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Le monde politique s’enflamme pour le comté

Une polémique autour de l’impact environnemental du comté, l’un des fromages les plus consommés en France, suscite l’ire des éleveurs de vaches laitières et a enflammé lundi la classe politique.La controverse a été déclenchée fin avril par un militant écologiste et antispéciste, Pierre Rigaux, invité de France Inter. Il semble que le comté soit “devenu un mauvais produit sur le plan écologique” et que les cours d’eaux soient pollués par la production de ce mets emblématique du massif du Jura, avait-il dénoncé.Appelant à se passer de ce fromage à pâte dure “plutôt mauvais pour la santé”, le militant avait affirmé que “le fromage tue et fait souffrir les animaux tout autant que la viande”.  Les producteurs de comté ont contre-attaqué: “ces attaques sont blessantes et injustes compte tenu du niveau d’exigences qu’on s’impose dans la région”, a déploré auprès de l’AFP Alain Mathieu, président du Comité interprofessionnel de gestion du comté. Se référant au strict cahier des charges qui encadre la production, M. Alain a estimé que “l’environnement et la préservation de nos ressources” faisaient partie des priorités de la filière, qui représente 14.000 emplois directs et indirects.- #TouchePasAuComté -Le préfet du département du Jura, Pierre-Édouard Colliex, a réagi samedi sur son compte X, reprenant le mot-dièse #TouchePasAuComté.”Le comté, c’est du Jura, du goût, du calcium, des protéines… et zéro culpabilité. (…) L’interdire? Autant interdire les couchers de soleil sur le Jura. Restons sérieux!” Plusieurs députés Rassemblement national se sont aussi exprimés pour “protéger” l’emblématique fromage jurassien, comme Julien Odoul, également conseiller régional en Bourgogne-Franche-Comté.A droite, Laurent Wauquiez, candidat à la présidence du parti Les Républicains, a vu dans la dénonciation du comté le “projet (…) d’une France sans identité et sans saveur”.A tel point que Marine Tondelier, secrétaire nationale des Ecologistes, a relayé lundi sur X un communiqué du parti pour “rétablir quelques vérités sur le comté”.”Les Ecologistes n’ont jamais demandé d’arrêter d’en manger, et encore moins de l’interdire”, a-t-elle soutenu.Les Ecologistes de Franche-Comté ont rappelé leur soutien à la filière, “bâtie sur des valeurs coopératives et une organisation exemplaire”, tout en ajoutant qu’il n’était “pas possible de nier l’impact environnemental de l’élevage et des fromageries, même sous AOP”.- Eaux troubles -Eaux troubles, mousse blanche, odeurs d’égout et poissons morts avaient été signalés entre 2019 et 2020 aux abords de laiteries présentant des défaillances importantes de traitement des eaux usées.Le parquet régional de l’environnement de Besançon avait ouvert des enquêtes. Deux premières fromageries avaient été condamnées en 2022 à de lourdes amendes.”Prendre des négligences individuelles pour discréditer l’ensemble de la filière ne peut être admis”, se défend Alain Mathieu.Devenues sous-dimensionnées, les stations d’épuration des laiteries incriminées déversaient “des eaux non traitées dans la nature, avec un effet catastrophique pour l’environnement”, sur un sol très perméable, avait analysé à l’époque le procureur de la République de Besançon Etienne Manteaux.Dans un vaste “plan fromagerie” lancé en 2022, l’autorité préfectorale avait mis en demeure 14 des 96 fromageries du Doubs de mettre en conformité leur installation de traitement ou de réparer les canalisations défectueuses.La quasi-totalité étaient désormais conformes en 2024, selon la DDETSPP, service de l’Etat chargé des mutations économiques.  Mais pour l’association environnementale SOS Loue et rivières comtoises, l’enjeu est surtout celui de la quantité de lait produit.”En 30 ans, le comté a plus que doublé sa production en passant de 30.000 tonnes en 1991 à 72.000 en 2024″, indique l’association écologiste, pour qui le cahier des charges “ne va pas du tout assez loin”.”Le nombre de vaches n’a certes pas augmenté, mais elles produisent plus de lait qu’avant, c’est-à-dire qu’elles se nourrissent plus et produisent plus d’excréments… ce qui contribue à l’augmentation des nitrates dans nos rivières”, résume-t-on à l’association. Le comté est le fromage AOP le plus vendu en France, indique le ministère de l’Agriculture sur son site.

