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Retailleau menace de démissionner si la France cède sur le dossier algérien

Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a menacé samedi de quitter le gouvernement si Paris renonce à un rapport de force avec l’Algérie pour qu’elle accepte d’accueillir ses ressortissants en situation irrégulière en France.”Tant que j’ai la conviction d’être utile et que les moyens me sont donnés, je serai mobilisé”, fait valoir M. Retailleau dans une interview au Parisien diffusée en ligne samedi.”Mais, prévient-il, si on me demandait de céder sur ce sujet majeur pour la sécurité des Français, évidemment que je le refuserais.””Je ne suis pas là pour une place mais pour remplir une mission, celle de protéger les Français”, ajoute le ministre.M. Retailleau était questionné sur le dossier algérien et “la riposte graduée” qu’il appelle de ses vÅ“ux si Alger n’acceptait pas de reprendre ses ressortissants en situation irrégulière en France.Vendredi, le gouvernement a établi une première liste d’une soixantaine de ressortissants algériens qu’il souhaite expulser.Le refus de l’Algérie d’accepter ses ressortissants sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF), dont l’auteur d’un attentat qui a fait un mort à Mulhouse le 22 février, a fini d’envenimer des relations déjà très dégradées entre les deux pays depuis la reconnaissance en juillet dernier par le président Emmanuel Macron de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental.M. Retailleau, qui multiplie les déclarations virulentes contre Alger, notamment depuis l’incarcération mi-novembre de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, prône l’instauration d’un rapport de force, passant par une riposte graduée. “Au bout de la riposte, il y aura une remise en cause des accords de 1968”, affirme le ministre. “Je serai intransigeant et j’attends que cette riposte graduée soit appliquée”, dit-il.L’accord de 1968 donne un statut particulier aux Algériens en France, l’ancienne puissance coloniale, en matière de circulation, de séjour et d’emploi.Fin février, le Premier ministre François Bayrou a menacé de dénoncer cet accord si, dans un délai de six semaines, l’Algérie ne reprenait pas ses ressortissants en situation irrégulière.De son côté, M. Macron a joué la carte de l’apaisement en se disant “favorable, non pas à dénoncer, mais à renégocier” cet accord.

Des déchets textiles amassés près du Sénat pour relancer le débat sur la “fast fashion”

Dix tonnes de sacs de vêtements usagés s’amoncelaient vendredi matin près du Sénat, devant les grilles du jardin du Luxembourg à Paris, une image inhabituelle visant à réclamer l’adoption rapide d’une loi contre la “fast fashion”. Quelques dizaines de militants du collectif “Stop fast fashion” se sont activés dans le froid matinal, peu après 8H00, pour décharger ces déchets, formant un amoncellement d’un peu plus de 2 mètres de haut de sacs poubelle transparents et jaunes, un an exactement après l’adoption en première lecture par l’Assemblée nationale d’une proposition de loi visant à freiner la “fast fashion”.Ce texte “a été voté à l’unanimité il y a un an maintenant: qu’il soit aujourd’hui bloqué, retardé, reporté, contesté, on ne le comprend pas trop”, a déploré Tarek Daher, délégué général d’Emmaüs France, qui figure parmi la dizaine d’ONG fédérées dans cette coalition. Si la proposition de loi n’est toujours pas inscrite à l’ordre du jour du Sénat, la ministre déléguée au Commerce, Véronique Louwagie, a assuré vendredi matin sur Sud Radio qu’elle y serait examinée “avant l’été”, soulignant la nécessité de lutter contre les impacts environnementaux, sociaux et économiques de ce que l’on appelle également la “mode jetable”.”On produit tellement de vêtements, dans des quantités tellement astronomiques, que c’est illusoire de se dire qu’on va pouvoir tout recycler, tout traiter, tout réutiliser. Il y a un besoin de produire moins de vêtements”, a de son côté souligné auprès de l’AFP Pierre Condamine, chargé de campagne surproduction de l’ONG Amis de la Terre France, également membre du collectif. Outre cette mobilisation près du Sénat, Stop fast fashion, auquel participent aussi Zero Waste France ou encore France Nature Environnement, a organisé une quarantaine de manifestations vendredi dans différentes villes de France, des rassemblements ou des distributions de tracts visant à sensibiliser aussi les consommateurs. Selon le ministère de la Transition écologique, l’industrie textile est devenue l’une des plus polluantes au monde. Elle génère près de 10% des émissions de gaz à effet de serre (GES) mondiales – soit davantage que les vols internationaux et le trafic maritime réunis – et consomme 4% de l’eau potable du monde. La proposition de loi “visant à réduire l’impact environnemental de l’industrie textile” prévoit notamment une interdiction de la publicité pour la vente de vêtements à prix cassés et un “malus” environnemental renforcé pour les rendre moins attractifs.

