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LR ne censurera le futur gouvernement que s’il contient des députés LFI ou applique le programme du NFP, affirme Wauquiez

Les députés Les Républicains ne censureront le futur gouvernement que s’il “met en oeuvre le programme du Nouveau Front populaire ou comporte des députés de La France insoumise”, a affirmé vendredi leur chef de file Laurent Wauquiez après un rendez-vous à l’Elysée.”Nous ne cèderons pas à la facilité de la censure, sauf dans une seule hypothèse qui serait celle d’un gouvernement mettant en Å“uvre le programme du nouveau Front Populaire ou comportant des députés de la France Insoumise”, a expliqué le chef du groupe Droite républicaine à l’Assemblée, dans une brève déclaration à la presse. Avec Mathieu Darnaud, chef des sénateurs LR, et plusieurs cadres du parti gaulliste, il s’est entretenu pendant plus d’une heure et demie avec Emmanuel Macron, qui doit désigner prochainement le futur Premier ministre après la censure du gouvernement de Michel Barnier.Laurent Wauquiez a appelé à la constitution d’un gouvernement qui soit “le plus stable possible”, mais n’a pas clarifié la question de la participation des Républicains à la future équipe gouvernementale.”La décision de participer à un gouvernement ne se prendra que sur la base du contrat de gouvernement” que proposera le futur locataire de Matignon, a-t-il expliqué.”Dans cette période, la décision de toute notre famille politique unie est d’assumer ses responsabilités”, a-t-il ajouté.Le leader de la droite a semblé un peu plus mesuré qu’un autre homme fort de son parti, Bruno Retailleau, qui avait affirmé dans la journée sur X que la droite “ne pourra faire aucun compromis avec la gauche qui a trahi Blum et Clemenceau”, durcissant le ton alors qu’Emmanuel Macron multiplie les consultations et a promis de nommer un Premier ministre “dans les prochains jours”.

Censure: des agriculteurs murent la permanence parlementaire de Hollande à Tulle

Des agriculteurs ont muré la permanence parlementaire de l’ancien président socialiste François Hollande vendredi à Tulle pour protester contre son vote mercredi en faveur de la motion de censure qui a renversé le gouvernement de Michel Barnier, a constaté une correspondante de l’AFP. “On vient murer symboliquement la permanence. Il est sur un territoire rural. S’il ne veut pas défendre ses agriculteurs, son territoire, il n’a pas besoin d’une permanence en Corrèze”, a déclaré Emmanuel Lissajoux, président de la branche départementale de la FNSEA, accompagné d’une trentaine de militants de son syndicat et des Jeunes agriculteurs.”Ca va retarder toutes les avancées obtenues” par les agriculteurs, a-t-il ajouté, évoquant la réforme du calcul des retraites agricoles, des mesures sur l’emploi des saisonniers agricoles et la défiscalisation du cheptel bovin ou encore l’aide à l’installation.”En faisant tomber le gouvernement, ils ont fait tomber ces mesures quasiment acquises, négociées ces dix derniers mois”, a-t-il encore regretté.Depuis jeudi soir, des actions similaires ont visé les permanences de députés ayant voté la censure du gouvernement Barnier dans d’autres départements de Nouvelle-Aquitaine: Charente-Maritime, Deux-Sèvres, Charente, Haute-Vienne, Vienne et Dordogne.Les agriculteurs répondaient à un appel national du syndicat majoritaire FNSEA et de son partenaire, les Jeunes agriculteurs (JA), dont le secrétaire général Quentin Le Guillous a exhorté ses troupes “à aller à la rencontre de tous les députés pour demander des comptes” après la censure du gouvernement. Les projets de budget 2025 et celui de financement de la Sécurité sociale contenaient en effet des mesures réclamées par les syndicats (allègements fiscaux et du coût du travail des saisonniers, annulation de la hausse de la fiscalité sur le gazole agricole…).

