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IVG: le Sénat vote pour “rendre justice” aux femmes condamnées pour avoir avorté

“Une démarche mémorielle après des décennies de honte et de silence”: le Sénat a adopté jeudi un texte pour réhabiliter les femmes condamnées pour avoir avorté illégalement avant la dépénalisation de l’IVG.Cinquante ans après le vote de la loi Veil de 1975 dépénalisant l’interruption volontaire de grossesse, un an après l’inscription de la “liberté garantie” d’avorter dans la Constitution, les sénateurs ont passé un nouveau message pour reconnaître les “souffrances” des femmes victimes de lois attentatoires à leur liberté.La proposition de loi du groupe socialiste, portée par l’ancienne ministre des Droits des femmes Laurence Rossignol, a été adoptée à l’unanimité en première lecture dans l’après-midi, avec le soutien du gouvernement. Elle est transmise à l’Assemblée nationale.Le texte entend faire reconnaître à l’Etat que les lois en vigueur avant 1975 ont constitué “une atteinte à la protection de la santé des femmes, à l’autonomie sexuelle et reproductive” ou encore “aux droits des femmes”, et qu’elles ont conduit à “de nombreux décès” et été sources de “souffrances physiques et morales”.- “Des pays ne plient pas” -Ce texte, “c’est une façon de dire que la honte doit changer de camp, que ces législations étaient criminelles”, a expliqué Laurence Rossignol, qui défend “une démarche mémorielle après des décennies de honte et de silence”.”Alors que la défense du droit à l’avortement est remise en cause dans le monde, il faut dire au monde entier qu’il y a des pays qui ne plient pas”, insiste la sénatrice du Val-de-Marne.Sa proposition de loi propose par ailleurs la création d’une commission de reconnaissance du préjudice subi par les femmes ayant avorté, chargée de contribuer au “recueil” et à la “transmission de la mémoire” des femmes contraintes aux avortements clandestins et de ceux qui les ont aidées.La ministre déléguée à l’Egalité entre les femmes et les hommes, Aurore Bergé, a salué un “acte d’hommage” pour “rendre justice à celles qui ont combattu dans l’ombre, à celles qui ont payé le prix de leur liberté, parfois de leur vie, le simple droit de disposer d’elles-mêmes”. Elle a notamment évoqué devant les sénateurs l’histoire de sa propre mère, qui avait elle-même avorté clandestinement.Cette initiative concrétise un appel publié au mois de janvier dans Libération au moment des 50 ans de la loi Veil, qui demandait déjà cette réhabilitation.Il était signé par un collectif de personnalités politiques, artistiques et féministes parmi lesquelles l’écrivaine et prix Nobel de littérature Annie Ernaux, les comédiennes Anna Mouglalis et Laure Calamy ou encore la présidente de la Fondation des femmes Anne-Cécile Mailfert.Pour cette dernière, ce texte “répare une injustice”. “On parle de plus de 11.000 personnes condamnées, c’est essentiel de pouvoir les réhabiliter, de leur dire +On n’aurait jamais dû vous condamner pour avoir exercé votre liberté+”, dit-elle à l’AFP.L’initiative donne également corps à une pétition de la Fondation des femmes sur ce sujet, appelant à “réparer une injustice historique” et qui recueillait mercredi soir 9.000 signatures.- “Dignité” -Les associations de défense des droits des femmes ont salué cette proposition. “C’est un très bon signal: à l’heure où une sage-femme vient d’être arrêtée au Texas pour avoir pratiqué des avortements, la France va exactement dans le sens inverse”, a souligné auprès de l’AFP Suzy Rojtman, porte-parole du Collectif national pour les droits des femmes.Pour Sarah Durocher, présidente du Planning familial, cela permettra de “rendre un peu de dignité” aux femmes “qui ont vécu dans le silence”.Le texte ne prévoit pas de volet indemnitaire pour porter réparation aux personnes concernées par cette loi. A dessein, “parce qu’il n’y avait pas que des amies des femmes qui ont pratiqué des avortements”, note Laurence Rossignol, qui évoque les “mères maquerelles” ou encore les “proxénètes” ayant pratiqué des avortements clandestins.Une initiative parallèle des sénateurs socialistes, pour réhabiliter les personnes condamnées pour homosexualité du fait des lois discriminatoires en vigueur entre 1942 et 1982 en France, a déjà prospéré dans les deux chambres du Parlement ces derniers mois. Le Sénat l’examinera en deuxième lecture le 6 mai.

