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Macron sur une base aérienne en Haute-Saône au cÅ“ur de la “police du ciel”

Emmanuel Macron se rend mardi sur la base aérienne 116 de Luxeuil-les-Bains, en Haute-Saône, au cÅ“ur du dispositif français de “police du ciel”, en particulier dans le cadre de l’Otan, et qui a aussi contribué à la dissuasion nucléaire.Au moment où la France et l’Europe ont décidé de renforcer massivement leur défense face au début de rapprochement en cours entre le président américain Donald Trump et son homologue russe Vladimir Poutine, le chef de l’Etat va donc visiter un site permettant à la France, selon l’Elysée, “de jouer un rôle central dans la protection des intérêts de l’Alliance atlantique et au-delà”.Cette base “joue un rôle-clé dans la sécurité aérienne, tant sur le territoire national que dans l’espace aérien des alliés, en particulier sur le flanc oriental de l’Alliance”, a expliqué la présidence.Avec un escadron équipé de 26 avions de chasse Mirage 2000-5, elle contribue à la “posture permanente de sûreté”, c’est-à-dire la “police du ciel” au quotidien dans l’espace aérien français, mais aussi à des missions nationales, multilatérales ou de l’Otan, notamment au-dessus des Etats baltes, a-t-elle détaillé à des journalistes.”Symbolique particulière” dans un contexte de désengagement des Etats-Unis, cette base créée en 1912 a accueilli en 1916 l’escadrille La Fayette formée par des volontaires américains qui s’étaient engagés au côté de la France avant même l’entrée de Washington dans la Première Guerre mondiale.De 1966 à 2011, la base 116 a aussi participé à la mise en Å“uvre de la dissuasion nucléaire aéroportée française.Aujourd’hui, ce sont trois autres bases qui participent à cette dissuasion: Saint-Dizier (Haute-Marne), Istres (Bouches-du-Rhône) et Avord (Cher).Emmanuel Macron a annoncé début mars qu’il avait “décidé d’ouvrir le débat stratégique sur la protection par notre dissuasion de nos alliés du continent européen”, en réponse à un “appel historique” en ce sens du futur chancelier allemand Friedrich Merz.Après avoir visité la base de Luxeuil-les-Bains, le président doit se rendre mardi après-midi à Berlin pour rencontrer le chancelier sortant Olaf Scholz puis Friedrich Merz.

La censure reste sur la table, mais pas avant la fin du conclave sur les retraites, prévient Faure

François Bayrou “commet une erreur” s’il pense que les socialistes ne peuvent plus le censurer, mais ceux-ci attendront de voir l’issue du conclave sur les retraites, a affirmé mardi leur Premier secrétaire Olivier Faure.”Nous pouvons très bien censurer le gouvernement s’il n’honorait pas son engagement d’aller jusqu’au bout, s’il donnait le sentiment que, parce qu’il n’y a pas d’accord, on en reste à la réforme Borne, sans donner la parole au Parlement”, a averti M. Faure sur BFMTV/RMC après les déclarations du Premier ministre fermant la porte à un retour de l’âge de départ à la retraite à 62 ans.”François Bayrou commet une erreur s’il pense que nous ne pouvons plus le censurer (…) Nous avons sanctuarisé le budget, nous n’avons pas sanctuarisé la place de François Bayrou”, a-t-il ajouté.Mais, “tant que le conclave, la conférence sociale fonctionne”, le pacte de non-censure entre le gouvernement et les socialistes “n’est pas rompu”, a-t-il jugé.”Il y a des syndicats et des patronats qui continuent à se parler et à vouloir avancer”, s’est félicité le socialiste appelant ceux qui ont quitté la table de concertation – FO côté syndicats, U2P côté patronat – à y revenir “parce que le rapport de force ne peut pas se faire avec des chaises vides”.”On a besoin de venir produire des solutions, on ne peut pas laisser le récit gouvernemental s’imposer selon lequel, parce qu’il y a des efforts de défense, ce que j’approuve, on ne pourrait rien faire sur les retraites”, a-t-il estimé.”Ça n’est pas vrai (…) Prenez les niches sociales, c’est près de 100 milliards. Vous avez là des ressources qui pourraient servir à financer nos retraites”, a-t-il cité en exemple.

