AFP Politics

Censure: après avoir reçu Barnier, Macron consulte avant de s’adresser aux Français

Au lendemain d’une censure historique, c’est un Emmanuel Macron revenu au coeur de l’attention qui a reçu jeudi matin Michel Barnier, avant de consulter les présidents des deux chambres du Parlement, et de s’adresser aux Français à 20H00.Michel Barnier, renversé la veille par 331 députés et qui détient désormais le peu enviable record de brièveté à Matignon sous la Ve République, a quitté l’Élysée vers 11H00, après une heure d’entretien avec Emmanuel Macron. L’annonce officielle de la démission de son gouvernement est attendue.Quand sera nommé le nouveau Premier ministre ? La présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet a exhorté jeudi Emmanuel Macron à le faire “rapidement” pour “ne pas laisser s’installer le flottement”. La titulaire (Renaissance) du perchoir sera reçue par le chef de l’Etat à 12H15, son homologue (LR) au Sénat, Gérard Larcher, à 15H00.L’entourage du chef de l’Etat ne fournit à ce stade aucun calendrier, mais plusieurs de ses familiers ont confié qu’il entendait cette fois agir vite. Dès jeudi soir ? “Il n’a pas le choix”, s’avance un de ses proches.Quel que soit son choix, il fera une allocution aux Français à 20H.”Flou”, “impasse”, “cercle vicieux”: du nord au sud du pays, l’inquiétude et la lassitude étaient manifestes chez les Français interrogés par l’AFP.Les marchés restaient en revanche calmes : la Bourse de Paris était en lègère hausse et, loin de s’envoler, le taux auquel la France emprunte sur les marchés était même orienté à la baisse. Mais l’agence Moody’s met en garde sur le fait que la chute du gouvernement “réduit la probabilité d’une consolidation” des finances publiques.Il faut donc nommer un Premier ministre “au plus vite” pour Xavier Bertrand (LR), le patron des socialistes, Olivier Faure, demandant au président de la République de consulter dès aujourd’hui “l’ensemble des chefs de parti”.Avec la chute de Michel Barnier, la crise politique ouverte avec la dissolution de l’Assemblée nationale le 9 juin a franchi un cap inédit: pour la première fois depuis 1962, un Premier ministre a été renversé après avoir engagé sa responsabilité.La situation laisse les Français partagés: 53% approuvent la décision des députés, mais 82% sont inquiets de ses conséquences, selon un sondage Toluna Harris Interactive pour RTL.64% des sondés se disent favorables à la démission d’Emmanuel Macron, un souhait très prononcé chez les sympathisants de LFI et du RN.LFI continue de réclamer une présidentielle anticipée.”Si on veut ramener une solution de stabilité, (cela) passe par le départ” d’Emmanuel Macron, a martelé le coordinateur du mouvement Manuel Bompard.Marine Le Pen n’a pas formellement réclamé une démission du président, mais elle estime que “la pression” à son endroit “sera évidemment de plus en plus forte” si “on ne prend pas la voie du respect des électeurs”.Elle a aussi assuré mercredi qu’elle et les siens “laisseront travailler” le futur Premier ministre, afin de “co-construire” un budget “acceptable pour tous”. Mais les lignes rouges du RN, incluant la réindexation des retraites sur l’inflation, “ne bougeront pas”, a prévenu le député Jean-Philippe Tanguy.- Accord de non censure ? -Il s’agit désormais pour le chef de l’Etat de résoudre la quadrature du cercle, entre reconduite du “socle commun” entre macronistes et LR ou élargissement de ses contours afin de dégager une coalition gouvernementale plus solide pour résister à une future tentative de censure.Les Républicains ne “feront pas tomber” le prochain gouvernement même s’ils décidaient de ne pas y participer, a assuré le patron des députés Laurent Wauquiez. “On ne sera pas dans le blocage, on ne sera pas dans la stratégie du pire”, a-t-il ajouté, conditionnant la participation de LR aux priorités mises sur la table par le nouveau Premier ministre.Le patron des députés macronistes, Gabriel Attal, qui va réunir les ténors de Renaissance dans la matinée, propose, lui, un accord de “non censure” avec le PS pour échapper à la tutelle du RN.L’équation est d’autant plus complexe qu’une nouvelle dissolution et de nouvelles élections législatives ne peuvent pas intervenir avant juillet.D’ici là, qui pour Matignon ? Les noms du président du MoDem François Bayrou, du ministre des Armées Sébastien Lecornu, de Xavier Bertrand, de l’ex-Premier ministre socialiste Bernard Cazeneuve ou du maire de Troyes François Baroin circulent.Le très droitier ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, jugé parfois proche des idées du RN, ou le macroniste historique Roland Lescure, associé à la branche sociale-démocrate de Renaissance, font également l’objet de supputations.La cheffe de file des députés LFI Mathilde Panot a confirmé que son groupe censurerait tout Premier ministre qui n’est pas issu du Nouveau Front populaire, y compris Bernard Cazeneuve.La tâche du futur titulaire s’annonce immense.Attendu à 6,1% du PIB en 2024, bien plus que les 4,4% prévus à l’automne 2023, le déficit public raterait son objectif de 5% en l’absence de budget, et l’incertitude politique pèserait sur le coût de la dette et la croissance.bur-pab-sde-sac/pta

