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L’Assemblée se penche lundi sur la loi spéciale, en l’absence de budget

Une roue de secours le temps de s’accorder sur un budget 2025: les députés s’apprêtent à adopter une loi spéciale autorisant l’exécutif à prélever l’impôt et à emprunter pour financer l’Etat et la Sécurité sociale, les sujets les plus clivants étant renvoyés après les fêtes. L’adoption du texte étudié dans l’hémicycle à partir de 16H00, ne fait guère de doute, aucun camp politique n’ayant intérêt à enrayer la machine de l’Etat.Une grande partie des députés souhaitait aussi que le texte permette d’indexer sur l’inflation le barème de l’impôt sur le revenu, afin d’éviter des hausses aux contribuables l’an prochain.Mais leurs amendements ont été déclarés irrecevables lundi par la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet (Ensemble pour la République), qui les a jugés inconstitutionnels.Elle a notamment suivi un avis du Conseil d’Etat, selon qui ce texte n’était pas le véhicule adéquat pour cette indexation, qui ferait sortir la loi spéciale de son périmètre de reconduction des impôts existants.Auteur de l’un des amendements irrecevables, le président LFI de la commission des Finances, Eric Coquerel, a regretté qu’il ne soit pas “testé auprès du Conseil constitutionnel” après l’adoption de la loi, arguant qu’il n’y avait pas de précédent (en 1979, le gouvernement avait dû recourir à une forme de loi spéciale mais sans mesure d’indexation).En parallèle de cette querelle juridique se joue aussi une bataille politique sur les conséquences de la censure.Le groupe Rassemblement national a dénoncé “une volonté assumée de sanctionner les députés (…) d’avoir voté la censure”. Ceux qui l’ont votée “ne pouvaient pas ignorer les conséquences”, a estimé en retour la députée Horizons Agnès Firmin Le Bodo.- Le budget : premier test pour Bayrou -A défaut d’indexation “380.000 nouveaux foyers” pourraient se retrouver imposables in fine, selon le ministre du Budget démissionnaire Laurent Saint-Martin. Mais le tir pourrait être corrigé dans un véritable projet de budget 2025 ou dans un autre projet de loi en début d’année prochaine.En l’absence de ces amendements, les débats sur la loi spéciale devraient s’achever rapidement. Le Sénat examinera le texte mercredi.La présentation de ce texte, qui sera défendu au banc par le ministre du Budget démissionnaire, Laurent Saint-Martin, fait suite à la censure du gouvernement de Michel Barnier, après qu’il a engagé sa responsabilité sur le projet de budget de la Sécurité sociale le 9 décembre.Le nouveau Premier ministre, François Bayrou, s’active depuis sa nomination vendredi pour mettre sur pied un gouvernement, dont la mission première sera de faire adopter un budget pour 2025.Mais constatant que “l’adoption de la loi de finances initiale pour 2025 n’interviendra pas avant plusieurs mois”, le rapporteur général du budget à l’Assemblée nationale, le centriste Charles de Courson et Eric Coquerel, ont écrit au nouveau Premier ministre, lui demandant que puissent entrer en vigueur rapidement des dispositions fiscales faisant “consensus” et ayant un caractère “urgent”.”C’est notamment le cas de la prorogation d’impôts et crédits d’impôts venant à expiration le 31 décembre, de l’exonération fiscale et sociale de pourboires (…), de l’indexation sur l’inflation du barème de l’impôt sur le revenu, de l’extension du prêt à taux zéro ou encore (de certaines) dispositions en faveur des agriculteurs”, énumèrent-ils.Ainsi demandent-ils qu’un projet de loi comportant ces mesures soit inscrit à l’ordre du jour de la séance publique “dès la reprise des travaux” à l’Assemblée nationale, le 13 janvier.

Jospin enjoint le PS de “rester dans l’opposition” mais de faire en sorte que Bayrou “dure”

L’ancien Premier ministre socialiste Lionel Jospin a recommandé lundi au PS, ainsi qu’aux écologistes et aux communistes de “rester dans l’opposition” mais de ne pas “se mettre dans une situation d’usage mécanique de la censure” pour que le gouvernement Bayrou “dure”.”Les socialistes, les communistes et les écologistes, considérant qu’ils n’avaient pas été appelés par le président à former le gouvernement, sont entrés dans l’opposition, ils sont dans l’opposition, il faut qu’ils y restent”, a expliqué Lionel Jospin, dont la parole est rare, à l’antenne de France Inter.Mais “en même temps, il faut qu’ils contribuent à ce que ce gouvernement, dont il ne partage pas les options, dure”, a-t-il complété.Pour ce faire, il a suggéré à la gauche non-LFI de ne pas aller vers “un maniement trop mécanique” de la menace de censure en cas d’utilisation par François Bayrou du 49.3 qui impose un texte à l’Assemblée sans vote.Rappelant ne pas être “un zélateur” de cet article de la Constitution, qu’il n’a pas utilisé pendant ses cinq ans à Matignon (1997-2002), Lionel Jospin a recommandé la “souplesse” face à une “situation complexe”.Il a même avancé que le 49.3 pouvait servir de “protection pour l’opposition” en l’empêchant de devenir “co-auteur” d’un texte qu’elle rejette et sur lequel un accord n’a pas pu être trouvé à l’Assemblée. En abandonnant cette menace systématique, la gauche pourrait, a-t-il espéré, “obtenir” des concessions de la part de François Bayrou. Il a évoqué “le partage de l’effort” pour réduire la dette, mais aussi l’éducation ou la santé.Et bien sûr, a-t-il détaillé, la question de la très controversée réforme des retraites qui a retardé l’âge de départ à 64 ans. “J’espère que François Bayrou aura la sagesse (…) de remettre l’ouvrage sur le métier”, a-t-il développé.”Mais il faut en même temps que ce gouvernement dure et que l’opposition utilise le temps qui va venir pour travailler elle-même à ses propositions et préparer l’alternance” en 2027, a-t-il insisté.

