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2027: Glucksmann et Ruffin déjà dans la bataille, et en désaccord sur la primaire

Alors que le Parti socialiste se cherche un chef, le leader de Place publique Raphaël Glucksmann et le député ex-LFI François Ruffin entrent déjà dans la bataille de la présidentielle à gauche sur fond de différend autour d’une éventuelle primaire.A quelques jours d’écart, deux des candidats potentiels de la gauche pour 2027, qui se préparent depuis plusieurs mois à cette échéance et comptent parmi les mieux placés dans les sondages, ont dévoilé leur jeu. Le social-démocrate Raphaël Glucksmann, leader du parti Place publique, a affirmé vendredi dans un entretien au Monde qu’il ne participerait pas à une primaire pourtant souhaitée par de nombreuses voix à gauche, mais qu’il juge “mortifère”.  “Je ne participerai pas à un truc d’appareils qui produit une synthèse molle, car ça ne fonctionnera pas”, assure celui qui a fait près de 14% aux européennes sur une liste PS-Place publique. Il se verrait bien, sans l’affirmer encore officiellement, être le candidat de la gauche sociale-démocrate en 2027, persuadé que la dynamique sondagière créera le vote utile autour de lui.Il rejette ainsi l’idée défendue quelques jours plus tôt par le député de la Somme François Ruffin, d’une large primaire de la gauche allant de Philippe Poutou (NPA) à François Hollande, intégrant même Jean-Luc Mélenchon, avec qui il a pourtant rompu avec fracas. François Ruffin se dit sûr de remporter cette primaire, qu’il considère comme nécessaire pour impulser une dynamique au sein de la gauche, et éviter qu’elle ne soit pas au second tour. Leurs sorties, en plein congrès du Parti socialiste, ne sont pas innocentes, alors que le Parti au poing et à la rose risque de se déchirer sur la stratégie à tenir pour 2027, et ne dispose pas à ce stade de candidat présidentiable qui perce dans les sondages.Le premier secrétaire sortant, Olivier Faure, qui se prépare lui aussi à l’échéance présidentielle, plaide pour une plateforme commune de la gauche non-mélenchoniste, de François Ruffin à Raphaël Glucksmann.Mais son opposant direct, le maire de Rouen Nicolas Mayer-Rossignol, refuse l’idée d’une grande primaire de la gauche et prône une “affirmation socialiste”, avec la création  d’un “grand parti socialiste” rassemblant l’arc social-démocrate, d’où sortirait un candidat commun de la gauche.Plusieurs personnalités, dont l’éphémère candidate pour Matignon Lucie Castets, continuent de plaider pour une “primaire des gauches la plus large possible”.- rendez-vous le 2 juillet -Lucie Castets est soutenue par la cheffe des Ecologistes Marine Tondelier, et par une soixantaine de maires de gauche dont Johanna Rolland, maire de Nantes (PS), Eric Piolle, maire de Grenoble (les Ecologistes), et Patrice Bessac, maire de Montreuil (PCF), qui appellent dans une tribune publiée samedi dans Le Nouvel Obs, “à une candidature commune pour 2027 et à un programme de rupture capable de changer concrètement la vie”. Dans cette optique, Lucie Castets a invité tous les responsables de gauche à se retrouver le 2 juillet. François Ruffin s’y rendra, mais Raphaël Glucksmann a déjà décliné l’invitation.”Raphaël espère jouer le duel à gauche avec Jean-Luc Mélenchon” et être le vote utile jusqu’à attirer le bloc central, pense un socialiste, qui prédit cependant que les électeurs du centre “iront plutôt dès le premier tour vers un vote utile face à l’extrême droite” en soutenant l’ex-Premier ministre Edouard Philippe. De son côté, le leader de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon, reste inamovible et trace sa route en solitaire. Farouchement opposé à l’idée d’une primaire qui “favorise ceux qui clivent le moins”, il cache peu son intention de repartir à la présidentielle pour une quatrième tentative.Avec un socle d’électeurs autour de 10%, et persuadé que sa stratégie visant à attirer les quartiers populaires d’ordinaire éloignés des urnes peut lui permettre de se qualifier au second tour, il fait le pari de rallier ensuite à lui les autres électeurs qui voudront faire barrage à l’extrême droite.

