AFP Politics

France: le Premier ministre Barnier en Italie “dans 15 jours” pour voir Meloni

Le Premier ministre français Michel Barnier a annoncé vendredi qu’il se rendrait “dans 15 jours” en Italie pour y rencontrer notamment la cheffe du gouvernement italien Giorgia Meloni.”J’ai beaucoup de respect pour l’Italie. Je vais d’ailleurs lui rendre une visite officielle dans quinze jours pour rencontrer Madame Meloni (…) et puis je vais visiter les pays européens un par un prochainement, enfin dans le temps que j’aurai devant moi”, a affirmé le chef du gouvernement français.Les dates précises de ce déplacement n’ont pas encore été fixées, selon Matignon.Michel Barnier est menacé en France de censure par la gauche et l’extrême droite sur son projet de budget, dont l’adoption finale est attendue avant la fin de l’année.Il s’exprimait devant le 6e Forum économique trilatéral France-Allemagne-Italie, qui réunit jusqu’à vendredi le patronat français Medef et ses homologues allemand et italien, le BDI et la Confindustria.”Nous avons des raisons de travailler ensemble (avec l’Italie) plus étroitement et c’est pour ça que ce que fait depuis maintenant six-sept ans le patronat français” avec ses homologues “est extrêmement important”, a souligné le Premier ministre.Evoquant le “tandem” franco-allemand, qui a actuellement du plomb dans l’aile, il a estimé que “la coopération franco-allemande est de plus en plus nécessaire et de moins en moins suffisante”.Par conséquent, “il faut qu’on ouvre et on ne doit pas être exclusif. Et l’Italie est un très grand pays que la France a souvent négligée”, a-t-il poursuivi.Michel Barnier s’était rendu, pour son premier déplacement hors de France, à Bruxelles pour une réunion du PPE, sa famille politique au Parlement européen. Il s’était ensuite déplacé à la frontière franco-italienne pour saluer la “coopération efficace” entre les deux pays en matière migratoire. Il avait rencontré à cette occasion deux ministres du gouvernement de Giorgia Meloni, qui associe la droite et l’extrême droite, Antonio Tajani (Affaires étrangères), qu’il connaît bien, et Matteo Piantedosi (Intérieur).

Rétractation de Takieddine: face aux juges, Carla Bruni-Sarkozy reconnaît avoir possédé un téléphone au coeur de l’enquête

