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Barnier face à “l’histoire”, la censure au coeur du Palais Bourbon

Il est 20h26 quand la sentence tombe, fatale. “Pour la motion, 331”. Michel Barnier se lève et quitte fugitivement l’hémicycle. En un instant, il vient de devenir le deuxième Premier ministre censuré sous la Ve République, après seulement trois mois en poste.Le Palais Bourbon vient de vivre une journée comme il en connaît peu, suspendue à une motion de censure inéluctable, qui plonge le pays dans une incertitude plus profonde.Jusqu’au bout, Michel Barnier aura tenté de convaincre, décortiquant les reproches de chacun de ses pourfendeurs avec argumentation et patience. “Déstabilisation institutionnelle”, “moment de vérité”… Mais face à une Assemblée aussi fracturée, face à une gauche et un Rassemblement national déterminés à le faire tomber, aucun mot ne pouvait suffire.Car la messe était dite depuis longtemps. La longue ovation du bloc central à l’adresse du Savoyard en fut l’ultime signal: la scène a surtout ressemblé à une cérémonie d’adieux. Le Premier ministre, “touché”, n’a pu d’ailleurs réprimer un mouvement de main en direction de son coeur, comme pour dire “merci”.Sonnés, tête basse, les ministres sortent enfin de leur torpeur et se lèvent pour applaudir à leur tour leur chef de file. Mais l’échec est amer: tous, ou presque, savent qu’ils s’apprêtent à faire leurs cartons, après une parenthèse de trois petits mois seulement. Les yeux rivés sur son smartphone, le ministre du Budget Laurent Saint-Martin voit peut-être défiler les centaines d’heures passées à l’Assemblée et au Sénat à défendre les textes budgétaires, finalement sanctionnés dès le premier 49.3 de l’automne.Entre solennité et accès de colère, l’après-midi dans l’hémicycle aura résumé toute l’impasse politique du moment. Avec à la manoeuvre, une Marine Le Pen concentrée et grave, qui a longuement annoté son discours avant de porter l’estocade, soutenue par 140 parlementaires convaincus.Jean-Luc Mélenchon ne pouvait pas rater ça, lui non plus: discrètement, il se faufile en tribune, parmi les spectateurs, pour observer la prise de parole de sa rivale. Un peu plus tôt, le leader insoumis emmenait son air satisfait dans les jardins de l’Assemblée. Et osait une plaisanterie: “Il y a quelque chose aujourd’hui ?”- “Frémissement” -Au regard du branle-bas de combat qui se tient au Palais Bourbon, cela ne fait aucun doute, il se passait bien quelque chose.Des dizaines d’équipes TV sont en place depuis le matin, des journalistes internationaux venus couvrir cet événement unique depuis plus de 60 ans s’activent et se bousculent. Miki Hashimoto, reporter japonaise, n’est “venue que deux fois en 30 ans”. Mais “la situation est exceptionnelle: c’est le frémissement de ce qu’il se passe dans le monde entier”, dit-elle.Les huissiers et agents du Palais suent à grosses gouttes. Il a même fallu retirer des meubles pour faire de la place. Dans le personnel, “personne n’a vécu la censure avant”, reconnaît l’une d’entre eux. “On bat tous les records”, dit un administrateur.Les parlementaires, eux, errent au milieu de cette effusion. L’air triomphant de Laure Lavalette (RN), qui multiplie les interviews, répond à la mine grave de Gabriel Attal (Renaissance), qui file à toute vitesse vers l’hémicycle.- “Semeurs de chaos” -“On vit une petite fraction d’histoire”, glisse le RN Thomas Ménagé. L’Insoumis Eric Coquerel va plus loin: “Nous faisons l’histoire”. En séance, les invectives fusent. LFI ? “Che-guevaristes de carnaval”, lance Marine Le Pen. Les lepénistes ? Des “semeurs de chaos”, tonne Laurent Wauquiez (Les Républicains).Mais dans les couloirs, tout le monde est déjà projeté sur la suite. La sentence ? Elle semblait irrévocable depuis plusieurs jours. Alors l’avenir est à écrire.”Il nous faut ouvrir le jeu”, dit le député écologiste Pouria Amirshahi, dans une encadrure de porte, entouré par cinq journalistes qui gribouillent sur leur cahier. Un peu plus loin, le porte-parole du groupe socialiste, Arthur Delaporte, plaide pour “l’alternance”, que les “macronistes sortent du déni”. Gérald Darmanin est collé à son téléphone, François Hollande patiente lui sagement sur les bancs rouge vif de la chambre basse. Dans le camp gouvernemental, c’est aussi l’heure des embrassades et des remerciements. En public dans l’hémicycle, mais aussi en privé: pendant les opérations de vote, les ministres se sont éclipsés pour un temps. A Matignon, un pot de départ les attendait.

