AFP Politics

Macron nomme un proche, Sébastien Lecornu, à Matignon, un pari à haut risque

Emmanuel Macron a nommé mardi le ministre des Armées Sébastien Lecornu à Matignon, charge revenant à ce fidèle issu de la droite de trouver des “accords” avec les forces politiques avant de “proposer” un gouvernement. Une mission à haut risque face à la menace permanente d’une censure.A 39 ans, l’ex-sénateur normand, de tous les gouvernements d’Emmanuel Macron depuis 2017, devient son septième Premier ministre, et le quatrième en un an. Du jamais-vu dans une Ve République longtemps réputée pour sa stabilité mais entrée dans une crise sans précédent depuis la dissolution de l’Assemblée en juin 2024.Le président de la République, qui a reçu son nouveau chef de gouvernement mardi soir, l’a “chargé de consulter les forces politiques représentées au Parlement en vue d’adopter un budget pour la Nation et bâtir les accords indispensables aux décisions des prochains mois”, a annoncé l’Elysée. Le nouveau pensionnaire de Matignon a déjà entamé ses consultations, selon un conseiller de l’exécutif. “A la suite de ces discussions, il appartiendra au nouveau Premier ministre de proposer un gouvernement”, a ajouté la présidence, qui inverse donc la méthode.    Le chef de l’Etat lui a fixé comme priorités “la défense de notre indépendance et de notre puissance, le service des Français et la stabilité politique et institutionnelle pour l’unité du pays”, se disant “convaincu” qu’une entente est “possible” malgré une majorité introuvable depuis la dissolution ratée de 2024.”Nous sommes au travail, avec humilité, et nous allons tout faire pour y arriver”, a tweeté peu après Sébastien Lecornu sur X, assurant “mesurer les attentes” des Français et “les difficultés” qui l’attendent.La passation de pouvoir avec François Bayrou, qui a perdu son pari de la confiance lundi à l’Assemblée pour redresser les finances du pays, aura lieu mercredi à midi à Matignon. Elle va coïncider avec une journée de mobilisation pour bloquer le pays initiée par divers mouvements, avant une mobilisation syndicale le 18 septembre.Le chef des Républicains et ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau s’est aussitôt dit prêt à “trouver des accords” avec M. Lecornu afin de bâtir une “majorité nationale”, signifiant ainsi sa volonté de rester au gouvernement.- “Dernière cartouche”-Sébastien Lecornu “a les qualités” pour “discuter” et “trouver un accord” avec les autres partis, a jugé l’ex-Premier ministre Édouard Philippe, sur TF1.Le Rassemblement national et les Insoumis ont pour leur part dénoncé la proximité entre le président et son nouveau chef du gouvernement, promettant de continuer à manier la censure faute de changement de cap politique. “Le président tire la dernière cartouche du macronisme”, a ironisé Marine Le Pen sur X. Jean-Luc Mélenchon, dénonçant “une triste comédie de mépris du Parlement”, a de nouveau appelé au “départ de Macron”. Une “provocation” et “un non respect total des Français”, a renchéri la patronne des Ecologistes Marine Tondelier.Les socialistes, possibles interlocuteurs pour un accord de non-censure, seule voie de passage susceptible de garantir un minimum de stabilité, ont dans l’immédiat jugé que le chef de l’Etat prenait “le risque de la colère sociale” et “du blocage institutionnel”. Ils s’étaient eux-mêmes portés en vain candidats pour Matignon. Après avoir reconnu la défaite de son camp aux législatives post-dissolution, tenté une semi-cohabitation avec l’opposant Les Républicains Michel Barnier puis avec le centriste Bayrou, Emmanuel Macron s’en remet donc à un macroniste pur sucre qui a grimpé les échelons jusqu’à devenir ministre des Armées en 2022.Déjà en décembre dernier, il avait voulu le nommer à Matignon, mais son allié historique François Bayrou avait fini par s’imposer à lui.Cette fois, le président n’a pas tergiversé malgré une offre de service de la présidente de l’Assemblée Yaël Braun-Pivet, cette nomination express semblant indiquer que le scénario avait été soigneusement préparé en amont.A Sébastien Lecornu de résoudre désormais le casse-tête d’une Assemblée plus fragmentée que jamais, en suivant la demande du président de “travailler avec les socialistes” pour “élargir” l’assise de la fragile coalition avec la droite.- Concessions -Pour tenir, le futur gouvernement devra quoi qu’il en soit obtenir, a minima, une non-censure du PS, indispensable pour doter la France d’un budget pour 2026, dont la préparation vient de faire tomber le gouvernement sortant qui avait présenté un effort de 44 milliards d’euros. Le calendrier budgétaire menace déjà de dérailler en raison de cet énième soubresaut de la crise politique, après le retard inédit de l’an dernier.Et l’impasse politique risque d’agiter les marchés financiers, en attendant la décision de l’agence Fitch qui pourrait dégrader vendredi la note de la dette française. Mardi, la France a emprunté à échéance dix ans aussi cher que l’Italie, longtemps classée parmi les mauvais élèves en Europe. Selon un interlocuteur régulier d’Emmanuel Macron, ce dernier pourrait cette fois accepter que le Premier ministre fasse de réelles concessions aux socialistes, par exemple sur la taxation des plus riches, jusqu’ici un tabou pour lui.Emmanuel Macron le sait: s’il n’a que des cartes imparfaites entre les mains, l’atout qu’il a abattu risque d’être le dernier avant de devoir, en cas de nouvel échec, redissoudre l’Assemblée, comme l’y invite le Rassemblement national. En cas d’impasse prolongée, la pression monterait sur une démission d’Emmanuel Macron, espérée par l’extrême droite comme par La France insoumise.