Caricature d’Hanouna: Faure appelle LFI à “présenter des excuses”

Le Premier secrétaire du PS Olivier Faure a appelé mardi les dirigeants de LFI à présenter “des excuses” après l’épisode “inacceptable” de la diffusion sur les réseaux sociaux d’une caricature de l’animateur Cyril Hanouna avec “tous les codes antisémites des années 30″.”C’est inacceptable. Et ce qui est encore plus intolérable, c’est qu’ils ont retiré cette affiche et ils n’ont pas accepté de donner des excuses”, a déclaré M. Faure sur BFMTV/RMC.”Il y a un moment où effectivement ces gens doivent se reprendre, accepter de présenter des excuses et expliquer que la France insoumise ne peut pas adhérer de près ou de loin à ce qui a fait le malheur de notre pays”, a-t-il ajouté.La France insoumise répond depuis plusieurs jours à de nombreuses interpellations après la publication d’un visuel – retiré depuis – destiné à battre le rappel pour participer aux manifestations du 22 mars contre le racisme. On y voyait l’animateur Cyril Hanouna, d’origine juive tunisienne et proche du milliardaire conservateur Vincent Bolloré, en noir et blanc, sourcils froncés et grimace agressive. Une image vue par de nombreux responsables politiques comme reprenant l’iconographie des caricatures antisémites des années 1930 et de l’Allemagne nazie.Divers responsables LFI ont admis une “erreur” ou une “maladresse”, reconnaissant ces derniers jours que l’image avait été générée par l’intelligence artificielle. Mais pas Jean-Luc Mélenchon qui a balayé l’accusation d’un tonitruant “taisez-vous” à un journaliste qui l’interrogeait dimanche.Interrogée mardi sur d’éventuelles excuses, la cheffe des députés LFI Mathilde Panot s’est agacée “d’une polémique qui dure maintenant depuis sept jours”, affirmant lors d’un point presse à l’Assemblée que “ce visuel n’est plus relayé que par l’extrême droite et par des médias qui visent uniquement à nous salir”.”Je veux dire maintenant que c’est assez”, a-t-elle ajouté, estimant que les Insoumis sont “plus que jamais ceux qui défendent l’unité du peuple français face à cette division d’extrême droite”.

L’inéligibilité devant le Conseil constitutionnel, à deux semaines du jugement Le Pen

Le Conseil constitutionnel se penche mardi sur la question des peines d’inéligibilité avec exécution provisoire, un hasard du calendrier alors que Marine Le Pen, elle-même menacée de ne pas pouvoir se présenter à la présidentielle 2027, sera fixée sur son sort dans deux semaines.L’audience, menée par le nouveau président du Conseil constitutionnel Richard Ferrand, débutera à 09H30. La décision sera rendue dix jours plus tard, le 27 ou 28 mars, soit quelques jours avant que le tribunal correctionnel de Paris ne rende son jugement concernant Marine Le Pen, contre laquelle le parquet avait requis en novembre une peine d’inéligibilité avec exécution provisoire (s’appliquant immédiatement même en cas d’appel). Le dossier arrivant devant le Conseil constitutionnel n’a rien à voir avec Marine Le Pen: les Sages examinent une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) posée par un élu local de Mayotte déchu de son mandat après avoir été condamné à une peine d’inéligibilité avec exécution provisoire.Cette règle, estime-t-il, est contraire à la Constitution car elle porte atteinte à la séparation des pouvoirs et à la “préservation de la liberté de l’électeur”. Le Conseil d’Etat a jugé que la question valait d’être transmise au Conseil constitutionnel.Les articles de lois visés ne concernent que les conseillers municipaux, mais certains espèrent que le Conseil constitutionnel profitera de l’occasion pour se prononcer plus largement sur le principe de la “liberté de l’électeur”, par exemple pour dire que cette liberté devrait toujours primer sur une décision de justice non définitive.Si c’était le cas, se poserait ensuite la question des conséquences éventuelles pour Marine Le Pen.Les juges interrogés sur ce scenario par l’AFP ont répondu qu’ils verraient mal les trois magistrats chargés du dossier Le Pen ne pas tenir compte d’une telle décision du Conseil constitutionnel – tout en soulignant qu’ils n’en auraient pas l’obligation. Mais ils rappellent aussi que les magistrats du dossier Le Pen ont très probablement déjà pris leur décision (ils délibèrent depuis quatre mois), et ont “évidemment” bien en tête ce qui est en jeu pour la prochaine présidentielle.Cinq ans de prison dont deux ferme, et cinq ans d’inéligibilité avec exécution provisoire avaient été requis contre Mme Le Pen. Le fait que l’accusation réclame une peine d’inéligibilité était attendu car cette peine est obligatoire en cas de condamnation pour détournement de fonds publics. C’est la demande d’exécution immédiate qui avait surpris, et scandalisé au RN et même parmi ses adversaires politiques.