Le ministre des Armées Sébastien Lecornu assure “être candidat à rien”

Le ministre des Armées Sébastien Lecornu, dont le nom est cité pour devenir Premier ministre en remplacement de Michel Barnier dont le gouvernement a été renversé mercredi, assure jeudi qu’il n’est pas candidat.”Moi, je suis candidat à rien”, a-t-il déclaré à RTL qui l’interrogeait sur le sujet.Michel Barnier, renversé mercredi soir par 331 députés, a présenté jeudi sa démission.Sébastien Lecornu affirme en outre ne pas avoir évoqué le sujet avec le président Emmanuel Macron lors de leur déplacement en Arabie Saoudite.”Il y a un décalage énorme (…) entre ce qu’on a dû gérer en Arabie Saoudite et ce qu’il y a à gérer ici”, a-t-il déclaré, citant les divers sujets géopolitiques de l’escalade avec l’Iran au cessez le feu au Liban, en passant par l’arrivée des soldats de Corée du Nord sur le théâtre russo-ukrainien.”Oui, on a un monde qui est tout sauf stable et dans lequel il va bien falloir que les responsables politiques français prennent aussi leurs responsabilités”, a-t-il ajouté. Sur le plan de la politique intérieure, il a estimé qu’il fallait “tout faire pour que les socialistes se détachent de La France insoumise” (gauche radicale). “Je ne viens pas de la gauche, mais je suis un républicain”, a-t-il souligné, précisant qu’il travaillait “avec la gauche républicaine” dans son département de l’Eure.”Je pense qu’il faut qu’il y ait un dialogue effectivement, parce que la responsabilité de ma famille politique, de là où je viens, c’est de permettre au Parti socialiste d’évoluer dans sa position”, a également opiné Sébastien Lecornu. “En tout cas, c’est une urgence parce que c’est un parti de gouvernement qui a donné deux présidents de la République à la France”.Interrogé sur la nécessité de faire des concessions, il a déclaré que “les Françaises et les Français, une fois qu’ils ont voté aux élections législatives anticipées, par définition, n’arrivent pas à comprendre que leurs responsables politiques ne soient pas capables de compromis”. 

Censure: Barnier à l’Elysée pour présenter sa démission, Macron s’adresse aux Français

Et maintenant ? Au lendemain d’une censure historique, Michel Barnier est à l’Elysée jeudi matin pour présenter sa démission à Emmanuel Macron qui va s’exprimer à 20 heures à la télévision pour tenter de fixer un cap alors que s’ouvre une période d’une rare incertitude politique et budgétaire.Michel Barnier, renversé mercredi soir par 331 députés et qui détient désormais le peu enviable record de brièveté à Matignon sous la Ve République, est arrivé jeudi à l’Élysée à 10 heures pour remettre sa démission, conformément à l’article 50 de la Constitution après l’adoption d’une motion de censure.Quand sera nommé le nouveau Premier ministre ? La présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet a exhorté jeudi matin Emmanuel Macron à le faire “rapidement” pour “ne pas laisser s’installer le flottement”.L’entourage du chef de l’Etat ne fournit à ce stade aucun calendrier, mais plusieurs de ses familiers ont confié qu’il entendait cette fois agir vite. Dès jeudi soir ? “Il n’a pas le choix”, s’avance un de ses proches.La Bourse de Paris a ouvert en très légère baisse (-0,28%), mais l’agence Moody’s met déjà en garde sur le fait que la chute du gouvernement “réduit la probabilité d’une consolidation” des finances publiques. Il faut donc nommer un Premier ministre “au plus vite” pour Xavier Bertrand (LR), le patron des socialistes, Olivier Faure, demandant sur France Inter au président de la République de consulter dans la journée “l’ensemble des chefs de parti”.Avec la chute de Michel Barnier, la crise politique ouverte avec la dissolution de l’Assemblée nationale le 9 juin a franchi un cap inédit: pour la première fois depuis 1962, un Premier ministre a été renversé par l’Assemblée nationale après avoir engagé sa responsabilité.La situation laisse les Français partagés: 53% approuvent la décision des députés, mais 82% sont inquiets de ses conséquences, selon un sondage Toluna Harris Interactive pour RTL. 64% des sondés se disent favorables à la démission d’Emmanuel Macron, un souhait très prononcé chez les sympathisants de LFI et du RN.La France insoumise continue de réclamer des présidentielles anticipées.”Si on veut ramener une solution de stabilité, (cela) passe par le départ du président de la République”, a martelé le coordinateur du mouvement Manuel Bompard.Marine Le Pen n’a pas formellement réclamé une démission du président, mais elle estime que “la pression” à son endroit “sera évidemment de plus en plus forte” si “on ne prend pas la voix du respect des électeurs”.Elle a aussi assuré mercredi qu’elle et les siens “laisseront travailler” le futur Premier ministre, afin de “co-construire” un budget “acceptable pour tous”. Mais les lignes rouges du RN, incluant la réindexation des retraites sur l’inflation, “ne bougeront pas”, a prévenu le député Jean-Philippe Tanguy.- Accord de non censure ? -Il s’agit désormais pour le chef de l’Etat de résoudre la quadrature du cercle, entre reconduite du “socle commun” entre macronistes et LR ou élargissement de ses contours afin de dégager une coalition gouvernementale plus solide pour résister à une future tentative de censure.Les Républicains ne “feront pas tomber” le prochain gouvernement même s’ils décidaient de ne pas y participer, a assuré leur chef de file à l’Assemblée Laurent Wauquiez. “On ne sera pas dans le blocage, on ne sera pas dans la stratégie du pire”, a-t-il ajouté, conditionnant la participation de son parti à la nouvelle équipe en fonction des priorités mises sur la table.Le patron des députés macronistes, Gabriel Attal, qui va réunir les ténors de Renaissance dans la matinée, propose, lui, un accord de “non censure” avec le PS pour échapper à la tutelle du RN. L’équation est d’autant plus complexe qu’une nouvelle dissolution et de nouvelles élections législatives ne peuvent pas intervenir avant juillet.D’ici là, qui pour Matignon ? Les noms du président du MoDem François Bayrou, du ministre des Armées Sébastien Lecornu, de Xavier Bertrand, de l’ex-Premier ministre socialiste Bernard Cazeneuve ou du maire de Troyes François Baroin circulent.Le très droitier ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, jugé parfois proche des idées du RN, ou le macroniste historique Roland Lescure, associé à la branche sociale-démocrate de Renaissance, font également l’objet de supputations.La cheffe de file des députés LFI Mathilde Panot a confirmé que son groupe censurerait tout Premier ministre qui n’est pas issu du Nouveau Front populaire, y compris donc Bernard Cazeneuve.La tâche du futur titulaire s’annonce quoi qu’il en soit immense. Dans son discours devant l’Assemblée qui s’apprêtait à le congédier, Michel Barnier a prévenu: la “réalité” budgétaire ne “disparaîtra pas par l’enchantement d’une motion de censure”.Attendu à 6,1% du PIB en 2024, bien plus que les 4,4% prévus à l’automne 2023, le déficit public raterait son objectif de 5% en l’absence de budget, et l’incertitude politique pèserait sur le coût de la dette et la croissance.Emmanuel Macron, qui avait appelé mardi à “ne pas faire peur”, devra jeudi se montrer convaincant pour rassurer. Une mission d’autant plus ardue que sa popularité est au plus bas depuis son arrivée au pouvoir en 2017, ou depuis la crise des gilets jaunes l’année suivante, selon les baromètres.