Le communiste André Chassaigne élu adjoint au maire, a un mois pour quitter son mandat de député

Le patron des députés communistes André Chassaigne a été élu vendredi adjoint au maire de Saint-Amant-Roche-Savine, dans le Puy-de-Dôme, ce qui lui laisse 30 jours pour quitter son mandat à l’Assemblée nationale. Le député de 74 ans, élu à l’Assemblée depuis 2002, avait annoncé fin janvier son intention de quitter le palais Bourbon. “Il est temps que je cède ma place à un député d’une autre génération”, avait-il alors expliqué. Son élection en tant qu’adjoint au maire de cette commune, qu’il a dirigée entre 1983 et 2010, a été confirmée à l’AFP par la responsable de la communication du groupe communiste à l’Assemblée. Désormais en situation de cumul de mandats, M. Chassaigne a 30 jours à pour y mettre fin. Connu pour son franc-parler et sa défense des milieux ruraux, il est le président depuis 2012 du groupe GDR (qui regroupe élus communistes et ultramarins) à l’Assemblée. Son successeur à la tête du groupe devrait être Stéphane Peu, selon deux sources communistes. Le député de Seine-Saint-Denis de 62 ans avait défendu lors du dernier congrès du PCF en 2023 un texte d’orientation opposé à celui du secrétaire national Fabien Roussel et plus favorable à l’alliance de tous les partis de gauche.La co-présidence du groupe avec la députée de La Réunion Emeline K/Bidi, déjà en place, devrait se poursuivre.Personnalité respectée au palais Bourbon, André Chassaigne avait été l’été dernier le candidat du Nouveau Front populaire pour la présidence de l’Assemblée mais avait été battu par 220 voix à 207 par Yaël Braun-Pivet.Le départ annoncé d’André Chassaigne représente une nouvelle perte pour le parti communiste à l’Assemblée, après l’échec de plusieurs personnalités à se faire réélire lors des dernières législatives, dont Fabien Roussel et Sébastien Jumel. Le suppléant d’André Chassaigne, Julien Brugerolles, travaille avec lui depuis de nombreuses années et le remplacera sur les bancs de l’hémicycle. 

Le visuel de LFI sur Hanouna a été fait avec l’intelligence artificielle, dit un cadre du parti

