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A l’extrême droite, un soutien à Trump assumé chez Ciotti et Reconquête, plus frileux au RN

Au sein de l’extrême droite, si Eric Ciotti et les responsables de Reconquête! affichent ouvertement leur soutien à Donald Trump, le Rassemblement national, dans sa quête de notabilisation, se montre beaucoup plus discret que lors des élections de 2016 et 2020.Critiquant “la dérive vers la gauche et l’ultra-gauche” des démocrates partisans, selon lui, d’une “immigration irrégulière de masse” et d’un “wokisme terrifiant”, Eric Ciotti a estimé mardi qu’une élection de l’ancien président Donald Trump “serait plus profitable pour les équilibres économiques et politiques” du monde.En le soutenant, l’ex-patron des Républicains, désormais rallié au RN, se dit “cohérent” avec son positionnement national. “Il y en a qui n’assument pas leurs positions, j’assume mes positions”, a-t-il répété, dans une petite pique au parti de Jordan Bardella.En 2016, Marine Le Pen avait ouvertement milité pour Donald Trump dont le discours antisystème, anti-immigration et protectionniste, faisait écho à celui du Front national, devenu Rassemblement national deux ans plus tard. “Si j’étais Américaine, je voterais tout sauf Hillary Clinton”, avait-elle notamment déclaré.Rebelote en 2020. “Si Joe Biden était élu, ce serait une véritable catastrophe”, avait-elle affirmé, envoyant une délégation de son parti au dernier meeting de Donald Trump.Rien d’aussi manifeste cette fois. “Je suis Français, je ne me prononce jamais sur les élections étrangères”, a répété mardi le député RN Jean-Philippe Tanguy sur TF1.Non pas que le Rassemblement national cache sa préférence, mais son soutien est beaucoup plus allusif. “Donald Trump défend l’intérêt des Américains et défend une forme de fierté américaine. Et j’aime ce patriotisme”, a ainsi déclaré la semaine dernière Jordan Bardella.Et Jean-Philippe Tanguy d’épingler “les médias” qui tenteraient “de faire peur aux Français en présentant Trump comme une espèce de nouveau fasciste, en présentant Kamala Harris comme le messie”.- Une majorité d’électeurs RN pour Harris -Mais le refus de Trump d’admettre sa défaite en 2020, l’attaque du Capitole en janvier 2021, ses outrances sexistes, racistes ou complotistes rendent aujourd’hui l’exercice plus délicat pour un parti qui cherche à se dédiaboliser pour accéder au pouvoir.”Je respecterai le vote des électeurs américains”, a ainsi affirmé Jordan Bardella, sous-entendant que son parti n’irait pas dans la contestation des résultats déjà annoncée en cas de défaite du candidat républicain.Pour Mathieu Gallard, directeur d’études chez Ipsos, “les dirigeants du RN n’ont pas intérêt à trop s’approcher ou à trop s’éloigner de Trump, parce que peut-être qu’une partie de leur électorat le plus radicalisé est pro-Trump, mais clairement pas tous leurs électeurs”.De fait, selon un sondage Elabe publié le 30 octobre, seuls 13% des Français souhaitent une victoire de Donald Trump contre 64% de Kamala Harris. Et, même parmi les électeurs RN, ils ne sont que 30% a être favorables au candidat républicain contre 46% pour la vice-présidente.”Une partie de leurs nouveaux éléments jugent que Trump va trop loin. Dans ce contexte, c’est difficile pour le RN de prendre position”, juge-t-il.Le soutien au milliardaire américain, avec qui Eric Zemmour s’était targué d’un échange téléphonique lors de la campagne pour la présidentielle de 2022, est en revanche beaucoup plus décomplexé chez Reconquête!L’eurodéputée Sarah Knafo, qui prend Donald Trump comme modèle pour la droite conservatrice française, a ainsi assisté à l’un des derniers meetings du candidat républicain, en Pennsylvanie.Elle soutient sur X le “candidat de l’identité nationale et de la paix”, celui qui “défend la liberté d’expression aux côtés d’Elon Musk contre tous les censeurs”.