Lutte contre le narcotrafic: Retailleau et Darmanin défendent un texte “vital” devant les députés

Les députés ont entamé lundi une semaine de débats houleux sur la proposition de loi sénatoriale visant à lutter contre le fléau du narcotrafic, un test pour Bruno Retailleau et Gérald Darmanin qui ont défendu certaines dispositions combattues par la gauche et une partie de la macronie.Face aux trafiquants, “nous ne sommes pas dans un combat à armes égales”, a déclaré le ministre de l’Intérieur en ouverture des discussions. “Il faut impérativement que nous puissions donner à nos services, à nos forces de sécurité intérieure, ces armes dont elles ont impérativement besoin. C’est un combat vital.”La proposition de loi “visant à sortir la France du piège du narcotrafic”, portée au Sénat par Étienne Blanc (LR) et Jérôme Durain (PS), y avait été adoptée à l’unanimité le 4 février. L’une de ses principales mesures, parmi les plus consensuelles, prévoit la création d’un parquet national anticriminalité organisée (Pnaco).Certains craignent malgré tout que ce parquet ne vienne à remplacer les juridictions interrégionales spécialisées (JIRS) travaillant déjà sur le sujet. “Les JIRS seront renforcées”, a assuré le garde des Sceaux à la tribune, annonçant “le renfort de 95 magistrats supplémentaires (…) dans la lutte contre le narcobanditisme” dans ces juridictions.”C’est un texte difficile, c’est un texte important”, a martelé M. Darmanin.A l’Assemblée, les votes devraient être plus partagés qu’à la chambre haute, au vu de la tournure des débats en commission des lois début mars.La proposition de loi y a certes été adoptée, mais avec le seul soutien du RN et de la coalition gouvernementale. Les socialistes – comme les écologistes et les communistes – se sont abstenus, bien que l’un des leurs, Roger Vicot, soit corapporteur du texte. Les Insoumis ont voté contre.Et le texte été amputé de plusieurs mesures phares.Les députés ont ainsi supprimé un article visant à obliger les plateformes de messagerie chiffrée (Signal, WhatsApp…) à permettre l’accès aux correspondances des trafiquants pour les services de renseignement. La ministre du Numérique Clara Chappaz et le président de la commission des lois, Florent Boudié (Renaissance), s’y étaient eux-mêmes montrés opposés.M. Retailleau a toutefois estimé qu’une “solution” sur cette question pouvait être trouvée. “Soyons clairs, aujourd’hui, les écoutes de grand-papa, c’est terminé. Parce que désormais, ces grands criminels sont passés massivement sur des messageries cryptées. (…) l’Etat ne peut pas avoir une guerre de retard.” Egalement supprimé, un article proposant la mise en place d’un “dossier coffre” ou “procès-verbal distinct” permettant de stocker des informations recueillies via des techniques spéciales d’enquête sans que les avocats des narcotrafiquants ne puissent y accéder lors de la procédure judiciaire. Une disposition qui met à mal le principe du contradictoire, regrettent de nombreux parlementaires, magistrats et avocats.- “Sursaut” -Autant d’épines dans le pied d’un duo ministériel pourtant déterminé à obtenir le rétablissement de ces mesures dans l’hémicycle.Pour Bruno Retailleau, qui est candidat en parallèle à la présidence des Républicains et a mis sa démission dans la balance sur le dossier algérien, l’enjeu est crucial: il s’agit de sa première occasion d’obtenir des résultats au Parlement… Et répondre du même coup aux critiques régulières du Rassemblement national et de son rival LR Laurent Wauquiez.D’autres mesures, votées en commission, ne manqueront pas de susciter de très vifs débats. Ainsi de l’idée de créer un nouveau régime carcéral d’isolement pour les narcotrafiquants les plus dangereux, portée par Gérald Darmanin.L’idée a particulièrement crispé les socialistes, qui se sont abstenus sur le texte en commission pour cette raison, selon M. Vicot.M. Darmanin, suivant en cela un avis du Conseil d’Etat, devrait soutenir l’amendement du rapporteur Vincent Caure portant “à deux ans renouvelables”, plutôt que quatre, la durée d’affectation dans ces quartiers de haute sécurité.Egalement très polémiques: la généralisation de la visioconférence pour les détenus des quartiers de haute sécurité, le passage à 120 heures de garde à vue pour les “mules”, l’activation à distance des appareils électroniques fixes et mobiles.Invité de CNews dimanche, le député et coordinateur de LFI Manuel Bompard a dénoncé un texte “inefficace et dangereux”.La mobilisation des quatre groupes de la coalition gouvernementale, dont les représentants étaient peu présents en commission, sera une des clés du devenir du texte.M. Darmanin, qui a reçu les représentants des différents groupes, oppositions comprises, a accueilli lundi soir à son ministère les membres de la coalition gouvernementale. Bruno Retailleau était également présent.