Barnier, le Premier ministre “old fashion” qui voulait étirer le temps

Michel Barnier, Premier ministre “old fashion”, qui aime avancer “pas à pas” et étirer le temps, a été renversé au bout de trois mois, bail le plus éphémère de la Ve République.Il se disait “prêt” à cette éventualité, lucide sur la tenaille qui l’enserrait: sans majorité absolue à l’Assemblée nationale et contraint de présenter un budget d’économies pour combler un lourd déficit.Il savait aussi que la gauche, qui avait remporté les élections législatives dans une Assemblée fracturée, a promis dès son arrivée de censurer ce Premier ministre de droite, et que le Rassemblement national, premier groupe à l’Assemblée, l’avait placé dès le départ “sous surveillance”.Sans compter ses partenaires de la droite et du centre qui lui ont donné aussi du fil à retordre.Michel Barnier, 73 ans, fut le chef de gouvernement le plus âgé de la Ve République. Son style incarnait le vieux monde et il le cultivait, par opposition au “nouveau monde” des macronistes.Face au chahut des députés, il trouve que l’Assemblée nationale a “bien changé”. Dans ce contexte “électrique”, il “est l’incarnation de la stabilité”, loue une de ses ministres.- “Old fashion” -L’ancien ministre de Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy aime se présenter comme “un montagnard” qui franchit “une étape après l’autre”, “sans esbroufe”, quand son prédécesseur, plus jeune Premier ministre de la Ve République, Gabriel Attal, communiquait beaucoup.Au risque d’avoir une “lecture old fashion” de la politique, déplore une ancienne ministre macroniste, qui note parfois du “mépris” de la part du locataire de Matignon à l’égard du camp présidentiel, doublé d’une vision ancienne et “bipartite” de l’Assemblée.”En vrai Barnier, c’est une énorme déception” ajoute la même élue, qui le décrit comme “rancunier” quand il raille le bureau “un peu vide” de Gabriel Attal ou veut revenir sur le bilan de ses prédécesseurs. Un ancien ministre pointe “quelqu’un d’orgueilleux” qui n’a “pas toujours été bien traité” mais est “allé jusqu’au bout” de ce qu’il pouvait faire.Cet homme “d’habitudes”, couche-tôt et “méthodique”, qui avoue lui-même ne pas être un “rigolo”, a loué encore récemment à Limoges devant des industriels “l’endurance et la ténacité”.Michel Barnier voulait “prendre le temps” pour aussi mieux le maîtriser. Il a mis deux douloureuses semaines pour former son gouvernement, pris en étau entre les surenchères de la droite, les dissensions macronistes, et la fin de non recevoir de la gauche.”C’est ce qu’il a fait (quand il était le négociateur de l’UE) sur le Brexit: il a étiré le temps et les procédures jusqu’au bout”, relève un conseiller ministériel.Puis, quand tout semble bloqué, il accélèrait. Jusqu’à mettre sa démission dans la balance devant ses partenaires convoqués à Matignon. Et sortir la carte d’un “candidat commun” pour 2027 face aux ambitions présidentielles de certains.- “Microcosme” -Quand Marine Le Pen pose un ultimatum pour obtenir de nouvelles concessions sur le budget, il affirme qu’il n’est “pas dans cet état d’esprit”, avant de céder quasiment une par une à ses exigences dans la dernière ligne droite.Mais le temps a fini par s’arrêter face à la surenchère. “Je ne croyais pas qu’elle oserait”, a-t-il lâché lundi après une conversation téléphonique avec la cheffe de file des députés RN, bien décidée à voter la censure malgré ses gestes.Marine Le Pen a “un agenda personnel”, assène depuis l’entourage de Michel Barnier, dans une allusion au procès des assistants du RN au Parlement européen, où la leader RN risque l’inégibilité.L’ancien commissaire européen qui a réussi à négocier le Brexit n’est pas parvenu au compromis rêvé en France. Il vantait pourtant encore récemment son “expérience” face aux europhobes britanniques -“On a des (Nigel) Farage chez nous aussi”.Marié et père de trois grands enfants, Michel Barnier commençait tout juste à esquisser une “ligne d’horizon” d’actions de plus long terme.L’ancien élu local de Savoie espère désormais qu’on garde de lui l’image “d’un honnête homme, patriote et européen”, qui sert dignement son pays” et surtout pas le “microcosme parisien”.”Les ors de la République, je m’en fous”, avait-il lâché mardi soir à la télévision.

Augmentations d’impôt, loi spéciale: quelles conséquences du gel du barème de l’impôt sur le revenu après la censure ?

