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TotalEnergies “complice” de Poutine: au tribunal, Jadot détaille ses accusations

Poursuivi en diffamation par TotalEnergies, le sénateur écologiste Yannick Jadot a soutenu mardi ses accusations contre le groupe d’être “complice de crimes de guerre” en raison de la poursuite de ses activités en Russie après l’invasion de l’Ukraine.L’ancien candidat à la présidentielle est poursuivi par le groupe pour 19 séries de propos, datant de mars 2022, peu après l’invasion de l’Ukraine par l’armée russe le 24 février.A la différence des autres major pétrolières, TotalEnergies “décide de ne pas quitter la Russie”, rappelle Yannick Jadot à la barre.Détaillant l’étroitesse des liens entre le géant français et la Russie, il estime qu’il s’agit d’une “contribution, une participation au financement d’une guerre et de ses atrocités”.Le sujet des “atrocités russes commises en Ukraine” s’invitait dans toutes les familles, tous les cercles d’amis, explique le sénateur écologiste, “pour tout le monde c’est un scandale à ce moment-là de rester en Russie”.”On est dans ce moment-là, il y a une entreprise qui est clé dans le dispositif russe et décide de s’asseoir sur tous les codes éthiques qui sont mis en avant sur le site web de la société”, accuse-t-il.Interrogé par les avocats de Total qui soulignent que les autres grands groupes pétroliers sont restés en Russie, il réplique par une autre question: “Est-ce qu’il ne sont pas partis parce que Total est resté ?””Ils sont libres de continuer à faire de l’argent”, déplore-t-il, “comme disent les conseillers” du président ukrainien Volodymyr Zelensky, “de l’argent de sang”.Cité par la défense de Yannick Jadot, le député européen Raphaël Glucksmann a estimé que “c’est la responsabilité d’un dirigeant politique de créer le débat, c’est même son honneur”.TotalEnergies était avant le conflit en Ukraine l’un des groupes français les plus exposés en Russie en matière d’énergie.Il avait annoncé fin avril 2022 un “début de repli”, et quatre mois plus tard la suspension progressive de ses activités en Russie pour “celles qui ne contribuent pas à l’approvisionnement énergétique du continent” européen.Pour TotalEnergies, qui demande un euro de dommages et intérêts, Me Antonin Lévy s’en est pris à la “répétition insupportable” par Yannick Jadot de l'”accusation extrêmement grave” de complicité de crimes de guerre.Malgré leurs annonces, les autres groupes n’ont pas quitté la Russie, en raison de l’impossibilité de le faire, car cela reviendrait à enrichir l’Etat russe ou contourner ou violer les sanctions, a-t-il fait valoir.L’avocat de Yannick Jadot, Me William Bourdon, a plaidé la relaxe, estimant que “c’est la liberté d’expression qui doit l’emporter ici”.Le jugement sera rendu le 6 juin.

Le racisme antiblanc, “bien sûr qu’il existe”, affirme le communiste Fabien Roussel