Le Pen salue chez Bayrou une “méthode plus positive”

Marine Le Pen a salué lundi à l’issue d’un entretien avec le nouveau Premier ministre François Bayrou une “méthode plus positive” que son prédécesseur Michel Barnier, qu’elle avait accusé de l’avoir reçue trop tardivement.”La méthode est plus positive que ce que j’ai pu voir jusqu’à présent”, a estimé la patronne des députés Rassemblement national, première cheffe de groupe reçue à Matignon depuis la nomination de M. Bayrou. Elle était accompagnée par le N.1 du parti Jordan Bardella.En quête d’une solution viable pour faire passer un budget dans une Assemblée sans majorité, François Bayrou a entamé lundi une consultation des groupes à l’Assemblée nationale “par leur ordre d’importance” numérique dans cette chambre. Marine Le Pen a aussi indiqué avoir “exprimé au Premier ministre les réserves” que le RN avait “sur un certain nombre de personnalités” susceptibles d’entrer au gouvernement.Elle a notamment évoqué avec lui le mode de scrutin à la proportionnelle revendiqué par le RN mais aussi le MoDem, parti de François Bayrou.”Je sais que le Premier ministre est attaché à la proportionnelle et il m’apparaît que c’est un chantier” à mettre en Å“uvre “juste après le budget”, a-t-elle plaidé. C’est “une priorité pour permettre que l’ensemble des Français puissent être représentés” et “peut-être (…) faire émerger une majorité”, a-t-elle justifié.Elle a associé la proposition de la gauche de ne pas censurer le gouvernement si celui-ci n’utilise plus le 49.3, à des “tractations indignes” qui “dévalorisent la classe politique”.”Personne ne doit renoncer à aucun des outils qui nous ont été donnés par la Constitution (…) on fait le choix de l’utiliser ou de ne pas l’utiliser”, a-t-elle développé.

Breton et Moscovici alertent sur “une France à l’arrêt” et réclament un gouvernement qui s’attaque au désendettement

L’ex-commissaire européen Thierry Breton et le premier président de la Cour des comptes Pierre Moscovici, dont les noms circulent pour entrer dans l’exécutif, se sont tous deux inquiétés lundi “d’une France à l’arrêt” et ont réclamé un gouvernement pour s’attaquer au désendettement sans lequel “il n’y a pas d’avenir”. “La France est à l’arrêt depuis maintenant quasiment un an. On a eu quatre premiers ministres qui se sont succédé, On a les agents économiques qui sont à l’arrêt, qui attendent de savoir s’ils vont investir. On a vraisemblablement un risque de restructuration importante pour nombre d’entreprises (…) Il faut un gouvernement”, a alerté M. Breton sur BFMTV/RMC.Après la dégradation de la note souveraine de la France par l’agence de notation Moody’s vendredi, “le rôle des politiques, et en particulier dans la charge des finances du pays, est évidemment de faire mentir les agences de notation”, a-t-il jugé.”Comme la France est un grand pays membre de l’UE, membre de l’euro et disposant d’une épargne extrêmement abondante de plus de 6.000 milliards, cela nous donne un petit peu de temps pour éviter de faire des méthodes +à l’Argentine+” en termes de réduction des dépenses, a-t-il jugé.”Mais il n’y a pas une seconde à perdre, il faut se donner une trajectoire et puis surtout, s’y tenir”, a-t-il insisté, en se réjouissant que François Bayrou ait placé “la lutte contre la dette comme premier point”.De son côté, Pierre Moscovici a prévenu “qu’il n’y a pas d’avenir pour ce pays s’il ne se désendette pas”. “On ne peut rien faire avec une dette de cette ampleur. C’est 25 milliards de remboursement en 2021, 53 milliards cette année, 70 milliards dans l’année qui vient (…) Comment voulez-vous financer des politiques publiques d’avenir?”, s’est-il inquiété sur franceinfo.”Les investisseurs gardent leurs investissements parce qu’ils ne savent pas dans quel univers ils se déploient. Les consommateurs, ils diffèrent leur consommation”, a constaté M. Moscovici.”Il y a un nÅ“ud gordien entre l’incertitude économique, l’instabilité politique et la dégradation financière. Il faut trancher ce nÅ“ud et pour le trancher, il faut résoudre la question politique”, a-t-il résumé. 

