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Budget: Lecornu va devoir “penser différemment”, dit Marylise Léon avant de le rencontrer

Sébastien Lecornu va devoir “penser différemment” de son prédécesseur à Matignon pour la construction du budget, a estimé jeudi la secrétaire générale de la CFDT Marylise Léon, qui doit être reçue vendredi par le nouveau Premier ministre.La cheffe de file du premier syndicat français sera reçue vendredi “en fin de matinée” par le Premier ministre, a indiqué à l’AFP la CFDT jeudi soir.Matignon a indiqué jeudi soir que le “Premier Ministre commence, à partir de (vendredi) et sur plusieurs jours, les échanges avec les forces syndicales et patronales”.La leader de la CGT Sophie Binet a fait savoir à Ouest-France qu’une rencontre était prévue pour sa part la semaine prochaine avec Sébastien Lecornu: “Comme avec Michel Barnier et François Bayrou, je viendrai porter les exigences sociales des travailleurs. Je demanderai notamment l’abrogation de la réforme des retraites qui est à la fois une blessure sociale et démocratique”, dit-elle. Le nouveau Premier ministre s’était entretenu dès mercredi, jour de sa prise de fonction, avec les leaders de la CFDT et FO, ont fait savoir ces derniers. C’était un “échange très bref de prise de contact” avec le Premier ministre, a précisé Mme Léon jeudi matin sur France Inter. “Si les totems et les dogmes restent du côté du gouvernement, ça n’avancera pas”, a-t-elle prévenu, alors que M. Lecornu a promis des “ruptures” sur le fond comme sur la forme.Lors de leur discussion, le Premier ministre a assuré qu'”il souhaitait redonner plus de place à la démocratie sociale”, a déclaré de son côté Frédéric Souillot (FO) sur BFMTV. La reprise des négociations menées pendant cinq mois, qui ont tenté en vain d’amender l’impopulaire réforme des retraites de 2023, n’a pas été évoquée avec ces responsables, ont fait savoir leur entourage à l’AFP.Avant la mobilisation intersyndicale du 18 septembre, le “message principal que les travailleurs attendent”, c’est “respectez le monde du travail” et “faites en sorte que, s’il y a des efforts à faire, ils soient justement partagés”, a relevé Marylise Léon, évoquant notamment la “conditionnalité des aides publiques” aux entreprises.”Est-ce que tout le monde est prêt à prendre ses responsabilités et à les assumer (pour réduire le déficit, ndlr)? Je pense que la question doit d’abord être envoyée aux employeurs”, a-t-elle déclaré, dénonçant des “aides aux entreprises de plus en plus nombreuses, sans évaluation, sans contrôle efficace”.La cheffe de file de la CFDT a estimé que le mouvement “Bloquons tout”, qui a rassemblé quelque 200.000 manifestants mercredi et auquel son organisation n’appelait pas à participer, avait permis d'”exprimer des colères” et un “ras-le-bol”. “Ce qui va compter maintenant, c’est la préparation et la réussite” de la mobilisation du 18 septembre, a-t-elle jugé.ber-bat-boc-are/alu/cbn

La commission TikTok presse pour interdire les réseaux sociaux aux moins de 15 ans