Yaël Braun-Pivet demande à Macron de nommer “rapidement” un Premier ministre pour ne pas laisser s’installer “le flottement”

La présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet a demandé jeudi à Emmanuel Macron de nommer “rapidement” un Premier ministre en remplacement de Michel Barnier censuré la veille car “il ne faut pas laisser le flottement” s’installer.”Il faut qu’il y ait un nouveau gouvernement rapidement pour que celui-ci puisse reprendre les discussions budgétaires, puisque là aussi, il y a plusieurs options qui sont sur la table”, a expliqué la présidente macroniste de l’Assemblée sur France Inter. Parmi ces options, elle a défendu la poursuite de “la navette parlementaire sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale qui n’a pas été adopté avec l’adoption de la motion de censure”.  Avec l’accord des présidents de groupes, un “accord” pourrait être trouvé par ailleurs sur le budget de l’État “sur un socle minimum”. “On pourrait très bien imaginer qu’on prendrait l’engagement d’examiner un budget rectificatif au premier trimestre 2025”. Dans l’intervalle, “on pourrait doter la France d’un budget avant la fin de l’année, il est encore temps”, a insisté Yaël Braun-Pivet.Concernant le choix du nouveau Premier ministre alors qu’aucun groupe ne détient la majorité, même relative, à l’Assemblée, elle a estimé que le Président devait “recevoir tous les groupes politiques”. Rappelant qu’elle devait elle-même rencontrer Emmanuel Macron à la mi-journée, elle a suggéré “quelqu’un qui connaisse très bien l’Assemblée nationale, parce qu’on voit qu’elle est d’une complexité folle et qui ait cette capacité à (…) vouloir le dialogue et la concertation”. “Vous connaissez la sensibilité qui est la mienne et moi je préférerais qu’il y ait un élargissement de la majorité vers les sociaux-démocrates et vers la partie de la gauche de l’hémicycle qui partage les valeurs républicaines”, a-t-elle soutenu, disant avoir été “heurtée” par la manière dont Michel Barnier a été en dialogue direct avec Marine Le Pen. “Nous devons écouter ce que les électeurs du Front national nous disent et ce qu’ils expriment dans les urnes et le prendre en compte dans les politiques que nous menons mais ça ne veut pas dire travailler avec eux”, a-t-elle tranché.