Médecin et député: sur l’aide à mourir, une double casquette lourde de sens

Ils sont députés, mais ont aussi été médecins, voire exercent encore occasionnellement: lors des débats cette semaine sur l’ouverture d’un droit à l’aide à mourir, cette double casquette s’est pour beaucoup révélée utile, mais aussi parfois lourde à porter.Sur les bancs de l’Assemblée, ils ne sont qu’une dizaine à être à la fois législateur et docteur en médecine. Sans pour autant être tous d’accord: certains sont opposés à l’aide à mourir, d’autres la défendent.Pour eux, la question se pose très concrètement: seraient-ils prêts à prescrire la substance létale à un patient éligible? Voire à réaliser eux-mêmes le geste, comme prévu pour quelqu’un ne pouvant pas “physiquement” se l’administrer?”Oui, je pense que je serais capable de le faire à un adulte qui l’a choisi”, répond la députée écologiste Dominique Voynet, qui a été anesthésiste-réanimatrice.”Je pense que je ne le ferais pas”, estime au contraire la députée MoDem Geneviève Darrieussecq, médecin allergologue, qui entend malgré tout approuver le texte la semaine prochaine s’il respecte certaines “lignes rouges”.Pour le macroniste Michel Lauzzana, la réponse est moins tranchée. “Je suis pour le texte, donc il faut que je sois cohérent”, dit ce médecin généraliste. Mais “je ne le ferais pas de gaieté de cÅ“ur”, et “toutes les contraintes qu’on a mises seront pour moi une balise”. Même si peu se sont ouvertement appuyés sur leurs expériences professionnelles dans l’hémicycle, celles-ci ont forgé leurs convictions.Malgré la loi Claeys-Leonetti (2016) permettant une sédation profonde et continue, “dans la pratique, je vois bien qu’il y a encore des besoins”, dit M. Lauzzana.Ce que contestent les opposants au texte.”Quand vous arrivez à l’hôpital et que vous avez très mal, on sait faire”, estime Philippe Juvin (LR), professeur d’anesthésie et de réanimation, devenu urgentiste. “Mon expérience me dicte” que “toutes” les demandes de mort “disparaissent quand on apporte des réponses”. – Serment d’Hippocrate -“On l’entend parfois, +docteur, faites quelque chose+, mais les yeux disent, +donnez-moi encore un peu de temps+”, raconte Joëlle Mélin (RN), qui a exercé une quinzaine d’années en maisons de retraite. “Ca ne peut pas être un soignant” qui administre la dose létale, estime la députée. “On déroge à notre serment d’Hippocrate, c’est totalement impossible.”Ce serment, récité par tout nouveau médecin, contient la phrase: “Je ne provoquerai jamais la mort délibérément.””Une contradiction” avec l’aide à mourir, convient Mme Darrieussecq, ancienne ministre de la Santé, qui estime que les débats sont pour elle “un peu plus difficiles” que pour les députés non-médecins.Ce serment n’est “pas une bible” et a “déjà évolué souvent”, rétorque M. Lauzzana, qui n’a pas hésité à parfois interpeller ses collègues soignants dans l’hémicycle.Leur présence a aussi pu être avancée comme argument d’autorité: “Un médecin qui cosigne un amendement porté par une ancienne ministre de la Santé, (…) ça mérite d’être étudié!”, a un soir défendu un député macroniste.Pour tenter d’exclure les hôpitaux des lieux d’aide à mourir, Philippe Juvin a lui usé de la première personne: “Quand j’entre en blouse blanche dans une chambre, je ne veux pas que le patient ait un doute” sur “la raison” de cette visite. L’amendement a été rejeté.- “Grosse responsabilité” -Tout au long des discussions, un sujet a toutefois fait consensus: la clause de conscience, que pourra faire valoir tout soignant ne voulant pas procéder à une aide à mourir. “Je veux protéger les soignants et les médecins, à qui on demande beaucoup dans ce texte”, souligne Mme Darrieussecq. A eux d’évaluer, par exemple, le “discernement” d’une personne formulant une demande d’aide à mourir, une des conditions de son éligibilité. “Une très grosse responsabilité”, juge celle qui craint aussi les procédures judiciaires. L’ancienne ministre a défendu l’idée d’un registre de médecins volontaires, sans succès.Pour Mme Voynet, l’aide à mourir devrait être “équitablement partagée” par les médecins pour faciliter l’accès dans les territoires isolés. “Il risque de se passer ce qu’il s’est passé avec l’IVG” au début, compare-t-elle. Si beaucoup de médecins refusent, “ce n’est pas très agréable d’être l’avorteur en chef du coin.””Au moment de voter, je penserai à Paulette Guinchard”, confie Mme Voynet, évoquant cette ancienne ministre “militante du droit à choisir sa mort”. Elle avait eu recours au suicide assisté en Suisse, en 2021. 