Un “océan de contenus néfastes”, de la violence “sous toutes ses formes” : la commission d’enquête parlementaire sur TikTok préconise jeudi d’interdire les réseaux sociaux aux moins de 15 ans et un “couvre-feu numérique” pour les 15-18 ans pour tenter d’endiguer un “piège algorithmique” dangereux pour les plus jeunes.Une telle interdiction, déjà souhaitée par l’Elysée, permettrait “de donner un signal à la fois aux enfants et aux parents qu’avant 15 ans”, les réseaux sociaux, “ce n’est pas anodin”, a résumé auprès de l’AFP la députée Laure Miller (EPR), rapporteure de cette commission d’enquête parlementaire.Lancée en mars, la commission a auditionné pendant plusieurs mois des familles de victimes, des responsables de réseaux sociaux et des influenceurs pour décortiquer l’algorithme de TikTok, dont le design “a été copié par d’autres réseaux sociaux”, a rappelé Mme Miller.En se plongeant dans cette application ultrapopulaire chez les jeunes, les députés ont constaté “un océan de contenus néfastes”, mêlant des vidéos de “promotion du suicide, d’automutilation” et “une exposition à la violence sous toutes ses formes”, dopé par les programmes de recommandations puissants qui enferment les jeunes dans des bulles nocives, a-t-elle détaillé lors d’une conférence de presse.Pour le président de la commission d’enquête, Arthur Delaporte (PS), “TikTok a délibérément mis en danger la santé, la vie de ses utilisateurs”. Le député a saisi la procureure de la République de Paris pour ces possibles “infractions de nature pénale” et également pour “parjure” des dirigeants de l’application.Dans une réaction à l’AFP, TikTok a “catégoriquement” rejeté jeudi “la présentation trompeuse” de la commission, “qui cherche à faire de notre entreprise un bouc émissaire face à des enjeux qui concernent l’ensemble du secteur et de la société”. – “Soulagement” -L’avocate Laure Boutron-Marmion, fondatrice du collectif Algos Victima qui représente plusieurs familles ayant assigné TikTok en justice fin 2024, l’accusant d’avoir exposé leurs enfants à des contenus pouvant les pousser au suicide, a elle “salué” l’initiative.”C’est compliqué pour nous, parents, de modérer tout ça”, a expliqué à l’AFP Géraldine, 52 ans, qui fait partie des plaignants et souhaite rester anonyme.En février 2024, cette mère de famille a perdu sa fille, Pénélope, qui s’est suicidée à l’âge de 18 ans.Après son décès, elle avait découvert les vidéos de scarification que sa fille publiait et consultait sur TikTok.”Ce n’est pas TikTok qui a tué notre fille, parce que de toute façon, elle n’allait pas bien”, explique Géraldine à l’AFP, mais le réseau a “enfoncé” sa fille dans son mal-être.”C’est un soulagement pour les parents de se rendre compte qu’ils ne sont plus seuls à lutter contre ces phénomènes envahissants dans leur foyer”, a commenté Justine Atlan, directrice générale de l’association e-Enfance. TikTok assure pourtant mener “une politique exigeante en matière de sécurité et de protection de ses utilisateurs” avec “plus de 70 fonctionnalités et paramètres spécifiquement” conçus pour veiller au bien-être des adolescents et des familles, a ajouté le porte-parole de TikTok. Néanmoins, pour Laure Miller, l’application provoque aussi chez les mineurs: perte de l’attention et de la concentration, perturbation du sommeil ou problèmes d’estime de soi, en particulier pour les adolescentes.  – Proposition de loi  -Pour y remédier, le rapport propose l’instauration d’un “couvre-feu numérique” pour les 15-18 ans, rendant les réseaux sociaux inaccessibles de 22H00 à 08H00, ainsi qu’une vaste campagne d’information sur leurs risques, suivie de la création d’un “délit de négligence numérique” pour “les parents irresponsables”. L’interdiction des réseaux sociaux aux moins de 15 ans est un cheval de bataille du président Emmanuel Macron.De récentes lignes directrices de la Commission européenne ont “ouvert la porte à une réglementation nationale”, dont “la clé est la mise en place d’un dispositif de vérification de l’âge à l’inscription”, selon Laure Miller.La France fait partie des pays testeront au printemps un outil européen de vérification de l’âge “labellisé et fiable”, a-t-elle souligné jeudi. Les députés de la commission souhaitent désormais porter “rapidement” une proposition de loi “transpartisane”, espérant qu’elle obtiendra un large soutien “quels que soient les gouvernements qui arrivent”. “La France peut être un exemple” et “pourquoi pas, le premier pays européen à légiférer sur ces sujets”, a espéré Me Boutron-Marmion. 