Narcotrafic: le ministre de la Justice promet à son tour une “réponse très ferme de l’Etat”

Le narcotrafic est une menace “grandissante et gravissime” et nécessite une “réponse très ferme de l’Etat”, a déclaré mardi le ministre de la Justice Didier Migaud, qui doit annoncer vendredi avec Bruno Retailleau des mesures contre ce “fléau”.”C’est une menace grandissante et gravissime avec le recours aux méthodes ultra-violentes des cartels sud-américains”, a-t-il souligné sur Franceinfo. “Les méthodes, c’est le meurtre, c’est la corruption”, qui est “un vrai sujet qu’on ne peut pas sous-estimer”, a-t-il détaillé.Vendredi prochain, le garde des Sceaux doit se rendre avec le ministre de l’Intérieur à Marseille, où les règlements de comptes entre narcotrafiquants sont particulièrement meurtriers et sordides, avec l’implication de jeunes de 14-15 ans comme tueurs à gages. Les deux ministres doivent y annoncer ensemble plusieurs mesures.”Nous sommes totalement en phase”, a assuré M. Migaud.A la question de savoir s’il fallait une loi sur le sujet, il a répondu “bien sûr”.”Vous avez un travail considérable fait par une commission d’enquête qui formule un certain nombre de propositions”, a-t-il observé, en référence à la commission d’enquête sénatoriale sur le narcotrafic.”Nous sommes tout à fait ouverts à ces propositions”, a indiqué M. Migaud. Une proposition de loi est sur le bureau du Sénat depuis juillet, et M. Retailleau a déjà dit qu’il souhaitait qu’elle soit examinée “le plus vite possible”, “au plus tard en début d’année”.Interrogé sur la question de créer un nouveau parquet national consacré à la lutte contre le narcotrafic et la criminalité organisée comme l’avait envisagé son prédécesseur , Eric Dupond-Moretti, M. Migaud s’est dit “favorable à une organisation qui permette de lutter contre ce fléau”.”Le parquet national peut tout à fait être une solution”, a-t-il jugé, tout en indiquant que c’était “au parlement d’en décider”.Sur la question des consommateurs de drogue, il a estimé qu’il fallait s’attaquer au “sujet du recouvrement des amendes”, mais s’est dit aussi “favorable à des campagnes d’informations pour montrer tous les dangers de la drogue sur la santé”.

Assemblée: la partie “recettes” du budget de la “Sécu” approuvée grâce à la gauche