Humour en politique: Saint-Pierre-et-Miquelon en vedette de la 2e sélection du prix 2025

La polémique sur les propos de Laurent Wauquiez proposant l’envoi à Saint-Pierre-et-Miquelon de personnes sous obligation de quitter le territoire (OQTF) s’est invitée à la deuxième sélection de petites phrases pour le prix 2025 de l’humour en politique.Le jury “Press Club, Humour et Politique” s’est intéressé à la réaction de Bernard Briand, président du conseil territorial de l’archipel nord-américain. Il a aussi retenu des phrases de l’insoumis Sébastien Delogu, de l’eurodéputée Reconquête Sarah Knafo ou du ministre de la Justice Gérald Darmanin.Le jury effectuera une dernière sélection en novembre avant de décerner ses prix.Bernard Briand, président du Conseil territorial de Saint-Pierre-et-Miquelon, jouant sur l’acronyme OQTF: “On quitte tout facilement” pour vivre à Saint-Pierre-et-Miquelon, “On vient en quête de tranquillité familiale”, ou encore “Ouvriers qualifiés pour travailler dans le froid” (campagne Facebook, 15 avril 2025)Gérald Darmanin, ministre d’État, garde des Sceaux, ministre de la Justice à propos de l’hypothèse d’une candidature en 2027: “Jusqu’à présent on entend des musiques d’ascenseur, ce qui m’intéresse c’est de faire le tube de l’année” (Le Parisien, 2 mai 2025)Sébastien Delogu, député LFI: “Mélenchon c’est Dieu; je suis le fils de Dieu” (Le Journal du Dimanche, 7 mai 2025)Sarah Knafo, députée européenne Reconquête: “Si Bruno Le Maire voulait rembourser la dette qu’il a causée, les 1.000 milliards d’euros, il devrait faire la plonge pendant 62 millions d’années” (LCI le 11 mai 2025)Ségolène Royal, à propos de Bruno Retailleau: “On a un ministre actuel qui nous explique qu’islamophobie est un mot qui a été inventé par un islamiste. Attendez, phobie cela vient de phobos, le grec ancien” (BFMTV, 27 avril 2025)

Un ex-journaliste du Point condamné pour diffamation envers Raquel Garrido et Alexis Corbière