Lecornu, fidèle et discret soldat d’Emmanuel Macron

Venu de la droite, discret au point d’être quasi inconnu du grand public, Sébastien Lecornu, nommé Premier ministre à 39 ans, est un compagnon de route du chef de l’Etat depuis 2017, devenu un rouage essentiel de la macronie. De tous les gouvernements depuis la première élection d’Emmanuel Macron, il a déjà manqué de peu Matignon l’année dernière.Celui qui n’a “jamais complètement défait” ses cartons depuis la dissolution devait déjà être nommé rue de Varenne le 13 décembre avant que François Bayrou ne s’impose au forceps.Malgré l’absence de majorité et l’instabilité politique qui en découle depuis 2022, Sébastien Lecornu s’est maintenu au poste stratégique de ministre des Armées depuis trois ans, où il a connu pas moins de quatre Premiers ministres, Elisabeth Borne, Gabriel Attal, Michel Barnier, et François Bayrou.Peu loquace publiquement à son poste de gardien de la “grande muette”, Sébastien Lecornu est aussi un homme politique réservé. C’est en grande partie en coulisses qu’il a étendu son influence.”C’est un fidèle de Macron qui ne lui fera pas d’ombre. Son bilan à la défense est plutôt bon”, relève auprès de l’AFP un diplomate sous couvert de l’anonymat. Leur proximité remonte en partie au mouvement des Gilets jaunes, après lequel M. Lecornu avait co-animé les “grands débats”.”Lecornu, c’est le bon soldat qui par ailleurs n’a pas trop de charisme”, ajoute un conseiller ministériel.- “Manoeuvrier” -Proche de Gérald Darmanin et d’Edouard Philippe, issus comme lui de la droite, il s’est illustré politiquement par ses négociations pied à pied avec les parlementaires de tous bords pour faire adopter, à la quasi unanimité, la loi de programmation militaire (LPM) 2024-2030, en hausse de 40% par rapport à la précédente.”Il est apprécié sur tous les bancs de l’Assemblée”, selon un ancien membre de la commission Défense de l’Assemblée qui décrit “un animal politique”: il maîtrise ses dossiers, répond sans regarder ses notes et distribue alternativement à ses adversaires flagorneries et tacles appuyés.Mais “ce n’est pas difficile” de faire passer un budget en hausse, modère un responsable du bloc central, qui le voit davantage “manœuvrier” et pointe la montée du RN dans son département de l’Eure.Reste à savoir si cet homme, jugé “habile” par un responsable socialiste, saura convaincre le PS avec  qui Emmanuel Macron a demandé de travailler. “Il comprend vite les choses”, mais “il est plus à droite que Bayrou”, note le même.Il a été épinglé dans la presse pour un dîner avec Marine Le Pen, ce qui en fait “l’homme de la négociation avec le RN dans la psyché socialiste”, selon une ministre.Sur le budget, alors que son prédécesseur a été accusé de dramatiser la question de la dette, Sébastien Lecornu affirmait récemment ne pas croire que le FMI soit “aux portes de Bercy” mais se dit certain que “si nous ne faisons rien, le pays va s’étouffer à petit feu”.- Réserviste -Il reste conscient qu'”accepter ce job (de Premier ministre), c’est accepter de mettre les deux doigts dans la prise et que ça continue de grésiller”, glisse un proche.Originaire de Normandie, petit-fils de résistant, il a un temps pensé faire Saint-Cyr mais s’est lancé très jeune en politique. Sa carrière a débuté à droite, à l’UMP puis chez les Républicains (LR), battant plusieurs records de précocité. Assistant parlementaire à 19 ans, il devient en 2008 le plus jeune conseiller dans un cabinet ministériel -celui de Bruno Le Maire aux Affaires européennes- puis en 2015, le plus jeune président d’un département, l’Eure, après avoir été maire de sa ville, Vernon.Propulsé au gouvernement à 31 ans, il passe par plusieurs ministères : l’Ecologie, les Collectivités, l’Outre-mer, puis les Armées. Réserviste de la gendarmerie dans l’Eure, cet amateur d’histoire élu sénateur en 2020 répétait vouloir rester aux Armées, citant régulièrement l’action de son lointain prédécesseur Pierre Messmer, inamovible titulaire du portefeuille sous le général de Gaulle.S’il reste discret dans les médias, il a pris la lumière avec la guerre en Ukraine, s’efforçant de mettre en musique le “réarmement” du pays ordonné par le chef de l’Etat ou les garanties de sécurité que les Européens seraient susceptibles d’apporter à Kiev. Il a été aussi en première ligne dans l’intensification de la coopération européenne en matière d’industrie de défense, notamment avec l’Allemagne.Face à ce qu’il voit comme le “plus gros dérèglement géopolitique depuis la Seconde guerre mondiale”, il a bénéficié pour son ministère d’un budget en ascension constante, à l’inverse de la plupart de ses collègues.Après l’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, c’est lui qu’Emmanuel Macron a envoyé en tournée régionale pour négocier la libération d’otages français retenus dans la bande de Gaza et incarner la position française.bur-dla-mra-are/sde/jmt/cbn