Censure: Barnier présente sa démission, Macron s’adresse aux Français

Et maintenant ? Au lendemain d’une censure historique, Michel Barnier présente jeudi sa démission à Emmanuel Macron qui va s’exprimer à 20 heures à la télévision pour tenter de fixer un cap alors que s’ouvre une période d’une rare incertitude politique et budgétaire.Michel Barnier, renversé mercredi soir par 331 députés et qui détient désormais le peu enviable record de brièveté à Matignon sous la Ve République, présentera sa démission à 10 heures.Quand sera nommé le nouveau Premier ministre ? La présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet a exhorté Emmanuel Macron à le faire “rapidement” pour “ne pas laisser s’installer le flottement”.L’entourage du chef de l’Etat ne fournit à ce stade aucun calendrier, mais plusieurs de ses familiers ont confié qu’il entendait cette fois agir vite. Dès jeudi soir ? “Il n’a pas le choix”, s’avance un de ses proches.La ministre de la Transition écologique et de l’Energie Agnès Pannier-Runacher plaide aussi pour une nomination rapide afin d’envoyer “un message fort à ceux qui prêtent de l’argent à la France”. La Bourse de Paris a ouvert en très légère baisse (-0,28%), mais l’agence Moody’s met déjà en garde sur le fait que la chute du gouvernement “réduit la probabilité d’une consolidation” des finances publiques. Il faut donc nommer un Premier ministre “au plus vite” pour Xavier Bertrand (LR), le patron des socialistes, Olivier Faure, demandant sur France Inter au président de la République de consulter dans la journée “l’ensemble des chefs de parti”.Avec la chute de Michel Barnier, la crise politique ouverte avec la dissolution de l’Assemblée nationale le 9 juin a franchi un cap inédit : pour la première fois depuis 1962, un Premier ministre a été renversé par l’Assemblée nationale après avoir engagé sa responsabilité.La situation laisse les Français partagés: 53% approuvent la décision des députés, mais 82% sont inquiets de ses conséquences, selon un sondage Toluna Harris Interactive pour RTL. 64% des sondés se disent favorables à la démission d’Emmanuel Macron, un souhait très prononcé chez les sympathisants de LFI et du RN.La France insoumise continue de réclamer des présidentielles anticipées.”Si on veut ramener une solution de stabilité, (cela) passe par le départ du président de la République”, a martelé sur RTL le coordinateur du mouvement Manuel Bompard.Marine Le Pen n’a pas formellement réclamé une démission du président, mais elle estime que “la pression” à son endroit “sera évidemment de plus en plus forte” si “on ne prend pas la voix du respect des électeurs”.Elle a aussi assuré mercredi qu’elle et les siens “laisseront travailler” le futur Premier ministre, afin de “co-construire” un budget “acceptable pour tous”.- Accord de non censure ? -Il s’agit désormais pour le chef de l’Etat de résoudre la quadrature du cercle, entre reconduite du “socle commun” entre macronistes et LR ou élargissement de ses contours afin de dégager une coalition gouvernementale davantage capée pour résister à une future tentative de censure.Les Républicains ne “feront pas tomber” le prochain gouvernement même s’ils décidaient de ne pas y participer, a assuré sur France 2 leur chef de file à l’Assemblée Laurent Wauquiez. “On ne sera pas dans le blocage, on ne sera pas dans la stratégie du pire”, a-t-il ajouté, conditionnant la participation de son parti à la nouvelle équipe en fonction des priorités qui seront mises sur la table.Le patron des députés macronistes, Gabriel Attal, qui va réunir les ténors de Renaissance dans la matinée, propose, lui, un accord de “non censure” avec le PS pour échapper à la tutelle du RN. L’équation est d’autant plus complexe qu’une nouvelle dissolution et de nouvelles élections législatives ne peuvent pas intervenir avant juillet.D’ici là, qui pour Matignon ? Les noms du président du MoDem François Bayrou, du ministre des Armées Sébastien Lecornu, de Xavier Bertrand, de l’ex-Premier ministre socialiste Bernard Cazeneuve ou du maire de Troyes François Baroin circulent.Le très droitier ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, jugé parfois proche des idées du RN, ou le macroniste historique Roland Lescure, associé à la branche sociale-démocrate de Renaissance, font également l’objet de supputations.La tâche du futur titulaire s’annonce quoi qu’il en soit immense.Dans son discours devant l’Assemblée qui s’apprêtait à le congédier, Michel Barnier a prévenu: la “réalité” budgétaire ne “disparaîtra pas par l’enchantement d’une motion de censure”.Attendu à 6,1% du PIB en 2024, bien plus que les 4,4% prévus à l’automne 2023, le déficit public raterait son objectif de 5% en l’absence de budget, et l’incertitude politique pèserait sur le coût de la dette et la croissance.Emmanuel Macron, qui avait appelé mardi à “ne pas faire peur”, devra jeudi se montrer convaincant pour rassurer. Une mission d’autant plus ardue que sa popularité est au plus bas depuis son arrivée au pouvoir en 2017, ou depuis la crise des gilets jaunes l’année suivante, selon les baromètres.