Le patron du Parti communiste Fabien Roussel a estimé mardi que le racisme antiblanc existait “bien sûr”, suscitant l’indignation de députés La France insoumise qui lui reprochent de “banaliser des notions venues de l’extrême droite”.Interrogé sur Cnews sur le racisme antiblanc, concept contesté par certains sociologues notamment, M. Roussel a répondu: “bien sûr qu’il existe”.”Mais le racisme antiblanc, le racisme antinoir, le racisme antichinois, anti-asiatique (…) c’est terrible. Et vous savez ce que ça fait ce racisme de toutes sortes? Il est fait pour diviser le peuple, pour diviser les Français, quelle que soit leur couleur et leur origine”, s’est indigné M. Roussel. “Et pendant ce temps-là, je peux vous dire que les affaires prospèrent. Les financiers, le monde économique, pas de problème. Pendant que en bas, le peuple se déchire et se divise (…) et je suis meurtri par ça”, a-t-il complété.Cette position de M. Roussel a provoqué la réprobation dans les rangs Insoumis, à l’image du député de Seine-Saint-Denis Bastien Lachaud pour qui le communiste “repousse les limites”.”Rarement un dirigeant d’une organisation de gauche aura tant fait pour brouiller les repères, banaliser des notions venues de l’extrême droite et contribuer ainsi à la défaite idéologique de notre camp social”, a-t-il commenté sur X, accusant M. Roussel de “flatter le prêt-à-penser réac”.”Ce monsieur ne sera jamais ni mon partenaire, ni mon camarade”, a abondé un autre député LFI de Seine-Saint-Denis, Aly Diouara.Cette controverse s’inscrit dans un contexte déjà tendu entre communistes et Insoumis, ces derniers accusant régulièrement le patron du PCF d’utiliser une rhétorique d’extrême droite, comme lorsqu’il avait employé le terme de “frontières passoires” en 2023.Le débat sur le racisme antiblanc a pour sa part rebondi ces derniers jours avec la publication d’un livre d’enquête sur l’affaire d’homicide à Crépol (Drôme), où a été tué un adolescent en 2023.Alors que les enquêteurs cherchent toujours à déterminer l’auteur des coups de couteau mortels, l’ouvrage, qui donne des prénoms de personnes mises en cause, souligne la récupération politique de cette affaire autour d’un prétendu “racisme antiblanc”, chez des médias et élus ayant fait de l’insécurité un thème récurrent.Mais le concept même de racisme antiblanc, originellement théorisé et diffusé par l’extrême droite, est contesté par des sociologues qui jugent qu’une telle forme de racisme est soit résiduelle, soit ne peut exister en l’absence d’une discrimination systémique envers les Blancs. Cependant, de nombreuses personnalités politiques de tous bords, se basant sur leur expérience ou des faits d’actualité, reprennent l’expression à leur compte, comme récemment la porte-parole du gouvernement Sophie Primas qui a dit dimanche n’avoir “pas de pudeur” à l’évoquer.

André Chassaigne, porte-voix du communisme rural, tourne la page à l’Assemblée

Figure du communisme rural au verbe truculent, André Chassaigne quitte l’Assemblée après quasiment un quart de siècle de mandat, laissant à ses pairs l’image d’un “grand républicain”, “profondément enraciné” dans son Auvergne natale.Derrière sa moustache blanche et ses sourcils broussailleux, l’élu de 74 ans a, mardi, “essayé de ne pas être débordé par l’émotion”, pour sa dernière question au gouvernement, sa dernière réunion en tant que patron du groupe communiste. Applaudi par l’ensemble des députés, André Chassaigne, connu pour son franc-parler, a reçu une pluie d’hommages, y compris de ceux qu’il a pu affronter.”Avec vous s’éloigne une grande figure de l’Assemblée nationale”, “un très grand républicain”, a salué Yaël Braun-Pivet la présidente de l’institution, qui n’avait conservé son poste qu’à une dizaine de voix près face à André Chassaigne, candidat du Nouveau Front populaire l’été dernier au perchoir.Cet échec avait finalement “un peu soulagé” l’élu, a-t-il plaisanté mardi devant des journalistes, car les “réceptions” et “cocktails”, “ce n’était pas mon truc”.Le Premier ministre François Bayrou a salué “une personnalité profondément enracinée dans le sol de notre pays”. Spécialiste des questions rurales, André Chassaigne laisse derrière lui deux lois à son nom, sur la revalorisation des pensions de retraites agricoles. Mais l’image qu’il retient est l’adoption de sa motion de rejet sur un projet de loi sur les OGM, en 2008.”Je me baladais dans la rue, les gens m’arrêtaient comme si je leur avais sauvé la vie”, se rappelle-t-il.- “Dédé, t’as pas changé” -Sa fin de mandat marque “le départ d’une génération, de gens qui sont arrivés peut-être un peu plus tard que les autres à la politique nationale, après des mandats locaux”, selon François Hollande.L’ancien président se souvient avoir vu arriver en 2002 un élu du Puy-de-Dôme “assez timide”, peu à peu devenu l'”un des orateurs les plus brillants de l’Assemblée”.Après avoir été maire pendant 27 ans de la petite commune de Saint-Amant-Roche-Savine en Auvergne, c’est par un retour aux sources qu’André Chassaigne a choisi de tourner la page parlementaire, en s’y faisant ré-élire comme maire adjoint.”Je n’ai absolument pas peur de m’ennuyer”, martèle-t-il, en énumérant les projets locaux qui l’attendent, et les actions de solidarité prévues pour Cuba, sa “passion”.Tout en veillant de près, tout de même, sur son suppléant, à qui il a conseillé d'”être lui-même” dans l’hémicycle, et de “rester humble”. “Le meilleur compliment qu’on peut me faire, (…) c’est quand des gens me disent dans ma circonscription, Dédé, t’as pas changé”, dit-il avec son accent auvergnat. Mais il confie un regret: ne pas avoir réussi à démontrer que les thèses du Rassemblement national seraient “dramatiques pour notre pays”.Lors des dernières législatives en 2024, il est élu au second tour en perdant 14 points par rapport à son score de 2022, au profit d’une candidate RN. Une claque, qui joue dans sa décision de passer le flambeau.”J’ai commis cette erreur-là de penser que (…) l’affection pour un élu pouvait remplacer le débat politique”, dit-il.Mardi, dans l’hémicycle, les députés RN lui ont répondu: “Good Bye Lenin”.- Fin d’une époque -Passionné par le travail parlementaire, pas avare de colères, André Chassaigne a dénoncé ces dernières années une “dérive” cherchant à “contourner la voix du peuple”. “Ce coup de force que l’on a vécu avec la loi El Khomri sous la présidence de François Hollande, c’est devenu ensuite habituel avec la majorité macroniste”, déplore-t-il.Pour certains, le départ d’André Chassaigne, entré aux jeunesses communistes à l’âge de 16 ans, fils d’un ouvrier Michelin, marque aussi la fin d’une époque.”Il incarne ce qui malheureusement n’existe plus ou très peu au PC, mais qui a marqué son histoire, l’essor du monde ouvrier ou rural qui accédait à des responsabilités”, et savait “y tenir une place” sans “s’y fondre”, selon la députée communiste Elsa Faucillon, qui confie une “forme de tristesse”. Lui n’en a pas montré mardi.”Il y en a qui sont partis dans des conditions beaucoup plus difficiles”, a-t-il fait remarquer. “Moi, je pars avec sérénité.”