Un visuel de La France insoumise avec le visage de Cyril Hanouna, qui a déclenché la polémique cette semaine et a été largement condamné comme antisémite, a été élaboré à l’aide d’un logiciel d’intelligence artificielle, a déclaré vendredi le député et cadre insoumis Paul Vannier.”Il a été produit en recourant à l’intelligence artificielle, au logiciel Grok, celui d’Elon Musk”, a-t-il déclaré dans l’émission C à vous sur France 5. “C’est une erreur que d’avoir utilisé cet outil”, a-t-il ajouté. “Nous avions cette règle depuis plusieurs années de ne jamais recourir à ces logiciels. Probablement parce que les logiciels d’Elon Musk contiennent en eux-mêmes, en effet, des choses qui sont nauséabondes.”Il a assuré que “des mesures” avaient été prises pour éviter “une situation semblable” à l’avenir.L’image, diffusée mardi sur les réseaux sociaux par LFI pour battre le rappel en vue de manifestations du 22 mars contre le racisme, a été rapidement retirée face au tollé suscité.Elle montrait le visage de l’animateur Cyril Hanouna, d’origine juive tunisienne, en noir et blanc, sourcils froncés et grimace agressive. L’image a été vue par de nombreux responsables politiques comme reprenant l’iconographie des caricatures antisémites des années 1930 et de l’Allemagne nazie.”Je crois que nous aurions dû empêcher cette publication. Ce visuel n’aurait pas dû être mis en circulation”, a déclaré Paul Vannier, reconnaissant une “défaillance” mais refusant d’être “dans la recherche d’une responsabilité individuelle”, alors que les journalistes l’interrogeaient sur la personne ayant donné son assentiment à la publication de l’image. A plusieurs reprises durant l’interview, M. Vannier a pointé du doigt l’outil d’IA lié au réseau social X du milliardaire Elon Musk, devenu proche conseiller du président républicain Donald Trump.”C’est peut-être une question intéressante d’ailleurs de s’interroger sur pourquoi l’intelligence artificielle d’Elon Musk conduit à ce type d’image”, a déclaré Paul Vannier.Il a également déploré “des indignations à géométrie variable”. “On bondit sur la France insoumise, mais (…) quand Elon Musk, il y a quelque temps encore, pratiquait le salut nazi, beaucoup bégayaient pour qualifier ce geste”, a-t-il accusé. “Si l’on veut lutter contre l’antisémitisme, c’est à l’extrême droite qu’il faut s’attaquer, parce que c’est elle qui le fait vivre aujourd’hui encore dans notre pays”, a-t-il ajouté.Marine Le Pen s’est dite cette semaine “scandalisée” par ces “références aux caricatures antisémites”. Les condamnations sont par ailleurs venues d’une grande partie de la classe politique. Cyril Hanouna a fait savoir qu’il voulait poursuivre La France insoumise en justice. 

2027: Édouard Philippe face aux ambitions multiples du “socle commun”