LR “ne fera pas tomber” le futur gouvernement même s’il n’y participe pas, assure Wauquiez

Les Républicains ne “feront pas tomber” le futur gouvernement même s’ils décidaient de ne pas y participer, a déclaré jeudi leur chef de file à l’Assemblée Laurent Wauquiez sur France 2 au lendemain de la censure du gouvernement de Michel Barnier.”On ne sera pas dans le blocage, on ne sera pas dans la stratégie du pire (…), on ne fera pas tomber le gouvernement, on ne fera pas ce qu’a fait Marine Le Pen”, a déclaré M. Wauquiez qui conditionne la participation de LR à un futur gouvernement en fonction des priorités qui seront mises sur la table.Pour LR, les trois points importants sont “moins de gaspillage de l’argent public”, ” revaloriser ceux qui travaillent” et “la sécurité”. M. Wauquiez a par ailleurs jugé que Marine Le Pen s’était “décrédibilisée” pour gouverner un jour en votant la censure.”Quand vous prétendez vouloir diriger un pays, vous ne pouvez pas faire le choix de l’instabilité”, a-t-il dit.”C’était juste destructeur”, a-t-il ajouté, accusant Marine Le Pen d’avoir voulu “faire un coup politique” pour “faire diversion” après son procès, “quitte à jouer avec l’intérêt du pays”. 

Mairie de Paris: les socialistes préparent la succession d’Hidalgo dans un climat de malaise

Quel candidat socialiste se lancera dans la bataille de Paris ? A seize mois des municipales, la campagne démarre au PS parisien, dont les militants vont devoir départager deux candidats sur fond de tensions autour de la succession d’Anne Hidalgo.En annonçant la semaine dernière qu’elle ne briguerait pas un troisième mandat, l’édile aux commandes de la capitale depuis 2014 a adoubé l’un de ses fidèles, le sénateur PS Rémi Féraud, chef du groupe de la majorité municipale, pour prendre la relève. Ce choix a surpris les socialistes, dont les esprits étaient préparés à la candidature du député Emmanuel Grégoire, l’ex-premier adjoint d’Anne Hidalgo avec lequel elle est en froid.Les ambitions du parlementaire pour briguer l’hôtel de ville étaient connues depuis longtemps, bien qu’il n’ait officialisé qu’à la mi-novembre sa candidature, soutenue par 450 militants et le premier secrétaire du PS Olivier Faure. “Auprès de la base, Emmanuel Grégoire paraissait le candidat naturel”, explique à l’AFP Franck Guillory, secrétaire fédéral du secteur Paris Centre.”C’est la première fois qu’on se retrouve dans une situation où la maire ne soutient pas la continuité. L’idée de la transmission, pendant des années, a été à mon bénéfice”, a regretté Emmanuel Grégoire auprès de l’AFP.L’ancien dauphin pointe “l’incongruité de la situation allant jusqu’au lapsus” de la maire sortante, qui a prononcé son nom au lieu de celui de Rémi Féraud à son premier déplacement de campagne.Pour la première fois depuis 2014, les 3.000 adhérents du PS parisien vont devoir choisir entre deux prétendants. Qu’a priori rien n’opposait, d’où un sentiment de malaise.”Anne Hidalgo a pris deux frères pour se taper dessus, c’est très dur, ça crée des tiraillements”, estime Emmanuel Grégoire, qui voit Rémi Féraud comme “l’instrument d’une vengeance” menant sa campagne “sous tutelle”.”Quand Bertrand Delanoë a passé le témoin à Anne en 2012, il l’avait laissée déployer sa campagne comme elle le voulait”, se souvient le député de 46 ans, qui a tenu son premier rassemblement militant le soir même où la maire annonçait qu’elle passait la main.- “Risque de déchirures” -Rémi Féraud, 53 ans, ancien maire du Xe arrondissement, doit démarrer sa campagne dans les jours qui viennent, avec comme credo l’appel au rassemblement de “tous les socialistes”, y compris son concurrent. Et le soutien affiché des maires d’arrondissement et de nombreux élus.Les deux prétendants ont quelques semaines pour convaincre avant un vote que tout le monde souhaite assez rapide, début 2025, en amont du congrès national du PS.”Avoir deux candidats n’est pas inhabituel dans nos usages. Nous sommes un parti démocratique, on a toujours des débats d’investiture pour les élections. Il n’y a pas de confrontation mais deux ambitions différentes qui s’expriment”, estime la première secrétaire fédérale du PS, Lamia El Aaraje, adjointe à la maire en charge de l’urbanisme et soutien de Rémi Féraud.”Il faut que ça se passe sereinement, sans trop de déchirures. Pour l’instant ça n’est pas le cas, mais le risque existe”, prévient Franck Guillory, pointant une “vraie menace que la droite remporte Paris” après 25 ans de règne socialiste.Certains redoutent des pressions d’Anne Hidalgo auprès des maires pour se ranger derrière son poulain. “La fédération de Paris vit un peu dans la peur de ce système de +château+ à l’hôtel de ville”, confie une militante sous couvert d’anonymat.Sans divergence majeure de fond, Emmanuel Grégoire et Rémi Féraud défendront des méthodes différentes, avec des deux côtés, un refus de s’allier à LFI.”Tout va se jouer sur la motivation, et c’est Emmanuel qui en a le plus envie car ça fait des mois qu’il se prépare”, selon la députée Céline Hervieu, faisant également valoir la large victoire du député aux législatives à Paris face au macroniste sortant et ex-ministre Clément Beaune.Pour Colombe Brossel, sénatrice et conseillère de Paris, Rémi Féraud est le plus capable de rassembler au vu de son expérience de leader de la majorité municipale. Cette proche de l’ancien maire du Xe se souvient aussi du “courage” qu’il lui avait fallu pour maintenir, à la veille de la campagne de 2014, son projet alors “conspué” de salle de consommation à moindre risques pour les usagers de drogues.