Un ancien journaliste du Point a été condamné lundi par le tribunal correctionnel de Paris pour avoir accusé à tort les ex-LFI Raquel Garrido et Alexis Corbière, d’avoir employé une femme de ménage sans papiers, dans un article publié par l’hebdomadaire en 2022. La 17e chambre a estimé que le journaliste Aziz Zemouri et le directeur de la publication du Point, Etienne Gernelle, ne pouvaient “bénéficier de l’exception de bonne foi”, au regard de la “base factuelle lacunaire” de l’enquête. Le journaliste, qui a depuis cette affaire quitté la rédaction de l’hebdomadaire, a été condamné à une amende de 4.000 euros pour complicité de diffamation et Etienne Gernelle à la même somme pour diffamation publique. Le journaliste et le magazine devront par ailleurs verser conjointement la somme de 6.000 euros à Raquel Garrido et Alexis Corbière au titre des dommages et intérêts. “Il n’est pas acceptable de publier des articles faux sans aucune vérification”, a déclaré Alexis Corbière à l’issue du délibéré. Selon le député de Seine-Saint-Denis, il s’agit d’un “débat d’intérêt général, parce que tout le monde a droit a une information de qualité”. L’affaire remonte à un article publié en ligne le 21 juin 2022 avec la mention “Exclusif” et qui s’intitulait: “L’employée sans papiers de Raquel Garrido et Alexis Corbière”.Le journaliste Aziz Zemouri y mettait en cause les deux membres du couple alors députés LFI de Seine-Saint-Denis, les accusant d’exploiter une femme de ménage sans papiers qu’ils auraient par ailleurs “soumise à des cadences infernales”. L’article affirmait également que les députés, résidant à Bagnolet, scolarisaient leurs enfants à Paris.Dès le lendemain, l’hebdomadaire avait retiré l’article de son site et admis publiquement son caractère “faux” et “mensonger”.Aziz Zemouri avait de son côté présenté ses “excuses les plus sincères”, estimant avoir été “victime d’une manipulation”.”Nous avons démontré que son enquête était une farce menée complètement à charge, qu’il n’avait pas pris soin de vérifier ses sources et de les recroiser, qu’il n’avait fait quasiment pas de contradictoire”, a souligné Xavier Sauvignet, l’avocat du couple après l’annonce de la condamnation. – “Probité professionnelle” -Pendant le procès, la défense d’Aziz Zemouri avait argué du professionnalisme du journaliste “qui est connu de tous pour sa probité professionnelle”.”Même les meilleurs se font avoir”, avait affirmé Me David-Olivier Kaminski.L’ex-journaliste du Point a toujours affirmé devant les enquêteurs avoir été dupé par une de ses sources, un policier qui lui a donné le tuyau de la femme de ménage sans papiers.Les investigations ont permis de remonter jusqu’à Rudy Succar, un ex-chauffeur de Jean-Christophe Lagarde, député sortant et candidat UDI opposé à Raquel Garrido.Après plusieurs interrogatoires, l’ex-chauffeur avait reconnu s’être fait passer pour la femme de ménage auprès du journaliste sur demande pressante voire “obsessionnelle” de Jean-Christophe Lagarde, car celui-ci aurait voulu obtenir un élément compromettant contre sa concurrente. L’ex-député UDI a dénoncé les mensonges “les plus absolus et les plus absurdes”.Jean-Christophe Lagarde, Rudy Succar et Noam Anouar, le contact policier d’Aziz Zemouri, sont tous les trois mis en examen, notamment pour escroquerie en bande organisée, dans cet autre volet de l’affaire dans lequel l’ex-journaliste du Point est partie civile aux côtés du couple Garrido-Corbière.