Sarkozy “commanditaire” d’un pacte de corruption “indécent” avec Kadhafi, selon le parquet financier

Nicolas Sarkozy est le “véritable décisionnaire, le véritable commanditaire” d’un pacte de corruption “inconcevable, inouï, indécent”, noué avec le dictateur libyen Mouammar Kadhafi pour qu’il finance sa campagne présidentielle 2007, a martelé mardi le parquet financier dans ses réquisitions contre l’ancien président et ses onze coprévenus.Ce réquisitoire doit durer trois jours et s’achever jeudi soir avec le montant des peines réclamées, mais les procureurs ne mâchent pas leurs mots lors de cette première après-midi, particulièrement à l’encontre du principal prévenu, qui enrage en silence, assis face à eux.”Derrière l’image de l’homme public se dessine au gré des enquêtes judiciaires la silhouette d’un homme porté par une ambition personnelle dévorante, prêt à sacrifier sur l’autel du pouvoir les valeurs essentielles telles que la probité, l’honnêteté et la droiture”, déclare le procureur Quentin Dandoy avant que l’audience ne soit suspendue pour la journée.Usant de frises chronologiques, de formules choc ou ironiques, les magistrats ont détaillé dans un premier temps le “pacte de corruption” conclu selon eux fin 2005 par Nicolas Sarkozy avec l’aide de ses proches Claude Guéant et Brice Hortefeux lors de visites à Tripoli.”On vous dit qu’il n’y a aucun élément matériel démontrant que Nicolas Sarkozy aurait donné quelconque instruction. Bien évidemment !”, lance le procureur. “Tout est précisément organisé, pensé pour que jamais il n’apparaisse”.Et de revenir sur les explications “rocambolesques”, “totalement surréalistes” de Claude Guéant et Brice Hortefeux sur leurs rencontres en Libye avec le beau-frère de Mouammar Kadhafi, Abdallah Senoussi, pourtant condamné en France à la perpétuité pour terrorisme. Selon l’accusation, c’est notamment lui qui était chargé, côté libyen, d’organiser le soutien financier de la campagne. Les prévenus ont maintenu qu’ils étaient tombés dans un “piège”, un “guet-apens” et n’avaient jamais eu l’intention de le rencontrer.”On se moque de vous !”, lance le procureur au tribunal. “Envoyer ses plus intimes collaborateurs” est “la démonstration de l’implication totale de Nicolas Sarkozy en tant que commanditaire”, soutient le magistrat.- “Intime conviction” -Claude Guéant et Brice Hortefeux – absents à l’audience du jour – se sont vu confier le rôle “d’hommes de mains”, “jusque dans cette salle d’audience, où ils se sont retrouvés en première ligne, éprouvant les pires difficultés pour tenter d’expliquer l’inexplicable, tout en prenant bien soin de maintenir Nicolas Sarkozy à distance”, ajoute-t-il.A plusieurs reprises, l’ancien locataire de l’Élysée, qui a toujours clamé son innocence, ne peut réprimer un commentaire furieux à voix haute.Quatre mois environ après la dernière visite en Libye, affirme le magistrat, le “premier versement corruptif” part de Libye pour arriver sur le compte d’une société offshore bénéficiant à l’intermédiaire Ziad Takieddine – 5 millions seront transférés au total. Un pacte “inconcevable, inouï, indécent”, a résumé avant lui Philippe Jaeglé, le deuxième procureur financier.Parce qu’il a été “conclu avec (un) régime sanguinaire”, avec “pour objectif de soutenir financièrement la campagne” de “celui qui deviendra le 6e président de la Ve République”.Mais aussi car ce pacte “aurait pu vicier le résultat” de l’élection présidentielle de 2007 et qu’il “risquait de porter atteinte à la souveraineté et aux intérêts de la France”, a-t-il poursuivi.Le parquet national financier (PNF) n’avait pas de “positionnement figé” avant le procès, a-t-il assuré. Mais les dix semaines de débats, marquées par les “explications extravagantes” des trois anciens ministres et de l’ancien président prévenus, ont “renforcé” et “transformé ce positionnement en intime conviction”.Il a souligné que ce dossier avait été “émaillé de mensonges, interférences, manipulations”, notamment de la part de l’ex-locataire de l’Élysée pour empêcher l’avancée de l’enquête – il a “fallu déminer, écarter les fausses pistes”.Jugé pour corruption, recel de détournement de fonds publics, financement illégal de campagne et association de malfaiteurs, il encourt 10 ans de prison et 375.000 euros d’amende, ainsi qu’une privation des droits civiques (donc une inéligibilité) allant jusqu’à 5 ans.Le ministère public poursuit mercredi à 9H30 ses réquisitions, pour aborder les contreparties supposées et entrer dans le cÅ“ur de la campagne.