Taxe Zucman: c’est “non” pour Larcher, “la base de tout accord” pour Glucksmann

Le président LR du Sénat Gérard Larcher s’est dit hostile jeudi à la mise en place d’une taxe sur les très hauts patrimoines qui est une “illusion”, alors que pour la gauche c’est “la base de tout accord” de non censure du gouvernement Lecornu selon Raphaël Glucksmann.”Nous avons voté contre la taxe Zucman au Sénat au mois de juin”, a rappelé M. Larcher sur BFMTV/RMC.Ce dispositif, qui prévoit de taxer à hauteur de 2% les patrimoines de plus de 100 millions d’euros, concernerait 1.800 foyers fiscaux selon son promoteur, l’économiste Gabriel Zucman. D’après lui, elle rapportera jusque 20 milliards d’euros par an, alors que d’autres économistes estiment son rendement plutôt autour de 5 milliards.Mais pour M. Larcher, la taxe Zucman “est une illusion” et “ne passera pas le barrage du Conseil constitutionnel”.”On a une jurisprudence selon laquelle nul ne doit être obligé de se séparer de son patrimoine pour payer l’impôt qui est décidé”, a argumenté M. Larcher qui va rencontrer le nouveau Premier ministre dans la matinée.En outre, cela “conduira à l’exil fiscal”, a-t-il jugé, en particulier si les biens professionnels sont inclus dans la base taxable.Mais pour le chef des députés socialistes Boris Vallaud, cette taxe “est fondamentale”. “Ce n’est pas une lubie de socialistes, d’ailleurs, elle est aujourd’hui soutenue par 75% des Français”, a-t-il plaidé sur TF1.Pour l’eurodéputé Raphaël Glucksmann (Place publique), c’est même “la base de tout accord” de non censure entre la gauche et le nouveau gouvernement de Sébastien Lecornu.”On peut discuter des modalités, on peut discuter de l’assiette, on peut discuter du montant”, a-t-il néanmoins jugé sur RTL.”Ce dont on ne peut pas discuter et ce qui est la condition de possibilité de tout accord, c’est le fait qu’à la fin un dispositif permette de taxer (…) ceux qui ont multiplié par deux leur fortune sur les huit dernières années”, a-t-il répété.

“Bloquons tout”: des dizaines de milliers de manifestants, des tensions mais pas de paralysie

Contre l’austérité, les “inégalités” et le “déni” démocratique : la France a connu un 10 septembre sous tensions, avec des centaines d’actions et d’interpellations lors d’une mobilisation née sur les réseaux sociaux, dont l’ampleur a dépassé celle du 1er mai avec quasiment 200.000 participants.Le ministère de l’Intérieur a fait état de “596 rassemblements” et “253 blocages” réunissant “197.000 participants”, selon le bilan établi en soirée de cette journée “Bloquons tout” relayée depuis plusieurs semaines sur des messageries et soutenue par la gauche, la CGT et Solidaires.De Toulouse à Lille, en passant par Bordeaux, La Rochelle, Nantes, Rennes, Paris: de nombreuses métropoles ont vu défiler des cortèges fournis, encadrés par des forces de l’ordre en grand nombre (80.000 policiers et gendarmes mobilisés), avec une participation dépassant largement celle recensée par les autorités lors du 1er mai 2025 (157.000 manifestants). Plusieurs milliers de manifestants ont bravé la pluie jusqu’en soirée à Paris, dans une ambiance festive place des Fêtes, plus tendue place de la République. “On veut des services publics qui fonctionnent, plus d’impôts sur les riches moins d’impôts sur les pauvres, une plus juste répartition des richesses”, a clamé à Paris Jean-Baptiste, 30 ans et salarié dans le social, qui n’a pas souhaité donner son nom de famille, comme plusieurs autres manifestants.