Macron tous azimuts, Bayrou encalminé: semaine à deux vitesses pour l’exécutif

Vent dans les voiles après son week-end à Kiev, Emmanuel Macron plonge de plain-pied cette semaine dans la politique intérieure, avec en point d’orgue deux heures d’émission télévisée mardi soir. Offrant un contraste saisissant avec son Premier ministre, englué dans l’affaire Bétharram.Samedi avec Volodymyr Zelensky jouant la paix en Ukraine, mardi répondant aux questions du YouTubeur Tibo InShape: le président Macron se démultiplie, quitte à tenter tous les grands écarts.Il s’est illustré à la manÅ“uvre samedi à Kiev, lors d’un voyage commun avec les dirigeants allemand Friedrich Merz, britannique Keir Starmer et polonais Donald Tusk, plaidant pour un cessez-le-feu inconditionnel de 30 jours entre l’Ukraine et la Russie.  Après huit ans d’activité sur la scène internationale et aux côtés de leaders moins expérimentés, le chef de l’État français a habilement géré la mise en scène individuelle: dîner en tête-à-tête avec M. Zelensky et photo marquante des dirigeants débriefant avec le président américain, Donald Trump, autour du téléphone du Français sur haut-parleur.Des gains politiques que M. Macron espère faire fructifier à domicile, après avoir atteint à l’automne dernier des records personnels d’impopularité, dans le sillage d’une dissolution de l’Assemblée nationale ratée. “Ce n’est pas la remontada” dans les sondages “et il ne peut pas se permettre de rester sur son Aventin”, juge un ministre. Le même, constatant l’appétit retrouvé du président Macron pour les moindres détails de la vie politique intérieure, glisse: “Chassez le naturel, il revient au galop”.Lundi, le président a inauguré à Wissous (Essonne) un “laboratoire d’excellence” de l’entreprise franco-italienne EssilorLuxottica, leader mondial de l’optique, plaidant pour “une politique fiscale qui encourage l’investissement productif”. Un déplacement dans le cadre du raout annuel Choose France sur l’attractivité économique du pays, qu’il présidera le 19 mai.Si mercredi il devrait être sur le terrain pour les commémorations de l’attaque du péage d’Incarville qui a coûté la vie à deux agents pénitentiaires, l’attention se concentre sur ses deux heures d’émission spéciale mardi sur TF1. Il y débattra notamment avec la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, et le maire de Béziers Robert Ménard, répondra à des questions de Français et à des interpellations du YouTubeur Tibo InShape ou du journaliste Charles Biétry, atteint de la maladie de Charcot.- Fraîcheur -L’occasion de défendre le bilan mais aussi de dresser “des perspectives car il reste deux ans de mandat”, fait valoir son entourage.  Au menu, de possibles référendums, alors que M. Macron avait indiqué lors de ses vÅ“ux pour 2025 que les Français seraient amenés à “trancher” sur des sujets déterminants. L’éventail de thèmes que le chef de l’État pourrait soumettre à consultation est large, de l’utilisation des écrans chez les moins de 15 ans à l’organisation territoriale ou la fin de vie. La droite pousse ardemment pour mettre sur la table l’immigration et, la gauche, pour consulter les citoyens sur la retraite à 64 ans.”Est-ce que ce sera vraiment des référendums? Est-ce que ce sera des consultations citoyennes? Est ce que ce sera des sortes de votations? Je ne sais pas”, a évacué lundi la porte-parole du gouvernement, Sophie Primas, sur RTL. François Bayrou, lui, a proposé d’interroger les citoyens sur la trajectoire à venir des finances publiques, trois Français sur cinq s’y montrant favorables, selon un sondage Elabe publié dimanche.   “C’est un des plus importants sujets que la Nation a devant elle aujourd’hui. Je ne crois pas que la classe politique le traitera spontanément”, fait-il valoir auprès de l’AFP, s’en remettant donc au “peuple des citoyens”.La suggestion de M. Bayrou a reçu un accueil tiède dans l’entourage de M. Macron, signe de la fraîcheur d’une relation au sommet de l’exécutif faite de “hauts et de bas”, dixit un proche du Premier ministre.Difficile donc de ne pas regarder les deux heures d’émission de M. Macron à l’aune de ce qui attend M. Bayrou le lendemain: son audition par une commission d’enquête de l’Assemblée nationale sur les violences dans les établissements scolaires. En toile de fond, l’affaire Betharram qui lui colle aux doigts comme le sparadrap du capitaine Haddock, puisqu’il devra se défendre de sa connaissance de faits de violences sexuelles et physiques dans cet établissement au cÅ“ur de son fief des Pyrénées-Atlantiques.Ce dossier mobilise son énergie -il dénonce des “accusations scandaleuses”- plombe sa popularité et alimente son procès en immobilisme. Une situation que semble vouloir exploiter le chef de l’État: “Bayrou dans ses tergiversations et sa lenteur, il donne de l’air à Macron”, glisse un de ses fidèles.