L’Assemblée se penche lundi sur la loi spéciale, en l’absence de budget

Faute d’avoir adopté un budget pour 2025, les députés examineront lundi un projet de loi spéciale, destiné à garantir la continuité de l’Etat, en permettant de lever les impôts, dépenser des crédits sur la base du précédent budget, et autoriser l’Etat et la Sécurité sociale à emprunter.Une grande partie des députés souhaitent aussi que ce projet de loi permette d’indexer sur l’inflation le barème de l’impôt sur le revenu, afin d’éviter des hausses aux contribuables l’an prochain.Des amendements en ce sens ont été déposés, dont un signé notamment par le rapporteur général du Budget, Charles de Courson (Liot) et le président de la commission des Finances Eric Coquerel (LFI).Reste à savoir si ces amendements seront déclarés recevables par la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet.Cette dernière n’avait pas fait connaître dimanche soir ses intentions. Mais, selon une source parlementaire, “il n’y a pas de suspense”, et Mme Braun-Pivet devrait suivre l’avis du Conseil d’Etat, qui a estimé mardi que la loi spéciale n’était pas le véhicule adéquat pour mettre en Å“uvre cette indexation. Avis partagé par le président du Sénat Gérard Larcher dans un entretien à La Tribune Dimanche.En l’absence de ces amendements, les débats qui commenceront à 16H00 devraient s’achever rapidement. Le Sénat examinera à son tour le texte mercredi.La présentation de ce texte, qui sera défendu au banc par le ministre du Budget démissionnaire, Laurent Saint-Martin, fait suite à la censure du gouvernement de Michel Barnier, après qu’il a engagé sa responsabilité sur le budget de la Sécurité sociale lundi dernier.Le successeur de M. Barnier, François Bayrou, s’active depuis sa nomination vendredi pour mettre sur pied un gouvernement, dont la mission première sera de faire adopter un budget pour 2025.Mais, constatant que “l’adoption de la loi de finances initiale pour 2025 n’interviendra pas avant plusieurs mois”, MM. de Courson et Coquerel ont rendu public dimanche un courrier au nouveau Premier ministre, demandant que puisse entrer en vigueur rapidement un certain nombre de dispositions fiscales faisant “consensus au sein des deux assemblées” et ayant un caractère “urgent”.”C’est notamment le cas de la prorogation d’impôts et crédits d’impôts venant à expiration le 31 décembre, de l’exonération fiscale et sociale de pourboires (…), de l’indexation sur l’inflation du barème de l’impôt sur le revenu, de l’extension du prêt à taux zéro ou encore (de certaines) dispositions en faveur des agriculteurs”, énumèrent-ils.Ainsi demandent-ils qu’un projet de loi comportant ces mesures soit inscrit à l’ordre du jour de la séance publique “dès la reprise des travaux parlementaires” à l’Assemblée, le 13 janvier.

Gouvernement, budget: Bayrou consulte et compose

François Bayrou consulte lundi et mardi les forces politiques en même temps qu’il compose son gouvernement, en quête d’un chemin étroit qui lui permettrait de faire passer, sans majorité, un budget, après le gel du précédent par la censure.Le Premier ministre reçoit les groupes parlementaires “par leur ordre d’importance” numérique à l’Assemblée nationale. A eux de décider de la composition de leur délégation, avec ou sans chef de parti.Il commencera à 09H00 par la présidente du groupe des députés Rassemblement national, Marine Le Pen, qui a fustigé dimanche une “méprisable coalition des contraires” mais ne censurera pas “a priori”, accompagnée par le président du parti, Jordan Bardella. Ces derniers avaient déploré ne pas avoir été reçus assez tôt par l’ancien Premier ministre Michel Barnier.M. Bayrou, qui a tenu à appeler personnellement chaque chef de groupe, s’entretiendra ensuite avec Gabriel Attal, à la fois le chef de file des députés macronistes Ensemble pour la République (EPR), et président du parti Renaissance, qui lui a marqué son soutien.Suivront les chefs de groupe socialistes, Boris Vallaud pour l’Assemblée et Patrick Kanner pour le Sénat, avec le Premier secrétaire du PS Olivier Faure, qui n’ont pas l’intention d’entrer au gouvernement mais se sont montrés prêts à discuter sur différents sujets, comme d’une “conférence sociale” sur les retraites ou de la taxation des hauts revenus, autant de propositions qui avaient reçu à l’Assemblée le soutien du MoDem, le parti de François Bayrou.Le chef de file des députés Droite républicaine (DR) Laurent Wauquiez viendra seul. Son parti LR conditionne la participation de la droite au gouvernement au “projet” que leur présentera François Bayrou.La France insoumise, qui a déjà promis la censure, a refusé de rencontrer François Bayrou dans ce cadre, par “crainte” selon Jean-Luc Mélenchon “que tout ça soit à nouveau une comédie”. – “Personnalités” -Parallèlement à ces consultations destinées à mesurer les soutiens dont il dispose, M. Bayrou peaufine son équipe qu’il veut resserrée et dominée par des “personnalités” d’expérience.Il devait voir dimanche soir Emmanuel Macron, qui avait hésité toute la matinée de vendredi à le nommer à Matignon bien qu’ils soient alliés de longue date. “Je serai un Premier ministre de plein exercice et de complémentarité” avec le président, a précisé François Bayrou dans La Tribune Dimanche. A l’instar de son prédécesseur Michel Barnier qui préférait parler de domaines “partagés” entre eux deux, plutôt que “réservés” au chef de l’Etat.François Bayrou n’a toutefois pas l’intention de batailler sur les postes régaliens, qui relèvent du domaine dit “réservé”, selon une source gouvernementale. Le MoDem détient actuellement le ministère des Affaires étrangères, avec Jean-Noël Barrot. Reste à savoir si Sébastien Lecornu, un fidèle d’Emmanuel Macron que le chef de l’Etat a hésité à nommer à Matignon, souhaite rempiler à son poste.M. Bayrou a reçu vendredi le ministre de l’Intérieur sortant Bruno Retailleau (LR), à qui il a laissé le pilotage de la crise à Mayotte, touché par un cyclone meurtrier, comme un gage de la poursuite de sa mission au gouvernement.Mais le maintien de ce ministre clivant divise, même si les socialistes contestent d’abord son projet d’une nouvelle loi immigration. Le président du Sénat Gérard Larcher (LR) a plaidé pour que soit reconduit son collègue de parti.- Déficit -Le temps presse pour la formation du gouvernement car c’est lui qui portera le nouveau projet de loi de finances pour 2025, interrompu par la censure, alors que le déficit s’aggrave et que les agences de notation froncent les sourcils.Le nouveau Premier ministre a reçu à cet égard dimanche le ministre sortant du Budget Laurent Saint-Martin, avant l’examen par les députés lundi du projet de la loi spéciale qui permettra la continuité de l’Etat, en l’absence de budget adopté dans les temps .Il s’est aussi entretenu samedi avec le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, et le président la Cour des comptes Pierre Moscovici. Autant de profils possibles pour Bercy, comme celui aussi de Roland Lescure, ex ministre de l’Industrie, dont le nom avait circulé pour Matignon.François Bayrou aurait aussi l’ambition de faire entrer des socialistes dans son équipe, mais ces derniers menacent d’exclure tout prétendant. 