Coup de théâtre au Palais Bourbon: l’Assemblée nationale a approuvé lundi, avec les voix de la gauche, une version profondément remaniée de la partie “recettes” du budget 2025 de la Sécurité sociale, les députés macronistes et de droite ayant voté contre.Le texte amendé, qui prévoit notamment 17 à 20 milliards de cotisations supplémentaires selon les députés, a été adopté en première lecture avec 126 voix “pour” et 98 “contre”. “Incroyable!” s’est félicité dans un communiqué le groupe LFI, voyant dans ce vote le “nouvel échec d’Emmanuel Macron et Michel Barnier”.Le Rassemblement national, qui s’est dit opposé sur le fond à la copie du gouvernement comme aux “dingueries fiscales” imposées par la gauche, s’est abstenu afin de ne pas mettre un terme prématuré aux débats. Le rejet de la partie “recettes” aurait en effet entraîné celui de l’ensemble du texte. En soirée, les députés ont pu poursuivre leurs travaux en entamant l’examen de la partie “dépenses” du texte. Ils ont notamment décidé que les tests Covid ne pourront plus être remboursés sans prescription médicale, et ont supprimé un dispositif proposé par le gouvernement visant à subordonner le remboursement de certains actes, médicaments ou transports sanitaires à un document établi par le professionnel de santé établissant le “caractère raisonnable” de la prescription.Du fait des délais fixés par la Constitution – l’examen du Projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) doit s’achever au plus tard à minuit dans la nuit de mardi à mercredi – ils ne sont toutefois pas sûrs d’aller au bout de ce chantier, alors que 530 amendements restaient à examiner à la clôture des débats lundi en fin de soirée.Le député PS Jérôme Guedj s’est dit prêt à retirer des amendements, et a demandé au gouvernement d'”inverser” d’ici mardi après-midi l’ordre des articles examinés, afin que les points les plus polémiques du projet de loi, et notamment celui relatif au gel des pensions de retraite, soient examinés en priorité. – “Collusion du populisme” -L’approbation de la partie “recettes” constitue une surprise, d’autant que ce volet du texte – qui porte sur quelque 600 milliards d’euros – avait précédemment été rejeté à l’unanimité en commission des Affaires sociales.En augmentant notamment les cotisations sur les revenus du capital ou les dividendes, “la gauche de cet hémicycle a trouvé des majorités pour remplir les caisses de la Sécu, pendant que la droite a déployé tous ses efforts pour les vider”, a commenté l’insoumise Elise Leboucher.Elle faisait référence à la fronde des élus de droite et du centre qui ont retoqué la semaine dernière la hausse des cotisations patronales, à hauteur de quatre milliards d’euros, voulues par la coalition gouvernementale qu’ils sont pourtant censés soutenir.La gauche a “repoussé les 15 milliards d’euros de coupes sauvages et injustes” demandées par le gouvernement, pour les remplacer par 20 milliards “en contributions, cotisations et impôts, uniquement sur les grandes fortunes, les hauts salaires, les créanciers privés et les multinationales délinquantes”, s’est félicité le groupe LFI dans un communiqué. Parmi les recettes nouvelles, les députés ont approuvé lundi une réforme de la “taxe soda”, destinée à limiter la quantité de sucres dans ce type de boisson.Du côté de la coalition gouvernementale, les députés se sont relayés pour fustiger un texte “vidé de son sens et de tout sérieux, politique et budgétaire”, comme l’a résumé François Gernigon (Horizons). Les nouvelles taxes et cotisations ne visent pas les “grandes fortunes”, mais “les classes moyennes qui travaillent”, a déploré Thibault Bazin (LR).Après le vote, le président du groupe MoDem Marc Fesneau a fait part de son agacement : “quand vous avez RN et NFP qui votent ensemble, vous voyez bien que c’est la collusion du populisme”. “A la fin, le gouvernement va dire +voyez, tout ça n’est pas raisonnable, on va laisser ça au Sénat car eux ce sont des gens responsables et raisonnables+”, a-t-il ajouté.Un peu plus tôt, la gauche avait obtenu par ailleurs une victoire symbolique sur le sujet inflammable de la réforme des retraites, en faisant adopter des amendements qui modifient une annexe du texte en y abrogeant le relèvement de l’âge légal de départ de 62 à 64 ans.Ces votes n’ont toutefois aucun caractère définitif, le PLFSS ne faisant que débuter son parcours parlementaire et en raison de l’usage probable par le gouvernement de l’article 49.3 qui lui permettra de conserver dans le texte final les amendements de son choix.

