la France, un “traité d’amitié et de coopération” avec la Pologne. Il sera inspiré des traités qui lient la France à ses voisins, l’Allemagne, l’Italie ou l’Espagne, et abordera tous les champs de la coopération, de la défense au nucléaire civil.La Pologne “est un pays avec lequel nous resserrons nos liens”, “notamment dans le domaine de la sécurité et de la défense”, en partie en conséquence de la guerre en Ukraine, a dit la présidence française.Le sort des efforts de Washington pour mettre fin à ce conflit laisse planer l’incertitude sur le reste de l’agenda diplomatique. Alors que l’idée d’un déplacement à Kiev commun de plusieurs dirigeants européens, dont Friedrich Merz, a pu circuler, aucune date n’est fixée pour une visite d’Emmanuel Macron, a assuré mercredi son entourage.De nouvelles réunions de la “coalition des volontaires”, ces pays, pilotés par la France et le Royaume-Uni, disposés à apporter des garanties de sécurité à l’Ukraine en cas de paix sont suspendues aux tractations entre les Etats-Unis et la Russie.La trêve du 8 au 10 mai annoncée par le président russe Vladimir Poutine est “très insuffisante” et “très faible”, a répondu l’Elysée. La France plaide pour un cessez-le-feu “immédiat et complet”, préalable à des négociations de paix impliquant Moscou et Kiev, seules à même de trancher la “question des territoires”.Paris assure que les Ukrainiens et les Européens sont désormais sur la même longueur d’ondes à ce sujet avec l’équipe de Donald Trump.