Bayrou va consulter les forces politiques, sur fond de cyclone meurtrier à Mayotte

François Bayrou recevra à compter de lundi les forces politiques, en quête d’une solution viable pour former un gouvernement à même de faire passer, sans majorité, un projet de budget, sur fond de cyclone meurtrier à Mayotte, sa première crise d’urgence.Le nouveau Premier ministre , allié de long date d’Emmanuel Macron, qui compte être “un Premier ministre de plein exercice et de complémentarité” avec le président, devrait revoir le chef de l’Etat dimanche soir, a appris l’AFP auprès de l’entourage de M. Bayrou.Emmanuel Macron avait hésité toute la matinée de vendredi à le nommer à Matignon et leur avant-dernier entretien avait été houleux, François Bayrou menaçant de quitter le bloc central.M. Bayrou doit désormais rapidement constituer une équipe gouvernementale qui puisse porter un projet de loi de finances pour 2025, le dernier ayant été gelé par la censure du précédent gouvernement.Il a reçu le soir de sa nomination vendredi, le ministre de l’Intérieur sortant Les Républicains Bruno Retailleau, à qui il a laissé le pilotage de la crise à Mayotte, où un cyclone dévastateur aurait fait plusieurs centaines voire milliers de morts, comme un gage de son maintien au gouvernement.Mais la gauche se montre réticente au maintien de ce ministre clivant, ou du moins s’il compte présenter une nouvelle loi immigration reprenant les articles censurés par le Conseil constitutionnel dans la précédente.A l’inverse le président Les Républicains du Sénat Gérard Larcher a plaidé pour que soit reconduit son collègue de parti, ancien pilier de la Chambre haute.- Le RN d’abord -François Bayrou n’a pas l’intention de batailler sur les postes régaliens, qui relèvent du domaine dit “réservé” du président, selon une source gouvernementale. D’autant que son parti le MoDem est déjà représenté au ministère des Affaires étrangères avec Jean-Noël Barrot. Reste à savoir si Sébastien Lecornu, un fidèle qu’Emmanuel Macron a hésité à nommer à Matignon, souhaite rempiler à son poste. Le nouveau Premier ministre a reçu également dimanche le ministre sortant du Budget Laurent Saint-Martin, avant l’examen par les députés lundi du projet de la loi spéciale qui permet, en l’absence de budget, de lever les impôts, dépenser des crédits sur la base du précédent budget (2024), et d’autoriser l’Etat et la Sécurité sociale à emprunter.Il s’était aussi entretenu samedi avec le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, et le président la Cour des comptes Pierre Moscovici, après une dégradation de la note de la France par l’agence Moody’s qui redoute que la “fragmentation politique” du pays soit peu propice au rétablissement rapide des finances publiques.. Autant de profils possibles pour Bercy, comme celui aussi de Roland Lescure, ex ministre de l’Industrie, dont le nom avait circulé pour Matignon.François Bayrou aurait aussi l’ambition de faire entrer des socialistes dans son équipe, mais ces derniers menacent d’exclure tout prétendant.Équilibres gouvernementaux et budget 2025 seront donc au cÅ“ur des entretiens que M. Bayrou tiendra lundi et mardi avec les groupes parlementaires, qui seront reçus “par leur ordre d’importance” numérique à l’Assemblée nationale.A commencer lundi à 09H00 par la présidente du groupe des députés Rassemblement national, Marine Le Pen, qui représente 124 élus, et le président du parti, Jordan Bardella.Ces derniers avaient déploré ne pas avoir été reçus assez tôt par l’ancien Premier ministre Michel Barnier, qui lui-même avait assuré avoir proposé de les recevoir dès son arrivée.- Refus de LFI -M. Bayrou, qui a tenu à appeler personnellement chaque chef de groupe, s’entretiendra ensuite avec Gabriel Attal, qui est à la fois le chef de file des députés macronistes Ensemble pour la République (EPR, 93 élus), et le président du parti Renaissance.Suivront les représentants du Parti socialiste et de la droite, avant les autres groupes mardi.La France insoumise refuse pour l’instant de le rencontrer, a annoncé la cheffe de file des députés Mathilde Panot, par “crainte” selon Jean-Luc Mélenchon “que tout ça soit à nouveau une comédie”. La gauche et l’extrême droite, qui ont censuré ensemble le gouvernement de Michel Barnier, ont exprimé à nouveau leurs positions dimanche, le PS continuant à se dire ouvert à des discussions.Le premier secrétaire du PS, Olivier Faure a dit espérer un “changement de cap, aussi minime soit-il”.L’ancien président François Hollande a lui jugé que la question d’une abrogation de la réforme des retraites se poserait de nouveau “en 2027” mais il pris ses distances avec la demande du PS, du PCF et des écologistes que le gouvernement renonce au 49.3 en échange d’une non-censure.Dans l’Eure dimanche Marine Le Pen a fustigé une “méprisable coalition des contraires, prêts à tout pour s’attribuer des postes ministériels”, sans regretter “un seul instant” la censure.

