AFP Politics

Bayrou, centriste sans compromis

François Bayrou a forcé sa nomination à Matignon. A peine neuf mois plus tard, sauf énorme surprise, il quittera la rue de Varenne, sans avoir su forger de compromis sur la dette, son oeuvre promise depuis 30 ans, alimentant la crise politique qu’il était censé résoudre.A défaut d’avoir pu accéder à l’Elysée, brigué à trois reprises (2002, 2007, 2012), le centriste rêvait depuis sept ans de devenir Premier ministre. Il obtient au forceps sa nomination le 13 décembre, menaçant de lâcher Emmanuel Macron qu’il a largement contribué à faire élire.”J’ai toujours pensé que si un jour j’avais cette responsabilité, c’est que ça irait très mal. C’est à peu près les paroles de Clémenceau. Quand ils sont venus le chercher (en novembre 1917), il avait 76 ans et il a sauvé le pays”, expliquait-il en 2022.Mais, au pied du mur de la dette, au coeur de ses campagnes présidentielles, il n’aura pas pu donner le premier coup de truelle.Car sans prévenir personne, il a choisi de solliciter, avant même les débats budgétaires, un vote de confiance, lundi, contre lequel voteront toutes les oppositions.- “Les pieds sur terre” -En choisissant le jour et l’heure de son départ, cet agrégé de lettres, figure de la vie politique française, élu local, député, eurodéputé et deux fois ministre, renoue avec le titre de sa biographie d’Henri IV : “le roi libre”.Il a le “syndrome de la grenouille qui veut se faire plus grosse que le bœuf. Là c’est le bœuf qui redevient grenouille”, tacle une opposante.Le costume de Matignon était-il trop grand ? Rue de Varenne, il gouverne en solitaire, entouré d’un cercle restreint de fidèles, privé de son inspiratrice Marielle de Sarnez, décédée en 2021, et pilotant lui-même sa communication, ce qui lui vaut moult bévues.A peine nommé, il est critiqué pour avoir choisi de se rendre à Pau, dont il a voulu rester maire, au lieu de participer à une réunion à Paris sur Mayotte, qui vient d’être dévastée par un ouragan.”Pau, c’est en France”, explique maladroitement le Béarnais qui rejoint presque chaque semaine le berceau de son enfance pour “garder les pieds sur terre”. C’est là que ce fils d’agriculteur est né –à Bordères, tout près– le 13 mai 1951, qu’il a fondé une famille, nombreuse – six enfants -, et fait l’essentiel de sa carrière politique, de conseiller général à député, avant de s’engager auprès de Valéry Giscard d’Estaing au sein de l’UDF. C’est tout près de là aussi qu’ont lieu des violences physiques et sexuelles au collège-lycée de Bétharram, où il a scolarisé ses enfants, une affaire qui l’affecte personnellement et où il refuse d’admettre une forme de déni collectif, dont l’accuse pourtant sa fille.- “Mourir sur scène” – Privé de majorité, celui qui avait appelé à voter en 2012 pour François Hollande, obtient la bienveillance des socialistes sur le budget 2025 en rouvrant des discussions “sans tabou” sur la réforme des retraites. Et ce en dépit de frottements répétés avec la gauche, quand il évoque un sentiment de “submersion” migratoire ou conditionne les concertations.Mais le “conclave” se solde sur un échec cinglant pour ce défenseur de la “démocratie sociale”, qui remet le RN au centre du jeu.Il a pourtant joué les prolongations comme sur d’autres dossiers, alimentant les procès en inaction, pendant que les poids-lourds et présidentiables de son gouvernement n’en font qu’à leur tête, dans une joyeuse cacophonie.Pour contrer les accusations d’immobilisme, il présente en juillet un sévère plan de redressement des finances publiques, qu’il voit comme son “moment de vérité” visant à provoquer un “électrochoc” dans l’opinion, alors qu’il bat des records d’impopularité.Un membre du gouvernement le met en garde contre le scénario d’un Premier ministre qui voudrait “mourir sur scène”, piquant au vif celui qui se compare volontiers à Pierre Mendès-France, resté huit mois à Matignon et dont “on parle encore”.”C’est déjà pas mal neuf mois” à Matignon, a estimé François Bayrou 24 heures avant le couperet de l’Assemblée, assurant au média en ligne Brut n’avoir “aucun regret”.Il sentait que les concessions allaient “lui coûter trop cher” et “tuer son narratif” sur la dette, avance un responsable centriste.Un conseiller craint qu’il reste celui qui “n’a pas été capable d’aller au bout du truc”. “Bayrou pense qu’il a sauvé le pays mais en réalité il le plonge dans la crise”. Au risque d’une nouvelle traversée du désert ? Le président du MoDem, qui attend un deuxième procès dans l’affaire des assistants de ses eurodéputés, assure que ses “aventures” politiques ne sont pas “finies”, mais réfute tout “plan” visant à favoriser une nouvelle candidature à l’Elysée. 