A Jérusalem, Bardella veut faire sauter le verrou de l’antisémitisme

Jordan Bardella doit se rendre la semaine prochaine en Israël à l’occasion d’une conférence pour la lutte contre l’antisémitisme, une forme de parachèvement de la dédiabolisation du Rassemblement national qui se heurte toujours à des résistances, tant le passif lepéniste demeure chargé.”C’est l’antisémitisme qui empêche les gens de voter pour nous. À partir du moment où vous faites sauter ce verrou idéologique, vous libérez le reste”: dès 2013, Louis Aliot, aujourd’hui vice-président du RN, théorisait la nécessité de se débarrasser de l’accusation de haine envers les juifs charriée par le Front national de Jean-Marie Le Pen, lui qui avait renvoyé la Shoah à un “détail” de l’Histoire ou osé un jeu de mot avec le patronyme du ministre Michel Durafour… “crématoire!”.Sa fille, Marine Le Pen, a eu beau se présenter comme celle qui “protège” les Français de confession juive quand elle a repris la tête du parti – et exclu des membres pour antisémitisme, y compris son père qui avait promis à Patrick Bruel une prochaine “fournée” -, elle n’a jamais pu se rendre en Israël, pas plus qu’au dîner du Crif à Paris.Ses adversaires rappellent en outre les liens – qu’elle jure révolus – avec Frédéric Chatillon, proche de la sphère négationniste et longtemps lié au RN. Et rappellent que, lors des législatives de juin, une candidate investie par le RN s’est illustrée en s’affichant coiffée d’une casquette nazie, une autre se défendant de tout antisémitisme pour avoir “comme ophtalmo un juif”. Les deux ont été désavouées par les instances du parti.- Succès électoraux -L’invitation à cette conférence prévue mercredi et jeudi prochains, lancée par le ministre des affaires de la diaspora du gouvernement Netanyahu, apparaît ainsi comme un tournant. L’eurodéputée Marion Maréchal a également été conviée, elle qui s’était posée comme l’héritière politique de son grand-père – “on n’arrête pas une idée vraie (ni) un exemple juste”, avait-elle lancé lors d’une cérémonie d’hommage à Jean-Marie Le Pen en janvier à Paris.Déplorant “ce renversement de valeur”, Mathieu Lefevre, député macroniste et président du groupe d’amitié France-Israël à l’Assemblée nationale, a toutefois pointé jeudi sur Radio J la responsabilité d'”une partie du gouvernement israélien”, la plus extrémiste, d’autres ministres étant “gênés” par ces invitations à l’extrême droite.Depuis le 7-Octobre, le Rassemblement national n’a pas ménagé ses efforts pour effacer son passé, jusqu’à trouver sa place dans des manifestations contre l’antisémitisme. Avec électoralement un certain succès auprès des quelque 500.000 juifs français. Dans le XIXe arrondissement de Paris, les bureaux de vote correspondant aux fortes densités communautaires autour des Buttes-Chaumont ont compté lors des dernières européennes et législatives une proportion de suffrages RN équivalente à celle de la moyenne de l’arrondissement, alors que Mme Le Pen y avait accusé une sous-performance lors de la présidentielle de 2022.Idem à Sarcelles, dans les bureaux de la “petite Jérusalem”: si les scores du RN y sont toujours largement inférieurs à ceux observés au niveau national, ils se confondent avec, voire dépassent, l’étiage lepéniste à l’échelle de l’ensemble de cette commune du Val-d’Oise. Le thème de l’antisémitisme est très présent dans le débat politique, mais c’est aujourd’hui La France insoumise qui concentre toutes les accusations.- Prise de distance d’Herzog -L’opprobre moral envers le RN n’a néanmoins pas totalement disparu. Après l’annonce de la venue de Jordan Bardella et Marion Maréchal à Jérusalem, Bernard-Henri Lévy a annulé sa participation à la conférence.De même qu’un professeur de l’université de Londres et expert de l’antisémitisme, David Hirsch, qui a appelé dans une lettre ouverte Israël à ne “pas offrir à la droite populiste, qui a l’antisémitisme fasciste dans son héritage et parmi ses soutiens, un sceau officiel d’approbation juive”.Outre Jordan Bardella et Marion Maréchal, des représentants des partis d’extrême droite européens, notamment des Hongrois du Fidesz (le mouvement de Viktor Orban), des Espagnols de Vox ou des Démocrates de Suède ont également été invités, ces formations s’étant déjà fait épingler pour compter dans leurs rangs des membres néo-nazis ou révisionnistes.Mercredi, le président israélien Isaac Herzog a d’ailleurs pris ses distances avec l’événement, même si le RN a assuré à l’AFP que la participation de M. Bardella à une réception à la présidence était maintenue.Reste le contexte régional, avec la reprise des bombardements israéliens sur Gaza, qui interroge au RN. “Je ne suis pas là pour condamner ou ne pas condamner”, a balayé Jordan Bardella mercredi sur RMC.”Mais quand bien même Israël est un allié, il ne faut pas apparaître trop proche de Netanyahu”, met toutefois en garde un député lepéniste: “on doit faire attention à ne pas être démesurément pro-israélien pour racheter les propos antisémites de Jean-Marie Le Pen”.