Militants de SOS Racisme agressés: l’ex-dirigeant des “Zouaves” se pose en victime à son procès

L’ancien leader présumé du groupuscule d’ultradroite dissous les “Zouaves Paris”, Marc de Cacqueray-Valmenier, s’est posé en victime de sa mauvaise réputation de néonazi, vendredi à Bobigny, où il était jugé pour la violente agression de militants de SOS Racisme lors d’un meeting en 2021 d’Éric Zemmour.Déjà condamné à plusieurs reprises pour violence, l’homme de 26 ans aux cheveux tondus sur la nuque et au bouc court comparaissait libre sous contrôle judiciaire, pour violence en réunion, avec un seul autre prévenu, un apprenti de 21 ans. Tous deux ont admis leur présence au meeting tout en assurant n’avoir pas participé aux violences.Cintré dans un pull noir sur chemise blanche, M. de Cacqueray-Valmenier se présente à la barre comme diplômé d’école de commerce mais actuellement titulaire d’un CDI dans “l’entretien de propriétés et la sécurité”, payé 2.000 à 3.000 euros. Il admet avoir travaillé “en Bretagne” mais avoir dû cesser son travail sur ce site du fait d’une “médiatisation” – des articles avaient affirmé qu’il était employé comme gardien de l’île privée de Vincent Bolloré.Quand le président Jean-Baptiste Acchiardi le présente comme “une figure reconnue dans la mouvance d’extrême droite”, le prévenu répond: “bien malgré moi mais je le reconnais”.Mais il conteste avoir jamais été le leader du groupuscule ultranationaliste les “Zouaves Paris”, qu’il dit n’avoir “fréquenté que de manière anecdotique” en 2020. Le gouvernement avait annoncé en janvier 2022 la dissolution de ce groupe informel, accusé d’être à l’origine de nombreux “agissements violents”, de “propager un discours ouvertement raciste” et de diffuser “régulièrement des images reprenant les symboles de l’idéologie nazie”. – “Pluie de coups” -Dans la petite salle du tribunal correctionnel emplie de militants de SOS-Racisme, les deux prévenus semblent rivaliser d’amnésie, quand de jeunes plaignants décrivent “la pluie de coups” reçus le 5 décembre 2021, à Villepinte, lors du premier meeting de campagne du candidat à la présidentielle Éric Zemmour. Une douzaine de militants de SOS Racisme étaient montés sur des chaises pour exhiber chacun une lettre de la phrase “Non au racisme”, également scandée. Ils avaient alors été agressés à coups de poing, de pied ou de mobilier jeté sur eux par des dizaines de personnes.Une militante de SOS Racisme, qui s’est vue reconnaître six jours d’ITT suite aux violences, a expliqué, émue, qu’ils voulaient “porter le message +non au racisme+ là même où le racisme se vit”. “J’ai juste eu le temps de crier une fois +non au racisme+” que le militant – noir – à ses côtés s’est “direct fait attraper et lyncher”, a-t-elle dit. “Je me suis retrouvée au sol”, prenant “des coups dans tous les sens”, a-t-elle raconté, faisant partie des plaignants qui ont identifié M. de Cacqueray comme un des agresseurs, dont le bas du visage était dissimulé par un cache-cou noir remonté. Lui ne se reconnaît sur aucune photographie ni sur la vidéo d’une minute et demie de violences projetée. Il conteste même d’ailleurs avoir été “avec des gens appartenant aux Zouaves Paris pendant ce meeting”. “Il y avait 13.000 personnes et comme écrirait Albert Camus, j’étais parmi eux mais j’étais pourtant seul”, ironise-t-il. L’avocat des parties civiles, Sacha Ghozlan, a plaidé que les militants, souvent noirs et arabes, de SOS Racisme, avait pris un “torrent de coups” par des personnes “animées par la haine et idéologisées”, membres d'”une jeunesse néonazie – et ce n’est pas un abus de langage”, a-t-il insisté.M. de Cacqueray-Valmenier, lui, s’est dit ciblé par une masse de “fake news”. “A partir de 2019, j’ai connu une surmédiatisation de mon profil, j’ai manqué d’être renvoyé de l’école où je faisais mon master, j’ai perdu plusieurs emplois”, a-t-il déploré. Il avait notamment été condamné, en janvier 2022 à Paris, à un an de prison ferme aménagée en détention à domicile sous bracelet électronique, pour violence en réunion sans incapacité, lors d’une expédition dans un bar de la mouvance antifasciste à Paris. En 2023, la Cour de cassation a confirmé sa condamnation à quatre mois d’emprisonnement avec sursis pour violences aggravées contre un jeune homme de la mouvance antifasciste en 2017. 