Thomas Legrand, accusé de connivence avec le PS, renonce à son émission sur France Inter

Critiqué par de nombreux responsables politiques pour des propos litigieux sur Rachida Dati tenus à des dirigeants du Parti socialiste, le journaliste Thomas Legrand a renoncé mardi à son émission hebdomadaire sur France Inter, mais continuera d’intervenir à l’antenne.”J’ai annoncé ce matin à la direction de France Inter qu’il m’est désormais impossible d’assurer sereinement le débat hebdomadaire prévu dans la nouvelle grille” le dimanche matin, mais “France Inter est ma radio”, a indiqué sur le réseau social X le journaliste, qui avait été filmé à son insu avec des cadres du PS.”Il continuera à intervenir à l’antenne comme éditorialiste de Libération et sous d’autres formes adaptées dont nous discutons avec lui”, a assuré de son côté la direction de France Inter, qui l’avait suspendu à titre provisoire aussitôt après la révélation des images.Dans cette vidéo diffusée vendredi par le média conservateur L’Incorrect et filmée en juillet dans un restaurant parisien, Thomas Legrand et Patrick Cohen, journaliste qui intervient également sur France Inter, échangent avec Pierre Jouvet et Luc Broussy, respectivement secrétaire général et président du conseil national du PS.Au cours de cette discussion, où est aussi évoquée la stratégie de la gauche en vue de la présidentielle de 2027, M. Legrand, qui travaille pour France Inter et Libération, déclare notamment “Nous, on fait ce qu’il faut pour (Rachida) Dati, Patrick (Cohen) et moi”, ce qui a pu être interprété comme un parti pris à l’encontre de la ministre sortante de la Culture.Dans un message publié sur X vendredi soir, Mme Dati, investie comme candidate des Républicains à la mairie de Paris, a demandé que des mesures soient prises envers les deux chroniqueurs, dénonçant des “propos graves et contraires à la déontologie”.”Complot”, “infiltration”, “mafia”: très rapidement, les critiques ont fusé envers les deux journalistes, aussi bien du côté des Républicains, que du Rassemblement national et de La France insoumise.- “Attachement” au service public -“Je tiens des propos maladroits” mais “j’assume de +m’occuper+ journalistiquement des mensonges de Madame Dati”, a justifié samedi M. Legrand.”On a pris des bouts de phrase” et “c’est complètement manipulatoire”, a de son côté réagi auprès de l’AFP Patrick Cohen, présent sur France Inter et dans l’émission “C à Vous” (France 5).Les deux journalistes ont annoncé leur intention de porter plainte.Le PS s’est lui défendu en assurant qu'”aucune collusion n’existe entre le Parti socialiste et les journalistes quels qu’ils soient”.De son côté, le député et vice-président du RN Sébastien Chenu a indiqué avoir saisi la procureure de Paris, courrier à l’appui, de faits qu’il a qualifiés de “manquements graves à la neutralité du service public” pouvant selon lui relever de la “prise illégale d’intérêt” et du “trafic d’influence”.Mardi, la direction de France Inter a estimé que le retrait de M. Legrand de sa nouvelle émission dominicale, qu’il avait animée une seule fois, traduisait “son profond attachement au service public et son souhait de protéger le travail des journalistes de la rédaction”.Il n’aura plus de rendez-vous propre à l’antenne cette saison mais les auditeurs pourront l’entendre dans des débats notamment, au même titre que d’autres éditorialistes de divers médias. 