Narcotrafic: l’Assemblée approuve la création d’un nouveau régime carcéral

Les députés ont approuvé mercredi dans l’hémicycle l’une des mesures les plus décriées du texte visant à lutter contre le narcotrafic, qui prévoit la création d’un nouveau régime carcéral d’isolement pour les plus gros trafiquants.Portée par le ministre de la Justice Gérald Darmanin, et adoptée avec les voix du camp gouvernemental, de l’alliance RN-ciottistes et des indépendants de Liot, la mesure est inspirée du modèle italien de lutte contre la mafia.La députée PS Colette Capdevielle a au contraire relayé les craintes de l’Association française des magistrats instructeurs, inquiète d’une concentration au même endroit de délinquants disposant de “moyens financiers quasi illimités pour organiser des évasions”.Le texte prévoit de créer des quartiers de haute sécurité, dans lesquels seraient affectées les personnes issues de la criminalité organisée les plus dangereuses, sur décision du garde des Sceaux, et après avis du juge de l’application des peines pour une personne condamnée. Un magistrat instructeur pourra aussi s’y opposer pour une personne prévenue.Initialement fixée à quatre ans renouvelable, la durée d’affectation à ces quartiers a été ramenée à deux ans renouvelable, par amendements, après avis du Conseil d’Etat.M. Darmanin s’était engagé à saisir la juridiction, qui a recommandé plusieurs aménagements pour remédier aux “risques d’inconstitutionnalité et d’inconventionnalité”.Sur ses suggestions, les députés ont aussi adopté un amendement pour mieux cibler les personnes susceptibles d’être affectées dans ces quartiers, visant celles pour qui il est jugé nécessaire de “rompre le lien avec les réseaux de la criminalité et de la délinquance organisées”.”Cela concerne entre 600 et 900 personnes”, a affirmé M. Darmanin.Le régime est particulièrement “difficile”, de l’aveu même de M. Darmanin, et prévoit des fouilles intégrales systématiques en cas de contact physique sans surveillance constante d’un agent. Les administrations auront toutefois une latitude pour adapter le principe, par exemple en fonction de l’âge ou de la santé du détenu.- “Dignité humaine” -Le texte prévoit aussi le recours à des parloirs hygiaphones ou encore une interdiction d’accès aux unités de vie familiale et parloirs familiaux.Les visites doivent se dérouler dans un parloir avec “dispositif de séparation”, sauf exceptions comme les visites d’enfants mineurs de 16 ans (entre 16 et 18 ans l’administration pourra choisir de l’imposer). Une restriction de l’accès au téléphone est également prévue.Des amendements ont exclu les entretiens avec les avocats du champ de ces deux restrictions. Mais une proposition du président macroniste de la commission des Lois Florent Boudié a été critiquée à gauche. Elle prévoit que le détenu ou l’avocat puissent demander un parloir avec séparation. Ceci dans l’idée d’éviter au détenu une fouille intégrale après l’entretien, selon M. Boudié. Mais cela fait peser une “suspicion” sur les “avocats”, a critiqué Eléonore Caroit, membre du même groupe.L’Assemblée a aussi exclu du nouveau régime carcéral les détenus bénéficiant ou obtenant le statut de repenti en collaborant avec la justice. “Si vous parlez, vous ne serez pas dans ce régime de détention très stricte”, a assumé Gérald Darmanin, soutenant la mesure.”Est-ce qu’on va placer des personnes suspectes dans ces régimes afin d’obtenir des aveux?”, a pointé Arthur Delaporte (PS).Plus généralement la gauche, et l’ex-président macroniste de la commission des Lois Sacha Houlié (désormais député non-inscrit), se sont élevés contre un régime rappelant par trop les “quartiers de haute sécurité” abandonnés en 1982 par le ministre de la Justice de l’époque, Robert Badinter.Pouria Amirshahi (écologiste) a fustigé un régime qui “contrevient à tous les principes essentiels de la dignité humaine”.Les débats sur ce texte issu du Sénat se poursuivront jeudi à l’Assemblée.