“Coup de force”, “trahison”: la classe politique s’indigne de l’accord UE-Mercosur

“Coup de force”, “trahison”, “coup de poignard”: la classe politique s’est indignée vendredi de la conclusion, annoncée par la présidente de la Commission Ursula von der Leyen, de l’accord commercial UE-Mercosur visant à supprimer la majorité des droits de douane entre les deux zones.”Pendant que Macron joue au Monopoly politique, le gouvernement allemand se réjouit de la forfaiture de von der Leyen: elle a signé le traité de libre échange Mercosur en Uruguay! (…) La France sort de l’Histoire”, a réagi le leader insoumis Jean-Luc Mélenchon. “Pas une honte, une trahison!” a pour sa part écrit le secrétaire national du PCF Fabien Roussel, à propos de ce projet de traité discuté depuis 1999 et qui devrait entre autres, permettre la création d’un vaste marché de plus de 700 millions de consommateurs, mais qui est rejeté par les agriculteurs européens et français. Le président du groupe macroniste à l’Assemblée Gabriel Attal a de son côté interpellé sur X la leader du Rassemblement national, Marine Le Pen: “En faisant tomber le gouvernement, vous avez affaibli la voix de la France en Europe, et limité sa capacité de blocage du Mercosur. Il n’y a jamais de hasard: il n’y a que des responsabilités à assumer. Alors, qu’attendez-vous pour assumer les conséquences de vos actes?”, s’est-il interrogé. L’intéressée comme son allié, le président du groupe UDR (Union des droites pour la République), Eric Ciotti, ont qualifié l’accord UE-Mercosur de “coup de poignard”: “dans le dos du peuple français” pour la première, “contre les peuples européens, contre la France, contre les décisions souveraines du parlement français et nos agriculteurs!” pour le second. “Face à la menace de l’accord (…) notre pays dispose d’un moyen de pression: le gel immédiat de la contribution française au budget de l’UE. C’est le rôle du président de la République de faire respecter la volonté de la France, et de protéger nos agriculteurs !” a écrit sur X le président du RN Jordan Bardella.En France, soutenus par une classe politique réunie dans une rare unanimité, les agriculteurs se mobilisent contre le traité de libre-échange. Ils redoutent une déferlante de viande latino-américaine et mettent en garde contre une concurrence déloyale de produits n’étant pas soumis aux normes environnementales et sanitaires strictes en vigueur en Europe.Un accord politique avait été conclu en 2019, mais l’opposition de la France, notamment, a bloqué l’adoption définitive, opposition qui s’est renforcée avec la crise agricole qui sévit en Europe.Le gouvernement français a estimé de son côté que cet accord “n’engage” que la Commission. Celle-ci négocie au nom des Etats membres qui doivent ensuite approuver et ratifier le traité.Ursula von der Leyen, qui devait assister à la réouverture samedi de la cathédrale Notre-Dame de Paris, a finalement fait savoir qu’elle ne ferait pas le déplacement.

Le PS prêt à négocier avec Macron pour obtenir “un Premier ministre de gauche”