Voile dans le sport: Retailleau “en désaccord radical” avec Riner

Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau s’est dit mardi “en désaccord radical” avec le judoka Teddy Riner concernant le port du voile dans les compétitions sportives, qui a lui appelé à “l’apaisement” sur le sujet . Le quintuple champion olympique a estimé dimanche que la France “perdait son temps” sur ces questions et qu’il fallait mieux “pens[er] égalité” plutôt que “de s’acharner sur une seule et même religion”.”Teddy Riner, il m’a fait vibrer, on aime le sportif” mais “là je suis en désaccord radical avec lui”, a réagi Bruno Retailleau sur Europe 1/CNews mardi matin. “Le voile n’est pas le symbole de la liberté, c’est le symbole de la soumission.””Il n’est pas non plus le marqueur de l’égalité, au contraire, il conteste radicalement l’égalité entre les hommes et les femmes, il est le signe de l’infériorisation du statut de la femme”, a-t-il ajouté.”Évidemment que toutes les femmes qui portent le voile ne sont pas des islamistes”, a poursuivi le ministre de l’Intérieur. “Mais vous ne trouverez pas un seul islamiste qui ne souhaite pas que les femmes portent le voile.”Le judoka lui a répondu dans un message posté sur le réseau social X mardi, appelant au calme concernant ce sujet. “Je comprends que ce sujet suscite des sensibilités et des opinions divergentes. Quelle que soit l’issue de cette réflexion, j’appelle à l’apaisement, à la bienveillance et au dialogue”, a insisté Riner avant de préciser que son message n’avait “aucune visée politique et ne doit faire l’objet d’aucune récupération”.Poursuivant cet échange, Bruno Retailleau a lui aussi posté un message sur X après celui du judoka, assurant ne vouloir tacler “personne et surtout pas Teddy Riner…”, sans toutefois varier sur sa position.”Il faut en effet de l’apaisement, et le meilleur moyen d’apaiser les tensions communautaires est d’empêcher ceux qui, pour faire avancer un agenda politico-religieux, utilisent le sport comme terrain de revendications”, a-t-il écrit.Une proposition de loi LR interdisant de porter le voile pendant les compétitions, y compris de sport amateur, a été votée en février au Sénat.Le texte, qui doit désormais être examiné à l’Assemblée nationale, a semé la cacophonie au sein du gouvernement, conduisant le Premier ministre François Bayrou à réunir plusieurs ministres mi-mars pour tenter de mettre fin aux dissonances.”La ligne du gouvernement, c’est l’interdiction du voile dans les manifestations sportives pour préserver comme un sanctuaire le sport”, a indiqué Bruno Retailleau. 