Candidat déclaré à la présidentielle, Édouard Philippe accélère sa campagne et cible François Bayrou. Mais de Gabriel Attal à Bruno Retailleau en passant par Gérald Darmanin, Laurent Wauquiez ou Michel Barnier, la liste est longue de dirigeants du “socle commun” à rallier… ou à devancer.L’ancien Premier ministre s’exprimera dimanche à Lille lors d’un nouveau “congrès régional” de son parti, Horizons, après celui tenu à Bordeaux fin janvier. Il y parlera “de la France, de l’impuissance de l’État” et de sa “méthode” pour conquérir l’Élysée, a-t-il précisé vendredi au Figaro. Un nouveau congrès est prévu le 18 mai à Marseille. Quant au programme, il sera dévoilé “à partir de mai 2026”.Suscitant régulièrement l’impatience d’une partie de ses troupes, le maire du Havre hausse le ton dans le Figaro. Il juge notamment “complètement hors-sol”, dans un contexte de regain des tensions internationales, le “conclave” entre partenaires sociaux sur la réforme des retraites concocté par François Bayrou.”Je ne dis pas que ce que fait le gouvernement est sans intérêt, et je connais la situation politique, mais je regrette qu’aucune réforme d’ampleur ne soit préparée. Au moment où l’Otan se fissure et où le multilatéralisme s’écroule, consacrer notre énergie à évoquer le mode de scrutin (municipal) à Lyon, Marseille et Paris me paraît curieux. Baroque même”, juge par ailleurs Édouard Philippe.Les rapports étaient déjà frais entre l’ancien et l’actuel Premier ministre, qui avait qualifié d'”antinational” de précédents propos prédisant l’absence de réformes d’ampleur d’ici à la présidentielle. Et François Bayrou a souvent critiqué en privé la stratégie du président d’Horizons visant à “reconstituer la droite”.À deux ans de l’échéance, si Édouard Philippe est le seul candidat déclaré, les ambitions sont légion tant dans le camp macroniste qu’au sein de la droite, son alliée au gouvernement depuis la dissolution.Côté macronie, Gabriel Attal s’est emparé de Renaissance, le parti du président. Et distille les mêmes critiques que M. Bayrou sur la stratégie droitière d’Édouard Philippe. Gérald Darmanin répète son intention de peser “d’une manière ou d’une autre” sur la présidentielle et a récemment évoqué l’hypothèse d’une large primaire, comme l’a fait le maire (LR) de Cannes David Lisnard.Invité à Lille dimanche, Gérald Darmanin réitérera-t-il sa suggestion? Les primaires ne sont pas très en cour chez Horizons. “L’espace politique dont ils parlent, c’est un truc qui va de LR jusqu’à Renaissance”. Or “ces forces politiques ne se parlent pas collectivement”, “elles ne se mettent pas d’accord collectivement au moment d’élections partielles. Et vous voudriez que pour les questions les plus emblématiques de désignation d’un candidat à la présidentielle, ces partis (…) se mettent spontanément d’accord sur une primaire et ses conditions ? Je n’y crois pas beaucoup”, a récemment évacué M. Philippe.-“Ne pas se tromper d’adversaire”-Gérald Darmanin a créé son propre parti, Populaires, et émarge toujours chez Renaissance, non sans distiller des critiques sur le parti présidentiel, qui organise un meeting le 6 avril.À droite, les LR requinqués par leur participation au gouvernement doivent élire un chef le 17 mai et la tension s’accroît entre les deux prétendants, Bruno Retailleau et Laurent Wauquiez.De son côté, l’éphémère Premier ministre Michel Barnier s’est assigné l’objectif de “faire vivre le socle commun” entre la macronie et LR, en vue d’un candidat unique pour 2027. Mais dans un contexte d’élection interne, pas question chez les deux candidats d’évoquer ce scénario. Encore moins de se ranger derrière Édouard Philippe.”Ce n’est pas un ennemi, mais nous ne sommes pas dans le même couloir de nage. On ne travaille pas le même espace politique. Lui, il est sur le bloc macroniste qui, de notre point de vue, n’existera plus en 2027″, juge-t-on dans l’entourage de M. Retailleau.Édouard Philippe “est prisonnier du +en même temps+ électoral”, renchérit-on du côté de M. Wauquiez.Posture électorale interne, semble analyser un ténor LR pour qui “avoir un seul candidat droite-centre” est la “seule formule pour réussir” face au Rassemblement national.”Le sujet, ce n’est pas les autres présidentiables de droite mais la relation avec les Français. Dans un contexte où il ne faut pas se tromper d’adversaire alors qu’il n’y a qu’une place qualificative face au RN”, appuie le secrétaire général d’Horizons, Christophe Béchu.

Procès en diffamation d’un journaliste du Point: Corbière et Garrido fixés le 12 mai