Reçus vendredi à l’Elysée pour discuter de la formation d’un nouveau gouvernement, les leaders du Parti socialiste ont réclamé à Emmanuel Macron la nomination d’un “Premier ministre de gauche”, le président promettant de nouvelles consultations dans les prochains jours.Les lignes bougent au lendemain de la démission de Michel Barnier. En particulier à gauche, où le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, s’est dit prêt à discuter du “gouvernement d’intérêt général” souhaité par le chef de l’Etat, mais sur la base “de concessions réciproques”.Une ouverture avant un rendez-vous au sommet au palais présidentiel, où M. Macron a d’abord rencontré en début de journée les dirigeants de son propre camp (Renaissance, MoDem, Horizons, Radicaux, UDI), avant d’accueillir à midi M. Faure et les chefs des groupes socialistes à l’Assemblée et au Sénat, Boris Vallaud et Patrick Kanner. Il reçoit une délégation des Républicains à 20H00.”Le président n’a posé aucun préalable sur aucun sujet”, a affirmé le numéro un du PS, qui a lui fait savoir que ses troupes ne participeraient “en aucun cas à un gouvernement dirigé par un Premier ministre de droite”.Les socialistes ont même obtenu un geste d’ouverture de M. Macron: ce dernier a promis de s’entretenir avec leurs alliés écologistes, communistes et Insoumis, “probablement lundi” selon l’entourage du président.- Un “arc” sous tension -En se disant prêt à “des compromis sur tous les sujets”, y compris sur la réforme des retraites, M. Faure a néanmoins déclenché l’incompréhension ou la colère des partenaires du Nouveau Front populaire.A commencer par le patriarche Insoumis, Jean-Luc-Mélenchon, qui a souligné que “LFI n’a donné aucun mandat” au patron du PS “pour négocier un accord”. La cheffe des Ecologistes, Marine Tondelier, a aussi sursauté, appelant le PS à ne “pas tomber dans ce piège”.L’idée d’une grande coalition en braque également certains à droite. Comme le ministre démissionnaire de l’Intérieur, Bruno Retailleau, pour qui sa famille politique “ne pourra faire aucun compromis avec la gauche (…) qui a voté une motion de censure irresponsable”. En quête d’un “arc de gouvernement”, le chef de l’Etat a tenté jeudi soir de reprendre la main lors d’une allocution télévisée, promettant la nomination d’un nouveau Premier ministre “dans les prochains jours”.Cette annonce ne devrait toutefois pas intervenir avant lundi, selon plusieurs participants à la réunion matinale avec le bloc central.Entre-temps, Emmanuel Macron doit s’offrir une parenthèse avec la réouverture en grande pompe de Notre-Dame samedi, une journée chargée pour le chef de l’Etat qui recevra à l’Elysée le président élu américain Donald Trump puis son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky.- L’option François Bayrou -Quel qu’il soit, le nouveau Premier ministre aura comme priorité le budget, dont les discussions au Parlement ont été interrompues par la motion de censure.En attendant de reprendre les débats sur ce budget l’année prochaine, une loi spéciale sera déposée “avant la mi-décembre au Parlement”.Qui pour porter ce chantier? François Bayrou a déjeuné jeudi avec le président et s’est également entretenu avec un autre prétendant, l’ex-Premier ministre socialiste Bernard Cazeneuve. Les deux hommes ont occupé l’espace médiatique vendredi: “Le centre ne peut pas être la réponse seul. Ce qui s’impose, ce sont des rassemblements de personnalités qui gardent leurs idées et qui décident de travailler ensemble”, a lancé le patron du MoDem sur LCI. Quant à Bernard Cazeneuve, il a reconnu que François Bayrou “ferait un bon Premier ministre”.Les noms du ministre des Armées, Sébastien Lecornu, de Xavier Bertrand, ou du maire de Troyes, François Baroin, circulent également.Le lauréat devra non seulement constituer une équipe que M. Macron souhaite “resserrée”, mais également composer avec un Rassemblement national qui vient de faire tomber Michel Barnier… Et s’est dit prêt à répéter la manoeuvre s’il n’était pas entendu.”Que personne ne pense que j’aurais dorénavant les mains liées. Je peux tout à fait voter à nouveau une motion de censure”, a martelé Marine Le Pen auprès du Figaro.pab-far-gbh-ama/hr/swi

Gouvernement: le PS s’ouvre de plus en plus au compromis et provoque la fureur des Insoumis