Vote de confiance: Bayrou fustige les oppositions, LR en ordre dispersé

A la veille de sa chute plus que probable, François Bayrou a fustigé dimanche l’attitude des forces politiques, “en guerre civile les unes avec les autres”, mais qui vont s’allier pour “abattre le gouvernement”. Sans se faire d’illusion, alors qu’Emmanuel Macron est déjà en quête de son successeur, sous la pression des oppositions.Le compte à rebours est enclenché. Lundi à 15H00, le Premier ministre montera à la tribune de l’Assemblée pour demander la confiance des députés. Vers 19H00, leur verdict tombera.Sauf énorme surprise, la sentence est déjà connue: face aux vetos annoncés de la gauche et de l’extrême droite, le locataire de Matignon sait que la fin de son bail est imminente.Dans le média en ligne Brut, où il a achevé dimanche un marathon médiatique, François Bayrou s’est montré fataliste : “Il y a pire dans la vie que d’être à la tête d’un gouvernement et que ce gouvernement (..) soit renversé”. “C’est déjà pas mal neuf mois” à Matignon, “je n’ai aucun regret”, a-t-il ajouté, relevant toutefois un manquement : l’absence d'”une grande réforme pour l’Education nationale”.Martelant son message sur la gravité de l’endettement du pays – qui justifie à ses yeux un effort budgétaire de 44 milliards d’euros pour 2026 -, il a critiqué des députés qui “ne devraient pas être prisonniers des mots d’ordre des formations politiques”. Ce sera le cas chez Les Républicains, leur patron Laurent Wauquiez ayant donné une “liberté de vote” à son groupe. En contradiction avec l’appel du patron du parti Bruno Retailleau à soutenir le gouvernement Bayrou.M. Wauquiez a également réitéré sur LCI qu’il ne censurerait pas automatiquement un gouvernement PS ou RN, ce qui lui a a valu un nouveau recadrage, ferme, du ministre de l’Intérieur. “Il est hors de question” que la droite accepte la nomination d’un Premier ministre socialiste, a-t-il une nouvelle fois assené en clôture du congrès de son parti, à Port-Marly (Yvelines). Et de dénoncer “les ingénieurs du chaos” qui veulent faire tomber François Bayrou, mettant en garde, lui aussi, sur “le danger existentiel” du surendettement du pays.Bruno Retailleau a aussi plaidé pour un accord de gouvernement sur le budget, et “une partie du régalien” avec le prochain locataire de Matignon, sous condition que ce dernier défende des idées compatibles avec “l’idée que l’on se fait du redressement de la France”.- “La grande tambouille” -Charge au chef de l’Etat de trouver le profil idoine. Pour l’heure, Emmanuel Macron “n’a pas tout à fait décidé” et “cherche encore la bonne solution sur le casting comme sur le fond”, glisse un visiteur de l’Elysée.Dans l’entourage du président, peu envisagent qu’il nomme le socialiste Olivier Faure, prétendant à Matignon.D’autant que le patron du PS l’a redit sur France 3: “pas question de former un gouvernement commun” avec des macronistes. “Je veux un gouvernement de gauche” qui soit “un gouvernement de cohabitation” et travaillera ensuite texte par texte à la recherche de compromis.Olivier Faure “a toute légitimité à prendre sa place à Matignon”, a poussé Patrick Kanner, à la tête des sénateurs PS. Il “a vocation à revendiquer le pouvoir”, a aussi estimé François Hollande dans La Tribune Dimanche. Mais le premier secrétaire du PS doit tenir compte du refus farouche des Insoumis d’accompagner sa stratégie, qualifiée d'”escroquerie”.Dénonçant “la grande tambouille” de “la coalition de tout et n’importe quoi”, Jean-Luc Mélenchon a prévenu samedi: “Nous ne sommes candidats à aucune autre place, sinon à la première pour tout changer”.Tourné vers l’élection suprême, le triple candidat à la présidentielle rêve d’en provoquer une autre avant 2027, grâce à la motion de destitution que les députés LFI s’apprêtent à déposer.Avec l’intention affichée de s’appuyer sur la colère sociale pour précipiter les événements, dès mercredi avec le mouvement “Bloquons tout”, puis avec la mobilisation syndicale du 18 septembre.Le Rassemblement national pousse lui de toutes ses forces pour de nouvelles législatives anticipées, que le parti à la flamme pense pouvoir gagner cette fois-ci.Et tant pis si “je ne pourrai peut être pas me représenter”, a lancé Marine Le Pen lors de sa rentrée politique dans son fief d’Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais). La cheffe de file de l’extrême droite connaîtra lundi la date de son procès en appel dans l’affaire des assistants d’eurodéputés – qui lui vaut depuis fin mars une inéligibilité immédiate. En tout cas, “aucun d’entre nous n’acceptera de jouer les figurants d’un petit théâtre parlementaire”.