Retailleau: “on a besoin très rapidement d’un Premier ministre” face “aux risques de débordements” dans les manifestations de septembre

Le président des Républicains (LR) et ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a jugé mardi qu’il y avait “urgence à nommer un Premier ministre” parce qu’il ne doit pas “y avoir de pouvoir vacant” à la veille de manifestations et face à “un mois de septembre propice à tous les débordements”. “Nous avons besoin très rapidement d’un Premier ministre pour que le pouvoir soit incarné. C’est capital, y compris d’ailleurs en matière de maintien de l’ordre”, a insisté le ministre devant la presse à l’issue d’une réunion des dirigeants de LR.”Demain il y a cette journée où Monsieur Mélenchon et ses amis veulent créer un climat insurrectionnel, il y aura une possible dégradation de la note (de la dette de la France) le 12 et ensuite la journée intersyndicale le 18. On est sur un mois de septembre propice à tous les débordements”, a-t-il alerté.Une fois désigné, le nouveau Premier ministre devra, avant de former un gouvernement, “se retourner vers l’ensemble des formations politiques pour dessiner un chemin d’intérêt général pour la France et nos compatriotes”, a-t-il jugé.M. Retailleau a répété qu’il jugeait “inconcevable” que le Premier ministre soit “socialiste” car, selon lui, “le projet socialiste ne correspond pas à ce que veulent la majorité des Français qui sont plutôt à droite”.Quant à la participation des LR au gouvernement, “elle n’a rien d’automatique” et dépendra du “contenu de la politique”, a-t-il assuré, répétant les priorités de la droite sur la sécurité, l’immigration et la fiscalité.

Bardella promet la censure à un gouvernement du bloc central

Le président du Rassemblement national Jordan Bardella a rappelé mardi, au lendemain de la chute du gouvernement de François Bayrou, que le RN censurerait tout Premier ministre qui ne peut pas “rompre avec la politique menée depuis huit ans”.”La question du figurant importe peu, c’est la politique de fond qu’il faut changer”, a balayé le patron du parti d’extrême droite sur RTL, renouvelant son appel à une nouvelle dissolution débouchant sur des législatives anticipées.  “Si (Emmanuel) Macron fait le choix de nommer un nouveau Premier ministre, alors ce Premier ministre n’a aucune autre possibilité que de rompre avec la politique qui est menée depuis huit ans”, a-t-il tancé. “Auquel cas les mêmes causes entraîneront les mêmes conséquences et entraîneront par définition une censure du gouvernement”, a-t-il ajouté. Le Rassemblement national plaide pour “revenir devant les Français” sans quoi, “je ne vois pas comment quelque chose de sain pourrait émerger”, a estimé Jordan Bardella, alors que deux Premiers ministres sont déjà tombés depuis la dissolution de juin 2024.”Si on ne change pas les politiques, si on ne change pas les gens qui sont au pouvoir”, le “quotidien” des Français “ne pourra pas changer”, a-t-il insisté.