Carla Bruni-Sarkozy avait initialement contesté posséder un téléphone au coeur de l’enquête sur la rétractation de Ziad Takieddine de ses accusations de financement libyen de la campagne 2007 de son époux Nicolas Sarkozy. Mais face aux juges début juillet, l’artiste s’est “souvenue” de la ligne, tout en écartant toute infraction.Le 9 juillet, l’épouse de l’ex-chef de l’Etat (2007-2012) a été mise en examen par deux juges parisiens pour recel de subornation de témoin et association de malfaiteurs en vue d’une escroquerie au jugement en bande organisée.Dans ce dossier judiciaire ouvert mi-2021, Nicolas Sarkozy a été mis en cause en octobre 2023, soupçonné d’avoir avalisé des manœuvres pour obtenir fin 2020 une volte-face temporaire de Ziad Takieddine, principal témoin à charge dans cette affaire retentissante dont le volet principal sera jugé début 2025.Au total, une douzaine de personnes sont mises en cause à des degrés divers.Au cœur des investigations, un téléphone surnommé “43 97”. Les juges suspectent qu’il a servi au couple Sarkozy pour échanger discrètement avec “Mimi” (Michèle) Marchand, ex-papesse de la presse people et ancienne amie de la mannequin, également mise en cause.Devant les policiers en mai, la chanteuse de “Quelqu’un m’a dit” avait nié détenir cette ligne ou connaître les initiatives présumées pour innocenter son mari.Acculée par les questions des enquêteurs sur les incohérences de sa version, la chanteuse avait lâché: “J’essaie d’échafauder des explications”.Mais le 9 juillet, selon ses déclarations aux juges dont l’AFP vient d’avoir connaissance, Carla Bruni-Sarkozy a fini par reconnaître avoir “utilisé ce téléphone par ellipse, parfois. C’est la police qui me l’a dit, parce que je ne m’en souvenais pas”.”Cette ligne n’est pas une ligne occulte comme je l’ai lu dans la presse”, elle avait été “ouverte pour mes enfants” qui l’ont aidée, comme la police, à rafraîchir sa mémoire, s’est aussi rappelée l’artiste de 56 ans.Elle a justifié son utilisation car sa ligne principale aurait été bloquée à l’étranger, son téléphone habituel se serait cassé “en faisant de l’ElliptiGO” (un vélo elliptique) ou encore car ses messageries auraient été piratées.- “Acerbes” -Mais si Carla Bruni-Sarkozy a reconnu l’évidence de la possession du “43 97”, la mannequin a persisté à contester être l’autrice et la destinataire des SMS échangés avec Mimi Marchand qui semblent en lien avec cette opération dite “Sauver Sarko”.”Le 18 octobre 2020, vous apprenez que Mimi Marchand part au Liban” rencontrer Ziad Takieddine, “le 22 octobre vous lui demandez à son arrivée si tout va bien, et le 1er novembre, vous recevez un long message de compte rendu. Comprenez-vous que nous nous interrogeons ?”, lance l’un des juges.Carla Bruni-Sarkozy conteste alors avoir lu ce dernier message, mais le juge prouve techniquement le contraire. “Dont acte. Je n’ai aucun souvenir”, poursuit la mannequin.”Est-ce Nicolas Sarkozy le destinaire final ?” du compte-rendu, lui demande-t-on. “Je ne l’ai pas lu et je ne l’ai fait lire à personne”, atteste encore Carla Bruni-Sarkozy.”Comment expliquez-vous” que ce téléphone apparaisse à des dates “assez clefs ?” dans l’opération alléguée, interrogent plus tard les magistrats.”Pour moi, c’est une absolue coïncidence”, certifie l’artiste, coïncidence orchestrée d’après elle par Mimi Marchand, qui “ment”, qui “manipule” et pour qui elle nourrit désormais de “l’hostilité” assumée : “Quelqu’un qui est allé en prison, ce n’est jamais par hasard”, tacle Carla Bruni-Sarkozy.Sollicités par l’AFP, ses avocats Paul Mallet et Benoît Martinez ont répondu que cette ligne avait été ouverte “bien avant” l’opération objet de cette enquête et est “donc sans lien avec”.”Carla Bruni-Sarkozy apportera des éléments démontrant qu’elle (l’)a utilisée pour communiquer ponctuellement avec des proches, tout à fait étrangers à la procédure”, ont-ils ajouté.Alors que ce dossier va vers sa clôture, l’ex-président Sarkozy, dont l’avocat n’a pas répondu à l’AFP, tente d’obtenir de la cour d’appel de Paris la nullité de sa mise en examen et le dépaysement de l’information judiciaire. Carla Bruni-Sarkozy “exercera l’ensemble des voies de recours”, ont indiqué ses avocats.Egalement interrogée par l’AFP, Me Caroline Toby a indiqué que sa cliente Mimi Marchand “a pris connaissance avec étonnement des déclarations acerbes de Carla Bruni-Sarkozy à son endroit. Elle a toujours affirmé que ni elle ni son époux n’étaient impliqué de près ou de loin (dans les) faits reprochés. Elle ne comprend pas ce procès d’intention”.

Macron juge les dirigeants haïtiens “complètement cons”, vive protestation d’Haïti