Nucléaire: l’Elysée vise désormais 2038 pour la mise en service du premier réacteur EPR2

L’Elysée vise désormais l’horizon 2038 au lieu de 2035 pour la mise en service du premier des six futurs réacteurs EPR2 voulus par Emmanuel Macron, une relance nucléaire qui devrait s’appuyer sur un prêt de l’Etat à taux préférentiel et un renforcement de la souveraineté en uranium.Le président de la République avait annoncé en février 2022 un programme de construction de 6 nouveaux réacteurs nucléaires et une option pour 8 autres avec une mise en service vers 2035 pour le premier d’entre eux, à Penly. Mais un audit gouvernemental de février 2022 mentionnait déjà l’horizon 2037. L’Elysée évoque désormais d'”ici 2038″ pour la “première mise en service”, selon le communiqué de la Présidence diffusé à l’issue d’un conseil de politique nucléaire (CPN) autour d’Emmanuel Macron, le 4e depuis 2022.Aux conditions de 2020, le coût du programme estimé à 51,7 milliards d’euros en 2022 s’élève désormais à 67,4 milliards, ce qui revient à 79,9 milliards aux conditions plus récentes de 2023, selon un rapport de la Cour des comptes de janvier sur la base d’un chiffrage d’EDF fin 2023. Sans attendre le devis définitif de l’électricien EDF, le CPN a esquissé “les grands principes du schéma de financement” du programme qui doit permettre à la France, avec les énergies renouvelables, de réduire sa dépendance aux énergies fossiles importées.Il serait notamment “basé sur un prêt de l’État bonifié couvrant au moins la moitié des coûts de construction”, selon le scenario du modèle de financement de la centrale tchèque de Dukovany essentiellement par un prêt de l’Etat à taux zéro, validé par l’Union européenne.- “Moins d’urgence” -En France, il serait assorti d’un contrat sur la production nucléaire à un prix garanti par l’Etat de 100 euros maximum du mégawattheure. Concrètement, si l’électricité d’EDF est vendue sur les marchés au-delà, EDF doit verser des recettes à l’Etat ; en-dessous, c’est l’Etat qui compense EDF.L’idée est de “finaliser dans les prochaines semaines les discussions entre l’État et EDF et d’initier rapidement les échanges avec la Commission européenne, dans la perspective d’une décision finale d’investissement d’EDF en 2026”, au lieu de fin 2025, pour cette étape clé préalable au lancement du chantier. Pourquoi ce décalage? “Il y a moins d’urgence alors autant prendre du temps pour réussir le programme”, souligne une source proche d’EDF. Le temps des menaces des pénuries d’électricité en 2022 dans le sillage de la guerre en Ukraine semble bien loin: “depuis, la production d’EDF est revenue au niveau d’avant crise énergétique, les efforts de sobriété ont porté leurs fruits, et comme la demande d’électricité n’augmente pas au niveau envisagé, il n’y a pas d’urgence”, ajoute cette source. Pour Greenpeace, “l’Elysée persiste dans sa fuite en avant” concernant son programme nucléaire “en dépit de tout bon sens économique, industriel et environnemental”.- “Relancer la recherche” -EDF l’a indiqué fin février, elle préfère se donner encore “plusieurs mois” pour présenter un devis optimisé. L’objectif pour l’électricien et son unique actionnaire, l’Etat, est d’éviter le scénario de Flamanville, le chantier de l’EPR normand émaillé de retards et de surcoûts.Dans un contexte de regain d’intérêt pour l’atome dans le monde, le CPN s’est penché sur l’approvisionnement en uranium. Il valide ainsi “le plan d’action visant à sécuriser l’amont du cycle (extraction et transformation de l’uranium, NDLR) et le soutien que l’État apportera à Orano (ex-Areva, NDLR) sur l’approvisionnement” de la France “à moyen et long terme”. Des annonces qui “s’inscrivent dans la continuité des investissements lancés dans l’amont ces derniers mois”, a salué Orano.Le CPN a aussi “lancé des travaux préparatoires” en vue de “relancer la recherche sur la fermeture du cycle, qui permettra à terme de se passer des importations d’uranium naturel” en réutilisant le combustible usé, dans la deuxième moitié du siècle.Sur la question des mini-réacteurs (SMR ou small modular reactors), le CPN a appelé le CEA “à engager des discussions” avec les start-up qui développent les projets les plus avancés en vue d’implantation sur ses sites nucléaires à Marcoule et Cadarache.