Braun-Pivet “évidemment” prête à aller à Matignon

La présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, s’est dite prête mardi à aller Matignon pour y mettre en oeuvre un éventuel “pacte de coalition”, promettant si c’était le cas de gouverner sans faire usage du 49.3 et de demander d’emblée un vote de confiance.”Je ne suis pas candidate” pour Matignon, “en revanche je suis disponible pour œuvrer dans l’intérêt de mon pays”, a affirmé sur RTL la députée Renaissance des Yvelines, alors que le Premier ministre François Bayrou doit présenter en fin de matinée sa démission au président de la République.”Si d’aventure, il fallait assumer cette mission-là, évidemment je ne rechignerais pas”, a-t-elle aussi déclaré.Mme Braun-Pivet, qui reçoit à 9H30 les présidents des différents groupes politiques de l’Assemblée, plaide pour la conclusion entre ceux qui le souhaitent, d’un “programme d’action jusqu’en 2027″.”Nous discuterons de cela et du fonctionnement de l’Assemblée nationale. Il n’y a pas une minute à perdre pour essayer de se mettre d’accord sur ce pacte de responsabilité et de stabilité”, a-t-elle dit, soulignant l’urgence de doter la France d’un budget pour 2026.Si elle était nommée, Mme Braun-Pivet s’engagerait à renoncer à faire usage de l’article 49 alinéa 3 de la Constitution, qui permet de faire adopter des textes sans vote, et voudrait solliciter un vote de confiance de l’Assemblée.”Il faut le faire d’entrée de jeu sur le pacte de coalition pour que le pacte de coalition soit clair pour les Français, et que l’acceptation de la représentation nationale soit claire”, a-t-elle soutenu.Pour atteindre une majorité absolue, Mme Braun-Pivet souhaite associer “les socialistes”, les “écologistes” à la coalition gouvernementale actuelle. Sur le plan programmatique, la titulaire du perchoir a souligné qu’il faudrait faire des “compromis” et probablement revenir sur le projet de l’actuel gouvernement de réduire le déficit de 44 milliards d’euros en 2026.Elle a prôné l’abandon de la proposition de M. Bayrou de supprimer deux jours fériés, et souhaité l’adoption d’un “budget qui soit juste, équitable”.

Faure ne veut pas dire si le PS censurerait un nouveau gouvernement macroniste

Le premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure, qui veut qu’Emmanuel Macron nomme un Premier ministre de gauche, n’avait toujours pas été contacté mardi matin par le chef de l’Etat et a refusé de dire si le PS censurerait un Premier ministre du camp présidentiel.”Dans la nuit, je dormais sur mes deux oreilles et donc je n’ai pas entendu le téléphone sonner”, a-t-il répondu sur France inter alors que le chef de l’Etat a annoncé sa volonté de nommer un nouveau Premier ministre “dans les tout prochains jours” après la chute de François Bayrou.Interrogé sur l’attitude du PS en cas de nomination d’un Premier ministre macroniste comme Sébastien Lecornu ou Catherine Vautrin, M. Faure a refusé de répondre.”Je ne vais pas rentrer dans un récit qui serait celui de dire ce que je ferais avec tel ou tel. Pour l’instant, nous devons revendiquer le pouvoir et faire en sorte que cette possibilité existe”, a-t-il plaidé alors que le groupe socialiste, avec ses 66 députés, occupe un rôle pivot à l’Assemblée nationale.”Aujourd’hui nous voulons le changement. Faire en sorte que les Français qui expriment leur exaspération puissent enfin trouver un débouché politique à travers un changement qui ne peut pas être, de mon point de vue, la continuation de ce qu’on connaît depuis longtemps”, a-t-il argumenté.