- “Déni” démocratique -“Je voudrais qu’il y ait une meilleure répartition de l’argent et aussi que les politiques donnent une meilleure image, surtout sur leurs dépenses”, a expliqué à La Rochelle Christian, 59 ans, travailleur dans le service enfance-jeunesse d’une collectivité locale.D’autres manifestants pointaient un “déni” démocratique, visant notamment Emmanuel Macron: “Les politiques n’écoutent pas les urnes”, selon Bastien, étudiant de 23 ans, qui a défilé à Rennes avec 10.400 personnes, selon la préfecture qui a fait état de 36 interpellations.Cette mobilisation nourrie de revendications très diverses, dont certains aspects ont résonné avec les Gilets jaunes d’il y a sept ans, survient au lendemain de la nomination de Sébastien Lecornu à Matignon.”La nomination de Sébastien Lecornu est un mauvais signal qui risque, les mêmes causes produisant les mêmes effets, de conduire à une nouvelle dissolution”, selon la maire écologiste de Strasbourg, Jeanne Barseghian, qui a manifesté. Depuis le perron de l’Elysée, M. Lecornu a promis “des ruptures”, sur le fond comme sur la forme.- Rendez-vous le 18 –   Plusieurs rassemblements ont été émaillés d’incidents, de gaz lacrymogènes et d’arrestations. Selon un point établi à 23h00, le ministère de l’Intérieur a recensé 540 interpellations en France, dont 211 à Paris, et 415 gardes à vue, dont 110 à Paris. A Nantes, où 34 personnes ont été interpellées, un manifestant a été hospitalisé “après avoir été incommodé” par des gaz lacrymogènes et 16 policiers ont été légèrement blessés, selon la préfecture.A Toulouse, des confrontations musclées ont marqué la fin des rassemblements.Dans le centre de la capitale, un incendie a endommagé la façade d’un immeuble, peut-être provoqué involontairement par une intervention policière, selon le parquet. A Rennes, un bus a été saccagé et incendié par des manifestants, a rapporté Star, le réseau de transports en commun. Le directeur général de RSF, Thibaut Bruttin, a regretté “d’apparents actes de brutalité des forces de l’ordre commis contre les journalistes qui couvrent les mouvements sociaux”.Le ministre démissionnaire de l’Intérieur Bruno Retailleau s’est félicité de “la mise en échec de celles et ceux qui voulaient bloquer le pays” quand le leader de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon a qualifié de “succès” cette “manifestation auto-organisée”. Quelques blocages ont été recensés sur les routes. Sur les rails, pas de très grosses perturbations, mais des “actes de malveillance”, selon la SNCF. La station Châtelet-Les Halles à Paris, noeud majeur en Ile-de-France, a été fermée à la demande des forces de l’ordre. Idem pour son centre commercial. Interrogés par l’AFP, les réseaux bancaires n’ont pas constaté de baisses notables des transactions par carte bancaire, ce qui était l’une des modalités préconisées par certains initiateurs du mouvement.Après cette journée, soutenue seulement par la CGT et Solidaires du côté des syndicats, l’intersyndicale appelle à son tour les salariés à la grève le 18 septembre.”Cette mobilisation est un succès”, a salué la CGT dans un communiqué. Sa leader, Sophie Binet, a souhaité sur RTL que celle “du 18 le soit encore plus”.