Expulsions: Alger oppose une fin de non-recevoir à la demande de Paris

L’Algérie a opposé lundi une fin de non-recevoir à la liste d’Algériens expulsables fournie par Paris ces derniers jours, réitérant son “rejet catégorique des menaces, velléités d’intimidation, injonctions et ultimatums” venant de France.”Les autorités algériennes ont décidé de ne pas donner suite à la liste soumise par les autorités françaises” et les ont “invitées à suivre le canal d’usage (pour une telle procédure, ndlr) en l’occurrence celui établi entre les préfectures et les consulats”, selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères.La France a établi une première liste d’une soixantaine de noms d’Algériens à expulser, qui a été remise vendredi 14 mars au chargé d’affaires de l’ambassade d’Algérie en France, selon cette source.En rejetant cette liste, l’Algérie a dit n’être “animée que par le souci de s’acquitter de son devoir de protection consulaire à l’égard de ses ressortissants”, selon le communiqué.Il est important, pour Alger, de “veiller au respect des droits des personnes faisant l’objet de mesures d’éloignement”.”Sur la forme”, Alger a estimé que Paris “ne pouvait pas unilatéralement et à sa seule discrétion remettre en cause le canal traditionnel de traitement des dossiers d’éloignement”, celui qui relie chaque préfecture française au consulat algérien de sa zone. “Sur le fond”, l’Algérie a rappelé l’existence d’accords bilatéraux de 1974 et 1994 qui restent “le cadre de référence principal en matière consulaire entre les deux pays”. En annonçant la remise prochaine d’une liste d’Algériens expulsables vendredi dernier, le ministre français de l’Intérieur Bruno Retailleau avait évoqué des “profils de type +troubles à l’ordre public+, sortant de prison ou avec des profils dangereux”.Les relations entre la France et l’Algérie ne cessent de se dégrader depuis la reconnaissance en juillet dernier par le président Emmanuel Macron d’un plan d’autonomie sous souveraineté marocaine proposé par Rabat pour le Sahara occidental, territoire au statut non défini selon l’ONU.Le refus de l’Algérie d’accepter plusieurs ressortissants sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF), dont l’auteur d’un attentat qui a fait un mort à Mulhouse le 22 février, a aggravé la situation.Bruno Retailleau multiplie les déclarations virulentes contre Alger, notamment depuis l’incarcération mi-novembre de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, poursuivi pour des déclarations faites en France à un média réputé d’extrême droite et considérées comme portant atteinte à l’intégrité du territoire algérien.- “Réponse graduée” -Après le rejet de la liste d’Algériens à expulser, M. Retailleau a promis lundi soir une “réponse graduée”, en disant “regretter que l’Algérie refuse d’appliquer le droit international”.Fin février, le Premier ministre François Bayrou avait menacé de “dénoncer” l’accord de 1968 qui donne un statut particulier aux Algériens en France, l’ancienne puissance coloniale, en matière de circulation, de séjour et d’emploi, si, dans un délai de six semaines, l’Algérie ne reprenait pas ses ressortissants en situation irrégulière.Toutefois, début mars, le président français Emmanuel Macron avait paru vouloir jouer la carte de l’apaisement en se disant “favorable, non pas à dénoncer, mais à renégocier” cet accord. M. Macron avait rappelé que ce traité relevait de la seule prérogative présidentielle et qu’il avait “acté” en 2022, avec son homologue algérien Abdelmajid Tebboune, “sa modernisation”.”Il ne faut pas que (les relations entre Alger et Paris) fassent l’objet de jeux politiques”, avait déclaré M. Macron à Porto (Portugal), alors que la droite et l’extrême droite françaises se sont emparées du sujet porté par M. Retailleau, candidat à la présidence du parti Les Républicains (LR, droite).Réagissant elle aussi au refus algérien, la cheffe de file du Rassemblement national (extrême-droite), Marine Le Pen, a estimé que “l’heure n’est plus aux déclarations d’intention” et a demandé un “gel des visas et des transferts de fonds privés”, la “fin de l’aide publique au développement”, et la “dénonciation des accords de 1968”.M. Tebboune avait regretté début février un “climat délétère” entre l’Algérie et la France, appelant Emmanuel Macron à “faire entendre sa voix” pour favoriser une reprise du dialogue bilatéral.