“Il est hors de question” que la droite accepte la nomination d’un Premier ministre PS, prévient Retailleau

Le président du parti Les Républicains, Bruno Retailleau, a averti dimanche qu’il était “hors de question” que la droite accepte la nomination d’un Premier ministre socialiste à Matignon, posant ses conditions pour que LR se maintienne au gouvernement si François Bayrou tombait lundi.  “Il est hors de question, comme vous le savez, qu’on accepte demain (lundi) qu’un Premier ministre socialiste soit nommé à Matignon”, a affirmé l’actuel ministre de l’Intérieur lors de son discours de clôture de la rentrée politique des Républicains à Port-Marly, dans les Yvelines. Avec cette déclaration, il a pris le contre-pied du président des députés LR Laurent Wauquiez, assis au premier rang, qui a écarté une “censure automatique” d’un Premier ministre socialiste avant de connaître le programme qu’il compte appliquer.”Vous allez faire tomber des gouvernements qui se présentent sans même savoir ce qu’ils veulent faire ?”, s’est-il interrogé sur LCI, assurant que si l’exécutif comportait “des ministres de LFI ou applique le programme du Nouveau Front populaire” il y aurait évidemment censure.Bruno Retailleau, qui appelle les parlementaires LR à voter la confiance au gouvernement Bayrou, a par ailleurs annoncé son intention de proposer un accord de gouvernement au prochain Premier ministre si celui de François Bayrou tombait lundi, dans des déclarations à la presse en marge de la rentrée de LR.Cet accord, qui pourrait également s’appeler “contrat ou engagement”, contiendrait deux priorités qui sont le budget et “une partie régalienne”.”C’est une sorte d’engagement” pour vérifier que les conditions d’entrée dans le prochain gouvernement seront “compatibles avec l’idée que l’on se fait du redressement de la France”, a ajouté l’actuel ministre de l’Intérieur.”On ne rentrera pas au gouvernement à n’importe quelle condition”, a martelé le Vendéen, qui appelle à une rapide nomination d’un nouveau Premier ministre si le gouvernement de François Bayrou était bien renversé lundi.”Le temps presse. La fenêtre de tir est courte”, a-t-il affirmé, d’autant que le mois de septembre risque à ses yeux “d’être propice au désordre” avec deux journées de mobilisation, les 10 et 18 septembre. M. Retailleau n’a pas épargné le RN, l’accusant d’être “dans une stratégie de déstabilisation”.

Nouvelle-Calédonie: protestation d’un parti indépendantiste après la publication de l’accord de Bougival au JO