Bayrou ravive l’opposition des socialistes pourtant gages de sa survie politique

François Bayrou fragilisé ? Le Premier ministre, déjà bousculé par les désaccords à répétition de ses ministres, voit s’effilocher le conclave sur les retraites, ravivant l’opposition des socialistes sur lesquels il compte pour durer à Matignon.Grand défenseur de la “démocratie sociale”, François Bayrou avait proposé aux partenaires sociaux de rediscuter “sans aucun totem” ni “tabou” de la réforme contestée des retraites, obtenant en contrepartie, avec plusieurs autres concessions à la clé, que les socialistes ne le censurent pas sur le budget.Or il s’est depuis mêlé des discussions, réclamant un retour à l’équilibre, fermant la porte à la retraite à 62 ans, et provoquant le départ de plusieurs participants, dont la CGT mercredi soir. Si la CFDT entend rester à la table des négociations, elle considère que le Premier ministre a “rompu le contrat”, et va “s’affranchir” de la lettre de mission.En parallèle, le ton est monté au sein de la gauche, qui accuse François Bayrou de “trahison”.Le Premier ministre “commet une erreur” s’il pense que les socialistes ne peuvent plus le censurer, mais ceux-ci attendront de voir l’issue du conclave, a prévenu mardi le premier secrétaire du PS Olivier Faure. “Nous avons sanctuarisé le budget, nous n’avons pas sanctuarisé la place de François Bayrou”, a-t-il dit.- “Sirènes” -Le Premier ministre “a baladé les Français”, “la représentation nationale” et les partenaires sociaux, tonne Benjamin Lucas, porte-parole du groupe écologiste demandant que “l’abrogation” de la réforme soit examinée par les députés, alors que François Bayrou a promis de porter au Parlement tout accord, même partiel, des partenaires sociaux.Signe que M. Bayrou évolue en terrain glissant, un sondage Elabe pour BFMTV indique mercredi que la moitié des personnes interrogées souhaitent voir le gouvernement renversé sur le sujet des retraites, en hausse de neuf points par rapport à janvier.Les socialistes “se sont laissé rouler dans la farine”, a raillé Jean-Luc Mélenchon en marge d’une réunion publique à Brest. “Est-ce qu’il y a une seule personne qui croyait dans ce pays qu’un gouvernement de droite allait décider de ramener la retraite à 62 ans ?”, a ajouté le leader de La France insoumise (LFI), certain que les socialistes “vont finir par changer d’avis” et “renverser le gouvernement”.Selon une source au groupe, les députés LFI ont contacté les groupes écologiste et communiste pour proposer une motion de censure spontanée contre François Bayrou. Une prise de contact que n’avaient confirmé ni les parlementaires écologistes ni les communistes mercredi soir, sollicités par l’AFP.Les socialistes avaient de leur côté peu goûté la charge lancée contre eux par le Premier ministre lors de l’examen de leur propre motion de censure spontanée, contre sa sortie sur la “submersion migratoire”.Patrick Kanner, chef de file des sénateurs PS, l’a accusé mercredi de dériver “vers l’extrême droite du centre” et de “céder aux sirènes” de ses ministres très droitiers Bruno Retailleau (Intérieur) et Gérald Darmanin (Justice).Ces deux poids-lourds ont mis chacun leur démission dans la balance pour peser dans les arbitrages sur l’Algérie ou le voile islamique, sur fond de désaccords avec leurs collègues. Ce qui leur a valu mardi un rappel à l’ordre, M. Bayrou les appelant à la “solidarité”.- “Lui tout seul” -“On est dans un jeu de postures lié à la présidentielle”, et “aux jeux internes aux partis politiques”, analyse un conseiller ministériel, avec Bruno Retailleau en campagne pour la présidence des Républicains et Olivier Faure en préparation de son congrès.Le Premier ministre veut aussi “rassurer sur sa droite”, selon la même source, après que le président d’Horizons Edouard Philippe a jugé “hors sol” le conclave sur les retraites dans le contexte international.Mais sans le soutien des socialistes, et en l’absence de majorité, François Bayrou risque de se retrouver à la merci du Rassemblement national, comme son prédécesseur Michel Barnier.”Nous verrons si nous votons une motion de censure si cela va dans l’intérêt des Français. Si nous héritons ensuite d’un Bayrou bis ou Bayrou fils, la censure n’aura pas d’intérêt”, a estimé mercredi Sébastien Chenu, vice-président du RN.Un ancien député MoDem observe lui que si les socialistes “ne sont pas contents” de la manière dont évolue le conclave, “ils ne sont pas vindicatifs”. Il ne les voit donc pas censurer une nouvelle fois le gouvernement “au vu du contexte” géopolitique.François Bayrou dit “ce que tout le monde pense tout bas”, décrypte un cacique du camp présidentiel pour qui “jamais personne n’a pensé qu’on puisse revenir aux 62 ans” compte tenu des déficits. “Quel est donc l’intérêt de censurer le gouvernement aujourd’hui ?” se demande-t-il.

Renaissance organise un “sommet pour la démocratie et les libertés” avec ses partenaires européens