Nucléaire: l’Elysée vise désormais 2038 pour la mise en service du premier réacteur EPR2

L’Elysée a annoncé qu’il visait désormais l’horizon 2038 au lieu de 2035 pour la mise en service du premier des six futurs réacteurs EPR2 voulus par Emmanuel Macron, une relance nucléaire qui devrait s’appuyer sur un prêt de l’Etat à taux préférentiel et un renforcement de la souveraineté en uranium.  Le président de la République avait annoncé en février 2022 un programme de construction de 6 nouveaux réacteurs nucléaires et une option pour 8 autres avec une mise en service vers 2035 pour le premier d’entre eux, à Penly. Mais un audit gouvernemental de février 2022 mentionnait déjà l’horizon 2037 pour les premières mises en service. L’Elysée évoque désormais d'”ici 2038″ pour la “première mise en service”, selon le communiqué de la présidence diffusé à l’issue d’un conseil de politique nucléaire (CPN) autour d’Emmanuel Macron, le 4e depuis 2022.Aux conditions de 2020, le coût estimé à 51,7 milliards d’euros en 2022 est à présent évalué à 67,4 milliards, ce qui revient à 79,9 milliards aux conditions plus récentes de 2023, selon un rapport de la Cour des comptes de janvier sur la base d’un chiffrage d’EDF de fin 2023. Le mois dernier, le ministre chargé de l’Energie Marc Ferracci avait fixé les ordres de grandeur, en évoquant un coût “en-dessous de 100 milliards d’euros”, tenant compte notamment de l’inflation.Pour connaître le chiffre définitif, il faudra patienter: EDF a indiqué le 20 février que la présentation du devis complet du programme prendrait encore “plusieurs mois”.- “Moins d’urgence” -Alors comment financer ces réacteurs qui doivent permettre à la France, avec les énergies renouvelables, de réduire sa dépendance aux énergies fossiles importées?Lundi, les participants ont “examiné les grands principes du schéma de financement” de ce programme, précisant qu’il serait notamment “basé sur un prêt de l’État bonifié couvrant au moins la moitié des coûts de construction”, selon la présidence. Un tel modèle a déjà été validé par l’Union européenne pour le financement de la centrale tchèque de Dukovany essentiellement par un prêt de l’Etat à taux zéro.En France, il serait assorti d’un contrat sur la production nucléaire à un prix garanti par l’Etat de 100 euros maximum du mégawattheure, selon le communiqué. Concrètement, si l’électricité nucléaire d’EDF est vendue sur les marchés au-delà de ce seuil, EDF doit verser des recettes à l’Etat ; en-dessous, c’est l’Etat qui compense EDF. L’Elysée espère “finaliser dans les prochaines semaines les discussions entre l’État et EDF” et “initier rapidement les échanges avec la Commission européenne, dans la perspective d’une décision finale d’investissement d’EDF en 2026”, au lieu de fin 2025, pour cette étape clé préalable au lancement du chantier. Pourquoi ce décalage? “Il y a moins d’urgence alors autant prendre du temps pour réussir le programme”, souligne une source proche d’EDF. Car le contexte est bien différent du spectre des pénuries d’électricité en 2022 dans le sillage de la guerre en Ukraine: “depuis, la production d’EDF est revenue au niveau d’avant crise énergétique, les efforts de sobriété ont porté leurs fruits, et comme la demande d’électricité n’augmente pas au niveau envisagé, il n’y a pas d’urgence”, ajoute la même source. – “Relancer la recherche” -L’objectif d’EDF et de son unique actionnaire, l’Etat, est bien d’éviter la répétition du scénario de Flamanville, le chantier de l’EPR normand émaillé d’une série de dérapages de coûts et de calendrier. D’où le rappel du conseil de politique nucléaire sur “la nécessité pour EDF de consolider la maîtrise industrielle du programme”.Au moment où l’atome connaît un regain d’intérêt dans le monde, le CPN s’est également penché sur le risque de “tensions importantes” sur la demande d’uranium qui sert à fabriquer le combustible nucléaire, et a validé “le soutien que l’État apportera à Orano (ex-Areva, NDLR) sur l’approvisionnement en uranium de la France à moyen et long terme”.Le Conseil de politique nucléaire a aussi “lancé des travaux préparatoires” en vue de “relancer la recherche sur la fermeture du cycle, qui permettra à terme de se passer des importations d’uranium naturel”, dans la deuxième moitié du siècle. Sur la question des mini-réacteurs (SMR ou small modular reactors), le CPN a appelé le CEA “à engager des discussions” avec les start-up qui développent les projets les plus avancés en vue d’implantation sur ses sites nucléaires dans le sud à Marcoule et Cadarache 