Au centre du jeu, le Parti socialiste met la pression sur le nouveau Premier ministre

Au coeur du jeu politique, le Parti socialiste met la pression sur Sébastien Lecornu, proche d’Emmanuel Macron, et pose de strictes conditions pour ne pas le censurer, alors que La France insoumise l’accuse déjà de jouer les supplétifs de la macronie.Le patron des socialistes Olivier Faure sait que le nouveau Premier ministre a besoin de sa mansuétude pour ne pas être rapidement renversé, d’autant que le Rassemblement national a choisi de faire de la dissolution de l’Assemblée nationale son nouveau cheval de bataille.Alors que le président de la République Emmanuel Macron a lui-même enjoint aux chefs de sa coalition gouvernementale de “travailler avec les socialistes”, le patron du PS a déjà refusé de participer à un gouvernement avec le bloc central et Les Républicains.   Hors de question également pour les socialistes de rejouer les “petits ajustements” de février dernier, lorsque le parti avait négocié avec François Bayrou sur le budget 2025, s’attirant les foudres du reste de la gauche.Première condition mise sur la table: que le nouveau chef du gouvernement s’engage à ne pas utiliser l’article 49.3 de la Constitution, permettant l’adoption d’un texte sans vote de l’Assemblée, pour démontrer “que la méthode change” et faire des compromis.Une exigence qui sera difficile à tenir pour le nouveau locataire de Matignon, aucun budget n’ayant pu être adopté sans 49.3 depuis 2022, faute de majorité. Le PS espère aussi obtenir de Sébastien Lecornu qu’il intègre dans le budget une partie des propositions socialistes présentées fin août, pour réorienter la politique économique du gouvernement vers plus de justice fiscale.Le Parti socialiste propose notamment de revenir sur la réforme des retraites et de mettre en place une taxe Zucman sur les plus hauts patrimoines, deux marqueurs de gauche vus comme des lignes rouges par le bloc central. Pour le député Laurent Baumel, Sébastien Lecornu doit clairement montrer “qu’il a compris et qu’à travers lui le président de la République a compris qu’il n’y a plus de totem, plus de tabou sur le bilan du macronisme”.De quoi laisser pessimistes de nombreux socialistes. Certains plaident d’ailleurs pour une censure directe, sans aucune négociation.Cette fois “un accord avec nous sera super cher. Nous ferons payer 1.000 balles les billets de 10 balles”, promet le député (PS) de l’Eure Philippe Brun.- “Humiliés” -En février, le texte sur la table sortait de la commission mixte paritaire députés/sénateurs. “On ne pouvait par rajouter des mesures, mais juste enlever” les plus irritantes. “Là on part d’une copie blanche”, explique-t-il.”La dernière fois on a été humilié, bafoué”, se remémore Luc Broussy, président du conseil national du PS. Avec la “provocation” des propositions budgétaires de François Bayrou le 15 juillet, évoquant 44 milliards d’efforts budgétaires et la suppression de deux jours fériés, puis la nomination de Sébastien Lecornu, “ils ont eux-mêmes monté notre niveau d’exigence”, résume-t-il. Un autre député suggère de “ne pas se précipiter pour aller négocier” et d’attendre que les mouvements sociaux fassent “bouger les choses”.Saluant mercredi soir dans un communiqué la mobilisation contre les “politiques injustes des gouvernements Macron”, le PS a dit vouloir “offrir un débouché politique” à ce mouvement et appelé le gouvernement à “changer de cap”. “S’il ne le fait pas, nous lui opposerons la censure”, a promis le parti.Cette censure entraînerait probablement une dissolution, que le PS “ne souhaite pas” mais “ne redoute pas”, avait précisé dans la matinée le chef des députés socialistes Boris Vallaud sur RTL. Le nouveau Premier ministre a promis mercredi “des ruptures sur le fond”, lors de la passation de pouvoir à Matignon.  Le PS sait qu’il joue gros face à ses autres partenaires de gauche, encore moins enclins qu’eux à laisser une chance à un troisième Premier ministre du socle commun en un an. “A partir du moment où c’est Lecornu qui est nommé, on n’a pas confiance”, explique une écologiste.La France insoumise, qui a déjà fait aux socialistes un procès en traîtrise lors des négociations avec François Bayrou, les a aussitôt accusés d’avoir “pavé de roses le chemin de Lecornu vers Matignon”.   Le parti de Jean-Luc Mélenchon a annoncé qu’il déposerait une motion de censure à l’Assemblée dès le premier jour de la rentrée parlementaire. Et ils sommeront les socialistes de la voter. 