Sur fond de cyclone meurtrier à Mayotte, Bayrou va consulter les forces politiques

François Bayrou recevra à compter de lundi les forces politiques, en quête d’une solution viable pour former un gouvernement à même de faire passer, sans majorité, un projet de budget, sur fond de cyclone meurtrier à Mayotte qui a fait “certainement plusieurs centaines de morts” selon le préfet.Le nouveau Premier ministre , allié de long date d’Emmanuel Macron, qui compte être “un Premier ministre de plein exercice et de complémentarité” avec le président, devrait revoir le chef de l’Etat dimanche soir, a appris l’AFP auprès de l’entourage de M. Bayrou.Emmanuel Macron avait hésité toute la matinée de vendredi à le nommer à Matignon et leur avant-dernier entretien avait été houleux, François Bayrou menaçant de quitter le bloc central.M. Bayrou doit désormais rapidement constituer une équipe gouvernementale qui puisse porter un projet de loi de finances pour 2025, le dernier ayant été gelé par la censure du précédent gouvernement.Il a reçu le soir de sa nomination vendredi, le ministre de l’Intérieur sortant Les Républicains Bruno Retailleau, qui doit se rendre à Mayotte, où un cyclone dévastateur a fait “certainement plusieurs centaines” de morts, selon le préfet de ce département.Mais la gauche se montre réticente au maintien de ce ministre clivant, qui entend faire adopter une nouvelle loi immigration reprenant les articles censurés par le Conseil constitutionnel dans la précédente.A l’inverse le président Les Républicains du Sénat Gérard Larcher a plaidé pour que soit reconduit son collègue de parti, ancien pilier de la Chambre haute, et pour une “feuille de route qui permette de débloquer la situation”.François Bayrou a reçu également dimanche le ministre sortant du Budget Laurent Saint-Martin, après s’être entretenu samedi avec le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, et le président la Cour des comptes Pierre Moscovici.- Par “importance” -Équilibres gouvernementaux et budget 2025 seront au cÅ“ur des entretiens que François Bayrou tiendra à compter de lundi avec les groupes parlementaires et les responsables de partis.Ces forces politiques seront reçues “par leur ordre d’importance” numérique à l’Assemblée nationale, à commencer lundi à 09H00 par la présidente du groupe des députés Rassemblement national, Marine Le Pen, qui représente 124 élus, et le président du parti, Jordan Bardella.Ces derniers avaient déploré ne pas avoir été reçus assez tôt par l’ancien Premier ministre Michel Barnier, qui lui-même avait assuré avoir proposé de les recevoir.M. Bayrou, qui a tenu à appeler personnellement chaque chef de groupe, s’entretiendra ensuite avec Gabriel Attal, qui est à la fois le chef de file des députés macronistes Ensemble pour la République (EPR, 93 élus), et le président du parti Renaissance.Devraient suivre les représentants de la France insoumise, du Parti socialiste, puis de la droite, des écologistes, du MoDem, d’Horizons, les indépendants de Liot, les communistes, et enfin l’ex LR Eric Ciotti désormais allié du RN.La gauche et l’extrême droite, qui avaient joint leurs voix pour censurer le 5 décembre le gouvernement de Michel Barnier, ont exprimé à nouveau leurs positions dimanche, le PS continuant à se dire ouvert à des discussions.- “Méprisable coalition” -Le premier secrétaire du PS, Olivier Faure a souhaité sur France 3 que la nomination de François Bayrou soit synonyme d’un “changement de cap, aussi minime soit-il”, même si le président du MoDem “accompagne la politique d’Emmanuel Macron” depuis “sept ans”.”Je souhaite une discussion, et si de la discussion il y a des avancées possibles (…) je les prendrai”, a-t-il dit.Lors d’une réunion mardi des groupes politiques, sans le RN ni LFI, autour d’Emmanuel Macron, la gauche avait proposé que le gouvernement renonce à utiliser l’article 49.3 pour faire passer sans vote ses textes, en contrepartie d’un engagement à ne pas le censurer.Dans l’Eure dimanche Marine Le Pen a fustigé une “méprisable coalition des contraires, prêts à tout pour s’attribuer des postes ministériels”.En attendant de s’entendre sur un budget, les députés lundi puis les sénateurs mercredi examineront le projet de la loi spéciale qui permet, en l’absence de budget pour 2025, de lever les impôts, dépenser des crédits sur la base du précédent budget (2024), et d’autoriser l’Etat et la Sécurité sociale à emprunter.Reste à savoir si la présidente de l’Assemblée Yaël Braun-Pivet retiendra les amendements déposés pour inscrire dans ce texte une indexation du barème des impôts, étant donné le risque d’inconstitutionnalité d’une telle mesure.