Le patron de Renaissance Gabriel Attal et la présidente du groupe Renew au Parlement européen Valérie Hayer convient lundi à Paris une cinquantaine de dirigeants centristes européens pour un “sommet pour la démocratie et les libertés”, face à “l’internationale réactionnaire” menée par la Russie et les États-Unis de Donald Trump.”Aujourd’hui, on le voit, une internationale réactionnaire, comme l’a dit le président de la République, est à l’œuvre. Elle est sûre d’elle, elle avance comme un rouleau compresseur, elle devient la seule qu’on entend dans le débat public. Il nous revient à nous de démontrer qu’il n’en est rien et de montrer qu’il y a face aux réactionnaires un mouvement aussi puissant, aussi fort, probablement plus puissant et plus organisé, qui se lève”, a expliqué Gabriel Attal mercredi à la presse.”On a donc pris l’initiative, avec Valérie Hayer, de rassembler lundi 24 mars à Paris les chefs de délégation au parlement européen, les présidents de groupe des parlements nationaux et les chefs de partis nationaux membres et alliés de Renew pour ce qu’on a appelé un sommet pour la démocratie et les libertés”, a-t-il développé.Ce sommet rassemblera à la Cité universitaire internationale de Paris une cinquantaine de dirigeants, dont notamment l’ancien Premier ministre bulgare Nicolaï Denkof, l’ancienne Première ministre belge Sophie Wilmès ou encore Szymon Holownia, président du parlement polonais et candidat à l’élection présidentielle du mois de mai. Le vice-président de la Commission européenne Stéphane Séjourné sera également présent.Ce sommet constitue “le point de départ d’une coalition libérale, démocrate, progressiste, qui fera dérailler le rouleau compresseur réactionnaire et qui engagera fermement un renforcement de notre soutien à l’Ukraine”, a expliqué M. Attal.Après ce sommet, “l’enjeu et l’objectif sont d’élargir le format au-delà des pays de l’Union européenne -Royaume Uni, Canada, Norvège, Islande-, avec nos partenaires politiques qui partagent notre souhait de défendre et de promouvoir notre modèle de démocratie”. “Et c’est aussi un signal qu’on enverra outre-atlantique aux démocrates”, qui sont “en train de s’organiser” face à Donald Trump, a expliqué Valérie Hayer.Ce sommet, auquel ont été conviés le président Emmanuel Macron et le Premier ministre François Bayrou, doit déboucher sur une déclaration commune “autour d’engagements forts d’un soutien à l’Ukraine”, d’un “soutien à notre réarmement” et de “la volonté de construire une Europe de la défense plus large que les frontières de l’Union”, a expliqué M. Attal.

Retraites: la CGT claque à son tour la porte d’un “conclave” en sursis

Après Force ouvrière et l’U2P, c’est au tour de la CGT de claquer la porte: Sophie Binet a annoncé mercredi soir le départ de son organisation des concertations sur les retraites lancées par le Premier ministre en janvier, après le refus répété de celui-ci de revenir aux 62 ans.”Le Premier ministre et le patronat ont malheureusement définitivement enterré ce conclave. Et c’est très grave parce que le Premier ministre s’était engagé à ce que ces discussions soient +sans totem, ni tabou+”, a justifié la patronne de la CGT, après le vote de ses instances.Par conséquent, “la CGT a décidé ce soir de quitter ces concertations et d’appeler les salariés à se mobiliser” en rejoignant notamment les cortèges de retraités prévus jeudi. Après avoir suscité beaucoup d’espoir auprès des syndicats, en leur donnant l’occasion, pour la première fois en plus de deux ans, de renégocier la décriée réforme des retraites qui a porté l’âge de départ de 62 à 64 ans en 2023, François Bayrou a déçu l’opposition de gauche comme les syndicats.Ses déclarations dimanche fermant la porte au retour des 62 ans, réitérées mardi et mercredi devant le Parlement ont fini de provoquer l’ire des centrales syndicales qui lui opposent une fin de non recevoir.Devant le Sénat, François Bayrou a assuré ne s’être “jamais (…) immiscé” dans le débat des partenaires sociaux. “J’ai simplement rappelé qu’il fallait se fixer comme objectif le retour à l’équilibre (du système de retraites) en 2030” et jugé “qu’à mes yeux, on ne pouvait pas revenir à 62, supprimer la réforme des retraites et retrouver l’équilibre financier”, a-t-il plaidé.- L’âge, “le coeur du réacteur” -Le Premier ministre a “rompu le contrat”, “changé les règles du jeu” et “ne voit pas où est le problème”, a dénoncé mardi matin Marylise Léon, N°1 de la CFDT, sur BFMTV/RMC.”Nous, on veut discuter de l’âge, l’âge de départ. C’est le cÅ“ur du réacteur. C’est la raison pour laquelle on s’est mobilisés et pour laquelle on a souhaité reprendre le fil des discussions”, a-t-elle encore rappelé.Dans ces conditions, la leader a prévenu qu’elle “s’affranchit” désormais “de la lettre de cadrage” du gouvernement et entend négocier “avec ceux qui ont envie vraiment de travailler” pour ouvrir “un autre” conclave.Mais celui-ci a du plomb dans l’aile : Force ouvrière avait claqué la porte dès la première séance le 27 février, jugeant que la concertation tournait à la “mascarade” après l’exigence de François Bayrou de rétablir l’équilibre financier du système de retraites en 2030, demandant de trouver 6,6 milliards d’économies supplémentaires par rapport à ce qui avait été demandé aux partenaires sociaux en janvier.- “Usure” et “pénibilité” jeudi -Jeudi, seules trois organisations syndicales (CFDT, CFTC, CFE-CGC) et deux organisations patronales (Medef et CPME) se retrouveront ainsi à la table des discussions à partir de 14H00 pour parler d'”usure professionnelle et pénibilité”.Mais “avec les (derniers) rebondissements, j’ai bien peur qu’il y ait du changement”, a déclaré à l’AFP Pascale Coton, négociatrice pour la CFTC.Sur des positions diamétralement opposées à celles des syndicats, la plus petite des trois organisations patronales, l’U2P (artisans, commerçants et professions libérales) a aussi quitté les négociations mardi.Cette organisation estime que l’équilibre du régime des retraites “imposera de repousser l’âge légal de départ au-delà de 64 ans”, sauf pour les métiers difficiles.Le Medef, première organisation patronale, a dit mercredi par la voix de son président Patrick Martin vouloir “laisser sa chance” à la discussion estimant toutefois que “tous les partenaires sociaux, les politiques a fortiori, doivent prendre en compte cette situation des finances publiques qui devient critique”.Selon un sondage Elabe pour BFMTV publié mercredi, 50% des personnes sondées souhaitent que, dans les prochaines semaines, une motion de censure soit adoptée contre le gouvernement de François Bayrou sur le sujet des retraites. Et ils sont : 56% des Français à souhaiter revenir à 62 ans -contre 62% en janvier-.