La déclaration a fait l’effet d’une petite bombe à gauche. En s’ouvrant à des négociations pour le prochain gouvernement avec macronistes et LR au nom de la “responsabilité”, Olivier Faure a engagé le Parti socialiste sur une étroite ligne de crête, plongeant le Nouveau Front populaire dans la crise.Vendredi matin, à quelques heures de sa rencontre à l’Elysée avec Emmanuel Macron, le patron du PS s’est dit prêt à discuter avec le bloc central et la droite sur la base “de concessions réciproques” en vue de la formation d’un nouveau gouvernement qui aurait un “contrat à durée déterminée”.Avant de poser des conditions, à son arrivée pour rencontrer le chef de l’Etat: “Un Premier ministre de gauche” et un “changement de cap”.Mais il est prêt à de larges discussions. Laurent Wauquiez, le chef de file des LR, “peut venir autour de la table”, a-t-il reconnu. Il y a quelques jours encore, ses proches rejetaient pourtant fermement la proposition de Gabriel Attal d’un accord de non-censure allant des LR au PS.En gage de bonne volonté, le patron du PS a évoqué vendredi “un gel” de la réforme des retraites, et non plus une abrogation immédiate – pourtant la principale revendication de la gauche – expliquant la nécessité d’organiser “une conférence de financement”.”Quand je veux 100 et que j’obtiens 50, ça s’appelle faire un pas. J’aimerais par exemple qu’on rétablisse un ISF qui rapporte plutôt 15 milliards que trois, mais on verra”, a-t-il résumé.En échange de ces concessions, les socialistes espèrent donc décrocher un gouvernement de gauche qui ne serait pas censuré par le bloc central à l’Assemblée. Mais côté Insoumis, on s’étrangle. “Olivier Faure a tué le NFP (Nouveau Front populaire) pour discuter avec Attal et Retailleau”, a taclé le député LFI Paul Vannier, lieutenant de Jean-Luc Mélenchon.”Gouverner avec ceux qui pensent qu’il y a en France +des Français de papier+ et que +certains régressent vers leurs origines ethniques+ ? Eh oh, réveillez-vous ! Respectez-vous ! Respectez les électeurs !”, a renchéri le coordinateur de LFI Manuel Bompard en référence à des déclarations du ministre démissionnaire LR Bruno Retailleau.”Je ne reçois jamais de mandat de Jean-Luc Mélenchon”, a balayé Olivier Faure après son entretien avec Emmanuel Macron, au cours duquel il a plaidé pour que le chef de l’Etat appelle également les communistes et les Ecologistes.- Mise en garde écologiste -Car même chez les Ecologistes, parti qui est habituellement un point d’équilibre entre la gauche radicale de LFI et celle, plus sociale-démocrate du PS, la sortie d’Olivier Faure a provoqué des froncements de sourcils.Les Verts avaient tendu dans la semaine la main au bloc central, mais n’avaient pas inclus les LR dans le cercle possible des négociations, leur reprochant leur attitude à l’égard du front républicain pendant les législatives.”Attention. Vigilance”, a conseillé Marine Tondelier à Olivier Faure sur BFMTV.”Emmanuel Macron souhaite sûrement la mort du NFP mais le Parti socialiste ne peut pas tomber dans ce piège”, a prévenu la cheffe des Ecologistes en reprochant au PS de “mal commencer ses négociations” en lâchant trop de lest. “Tondelier se retourne contre le PS. Ils ont voulu nous isoler mais c’est le PS qui va s’isoler”, savoure un cadre LFI. Jusqu’à jeudi, par leur refus net de tout compromis avec le bloc central, les Insoumis étaient en effet dans une position minoritaire au sein du NFP.”Tout le monde a conscience de la gravité de la situation. Ça confère une responsabilité particulière. Donc oui il faut discuter”, temporise cependant le sénateur et porte-parole communiste Ian Brossat auprès de l’AFP.En s’engageant aussi franchement sur le chemin de la discussion, Olivier Faure se retrouve une nouvelle fois dans des situations inconfortables, lui qui est déjà tiraillé entre l’alliance avec les Insoumis et l’aile droite de son parti, qui souhaite rompre les ponts avec LFI.Alors que le congrès du PS, qu’il avait gagné de justesse la dernière fois, se profile pour 2025, beaucoup lisent aussi dans ses prises de position comme des gages donnés à son aile réformiste. “Il est sous pression et veut gagner son congrès mais il va tout perdre. Son congrès et sa crédibilité”, pronostique le cadre insoumis.