François Bayrou publie son dossier Bétharram

Le Premier ministre François Bayrou a publié samedi sur un site internet dédié l’ensemble des pièces qu’il avait produites lors de son audition à l’Assemblée nationale sur l’affaire Betharram, affirmant qu’elles prouvent “l’inanité” des accusations qui le visent.François Bayrou avait été entendu pendant plus de cinq heures le 14 mai par les députés de la commission d’enquête sur les violences en milieu scolaire à propos de l’établissement Notre-Dame-de-Bétharram.Le chef du gouvernement avait alors rejeté avec virulence les accusations de mensonge ou d’intervention dans les années 1990 auprès de la justice dans l’affaire des violences physiques et sexuelles dans ce collège-lycée, situé près de sa ville de Pau, où une partie de ses enfants avaient été scolarisés et où son épouse enseignait le catéchisme.Sur le site Bayrou.fr, on peut retrouver le texte de son intervention liminaire devant la commission d’enquête, une chronologie de l’affaire, et une série de documents qui, selon lui, permettent de réfuter six accusations portées contre lui. Parmi elles: “François Bayrou a menti à l’Assemblée nationale” ou “François Bayrou est intervenu auprès de la Justice” ou encore “François Bayrou a bénéficié d’informations privilégiées”.François Bayrou était déjà dans les années 1990 un homme politique influent dans sa région du Béarn. Et il a occupé les fonctions de ministre de l’Éducation nationale de 1993 à 1997.Le leader centriste estime faire l’objet d’attaques politiques de la part notamment de députés de la France insoumise (LFI).A l’issue de son audition très tendue devant la commission, le parlementaire insoumis Paul Vannier avait affirmé que les débats avaient permis de montrer que François Bayrou avait “menti” lorsqu’il avait été interrogé pour la première fois en février à l’Assemblée sur sa connaissance des faits commis à Bétharram.L’établissement catholique, sous contrat avec l’Etat, est aujourd’hui visé par plus de 200 plaintes d’anciens élèves pour des violences physiques et sexuelles.

Aide à mourir: les patients ne seront pas réputés “décédés de mort naturelle”