Paris et Alger s’enfoncent dans la crise diplomatique

La crise diplomatique entre Paris et Alger s’est encore aggravée avec de nouvelles expulsions de fonctionnaires français du territoire algérien, à laquelle la France va répondre “de manière immédiate”, “ferme” et “proportionnée”, a annoncé lundi le ministre français des Affaires étrangères.”C’est une décision qui est incompréhensible et qui est brutale”, a réagi Jean-Noël Barrot lors d’un point presse à Pont-L’Evêque (ouest) où il était en déplacement. “Le départ d’agents en mission temporaire est injustifié et injustifiable. Et comme je l’ai fait le mois dernier, nous y répondrons de manière immédiate, de manière ferme et de manière proportionnée à l’atteinte qui est portée à nos intérêts”, a-t-il ajouté.Malgré une tentative de réconciliation début avril orchestrée par les deux présidents Emmanuel Macron et Abdelmadjid Tebboune, les deux pays ont échoué à reprendre langue de manière apaisée et durable, Alger ayant expulsé mi-avril douze fonctionnaires français du ministère de l’Intérieur.Le chargé d’affaires de l’ambassade de France en Algérie – en l’absence de l’ambassadeur Stéphane Romatet, rapatrié à Paris pour consultations – a été convoqué dimanche au ministère algérien des Affaires étrangères pour lui notifier cette nouvelle demande des autorités algériennes, avait-on appris plus tôt de sources diplomatiques françaises.- “Manquements flagrants” -Les fonctionnaires concernés étaient en mission de renfort temporaire, selon ces mêmes sources, qui n’étaient pas en mesure de préciser leur nombre, ni quand l’expulsion sera effective.”C’est une décision que je déplore parce qu’elle n’est ni dans l’intérêt de l’Algérie ni dans l’intérêt de la France”, a également commenté Jean-Noël Barrot.A ce stade, le ministère algérien des Affaires étrangères n’a pas publié de communiqué officialisant cette demande qui a été annoncée par une dépêche de l’Agence de presse algérienne (APS). L’Algérie exige “le rapatriement immédiat” de tous les employés français nommés dans des “conditions irrégulières”, affirme APS.”Cette convocation du diplomate français serait intervenue après le constat de manquements flagrants et répétés de la partie française au respect des procédures consacrées en matière d’affectation d’agents auprès des représentations diplomatiques et consulaires françaises en Algérie”, poursuit l’agence, “sans que ces affectations n’aient fait, au préalable, l’objet, ni de notifications officielles, ni de demandes d’accréditation appropriées comme l’exigent les procédures en vigueur. Les autorités algériennes dénonceraient aussi le blocage du processus d’agrément de deux consuls généraux algériens nommés à Paris et Marseille, ainsi que de sept autres consuls, en attente d’agrément depuis plus de cinq mois.Mi-avril, les autorités algériennes avaient déjà déclaré persona non grata douze fonctionnaires français, tous travaillant pour le ministère de l’Intérieur. Ils avaient dû quitter l’Algérie en 48 heures. Alger avait alors justifié cette décision par le fait que les autorités françaises avaient arrêté et mis en détention un agent consulaire algérien.La France avait immédiatement riposté en prenant une mesure similaire – l’expulsion de 12 agents consulaires algériens – et en rappelant Stéphane Romatet pour consultations. Le diplomate est toujours à Paris.- Gravité inédite -Dimanche, Jean-Noël Barrot avait souligné que la relation bilatérale restait “totalement gelée” depuis mi-avril, lors d’un entretien aux médias français France Inter/France Télévisions/Le Monde.La récente crise, d’une gravité inédite entre l’Algérie et son ancienne puissance coloniale (1830-1962), a démarré à l’été 2024 lorsque Emmanuel Macron a apporté son soutien total à un plan d’autonomie sous souveraineté marocaine pour le Sahara occidental, revendiqué depuis 50 ans par les indépendantistes du Polisario soutenus par Alger. L’Algérie avait immédiatement retiré son ambassadeur à Paris.A l’automne, l’arrestation à Alger de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal pour des déclarations portant, selon l’Algérie, “atteinte à l’intégrité du territoire”, avait fait monter d’un cran les tensions.Les tensions se sont ensuite enflammées début 2025 lorsque Paris a réclamé l’expulsion d’influenceurs algériens, refusée par Alger.Les autorités françaises reprochent, elles, le refus d’Alger de reprendre ses ressortissants qui sont frappés d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF).

Fin de vie: la porte-parole du gouvernement laisse entendre son opposition à “l’aide à mourir”