Lecornu promet des “ruptures” et reçoit à tour de bras à Matignon

Des “ruptures” sur le fond comme sur la forme: le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu a lancé un message aux Français et aux oppositions en arrivant à Matignon, où il multiplie les consultations pour trouver un compromis permettant la formation d’un gouvernement et l’adoption d’un budget.”Il va falloir des ruptures, et pas que sur la forme, et pas que dans la méthode, des ruptures aussi sur le fond”, a déclaré M. Lecornu depuis le perron de Matignon lors d’une brève déclaration après la passation de pouvoirs avec François Bayrou, renversé lundi soir par les députés.Pour la traduction concrète de ces “ruptures”, M. Lecornu a indiqué qu’il s’exprimerait prochainement, après avoir lancé mercredi après-midi des consultations politiques puis syndicales.Les images du tapis rouge à Matignon contrastaient avec celles des manifestations de la journée visant à “bloquer” le pays. Le Premier ministre s’est rendu à 19H au centre interministériel de crise (CIC) de Beauvau, activé pour l’occasion.Sans y faire référence directement, M. Lecornu s’est fixé comme objectif de mettre fin “au décalage entre la vie politique du pays et la vie réelle” qui devient “préoccupant”.Privé de majorité à l’Assemblée, il a promis d’être “plus créatif”, “plus sérieux dans la manière de travailler avec nos oppositions”. “On va y arriver”, a-t-il plaidé. François Bayrou l’a assuré que son “aide” lui était “acquise à tout instant”.- “Contrat” – Troisième chef du gouvernement nommé depuis la dissolution de l’Assemblée, Sébastien Lecornu, 39 ans, est peu connu des Français malgré son long mandat aux Armées depuis 2022.Première tâche confiée par le président à ce fidèle compagnon venu de la droite, ministre de tous ses gouvernements depuis 2017: “consulter” les forces politiques en vue de trouver des “accords” pour préserver la “stabilité institutionnelle” du pays.Il a aussitôt entamé les entretiens, recevant un prédécesseur devenu président du parti présidentiel Renaissance Gabriel Attal.Ont suivi le patron des Républicains, ancien parti de M. Lecornu, Bruno Retailleau, qui est aussi ministre de l’Intérieur démissionnaire, le chef de file des députés LR Laurent Wauquiez et son homologue du Sénat Mathieu Darnaud, puis le vice-président du MoDem Marc Fesneau et enfin Edouard Philippe, président d’Horizons. Tous sont sortis sans un mot.Une source LR a fait état d’une “très bonne” discussion avec la “volonté commune d’aboutir à un contrat de gouvernement” et l’idée, avancée par le Premier ministre, “de se mettre d’accord, outre le budget, sur deux ou trois textes majeurs et forts” qui répondraient aux priorités des uns et des autres.Sébastien Lecornu renouera aussi jeudi à 08H avec les réunions hebdomadaires de ce “socle commun”, selon des sources proches des groupes, alors que Gabriel Attal s’est montré “soucieux” devant M. Lecornu d’améliorer la relation entre son parti et son groupe avec le gouvernement, selon un cadre macroniste.- “Censure” -Le chef du gouvernement enchaînera avec des bilatérales avec chacun des présidents des deux assemblées: Yaël Braun-Pivet pour l’Assemblée nationale, qui le recevra à l’hôtel de Lassay, et Gérard Larcher pour le Sénat, à Matignon, selon l’entourage des intéressés.Les oppositions vont être conviées dans un second temps. Le PS, les écologistes et le PCF ont été contactés à cet effet par Matignon. La France insoumise, qui réclame le départ d’Emmanuel Macron, compte déposer une motion de censure spontanée dès la reprise de la session parlementaire, si Sébastien Lecornu ne demande pas la confiance.”Soit il y a rupture, soit il y aura censure”, a grondé le président du Rassemblement national Jordan Bardella depuis le Parlement européen, en prédisant un “bail très précaire” au Premier ministre.La mission de Sébastien Lecornu, qui arrive auréolé d’une réputation d’habile négociateur, est à haut risque dans un paysage politique éclaté et au vu des réactions très fraîches voire hostiles à l’annonce de sa promotion à Matignon.Illustration: 69% des Français disent que sa nomination ne correspond pas à leurs attentes, selon un sondage Odoxa Bakcbone pour Le Figaro.Pour tenir, le futur gouvernement devra obtenir a minima une non-censure du PS, indispensable pour doter la France d’un budget pour 2026, dont la préparation vient de faire tomber le gouvernement sortant qui avait présenté un effort de 44 milliards d’euros.Mais “sans justice fiscale, sociale, écologique, sans mesure pour le pouvoir d’achat, sans mise à contribution des très gros patrimoines, les mêmes causes risquent de produire les mêmes effets”, à savoir la censure, a prévenu le patron des députés socialistes Boris Vallaud.Selon un interlocuteur régulier de M. Macron, le président pourrait cette fois accepter de réelles concessions aux socialistes, par exemple sur la taxation des plus riches, jusqu’ici un tabou pour lui.

Le RN ne veut pas censurer immédiatement Lecornu, mais attend une “rupture”, dit Bardella

Le Rassemblement national ne veut pas censurer immédiatement le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu, mais attend une “rupture” avec la politique menée jusqu’ici, a expliqué son président Jordan Bardella mercredi à Strasbourg.Le parti d’extrême droite ne compte pas censurer “a priori” mais d’abord “écouter le discours de politique générale” de M. Lecornu, a déclaré M. Bardella lors d’un point presse en marge d’une session plénière du Parlement européen.”Soit il y a rupture, soit il y aura censure”, a-t-il résumé.Le Rassemblement national réclame notamment un durcissement de la politique migratoire et s’oppose à toute hausse de la fiscalité pour la “France qui travaille”, a-t-il souligné.Jordan Bardella a aussi réclamé que parmi les premières mesures de Sébastien Lecornu soit actée l’opposition de la France au traité de libre-échange avec les pays latino-américains du Mercosur. Après la chute de François Bayrou lundi lors d’un vote de confiance des députés, puis son remplacement à Matignon au bout de 24 heures par M. Lecornu, le chef du RN n’a toutefois “aucune illusion” et juge le bail du nouveau chef du gouvernement “très précaire”. 