Les députés ont supprimé vendredi une disposition du texte relatif au droit à l’aide à mourir, selon laquelle les patients qui y auraient recours seraient ensuite “réputés décédés de mort naturelle” sur leurs certificats de décès.Des amendements de suppression de l’alinéa en cause ont été approuvés à une courte majorité, avec un avis défavorable du rapporteur Stéphane Delautrette (PS), et un avis de sagesse du gouvernement, c’est-à-dire n’orientant pas les députés dans un sens ou l’autre. L’article a été approuvé dans la foulée.La députée Nicole Dubré-Chirat (Renaissance), à l’origine d’un des amendements ayant conduit à introduire cette disposition en commission, a expliqué avoir souhaité “épargner les familles de défunts d’éventuelles difficultés liées aux engagements contractuels souscrits de son vivant”.Mais des députés de divers groupes ont fustigé une disposition “orwellienne” (Dominique Potier, PS), qui “manipule complètement le sens des mots” (Charles Sitzenstuhl, Renaissance), et “travestit la réalité” (Patrick Hetzel, LR).”Vous changez le sens des mots pour imposer une idéologie, quitte à défaire le réel”, a estimé la députée RN Sandrine Dogor-Such, mettant en lien cette écriture avec le refus des promoteurs du texte d’inscrire dans la loi les termes “euthanasie” ou “suicide assisté”.M. Delautrette a de son côté fait valoir que les patients décédés à la suite d’une sédation profonde et continue, comme l’autorise la loi Claeys-Leonetti de 2016, étaient réputés décédés de mort naturelle.Mais M. Sitzenstuhl a rappelé la différence entre les deux procédures, soulignée par la Haute Autorité de Santé, notamment au regard du “critère de résultat”. La sédation profonde et continue est “+poursuivie jusqu’au décès due à l’évolution naturelle de la maladie+. Alors que l’euthanasie (…) provoque la +mort immédiate du patient+”, a-t-il cité.La ministre de la Santé Catherine Vautrin a de son côté rappelé qu’il était précisé plus loin dans le texte que “l’aide à mourir n’était pas un obstacle aux conditions qui sont celles des contrats d’assurance vie”.Elle a suggéré de “profiter de la navette” parlementaire du texte, qui doit ensuite être examiné au Sénat, pour améliorer ce point. Une possibilité serait d’ajouter “deux cases” à la liste des circonstances apparentes de décès, une pour la sédation profonde et continue et une pour l’aide à mourir.- Clause apparente -Dans la soirée, les députés ont largement validé (par 126 voix contre 10) le cadre de la “clause de conscience” permettant à tout médecin de refuser de pratiquer l’aide à mourir, sur le modèle des règles existantes pour l’avortement.Décision qui restera individuelle, malgré les tentatives de la droite d’autoriser une clause collective à l’échelle d’un établissement ou d’un service, Patrick Hetzel évoquant des “services de soins palliatifs hostiles” à l’aide à mourir et son collègue Philippe Juvin le cas des maisons de retraite “tenues par des congrégations religieuses”.Des “amendements dénués d’humanité” dénoncés par la socialiste Sandrine Runel, avec la volonté de “rendre la loi inopérante” selon le centriste Philippe Vigier (Modem), et même un risque de “rupture républicaine” pour Frédéric Valletoux (Horizons).Pas de clause de conscience en revanche pour les pharmaciens qui fourniront le produit létal, demandée par les opposants au texte mais écartée par l’Assemblée plus tôt dans la journée.Les parlementaires ont aussi approuvé le détail de la procédure encadrant l’administration de la substance et ses suites. Un amendement de M. Delautrette a notamment été adopté, précisant que si la présence du professionnel de santé n’est pas obligatoire, il doit être “suffisamment près et en vision directe de la personne”.En complément des différents critères et étapes préalables à ce geste ultime, les députés ont également validé la création d’une “commission de contrôle et d’évaluation”, principalement chargée de tenir le registre des soignants pratiquant l’aide à mourir, et de signaler aux ordres de santé ou à la justice les faits relevant de leurs compétences – manquement à la déontologie d’une part, crimes et délits d’autre part.Moins de 200 amendements restant en discussion, l’examen en première lecture du texte devrait s’achever samedi, avant un vote solennel le 27 mai.

La proportionnelle, “c’est la clarification” et “l’esprit de compromis”, selon Glucksmann

Le co-président de Place publique Raphaël Glucksmann a défendu vendredi devant François Bayrou un mode de scrutin proportionnel pour les législatives qu’il associe à “la clarification” et à “l’esprit de compromis”.”La proportionnelle, c’est la clarification, c’est l’esprit de compromis, c’est la sincérité face aux électrices et aux électeurs. C’est aussi une représentativité infiniment plus démocratique que le système actuel”, a affirmé M. Glucksmann, après plus d’une heure d’entretien avec le Premier ministre.C’est la première fois que Place publique était reçue pour consultation par un chef de gouvernement.”Ce que nous voulons collectivement, c’est que désormais, il y ait dans chaque parti politique la responsabilité de présenter un cap clair et un programme concret, précis, une identité politique propre” et “ensuite de travailler à des coalitions de gouvernement et des coalitions majoritaires”, a détaillé l’ancien socialiste.Raphaël Glucksmann, qui était accompagné par l’eurodéputée Aurore Lalucq, co-présidente du parti avec lui, et par le député et ancien ministre de la Santé d’Elisabeth Borne, Aurélien Rousseau, a cité le modèle allemand et penche pour une proportionnelle “régionale”, mais reste “ouvert à la discussion”.”Beaucoup de gens qui sont intéressés par le fait que (la proportionnelle) n’ait pas lieu. Mais si on rate ce moment-là, on aura raté une opportunité de redonner plus de démocratie à la France et la France en a besoin”, a-t-il appuyé.François Bayrou a entamé le 30 avril une série de consultations des forces politiques sur l’élection des députés à la proportionnelle. Un projet de loi pourrait être examiné à l’automne.Le Premier ministre défend une proportionnelle intégrale par département comme en 1986, alors que depuis l’instauration de la Ve République – à l’exception des législatives de cette année-là -, les députés sont élus au scrutin uninominal majoritaire à deux tours.Reçus mardi, le Parti socialiste n’a pas encore arrêté sa position sur la proportionnelle, qui n’est “pas la priorité” pour le leader communiste Fabien Roussel, tandis que les députés de La France insoumise défendent une proportionnelle “à un échelon régional”.François Bayrou doit encore recevoir la semaine prochaine le nouveau patron des Républicains Bruno Retailleau. La droite est très opposée à ce mode de scrutin.