“Esprit d’équipe”: Barnier planche avec ses ministres sur le moyen et long terme

Pour tenter de forger un “esprit d’équipe” qui manque cruellement à sa coalition sur le budget, Michel Barnier a invité lundi ses ministres lors d’un séminaire gouvernemental à faire émerger des propositions pour le moyen et long terme.”Nous allons faire des progrès pour décider mieux ensemble et s’écouter avant de prendre des décisions, malgré les circonstances d’extrême urgence”, a assuré le Premier ministre, selon les services de la porte-parole du gouvernement, Maud Bregeon.”Travailler” était le mot d’ordre des membres du gouvernement en arrivant à Matignon peu avant 09H00. La réunion a été suivie d’un déjeuner destiné à renforcer la “cohésion” gouvernementale.Accaparé depuis sa nomination il y a deux mois par l’urgence de la préparation d’un budget très contraint pour 2025, qui éprouve durement sa coalition, Michel Barnier voulait montrer que ses ministres pouvaient s’accorder sur des propositions et qu’il était aussi là pour longtemps. “Nous ne sommes pas là seulement pour gérer le déficit. Nous sommes là pour améliorer le fonctionnement du pays et pour créer du progrès”, a-t-il dit à ses ministres, désireux de “relever la ligne d’horizon” avec “une vision de cinq ans” et un “plan (d’action) à trois ans”, en référence à 2029, date fixée pour le retour de la France dans les clous budgétaires européens, et à 2027, prochaine élection présidentielle.Et ce, sans se soucier de l’épée de Damoclès du vote d’une motion de censure en décembre quand il engagera vraisemblablement la responsabilité de son gouvernement pour faire adopter définitivement les périlleux projets de loi de finances.Lundi soir, un coup de théâtre a d’ailleurs créé encore un peu plus la confusion: l’Assemblée nationale a approuvé une version profondément remaniée de la partie recettes du budget 2025 de la Sécurité sociale… avec les voix de la gauche, alors que les députés macronistes et de droite ont voté contre, le RN s’étant abstenu.- “Différentiel” travail/solidarité –  Après un premier séminaire en septembre pour préparer sa déclaration de politique générale, Michel Barnier veut quoi qu’il en soit avec cette deuxième “rencontre collective” aboutir à “des propositions concrètes” qui seront présentées dans un plan d’action, selon son entourage. Une troisième réunion est prévue en décembre.Au menu lundi de la quarantaine de ministres, cinq thématiques: État/collectivités, travail/prestations sociales (“encourager le travail”), immigration/intégration (“encadrer l’immigration pour mieux intégrer”), Outre-mer et simplification.Il y a eu, en outre, un “échange nourri” sur la “prévention des risques” environnementaux qui sera, selon le Premier ministre, un “objectif central”, alors que les inondations mortelles en Espagne ont suscité désarroi et colère de la population.Sur les relations entre l’Etat et les collectivités, les ministres ont débattu simplification et déconcentration, en insistant sur le rôle des maires/préfets/sous-préfets. Le chef du gouvernement a insisté sur “le besoin de se parler” sur ces sujets.En matière de travail, le gouvernement s’est penché sur la mise en œuvre de “l’allocation de solidarité unique” à partir des expérimentations en cours sur la solidarité à la source, afin d’aboutir à “un vrai différentiel” entre le travail et la solidarité. Pour “financer notre modèle social et si on veut le conserver, il faudra travailler davantage”, a affirmé lundi le ministre de l’Economie, Antoine Armand.- “Rang d’oignons” – En matière d’immigration, autre sujet clivant, le premier semestre 2025 sera consacré à “transposer” en France le pacte européen sur l’asile et la migration, selon le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau.Sur l’Outre-mer, dossier que M. Barnier a repris en main, le ministre François-Noël Buffet a proposé que chaque territoire “fasse l’objet avec les acteurs locaux d’un diagnostic pour dégager une stratégie de développement” à terme. Le manque d’unité de la fragile coalition gouvernementale se voit quasi quotidiennement à l’Assemblée nationale sur les textes budgétaires.Le gouvernement a été ainsi défait à de nombreuses reprises sur les questions fiscales.”Il y a un besoin que, dans le pack qui s’est constitué autour de Michel Barnier, on essaie de définir ce sur quoi on est d’accord pour que ça suscite une forme de mobilisation”, a reconnu dimanche sur France Inter le chef de file des députés MoDem, Marc Fesneau. Mais ce n’est “pas parce qu’on n’est pas complètement alignés en rang d’oignons qu’on est un opposant”, a-t-il ajouté.

Assemblée nationale: Bayrou plaide pour une séparation des séances de débats et de votes

François Bayrou, le président du MoDem, a proposé lundi la séparation des séances de débats de celles des votes à l’Assemblée nationale, sur le modèle du Parlement européen, notamment afin de lutter contre l’absentéisme des députés dans l’hémicycle. “Le temps des débats est un droit inaliénable. Mais on peut séparer le temps long du débat du temps concentré des votes. Que dans la semaine les débats se déroulent prenant tout le temps nécessaire. Mais que les votes des textes et des amendements soient tous regroupés en une seule demi-journée”, plaide le leader centriste dans une tribune publiée dans Le Figaro.”C’est la règle qui s’est imposée au Parlement européen”, rappelle-t-il, ce système supposant “la présence physique du parlementaire obligatoire au moment du vote” -qui conditionne le versement de l’indemnité parlementaire-, ainsi que la publicité de l’ensemble des scrutins, de manière à ce que “l’adoption des textes, des amendements, et les désignations (soient) toujours décidées par des hémicycles au complet”, sans possibilité de délégation de vote.Et de dénoncer “la situation actuelle de l’Assemblée nationale française”, où “des désignations importantes, présidences de commissions ou responsabilités au bureau de l’Assemblée nationale, des votes symboliques essentiels, comme la contribution du budget de la France à l’Union européenne, ne sont acquis (…) qu’en raison de l’absence d’une partie des députés”. Le patron du MoDem avait déjà dénoncé fin octobre le fait que de nombreux députés n’assistent pas aux débats sur le budget à l’Assemblée nationale. Il avait également estimé que le gouvernement n’aura d’autre choix que de recourir à l’article 49.3 de la Constitution, qui permet une adoption du texte sans vote dans l’hémicycle, face à l’absence de majorité.