La FNSEA en congrès pour tourner la page des élections et remobiliser les troupes

Le puissant syndicat agricole FNSEA se réunit de mardi à jeudi à Grenoble pour un congrès qui sera autant l’occasion d’un bilan après son recul aux élections professionnelles, que d’un appel à la mobilisation au service de la souveraineté alimentaire.”Tout n’est pas réglé”, a prévenu le patron de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) Arnaud Rousseau, lors d’une conférence de presse en amont du congrès.En dépit de mesures fiscales conséquentes et de l’engagement du président Emmanuel Macron à tout faire “pour protéger la souveraineté alimentaire française et européenne”, le compte n’y est pas pour Arnaud Rousseau, qui explique que son organisation a des “propositions à faire” et “des attentes” fortes pour “réarmer” l’agriculture française.Au rang des attentes, il a énuméré “la question du stockage de l’eau, des matières actives (notamment les pesticides, NDLR), l’attractivité du métier pour les jeunes, la rémunération des exploitants, la simplification…”.Ce congrès annuel, qui rassemble jusqu’à un millier d’adhérents, envoie un “double signal”, a déclaré mardi Arnaud Rousseau dans son discours d’ouverture selon le compte X du syndicat, la première journée étant réservée aux adhérents.”La combativité pour répondre à la colère agricole et faire face aux nouvelles pressions” liées à la géopolitique et à “l’inertie des pouvoirs publics”. Mais aussi la “responsabilité, pour rebondir, prendre de la hauteur sur nos résultats (…) et accélérer la transformation du réseau”, après des élections professionnelles en janvier qui ont vu le syndicat historique perdre sa majorité absolue.L’alliance FNSEA-Jeunes agriculteurs reste la première force syndicale chez les agriculteurs, mais passe pour la première fois sous la barre des 50% (avec 46,7% des voix). Le duo conserve toutefois la présidence de 83 chambres sur 101, ainsi que celle de l’entité nationale Chambres d’agriculture France.Ce recul dans le vote paysan a aussi un impact financier, le syndicat estimant qu’il devrait “perdre entre 700.000 et 900.000 euros par an” de subventions publiques. Pas de quoi lancer un plan social mais sans doute quelques “adaptations”.- “Autonomie stratégique alimentaire” -Cette année, le choix de Grenoble, ville ancrée dans un territoire qui compte des plaines et des montagnes, de l’arboriculture (noix) et de l’élevage (ovin et bovin notamment), est à l’image de la diversité des productions françaises et de ses adhérents, selon le syndicat.Après la crise de l’an dernier et un Salon de l’agriculture apaisé en début d’année, le syndicat estime qu’il n’est “pas question” de renoncer à batailler, même s’il “voit bien que la fenêtre politique est en train de se refermer” sur les questions agricoles.La FNSEA attend toujours de l’exécutif “une vision pour l’agriculture” reposant notamment sur “une ambition européenne” face aux menaces commerciales américaines, chinoises ou russes.Dans une lettre ouverte adressée au président Emmanuel Macron mi-mars, Arnaud Rousseau dit les agriculteurs prêts à se mobiliser pour atteindre “l’autonomie stratégique alimentaire”.Pour y parvenir, il propose trois “mouvements majeurs”: tout d’abord, le maintien d’un budget dédié de la Politique agricole commune (PAC), qui soit à la hauteur des enjeux stratégiques actuels entre menace russe et taxes américaines.Il demande aussi de mettre fin à “l’Europe passoire”, qui laisse entrer des denrées produites dans des conditions ne respectant pas les standards européens et favorisent une “concurrence déloyale”.Ces questions seront centrales dans les débats au congrès, de même que le suivi du calendrier parlementaire concernant différents textes ayant trait à l’agriculture.Après la censure par le Conseil constitutionnel d’un tiers des articles de la loi d’orientation agricole, la FNSEA a estimé que la décision préservait les “fondamentaux de la loi” – dont la consécration de l’agriculture comme étant d’intérêt général majeur ou le principe du “pas d’interdiction sans solution” pour les produits phytosanitaires – mais a appelé “à accélérer les mesures de simplification”. Le congrès sera aussi l’occasion jeudi d’une table ronde réunissant le spécialiste de géopolitique Pascal Boniface et le sociologue Jean Viard, avant le traditionnel discours de clôture, prononcé par le ou la ministre de l’Agriculture (Annie Genevard cette année), qui n’assiste par ailleurs à aucun autre congrès de syndicat agricole.