Loi “Duplomb”: des ONG crient au “scandale” sanitaire et environnemental

Des ONG de défense de l’environnement et de la santé mais aussi des associations paysannes se sont alarmées vendredi de mesures contenues dans la proposition de loi “Duplomb” sur l’agriculture, criant au “scandale” dans un contexte politique jugé “hostile à la nature”.Pesticides, agrandissement des élevages, assouplissement de certaines obligations environnementales: ce texte venu du Sénat, qui dit vouloir “lever les contraintes” pesant sur les agriculteurs, doit être examiné à l’Assemblée nationale du 26 au 31 mai.”La charge est très lourde (pour les agriculteurs), mais quand on voit ce qui se cache derrière les propos tenus, ça flirte avec le scandale. Et c’est pour ça qu’on va se battre”, a déclaré lors d’une conférence de presse Allain Bougrain Dubourg, président de la LPO.Avec une dizaine d’autres associations (Aspas, FNH, France Nature Environnement WWF…), celle-ci s’est inquiétée de “défaites” environnementales à l’occasion de la Fête de la Nature (21-25 mai).Cette édition se déroule “dans un contexte politique particulièrement hostile à la nature”, ont-elles jugé dans un communiqué commun, ciblant en particulier la proposition de loi consacrée à l’agriculture.Celle-ci s’apprête “à assouplir les procédures d’autorisation environnementale, à affaiblir l’Office français de la biodiversité (OFB) (…), à réautoriser les néonicotinoïdes +tueurs d’abeilles+ interdits depuis 2018, à faciliter l’implantation de mégabassines qui accaparent les ressources en eau au profit de l’agriculture intensive et à modifier la définition des zones humides pour en diminuer la protection alors qu’elles sont essentielles face aux inondations et sécheresses”, ont-elles listé.Pour Franck Rinchet-Girollet, porte-parole d’Avenir santé environnement, association née à la suite d’un nombre élevé de cancers pédiatriques dans la région de La Rochelle, “cette loi est une fausse réponse à un vrai problème. Au lieu de protéger notre agriculture, elle la renvoie vers le passé. Au lieu de prendre en compte la santé, elle prolonge la dépendance à un modèle toxique”. Un constat partagé par l’Union nationale de l’apiculture française (Unaf), ainsi que par un collectif d’associations paysannes et de défense du bien-être animal, qui ont décidé d’interpeller directement les députés, par des messages ou des courriers.  “Les enjeux liés à la biodiversité, (…) à la santé publique et à l’avenir de l’agriculture ne peuvent être sacrifiés au nom de jeux politiques ou des intérêts des lobbys agrochimiques”, a déclaré Christian Pons, président du syndicat d’apiculteurs, cité dans un communiqué. De leur côté, une demi-douzaine d’associations – dont Greenpeace, Réseau Action Climat et CIWF France, qui promeut des pratiques d’élevage respectueuses du bien-être animal – ont dénoncé dans une lettre ouverte aux députés les assouplissements de la réglementation sur les élevages industriels figurant dans la proposition de loi.  Cette stratégie “fait le jeu des industries agroalimentaires et de l’alimentation animale” mais elle “ne pourra pas, à moyen ou long terme, soutenir l’élevage en France”, alertent ces ONG dans leur lettre. 