Municipales à Paris: Marion Waller se lance dans la primaire du PS “pour gagner”

La socialiste Marion Waller, qui a crée la surprise en annonçant briguer l’investiture du PS pour les municipales à Paris face à Emmanuel Grégoire et Rémi Féraud, a assuré mercredi n’être la candidate d’aucun clan et qu’elle partait à la primaire “pour gagner”.”Je ne suis pas la candidate d’un clan, je suis là pour parler aux 3.500 militants socialistes parisiens. Je suis candidate en mon nom, je monte ma propre équipe et j’y vais pour gagner”, a déclaré Marion Walter à l’AFP.Cette ancienne conseillère de la maire socialiste sortante Anne Hidalgo, 32 ans, aujourd’hui à la tête du Pavillon de l’Arsenal, centre d’urbanisme et d’architecture de Paris, a créé la surprise dimanche en annonçant qu’elle se lançait dans la course de la primaire socialiste prévue le 30 juin.Elle affrontera le sénateur Rémi Féraud, successeur désigné d’Anne Hidalgo, et le député Emmanuel Grégoire, ancien premier adjoint que l’édile honnit désormais, au point d’avoir dit qu’elle ne le soutiendrait pas s’il gagnait le vote des militants.Avant de se lancer dans la course, Marion Waller, un “bébé Hidalgo” qui se dit “alignée à 100%” avec son bilan, “parlait” davantage au camp de Rémi Féraud qu’à celui d’Emmanuel Grégoire. “J’ai participé à un évènement de campagne de Rémi Féraud, mais maintenant je suis candidate en mon nom”, a-t-elle insisté.  La primaire, elle y pensait “depuis quelques mois”, portée par “l’envie d’incarner le renouveau et d’apporter quelque chose de joyeux” à une campagne tendue entre les deux parlementaires.”J’ai aussi entendu que beaucoup de militants avaient envie d’une troisième voie, c’est ce qui m’a motivée à y aller”, ajoute cette militante dans le 11e arrondissement.”Ca (lui) a demandé beaucoup de courage” d’annoncer sa décision à Anne Hidalgo, son premier adjoint Patrick Bloche, la patronne du PS parisien Lamia El Aaraje et à ses deux concurrents, qui ont “tous été étonnés”, confie-t-elle. “Je n’ai jamais été élue mais j’ai travaillé dix ans à l’Hôtel de ville, j’ai l’expérience de l’action politique”, fait valoir la candidate à l’investiture qui s’est engagée en politique pour la première campagne d’Anne Hidalgo en 2014.Avec son slogan “Partager Paris”, elle fait de la question de la métropole du Grand Paris “un préalable”. “C’est à cette échelle qu’il faut mener le combat. Si le prochain ou la prochaine maire de Paris n’en fait pas une priorité, son mandat sera déceptif”.