2024, “annus horribilis” d’Emmanuel Macron, piégé par sa dissolution

Emmanuel Macron voulait que ce soit l’année du “réarmement” de la France, il termine 2024 comme désarmé par sa propre dissolution.”Annus horribilis”. Rarement l’expression aura si bien décrit les douze derniers mois du chef de l’Etat, englué dans la plus grave impasse politique des dernières décennies. Une année de tous les records institutionnels, mais des records peu enviables: un gouvernement démissionnaire pendant 51 jours, puis le bail à Matignon le plus éphémère de la Ve République pour Michel Barnier, renversé par l’Assemblée nationale lors d’une censure inédite depuis 1962.Et sur le papier, la nomination vendredi comme Premier ministre de son premier allié, le centriste François Bayrou – qui devient le quatrième chef de gouvernement en fonctions depuis le 1er janvier -, ne résout pas la crise elle toute seule.Face à ce marasme, Emmanuel Macron, tout puissant et protagoniste de tout depuis son arrivée à l’Elysée en 2017, en est réduit par moments à regarder passer les trains.”C’est une pièce dont le président n’est ni metteur en scène ni acteur”, soupire un conseiller au moment où gauche et droite se rejoignent pour renverser le gouvernement Barnier.Pourtant, cette pièce, il en est bien l’auteur.- Psyché présidentielle -Pour ses opposants comme pour la plupart de ses soutiens, la crise a été déclenchée par sa dissolution de l’Assemblée, cette annonce qui a fait l’effet d’une bombe le 9 juin, au soir d’élections européennes largement remportées par l’extrême droite.La regrette-t-il aujourd’hui? “Inéluctable” et “nécessaire”, “cette décision n’a pas été comprise”, “et c’est ma responsabilité”, a-t-il fini par lâcher la semaine dernière devant les Français.On a connu mea culpa plus explicite.Edouard Philippe, qui a lui “toujours pensé que c’était une mauvaise décision”, suggère dans un sourire que venant d’Emmanuel Macron, peu porté sur le repentir, cela s’y apparente tout de même. “Je connais le président, dans la façon qu’il a eu de le dire (…) moi j’ai compris que le président faisait le premier pas pour l’admettre”, dit son ex-Premier ministre.Car depuis que le chef de l’Etat a chamboulé la vie institutionnelle du pays, son propre camp cherche à sonder les profondeurs de la psyché présidentielle dans l’espoir de percer les ressorts de son choix. Dès le lendemain, il doit répondre à ceux, nombreux, qui jugent qu’il est “fou” de provoquer un tel séisme.”Pour moi c’est un mystère, cet oxymore entre cette grande intelligence et cette erreur politique majeure qu’est la dissolution”, résume, presque désabusé, un ami de la première heure du président.- “Fiertés françaises” -2024, ce “millésime français” vanté avec une pointe de grandiloquence par Emmanuel Macron, avait pourtant commencé sous d’autres auspices.Dans ses voeux de la Saint-Sylvestre, il promettait une “année de détermination, de choix, de régénération” et “d’espérance”.Et une année de “fiertés françaises”.Fierté pour les Jeux olympiques de Paris, ouverts par une cérémonie osée et spectaculaire sur la Seine qui, malgré la pluie, a marqué les téléspectateurs du monde entier. Et fierté pour la réouverture de Notre-Dame, brûlée et reconstruite en cinq ans envers et contre tout.Des paris fous… et réussis, alors que beaucoup les pensaient intenables.Des parenthèses enchantées, aussi, mais qui sont restées des parenthèses et n’ont pour l’heure pas redonné des couleurs dans l’opinion à un chef de l’Etat à la cote de popularité au plus bas.Autre maître-mot de ce mois de janvier 2024: le “réarmement de la Nation”, que promet Emmanuel Macron dans ses voeux puis lors d’une grande conférence de presse, en prime time dans la salle des fêtes de l’Elysée.La formule est soufflée par Jonathan Guémas, la plume des discours présidentiels du premier quinquennat, de retour au palais comme conseiller stratégie et communication pour redonner de l’oxygène à un second mandat déjà en panne. Et elle est déclinée ad nauseam: réarmement économique, industriel, européen, étatique, civique, académique, scientifique, technologique, agricole et même démographique!- Le plus jeune Premier ministre-Pour l’incarner, le chef de l’Etat a réussi à surprendre tout le monde: Gabriel Attal, 34 ans, entre à Matignon.”Le plus jeune président de la République de l’Histoire nomme le plus jeune Premier ministre de l’Histoire”, clame l’impétrant.A grand renfort de communication, les stratèges macronistes esquissent le sens d’une nomination qui doit rimer avec “audace”, “dynamisme”, “mouvement”, “vitesse”.”Vous incarnez le retour aux sources de ce que nous sommes, le dépassement au service du pays, l’esprit de 2017″, lance Emmanuel Macron à ses nouveaux ministres. Comme en écho à “Révolution”, son livre-programme avant sa première élection, il leur demande d’être des “révolutionnaires”, pas “des gestionnaires”.Dans un étonnant mimétisme, le duo exécutif s’adonne au même rythme ternaire pour claironner ses mots d’ordre.”De l’action, de l’action, de l’action”, martèle Gabriel Attal, avant de scander sa priorité pour “l’école, l’école, l’école”. “Des résultats, des résultats, des résultats”, renchérit Emmanuel Macron, dont l’entourage ajoute: “travail, travail, travail”.Un discours offensif qui, en creux, dit crûment ce que le chef de l’Etat et sa garde rapprochée ont nié vingt mois durant: oui, le second quinquennat manquait jusqu’ici de souffle; oui, le président se sentait comme corseté avec une Première ministre, Elisabeth Borne, qui n’avait pas été son premier choix.- L’élan retombe -Mais l’élan retombe. Polémique autour de la nouvelle ministre de l’Education, Amélie Oudéa-Castéra, qui s’enferre dans des explications controversées sur la scolarisation de ses enfants dans le privé. Puis une crise agricole inédite, qui oblige le jeune chef du gouvernement à essuyer les plâtres plus vite que prévu.La belle entente ne dure pas longtemps entre celui dont les tempes ont blanchi en sept ans de pouvoir et son “petit frère”, comme il appellera Gabriel Attal devant des enfants.Emmanuel Macron juge sévèrement sa gestion de la fronde paysanne, d’autant que lui-même vit une journée plus qu’agitée lors de l’inauguration du traditionnel salon de l’agriculture, accueilli par des syndicalistes remontés à bloc.Un “marcheur” historique assure qu’il “espérait vraiment qu’Attal prenne toute la lumière… et tous les coups”. Mais en fait, dès “le jour où il l’a nommé, Macron a vu la petite lumière qui brille dans les yeux d’Attal et il n’a pas dû le supporter”, ironise un vieux routier de la politique.Du coup, il fustige auprès de ses proches un Premier ministre obnubilé par la “com” et son image, et lui reproche de ne pas s’investir assez vite et assez fort dans la campagne des européennes qui démarre.