Une peine d’inéligibilité “n’empêcherait pas du tout” Le Pen de censurer le gouvernement

Marine Le Pen, présidente du groupe RN à l’Assemblée, a assuré mardi qu’elle ne s’empêcherait “pas du tout” de censurer le gouvernement même si elle devait être condamnée par la justice à une peine d’inéligibilité, synonyme d’interdiction de candidature à de nouvelles législatives.”Même si demain il y avait une exécution provisoire prononcée par le tribunal (…) ça ne m’empêcherait pas du tout de censurer le gouvernement. Y compris pour provoquer de nouvelles élections législatives”, a assuré la cheffe de file du RN devant des journalistes à l’Assemblée nationale.Le tribunal correctionnel de Paris doit se prononcer lundi sur le sort du RN et de sa cheffe de file, après que l’accusation a requis à son encontre une peine de cinq ans d’inéligibilité avec exécution provisoire (s’appliquant immédiatement, même en cas d’appel) en plus de cinq ans de prison dont deux fermes (une peine aménageable), et 300.000 euros d’amende, dans le dossier des assistants parlementaires d’eurodéputés RN.La peine d’inéligibilité est obligatoire pour le délit de détournement de fonds publics reproché à Marine Le Pen, mais la demande exécution provisoire a surpris.”Ce serait incontestablement une décision profondément antidémocratique, puisqu’elle priverait le peuple français de potentiellement choisir sa future présidente de la République”, a déjà critiqué la cheffe de file du parti d’extrême droite qui, avant même de penser à la présidentielle de 2027, pourrait se voir empêchée de se présenter aux législatives en cas de dissolution.”Mon cas personnel n’aura aucune influence sur notre capacité à prendre les décisions nécessaires pour les défendre”, a toutefois insisté la députée de la 11e circonscription du Pas-de-Calais, confiant son “agacement” concernant la politique de François Bayrou.”Il y a une programmation pluriannuelle de l’énergie qui, au moment où on se parle, doit être signée par décret, ce qui est une véritable honte parce qu’elle engage le pays sur le plan énergétique pour les dix prochaines années, et qu’elle prévoit 100 milliards de dépenses pour les énergies intermittentes, dont 37 milliards uniquement pour le raccordement des éoliennes en mer au réseau”, a-t-elle critiqué.”Je ne vois rien venir sur la proportionnelle (…) engagement qui a été effectué par Emmanuel Macron, maintes fois. C’est un des axes forts de M. Bayrou, je ne vois rien venir et je trouve que le temps est long”, a-t-elle poursuivi.”Et puis je considère qu’en matière d’immigration, le moins qu’on puisse dire, c’est qu’on est dans l’inertie totale”, a-t-elle ajouté.

Rabbin agressé: Retailleau pointe l’antisémitisme de “l’islamisme” et de “l’extrême gauche”

Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a pointé lundi au cours d’un déplacement à Belfort le “double visage” de l’antisémitisme, celui “de l’islamisme” et celui de “l’extrême gauche”, après l’agression samedi d’un rabbin à Orléans.”Il y a un énorme problème aujourd’hui”, a déclaré à la presse Bruno Retailleau en référence à un “retour de l’antisémitisme”. Il a évoqué une multiplication par “plus que trois” des actes antisémites depuis l’attaque du 7 octobre 2023 perpétré par le Hamas en Israël. “Les juifs représentent moins de 1% de la population nationale. Et pour autant, ils sont victimes de près de 60%” des agressions religieuses, a souligné le ministre.”Mais cet antisémitisme, il a muté. Autrefois, il était d’abord le fait de l’extrême droite. Aujourd’hui, c’est résiduel”, a-t-il assuré. “Il a désormais un double visage. Le visage de l’islamisme, qui est finalement un peu ce qu’était le fascisme d’hier, un catalyseur de la haine antisémite. Et un autre visage, celui de l’extrême gauche qui, sous couvert de l’antisionisme, attise les braises de l’antisémitisme”.Bruno Retailleau a par ailleurs pointé “l’énorme responsabilité” des “Insoumis” en matière d’antisémitisme, brocardant notamment la député européenne LFI Rima Hassan quand elle “déclare (…) qu’elle trouve que le Hamas, qui est un mouvement terroriste, est légitime”. A Orléans, le rabbin Arié Engelberg rentrait chez lui, avec son fils de neuf ans, quand il a été agressé. L’adolescent interpellé après l’agression sera jugé en avril devant le tribunal pour enfants, a annoncé lundi le parquet.”Ecoeuré” par cette agression, le chef des députés socialistes Boris Vallaud a estimé lundi soir que “nous devons (nous) sentir les uns et les autres responsables et partie prenante de la lutte contre l’antisémitisme”. “Si on veut combattre l’antisémitisme avec (…) toute notre énergie de républicain, nous devons connaître toutes les formes qu’il peut prendre pour les combattre”, a-t-il ajouté. Il a rappelé que, pour la Commission nationale consultative des droits de l’homme, l’antisémitisme est “essentiellement le fait de l’extrême droite en France” mais qu’il y a “aussi un antisémitisme de gauche”.Dans son rapport annuel, en juin 2024, la CNCDH avait souligné l’existence d’un antisémitisme d’extrême gauche, toutefois “sans comparaison” avec celui de l’extrême droite. Pour les chercheurs cités par cette instance, “il existe de l’antisémitisme à gauche, tout particulièrement à la gauche de la gauche, chez les proches des Insoumis et d’EELV notamment”, mais à un niveau “sans comparaison avec celui observé à l’extrême droite et chez les proches du Rassemblement national”.Dimanche, le président de la République Emmanuel Macron a dénoncé le “poison” de l’antisémitisme, en promettant de ne céder “ni au silence ni à l’inaction” face à cela.

A Paris, les centristes européens réaffirment leur soutien à l’Ukraine et planchent sur la saisie des avoirs russes

Saisie des avoirs russes, adhésion de l’Ukraine à l’UE, hausse des dépenses militaires en Europe: un “sommet pour la démocratie et les libertés” réunissant une soixantaine de dirigeants centristes européens s’est tenu lundi à Paris, à l’initiative de l’ancien Premier ministre Gabriel Attal.Le secrétaire général de Renaissance et la présidente du groupe Renew au Parlement européen, Valérie Hayer, ont réuni à la Cité universitaire de Paris des représentants de 21 pays. Étaient notamment présents l’eurodéputée allemande Svenja Hahn, présidente de l’Alliance des libéraux et des démocrates en Europe (ALDE), Sandro Gozi, secrétaire général du Parti démocrate européen (PDE), l’ex-chef du gouvernement bulgare Nicolaï Denkof, l’ancienne Première ministre belge Sophie Wilmès ou encore Szymon Holownia, président du parlement polonais.Le Premier ministre français François Bayrou, président du parti centriste MoDem et du Parti démocrate européen, a ouvert les échanges par un message vidéo depuis sa ville de Pau, où il doit présider lundi soir le Conseil municipal.Ce sommet est “un pas de géant vers une véritable alliance des démocraties libérales et surtout des partis qui les défendent”, a déclaré Gabriel Attal lors d’une conférence de presse.Face au “rouleau compresseur réactionnaire qui remet en cause aujourd’hui nos valeurs”, “nous devons réussir quelque chose de difficile, d’inédit même pour nombre de démocraties libérales: assumer notre propre puissance” et “écrire notre propre destin sans dépendre des autres”, a poursuivi le secrétaire général de Renaissance.”Dans un moment tel, l’action gouvernementale seule ne suffit pas. Celle des partis politiques, des groupes politiques, s’impose également”, a-t-il expliqué.- Dissuasion nucléaire -Les participants ont adopté une déclaration commune. Outre l’affirmation d’un “soutien actif, militant” à l’Ukraine, l’ancien Premier ministre a “salué un accord collectif autour de trois points”: le renforcement des dépenses nationales en matière de défense, la question des avoirs russes, et le processus d’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne.Sur la défense, “nous nous sommes collectivement accordés sur la nécessité d’augmenter massivement notre investissement pour viser les 3%” du PIB consacré par les États à la défense, a expliqué M. Attal.”Nous saluons également la proposition de discuter de l’élargissement de la dissuasion nucléaire française à d’autres pays européens”, peut-on également lire dans la déclaration commune.Sur les avoirs russes, “nous nous sommes accordés sur la nécessité de trouver les moyens juridiques d’utiliser ces avoirs russes dans le soutien à Ukraine”, a expliqué Gabriel Attal.Des positions contraires à celle du gouvernement, officiellement opposé à une saisie de ces avoirs (autour de 235 milliards d’euros), en dehors des intérêts qu’ils génèrent et qui servent déjà à aider Kiev. “On considère qu’il y a une voie de passage, on est en train de travailler d’un point de vue légal”, a expliqué Mme Hayer. Mardi dernier, François Bayrou a renvoyé la question au niveau européen.Gabriel Attal a également évoqué un “accord pour pousser à l’accélération du processus d’adhésion de l’Ukraine à l’UE”, notamment “pour que des députés européens ukrainiens observateurs puissent siéger dès l’année prochaine au Parlement européen”.Un prochain sommet se tiendra le 26 juin à Bruxelles en présence de chefs de gouvernement. Le président français Emmanuel Macron y a été convié.”On va l’élargir à nos amis norvégiens, au Royaume-Uni, au Canada, à tous ceux qui veulent à nos côtés continuer à défendre notre modèle démocratique et promouvoir la démocratie libérale”, a indiqué Valérie Hayer.