Macron à la recherche d’un nouvel “arc de gouvernement”, le PS prêt à négocier

Emmanuel Macron reçoit vendredi plusieurs dirigeants politiques allant du PS aux LR en passant par ceux de son propre camp en vue de la formation d'”un gouvernement d’intérêt général”, dont le PS s’est dit prêt à discuter sur la base “de concessions réciproques” mais avec “un Premier ministre de gauche”.Le chef de l’Etat, en quête d’un “arc de gouvernement”, a tenté jeudi soir de reprendre la main lors d’une allocution télévisée, promettant la nomination d’un nouveau Premier ministre “dans les prochains jours”.Il a reçu en début de matinée et pendant 1h30 les dirigeants du camp macroniste (Renaissance, MoDem, Horizons, Radicaux, UDI). Puis sont arrivés à midi le chef des députés socialistes Boris Vallaud et son homologue du Sénat Patrick Kanner, ainsi que le chef du parti Olivier Faure. En début d’après-midi, ce sera au tour des dirigeants de LR.L’annonce du nom d’un nouveau chef de gouvernement ne devrait pas intervenir avant lundi, selon plusieurs participants à la réunion avec le bloc central. Et encore davantage de temps devrait être requis pour connaître la composition de l’équipe ministérielle que M. Macron veut “resserrée”.Entre-temps, Emmanuel Macron doit s’offrir une parenthèse avec la réouverture en grande pompe de Notre-Dame samedi, où plusieurs dizaines de chefs d’Etat ou de gouvernement, dont le président élu américain Donald Trump, sont annoncés.Le Rassemblement national, la France insoumise, les Ecologistes et les communistes n’ont pas été invités à l’Elysée à ce stade, alimentant les spéculations sur une tentative d’enfoncer un coin à gauche.De facto, la rupture s’esquisse au sein du Nouveau Front populaire. Avant de rencontrer Emmanuel Macron, le Premier secrétaire du PS Olivier Faure a créé l’émoi à gauche en se disant sur France info prêt à discuter avec les macronistes et la droite sur la base “de concessions réciproques” en vue de la formation d’un nouveau gouvernement qui aurait un “contrat à durée déterminée”.M. Faure s’est dit prêt à “des compromis sur tous les sujets”, y compris sur la réforme des retraites dont il faudrait discuter le financement avant une abrogation. Les déclarations du socialiste ont fait bondir les Insoumis. “Olivier Faure a tué le NFP pour discuter avec Attal et Retailleau”, a taclé le député LFI Paul Vannier, lieutenant de Jean-Luc Mélenchon.Plus modérés, les écologistes ont aussi sursauté, Marine Tondelier appelant le PS à ne “pas tomber dans ce piège”.Face à ces réactions vives, le socialiste a réaffirmé, à son arrivée à l’Elysée, qu’il réclamait “un Premier ministre de gauche” et déploré qu’Emmanuel Macron “n’ait encore appelé ni les écologistes ni les communistes qui ont pourtant fait part de leur volonté de participer à une démarche constructive”.Chez LR, l’idée de négocier avec les socialistes a déjà braqué le ministre démissionnaire de l’Intérieur Bruno Retailleau pour qui “la droite ne pourra faire aucun compromis avec la gauche (…) qui a voté une motion de censure irresponsable”. – Coalition -Quel qu’il soit, le nouveau Premier ministre aura comme priorité le budget dont les discussions au Parlement ont été interrompues par la motion de censure.En attendant de reprendre les discussions sur ce budget l’année prochaine, une loi spéciale sera déposée “avant la mi-décembre au Parlement”, a affirmé le président, en décrivant une “loi temporaire” qui “permettra la continuité des services publics et de la vie du pays” en appliquant “pour 2025 les choix de 2024”.Qui pour porter ce chantier ? François Bayrou a déjeuné jeudi avec le président et s’est également entretenu avec un autre prétendant, l’ex-Premier ministre socialiste Bernard Cazeneuve.Le nom du ministre des Armées, Sébastien Lecornu, de Xavier Bertrand, ou du maire de Troyes, François Baroin, circulent également.- “Jusqu’en 2027” -Lors de son adresse suivie par 17,5 millions de téléspectateurs, Emmanuel Macron s’en est pris à “l’irresponsabilité” d’un “front anti-républicain” au sein duquel “l’extrême droite et l’extrême gauche se sont unies” contre Michel Barnier.Rejetant ces attaques, le patron du RN, Jordan Bardella, souhaite être reçu “très rapidement” par le futur Premier ministre, afin “que chaque force politique représentée au Parlement puisse faire connaître ses lignes rouges”. Alors qu’Emmanuel Macron a fustigé le “sens du chaos” de ceux qui “ne pensent qu’à une seule chose, l’élection présidentielle, pour la préparer, pour la provoquer, pour la précipiter”, Jean-Luc Mélenchon lui a répondu qu’il était “la cause du problème”, prédisant que le président “s’en ira par la force des événements”.Mais le chef de l’Etat a répété qu’il entendait accomplir son mandat “jusqu’à son terme” en 2027.Pointé comme le principal responsable de la situation politique après sa dissolution surprise de l’Assemblée, Emmanuel Macron a cependant reconnu que cette décision “n’a pas été comprise”. 