La déontologie journalistique a été passée à la loupe vendredi lors du procès en diffamation intenté par les ex-LFI Raquel Garrido et Alexis Corbière, accusés dans un article du Point en 2022 d’avoir employé une femme de ménage sans papiers.Le tribunal correctionnel de Paris rendra sa décision le 12 mai.”Vous avez une source unique qui est frelatée, des faits non vérifiés, un contradictoire qui est une farce: cette enquête ne tient tout simplement pas debout!” a fustigé dans sa plaidoirie l’avocat des parties civiles. “Juger de la qualité de cette enquête, c’est comme jouer au jeu des sept erreurs”, a poursuivi Me Xavier Sauvignet, qualifiant de “buzz organisé” l’article du Point.Ce dernier avait été publié en ligne le 21 juin 2022 avec la mention “Exclusif” et s’intitulait: “L’employée sans papiers de Raquel Garrido et Alexis Corbière”.Le journaliste Aziz Zemouri y mettait en cause les deux membres du couple, tous deux alors députés LFI de Seine-Saint-Denis, les accusant d’exploiter une femme de ménage sans papiers qu’ils auraient par ailleurs “soumise à des cadences infernales”.L’article affirmait également que les députés, résidant à Bagnolet, scolarisaient leurs enfants à Paris.Dès le lendemain, l’hebdomadaire avait retiré l’article de son site et admis publiquement son caractère “faux” et “mensonger”.Aziz Zemouri, qui a quitté l’hebdomadaire après cette affaire, avait aussi présenté ses “excuses les plus sincères”, estimant avoir été “victime d’une manipulation”.”Le contradictoire est une farce” dans cette affaire, a dénoncé Me Sauvaget, rappelant qu’Aziz Zemmouri n’a contacté qu’une seule fois par SMS les députés tout juste élus, avant la publication de son article, leur demandant s’ils comptaient régulariser la situation de leur femme de ménage.A son tour, le procureur de la République a évoqué “un manquement à la prudence” et des informations qui n’ont pas été vérifiées comme elles auraient dû l’être. “Il s’est fait avoir! Tout a été fabriqué pour que ça ressemble à quelque chose qui soit totalement vrai”, a soutenu Me David-Olivier Kaminski dans sa plaidoirie en défense.L’avocat du reporter a défendu le professionnalisme de son client, un journaliste “qui est connu de tous pour sa probité professionnelle”.”Même les meilleurs se font avoir”, a conclu le conseil d’Aziz Zemouri avant de demander la relaxe. – “Vérifier l’information” -L’ancien journaliste du Point a toujours affirmé devant les enquêteurs avoir été dupé par une de ses sources, un policier qui lui a donné le tuyau de la femme de ménage sans papiers.Les investigations ont ensuite permis de remonter jusqu’à Rudy Succar, un ex-chauffeur de Jean-Christophe Lagarde, député sortant et candidat UDI opposé à Raquel Garrido.Après plusieurs interrogatoires, l’ex-chauffeur avait reconnu s’être fait passer pour la femme de ménage auprès du journaliste sur demande pressante voire “obsessionnelle” de Jean-Christophe Lagarde, car celui-ci aurait voulu obtenir un élément compromettant contre sa concurrente. L’ex-député a dénoncé les mensonges “les plus absolus et les plus absurdes”.A l’audience, Raquel Garrido a regretté l’absence des deux prévenus, l’auteur de l’article, mais aussi le directeur de la publication du Point, Étienne Gernelle, tous deux responsables selon elle d’une “des pires fake news de l’histoire politique moderne”.Dénonçant un travail bâclé et un article politique, Raquel Garrido a rappelé à la barre que d’autres journalistes ont très vite démonté l’enquête du Point.”Il suffit de poser la question à n’importe qui à Bagnolet, c’est un village, tout le monde sait où on habite et où nos enfants vont à l’école et lui le grand reporter il n’a pas été capable de le faire!”, a ironisé l’ancienne députée.”Comment est-il possible qu’un grand hebdomadaire publie cela ?”, s’est interrogé Alexis Corbière à la barre. “La différence entre un blogueur, un influenceur et un journaliste, c’est le fait que le journaliste, normalement, vérifie l’information”, a poursuivi le député, qui siège aujourd’hui avec les écologistes. Dans l’autre volet de l’affaire, Jean-Christophe Lagarde, Rudy Succar et Noam Anouar, le contact policier d’Aziz Zemouri, sont mis en examen notamment pour escroquerie en bande organisée. Aziz Zemouri est lui partie civile aux côtés du couple Garrido-Corbière.

Paris sur le point d’envoyer à Alger une liste d’une soixantaine d’Algériens à expulser de France