L’Assemblée renverse le gouvernement Barnier qui présentera jeudi sa démission

Le gouvernement de Michel Barnier est tombé: les députés de la gauche et du Rassemblement national ont conjointement adopté mercredi une motion de censure à l’Assemblée, la deuxième seulement de l’histoire de la Ve République, ouvrant une période de fortes incertitudes politiques et financières.Michel Barnier présentera jeudi à 10H00 sa démission au chef de l’Etat et ce dernier s’adressera aux Français à 20H00.331 députés ont voté la motion déposée par la gauche – 288 voix étaient nécessaires – en réponse au 49.3 du Premier ministre pour faire passer sans vote le projet de budget de la Sécurité sociale.Emmanuel Macron va-t-il nommer un nouveau Premier ministre dans les 24H00 ? “Il n’a pas le choix”, juge un proche.Immédiatement après l’annonce de la censure, le chef de l’Etat a de nouveau été ciblé par La France insoumise, la patronne des députés LFI Mathilde Panot réclamant “des présidentielles anticipées”.”Même avec un Barnier tous les trois mois, Macron ne tiendra pas trois ans”, a renchéri Jean-Luc Mélenchon.Pas d’appel à la démission, en revanche, de la part de Marine Le Pen, pour qui “la pression” sur le président “sera évidemment de plus en plus forte” si “on ne prend pas la voix du respect des électeurs”.Le prochain gouvernement, “nous le laisserons travailler”, a assuré la leader du RN, qui entend “co-construire” un budget “acceptable pour tous”.-“Moment de vérité”-Pour ses dernières paroles de Premier ministre, Michel Barnier, 73 ans, avait appelé chaque député à la “responsabilité” dans un “moment de vérité”.”Ce n’est pas par plaisir que je n’ai présenté quasiment que des mesures difficiles”, la “réalité” budgétaire ne “disparaîtra pas par l’enchantement d’une motion de censure”, a-t-il déclaré, visiblement résigné, devant un hémicycle redevenu grave après des moments d’agitation.Défendant la motion de censure, Eric Coquerel (LFI) a tancé l'”illégitimité” d’un gouvernement qui ne reflète pas le résultat des législatives, et a refusé de revenir sur la réforme des retraites. Boris Vallaud, patron des députés PS, a accusé Michel Barnier de s’être “enfermé dans un tête à tête humiliant” avec la leader du RN Marine Le Pen.Malgré les nombreuses concessions obtenues dans la dernière ligne droite, la cheffe de file du groupe d’extrême droite a fustigé la politique proposée par le Premier ministre: “vous n’avez apporté qu’une seule réponse, l’impôt (…) la politique du pire serait de ne pas censurer un tel budget”.- Remplacement “rapide” ? -A l’inverse, les soutiens du gouvernement ont tiré à boulets rouges contre les députés censeurs.”Qui allez-vous condamner ? La France”, a attaqué Gabriel Attal, patron des députés macronistes. Laurent Wauquiez, chef du groupe Les Républicains (LR) a tancé une “comédie d’une insoutenable légèreté” et accusé Marine Le Pen de “faire le choix du chaos”.Si Emmanuel Macron a appelé à “ne pas faire peur” en évoquant un risque de crise financière, Michel Barnier n’a pas hésité à dramatiser l’enjeu.Attendu à 6,1% du PIB en 2024, bien plus que les 4,4% prévus à l’automne 2023, le déficit public raterait son objectif de 5% en l’absence de budget, et l’incertitude politique pèserait sur le coût de la dette et la croissance.Malgré ces alertes, Michel Barnier quittera Matignon, 62 ans après le seul précédent sous la Ve République, la censure de Georges Pompidou alors Premier ministre du Général de Gaulle.Les regards qui s’étaient détournés de l’Élysée vont désormais se concentrer sur Emmanuel Macron.Et l’équation Matignon semble toujours aussi complexe, avec l’impossibilité d’une dissolution et de nouvelles élections législatives avant sept mois.- “Non censure” contre “démission” -Le fragile “socle commun” qui a soutenu le gouvernement sortant pourrait se fissurer sur “l’après”. Laurent Wauquiez a déjà rappelé que la coalition de septembre “ne valait que pour Michel Barnier”.Gabriel Attal propose lui un accord de “non censure” avec le PS pour échapper à la tutelle du RN. “Affranchissez-vous” de la France insoumise, a-t-il lancé dans l’hémicycle aux socialistes.Côté casting, les noms du président du MoDem François Bayrou, du ministre des Armées Sébastien Lecornu, du LR Xavier Bertrand, de l’ex-Premier ministre socialiste Bernard Cazeneuve ou du maire de Troyes François Baroin circulent.”On prend les choses à l’envers (…) la question des politiques menées doit être prédominante”, insiste Cyrielle Chatelain, cheffe des députés écologistes.La gauche reste désunie sur l’avenir. Le PS voudrait “un gouvernement de gauche ouvert au compromis”, que la droite et le centre s’engageraient à ne pas censurer, en échange d’un renoncement au 49.3. Ce qui suscite l’ire des Insoumis.La petite musique résonne aussi sporadiquement dans d’autres camps, notamment chez des personnalités de droite.Marine Le Pen, si elle refuse d’appeler à la démission au nom du “respect pour la fonction suprême”, montre la porte : “c’est à sa raison de déterminer s’il peut ignorer l’évidence d’une défiance populaire massive que (…) je crois définitive”.Mardi, le chef de l’État a balayé les appels à la démission: ils relèvent selon lui de “la politique fiction”.sac-sl-parl-bpa/sde/dsa