La porte-parole du gouvernement, la LR Sophie Primas, a clairement laissé entendre son opposition personnelle au projet de loi sur “l’aide à mourir” dont l’examen débute lundi à l’Assemblée, illustrant les divisions de l’exécutif sur le sujet.Si Mme Primas a déclaré sur RTL “ne pas savoir ce qu’elle voterait” si elle était sénatrice, elle a de fait exprimé son opposition en renvoyant, de manière inattendue, à une tribune d’un collectif “de citoyens et de soignants de gauche” (“Jusqu’au Bout Solidaires”) publiée sur le site du journal communiste L’Humanité.”Je voudrais vous engager à aller sur le site de l’Humanité voir une tribune absolument exceptionnelle, un collectif de médecins et de personnels soignants qui appellent à rejeter en fait ce texte sur la fin de vie”, a-t-elle affirmé.Dans cette tribune, ce collectif juge que la loi est “antisociale” car “la volonté de mourir ne tombe pas du ciel, ni ne surgit purement de l’individu” mais résulte “d’un discours intériorisé, dans une société qui dévalorise certaines vies (…) moins productives, moins indépendantes”.Mme Primas a laissé entendre que les amendements du gouvernement – défendus par la ministre Catherine Vautrin qui porte le texte – pour faire en sorte que “l’accès à l’aide à mourir soit très encadré”, n’allaient pas assez loin.”Si on regarde, par exemple, la législation au Canada, qui était très restrictive au début, elle a tendance aujourd’hui à s’élargir sur des publics vulnérables”, a-t-elle averti.Les députés débattront deux semaines durant, de deux propositions de loi, portant l’une sur les soins palliatifs, et l’autre sur l’aide à mourir. Fait inhabituel, le gouvernement est très divisé sur le second texte, avec notamment le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau (LR) en opposant déterminé et le Premier ministre lui-même François Bayrou assez réservé. 

Présidence LR: Retailleau promet un “étendard” de la droite en 2027

Bruno Retailleau, candidat à la présidence de LR, a promis dimanche que son parti aurait “un étendard” lors de la présidentielle de 2027, dans une réponse implicite à son rival Laurent Wauquiez qui le soupçonne de se rapprocher de l’ancien Premier ministre Édouard Philippe.”Nous avons vocation à avoir notre étendard LR (…) en 2027″, a affirmé le ministre à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), à une semaine de l’élection dimanche prochain du président des Républicains.”Je le dis à ceux qui font mine de ne pas comprendre”, a-t-il ajouté devant près de 2.000 personnes, estimées à “plus de 3.000” par lui-même.Il a ainsi répondu implicitement à Laurent Wauquiez qui a évoqué cette semaine “des bruits” sur un pacte pour la présidentielle entre Bruno Retailleau et Édouard Philippe, le patron d’Horizons. Le slogan de M. Retailleau “la droite fière et sincère” semble aussi cibler son rival, souvent présenté par ses détracteurs comme “insincère”. Le ministre de l’Intérieur s’est exprimé face à un public acquis, au premier rang duquel figuraient des ténors du parti. Parmi eux, le président du Sénat Gérard Larcher, celui des Hauts-de-France Xavier Bertrand, la porte-parole du gouvernement Sophie Primas et la présidente de la fédération de Paris Agnès Evren.Arrivé au son de “The show must go on” de Queen, Bruno Retailleau s’est employé à décocher ses flèches sur La France insoumise, qui se retrouve au centre de la campagne à la présidence de LR. Pendant cette campagne, “mes coups je les ai destinés uniquement à mes adversaires (…)”, a affirmé le ministre, faisant huer par le public LFI qu’il a qualifié de “honte”. Son adversaire Laurent Wauquiez a, pour sa part, affronté le coordinateur national de La France insoumise (LFI) Manuel Bompard lors d’un débat musclé sur BFMTV. Le patron des députés LR a réitéré ses attaques qu’il dirige dans ses meetings contre le parti de Jean-Luc Mélenchon, dénonçant une “dérive de LFI dans une proximité qui va toujours plus loin dans la direction de l’intégrisme musulman” et l’accusant “d’aller chercher les voix du communautarisme islamiste”.  M. Bompard, qui a qualifié de “ridicules” les attaques de patron des députés LR et lui a reproché de “mentir comme un arracheur de dents”, a contre-attaqué en l’accusant “d’alimenter des fantasmes” sur les Insoumis. “Vous êtes venu faire croire aux gens que les problèmes du pays seraient de la responsabilité de LFI alors qu’elle n’a pas gouverné ce pays”, a-t-il déploré, appelant à “partager les richesses” et à “lutter contre toutes les formes de racisme et discrimination”. “Je suis face à vous parce que je considère que vous êtes une menace pour la République”, a répliqué Laurent Wauquiez, qui veut faire des Républicains “un rempart contre le projet de LFI pour la France”. 