Des relations diplomatiques à l’étiage et un bras de fer qui continue: la France a établi une première liste d’une soixantaine de noms d’Algériens à expulser, qui doit être envoyée à Alger de façon “imminente”.Dans le viseur des autorités françaises: “des profils de type +troubles à l’ordre public+ ou sortant de prison ou avec des profils dangereux. Sur cette liste ne figurent que des ressortissants algériens, dont nous avons les preuves de la nationalité algérienne”, a déclaré le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, en déplacement à Écully, près de Lyon, pour l’inauguration de l’école nationale de police scientifique de la police nationale.Cette liste “sera envoyée, elle ne l’a pas encore été”, a précisé le ministre, par ailleurs candidat à la présidence de LR et qui a multiplié ces dernières semaines les critiques visant l’Algérie, en particulier sur le volet migratoire.Le refus de l’Algérie d’accepter ses ressortissants sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF), dont l’auteur d’un attentat qui a fait un mort à Mulhouse le 22 février, a fini d’envenimer des relations déjà très dégradées entre les deux pays depuis la reconnaissance en juillet dernier par le président Emmanuel Macron de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental.”L’Algérie est tenue par un accord international et un accord avec la France. Nous avons plusieurs liens. Cette liste, ce sera un moment de vérité: ou bien l’Algérie accepte de respecter ses obligations, le droit, nos accords signés librement, ou bien nous mettrons en Å“uvre la stratégie que nous avons organisée d’une riposte graduée qui peut aller jusqu’à la remise en cause de l’ensemble de nos accords”, a poursuivi le ministre.La liste des Algériens expulsables, en l’état, semble loin des aspirations de Bruno Retailleau, qui avait initialement évoqué plusieurs centaines de personnes avant de faire état mercredi sur la radio RTL de quelques dizaines de cas. D’autres listes pourraient suivre, cependant.-engagements-“Nous espérons que tous les responsables, chacun à sa place, vont réfléchir au respect des engagements pris et à la compréhension qui sont nécessaires entre deux pays et deux sociétés qui ont négocié des accords aussi importants que ceux-là”, a fait valoir de son côté le Premier ministre François Bayrou, en marge d’un déplacement à La Rochelle, vendredi.Fin février, le Premier ministre avait menacé de “dénoncer” l’accord de 1968 qui donne un statut particulier aux Algériens en France, l’ancienne puissance coloniale, en matière de circulation, de séjour et d’emploi, si, dans un délai de six semaines, l’Algérie ne reprenait pas ses ressortissants en situation irrégulière.De son côté, le chef de l’État français a joué la carte de l’apaisement en se disant “favorable, non pas à dénoncer, mais à renégocier” cet accord.Si cette liste permet à Bruno Retailleau, en pleine campagne interne pour la direction de son parti, de continuer à adopter un discours de fermeté vis-à-vis de l’Algérie où le ministre de l’Intérieur français est accusé de “surenchère”, Paris espère aussi qu’Alger s’en saisisse pour réchauffer les relations diplomatiques avec son ex-colonie. “Bien sûr que la France aspire à avoir de bonnes relations avec l’Algérie, qui est un pays voisin avec lequel nos relations sont denses”, a assuré cette semaine le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot. “Pour cela, il faut que ces relations s’apaisent. Mais l’apaisement, ça ne se décrète pas unilatéralement”, a-t-il néanmoins souligné.Il a appelé les autorités algériennes à se saisir de la liste des ressortissants algériens à expulser afin qu’elles “initient ainsi une nouvelle phase de nos relations qui nous permette de traiter nos différends et d’amorcer d’éventuelles coopérations stratégiques”.L’annonce de cette liste a été par ailleurs faite au surlendemain des révélations concernant la mise en examen d’un fonctionnaire du ministère de l’Economie soupçonné d’avoir livré des informations sur des opposants au régime algérien vivant en France, grâce au concours d’une agente de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (Ofii).

Droits de douane: Eric Lombard déplore une “guerre idiote”