Barnier face à “l’histoire”, la censure au coeur du Palais Bourbon

Il est 20h26 quand la sentence tombe, fatale. “Pour la motion, 331”. Michel Barnier se lève et quitte fugitivement l’hémicycle. En un instant, il vient de devenir le deuxième Premier ministre censuré sous la Ve République, après seulement trois mois en poste.Le Palais Bourbon vient de vivre une journée comme il en connaît peu, suspendue à une motion de censure inéluctable, qui plonge le pays dans une incertitude plus profonde.Jusqu’au bout, Michel Barnier aura tenté de convaincre, décortiquant les reproches de chacun de ses pourfendeurs avec argumentation et patience. “Déstabilisation institutionnelle”, “moment de vérité”… Mais face à une Assemblée aussi fracturée, face à une gauche et un Rassemblement national déterminés à le faire tomber, aucun mot ne pouvait suffire.Car la messe était dite depuis longtemps. La longue ovation du bloc central à l’adresse du Savoyard en fut l’ultime signal: la scène a surtout ressemblé à une cérémonie d’adieux. Le Premier ministre, “touché”, n’a pu d’ailleurs réprimer un mouvement de main en direction de son coeur, comme pour dire “merci”.Sonnés, tête basse, les ministres sortent enfin de leur torpeur et se lèvent pour applaudir à leur tour leur chef de file. Mais l’échec est amer: tous, ou presque, savent qu’ils s’apprêtent à faire leurs cartons, après une parenthèse de trois petits mois seulement. Les yeux rivés sur son smartphone, le ministre du Budget Laurent Saint-Martin voit peut-être défiler les centaines d’heures passées à l’Assemblée et au Sénat à défendre les textes budgétaires, finalement sanctionnés dès le premier 49.3 de l’automne.Entre solennité et accès de colère, l’après-midi dans l’hémicycle aura résumé toute l’impasse politique du moment. Avec à la manoeuvre, une Marine Le Pen concentrée et grave, qui a longuement annoté son discours avant de porter l’estocade, soutenue par 140 parlementaires convaincus.Jean-Luc Mélenchon ne pouvait pas rater ça, lui non plus: discrètement, il se faufile en tribune, parmi les spectateurs, pour observer la prise de parole de sa rivale. Un peu plus tôt, le leader insoumis emmenait son air satisfait dans les jardins de l’Assemblée. Et osait une plaisanterie: “Il y a quelque chose aujourd’hui ?”- “Frémissement” -Au regard du branle-bas de combat qui se tient au Palais Bourbon, cela ne fait aucun doute, il se passait bien quelque chose.Des dizaines d’équipes TV sont en place depuis le matin, des journalistes internationaux venus couvrir cet événement unique depuis plus de 60 ans s’activent et se bousculent. Miki Hashimoto, reporter japonaise, n’est “venue que deux fois en 30 ans”. Mais “la situation est exceptionnelle: c’est le frémissement de ce qu’il se passe dans le monde entier”, dit-elle.Les huissiers et agents du Palais suent à grosses gouttes. Il a même fallu retirer des meubles pour faire de la place. Dans le personnel, “personne n’a vécu la censure avant”, reconnaît l’une d’entre eux. “On bat tous les records”, dit un administrateur.Les parlementaires, eux, errent au milieu de cette effusion. L’air triomphant de Laure Lavalette (RN), qui multiplie les interviews, répond à la mine grave de Gabriel Attal (Renaissance), qui file à toute vitesse vers l’hémicycle.- “Semeurs de chaos” -“On vit une petite fraction d’histoire”, glisse le RN Thomas Ménagé. L’Insoumis Eric Coquerel va plus loin: “Nous faisons l’histoire”. En séance, les invectives fusent. LFI ? “Che-guevaristes de carnaval”, lance Marine Le Pen. Les lepénistes ? Des “semeurs de chaos”, tonne Laurent Wauquiez (Les Républicains).Mais dans les couloirs, tout le monde est déjà projeté sur la suite. La sentence ? Elle semblait irrévocable depuis plusieurs jours. Alors l’avenir est à écrire.”Il nous faut ouvrir le jeu”, dit le député écologiste Pouria Amirshahi, dans une encadrure de porte, entouré par cinq journalistes qui gribouillent sur leur cahier. Un peu plus loin, le porte-parole du groupe socialiste, Arthur Delaporte, plaide pour “l’alternance”, que les “macronistes sortent du déni”. Gérald Darmanin est collé à son téléphone, François Hollande patiente lui sagement sur les bancs rouge vif de la chambre basse. Dans le camp gouvernemental, c’est aussi l’heure des embrassades et des remerciements. En public dans l’hémicycle, mais aussi en privé: pendant les opérations de vote, les ministres se sont éclipsés pour un temps. A Matignon, un pot de départ les attendait.