Près de 400.000 ménages supplémentaires paieront l’impôt sur le revenu et quelque 18 millions le verront augmenter en 2025, selon le gouvernement Barnier, faute d’adoption du projet de budget 2025 qui prévoyait d’indexer le barème de l’impôt sur le revenu sur l’inflation.Le gouvernement de Michel Barnier est en effet tombé mercredi soir, sur une motion de censure adoptée avec les voix des députés de la gauche et du Rassemblement national, ouvrant une période de fortes incertitudes politiques et financières.Invité de France 2 et TF1 mardi soir, Michel Barnier avait expliqué que si le projet de budget 2025 n’était pas adopté, “près de 18 millions de Français verront leur impôt sur le revenu augmenter, d’autres en paieront pour la première fois parce qu’on n’aura pas pu inscrire dans la loi de finances la réindexation qui est prévue (…)  pour le barème des tranches d’impôt, c’est inéluctable”.Son ministre du Budget, Laurent Saint-Martin, avait également estimé que 380.000 ménages supplémentaires entreraient mécaniquement dans l’impôt sur le revenu, en cas d’abandon du projet de budget.Bercy s’appuie notamment sur une étude de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) concernant l’impact d’un gel du barème de l’impôt sur le revenu publiée début octobre.Que prévoit le projet de budget ?Dans son projet de loi de finance 2025 (PLF), le gouvernement expliquait revaloriser de 2% les six tranches du barème de l’impôt sur le revenu pour protéger les contribuables de l’inflation. “L’indexation du barème de l’IR (impôt sur le revenu, NDLR) sur le niveau de l’inflation hors tabac maintient en effet un niveau d’imposition identique à revenus stables en euros constants”, détaillait le gouvernement dans le PLF.L’indexation peut se faire sur “l’évolution des revenus des ménages observée l’année précédente”, ou surtout dans les faits ces dernières années, sur l’inflation, note l’OFCE.Le barème de l’impôt “est usuellement indexé chaque année”, détaille Pierre Madec, économiste à l’OFCE et auteur de l’étude. “S’il n’y a pas de budget, il n’y a pas d’indexation automatique, et on reste sur les seuils de l’année précédente, ce qui équivaut à un gel”. Davantage de ménages imposés ? Oui. Avec un gel total du barème de l’impôt en 2025, l’OFCE estime que 380.000 nouveaux ménages deviendraient imposables, alors qu’ils auraient été exonérés si l’indexation était appliquée.Dans cette situation, le niveau de la deuxième tranche, à partir de laquelle les ménages sont imposés à 11%, reste identique au niveau de 2024.Pour les 380.000 ménages supplémentaires imposés, il s’agit de “contribuables qui étaient à la limite de la première tranche d’imposition”, en dessous de laquelle on ne verse pas l’impôt sur le revenu, “et qui se retrouvent à passer cette tranche, et donc à payer des impôts”, détaille Pierre Madec. Des augmentations d’impôts pour tous ?Non, mais pour beaucoup. L’OFCE estime que 17,6 millions de ménages verraient leur IR augmenter en cas de gel du barème d’impôt en 2025. Un chiffre qui comprend les 380.000 ménages nouvellement imposables, précise Pierre Madec. “Pour les ménages dont le revenu augmente, soit ils vont entrer dans l’impôt, soit ils vont être plus taxés dans leurs revenus en restant dans la même tranche, soit ils vont passer dans une tranche supérieure (…), ce qu’un dégel du barème pourrait empêcher”, développe l’économiste.Dans son étude, l’OFCE anticipe que les revenus soumis à l’IR devraient croître de 4,1% en 2024.A noter que “même si on indexait le barème de l’IR sur l’inflation, on aurait quand même des ménages qui entreraient dans l’impôt et (d’autres qui) verraient leurs impôts augmenter, parce que leur revenu a augmenté plus vite que les prix”, ajoute l’économiste. Car “les revenus en 2024 devraient augmenter plus que l’inflation”.Que permettrait la loi spéciale ?Sans adoption des textes budgétaires avant le 31 décembre, les députés devront voter une “loi spéciale” pour assurer la continuité du fonctionnement de l’Etat.Interrogé par l’AFP, le ministère du Budget estime qu’un ajustement du barème de l’impôt sur le revenu dans le cadre d’une loi spéciale comporte un “risque d’inconstitutionnalité” car le “caractère spécial de la loi fait que vous ne pouvez pas avoir de dispositifs fiscaux autres que ceux déjà établis par la précédente loi de finance (de 2024, NDLR)”, précise-t-on.Mais la question pourrait susciter un débat constitutionnel.Selon le président de la commission des Finances de l’Assemblée nationale, Eric Coquerel (LFI), interrogé dans Les Echos, “le barème de l’impôt sur le revenu pourra parfaitement être modifié” dans le cadre d’une éventuelle loi spéciale.

En pleine censure, Bardella joue la contre-programmation avec une dédicace de son livre à Paris

Pendant la censure, la tournée continue: le président du Rassemblement national Jordan Bardella tenait une séance de dédicaces de son livre “Ce que je cherche” mercredi soir dans une brasserie du 17e arrondissement de Paris, alors que l’Assemblée nationale décidait de renverser le gouvernement Barnier.”On est sur le terrain, à la rencontre, y compris dans cette période d’incertitude politique”, a fait valoir M. Bardella en arrivant devant le restaurant Monsieur Madame.Dehors, une centaine de personnes patientent en file indienne, certains avec le drapeau français sur les épaules, d’autres arborant l’ouvrage que M. Bardella paraphe de ville en ville depuis un mois.Une façon d’étalonner sa popularité, à l’heure où son parti a pris la décision cruciale d’appuyer sur le bouton de la censure, espérant ainsi satisfaire les attentes de ses sympathisants. “Le choix que nous avons fait, c’est un choix de responsabilité parce qu’on ne pouvait pas laisser un budget qui prévoyait 40 milliards d’impôts sur le long terme (…) qui allait fragiliser la croissance et l’attractivité du pays”, a déclaré M. Bardella avant de commencer sa séance de dédicaces.”Deux tiers des électeurs du Rassemblement national étaient en faveur de cette censure. Moi je ne pourrais pas regarder les électeurs en leur disant que j’ai laissé passer 40 milliards d’impôts supplémentaires et d’augmentation des taxes de l’électricité, et le déremboursement des médicaments dans le contexte actuel, ça n’est pas possible”, a-t-il plaidé, une heure avant que le verdict ne soit rendu.Pour Myriam Bouzeggou, 20 ans, sapeur-pompier en région parisienne, cette censure était “primordiale”. Voire “nécessaire” selon Keliane Ferragu, 19 ans, militant Rassemblement national et étudiant en commerce. “On a un gouvernement qui depuis trois mois n’a aucune légitimité d’être au pouvoir, M. Barnier, issu d’un parti qui a fait 4% aux législatives, n’a aucune légitimité aux yeux des Français”, a-t-il justifié à l’AFP. Le jeune homme pense que M. Bardella, avec “son parcours, son art oratoire”, peut redonner l’image d’une France qui n’a pas peur de “revendiquer son patriotisme”. Dove Scetbon, 56 ans, commercial qui n’a “jamais voté de sa vie”, affirme être prêt à le faire pour le Rassemblement national. “Je pense qu’un garçon comme ça, jeune, avec des idées, pourrait peut-être faire avancer le pays par rapport au genre de personnages qui sont aujourd’hui à l’Assemblée”, plaide-t-il.