Plusieurs milliers de manifestants contre l’islamophobie dimanche à Paris

Plusieurs milliers de manifestants ont défilé dimanche à Paris à l’appel de plusieurs organisations et de personnalités pour dénoncer “la progression de l’islamophobie en France” et rendre hommage à Aboubakar Cissé, jeune Malien tué dans une mosquée du Gard.”Le racisme, ça commence avec des mots et ça finit comme Aboubakar”, clamait une pancarte visible dans le cortège où ont pris place de nombreux représentants de la France Insoumise, dont Jean-Luc Mélenchon, Louis Boyard, Aymeric Caron, Aurélie Trouvé ou Eric Coquerel, a constaté une journaliste de l’AFP.”Avec la mort d’Aboubakar Cissé, une ligne rouge a été franchie”, a estimé Tarek, 44 ans, cadre de production francilien, défilant sous le soleil avec un grand drapeau bleu-blanc-rouge.Au milieu de drapeaux français et palestiniens, les manifestants scandaient notamment “non, non à l’islamophobie”, avec plusieurs slogans et pancartes ciblant le ministre de l’Intérieur: “Même si Retailleau ne veut pas, nous on est là”, “c’est pas les femmes voilées, c’est pas les musulmans, c’est Retailleau qu’il faut virer”.Des organisations antiracistes avaient appelé à défiler dans la capitale, où la préfecture de police a compté 3.700 participants et les organisateurs 15.000, et ailleurs en France: ils étaient quelque 400 à Lille, environ 200 à Lyon selon la préfecture, 150 à Marseille selon les organisateurs et la préfecture de police.Le député LFI Éric Coquerel a déploré une “augmentation de l’islamophobie de manière incontestable, jusqu’à la mort d’Aboubakar Cissé dans une mosquée”. “Jamais on ne dira assez la responsabilité du ministre Retailleau qui fusionne droite et extrême droite”, a-t-il lancé, assurant à “nos compatriotes de confession musulmane” qu'”on ne lâchera rien”.”L’islamophobie tue, blesse, discrimine, humilie… Stop”, pouvait-on lire sur une pancarte à Marseille, où, dans le rassemblement, se trouvaient aussi un prêtre catholique, le père Joseph Sene, 36 ans, “venu soutenir nos frères musulmans”, et un pasteur protestant, Bryan Parrish, 63 ans, pour lequel “on peut très bien vivre ensemble”.Les trois premiers mois de l’année ont enregistré une augmentation des actes antimusulmans de 72% par rapport à la période en 2024 avec 79 cas recensés, selon un décompte du ministère de l’Intérieur.Yassine Benyettou, secrétaire national du collectif RED Jeunes et coorganisateur de la marche, a déploré cette semaine “une peur constante” grandissante dans la communauté musulmane, estimant que la “parole décomplexée” d’une partie de la classe politique alimente un climat antimusulman.Le meurtre d’Aboubakar Cissé a ravivé un débat autour du terme même d'”islamophobie”.Bruno Retailleau, dont l’attitude dans cette affaire a été critiquée à gauche et par des proches de la victime, a estimé qu'”il y a une connotation idéologique du terme +islamophobie+ très marquée vis-à-vis des Frères musulmans, qui fait que dans notre ministère, on prend la précaution de ne pas l’utiliser”.Le Premier ministre François Bayrou a au contraire défendu l’emploi du terme “islamophobe” dans cette affaire.Ce débat a trouvé un écho dans le cortège parisien dimanche avec cette pancarte brandie par un manifestant: “Ils ne sont pas islamophobes, c’est juste qu’ils n’aiment pas les musulmans”.ic-sm-burs/alu/jp

La relation entre Paris et Alger reste “totalement gelée”, déplore le chef de la diplomatie française