“Pots de départ” pour fêter la chute du gouvernement Bayrou et préparer le 10-Septembre

Des milliers de manifestants ont fêté lundi soir la chute du gouvernement de François Bayrou devant des mairies, à l’appel du mouvement “Bloquons tout” le 10 septembre.De source policière, 200 mobilisations ont fédéré “11.000 personnes”.”Les actions les plus significatives” ont été observées à Rennes (750 personnes), Lyon (500 personnes), Brest (400 personnes), Grenoble (250 personnes) et le Havre (220 personnes) dans une ambiance “globalement festive”, a-t-on ajouté de même source.”Des déambulations sauvages” ont été constatées à Rennes, Toulouse et Grenoble, a souligné la source policière. “A Lyon, des protestataires ont procédé à des tirs de mortiers d’artifice, ce qui a engendré un mouvement de foule”, mais le calme est revenu après l’intervention des forces de l’ordre, a-t-elle précisé.A Nantes, quelque 300 personnes, selon la préfecture, se sont rassemblées en début de soirée, en musique et sous des pancartes marquées “Bye bye Bayrou” et “le 10/09 on bloque tout”, quelques confettis survolant le regroupement.”On en profite pour échanger sur les différentes actions prévues le 10 septembre, les informations circulent”, rapporte Inès Guaaybess, 30 ans, qui prévoit de se mobiliser mercredi.A Rennes, des centaines de personnes, pour beaucoup des étudiants, se sont réunis place de la mairie autour d’une table avec quelques bouteilles et du pain, sur fond de musique et de confettis.Les manifestants se sont ensuite rendus place Sainte-Anne au centre-ville, haut lieu de la vie étudiante rennaise.”On est au bout du système” avec “une alternance droite gauche qui ne remet pas en cause le côté capitaliste libéral. Il va falloir bifurquer”, assure Jérémie, ingénieur de 37 ans, venu en vélo avec son enfant.A Paris, des rassemblements étaient organisés devant plusieurs mairies d’arrondissement. Dans le 20e, au moins 200 personnes se sont réunies place Gambetta dans une ambiance bon enfant.”C’est une grande victoire ce soir! Le prochain gouvernement devrait penser aux pauvres et aux retraités. Tout est cher, tout augmente. Macron, je voudrais qu’il s’en aille, pourtant j’ai voté deux fois pour lui pour faire barrage” à l’extrême droite, explique Amina Elrhardour, 60 ans.Selon Marius, 25 ans, “il y a vraiment de la démocratie locale qui s’organise” en vue du 10 septembre, tandis que Xavier Keller, 25 ans lui aussi, dit que “le Nouveau Front populaire doit gouverner. On est capable de faire accepter un budget de gauche, je n’ai aucun doute là-dessus”.A Bordeaux, plus d’une centaine de personnes, dont de très nombreux jeunes, ont applaudi et crié de joie à l’annonce de la chute du gouvernement Bayrou, au son d’une fanfare.”Il faut qu’on soit visible, on est nombreux à en avoir ras le bol et n’avoir plus confiance en Macron”, lance Mathilde, trentenaire ceinturée d’une banane Confédération paysanne.Un rassemblement a également été organisé en fin d’après-midi à Pau, ville dont François Bayrou est le maire.Le chef de l’Etat a dit vouloir nommer un nouveau Premier ministre “dans les tout prochains jours”.kal-ld-laf-cg-boc-mk/ito/bfa/dsa

A close-up of a stack of newspapers resting on a desk, symbolizing information and media.