L’Assemblée renverse le gouvernement Barnier dans un vote de censure historique

Le gouvernement de Michel Barnier est tombé: les députés de la gauche et du Rassemblement national ont conjointement adopté mercredi une motion de censure à l’Assemblée, la deuxième seulement de l’histoire de la Ve République, ouvrant une période de fortes incertitudes politiques et financières.La présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun Pivet a annoncé que 331 députés ont voté la motion déposée par la gauche – 288 voix étaient nécessaires – en réponse au 49.3 du Premier ministre pour faire passer sans vote le projet de budget de la Sécurité sociale.Trois mois seulement après sa nomination, conformément à la Constitution, Michel Barnier devra remettre dans la soirée sa démission à Emmanuel Macron, tout juste de retour d’une visite d’État en Arabie saoudite.Le chef de l’Etat s’adressera aux Français jeudi à 20H00, a indiqué l’Elysée.Emmanuel Macron a de nouveau été ciblé par La France insoumise immédiatement après l’annonce de la censure, la cheffe des députés LFI Mathilde Panot réclamant “des présidentielles anticipées”.”Même avec un Barnier tous les trois mois, Macron ne tiendra pas trois ans”, a renchéri Jean-Luc Mélenchon.Pas d’appel à la démission, en revanche, de la part de Marine Le Pen, pour qui “la pression” sur le président “sera évidemment de plus en plus forte” si “on ne prend pas la voix du respect des électeurs”.Le prochain gouvernement, “nous le laisserons travailler”, a assuré la leader du RN, qui entend “co-construire” un budget “acceptable pour tous”.-“Moment de vérité”-Pour ses dernières paroles de Premier ministre, Michel Barnier, 73 ans, avait appelé chaque député à la “responsabilité” dans un “moment de vérité”.”Ce n’est pas par plaisir que je n’ai présenté quasiment que des mesures difficiles”, la “réalité” budgétaire ne “disparaîtra pas par l’enchantement d’une motion de censure”, a-t-il déclaré, visiblement résigné, devant un hémicycle redevenu grave après des moments d’agitation.Défendant la motion de censure, Eric Coquerel (LFI) a tancé l'”illégitimité” d’un gouvernement qui ne reflète pas le résultat des législatives, et a refusé de revenir sur la réforme des retraites. Boris Vallaud, patron des députés PS, a accusé Michel Barnier de s’être “enfermé dans un tête à tête humiliant” avec la leader du RN Marine Le Pen.Malgré les nombreuses concessions obtenues dans la dernière ligne droite, la cheffe de file du groupe d’extrême droite a fustigé la politique proposée par le Premier ministre: “vous n’avez apporté qu’une seule réponse, l’impôt (…) la politique du pire serait de ne pas censurer un tel budget”.- Remplacement “rapide” ? -A l’inverse, les soutiens du gouvernement ont tiré à boulets rouges contre les députés censeurs.”Qui allez-vous condamner ? La France”, a attaqué Gabriel Attal, patron des députés macronistes. Laurent Wauquiez, chef du groupe Les Républicains (LR) a tancé une “comédie d’une insoutenable légèreté” et accusé Marine Le Pen de “faire le choix du chaos”.Si Emmanuel Macron a appelé à “ne pas faire peur” en évoquant un risque de crise financière, Michel Barnier n’a pas hésité à dramatiser l’enjeu.Attendu à 6,1% du PIB en 2024, bien plus que les 4,4% prévus à l’automne 2023, le déficit public raterait son objectif de 5% en l’absence de budget, et l’incertitude politique pèserait sur le coût de la dette et la croissance.Malgré ces alertes, Michel Barnier quittera Matignon, 62 ans après le seul précédent sous la Ve République, la censure de Georges Pompidou alors Premier ministre du Général de Gaulle.Les regards qui s’étaient détournés de l’Élysée vont désormais se concentrer sur Emmanuel Macron.Le chef de l’État pourrait choisir “rapidement” un Premier ministre, selon tous ses interlocuteurs. Un empressement inhabituel qui vise à limiter l’incertitude pesant sur les esprits et les marchés.Une nomination avant la cérémonie en grande pompe de réouverture de la cathédrale Notre-Dame de Paris, samedi, est “possible”, estime un proche. Mais “rien n’est acté”, assure l’entourage présidentiel.Et l’équation Matignon semble toujours aussi complexe, avec l’impossibilité d’une dissolution et de nouvelles élections législatives avant sept mois.- “Non censure” contre “démission” -Le fragile “socle commun” qui a soutenu le gouvernement sortant pourrait se fissurer sur “l’après”. Laurent Wauquiez a déjà rappelé que la coalition de septembre “ne valait que pour Michel Barnier”.Gabriel Attal propose lui un accord de “non censure” avec le PS pour échapper à la tutelle du RN. “Affranchissez-vous” de la France insoumise, a-t-il lancé dans l’hémicycle aux socialistes.Côté casting, les noms du président du MoDem François Bayrou, du ministre des Armées Sébastien Lecornu ou du LR Xavier Bertrand circulent.”On prend les choses à l’envers (…) la question des politiques menées doit être prédominante”, insiste Cyrielle Chatelain, cheffe des députés écologistes.La gauche reste désunie sur l’avenir. Le PS voudrait “un gouvernement de gauche ouvert au compromis”, que la droite et le centre s’engageraient à ne pas censurer, en échange d’un renoncement au 49.3. Ce qui suscite l’ire des Insoumis.La petite musique résonne aussi sporadiquement dans d’autres camps, notamment chez des personnalités de droite.Marine Le Pen, si elle refuse d’appeler à la démission au nom du “respect pour la fonction suprême”, montre la porte : “c’est à sa raison de déterminer s’il peut ignorer l’évidence d’une défiance populaire massive que (…) je crois définitive”.Mardi, le chef de l’État a balayé les appels à la démission: ils relèvent selon lui de “la politique fiction”.sac-sl-parl-bpa/sde/dsa