Nouveau gouvernement: pour Retailleau (LR), “la droite ne pourra faire aucun compromis avec la gauche”

La droite “ne pourra faire aucun compromis avec la gauche”, a réagi le ministre démissionnaire de l’Intérieur Bruno Retailleau après le geste d’ouverture du socialiste Olivier Faure se disant prêt vendredi à négocier avec les macronistes et LR sur la base de “concessions réciproques” pour un futur gouvernement.   “La droite ne pourra faire aucun compromis avec la gauche qui a trahi Blum et Clémenceau. Cette partie de la gauche qui a pactisé avec les Insoumis, refusé de dénoncer les folles dérives des mélenchonistes après le 7 octobre et voté une motion de censure irresponsable”, a déclaré sur X l’ancien chef de file des sénateurs LR. “Dans l’intérêt du pays, la droite peut accepter de faire des compromis, certainement pas des compromissions”, a-t-il insisté, durcissant le ton au lendemain d’une réunion des députés LR qui ont décidé de ne pas “censurer automatiquement” un gouvernement élargi au PS, contrairement à un exécutif comprenant des Insoumis.Interrogé par l’AFP, l’entourage de M. Retailleau confirme le rejet de tout compromis avec LFI et assure ne pas être disposé à participer à un gouvernement dont le Premier ministre “aurait une ligne qui ne serait pas convenable pour nous”, en particulier sur le budget. En clair, la droite serait disposée à gouverner uniquement avec des personnalités de gauche qui “n’ont pas été élues sur une ligne LFI”, citant comme exemples le ministre de la Justice démissionnaire Didier Migaud et les anciens Premiers ministre Bernard Cazeneuve et Manuel Valls. 

Accord UE-Mercosur : von der Leyen veut avancer, un bloc de pays autour de la France entend bloquer