Entre rancoeur, lassitude et soulagement, les députés face au crépuscule Bayrou

Journée crépusculaire au palais Bourbon: totalement dénuée de suspense, la chute de François Bayrou a plongé les députés dans la circonspection, attisant lassitude et amertume chez les uns, soulagement chez les autres. Avec en toile de fond, l’ombre tenace d’une nouvelle dissolution.Cette issue, à laquelle pousse Marine Le Pen, a été écartée au moins à court terme par l’Elysée, qui a annoncé lundi soir la nomination rapide d’un nouveau Premier ministre.194 votes pour, 364 votes contre. En début de soirée, le couperet est tombé, implacable. La donne était jouée d’avance pour François Bayrou, qui devient le premier à perdre un vote de confiance sollicité au Parlement sous la Ve République, après neuf mois en poste.Dans l’hémicycle, un silence se fait au moment de l’annonce du résultat, mais il est de courte durée, rompu par les applaudissements de députés La France insoumise (LFI), debout.François Bayrou reste impassible, et après une accolade à deux de ses ministres, quitte les lieux. Mais malgré le moment historique, le palais Bourbon n’a guère semblé traversé par la solennité: ni les journalistes venus de nombreux pays, ni les invectives des chefs de groupe parlementaire dans l’hémicycle n’ont effacé l’ambiance de fin de règne… Une atmosphère bien éloignée des frissons qui avaient parcouru l’Assemblée nationale lors de la censure du gouvernement Barnier, le 4 décembre 2024.Ainsi le discours de François Bayrou, d’ordinaire enclin à s’épancher, n’aura duré qu’une quarantaine de minutes, sans susciter plus d’agitation que d’ordinaire dans l’hémicycle, sous l’oeil attentif de Jean-Luc Mélenchon et Marine Tondelier, assis dans la tribune des visiteurs.L’ambiance a même parfois pris des airs de drôle de rentrée scolaire, avec des députés ravis de se retrouver après plus d’un mois et demi de suspension des travaux parlementaires.- “Gâchis” – Les mêmes sourires ont accompagné à la mi-journée l’arrivée des Insoumis au palais Bourbon. Pour LFI, c’est “le soulagement” qui prédomine, s’enthousiasme la députée Aurélie Trouvé, non sans appeler au “départ du président de la République”.”Cette journée est un crépuscule qui n’en finit pas”, se désespère l’écologiste Sabrina Sebaihi, qui souligne elle aussi le “soulagement de repartir d’une page blanche” après “une agonie très longue”.Des mines satisfaites se lisent également sur les visages des élus du Rassemblement national (RN): “Nous n’avons qu’une envie, c’est retourner aux urnes”, glisse la députée Laure Lavalette.Les troupes de la coalition gouvernementale, elles, oscillent entre rancoeur et lassitude. “Je ne peux pas imaginer qu’il ait pensé que le coup de bluff pouvait passer”, s’agace un député Les Républicains (LR). “Il se protège mais il nous met tous dans une espèce de nasse.” Le député Renaissance Jean-René Cazeneuve glisse lui aussi que François Bayrou aurait dû “commencer par la négociation”. Et fait part d'”une sensation profonde de tristesse, de gâchis, face aux postures des oppositions”.Avec une inquiétude majeure, l’hypothèse d’une nouvelle dissolution de l’Assemblée si le blocage institutionnel persiste. “Quand bien même personne ne le souhaite, on ne peut pas ignorer que cette option existe”, affirme une source du groupe Renaissance.”Nous sommes dans une impasse dont personne ne pense que nous soyons la solution”, se désole un député du même groupe.- “A quoi on sert ?” -Dans les couloirs, la valse des candidats à Matignon reprend de plus belle: Catherine Vautrin ? Sébastien Lecornu ? Bernard Cazeneuve ? Olivier Faure ? A moins qu’un profil technique n’émerge, ou qu’un médiateur ne soit nommé pour aboutir à un accord de gouvernement ?Rumeurs pour Matignon, rumeurs de dissolution… L’impuissance en guette certains. “On a l’impression de faire et défaire. Faire et défaire c’est toujours travailler, mais espérons qu’on finisse par faire quelque chose quand même”, s’alarme le socialiste Philippe Brun. “On participe un peu aussi à ce manège malgré nous, mais nous sommes obligés de censurer François Bayrou.””Beaucoup de jeunes députés se posent la question: +A quoi on sert ?+”, admet son collègue centriste Charles De Courson. “Il faut avoir le cuir épais et savoir gérer le temps”, philosophe le plus ancien des députés.

L’Assemblée renverse Bayrou, Macron nommera son successeur dans les “tout prochains jours”