L’Assemblée nationale fait chuter le gouvernement Barnier, une première depuis 1962

L’Assemblée nationale a fait chuter mercredi le gouvernement de Michel Barnier, un geste inédit depuis 1962, qui plonge le pays dans une période de fortes incertitudes politiques et financières, six mois après la dissolution.Le gouvernement, qui avait engagé sa responsabilité lundi en vertu de l’article 49 alinéa 3 de la Constitution pour faire adopter sans vote le budget de la Sécurité sociale, a été renversé par 331 députés, le Rassemblement national ayant fait le choix de voter la motion de censure déposée par la gauche.parl-sl/sde/dsa

Débat historique et “moment de vérité” à l’Assemblée sur la probable censure du gouvernement Barnier

Une séance historique, “un moment de vérité” et de “responsabilité”: Michel Barnier s’est défendu mercredi devant l’Assemblée nationale, qui débat de la motion de censure pouvant entraîner la chute de son gouvernement, un acte inédit depuis 1962 avec une grande incertitude politique et budgétaire à la clé.La “réalité” budgétaire ne “disparaîtra pas par l’enchantement d’une motion de censure”, a souligné le Premier ministre sur un ton résigné, dans un hémicycle comble et agité.Les députés examinent deux motions de censure, déposées lundi par la gauche et le Rassemblement national, après que le gouvernement a engagé sa responsabilité pour faire adopter sans vote le budget de la Sécurité sociale.La motion de la gauche devrait être adoptée dans la soirée, grâce au soutien du RN qui estime ses demandes insuffisamment prises en compte dans le budget.”Nous n’avons pas la même idée de la souveraineté et du patriotisme”, a lancé Michel Barnier aux députés RN, après avoir tenté en vain, ces derniers jours, d’obtenir avec de nouvelles concessions la clémence du parti d’extrême droite.”Ce n’est pas par plaisir que je n’ai présenté quasiment que des mesures difficiles dans ce budget. J’aurais préféré distribuer de l’argent”, a-t-il ajouté au sujet de son projet de loi de financement, qualifié par la gauche notamment de texte “d’austérité”.Au moment du vote, les ministres se retrouveront à Matignon pour partager un verre avec le Premier ministre, selon l’entourage de Michel Barnier.S’il est renversé, il devra immédiatement aller présenter sa démission au chef de l’État, conformément à la Constitution. Devenant ainsi le premier chef de gouvernement censuré depuis Georges Pompidou en 1962, et le plus éphémère Premier ministre de la Ve République.- “Le glas d’un mandat” -La première estocade, visant également Emmanuel Macron, avait été portée par le député LFI Éric Coquerel.Le chef de l’État “est aujourd’hui un obstacle, et en rien une solution. Aujourd’hui nous votons la censure de votre gouvernement mais, plus que tout, nous sonnons le glas d’un mandat: celui du président”, a déclaré à l’ouverture des débats le député de Seine-Saint-Denis.”La politique du pire serait de ne pas censurer un tel budget”, a déclaré de son côté la cheffe des députés RN Marine Le Pen. Face à la “défiance populaire”, c’est à Emmanuel Macron de “conclure s’il est en mesure de rester ou pas” président, a-t-elle ajouté, alimentant elle aussi l’hypothèse d’une démission du président de la République, que ce dernier écarte.A rebours, Laurent Wauquiez (LR), a fustigé avec virulence “le choix de l’irresponsabilité” et du “chaos” fait selon lui par les députés lepénistes, qui s’apprêtent à “voter pour ceux qui traitent les policiers d’assassins”. “Ressaisissez-vous, ressaisissez-vous”, leur a-t-il intimé, en mettant en garde contre une motion de censure “qui va plonger le pays dans l’instabilité”.Il a été appuyé par Gabriel Attal, qui a accusé les députés RN de commettre “une erreur devant l’Histoire” et appelé les députés socialistes à “se ressaisir” en s’affranchissant “de l’extrême gauche”.”Les institutions nous contraignent à mêler nos voix à celles de l’extrême gauche, ce n’est pas de gaité de cÅ“ur”, avait répondu par avance Marine Le Pen.- Une nomination dès cette semaine ? -Jusqu’au dernier moment, les responsables de l’exécutif et de la coalition gouvernementale ont voulu écarter l’inéluctabilité d’un renversement du gouvernement.Depuis Ryad en Arabie saoudite, Emmanuel Macron a dit mardi ne “pas croire au vote de la censure”, pointant le “cynisme insoutenable” du RN s’il joignait ses voix à celles du NFP, et du côté du PS une “perte de repères complète”.Michel Barnier avait lui souligné, sur TF1 et France 2, que chaque député avait “une part de responsabilité”, espérant que prévale “l’intérêt supérieur du pays”.Emmanuel Macron doit arriver à Paris en fin de journée, juste à temps pour recevoir à l’Élysée Michel Barnier s’il est renversé.Ensuite, le président entend désigner “rapidement” un successeur à Matignon, selon tous ses interlocuteurs.Les noms du ministre des Armées Sébastien Lecornu, du LR Xavier Bertrand ou du président du MoDem François Bayrou sont à nouveau évoqués, comme cet été, pour Matignon.Une nomination avant la cérémonie en grande pompe pour la réouverture de Notre-Dame, samedi, est “possible” mais pas garantie, estime un proche, qui rappelle les délais souvent longs d’Emmanuel Macron en matière de remaniements. “Rien n’est acté”, se borne pour l’instant à répondre l’entourage présidentiel.Au sein du socle commun, qui peinait déjà à soutenir de manière unie Michel Barnier (LR, Modem, Horizons et macronistes), les fissures pourraient s’élargir sur les stratégies d’après-censure.- “Accord de non censure” -Les Républicains menacent déjà de reprendre leur liberté. Leur chef de file Laurent Wauquiez souligne que l’engagement de son parti avec la coalition gouvernementale en septembre “ne valait que pour Michel Barnier”. De son côté, le chef de file des députés macronistes Gabriel Attal propose de nouer un accord de “non censure” de LR jusqu’au PS pour échapper à la tutelle du RN.La gauche reste désunie. Dans son discours, le président du groupe PS Boris Vallaud a évoqué un “accord de non censure” qui permette aux macronistes de rompre avec un “gouvernement de connivence avec l’extrême droite”.Enfin LFI continue de proposer la nomination à Matignon de la haute fonctionnaire Lucie Castets, et surtout de réclamer la démission d’Emmanuel Macron.sl-parl-bpa/sde/jco