Le gouvernement s’attaque aux faux diagnostics de performance énergétique

Dix mesures pour “crédibiliser” le diagnostic de performance énergétique (DPE) pour les logements, obligatoire en cas de vente ou de location mais au coeur de fraudes, ont été présentées mercredi par la ministre Valérie Létard.Promettant une “tolérance zéro” envers la “poignée de diagnostiqueurs (…) qui réalisent des DPE frauduleux, des DPE de complaisance”, elle a souligné combien cet outil était “essentiel pour définir le niveau de qualité d’un bien au regard de sa consommation énergétique, des factures qu’il va générer en terme de chauffage (…) et de l’impact qu’il a sur le climat”.Il doit être “irréprochable”, a-t-elle déclaré sur TF1.La ministre du Logement a ensuite présenté son “plan d’action” à des fédérations de diagnostiqueurs, des instituts de formation, des organismes de certifications et des parlementaires lors d’une réunion au ministère. Le DPE donne une note de A (la meilleure) à G (la plus médiocre) en fonction de nombreux paramètres, comme l’isolation des murs et du toit, le système de chauffage. Cette note, obligatoire pour toute transaction et bail de location, est de plus en plus déterminante pour fixer la valeur d’un bien immobilier à vendre. Elle est prise en compte dans l’octroi d’aides à la rénovation énergétique et si elle est trop basse, et empêche la location du logement.Chaque année, 4 millions de DPE sont réalisés, parmi lesquels le conseil d’analyse économique a identifié 1,7% de diagnostics frauduleux, soit 70.000, selon la ministre. “C’est 70.000 de trop, on doit tendre vers zéro”, a-t-elle affirmé lors de la réunion. “Plus on a d’informations, plus le DPE sera précis”, mais cette recherche d’informations nécessite du temps, a assuré Jean-Louis Kersac’h, dirigeant d’une société de diagnostic, lors d’un déplacement de la ministre qui assistait à la réalisation d’un DPE d’un appartement. Or il a souvent eu vent de diagnostiqueurs à qui il est demandé de “faire quatre diagnostics par jour, avec une prime pour le 5e”. D’où la volonté de Valérie Létard d’utiliser l’intelligence artificielle et la base de données de DPE de l’Agence de la transition écologique (Ademe) pour “mieux repérer et mieux contrôler” les comportements suspects de diagnostiqueurs, comme 10 audits réalisés en une journée aux quatre coins de la France. – “Gros billet” -Elle souhaite aussi géolocaliser les diagnostiqueurs, leur assigner un QR code, ainsi qu’aux DPE établis, afin de vérifier leurs fiabilité. Les contrôles vont être multipliés par quatre pour inspecter chacun des 10.000 diagnostiqueurs chaque année, et les sanctions seront plus sévères: jusqu’à deux ans d’interdiction d’exercer en cas de fraude, contre 6 mois actuellement. Pour limiter les pressions subies, le DPE ne sera plus délivré immédiatement à l’issue de la visite, mais plus tard et dématérialisé. Ces pressions sont légion, selon Jean-Louis Kersac’h : “mail dans lequel le client dit s’attendre à une note C”, “menace de ne pas nous payer”, “proposition d’un gros billet”. “Tous les jours, des clients nous disent +votre DPE n’est pas bon+”, rapporte-t-il.Alban Chanemougame, diagnostiqueur indépendant, confirme : “J’ai déjà perdu un client qui a préféré prendre un diagnostiqueur moins cher mais qui travaille en dix minutes et donc moins fiable”.”Des agences immobilières m’ont déjà demandé d’ajuster des diagnostics, comme le nombre de mètres carrés, ça ne touche pas que les DPE”, explique-t-il à l’AFP.Valérie Létard veut aussi se pencher sur la création d’un éventuel ordre des diagnostiqueurs, d’une formation post-bac et mieux contrôler les organismes de certification et de formation des diagnostiqueurs.Des annonces accueillies favorablement par Yannick Ainouche, co-président de l’Alliance du diagnostic immobilier. Elles correspondent à des propositions qu’il porte depuis deux ans.Il souhaite aller plus loin dans la sanction avec la création d’un “organe disciplinaire” et dans la formation avec “une filière BTS de bac+2”. L’interdiction de location depuis le 1er janvier des logements les plus énergivores, classés G, est critiquée par de nombreux élus de droite, qui affirment qu’elle aggrave la crise actuelle du logement.

Justice des mineurs: le texte d’Attal largement amoindri en commission au Sénat

Nouveau revers pour l’initiative de Gabriel Attal sur la justice des mineurs: sa proposition de loi pour lutter contre la délinquance des plus jeunes, adoptée à l’Assemblée mi-février, a été largement amoindrie en commission au Sénat, avant son examen mardi dans l’hémicycle.Comparution immédiate, sanction des parents des délinquants mineurs, dérogations à l’excuse de minorité… Plusieurs mesures phares prônées par l’ancien Premier ministre ont été supprimées de ce texte qui vise à “restaurer l’autorité” de la justice à l’égard des mineurs délinquants.Le sénateur Les Républicains de Paris, Francis Szpiner, nommé rapporteur sur ce texte, a ainsi proposé – et obtenu – en commission des Lois la suppression de la plupart des dispositions centrales du texte, rédigées selon lui “dans la précipitation”. “On ne fait jamais de bonne loi dans la précipitation”, a-t-il expliqué à l’AFP, épinglant des mesures “difficilement applicables” ou de nature à “fragiliser l’application des textes déjà existants”.Ont été supprimées à ce stade: la création d’une procédure de comparution immédiate pour les mineurs de 16 ans pour des faits graves, ou encore la fin de l’application de l’excuse de minorité, sauf décision motivée du juge, pour des mineurs âgés de 16 ans et plus multirécidivistes auteurs de faits graves.La commission des Lois a également supprimé la création d’une amende civile pour les parents qui ne répondraient pas aux convocations aux audiences, lui préférant un dispositif permettant aux assureurs de se retourner sur les parents pour que leur soit versé un “reste à charge plafonné” à 7.500 euros, pour participer à l’indemnisation du dommage pour lequel l’enfant a été condamné.Les sénateurs ont par ailleurs introduit plusieurs mesures renforçant l’arsenal répressif visant les mineurs condamnés pour des faits terroristes ou commis en bande organisée (placement et détention provisoire facilités et allongés, surveillance électronique, assignation à résidence…).Les multiples suppressions ont été soutenues au Sénat par les groupes écologiste et socialiste, selon plusieurs participants. “Ce texte se veut une réponse à l’actualité, mais on ne répond pas à l’actualité par un texte qui n’est pas fondé juridiquement”, a insisté auprès de l’AFP la socialiste Laurence Harribey, qui s’est dite “agréablement surprise” de la position du rapporteur LR. Le camp gouvernemental s’est d’ailleurs divisé en commission, laissant augurer des dissensions d’ici la séance publique mardi: le groupe centriste, traditionnel allié de LR au Sénat, s’est majoritairement abstenu sur le texte ainsi vidé de sa substance. “On fait partie d’un socle commun, on fait de la politique. On a le droit de sortir par le haut en aidant Gabriel Attal à réécrire mieux ce texte”, a déploré la centriste Dominique Vérien, qui espère rétablir certaines mesures dans l’hémicycle.