Le parti indépendantiste Union calédonienne (UC) a qualifié dimanche de “stratégie de manipulation” la publication samedi au Journal officiel de l’accord de Bougival sur l’avenir institutionnel de cet archipel du Pacifique sud, texte qu’il avait rejeté.”Manuel Valls persiste dans sa stratégie de manipulation et tente de transformer un projet contesté en loi constitutionnelle, contre la volonté des indépendantistes et du peuple kanak”, a réagi dans un communiqué l’Union calédonienne, principale composante du mouvement indépendantiste Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS).Cette publication au JO “marque une étape importante puisque l’accord continue de progresser vers sa mise en œuvre concrète”, s’est félicité samedi auprès de l’AFP le ministre des Outre-mer Manuel Valls.L’accord de Bougival a été validé dans un premier temps le 12 juillet par l’ensemble des participants, au terme de dix jours de négociations. Mais le 9 août, les militants du FLNKS ont rejeté le texte, estimant qu’il était “contraire aux fondements de la lutte indépendantiste”.Deux rencontres à Nouméa fin août entre Manuel Valls et des représentants du mouvement n’ont pas permis d’infléchir cette position.  La publication du texte au JO va notamment permettre au Sénat “d’examiner sa proposition de loi organique permettant le report des élections provinciales en juin 2026”, a précisé M. Valls. Le texte prévoit également l’ouverture du corps électoral, dossier extrêmement sensible dans l’archipel, qui avait entraîné la crise insurrectionnelle de 2024.”Comme par enchantement, le projet est devenu +Accord de Bougival+ et a été publié au Journal officiel, donnant l’illusion d’une légitimité juridique, dénonce l’UC. Mais un texte dont les signataires sont inconnus et dont le contenu est flou ne peut servir de base à un report arbitraire des élections.”Le 12 juillet, les représentants de toutes les formations politiques présentes ont signé un “engagement à défendre le texte” portant la mention “projet d’accord” à leur retour en Nouvelle-Calédonie. “Nous dénonçons ici les méthodes colonialistes et dilatoires de l’État français, qui cherchent à imposer ses choix en violation du droit international et de l’esprit de l’accord de Nouméa”, conclut l’UC.L’accord de Bougival doit être soumis à l’approbation des Calédoniens par référendum début 2026. Il nécessite une réforme constitutionnelle qui devra être adoptée par le congrès réuni à Versailles d’ici à la fin de l’année pour que le calendrier soit tenable.A l’exception du FLNKS, le texte reste défendu par l’ensemble des formations calédoniennes, y compris les indépendantistes de l’Union nationale pour l’indépendance.Interrogé dimanche au Grand Jury RTL/M6/Le Figaro/Public Sénat, Manuel Valls a estimé que “le seul danger (…) est que la situation politique nationale fasse dérailler les engagements que nous avons pris”.”Je ne veux pas faire un accord contre le FLNKS (…) mais d’abord, la délégation du FLNKS emmenée par Emmanuel Tjibaou avait donné son accord pour (le) défendre (…). Ensuite, des organisations historiques indépendantistes comme le Palika ou l’UPM soutiennent cet accord”, a-t-il souligné, estimant que le FLNKS avait “changé” en accueillant dans ses rangs de “petites organisations radicales”.”Quand le Sénat et l’Assemblée auront fait en sorte que les élections provinciales soient renvoyées au mois de juin, je pense que nous pouvons trouver des accords pour (…) aller dans le sens d’un certain nombre d’attentes du FLNKS”, a-t-il toutefois ajouté.Il a également jugé “possible” la réforme constitutionnelle, estimant qu’il “n’y avait pas d’autre voie parce que des risques de guerre civile existent toujours”.

Dans son fief du Pas-de-Calais, Marine Le Pen prête à se “sacrifier” pour “l’alternance”