Barnier et ses ministres planchent sur un plan d’actions à long terme

Michel Barnier a réuni lundi matin ses ministres en séminaire dans le but de faire émerger d’ici la fin de l’année des propositions à mettre en œuvre sur trois ans, lui permettant ainsi de se projeter au-delà du marathon budgétaire en cours qui éprouve durement sa coalition.”Travailler” était le mot d’ordre des ministres en arrivant à Matignon peu avant 09H00. La réunion a été suivie d’un déjeuner qui s’est terminé vers 14H00.Accaparé depuis sa nomination il y a deux mois par l’urgence de la préparation du budget 2025, le Premier ministre voulait montrer qu’il était là pour longtemps. Et ce, sans se soucier de l’épée de Damoclès du vote d’une motion de censure en décembre quand il engagera vraisemblablement la responsabilité de son gouvernement pour faire adopter définitivement ces périlleux projets de loi de finances.”Vision à 5 ans, action à 3 ans”, tel est le nouveau leitmotiv à Matignon, en référence à 2029, date fixée pour le retour de la France dans les clous budgétaires européens et à 2027, prochaine présidentielle.Après un premier séminaire en septembre pour préparer sa déclaration de politique générale, Michel Barnier veut par cette deuxième “rencontre collective”, qui sera suivie d’une troisième en décembre, aboutir à “des propositions concrètes sur les priorités des Français” qui seront présentées dans un plan d’action, selon son entourage.- “Cohésion” -Au menu lundi de la quarantaine de ministres, cinq thématiques: État/collectivités, travail/prestations sociales (“encourager le travail”), immigration/intégration (“encadrer l’immigration pour mieux intégrer”), outre-mer et simplification.Un ministre référent pilotera chaque thématique et l’objectif sera de définir “une ou deux mesures prioritaires” à mettre en œuvre, d’après Matignon.Deux ministres sont intervenus sur le contexte du moment: le ministre délégué aux Affaires européennes Benjamin Haddad sur “les enjeux européens”, le ministre de l’Économie Antoine Armand sur les assemblées annuelles du FMI et de la Banque mondiale.Pour “financer notre modèle social et si on veut le conserver, il faudra travailler davantage”, a affirmé lundi sur Europe 1 Antoine Armand.Le séminaire s’est conclu par un déjeuner “dans un objectif de cohésion” alors que la coalition entre la droite et le bloc central s’illustre par ses désaccords sur nombre de sujets, dont l’immigration. Ce manque d’unité se voit quasi quotidiennement à l’Assemblée sur les textes budgétaires peu défendus ou même contestés par une partie de la majorité.Le gouvernement a été ainsi défait à de nombreuses reprises sur les questions fiscales, comme la refonte des cotisations patronales rejetée jeudi par les macronistes, la droite et le Rassemblement national.”Il y a un besoin que, dans le pack qui s’est constitué autour de Michel Barnier, on essaie de définir ce sur quoi on est d’accord pour que ça suscite une forme de mobilisation”, a reconnu dimanche sur France Inter le chef de file des députés Modem Marc Fesneau en appelant le gouvernement à “tenir compte des débats parlementaires”, par exemple la pérennisation de la surtaxe sur les hauts revenus votée par la gauche et le MoDem.”C’est pas parce qu’on n’est pas complètement alignés en rang d’oignons qu’on est un opposant”, a-t-il relativisé.- Feu rouge -Les députés reprendront lundi l’examen de la partie recettes du budget de la Sécurité sociale avec à la clé un probable rejet, si les débats vont assez vite pour aller jusqu’au vote.Ce rejet valant pour l’ensemble du texte, le volet dépenses ne serait alors pas examiné, ce qui épargnerait au gouvernement une discussion perdue d’avance sur le report au 1er juillet de l’indexation des retraites, honni de toutes parts.Les discussions sur le PLFSS s’achèveront quoiqu’il arrive mardi à minuit, en raison des délais constitutionnels.Les députés s’attelleront ensuite de nouveau aux discussions sur la partie recettes du budget de l’État alors qu’il reste quelque 1.500 amendements à débattre. Un rejet est attendu, comme en commission, la majorité ne cautionnant pas les milliards de recettes supplémentaires votés par les députés de gauche.Là aussi, un feu rouge emporterait l’ensemble du texte qui partirait au Sénat dans sa version originale, avant une commission mixte paritaire pour que les deux chambres tentent de se mettre d’accord sur une version commune. Au bout du processus, le gouvernement ne devrait cependant pas pouvoir échapper à un 49.3 pour faire adopter ses deux textes budgétaires, la gauche et le RN ayant déjà annoncé leur intention de voter contre.