Lutte contre le narcotrafic: la confidentialité des messageries cryptées en débat

Accéder aux messages des trafiquants de drogue sur les plateformes chiffrées telles que WhatsApp ou Signal: la mesure portée par une proposition de loi, soutenue par le gouvernement, continue d’agréger contre elle de nombreux acteurs et experts de la cybersécurité.L’obligation pour les messageries d’ouvrir sur requête des services de police l’accès aux conversations de personnes mises sur écoute figure dans le texte adopté à l’unanimité au Sénat début février.L’article a été supprimé à l’Assemblée nationale en commission des lois début mars. Mais la majorité présidentielle insiste, avec un amendement au but similaire déposé par trois députés, qui devrait être examiné dans la semaine. L’un d’eux, Paul Midy, défend une “réécriture complète de l’article, pour prendre en compte la totalité des inquiétudes” au sujet de sa version initiale.En question: les modalités d’accès aux échanges qui mettraient en péril la sécurité de l’ensemble des utilisateurs.Le “chiffrement de bout en bout” mis en place par Whatsapp, Signal mais aussi Messenger (Facebook) revient à brouiller les conversations, les rendant indéchiffrables y compris pour les plateformes elles-mêmes. Celles-ci n’ont donc pas les moyens, actuellement, de livrer leur contenu. – “Porte dérobée” -Les députés de la gauche et du centre opposés à l’article initial s’inquiétaient de l’introduction d’un mécanisme de “porte dérobée”, ou “backdoor”, permettant à un tiers d’accéder à des messages chiffrés, ouvrant en même temps une faille de sécurité.Dans son amendement, “il n’y a pas de backdoor, il n’y a pas d’atteinte au chiffrement”, insiste Paul Midy. Le texte, en effet, exige de ne pas “porter atteinte à la prestation de cryptologie” et renvoie les modalités techniques à l’approbation d’une commission.Sur X mercredi, la ministre chargée du Numérique, Clara Chappaz, s’est réjouie “de l’ouverture d’une discussion technique exigeante avec les messageries”, après s’être inquiétée mardi, dans un message supprimé depuis, de ne pas avoir “à ce jour de solution technique pour accéder à des communications ciblées sans affaiblir la sécurité du système tout entier”. L’évolution de l’article ne convainc toutefois ni les plateformes de messagerie, ni les acteurs de la cybersécurité. Pour eux, introduire un processus permettant de lire des messages cryptés revient nécessairement à ouvrir une brèche exploitable par des individus mal intentionnés.- Solution “impossible” -“Modifier les mécanismes de sécurité, (…) c’est la garantie de multiplier les erreurs et vulnérabilités involontaires qui pourront ensuite être exploitées par les cybercriminels”, a ainsi indiqué le directeur adjoint de Docaposte — filiale numérique de La Poste française — et ancien directeur de l’agence de sécurité informatique (Anssi), Guillaume Poupard, sur le réseau LinkedIn. “Si c’est possible sur réquisition judiciaire, ça sera aussi possible pour un pirate”, pointe Patrick Blum, délégué général de l’Association française des correspondants à la protection des données personnelles. La “technique du fantôme”, évoquée par le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, qui consiste à intégrer un utilisateur tiers dans une conversation privée de manière invisible, est aussi critiquée.Pour Benoit Grunemwald, expert cybersécurité chez ESET, société de logiciels, “c’est juste impossible d’avoir un chiffrement de bout en bout, (…) une complète sécurité et confidentialité des messages, et qu’en même temps un tiers puisse y accéder”. Le président de la messagerie chiffrée française Olvid, désignée par le gouvernement en 2023 pour être utilisée dans les ministères, tient la même position auprès de l’AFP. “L’idée de l’utilisateur fantôme, je comprends qu’elle soit séduisante. (…) Mais, en réalité, dès lors qu’on doit vraiment mettre les mains dans le cambouis, elle pose un nombre de problèmes considérable”, martèle Thomas Baignères. À l’image d’autres services, tels que Proton et Signal, il refuse d’appliquer de telles solutions. “On ne peut pas implémenter ce genre de choses de manière sûre”, tranche-t-il.Â