Congrès PS: Olivier Faure défend l’union de la gauche, les yeux rivés sur 2027

A cinq jours du premier tour du congrès du PS, Olivier Faure met toutes ses forces dans la bataille pour défendre son bilan et l’union de la gauche non mélenchoniste pour 2027, avec en ligne de mire la prochaine présidentielle, où il se pose en potentiel candidat. Le patron des socialistes multiplie, comme ses concurrents Nicolas Mayer-Rossignol et Boris Vallaud, les déplacements dans les fédérations socialistes, alors que le résultat du vote est plus que jamais incertain.Avec pour objectif de défendre sa proposition d’une plateforme commune de la gauche non mélenchoniste, allant de Raphaël Glucksmann à François Ruffin, en vue d’une candidature commune pour 2027, mais sans Jean-Luc Mélenchon, le leader de La France insoumise, avec qui il a pris ses distances depuis plusieurs mois.Olivier Faure, qui a pris la tête du PS en 2018 après le champ de ruine laissé par le quinquennat Hollande et a été l’un des initiateurs de l’alliance Nupes en 2022, puis du Nouveau Front populaire en 2024, continue de porter l’idée d’une union large à gauche pour contrer “la vague réactionnaire et identitaire qui monte”.Mais Nicolas Mayer-Rossignol accuse le premier secrétaire, député de Seine-et-Marne, de manquer de clarté sur les alliances à venir avec LFI.De son côté, le camp fauriste se dit “concentré” et “plus organisé” qu’au congrès de Marseille, où le premier secrétaire avait été réélu sur le fil, et affirme ne pas “ressentir de vague de dégagisme”. L’ancien Premier ministre Lionel Jospin, figure de la gauche, a toutefois annoncé vendredi qu’il soutiendrait Nicolas Mayer-Rossignol. Et le chef des députés PS Boris Vallaud, qui a lâché le premier secrétaire pour se lancer lui aussi dans la bataille, en déplorant un parti “divisé”, risque de lui faire perdre des voix. Olivier Faure argumente d’avoir remis le PS “au coeur de la gauche” (le nom de sa motion). Et s’il a fait opérer à son parti un revirement, en refusant de censurer le gouvernement Bayrou sur le budget en début d’année, il n’exclut pas une nouvelle censure prochainement, sur les retraites ou le futur budget.”A un an des municipales, on appelle les militants à faire preuve de continuité, avec ceux qui ont la confiance des autres partenaires à gauche”, souligne l’eurodéputé Pierre Jouvet, jugeant qu'”avoir un leader qui commence à être reconnu et respecté, ça compte”.- “climat de tensions” -Car le patron des socialistes, longtemps sur la réserve, s’est peu à peu installé dans le paysage de gauche. Plus présent dans les médias, il a multiplié les rencontres avec les Français, et vient de sortir un livre, “Je reviens te chercher”, où il se dévoile plus intimement, évoquant notamment son père d’extrême droite. “Ça permet aux militants, et plus largement aux Français de connaître plus en sincérité et en profondeur qui il est”, insiste Pierre Jouvet. Et d’affiner une stature de présidentiable, même si le patron du PS s’en défend.”Il se présidentialise”, confirme le président du Parti radical de gauche Guillaume Lacroix. “Il est persuadé de s’être mis au barycentre de la gauche, en disant +je suis compatible avec l’extrême gauche mais je n’accepte pas tout+, et +je suis compatible avec les sociaux-démocrates, mais je n’accepte pas tout+”.Reste qu’en interne, Olivier Faure est loin de faire l’unanimité: ses détracteurs critiquent une “gestion clanique” du parti, et affirment qu’il n’a “pas d’idéologie, pas de travail, pas de méthode”. “Il a créé un climat de tensions et d’agressivité”, assène la présidente d’Occitanie, Carole Delga. “Quelle est sa position politique, personne ne le sait, c’est en fonction des saisons”, tacle-t-elle encore.Le député Arthur Delaporte, qui a un temps jugé son image “affaiblie”, remarque toutefois que “pendant le NFP Olivier Faure a réussi à incarner l’union plus que pendant la Nupes” et “génère désormais de la fierté militante”. Une socialiste, qui a fait le choix de soutenir Boris Vallaud, assure qu’il est certes “très à l’écoute”, mais “il est arrivé au bout de ce qu’il pouvait faire. Il y a une telle haine anti-Olivier”.