A la veille de la probable chute du gouvernement Bayrou, la cheffe de file du Rassemblement national Marine Le Pen a réclamé dimanche avec insistance une nouvelle dissolution de l’Assemblée nationale, se disant prête à “sacrifier tous les mandats de la Terre” pour obtenir “l’alternance” et porter son parti à Matignon.A l’offensive: pour sa traditionnelle rentrée politique à Hénin-Beaumont, dans le Pas-de-Calais, la patronne du RN a décidé de mettre la pression haut, jusqu’au sommet de l’Etat.Exit François Bayrou, dont elle enjambe déjà la chute lundi: “Aucun d’entre nous n’acceptera de céder au chantage du vote de confiance initié par le Premier ministre”, tranche la cheffe des 123 députés du parti à la flamme.Et s’il prend au président Emmanuel Macron l’envie “de gagner du temps et de nommer un nouveau Premier ministre”, alors celui-ci devra tenir compte des “aspirations” de l’extrême droite, sinon “il sera lui aussi censuré”, prévient-elle.Menace sans appel, pour le plus grand plaisir du gros millier de militants venus l’écouter dans une cour d’école, sous un franc soleil du Nord.Un public acquis d’avance à son discours sur les “quatre tabous” qu’elle entend “faire tomber” après le gouvernement: immigration, Europe, fraudes en tous genres et “train de vie” de l’Etat, “c’est cet argent qu’il faut aller chercher, pas celui des Français”.Puisque l’exécutif en place s’y refuse, selon elle, “notre devoir est aujourd’hui de réclamer avec force une alternance aussi rapide que possible”.Et tant pis si “je ne pourrai peut être pas me représenter”, admet celle qui connaîtra lundi la date de son procès en appel dans l’affaire des assistants d’eurodéputés – qui lui vaut depuis fin mars une inéligibilité immédiate qu’elle conteste.”Je suis prête à sacrifier tous les mandats de la Terre pour vous empêcher de massacrer les Français avec vos politiques absurdes et vos pseudo-économies injustes et toxiques”, assène Mme Le Pen.L’occasion est trop belle d’accéder enfin au pouvoir, sans attendre 2027: “Un an d’avance pour l’alternance, voilà une immense chance pour la France”.Et cette fois-ci, le RN “plus que jamais est prêt”, assure-t-elle. Avec notamment son dauphin Jordan Bardella, “un futur Premier ministre pugnace et talentueux”, dont la seule évocation suffit à mesurer la popularité dans l’assistance.”C’est à vous qu’il appartiendra de donner à notre pays, la majorité patriote qu’il attend (…) Haut les coeurs!”, lance-t-elle à ses électeurs en guise de conclusion. Avant de s’éclipser, sans bain de foule mais déterminée à retourner dans la mêlée.

Un peu moins d’un Français sur deux soutient le mouvement du 10 septembre, selon un sondage

Un peu moins d’un Français sur deux (46%) soutient le mouvement appelant à “bloquer” le pays le 10 septembre, tandis que 28% y sont opposés et 26% indifférents, selon un sondage publié par la Tribune Dimanche.La première raison pouvant expliquer ce mouvement serait par ailleurs “la baisse du pouvoir d’achat”, selon cette étude Ipsos-BVA-CESI (école d’ingénieurs) réalisée du 3 au 4 septembre auprès d’un échantillon de 1.000 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. Les sympathisants de gauche soutiennent massivement (à 73% pour LFI, 67% pour les écologistes et 61% pour le PS) ce mouvement né sur les réseaux sociaux, et dans une moindre mesure (à 58%) ceux du Rassemblement national, selon l’enquête.A l’inverse, le mouvement est rejeté à 73% par les sympathisants Renaissance-Horizons-Modem et à 57% par les LR.Par catégories d’âge, seuls les 60 ans et plus récusent majoritairement l’appel à tout bloquer et ses initiatives hétéroclites.Des appels à la grève ont été lancés pour mercredi par plusieurs syndicats notamment dans les transports et les hôpitaux, et d’autres actions annoncées dont certaines rappellent celles des Gilets jaunes, avec des blocages d’axes routiers ou des sabotages de radars ou de distributeurs de billets.Des appels à ne pas utiliser sa carte bancaire ou à ne pas aller faire ses courses circulent également sur les réseaux sociaux et messageries.Les Français expliquent à 51% le mouvement “Bloquons tout” par “la baisse du pouvoir d’achat des ménages”, à 47% par “le plan de François Bayrou pour la réduction du déficit”, et à 43% par “l’hostilité” au président Emmanuel Macron et au Premier ministre François Bayrou, d’après le sondage publié à la veille de la chute probable de ce dernier, lundi, à l’issue d’un périlleux vote de confiance à l’Assemblée nationale.

Confiance au gouvernement Bayrou: Wauquiez donne “la liberté de vote” aux députés LR