François Bayrou et le MoDem, le mirage du pouvoir

“C’est pas une sortie à la Mendès-France, mais en rase-campagne”, ironise un cadre du camp présidentiel. Neuf mois après l’avoir supplanté, François Bayrou cède Matignon à Sébastien Lecornu, un échec pour le centriste qui devait forger des compromis au Parlement et avec les partenaires sociaux.François Bayrou ne s’est pas éternisé pour son discours de passation. Sébastien Lecornu non plus, qui l’a raccompagné à la porte du 57, rue de Varenne.Le patron du MoDem a auparavant promis “d’aider” son successeur à Matignon. Il a exhorté le pays et sa classe politique à se “rassembler”. Et comme il l’a souvent fait ces dix derniers mois, il a appelé à “inventer le monde nouveau” qui “va s’imposer” à partir de la “réalité”.Une claire allusion à l’état d’endettement du pays, son mantra depuis un quart de siècle, dont le constat maintes fois répété n’a pas empêché le renversement de son gouvernement par l’Assemblée.Sébastien Lecornu s’y est référé en évoquant l'”extraordinaire courage” avec lequel son prédécesseur a défendu ses “intimes convictions de militant et de citoyen”. Tout en ajoutant, dans un discours laconique: “il va falloir aussi changer, être sûrement plus créatif, plus sérieux dans la manière de travailler avec nos oppositions”.La scène résume bien l’état d’esprit du camp macroniste, où la mansuétude n’est guère de mise pour un Premier ministre qui, après s’être imposé à Emmanuel Macron, a semblé accélérer sa chute avant même l’examen du budget.La promesse d’un renouveau du dialogue social et politique, porté par le dirigeant centriste adepte de la “co-responsabilité”, a échoué lors du conclave entre partenaires sociaux sur les retraites, puis sur ce faux-départ budgétaire sans négociation estivale, après la présentation d’un plan drastique mi-juillet.Jusqu’à ce vote de confiance sollicité à la surprise générale. “C’est malin”, écrit, après cette annonce, une ex-ministre MoDem dans une boucle interne. Sauf que les conditions d’une issue positive du vote n’ont été négociées ni avec le PS, ni avec le RN. Surprise dans les rangs du parti, comme au sein du gouvernement, dont les membres n’ont été informés que quelques minutes auparavant.-“Jamais rêvé de Matignon”-Au sommet de l’Etat, on prend soin de ne pas accabler le Premier ministre, tout en insistant sur le caractère inédit de la méthode. Lors d’un déjeuner à l’Elysée, la semaine dernière, Emmanuel Macron aurait même évoqué l’idée de renoncer à ce vote de confiance, selon l’entourage de l’un des participants.François Bayrou “a échoué sur ce qui était pourtant censé être un mantra, c’est-à-dire une capacité à dialoguer. C’est quand même singulier d’entrer à Matignon en ayant la responsabilité de devoir trouver une voie de passage et de compromis et de se montrer inflexible à toute concession”, juge un cadre d’un des partis du bloc central.En témoigne le détail du vote de l’Assemblée lundi: seuls 194 députés lui ont accordé la confiance. François Bayrou n’a pas fait le plein dans le socle commun. 13 députés des Républicains ont même voté contre, et 9 se sont abstenus.”C’est d’une tristesse pour lui… Quarante ans de vie politique qui finit comme ça. Et puis dans l’indifférence générale. Voire dans le soulagement”, feint de s’émouvoir un cadre du camp macroniste.Carrière terminée ? C’est mal connaître le Béarnais, murmurent ses proches. Non, François Bayrou ne nourrit pas d’ambition présidentielle. “Ma liberté c’est que je savais, en passant le portail ici, que ça n’était pas compatible”, expliquait-t-il à l’AFP début août.Mais “son projet n’était pas d’être Premier ministre mais président de la République. Il n’a jamais rêvé d’être à Matignon”, glisse un de ses proches.Le Premier ministre sortant a déjà cédé le pas dans la course à l’Elysée au profit d’Emmanuel Macron en 2017. Et pour la suite ? Un soutien à Edouard Philippe ou à Gabriel Attal n’a rien d’une évidence, tant les relations sont fraîches. Et François Bayrou est encore, jusqu’en 2027, président du MoDem.