L’ex-maire de Toulon Hubert Falco condamné pour injures contre un journaliste

L’ex-maire de Toulon Hubert Falco, démis de ses fonctions par la justice, a été condamné vendredi à une amende de 1.000 euros pour avoir insulté et traité de “chien galeux” un journaliste collaborant pour Mediapart. Le tribunal correctionnel de Toulon l’a également condamné à verser 1.000 euros de dommages et intérêts au journaliste Simon Fontvieille et 500 euros au Syndicat national des journalistes (SNJ), qui s’était constitué partie civile.”C’est une victoire pour la liberté de la presse montrant que tout journaliste, quel qu’il soit, doit pouvoir exercer son travail de façon libre et sereine au service des citoyens et de l’intérêt général”, a réagi le journaliste auprès de l’AFP.L’avocat de l’ex-élu n’était lui pas joignable dans l’immédiat.Le procès s’était tenu le 16 mai en l’absence de l’ex-baron de la politique varoise, ce qui fut “fort dommage” selon la présidente.Simon Fontvieille, journaliste de 34 ans, avait expliqué à la barre les tentatives d'”intimidation” répétées de la part d’Hubert Falco, à qui il a consacré plusieurs enquêtes.Les faits jugés concernaient un épisode en marge d’une cérémonie publique célébrant les 79 ans de la libération de Toulon en août 2023.Hubert Falco, qui n’a alors plus de mandat, est présent et le journaliste le prend en photo, comme d’autres personnalités. L’ex-élu, aujourd’hui âgé de 78 ans, lui lance alors: “ça te gêne que je sois là ?”, le traitant d'”espèce de chien”, “chien galeux”.”Enfin M. Falco, +chien galeux+, pourquoi vous êtes aussi grossier ?”, lui répond le journaliste.Hubert Falco le traite alors de “connard”, ajoutant: “Oui, je te le dis ! Ecris-le à Mediapart que je t’ai dit que tu étais un connard”.Le 28 mai, une autre échéance judiciaire cruciale attend Hubert Falco: la décision de la Cour de cassation sur sa peine de cinq ans d’inéligibilité immédiate prononcée en 2024 par la cour d’appel d’Aix-en-Provence dans un dossier de détournements de fonds publics, qu’il conteste. Une décision dont dépend son avenir politique, à moins d’un an des municipales.

Aide à mourir: les députés votent pour renforcer la procédure collégiale

Avant d’accéder ou non à une demande d’aide à mourir, un médecin devra convoquer une réunion avec a minima un spécialiste et un soignant qui donneront leur avis, ont décidé jeudi les députés. La version initiale de la proposition de loi d’Olivier Falorni (Groupe MoDem) prévoyait que le médecin, après avoir vérifié que la personne remplit bien les critères d’éligibilité au droit à l’aide à mourir, recueille obligatoirement “l’avis écrit” d’un médecin spécialiste de la pathologie et d’un auxiliaire médical ou aide-soignant intervenant dans le traitement du malade.Mais les députés ont estimé, à une large majorité (112 contre 61), que la procédure devait être davantage collégiale, en votant un amendement du député Horizons et ancien ministre de la Santé Frédéric Valletoux, soutenu par le gouvernement et M. Falorni. Désormais, les avis écrits sont remplacés par la réunion d’un collège, composé a minima du médecin en charge de la demande, d’un spécialiste et d’un soignant impliqué dans le traitement de la personne.Ce collège doit se réunir physiquement, et, si c’est impossible, à distance. Et il peut, à son appréciation, recueillir l’avis d’autres personnes, comme d’autres professionnels de santé par exemple (c’était déjà le cas dans la version initiale). C’est seulement à l’issue de cette procédure collégiale que le médecin prononce sa décision.Durant les débats, des députés ont insisté sur la collégialité comme “un point central” et “d’équilibre” du texte, selon les mots de Yannick Monnet (GDR). Mais pour les plus farouches opposants, ce changement n’est que “cosmétique”, comme a dénoncé le député LR Philippe Juvin.Ils ont tenté, sans y parvenir, d’ajouter un certain nombre de “garde-fous”, selon leur expression. Par exemple, que la décision ne soit pas prise par le médecin, mais par le collège, que la réunion ne puisse se tenir à distance, ou que le spécialiste ait obligatoirement examiné le patient. Le texte prévoit que le spécialiste a accès “au dossier médical de la personne” et l’examine, “sauf s’il ne l’estime pas nécessaire”.- Délai de 48H -Le gouvernement a plus tard dans la journée échoué à faire adopter un amendement prévoyant que le médecin recevant la demande d’aide à mourir consulte un psychiatre ou un neurologue dans le cadre de la procédure collégiale, “lorsqu’il a un doute sérieux sur le discernement de la personne”.Plusieurs députés du “socle commun” ont jugé trop imprécise cette formulation, Charles Sitzenstuhl (EPR) estimant que “soit il y a un doute, soit il n’y a pas de doute”. La gauche a voté contre l’amendement, Sandrine Rousseau (écologiste) expliquant que les psychiatres ne sont “pas des spécialistes du discernement”.Le gouvernement a en revanche obtenu le rétablissement d’un délai incompressible de deux jours entre la décision du médecin et la confirmation par le patient de sa demande.Les députés ont ensuite étudié un article permettant au patient de choisir la date, le lieu et les personnes l’entourant au moment de l’administration de la substance létale.Un amendement du gouvernement adopté prévoit que le médecin réévalue la volonté libre et éclairée de la personne lorsque la date retenue intervient plus de trois mois après l’autorisation donnée – contre un an dans le texte auparavant.La question du lieu a particulièrement été débattue. Plusieurs députés ont tenté en vain d’établir que l’administration de la substance létale soit effectuée dans un lieu dédié, qui ne soit pas un EHPAD ou un hôpital.”Ce lieu qui était pour la vie jusqu’au bout va devenir le lieu où (…) on reçoit la mort. C’est un changement important”, a déclaré Dominique Potier (PS). “Beaucoup de soignants m’en ont parlé avec un peu d’émotion.”Mais d’autres députés se sont opposés à l’idée déplacer des patients.Un amendement prévoyant d’exclure les “voies et espaces publics” comme lieu possible pour l’administration a en revanche été adopté. Une position d'”équilibre” afin d’éviter toute “dérive”, selon M. Falorni.Le vote sur l’ensemble du texte, en première lecture, est prévu le mardi 27 mai.