La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen espère faire avancer vendredi à Montevideo l’accord controversé de libre-échange UE-Mercosur, lors du 65e sommet du bloc latino-américain, en dépit de l’opposition de la France, de la Pologne et de l’Italie à toute ratification.Sous l’influence du Brésil côté sud-américain, de l’Allemagne et de l’Espagne côté européen, les deux blocs souhaitent finaliser les discussions avant l’arrivée en janvier de Donald Trump à la Maison Blanche et ses menaces d’augmentation des droits de douane tous azimuts.”Nous sommes parvenus à un texte d’accord commun”, ne manquent que des “détails minimes”, a déclaré jeudi le ministre des Affaires étrangères uruguayen, Omar Paganini, après une rencontre avec le nouveau commissaire européen au Commerce, Maros Sefcovic. Il dit espérer que la “bonne nouvelle” d’un accord pourra être annoncée vendredi à l’issue de la réunion des chefs d’Etat.Mme von der Leyen, qui avant son arrivée jeudi en Uruguay avait dit sur X que “la ligne d’arrivée de l’accord UE-Mercosur est en vue. Travaillons ensemble, franchissons-la”, doit donner une conférence de presse commune avec les présidents brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, argentin Javier Milei, uruguayen Luis Lacalle Pou et paraguayen Santiago Peña.Mais à Paris, une source diplomatique auprès de l’AFP a fait valoir qu'”à ce stade, c’est une finalisation des discussions au niveau des négociateurs”, “ce n’est ni la signature, ni la conclusion de l’accord”. “Ce n’est donc pas la fin de l’histoire”.Le projet de traité, discuté depuis 1999, vise à supprimer la majorité des droits de douane entre l’Union européenne et le Mercosur afin de créer un vaste marché de plus de 700 millions de consommateurs. Il s’agirait du “plus grand partenariat commercial et d’investissement jamais vu. Les deux régions en tireront profit”, a affirmé Mme von der Leyen. – Minorité de blocage en vue -Si en vertu des traités européens, la Commission est seule négociatrice des accords commerciaux au nom des Vingt-Sept, tout texte signé avec les pays du Mercosur doit encore obtenir sa ratification en gagnant l’approbation d’au moins 15 Etats membres représentant 65% de la population de l’UE, puis en réunissant une majorité au Parlement européen.Une minorité de blocage peut également stopper toute ratification.Un combat que mène La France et Emmanuel Macron qui dans un appel téléphonique jeudi matin a “redit” à Mme von der Leyen que le projet d’accord commercial était “inacceptable en l’état”, a affirmé l’Elysée. “Nous continuerons de défendre sans relâche notre souveraineté agricole”, a ajouté la présidence française sur X. Après le Premier ministre polonais Donald Tusk affirmant fin novembre qu’il n’accepterait pas le projet “sous cette forme”, l’Italie a rejoint jeudi le front du refus : “Les conditions ne sont pas réunies pour souscrire au texte actuel”, affirment ces sources gouvernementales. Rome estime que “la signature peut avoir lieu seulement à condition que des protections adéquates et des compensations en cas de déséquilibres pour le secteur agricole” soient mises en place.Et ce trio déclaré n’est pas seul, puisque l’Autriche ou les Pays-Bas ont déjà exprimé des réticences.Pour empêcher l’adoption du texte, la France a besoin de rallier trois autres pays représentant plus de 35% de la population de l’UE, un seuil aisément franchi avec désormais l’appui de Rome et Varsovie.- Concurrence déloyale ? -En Europe, les partisans de l’accord soulignent le besoin de débouchés pour les exportateurs et la nécessité de ne pas laisser le champ libre à la Chine, rival avec qui les relations commerciales se sont considérablement tendues.L’accord permettrait à l’UE, déjà premier partenaire commercial du Mercosur, d’exporter plus facilement ses voitures, machines et produits pharmaceutiques. De l’autre côté, il permettrait aux pays sud-américains concernés d’écouler vers l’Europe de la viande, du sucre, du riz, du miel, du soja…Mais de nombreuses ONG et militants de gauche estiment que la création de cette vaste zone de libre-échange accélérerait la déforestation en Amazonie et aggraverait la crise climatique en augmentant les émissions de gaz à effet de serre. Greenpeace dénonce un texte “désastreux” pour l’environnement, sacrifié pour privilégier “les profits des entreprises”. Les agriculteurs français craignant une concurrence déloyale des produits sud-américains, notamment brésiliens, multiplient les manifestations.

L’allocution de Macron suivie par 17,5 millions de téléspectateurs

Un total de 17,5 millions de téléspectateurs ont regardé jeudi soir à 20H00 l’allocution télévisée d’Emmanuel Macron sur l’ensemble des chaînes qui la diffusaient, au lendemain de la censure du gouvernement de Michel Barnier, selon des chiffres de Médiamétrie vendredi.Cela représente 76,2% de part d’audience (PDA), ce qui signifie que plus de 7 personnes sur 10 qui étaient devant la télévision à ce moment-là regardaient cette allocution de dix minutes.Elle était diffusée par TF1, France 2, M6, TMC et les chaînes d’information en continu (BFMTV, CNews, LCI et franceinfo). A titre de comparaison, quelque 15,3 millions de personnes avaient regardé l’allocution télévisée d’Emmanuel Macron le 9 juin vers 21H, dans laquelle il avait annoncé sa décision de dissoudre l’Assemblée nationale, alors retransmise par TF1, France 2 et les chaînes d’info.Depuis l’Elysée, le président a déclaré jeudi soir qu’il nommerait “dans les prochains jours” un Premier ministre chargé de former un “gouvernement d’intérêt général”.Dans le détail, son intervention a rassemblé 6,8 millions de téléspectateurs sur TF1 pour une PDA de 29,4%, 5,3 millions sur France 2 (23,2%), 1,9 million sur M6 (8,1%), 1,1 million sur TMC (5%). Les audiences des chaînes d’information seront dévoilées ultérieurement.Traditionnellement, les allocutions exceptionnelles sont les interventions présidentielles les plus suivies, par rapport aux interviews ou aux conférences de presse.