Avoirs russes, adhésion de l’Ukraine à l’UE: un sommet de dirigeants centristes européens s’ouvre à Paris

Un sommet réunissant une soixantaine de dirigeants centristes européens se réunit lundi à Paris afin de déboucher sur une “déclaration commune” favorable à la saisie des avoirs russes pour soutenir l’Ukraine et à l’entrée de ce pays dans l’UE, a expliqué le président de Renaissance Gabriel Attal. Ce “sommet pour la démocratie et les libertés”, organisé à Paris à l’initiative de l’ancien Premier ministre et de la présidente du groupe Renew au Parlement européen Valérie Hayer, doit permettre de faire face au “rouleau compresseur réactionnaire” de Donald Trump et Elon Musk, a détaillé Gabriel Attal sur France Inter.Il a notamment souhaité en sortir avec “une déclaration commune qui appelle à la saisie des avoirs russes”, afin de “faire progresser cette question” qui aujourd’hui ne fait pas consensus en Europe.Alors que le gouvernement est contre cette utilisation des avoirs russes, il a défendu sa position: “la donne a changé”. “Sur cet argument qui est de dire que ça menacerait la stabilité financière de l’Union, je pense que beaucoup d’investisseurs ont déjà intégré ce risque-là”, a-t-il estimé, rappelant que “la stabilité financière de l’Union européenne serait beaucoup plus menacée par une victoire de la Russie sur l’Ukraine”.Et “surtout, je considère qu’avant de faire payer les Français avant de faire payer les Européens pour notre armement et pour le soutien à l’Ukraine, on peut faire payer les Russes”, a-t-il développé.”Pour l’intégration de l’Ukraine à l’Union européenne, on souhaite aller plus vite, là aussi, je pense qu’on peut arriver à s’engager tous ensemble”, a-t-il ajouté.Les participants à ce sommet, représentant 21 pays selon Gabriel Attal, aborderont enfin la question du “réarmement de l’Europe et de la capacité de l’Europe à se défendre”. “Ces formations politiques qui vont se réunir aujourd’hui (sont) présentes dans nos parlements nationaux (…). Si on pousse tous dans la même direction, ça permettra de faire progresser les choses aussi au niveau européen”, a-t-il espéré. Cette réunion, à laquelle assisteront notamment l’ancien Premier ministre bulgare Nicolaï Denkof, l’ancienne Première ministre belge Sophie Wilmès ou encore Szymon Holownia, président du parlement polonais et candidat à l’élection présidentielle du mois de mai, sera ouvert par le Premier ministre François Bayrou, en visioconférence depuis Pau, dont il préside le conseil municipal. Â