Ruffin et Glucksmann incarnent le mieux la gauche chez les sympathisants (sondage)

Plus de 3 sympathisants et/ou électeurs de gauche sur 5 considèrent que le député de la Somme François Ruffin “incarne bien la gauche”, juste devant la figure sociale-démocrate Raphaël Glucksmann, selon un sondage Ifop-Fiducial pour Sud Radio paru lundi.Situés sur deux lignes très différentes, François Ruffin et Raphaël Glucksmann “incarnent bien la gauche” pour respectivement 61% et 60% des sympathisants et/ou électeurs de gauche. Le communiste Fabien Roussel arrive en troisième place (58%), loin devant le leader Insoumis Jean-Luc Mélenchon (42%) ou l’ancien président François Hollande (47%). L’eurodéputé Raphaël Glucksmann, qui préside le mouvement Place Publique, arrive en tête du classement dans la population générale, puisque 45% des Français interrogés pensent qu’il représente bien la gauche, devant M. Roussel (44%) et M. Ruffin (42%). Les Insoumis Jean-Luc Mélenchon (27%), Manuel Bompard (28%), et Mathilde Panot (27%) sont de leur côté distancés sur ce créneau. Pour le triple candidat à la présidentielle, qui recueillait encore 51% en février 2022, puis 36% en janvier 2023, le recul se confirme.Enfin, le président Emmanuel Macron reste un étendard représentant bien la gauche pour 19% des Français, et 17% des sympathisants et/ou électeurs de gauche. L’enquête a été menée les 29 et 30 octobre auprès d’un échantillon de 1.005 personnes, représentatif de la population française de plus de 18 ans, avec une marge d’erreur entre 1,4 et 3,1 points. 

Fusillade de Poitiers: la maire demande à Retailleau de “rétablir la vérité”

La maire de Poitiers, Léonore Moncond’huy, demande à Bruno Retailleau de “rétablir la vérité” sur la fusillade qui a coûté la vie à un adolescent dans la ville, après que le ministre de l’Intérieur a évoqué, à tort, une rixe impliquant des centaines de personnes.”Je souhaite que le ministre rectifie les propos qu’il a tenus, qu’il rétablisse la vérité. Nous le devons notamment à la famille du jeune”, a lancé l’élue écologiste lundi sur France Bleu Poitou, dénonçant des propos qui “contribuent à nourrir les amalgames entre la jeunesse des quartiers dans leur ensemble et les trafiquants dans leur ensemble”.Jeudi soir, alors qu’une soirée Halloween organisée par une association avait rassemblé de nombreux jeunes dans le quartier des Couronneries, des coups de feu devant un restaurant kebab ont fait cinq blessés, tous mineurs. L’un d’eux, âgé de 15 ans et touché à la tête, n’a pas survécu.Commentant les faits vendredi matin sur BFMTV/RMC, le ministre de l’Intérieur avait déclaré qu’après la fusillade, “une rixe entre bandes rivales” avait opposé “plusieurs centaines de personnes”, fustigeant les “narcoracailles” et évoquant un risque de “mexicanisation” du pays.Selon la police et le parquet cependant, de brèves échauffourées n’ont concerné que quelques dizaines de personnes parmi la foule présente aux abords de la scène de crime.La mort d’un adolescent est “assez tragique en soi” pour ne pas “diffuser de fausses informations”, a poursuivi la maire de Poitiers, ajoutant que la victime “n’avait strictement rien à voir avec le trafic de drogue”.Selon sa famille, qui s’est exprimée via une avocate, le mineur “n’avait aucun problème de délinquance”. Il “a dit à sa mère qu’il allait s’acheter un sandwich avant de rentrer. Et il a reçu une balle”, a déclaré dimanche à l’AFP Me Yasmina Djoudi.Pour Mme Moncond’huy, M. Retailleau a “commis une faute”, en “instrumentalisant l’image d’un quartier et l’image de (Poitiers) au service d’un discours alarmiste, populiste”.Un suspect qui, selon le parquet, “se serait livré à la vente de produits stupéfiants” dans le quartier “au cours des jours précédents”, est recherché par les enquêteurs. Selon des informations du Parisien, cet homme était sous contrôle judiciaire pour une affaire de détention d’armes instruite à Marseille.