La relation entre la France et l’Algérie reste “totalement gelée” depuis l’expulsion brutale mi-avril de douze fonctionnaires français par Alger et une mesure de représailles similaires par Paris, a déploré dimanche le chef de la diplomatie française lors d’un entretien France Inter/France Télévisions/Le Monde.Plusieurs élus français, dont des députés et sénateurs de gauche et du centre, se sont rendus cette semaine en Algérie pour commémorer les massacres du 8 mai 1945, en pleines tensions entre Alger et Paris.”Ces massacres de Sétif méritent d’être commémorés. D’ailleurs l’ambassade de France à Alger a déposé une gerbe à cette occasion”, a souligné Jean-Noël Barrot. “Ça s’inscrit dans la logique de mémoire de vérité dans laquelle la France est engagée depuis 2017”, a-t-il précisé. “Il est toujours positif que les parlementaires puissent se déplacer à ces occasions, mais la relation reste bloquée et totalement gelée”, a-t-il souligné.Rappelé en France à la demande d’Emmanuel Macron, l’ambassadeur de France à Alger Stéphane Romatet est toujours à Paris “pour consultations” et aucune date de retour en Algérie n’a été évoquée pour le moment. Cette situation est “la faute des autorités algériennes qui ont décidé brutalement d’expulser douze de nos agents”, a dit le chef de la diplomatie. “Ce n’est pas uniquement une décision brutale sur le plan administratif, ce sont des hommes et des femmes qui ont dû quitter précipitamment leurs familles, leurs enfants, leurs domiciles”, a-t-il ajouté. Interrogé sur de potentielles sanctions contre Alger, Jean-Noël Barrot a rappelé avoir pris en début d’année des mesures “pour restreindre l’accès à la circulation des dignitaires” en France, qui avaient été “vivement ressenties par les personnes concernées”.”Je ne m’interdis pas d’en prendre (de nouvelles, ndlr). Je ne dirai pas forcément quand je les prendrai, quand je ne les prendrai pas. Ainsi fonctionne la diplomatie”, a-t-il conclu.

Frères musulmans: un rapport présenté en conseil de défense le 21 mai

Un rapport sur le mouvement des Frères musulmans et son “entrisme” sera au coeur d’un conseil de défense présidé par Emmanuel Macron le 21 mai, a déclaré dimanche le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau.Invité lors du Grand Jury RTL/M6/Le Figaro/Public Sénat à confirmer la date de cette réunion pour évoquer ce rapport tenu pour l’instant secret, le ministre a répondu qu'”il y aura bien ce conseil de défense qui sera présidé par le chef de l’Etat”. “Il sera bien le 21 mai et pour moi c’est fondamental parce que cela signifie que cette question va être placée au cÅ“ur de l’Etat et de l’interministériel”, a-t-il ajouté en évoquant “une menace pour la République”.Ce rapport n’est pas publié “parce qu’il est classifié confidentiel défense” et renferme des informations “qui, si elles étaient connues, y compris de ceux qui sont dans ce rapport, pourraient les renseigner”, mais une “version allégée” devrait être diffusée à une date encore à fixer, selon lui.Ce rapport pourrait-il proposer l’interdiction des Frères musulmans? “Non, parce que le problème des Frères musulmans, c’est qu’il y a peu de choses dans la confrérie secrète” mais “c’est l’entrisme”, a rétorqué le ministre. “Les Frères musulmans ont inventé la matrice politique de l’islamisme, mais ils ont un discours très très lisse. Et, aujourd’hui, on n’arriverait pas à constituer des preuves pour une dissolution”, a-t-il développé. “En revanche, là où on peut taper et c’est ce que l’on fait (…), c’est sur l’entrisme dans les clubs de sport, dans les écoles Al Kindi par exemple, c’est la question d’Averroès, la question de leur propre institut de formation à Château-Chinon, dans la Nièvre, qui vient d’être perquisitionné”, a poursuivi Bruno Retailleau.Le ministre avait annoncé il y a deux semaines son intention de rendre public “dans quelques jours” un rapport “accablant”, “constitué à partir de renseignements des services les plus qualifiés de l’Etat”, sur le “+frérisme+, les frères musulmans et leur entrisme”. Le gouvernement avait confié en mai 2024 une mission à deux hauts fonctionnaires sur “l’islamisme politique et la mouvance des Frères musulmans”, chargée de rendre un rapport à l’automne 2024.Ces travaux sont présentés comme étant dans la droite ligne du discours des Mureaux (Yvelines) sur le séparatisme prononcé par Emmanuel Macron en 2020 et qui a débouché sur la loi sur les principes et valeurs de la République de 2021.Â