- L’Europe “peut mourir” -Car ce scrutin, il est “existentiel”, martèle la macronie, qui a mis l’Europe au coeur de son ADN politique.Gabriel Attal avait été choisi en partie comme “arme” censée tenir tête à Jordan Bardella, président et candidat du Rassemblement national pour les européennes, mais les sondages sont en berne face à l’extrême droite.Le président tarde à choisir sa propre tête de liste, essuie le refus de son ex-ministre Jean-Yves Le Drian ou du patron de Bercy Bruno Le Maire.Il finit par adouber, un peu par défaut, l’eurodéputée sortante Valérie Hayer, sans que la campagne décolle. Emmanuel Macron dégaine donc son “discours de la Sorbonne 2″, et dramatise les enjeux.”Notre Europe est mortelle, elle peut mourir”, lance-t-il dans le vénérable amphithéâtre parisien.Au sein du Vieux Continent, sa voix porte: moqués par certains au début, ses concepts d’autonomie stratégique et de souveraineté européenne ont fait leur chemin dans les esprits des Vingt-Sept.Mais le président français a aussi semé le trouble auprès de ses alliés de l’Otan, en n’excluant pas, en février, l’envoi de troupes sur le sol ukrainien à l’avenir. Un tabou absolu pour les Etats-Unis et l’Allemagne, qui désavouent ses propos, mais aussi pour l’opinion française et ses opposants hexagonaux, qui en font un argument électoral.Dans les urnes, le résultat est catastrophique. Le 9 juin, le RN de Jordan Bardella engrange plus que le double des voix de la coalition macroniste, talonnée par Raphaël Glucksmann et les socialistes. L’extrême droite frôle en tout les 40% des suffrages.- “Cloportes” -La réponse d’Emmanuel Macron, dans une allocution-surprise, est donc immédiate: il dissout l’Assemblée et convoque des élections législatives anticipées.Son “conseiller mémoire”, Bruno Roger-Petit, convoque le général de Gaulle, Raymond Aron et Pierre Mendès-France pour justifier une décision qui assomme tout le monde, à commencer par Gabriel Attal, mis dans la confidence à la dernière minute. La rupture pour le Premier ministre est consommée avec celui qui l’a nommé.”On ne se trompe jamais quand on redonne la parole au peuple”, assure l’entourage présidentiel, qui mise sur les divisions de la gauche et l’impréparation des adversaires pour “saisir le système”, “prendre tout le monde de court” et “gagner”.A ce moment là, Emmanuel Macron “croit franchement qu’il peut gagner”, rapporte un proche qui s’est un peu éloigné, sans jamais rompre. “Et il se dit que s’il rate son coup et qu’au fond c’est Bardella” qui devient Premier ministre, “ce n’est pas un drame”. Las, la gauche s’unit en 24 heures, le RN reçoit le renfort inattendu du président du parti Les Républicains Eric Ciotti, tandis que c’est le camp présidentiel qui semble le plus sonné.Les soutiens d’Emmanuel Macron lui en veulent. Et beaucoup de Français aussi, pour ce début d’été chamboulé alors que se profilaient tranquillement les vacances et les JO.Dans une vidéo devenue virale, un sympathisant s’emporte auprès de Gabriel Attal, devenu chef de campagne: “Vous, vous êtes bien, mais il faudra dire au président qu’il ferme sa gueule!”.Edouard Philippe, qui vise l’Elysée en 2027, finit de s’émanciper en enfonçant Emmanuel Macron, accusé d’avoir “tué la majorité présidentielle”.Et d’autres ténors de feu cette majorité s’en prennent sans ménagement aux conseillers du chef de l’Etat, soupçonnés d’avoir ourdi la dissolution sans concertation.”Les parquets des palais de la République sont pleins de cloportes. Le mieux c’est de ne pas les écouter”, tance Bruno Le Maire. “Une clique sans expérience politique”, renchérit un ancien conseiller, qui regrette l’isolement présidentiel.- “Trêve olympique” -A des députés, Emmanuel Macron racontera que ses stratèges lui avaient dit: “t’inquiète pas, on est prêt”. “Moi j’appuie sur le bouton et je me retourne: en fait personne n’était prêt.”Les législatives se muent en long chemin de croix pour le président, qui intervient à tout bout de champ alors que son camp lui demande de rester en retrait. Jusqu’à ce long podcast intimiste de 1h49 dans lequel il affirme que le vote pour le RN ou pour La France insoumise, les “deux extrêmes” renvoyés dos à dos, mènerait à “la guerre civile”. “Un chef d’Etat ne doit pas dire ça”, s’étrangle un vieil ami du président.La dissolution devait favoriser une “clarification”. C’est l’inverse qui se produit lors du scrutin des 30 juin et 7 juillet: si le parti de Marine Le Pen arrive largement en tête au premier tour, le “front républicain” débouche au second sur une Assemblée sans majorité, coupée en trois blocs.La gauche, ressoudée au sein du Nouveau Front populaire arrivé en tête contre toute attente, réclame d’accéder à Matignon.Mais Emmanuel Macron temporise. La dissolution était urgente, la formation d’un gouvernement attendra!L’équipe Attal, démissionnaire, gère les affaires courantes pendant tout l’été, bien au-delà de la “trêve olympique” décrétée par le président.Bernard Cazeneuve, Xavier Bertrand, Thierry Beaudet, David Lisnard… les noms valsent pour le poste de Premier ministre et comme souvent, l’homme de l’Elysée a du mal à trancher.Il se résout finalement à nommer Michel Barnier, un opposant de droite, ex-commissaire et négociateur européen, pour que le gouvernement exhale ce “parfum de cohabitation” promis au vu de la défaite macroniste.Mais dès sa naissance, et à rebours du “front républicain”, la survie du nouvel exécutif dépend du bon vouloir du RN… qui le censurera trois mois plus tard, avec la gauche, laissant le pays sans budget pour 2025.Encore un raté pour Emmanuel Macron qui avait justifié la dissolution par la menace de censure à l’automne, en plein débat budgétaire. “C’est dix fois pire, c’est la crise totale”, expliquait-il en petit comité. “La dissolution c’était pour éviter des crises plus graves”, ajoutait-il.Finalement, il aura les deux crises pour le prix d’une.