Barnier réunit ses ministres pour réfléchir au-delà du budget

Michel Barnier réunit lundi matin ses ministres en séminaire dans le but de faire émerger d’ici la fin de l’année des propositions à mettre en œuvre sur trois ans, lui permettant ainsi de se projeter au-delà du marathon budgétaire en cours qui éprouve durement sa coalition.”Travailler” était le mot d’ordre des ministres en arrivant à Matignon peu avant 09H00.Accaparé depuis sa nomination il y a deux mois par l’urgence de la préparation du budget 2025, le Premier ministre, arrivé une heure avant, veut montrer qu’il est là pour longtemps. Et ce, sans se soucier de l’épée de Damoclès du vote d’une motion de censure en décembre quand il engagera vraisemblablement la responsabilité de son gouvernement pour faire adopter définitivement ces périlleux projets de loi de finances.”Vision à 5 ans, action à 3 ans”, tel est le nouveau leitmotiv à Matignon, en référence à 2029, date fixée pour le retour de la France dans les clous budgétaires européens et 2027, prochaine présidentielle.Après un premier séminaire en septembre pour préparer sa déclaration de politique générale, Michel Barnier veut par cette deuxième “rencontre collective”, puis une troisième en décembre, aboutir à “des propositions concrètes sur les priorités des Français” qui seront présentées dans un plan d’action, selon son entourage. Au menu lundi de la quarantaine de ministres, cinq thématiques: État/collectivités, travail/prestations sociales (“encourager le travail”), immigration/intégration (“encadrer l’immigration pour mieux intégrer”), outre-mer et simplification.Un ministre référent pilotera chaque thématique et l’objectif sera de définir “une ou deux mesures prioritaires” à mettre en œuvre, selon Matignon.Deux ministres feront des interventions sur le contexte du moment: le ministre délégué aux Affaires européennes Benjamin Haddad devait commencer sur “les enjeux européens” suivi par le ministre de l’Économie Antoine Armand qui rendra compte des assemblées annuelles du FMI et de la Banque mondiale.Le séminaire se conclura par un déjeuner “dans un objectif de cohésion” alors que la coalition entre la droite et le bloc central s’illustre par ses désaccords sur nombre de sujets, dont l’immigration justement. Ce manque d’unité se voit quasi quotidiennement à l’Assemblée sur les textes budgétaires peu défendus ou même contestés par une partie de la majorité.Le gouvernement a été ainsi défait à de nombreuses reprises sur les questions fiscales, le dernier exemple en date étant la refonte des cotisations patronales rejetée jeudi par les macronistes, la droite et le Rassemblement national.- “pas en rang d’oignons” -“Il y a un besoin que, dans le pack qui s’est constitué autour de Michel Barnier, on essaie de définir ce sur quoi on est d’accord pour que ça suscite une forme de mobilisation”, a reconnu dimanche sur France Inter le chef de file des députés Modem Marc Fesneau en appelant le gouvernement à “tenir compte des débats parlementaires”, par exemple la pérennisation de la surtaxe sur les hauts revenus votée par la gauche et le Modem.  “C’est pas parce qu’on a un avis qu’on est un opposant, c’est pas parce qu’on n’est pas complètement alignés en rang d’oignons qu’on est un opposant”, a-t-il relativisé.Les députés reprendront lundi l’examen de la partie recettes du budget de la Sécurité sociale avec à la clé un probable rejet, ce qui vaudrait refus de l’ensemble du texte. Le volet dépenses ne serait alors pas examiné, ce qui épargnerait au gouvernement une discussion perdue d’avance sur le report au 1er juillet de l’indexation des retraites, honni de toutes parts.Les députés s’attelleront ensuite de nouveau aux discussions sur la partie recettes du budget de l’État alors qu’il reste quelque 1.500 amendements à débattre. Un rejet est attendu, comme en commission, la majorité ne cautionnant pas les milliards de recettes supplémentaires votés par les députés du Nouveau Front populaire. Là aussi, un feu rouge emporterait l’ensemble du texte qui partirait au Sénat dans sa version originale, avant une commission mixte paritaire pour que les deux chambres tentent de se mettre d’accord sur une version commune. Au bout du processus, le gouvernement ne devrait cependant pas pouvoir échapper à un 49.3 pour faire adopter ses deux textes budgétaires, la gauche et le RN ayant déjà annoncé leur intention de voter contre.