Sur le cas Hanouna, Mélenchon à contre-courant de ses troupes

Ses lieutenants venaient d’effectuer à l’unisson un rare exercice d’autocritique sur l’affiche de La France insoumise représentant Cyril Hanouna. D’un tonitruant “taisez vous”, Jean-Luc Mélenchon a fait voler en éclat la communication de son parti, et relancé les interrogations sur sa stratégie.Le plus dur était fait. Après cinq jours de polémique, le coordinateur de LFI, Manuel Bompard, et la cheffe des députés Insoumis, Mathilde Panot, ont fini par reconnaître dimanche matin “une erreur”: avoir utilisé l’intelligence artificielle pour créer un visuel.En l’occurrence celui montrant le visage de Cyril Hanouna, d’origine juive tunisienne, en noir et blanc, sourcils froncés et grimace agressive.Censé battre le rappel des manifestations du 22 mars contre le racisme, il a surtout déclenché un tollé et de nouvelles accusations d’antisémitisme contre la formation de gauche radicale.Raison pour laquelle l’image a aussitôt été retirée, afin “qu’il n’y ait aucun ambiguïté sur ce sujet”, a fait valoir M. Bompard. Déjà, les jours précédents, plusieurs cadres Insoumis avaient plaidé une “maladresse” comme Eric Coquerel et Manon Aubry, ou une “défaillance” comme Paul Vannier.Un début de contrition collective, destiné aussi à apaiser le malaise qui s’est fait jour en interne, à l’instar du député apparenté Aymeric Caron déplorant les “communications catastrophiques qui se multiplient”.Mais pour Jean-Luc Mélenchon, pas question de faire amende honorable. Une erreur? “Pourquoi vous me posez cette question? De quel droit? Qui vous êtes? Vous m’accusez? Est-ce que vous m’accusez? Alors taisez-vous!”, a répliqué le triple candidat à la présidentielle au journaliste qui l’interrogeait dimanche midi sur France 3.De l’antisémitisme? “Pourquoi ça serait de l’antisémitisme? Ça suffit! Ça suffit maintenant!” a-t-il encore tonné, juste avant que l’émission ne se termine.- “Une stratégie assumée” -La colère en guise de réponse, signe d’une “fuite en avant” selon Jérôme Guedj, ancien protégé de Jean-Luc Mélenchon du temps où celui-ci était sénateur socialiste de l’Essonne – les deux hommes ont depuis rompu avec fracas.”Je le connais par coeur, ça puait la fausse indignation”, affirme l’actuel député PS, convaincu que son ex-mentor “veut jouer la victimisation”, quitte à entacher du soupçon d’antisémitisme les rassemblements contre le racisme organisés avec plus de 200 autres organisations.Un comble, d’autant que l’événement pourrait être l’occasion d’une grande réunion avec les socialistes, les communistes, les écologistes, et une partie des syndicats.”C’est l’illustration que tout ce que LFI touche à gauche, ils l’abiment”, insiste M. Guedj, convaincu que “l’entêtement” du patriarche Insoumis “montre que ce n’est pas une erreur, mais une stratégie assumée de transgression” dirigée vers “un électorat arabo-musulman” supposé “sensible à ce type de clin d’oeil antisémite”.Un choix peut-être délibéré, mais discuté jusque dans les rangs mélenchonistes. “Est-ce que l’objectif c’est de gagner en 2027?”, se demandait ainsi un député insoumis avant même la dernière fureur du grand chef.”Jean-Luc est très rationnel”, veut croire cet élu. De deux choses l’une, donc: “Soit il pense que c’est nécessaire aujourd’hui pour asseoir sa candidature”, mais dans ce cas “à deux ans de l’échéance, il serait temps de passer à la phase suivante”.Ou alors “il pense que c’est perdu, que Marine Le Pen va gagner et que son rôle est de fortifier un bataillon de résistants”. Défaitistes, les Insoumis? “J’ai parfois l’impression que notre stratégie est plutôt celle-là”.