Le patron des députés LR, Laurent Wauquiez, a jeté un pavé dans la marre dimanche, en pleine rentrée politique de son parti, en accordant la “liberté de vote” à son groupe lundi sur la confiance sollicitée par François Bayrou et en réitérant qu’il n’y aurait pas de “censure automatique” d’un gouvernement PS.”Ils auront une liberté de vote”, à affirmé sur LCI Laurent Wauquiez, en contradiction avec les mots d’ordre du patron Les Républicains et ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau qui appelle ses parlementaires à soutenir lundi le Premier ministre.Assurant que les “députés LR ne sont pas des godillots”, il a déploré que François Bayrou ne soit toujours pas revenu sur sa proposition de supprimer deux jours fériés comme l’ont demandé les dirigeants du parti mardi à Matignon. “Je ne demande jamais à mes députés de voter contre leur conscience”, a affirmé Laurent Wauquiez, qui a assuré qu’il voterait la confiance “sans enthousiasme”, alors qu’un grand nombre de ses députés refuse de le faire, soit en s’abstenant soit en votant contre.L’ancien président Nicolas Sarkozy appelle lui aussi les LR à ne pas voter la confiance et plaide pour une  dissolution de l’Assemblée nationale comme unique “solution” à la crise politique.Le député de Haute-Loire a également réitéré qu’il ne censurerait pas automatiquement un gouvernement PS ou RN, propos qui lui avaient valu un recadrage de la part de Bruno Retailleau.  “Vous allez faire tomber des gouvernements qui se présentent sans même savoir ce qu’ils veulent faire ?”, s’est-il interrogé, assurant que si l’exécutif comporte “des ministres de LFI ou applique le programme du Nouveau Front populaire” il y aurait évidemment censure.Il a rappelé que les dirigeants de la droite, parmi eux Bruno Retailleau et Annie Genevard et lui-même, avaient tenu ces mêmes propos “il y a un an en sortant des consultations à l’Elysée” sur la formation d’un gouvernement qui ont débouché sur la nomination de Michel Barnier à Matignon. “Un gouvernement d’Olivier Faure avec un programme socialiste (…), c’est évidemment non”, a-t-il ajouté. Dans les autres cas de figure, “il faut juger sur ce que va proposer un gouvernement”, a souligné le député, qui a regretté que les LR se soient “précipités” en décembre, contre son avis, pour entrer dans le gouvernement de François Bayrou “sans même savoir pour quoi faire”. Une critique à peine voilée à Bruno Retailleau, tout comme son regret que le président du parti n’ait pas consulté les adhérents LR avant de donner ses consignes sur le vote de confiance de lundi.”Évidemment que je préfère un gouvernement issu de LR”, a-t-il ajouté, citant comme Premier ministrable Xavier Bertrand. 

Energie: “probable” que la PPE ne sera pas publiée avant une chute du gouvernement, selon Marc Ferracci

Le ministre de l’Industrie Marc Ferracci a jugé “probable” dimanche que le décret sur la programmation énergétique ne soit pas publié avant la chute éventuelle du gouvernement à l’issue d’un vote de confiance lundi.La troisième Programmation pluriannuelle énergétique (PPE) trace la feuille de route de la France en la matière jusqu’en 2035. Elle vise à sortir des énergies fossiles et à atteindre la neutralité carbone en 2050, grâce à une plus grande disponibilité du parc nucléaire français et à la construction de nouveaux réacteurs de type EPR2.Mais elle devait encore faire l’objet d’un décret, dont le Premier ministre François Bayrou a annoncé début août avoir retardé la publication “pour que soient conduites la concertation et les consultations nécessaires” avec les partis et les groupes parlementaires.La PPE a donné lieu à de vifs débats entre pro-nucléaires et partisans des énergies renouvelables.”J’ai validé ce décret. C’est une décision du Premier ministre” de l’avoir retardé, a expliqué M. Ferracci sur Franceinfo dimanche matin. Mais alors que M. Bayrou a convoqué lundi un vote de confiance à l’Assemblée nationale, qu’il devrait perdre vu les vetos annoncés de l’extrême droite et de la gauche, le texte risque de rester dans les limbes.”C’est effectivement une hypothèse qui est probable aujourd’hui”, a répondu M. Ferracci à la question de savoir si la PPE ne serait pas publiée avant la chute du gouvernement.Le ministre a toutefois espéré que ce texte ne soit pas enterré. “Je pense que le Premier ministre qui peut-être prendra la suite de François Bayrou aura besoin de donner une trajectoire pluriannuelle de l’énergie au pays”, a-t-il ajouté.La publication de la PPE était très attendue par les acteurs de l’énergie pour lancer des appels d’offre, notamment dans l’éolien en mer, sécuriser des investissements, anticiper les besoins de formation et d’emploi et prévoir les infrastructures.