Barnier, le Premier ministre “old fashion” qui voulait étirer le temps

Michel Barnier, Premier ministre “old fashion”, qui aime avancer “pas à pas” et étirer le temps, a été renversé au bout de trois mois, bail le plus éphémère de la Ve République.Il se disait “prêt” à cette éventualité, lucide sur la tenaille qui l’enserrait: sans majorité absolue à l’Assemblée nationale et contraint de présenter un budget d’économies pour combler un lourd déficit.Il savait aussi que la gauche, qui avait remporté les élections législatives dans une Assemblée fracturée, a promis dès son arrivée de censurer ce Premier ministre de droite, et que le Rassemblement national, premier groupe à l’Assemblée, l’avait placé dès le départ “sous surveillance”.Sans compter ses partenaires de la droite et du centre qui lui ont donné aussi du fil à retordre.Michel Barnier, 73 ans, fut le chef de gouvernement le plus âgé de la Ve République. Son style incarnait le vieux monde et il le cultivait, par opposition au “nouveau monde” des macronistes.Face au chahut des députés, il trouve que l’Assemblée nationale a “bien changé”. Dans ce contexte “électrique”, il “est l’incarnation de la stabilité”, loue une de ses ministres.- “Old fashion” -L’ancien ministre de Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy aime se présenter comme “un montagnard” qui franchit “une étape après l’autre”, “sans esbroufe”, quand son prédécesseur, plus jeune Premier ministre de la Ve République, Gabriel Attal, communiquait beaucoup.Au risque d’avoir une “lecture old fashion” de la politique, déplore une ancienne ministre macroniste, qui note parfois du “mépris” de la part du locataire de Matignon à l’égard du camp présidentiel, doublé d’une vision ancienne et “bipartite” de l’Assemblée.”En vrai Barnier, c’est une énorme déception” ajoute la même élue, qui le décrit comme “rancunier” quand il raille le bureau “un peu vide” de Gabriel Attal ou veut revenir sur le bilan de ses prédécesseurs. Un ancien ministre pointe “quelqu’un d’orgueilleux” qui n’a “pas toujours été bien traité” mais est “allé jusqu’au bout” de ce qu’il pouvait faire.Cet homme “d’habitudes”, couche-tôt et “méthodique”, qui avoue lui-même ne pas être un “rigolo”, a loué encore récemment à Limoges devant des industriels “l’endurance et la ténacité”.Michel Barnier voulait “prendre le temps” pour aussi mieux le maîtriser. Il a mis deux douloureuses semaines pour former son gouvernement, pris en étau entre les surenchères de la droite, les dissensions macronistes, et la fin de non recevoir de la gauche.”C’est ce qu’il a fait (quand il était le négociateur de l’UE) sur le Brexit: il a étiré le temps et les procédures jusqu’au bout”, relève un conseiller ministériel.Puis, quand tout semble bloqué, il accélèrait. Jusqu’à mettre sa démission dans la balance devant ses partenaires convoqués à Matignon. Et sortir la carte d’un “candidat commun” pour 2027 face aux ambitions présidentielles de certains.- “Microcosme” -Quand Marine Le Pen pose un ultimatum pour obtenir de nouvelles concessions sur le budget, il affirme qu’il n’est “pas dans cet état d’esprit”, avant de céder quasiment une par une à ses exigences dans la dernière ligne droite.Mais le temps a fini par s’arrêter face à la surenchère. “Je ne croyais pas qu’elle oserait”, a-t-il lâché lundi après une conversation téléphonique avec la cheffe de file des députés RN, bien décidée à voter la censure malgré ses gestes.Marine Le Pen a “un agenda personnel”, assène depuis l’entourage de Michel Barnier, dans une allusion au procès des assistants du RN au Parlement européen, où la leader RN risque l’inégibilité.L’ancien commissaire européen qui a réussi à négocier le Brexit n’est pas parvenu au compromis rêvé en France. Il vantait pourtant encore récemment son “expérience” face aux europhobes britanniques -“On a des (Nigel) Farage chez nous aussi”.Marié et père de trois grands enfants, Michel Barnier commençait tout juste à esquisser une “ligne d’horizon” d’actions de plus long terme.L’ancien élu local de Savoie espère désormais qu’on garde de lui l’image “d’un honnête homme, patriote et européen”, qui sert dignement son pays” et surtout pas le “microcosme parisien”.”Les ors de la République, je m’en fous”, avait-il lâché mardi soir à la télévision.