Faure demande à Lecornu de “renoncer au 49.3” pour démontrer un changement de méthode 

Le patron du Parti socialiste Olivier Faure a demandé mercredi au nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu de renoncer à utiliser l’article 49.3 de la Constitution, permettant l’adoption d’un texte sans vote de l’Assemblée, pour démontrer “que la méthode change” par rapport aux précédents gouvernements.Sur franceinfo, M. Faure a affirmé qu’il n’y avait “aucun scénario où le Parti socialiste participe à l’équipe gouvernementale”, et a affirmé qu’il ne refusait pas de discuter avec le nouveau chef de gouvernement, mais qu’il refusait de lui donner “un chèque en blanc” sans savoir ce qu’il fera notamment en matière budgétaire.”Je ne veux pas une plateforme commune qui nous amènerait à gouverner ensemble. Nous ne gouvernerons pas ensemble”, a-t-il répété. S’il a “le sentiment que nous sommes baladés” et si la réponse du gouvernement “est une réponse qui est la même que celle qui est formulée depuis huit ans, alors je censurerai et donc nous irons vraisemblablement vers une dissolution”, a-t-il prévenu.Le premier secrétaire a estimé que c’était au Premier ministre “de dire ce qu’il prend dans ce que nous avons proposé”. Le Parti socialiste a présenté fin août à Blois un budget alternatif, proposant notamment de revenir sur la réforme des retraites et de mettre en place une taxe Zucman sur les plus hauts patrimoines.”Je refuse toute forme de budget qui irait chercher à prélever des économies sur les malades, sur les chômeurs, sur les travailleurs, sur les jeunes, sur les retraités, comme c’était le cas précédemment”, a insisté M. Faure, estimant que la taxe Zucman sur les hauts patrimoines faisait partie “des réponses possibles” que pouvait donner M. Lecornu.Olivier Faure, qui réclamait un Premier ministre de gauche pour remplacer François Bayrou, renversé lundi lors d’un vote de confiance, a estimé que la nomination de Sébastien Lecornu n’était “pas une surprise, même s’il y a de l’incompréhension”. “Au fond, Sébastien Lecornu à Matignon, c’est Emmanuel Macron à Matignon, c’est les mêmes”, a-t-il asséné, rappelant qu’ils ont “tout entrepris ensemble depuis huit ans”. 

LFI déposera une motion de censure à l’Assemblée contre Sébastien Lecornu

La France insoumise déposera “dès le premier jour de la session parlementaire à l’Assemblée nationale” une motion de censure spontanée contre le gouvernement du nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu, a indiqué mercredi le coordinateur du mouvement Manuel Bompard sur RMC et BFMTV.Si Sébastien Lecornu ne demande pas la confiance de l’Assemblée, “dès le premier jour de la session parlementaire à l’Assemblée nationale, nous déposerons une motion de censure sur la base de l’article 49.2 de la Constitution”, a dit Manuel Bompard, dénonçant une nomination qui s’apparente pour lui à un “déni de démocratie”.Si cette motion de censure était votée par l’ensemble de la gauche et le Rassemblement national, elle renverserait le gouvernement du nouveau Premier ministre.”Les Français ont dit +On est en désaccord avec la politique d’Emmanuel Macron+. Il a quand même décidé de ne pas tenir compte du résultat, de continuer à imposer sa politique, ça fait maintenant à deux reprises que l’Assemblée nationale a censuré ses gouvernements et il continue dans la même direction. Donc, je trouve qu’il y a là évidemment quelque chose de totalement inacceptable, de totalement méprisant”, a argué le député des Bouches-du-Rhône.”Monsieur Barnier est tombé sur la base d’une motion de censure déposée en vertu de l’article 49.3 de la Constitution. Monsieur Bayrou est tombé, après avoir demandé un vote de confiance, sur l’article 49.1 de la Constitution. Et là encore, j’ai l’impression que Monsieur Macron veut faire le tour de tous les articles de la Constitution, et peut-être que Monsieur Lecornu tombera sur la base de l’article 49.2 de la Constitution”, a étayé le bras droit de Jean-Luc Mélenchon sur BFMTV et RMC.