Débat historique à l’Assemblée sur la probable censure du gouvernement Barnier

Une séance historique: l’Assemblée nationale débat de la motion de censure qui devrait faire chuter le gouvernement de Michel Barnier, un acte inédit depuis 1962 avec une grande incertitude politique et budgétaire à la clé.Dans un hémicycle comble et une ambiance très agitée, les députés examinent deux motions de censure, déposées lundi par la gauche et le Rassemblement national, après que le gouvernement a engagé sa responsabilité pour faire adopter sans vote le budget de la Sécurité sociale.La motion de la gauche devrait être adoptée dans la soirée, grâce au soutien du RN qui estime ses demandes insuffisamment prises en compte dans le budget.Au moment du vote, les ministres se retrouveront à Matignon pour partager un verre avec le Premier ministre, selon l’entourage de Michel Barnier.S’il est renversé, il devra immédiatement aller présenter sa démission au chef de l’Etat, conformément à la Constitution.Auparavant, il doit s’exprimer une dernière fois devant l’Assemblée en fin de séance pour répondre aux prises de parole des différents groupes, dont celle de Marine Le Pen pour le RN et d’Eric Coquerel (LFI) pour le Nouveau Front populaire.- “Le glas d’un mandat” -Le président de la République “est aujourd’hui un obstacle, et en rien une solution. Aujourd’hui nous votons la censure de votre gouvernement mais, plus que tout, nous sonnons le glas d’un mandat: celui du président”, a déclaré à l’ouverture des débats le député de Seine-Saint-Denis.”La politique du pire serait de ne pas censurer un tel budget”, a déclaré de son côté la cheffe des députés RN. Face à la “défiance populaire”, c’est à Emmanuel Macron de “conclure s’il est en mesure de rester ou pas” président, a-t-elle ajouté, alimentant elle aussi l’hypothèse d’une démission du président de la République, que ce dernier écarte.A rebours, Laurent Wauquiez (LR), a fustigé avec virulence “le choix de l’irresponsabilité” et du “chaos” fait selon lui par les députés lepénistes, qui s’apprêtent à “voter pour ceux qui traitent les policiers d’assassins”. “Ressaisissez-vous, ressaisissez-vous”, leur a-t-il intimé, en mettant en garde contre une motion de censure “qui va plonger le pays dans l’instabilité”.”Les institutions nous contraignent à mêler nos voix à celles de l’extrême gauche, ce n’est pas de gaité de cÅ“ur”, avait répondu par avance Marine Le Pen.- Une nomination dès cette semaine ? -Jusqu’au dernier moment, les responsables de l’exécutif et de la coalition gouvernementale ont voulu écarter l’inéluctabilité de ce scénario, en appelant à la “responsabilité” des députés.Depuis Ryad, Emmanuel Macron a dit mardi soir ne “pas croire au vote de la censure”, pointant un “cynisme insoutenable” du RN s’il joignait ses voix à celles du NFP, et du côté du PS une “perte de repères complète”.Michel Barnier a lui souligné sur TF1 et France 2, que chaque député avait “une part de responsabilité”, espérant que prévale “l’intérêt supérieur du pays”.Emmanuel Macron doit arriver à Paris en fin de journée de retour d’Arabie saoudite, juste à temps pour recevoir à l’Elysée Michel Barnier s’il est renversé.Ensuite, le président entend désigner “rapidement” un successeur à Matignon, selon tous ses interlocuteurs.Les noms du ministre des Armées Sébastien Lecornu, du LR Xavier Bertrand, du président du MoDem François Bayrou sont à nouveau évoqués comme cet été pour Matignon.Une nomination avant la cérémonie en grande pompe pour la réouverture de Notre-Dame, samedi, est “possible” mais pas garantie, estime un proche qui rappelle les délais souvent longs d’Emmanuel Macron en matière de remaniements. “Rien n’est acté”, se borne pour l’instant à répondre l’entourage présidentiel.Au sein du socle commun qui peinait déjà à soutenir de manière unie Michel Barnier (LR, Modem, Horizons et macronistes), les fissures pourraient s’élargir sur les stratégies d’après-censure.- “Accord de non censure” -Les Républicains menacent déjà de reprendre sa liberté: son chef de file Laurent Wauquiez souligne que l’engagement de son parti avec la coalition gouvernementale en septembre “ne valait que pour Michel Barnier”. De son côté, le chef de file des députés macronistes Gabriel Attal propose de nouer un accord de “non censure” de LR jusqu’au PS pour échapper à la tutelle du RN.La gauche reste de son côté désunie sur l’après-Barnier. Dans son discours, le président du groupe PS Boris Vallaud a plaidé pour un “changement de méthode, un chemin de dialogue et d’actions concrètes avec les seules forces républicaines”, évoquant la conclusion entre elles d’un “accord de non censure” qui permette aux macronistes de rompre avec un “gouvernement de connivence avec l’extrême droite”.Le sénateur écologiste Yannick Jadot souhaite même que ce gouvernement de gauche inclue “des ministres issus du bloc central” à l’opposé de la position de son parti.De son côté, LFI continue de proposer la nomination à Matignon de la haute fonctionnaire Lucie Castets, et surtout de réclamer la démission d’Emmanuel Macron.sl-parl/sde/dsa