L’Assemblée a renversé lundi François Bayrou, qui a échoué à obtenir la confiance des députés. Les regards sont désormais tournés vers Emmanuel Macron, qui nommera un nouveau Premier ministre “dans les tout prochains jours”, en dépit des appels à la dissolution ou à sa démission.Une demi-heure après le vote, l’Elysée a fait savoir qu’Emmanuel Macron recevrait mardi le chef du gouvernement pour “accepter la démission de son gouvernement”.Quant à François Bayrou, il souhaite “une passation la plus fluide possible pour que très rapidement, la prochaine équipe puisse se mettre au travail”, a expliqué Matignon. Des réponses, indirectes, à ceux qui réclament le départ du chef de l’Etat ou une dissolution.”Nous avons besoin, à la suite d’un mouvement dégagiste, d’un moment refondateur. Seule l’élection présidentielle” le permet, a réaffirmé Jean-Luc Mélenchon sur France 2.”Un nouveau gouvernement, au vu de l’équation politique, ne passera probablement pas la discussion budgétaire”, a affirmé Marine Le Pen, martelant que “la dissolution n’est pas pour (Emmanuel Macron) une option, mais une obligation”.La cheffe de file de l’extrême droite, qui a appris lundi la date de son procès en appel dans l’affaire des assistants d’eurodéputés, lui ayant valu une inéligibilité (13 janvier au 12 février 2026), se dit prête à “sacrifier” son mandat de députée pour porter son parti à Matignon.La patronne des Ecologistes Marine Tondelier a, elle, appelé le chef de l’Etat à recevoir les chefs des partis de gauche avant de nommer le prochain Premier ministre.- Pression budgétaire et sociale -Plus tôt dans l’après-midi, François Bayrou avait défendu devant les députés son diagnostic sur l’état des finances publiques, qui engage “le pronostic vital” du pays, selon lui.Sans conjurer le sort promis depuis quinze jours. Au terme d’un débat marqué par un sévère réquisitoire des oppositions, seuls 194 députés (macronistes, MoDem, Horizons et Républicains) ont voté pur la confiance.Largement insuffisant face aux 364 voix conjuguées de ses opposants, allant du Rassemblement national à La France insoumise. Plus dommageable pour la coalition gouvernementale, 27 députés LR ont voté pour la confiance mais 13 ont voté contre, et 9 se sont abstenus.Et si le résultat était attendu, il n’en reste pas moins historique: François Bayrou devient le Premier chef de gouvernement de la Ve République à échouer sur tel vote de confiance qu’il n’était pas obligé de solliciter, moins d’un an après la censure du gouvernement de Michel Barnier.Plusieurs “pots de départ” ont été organisés en France pour fêter la future démission du M. Bayrou. “On voit passer les gouvernements successifs, mais au-delà des gouvernants c’est un changement de politique qu’il faut aujourd’hui”, a relevé à Nantes Léo Sanson, 30 ans.Les tractations pour remplacer le patron du MoDem sont déjà bien entamées, pressées par l’impératif du budget 2026.Plusieurs dates plaident aussi pour une vacance courte: les mobilisations “Bloquons tout” le 10 septembre, syndicales le 18, ou la décision vendredi de l’agence Fitch qui pourrait dégrader la note de la dette française.- “Qu’il vienne nous chercher” -Le Parti socialiste s’est de nouveau placé au centre du jeu. “Les socialistes sont prêts”, a martelé à la tribune le chef de leur groupe, apostrophant Emmanuel Macron : “qu’il vienne nous chercher”.Mais dans l’entourage du Président, peu voient Emmanuel Macron nommer le premier secrétaire du PS Olivier Faure, qui rejette lui-même l’idée d’un gouvernement “commun” avec des macronistes. Sur TF1, il a indiqué ne pas avoir été contacté par le président.Le patron des Républicains Bruno Retailleau a prévenu: “hors de question” d’accepter un Premier ministre socialiste. Sur France 2, le ministre de l’Intérieur a assuré ne pas être “sur les rangs” pour Matignon.Plus probable: la négociation d’un accord de non-censure par une personnalité de droite ou du centre. “Le plus stable, c’est le socle commun qui dialogue avec les socialistes”, estime un proche du président.Pour obtenir cet accord, Emmanuel Macron doit accepter “qu’il n’a plus de majorité” et qu’il “doit revoir ses politiques fiscales pour permettre la stabilité”, a estimé sur LCI le leader de Place Publique, Raphaël Glucksmann.Plusieurs noms circulent : les ministres Sébastien Lecornu (Armées), Gérald Darmanin (Justice), Catherine Vautrin (Travail et Santé), Éric Lombard (Économie), le président LR des Hauts-de-France Xavier Bertrand, l’ancien chef de la diplomatie et ex-socialiste Jean-Yves Le Drian…Autre solution proposée dans les couloirs du Palais Bourbon lundi, un négociateur chargé de trouver un accord budgétaire. Le président de Renaissance Gabriel Attal a notamment plaidé pour un “accord d’intérêt général” de dix-huit mois jusqu’à la présidentielle.