Vote de confiance, J-2: projecteurs braqués sur l’après-Bayrou

A J-2 du vote de confiance, les jeux semblent faits: François Bayrou a poursuivi samedi son marathon médiatique, sans avoir réussi jusqu’ici à trouver les arguments pour éviter une défaite, et tous les regards se tournent déjà sur les jours d’après.Omniprésent dans les médias depuis qu’il a annoncé le 25 août, à la surprise générale, qu’il se soumettrait à un vote de confiance, le Premier ministre était encore l’invité samedi soir de “C à vous” sur France 5.Pour y matraquer à nouveau son message sur l’urgence face au “surendettement” de la France, et de l’ampleur de l’effort budgétaire à consentir, qu’il a chiffré à 44 milliards d’euros pour 2026. “Je prends toutes les occasions pour faire face à cette fatalité”, a-t-il expliqué.Dimanche midi, il répondra au média en ligne Brut. Dernier entretien avant le moment de vérité: lundi, le Premier ministre centriste, allié historique d’Emmanuel Macron, engagera devant l’Assemblée nationale la responsabilité de son gouvernement. Et sauf énorme surprise, il devrait être emporté par la convergence des votes contre des oppositions quasi unanimes, de gauche et d’extrême droite. Il fait encore mine d’y croire, “peut être une naïveté de (sa) part”. Mais déjà, il entérine son départ forcé, après moins de neuf mois à Matignon. “Il faudra bien trouver quelqu’un d’autre de toute façon”, a-t-il reconnu, brossant volontiers le portrait de son successeur idéal: “Quelqu’un qui peut rassembler, qui peut faire venir autour de la table des gens de droite, du centre, de gauche et qui peut leur donner un cap suffisamment clair pour que le combat que nous avons mené (…) soit porté, poursuivi et si possible imposé”.Une personnalité capable aussi d’éviter un risque d’emballement des marchés financiers en cas d’impasse politique, sur fond de colère sociale, dès mercredi avec le mouvement “Bloquons tout”, suivi d’une mobilisation syndicale le 18 septembre.- Pas de “chèque en blanc” -Jusqu’ici, ce plaidoyer aux airs de chant du cygne n’a eu aucun effet sur la classe politique, qui pense déjà à l’après.Le sujet a largement occupé le congrès des Républicains, qui font leur rentrée ce week-end à Port-Marly, dans les Yvelines. Avec l’espoir d’afficher une image d’unité, après la cacophonie des derniers jours.Le chef des députés LR Laurent Wauquiez a en effet semé le trouble jeudi en assurant que son groupe, au nom de la stabilité, ne censurerait pas a priori un gouvernement mené par le Parti socialiste, poussant Bruno Retailleau, patron de la droite, à le corriger en prévenant qu’il ne donnerait pas de “chèque en blanc” aux socialistes.”Si la gauche est à Matignon, la droite sera dans l’opposition”, a affirmé samedi le secrétaire général du parti, Othman Nasrou.Le ministre de l’Intérieur, qui appelle ses troupes à voter la confiance, prononcera un discours dimanche.Quelques heures avant, la dirigeante du Rassemblement national Marine Le Pen fera sa rentrée politique dans son fief d’Hénin-Beaumont, dans le Pas-de-Calais. Elle devrait réitérer la demande d’une nouvelle dissolution au nom de l’extrême droite, qui dit pouvoir être en mesure de gouverner en cas de législatives anticipées. – “L’heure est au combat” -A défaut, l’extrême droite souhaite la démission d’Emmanuel Macron, réclamée avec insistance également par La France insoumise, à l’autre bout de l’échiquier politique.”Seule la présidentielle peut clarifier” la situation, a tonné Jean-Luc Mélenchon depuis la braderie de Lille, confirmant que les députés LFI s’apprêtent à déposer une nouvelle “motion de destitution” du chef de l’Etat.Hors de question pour le triple candidat à l’élection suprême d’envisager un autre scénario: “Nous ne sommes candidats à aucune autre place, sinon à la première pour tout changer”.Dès lundi soir, la balle sera donc dans le camp du chef de l’Etat, qui bat lui aussi des records d’impopularité. Pour l’instant, il a plaidé la “mobilisation” de son camp en faveur du Premier ministre, et prôné “responsabilité” et “stabilité”.En public, il a refusé d’évoquer l’après-Bayrou avant l’heure, mais dans le huis clos de l’Elysée, il a demandé aux chefs du camp gouvernemental de “travailler avec les socialistes”.Jusqu’à envisager de nommer leur chef Olivier Faure à Matignon, alors que le PS fait ouvertement acte de candidature ? Les spéculations vont bon train, mais peu, dans l’entourage du président, imaginent ce scénario.”Il va avoir besoin d’un petit peu de rapport de force (…) pour comprendre” que “le prochain gouvernement sera de gauche et écologiste ou ne sera pas”, a néanmoins affirmé la patronne des Verts, Marine Tondelier.Depuis la Corrèze, François Hollande a, pour sa part, assuré qu’il ne convoitait pas Matignon, relevant que “le grand rendez-vous sera 2027”.fff-gbh-kau-jed/sde/dro