Bayrou entame ses consultations à Matignon et affronte déjà une crise à Mayotte

François Bayrou a entamé samedi ses consultations en vue de constituer un gouvernement avec les présidents du Parlement et des personnalités du monde économique, mais ses débuts à Matignon sont bousculés par le passage dévastateur du cyclone tropical Chido à Mayotte.Le Premier ministre a participé samedi soir à une réunion interministérielle de crise qu’il a convoquée avec le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, sur la situation dans l’archipel. “Les services de l’Etat sont présents et organisés” face à un cyclone “d’une violence inattendue”, a déclaré M. Bayrou à l’issue de cette réunion. “C’est une situation qui est dramatique, qui est absolument exceptionnelle”, avec un bilan humain qui pourrait être “lourd”, mais “l’Etat est debout”, a assuré à ses côtés M. Retailleau.M. Bayrou a reçu samedi le premier président de la Cour des Comptes, Pierre Moscovici, le préfet d’Ile-de-France Marc Guillaume, la présidente de l’Assemblée Yaël Braun-Pivet, et son homologue du Sénat Gérard Larcher, au lendemain de sa nomination à Matignon, à la suite de Michel Barnier (LR), victime d’une motion de censure trois mois après son arrivée.Le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, s’est aussi entretenu avec le chef du gouvernement, après la dégradation de la note souveraine de la France dans la nuit de vendredi à samedi par l’agence de notation Moody’s qui redoute que la “fragmentation politique” du pays soit peu propice au rétablissement rapide des finances publiques.Lors de la traditionnelle passation vendredi, François Bayrou a d’emblée évoqué le sujet du déficit et de la dette, “une question qui pose un problème moral”.Son premier défi sera de doter la France d’un budget pour l’an prochain, avec une Assemblée nationale toujours sans majorité.Assurant ne rien ignorer “de l’Himalaya qui se dresse devant nous, des difficultés de toute nature”, il a promis de “ne rien cacher, ne rien négliger et ne rien laisser de côté”.Le Premier ministre, âgé de 73 ans, doit maintenant s’atteler à la composition de son gouvernement, qu’il veut compact et dominé par des personnalités d’expérience.  – “A priori de censure” -Il doit s’accommoder d’une Assemblée qui peut le faire tomber si les voix de la gauche s’unissent à celles du Rassemblement national, comme lors de la motion qui a mis fin au bail de Michel Barnier.Le président du RN, Jordan Bardella, l’a d’ailleurs prévenu sur X: le chef du gouvernement sera “sous la surveillance” du Parlement et “du premier groupe de députés à l’Assemblée nationale”, celui de son parti. Il a réclamé que le RN, exclu d’une réunion avec le chef de l’Etat mardi, soit “rapidement” reçu par le Premier ministre, et rappelé ses “lignes rouges”, que ce soit sur le “pouvoir d’achat”, la sécurité ou encore la proportionnelle. Selon l’entourage de M. Bayrou, il devrait appeler les chefs de groupe durant le week-end, avant des consultations formelles en début de semaine, son idée étant “d’aller vite” pour former son gouvernement.L’ancien ministre de la Santé et député (Horizons) Frédéric Valletoux l’a toutefois appelé sur France 2 à prendre “le temps de définir une feuille de route” avant de composer son équipe. Le Nouveau Front populaire, qui a d’ores et déjà annoncé qu’il ne participerait pas au gouvernement, se divise sur son attitude vis-à-vis du nouvel occupant de Matignon. LFI déposera ainsi dès que possible une motion de censure, probablement après la déclaration de politique générale de M. Bayrou.Pour sa part, la secrétaire nationale des Ecologistes, Marine Tondelier a affirmé samedi qu’elle ne souhaitait pas “censurer a priori” le gouvernement de M. Bayrou, mais qu’elle commençait déjà “à avoir des a priori de censure”.A droite, Les Républicains ont conditionné leur participation au gouvernement au “projet” que leur présentera le nouveau Premier ministre.Vendredi soir à Matignon, M. Bayrou a d’ailleurs reçu le ministre LR de l’Intérieur démissionnaire Bruno Retailleau, pour évoquer “la sécurité”, dont celle du pape en Corse dimanche, ou encore la situation à Mayotte. Son profil très droitier cristallise l’agacement à gauche. Dans un entretien au Parisien, le patron du PS Olivier Faure a prévenu qu’il censurerait le gouvernement s’il présentait une nouvelle loi immigration, reprenant les dispositions écartées par le Conseil constitutionnel dans la précédente, comme le propose Bruno Retailleau.Ce dernier peut-il rester  à Beauvau ? “Il le peut. Est-ce qu’il le doit ? Non”, a répondu M. Faure.