Le ministre de l’Economie Eric Lombard a regretté vendredi une “guerre idiote” avec les Etats-Unis, après les menaces de Donald Trump d’imposer à la France et à l’Union européenne des droits de douanes de 200% sur leurs champagnes, vins et autres alcools.”Les Etats-Unis en faisant ça, se font mal”, a estimé Eric Lombard dans l’émission les 4 vérités sur France 2.”On va être dans une phase d’escalade, ils ont taxé à 25% l’acier et l’aluminium européen, nous avons répondu, ils répondent à nouveau, ça s’est passé comme ça il y a huit ans”, a-t-il poursuivi, déplorant une “guerre idiote”.”Il faut qu’on discute avec les Américains pour refaire baisser la tension”, a encore déclaré Eric Lombard précisant qu’il se rendrait aux États-Unis pour rencontrer ses homologues “dans les jours qui viennent”.Depuis son retour au pouvoir en janvier, le président américain a lancé une série d’offensives commerciales contre ses alliés comme ses concurrents, affirmant que les Etats-Unis étaient injustement traités dans les échanges internationaux.Sont ainsi entrées en vigueur mercredi des surtaxes de 25% sur l’acier et l’aluminium, auxquelles l’UE a riposté en annoncant le jour même des droits de douane sur plusieurs produits américains dont le bourbon, les motos ou les bateaux. Le président américain a surenchéri avec ses menaces sur les alcools européens.”On sait que Trump est un négociateur et que sa façon de négocier, c’est d’abord d’augmenter les droits de douane”, a estimé Eric Lombard. Et “si on veut pouvoir négocier avec lui, il faut qu’on se mette à armes égales”, a-t-il justifié. Interrogée vendredi sur Sud Radio, la ministre du Commerce Véronique Louwagie a indiqué de son côté qu’il y avait “une autre liste de 90 pages qui est prête au niveau européen pour taxer d’autres produits venant des Etats-Unis”, mais sans détailler lesquels.”Il ne faut surtout pas, s’il y avait un deuxième paquet de sanctions (européennes, NDLR), y adjoindre des vins et des spiritueux,” a pour sa part dit vendredi à l’AFP la ministre de l’Agriculture Annie Genevard.”Je regrette, avec les producteurs (d’alcools européens NDLR), qu’on ait intégré dans la liste des produits sanctionnables, le bourbon. C’était un chiffon rouge”, a-t-elle ajouté, condamnant la menace américaine et espérant “que le travail de discussion entre les Etats-Unis et l’Union européenne va s’engager de façon à revenir à la raison”.Le Canada de son côté a déposé plainte devant l’Organisation mondiale du commerce (OMC), estimant que les surtaxes américaines vont “à l’encontre des obligations des Etats-Unis” en matière de commerce international.

L’Assemblée lance une commission d’enquête sur les effets psychologiques de TikTok

Les députés ont approuvé jeudi dans l’hémicycle la création d’une commission d’enquête sur les effets psychologiques de TikTok sur les enfants et adolescents, le réseau social étant particulièrement populaire chez les jeunes.La proposition de résolution portant création de la commission d’enquête, défendue par Laure Miller (Ensemble pour la République), a été adoptée par l’ensemble des 23 députés présents.TikTok, “c’est plus de 15 millions d’utilisateurs mensuels en France” et de nombreux enfants de 12 ans et moins possèdent un compte, “alors même que le réseau social est normalement interdit aux moins de 13 ans”, a-t-elle alerté.C’est aussi “le réseau social à la politique de modération la plus opaque et très probablement la plus inefficace”, a argué la députée.La commission d’enquête peut durer jusqu’à six mois, et devra notamment déterminer selon Mme Miller, “si l’application encourage ou non le passage à l’acte suicidaire et d’auto-mutilation”, ou si elle amplifie “la mise à disposition des contenus hypersexualisés”, qui “favoriseraient le développement de troubles”.La résolution a été soutenue sur tous les bancs : “TikTok est une machine à sous de dopamine”, a critiqué Arthur Delaporte (PS).”Sept familles (…) ont déposé plainte contre TikTok devant la justice française pour provocation au suicide et propagande aux publicités des moyens de se donner la mort”, a souligné Caroline Parmentier (RN).La commission ne peut enquêter sur une affaire judiciaire en cours, mais elle s’emploiera par exemple à déterminer si l’application propose davantage ou non de contenus dangereux aux personnes vulnérables. En 2022, une étude américaine avançait que les jeunes inscrits sur l’application et manifestant un mal-être recevaient en moyenne douze fois plus de vidéos sur le suicide et l’automutilation.”Pourquoi n’envisager que les seuls effets de TikTok ? Les GAFAM étasuniens sont tout aussi experts en matière de développement et de renforcement de pratiques dangereuses et addictives”, a regretté le député insoumis Arnaud Saint-Martin. “Rien ne nous empêchera si on trouve des solutions opérationnelles (…) de les transposer à d’autres réseaux sociaux”, a répondu Laure Miller.Mardi, TikTok a lancé dans l’Union européenne une fonctionnalité permettant aux parents de limiter le temps passé par les adolescents sur l’application.Au sujet de la commission d’enquête, le groupe disait avant sa création attendre de voir “les sujets que l’enquête souhaite aborder”. “Les thématiques (visées par la commission d’enquête) ne sont pas uniques à TikTok”, a-t-il souligné.