Le gouvernement insiste: le retour à la retraite à 62 ans n’est “pas réaliste”

Après François Bayrou, le gouvernement persiste: “l’impératif” d’un équilibre financier conjugué à un nouvel effort militaire ne rendent “pas réaliste” le retour à la retraite à 62 ans, de quoi susciter colère et incompréhension, de la gauche qui parle de “trahison” aux syndicats qui veulent des “clarifications”, en plein “conclave” des partenaires sociaux.”La retraite à 62 ans, avec le cadrage qui a été fixé de revenir à l’équilibre du système des retraites en 2030, (…) c’est juste que c’est pas réaliste”, a ainsi déclaré lundi la ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin.Une déclaration dans la droite ligne de celle de François Bayrou qui a répondu “non” dimanche à une question sur un retour de l’âge de départ à la retraite à 62 ans, contre 64 ans dans la loi actuelle, compte tenu du contexte international.Le Premier ministre a ainsi donné l’impression de préempter, au moins sur ce point, l’issue des discussions entre partenaires sociaux. Ce que le ministre de l’Economie Eric Lombard a tenté de rectifier par la suite en affirmant que c’est le “conclave” qui “doit se prononcer”. Mais la voix de M. Lombard, interlocuteur privilégié des socialistes dans les négociations budgétaires qui ont abouti à une non censure du gouvernement, semble un peu isolée au sein de l’exécutif et du bloc qui le soutient à l’Assemblée. Certes, a dit lundi sur FranceInfo l’ex-Première ministre Elisabeth Borne, auteure de la réforme contestée de 2023, les partenaires sociaux “ont toute latitude pour réfléchir à des améliorations”, sur les carrières longues, la pénibilité, ou l’équité hommes-femmes, mais “à condition d’assurer l’équilibre du système de retraite”. – Effort militaire -Pour s’éviter une nouvelle censure du Parti socialiste, François Bayrou avait rouvert en janvier le dossier de la réforme et confié aux partenaires sociaux la tâche de trouver un nouvel équilibre du système et de rediscuter “sans aucun totem” ni “tabou” sur le départ ultra contesté à 64 ans.Les syndicats, qui remettent tous en cause le recul progressif de l’âge de départ de 62 à 64, n’ont que peu goûté les dernières déclarations.La CFTC a réclamé lundi “des clarifications à Matignon” et la CFDT compte demander au Premier ministre “s’il confirme ses propos” lors d’une rencontre déjà programmée entre le syndicat et M. Bayrou mardi.”La sortie du Premier ministre est incompréhensible. Tout était soit disant sur la table. (Il) vient de changer la règle”, dénonce la CFDT dans un message transmis à l’AFP.A cette exigence budgétaire s’est ajoutée ces dernières semaines une nouvelle donne internationale et un effort militaire que la France cherche à financer sans aggraver l’endettement du pays. L’exécutif exclut d’augmenter les impôts, comme le réclame la gauche pour les plus aisés. La droite veut tailler dans les dépenses publiques, l’ancien Premier ministre Edouard Philippe juge “complètement dépassé” le conclave sur les retraites… – La CGT s’interroge -Pour l’instant, CFDT, CFTC et CFE-CGC restent à la table des négociations jugeant que “les sujets abordés comme l’égalité salariale, les droits familiaux, les carrières longues, la pénibilité… sont importants”, selon Cyril Chabanier (CFTC).La CGT interroge ses instances, réunies lundi et mardi, sur l’attitude à adopter.Une nouvelle intersyndicale, cette semaine, doit permettre de “réfléchir à une réponse aux déclarations récentes du président de la République” sur l’effort demandé dans le contexte de la guerre en Ukraine, “mais pas du maintien ou non dans les négociations retraites”, selon François Hommeril (CFE-CGC).Côté politique, sans prononcer le mot de censure, les socialistes ont dénoncé une “trahison” du Premier ministre.”Le gouvernement doit laisser les partenaires sociaux travailler et le Parlement, ensuite, légiférer. À la brutalité sociale de la réforme, la brutalité démocratique de son adoption, François Bayrou compte-il ajouter la brutalité de la trahison de la parole donnée… et écrite ?”, a fustigé le chef des députés socialistes Boris Vallaud.”J’ai accepté de faire un deal (sur la non censure) c’est pas réglo si un des partenaires du deal donne l’impression de s’en exonérer”, a prévenu de son côté le député PS Jérôme Guedj sur RMC. bur-far-lby-bat/grd/cbn