L’Assemblée nationale ouvre ses débats sur la censure du gouvernement

L’Assemblée nationale a ouvert mercredi peu avant 17H00 les débats d’une séance cruciale et historique, qui devrait voir chuter le gouvernement de Michel Barnier, un geste inédit depuis 1962 qui plongerait le pays dans une grande incertitude politique et budgétaire.Dans un hémicycle comble et une ambiance très agitée, les députés examinent deux motions de censure, déposées lundi par la gauche et le Rassemblement national, après que le gouvernement a engagé sa responsabilité pour faire adopter sans vote le budget de la Sécurité sociale.La motion de la gauche devrait être adoptée dans la soirée, grâce au soutien du RN. L’extrême droite, qui avait donné son aval à la formation du gouvernement Barnier en septembre et l’avait placé sous “surveillance”, a décidé après trois mois de le renverser, estimant ses demandes insuffisamment prises en compte dans le budget.Le Premier ministre doit s’exprimer une dernière fois devant l’Assemblée en fin de séance pour répondre aux prises de parole des différents groupes, dont celle de Marine Le Pen pour le RN et d’Eric Coquerel (LFI) pour le Nouveau Front populaire.Le président de la République “est aujourd’hui un obstacle, et en rien une solution. Aujourd’hui nous votons la censure de votre gouvernement mais, plus que tout, nous sonnons le glas d’un mandat: celui du président”, a déclaré à l’ouverture des débats le député de Seine-Saint-Denis depuis la tribune de l’hémicycle.”La politique du pire serait de ne pas censurer un tel budget”, a déclaré de son côté la cheffe des députés RN. Face à la “défiance populaire”, c’est à Emmanuel Macron de “conclure s’il est en mesure de rester ou pas” président, a-t-elle ajouté.”On vit une journée historique, mais avec le sentiment de faire le bon choix pour les Français (..) On sait que ce moment sera dans les livres d’histoire”, avait déclaré un peu plus tôt le député RN Thomas Ménagé. “Moi je me regarde dans la glace, avec la sensation d’être en cohérence avec moi-même et les Français.”- “Perte de repères” -Jusqu’au dernier moment, les responsables de l’exécutif et de la coalition gouvernementale ont voulu écarter l’inéluctabilité de ce scénario, en appelant à la “responsabilité” des députés.Depuis Ryad, Emmanuel Macron a dit mardi soir ne “pas croire au vote de la censure”, pointant un “cynisme insoutenable” du RN s’il joignait ses voix à celles du NFP qui vilipende les lepénistes dans sa motion, et du côté du PS une “perte de repères complète”.Michel Barnier a lui souligné sur TF1 et France 2, que chaque député avait “une part de responsabilité”, espérant que prévale “l’intérêt supérieur du pays”.Si M. Macron a appelé à “ne pas faire peur aux gens” en évoquant un risque de crise financière, M. Barnier a lui dramatisé l’enjeu, répétant que la censure rendrait “tout plus difficile et plus grave”, alors que les signaux sont déjà, selon lui, au rouge sur les plans budgétaire, financier, économique et social.Attendu à 6,1% du PIB en 2024, bien plus que les 4,4% prévus à l’automne 2023, le déficit public raterait son objectif de 5% en l’absence de budget, et l’incertitude politique pèserait sur le coût de la dette et la croissance.Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau (LR) a déploré “une mélenchonisation” du RN.”Les institutions nous contraignent à mêler nos voix à celles de l’extrême gauche, ce n’est pas de gaité de cÅ“ur”, a répliqué depuis l’hémicycle Marine Le Pen.- LR menace de reprendre sa liberté -Le président de la République, qui a commencé selon ses proches à “tester” des options pour la succession de M. Barnier, doit atterrir à Paris en début de soirée.Au sein du socle commun qui peinait déjà à soutenir de manière unie Michel Barnier (LR, Modem, Horizons et macronistes), les fissures pourraient s’élargir sur les stratégies d’après-censure.LR menace déjà de reprendre sa liberté: son chef de file Laurent Wauquiez souligne que l’engagement de son parti avec la coalition gouvernementale en septembre “ne valait que pour Michel Barnier”. De son côté, le chef de file des députés macronistes Gabriel Attal propose de nouer un accord de “non censure” avec le PS pour échapper à la tutelle du RN. Pour Matignon, le vice-président du MoDem Marc Fesneau a plaidé pour son président François Bayrou, une “hypothèse sérieuse” car il “a le profil le plus pertinent”. Les noms du ministre des Armées Sébastien Lecornu ou du LR Xavier Bertrand sont à nouveau évoqués comme cet été. Beaucoup, à l’instar de la présidente de l’Assemblée Yaël Braun-Pivet, demandent en tout cas pour une solution rapide, qui permette de mener à bien au moins en partie les textes budgétaires avant la date butoir du 31 décembre. A défaut, les députés devront voter une “loi spéciale” qui permette d’assurer la continuité du fonctionnement de l’Etat.La gauche reste de son côté désunie sur l’après-Barnier. Le PS voudrait “un gouvernement de gauche ouvert au compromis”, que le socle commun s’engagerait à ne pas censurer en échange d’un renoncement au 49.3. Le sénateur écologiste Yannick Jadot souhaite même que ce gouvernement de gauche inclue “des ministres issus du bloc central” à l’opposé de la position de son parti.De son côté, LFI continue de réclamer la démission d’Emmanuel Macron. sl-parl/sde/gvy