Une affiche d’Hanouna sème le trouble jusque dans les rangs insoumis

Jean-Luc Mélenchon a eu beau se défendre une énième fois jeudi des accusations d’antisémitisme visant son parti, la polémique créée par l’affiche représentant Cyril Hanouna suscite des remous jusque dans les rangs des députés de la France insoumise.Du rififi chez LFI? Officiellement, il n’y a rien à voir: “Par pitié, lâchez-nous, occupez-vous de ce qu’on raconte vraiment” et “arrêtez avec ce cirque des antisémites”, a protesté M. Mélenchon sur France Inter.Réponse censée clore la polémique provoquée par un visuel montrant le visage de Cyril Hanouna, d’origine juive tunisienne, en noir et blanc, sourcils froncés et grimace agressive.L’image, diffusée mardi sur les réseaux sociaux par LFI pour battre le rappel des manifestations du 22 mars contre le racisme, a été rapidement retirée face au tollé suscité.Sur la défensive, le patriarche insoumis a accusé les médias de “relayer la propagande des réseaux d’extrême droite”. La veille, son entourage avait déjà dénoncé des “accusations nauséabondes” émanant “essentiellement” de “militants d’extrême droite relayés par CNews, Europe 1 et le JDD” – propriétés du milliardaire conservateur Vincent Bolloré.Les condamnations sont pourtant venues d’une grande partie de la classe politique: Marine Le Pen s’est dite “scandalisée” par ces “références aux caricatures antisémites”. Des images “insupportables” et “intolérables”, a également tranché le président du Sénat Gérard Larcher (LR), le garde des Sceaux Gérald Darmanin fustigeant une image qui met “une cible sur le dos” de l’animateur. LFI n’a “plus rien avoir avec la gauche antiraciste”, a déploré l’ancien sénateur socialiste David Assouline.Critiques récusées en bloc par le fidèle lieutenant mélenchoniste Eric Coquerel: “C’est une manière de nous discréditer”, a estimé le député de Seine-Saint-Denis, assurant que “cette affiche ne reprenait pas les codes culturels” de l’antisémitisme, tout en reconnaissant “une maladresse sur la forme”.- “On a fait une connerie” -Pourtant en privé, d’autres manifestent vivement leur désaccord avec la dernière initiative du parti. Comme narré par le journal L’Opinion, l’élu de Gironde Loïc Prud’Homme s’en est ouvert dans une boucle Whatsapp interne, d’un message sans équivoque: “Y aurait-il un moyen de s’éviter un +shitstorm+ (merdier, ndlr) à chaque visuel?”.Son collègue parisien Aymeric Caron (apparenté LFI) a aussi demandé de “tenir compte du fait que chaque membre du groupe est impacté, une fois de plus, par ces communications catastrophiques, qui se multiplient”. Messages dont l’authenticité a été confirmée à l’AFP par des membres de ce groupe de messagerie – qui compte plus de 140 personnes.Un troisième député confie pour sa part sous le sceau de l’anonymat que “ce visuel n’aurait jamais dû exister”, même s’il se dit “sûr que ça n’a pas été fait avec une intention antisémite”.”Mais qu’à aucun moment, de la conception à la diffusion, personne n’y ait pensé… Il y a un problème de culture politique”, déplore cet élu, qui émet deux hypothèses: “Soit ça a été validé et c’est un problème de ligne politique, soit c’est pas validé et c’est un problème d’organisation”.Dans les deux cas, “il y a une responsabilité à assumer” pour reconnaitre “qu’on a fait une connerie”. Et dans l’organisation du parti, celle-ci revient aux “membres chargés de la +coordination des espaces+, au titre de la +bataille médiatique+”, souligne-t-il.Façon de désigner sans les nommer deux figures majeures de LFI, proches parmi les proches de Jean-Luc Mélenchon: le coordinateur en chef Manuel Bompard, qui a hérité de la circonscription marseillaise de son mentor, et la députée de Paris Sophia Chikirou, ex-conseillère en communication du triple candidat à la présidentielle.