Municipales: à Lille, la braderie lance la campagne à l’ombre du gouvernement Bayrou

A six mois des élections municipales, la braderie de Lille a marqué un étrange début de campagne samedi, entre l’annonce d’une tête de liste, des ministres partageant des “moules-frites”…et la chute attendue du gouvernement Bayrou dans tous les esprits.La France insoumise (LFI), qui avait promis il y a quelques semaines une “surprise” pour les municipales à Lille, a finalement annoncé que la tête de liste serait une députée suppléante peu connue, Lahouaria Addouche. Cette annonce a vite été éclipsée par le discours fleuve du leader insoumis Jean-Luc Mélenchon, dont les appels au départ d’Emmanuel Macron ont rencontré un fort écho parmi la foule venue l’écouter.Le coordinateur national de LFI, Manuel Bompard, a bien tenté de mettre en avant la candidature de Mme Addouche, “enfant des quartiers populaires de Lille”. Mais il a rapidement bifurqué vers le national: “l’heure est au combat”, a-t-il assuré, appelant les Français à “donner un petit coup de main” au président Emmanuel Macron pour “l’aider à partir”.Localement comme nationalement, ni Bompard ni Addouche n’ont retenu leurs coups contre les socialistes, accusés par l’un d’être “prêts à brader l’ensemble du programme” du Nouveau front populaire, par l’autre d’avoir “tourné le dos à la justice sociale” et aux quartiers populaires.”Ce sont des arguments de campagne, ils pourront prospérer de leur côté, mais ça ne résiste pas aux faits”, s’est offusqué le socialiste Arnaud Deslandes, dauphin de Martine Aubry, qui vit sa première braderie dans la peau de maire, quelques mois après lui avoir succédé.Lui-même a refusé de parler davantage de politique locale, estimant que “peu de gens aujourd’hui ont l’esprit aux élections municipales”, plus préoccupés “par la chute du gouvernement qui a proposé un budget parfaitement injuste.”- “Besoin” de l’Etat -La succession de Mme Aubry dans cette ville socialiste depuis plus d’un demi-siècle s’annonce pourtant épineuse, vu les dissensions à gauche. Au sein même de son camp, M. Deslandes est concurrencé par le député Roger Vicot, candidat à l’investiture socialiste, lors d’une primaire prévue le 6 novembre. Cela n’a pas empêché les deux hommes de déambuler ensemble samedi.Ce qui attend la France dans les prochains jours est “quand même beaucoup plus important que nos petits débats internes au Parti Socialiste”, a esquivé M. Deslandes interrogé sur le sujet.Ses affinités locales sont apparues en creux dans sa déambulation entre les stands des partis politiques : mains serrées auprès des communistes et du candidat de droite Louis Delemer, bises échangées avec des Ecologistes et de Génération.s…et contournement ostensible du stand de Renaissance et de sa candidate à la mairie, la députée macroniste Violette Spillebout, ancienne proche de Mme Aubry.Dans la matinée, il était également sorti saluer la cheffe des Ecologistes, Marine Tondelier.Celle-ci est venue en soutien à celui qu’elle assure être le “futur maire de Lille” Stéphane Baly, passé tout proche en 2020 de ravir le beffroi. Avant de passer elle aussi à la politique nationale, estimant qu’Emmanuel Macron “doit nommer quelqu’un du Nouveau Front populaire” à Matignon.Stéphane Baly lui-même, a souligné que “l’échelon local a besoin” de l’Etat, sans “coups de rabot” budgétaires.Un peu à l’écart des stands politiques et de la foule arpentant la plus grande braderie d’Europe, Violette Spillebout a choisi d’aller manger des moules-frites avec ses soutiens près de la gare, un choix qui pouvait paraître moins politique.C’était sans compter sur la présence de deux invités de marque: Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition écologique, et Gérald Darmanin, garde des Sceaux. Se gardant de tout commentaire sur la politique nationale, ils se sont davantage affichés samedi en amis de Violette Spillebout qu’en ministres d’un gouvernement dont les jours sont comptés.