A 4.000 km de la crise française, Macron d’Arabie, comme si de rien n’était

Lunettes de soleil sur le nez, Emmanuel Macron, descendu d’hélicoptère, arpente la cité nabatéenne d’Hégra, en Arabie saoudite. Le paysage est désertique, presque lunaire, comme cette séquence tourisme à plus de 4.000 km de Paris où se noue au même moment une crise politique inédite.En visite d’Etat dans le royaume sunnite depuis lundi, le président de la République a tenu à honorer cette ultime étape sur la diplomatie du patrimoine dans l’oasis d’Al-Ula, un projet touristique emblématique du prince héritier Mohammed ben Salmane. La France copilote ce mégaprojet de 20 milliards de dollars, et les enjeux économiques sont donc conséquents.Une fois n’est pas coutume pour le retardataire de l’Elysée, le programme a été avancé d’une heure. Aucune explication officielle, mais le chef de l’Etat veut être de retour à Paris en fin de journée, quand l’Assemblée nationale rendra son verdict sur la motion de censure qui devrait, sauf grosse surprise, faire tomber le gouvernement de Michel Barnier.Accueilli avec des figues au fromage et des tartes aux dattes et aux noisettes, entouré par la garde royale saoudienne en uniforme noir et béret vert, Emmanuel Macron admire ce site aux 7.000 ans d’histoire, où les Nabatéens avaient élargi leur territoire depuis celui plus connu de Petra au nord, aujourd’hui en Jordanie.Veste tombée, en chemise blanche et cravate, il écoute attentivement le guide lui expliquer que “les Nabatéens avaient un lien très fort avec l’Europe” et étaient “très ouverts”.”Ils avaient leur propre alphabet ?”, s’enquiert le président.Comme si de rien n’était.- “Je ne peux pas croire” -N’a-t-il pas dit la veille au soir, aux journalistes qui l’accompagnent dans ce déplacement, qu’il ne pouvait “pas croire au vote d’une censure” pourtant presque inéluctable?Lors de cet échange informel avec la presse, sans caméras ni micros, après une journée toute en discrétion au cours de laquelle il avait visité, à l’écart des médias, un palais historique de la dynastie des Saoud près de Ryad, il avait appelé chacun à “prendre ses responsabilités”. Et accusé le Rassemblement national d’être d’un “cynisme insoutenable” s’il votait la motion déposée par la gauche, et le Parti socialiste de faire preuve d’une “perte de repères complète” en approuvant la censure.Alors qu’il est accompagné à Al-Ula par plusieurs ministres dont celui des Armées, le fidèle Sébastien Lecornu, cité avec insistance pour remplacer Michel Barnier à Matignon, Emmanuel Macron “n’en a pas du tout parlé dans l’avion”, assure un membre de la délégation.Mais le même reconnaît qu’il faudra “aller vite” pour désigner un successeur au Premier ministre.D’ailleurs, ses proches en conviennent, le chef de l’Etat a déjà commencé à “tester” des options, déterminé, dit l’une d’eux, à se “faire violence”, lui qui a souvent la nomination laborieuse.Cette visite en Arabie intervient “alors que les crises se multiplient”, “et que l’incertitude pèse lourdement”, a expliqué Emmanuel Macron dans un entretien au journal libanais An-Nahar. C’est bien sûr des guerres au Moyen-Orient qu’il parle, mais l’écho résonne fort avec la situation politique française.Car justement la crise guette, le président a pris à revers l’argument numéro un de Michel Barnier et de ses soutiens: la menace d’une “tempête” financière si le gouvernement vient à tomber. “Il ne faut pas faire peur aux gens avec ces choses-là, on a une économie forte”, a-t-il répondu mardi depuis Ryad. De la même manière, il a balayé les appels croissants à sa démission pour sortir de l’impasse — de la “politique-fiction” qui “n’a pas de sens”.Continuant d’échanger à distance avec ses amis à Paris, il assure d’ailleurs selon l’un d’eux que la censure, “c’est la vie des institutions”, “ça fait partie des outils de la Ve République” — tout comme la dissolution de l’Assemblée qu’il a dégainée en juin, plongeant le pays dans le marasme.La ligne de crête se révèle plus périlleuse à arpenter que le site nabatéen: dramatiser les enjeux, mais pas trop, au risque de s’exposer en première ligne.