Edouard Philippe “défavorable” à la proportionnelle qui conduirait à une “absence de majorité”

L’ancien Premier ministre Edouard Philippe s’est dit jeudi “défavorable” à un mode de scrutin proportionnel pour les élections législatives, comme le souhaiterait François Bayrou, car il conduirait selon lui à une “absence de majorité” et pourrait “distendre le lien entre l’électeur et le député”.”Le scrutin proportionnel a plus de chance de perpétuer ce que nous voyons aujourd’hui, c’est-à-dire une absence de majorité”, a affirmé le président d’Horizons et candidat proclamé à la présidentielle, à l’issue d’un entretien d’environ 45 minutes avec le Premier ministre à ce sujet.”Nous considérons que cette absence de majorité rend difficile, voire impossible, une action résolue dont notre pays a pourtant besoin”, a-t-il ajouté, observant que “nous ne pouvons pas accepter un régime qui est pour l’essentiel un régime de l’inaction”.En outre, “le scrutin proportionnel tend mécaniquement à éloigner, à distendre, le lien entre l’électeur et le député”, a fait valoir Edouard Philippe, qui était accompagné de Paul Christophe chef de file des députés Horizons, Claude Malhuret président Horizons du groupe des sénateurs Les Indépendants, République et territoires, et Pierre-Yves Bournazel, secrétaire général délégué du parti et candidat aux municipales à Paris.Le cumul des mandats, soutenu par les deux hommes, n’a pas été abordé lors de l’échange, selon M. Philippe, qui avait précédemment dit qu’il pourrait soutenir la proportionnelle si un cumul était possible entre le mandat parlementaire et un mandat exécutif local.François Bayrou a entamé le 30 avril une série de consultations des forces politiques sur l’élection des députés à la proportionnelle. Le chef du gouvernement défend une proportionnelle intégrale par département comme en 1986, alors que depuis l’instauration de la Ve République – à l’exception des législatives de cette année-là -, les députés sont élus au scrutin uninominal majoritaire à deux tours.Il a indiqué jeudi aux représentants d’Horizons “sa volonté de soumettre” un projet de loi sur le modèle de 1986. Celui-ci pourrait être examiné à l’automne.Mais le Premier ministre n’est pas assuré d’avoir cette fois le soutien des macronistes qui considèrent désormais que le mode de scrutin majoritaire actuel est “le moins pire”. A droite, Les Républicains sont fermement opposés à la proportionnelle. Leur nouveau président Bruno Retailleau doit être reçu à ce sujet la semaine prochaine.Le RN, favorable à une proportionnelle avec une prime majoritaire, a indiqué qu’il pourrait s’accommoder du modèle de 1986. La France insoumise défend une proportionnelle “à un échelon régional” et le Parti socialiste, divisé, n’a pas encore arrêté de position.François Bayrou doit recevoir jeudi après-midi Fabien Roussel pour le Parti communiste, puis vendredi Marc Fesneau pour son parti, le MoDem, et Raphaël Glucksmann pour le mouvement Place publique.