“Rèspektém nou!”: la diaspora ultramarine manifeste à Paris contre la vie chère

“A yen pou yo !” (on lâchera rien pour eux, en créole): plusieurs milliers de personnes issues de la diaspora ultramarine, vêtues de rouge, ont manifesté sans heurts dimanche à Paris contre la vie chère en Outre-mer, ont constaté des journalistes de l’AFP.C’est la première grande mobilisation de ce type dans l’Hexagone, depuis le début de la mobilisation en Martinique contre la cherté du coût de la vie.Dans une ambiance festive malgré la colère palpable, les manifestants se sont rassemblés place Denfert-Rochereau, à l’appel d’associations antillaises et kanak, pour rallier le ministère des Outre-mer qu’ils n’ont pu atteindre, arrêtés quelques centaines de mètres avant par un cordon policier.”Monopole criminel”, “Békés insatiables”, “Rèspektém nou” (respectez-nous), pouvait-on lire sur des pancartes. “Non à la vie chère !”, scandait la foule, drapeaux martiniquais, guadeloupéens et kanak au vent. “On a l’impression que la situation dans les Outre-mer ne concerne pas les Français de l’Hexagone. Cette manifestation est là pour faire du bruit et faire connaître la situation aux autres Français”, a expliqué à l’AFP Louis-Philippe Mars, vice-président de l’association Ultramarins Doubout (debout, en créole), l’une des organisatrices de la manifestation. “On demande la continuité territoriale et l’alignement des prix sur ceux de la métropole”, a-t-il poursuivi, disant espérer “qu’il y aura(it) un tournant avec ce rassemblement”. Dans le cortège, Corry Diomar, 31 ans, père de quatre enfants et qui a de la famille aux Antilles, ne décolère pas: “La plupart des gens en métropole ne sont pas au courant que chez nous, on paie le double pour manger des céréales. Les enfants là-bas n’ont pas le privilège d’en manger!”. “Un caddie chez Carrefour, on le paie le double, voire le triple d’ici!” Même situation en Nouvelle-Calédonie, note Céleste, travailleuse sociale de 32 ans et membre d’un collectif kanak qui a de la famille sur le “Caillou”. “Tout est plus cher” là-bas, témoigne-t-elle. “Les gens ont du mal à se nourrir, se soigner et s’éduquer correctement”.  “Ils s’enrichissent sur notre dos”, peste de son côté Sandrine Rosette 42 ans, une cheffe d’entreprise dont la famille vit en Martinique, en faisant référence notamment à la grande distribution.Figure du mouvement contre la vie chère en Martinique, arrivé la veille à Paris, Rodrigue Petitot, à la tête du Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro-caribéens (Rpprac), participait lui aussi à la manifestation. Pour lui, il était “important de montrer à la diaspora qu’on voit le combat qu’ils sont en train de mener ici pour appuyer notre combat là-bas”.Aude Goussard, autre figure du Rpprac, a pour sa part fustigé une “grande distribution scélérate”, égrenant les noms des grands groupes présents en Martinique (Hayot, Fabre, etc.), hués en écho par la foule, en leur demandant de “changer (leur) mentalité coloniale”.Depuis septembre, la Martinique est régulièrement en proie à des émeutes urbaines et des violences, essentiellement nocturnes, dans ce contexte de mouvement contre la vie chère. Les négociations découlant de la mobilisation ont débouché sur un accord pour faire baisser les prix d’environ 6.000 produits alimentaires, mais le Rpprac a refusé de le signer, jugeant le nombre de produits concernés insuffisants.”Nous restons ouverts au ministère, nous souhaitons retourner chez nous avec des réponses claires. Le pacte colonial n’a plus sa place dans les Outre-mer”, a martelé Mme Goussard.