Le président Emmanuel Macron a jugé les responsables d’Haïti “complètement cons” d’avoir limogé il y a dix jours leur Premier ministre, s’attirant les foudres de Port-au-Prince qui a protesté auprès du chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot et convoqué son ambassadeur.Tout est parti d’une vidéo tournée mercredi en marge du sommet du G20 à Rio, en dehors de la présence de la presse, et qui a circulé sur les réseaux sociaux.M. Macron quittait alors le Brésil pour le Chili.Dans cette vidéo, le chef de l’État répond, selon son entourage, à un Haïtien qui l’interpelle “de manière insistante” en l’accusant lui et la France “d’être responsables de la situation en Haïti”. “Là franchement, c’est les Haïtiens qui ont tué Haïti, en laissant le narcotrafic”, lui répond Emmanuel Macron. “Et là, ce qu’ils ont fait, le Premier ministre était super, je l’ai défendu, ils l’ont viré!”, ajoute-t-il en référence au limogeage le 10 novembre du chef du gouvernement Garry Conille, nommé cinq mois plus tôt, par le Conseil présidentiel de transition haïtien (CPT).- “Premier ministre formidable” -“C’est terrible. C’est terrible. Et moi, je ne peux pas le remplacer. Ils sont complètement cons, ils n’auraient jamais dû le sortir, le Premier ministre était formidable”, poursuit-il avant que la vidéo s’interrompe.Les autorités d’Haïti, pays pauvre des Caraïbes en plein chaos politique, socio-économique, sécuritaire et humanitaire, ont vivement réagi.Le ministre des Affaires étrangères Jean-Victor Harvel Jean-Baptiste a convoqué jeudi l’ambassadeur de France Antoine Michon et protesté contre les “propos jugés inacceptables” du président Macron, selon un communiqué officiel obtenu par l’AFP.Port-au-Prince a exprimé “l’indignation du Pouvoir de Transition face à ce qu’il considère comme un geste inamical et inapproprié qui mérite d’être rectifié” et “une lettre de protestation adressée au ministre de l’Europe et des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot a été remise à l’ambassadeur” Michon.Selon la diplomatie haïtienne, le diplomate français a “reconnu qu’il s’agissait de propos malheureux”. Arrivé jeudi au Chili, Emmanuel Macron est revenu sur la crise haïtienne lors d’un discours sur la relation avec l’Amérique latine prononcé devant le Congrès du Chili, à Valparaiso.”La France continuera d’apporter son soutien au peuple haïtien et de soutenir toutes les initiatives visant à rétablir la sécurité et recréer un chemin vers une situation politique stable. Les Haïtiens le méritent”, a-t-il déclaré.La décision de démettre Garry Conille est survenue alors que le CPT souhaitait changer des responsables des ministères de la Justice, des Finances, de la Défense et de la Santé, contre son avis. Pour M. Conille, “la résolution du Conseil présidentiel de transition (…) est clairement entachée d’illégalité”. Il a été remplacé dès le 11 novembre par l’homme d’affaires Alix Didier Fils-Aimé qui a promis de rétablir la sécurité et d’organiser les premières élections depuis 2016.Privé de président depuis 2021, Haïti pâtit depuis des dizaines d’années d’une instabilité politique chronique. Le pays fait aussi face à la violence des gangs, accusés de meurtres, d’enlèvements et de violences sexuelles.Au moins 150 personnes ont été tuées en une semaine dans la capitale Port-au-Prince, contrôlée dorénavant à 85% par ces bandes criminelles, portant le bilan à au moins 4.544 morts dans le pays depuis le début de l’année, selon l’ONU.burs-nr/cha

Algérie: Emmanuel Macron “très préoccupé” par la “disparition” de l’écrivain Boualem Sansal

Le président français Emmanuel Macron est “très préoccupé par la disparition” de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal qui, selon plusieurs médias, a été arrêté en Algérie, a indiqué jeudi l’entourage du chef de l’Etat.”Les services de l’État sont mobilisés pour clarifier sa situation”, a-t-on précisé, ajoutant que “le président de la République exprime son attachement indéfectible à la liberté d’un grand écrivain et intellectuel”.L’auteur de 75 ans, qui a obtenu cette année la nationalité française, a été arrêté samedi à l’aéroport d’Alger, en provenance de France, ont rapporté plusieurs médias français.Les raisons de son arrestation ne sont pas connues. Selon l’hebdomadaire Marianne, il “ne donnait plus de nouvelles à ses proches depuis son arrivée à Alger”.Plusieurs responsables politiques français, appartenant surtout à la droite et au centre-droit, ont aussi exprimé leur inquiétude et leur soutien envers l’écrivain, connu pour sa liberté de pensée, que ce soit contre le pouvoir algérien ou l’intégrisme religieux, depuis qu’il s’est lancé en littérature en 1999.”Il incarne tout ce que nous chérissons: l’appel à la raison, à la liberté et à l’humanisme contre la censure, la corruption et l’islamisme”, a lancé l’ex-Premier ministre Edouard Philippe sur X, en appelant aux “autorités françaises et européennes pour obtenir des informations précises et faire en sorte qu’il puisse circuler librement et revenir quand il le souhaitera en France”.- “Moyens de pression” -“Tous les moyens de pression sur l’Algérie doivent être activés pour obtenir la libération de notre compatriote, le grand écrivain Boualem Sansal”, a renchéri le chef de file des députés LR (Républicains, droite) Laurent Wauquiez.La cheffe de file des députés du Rassemblement national (RN) Marine Le Pen a demandé au gouvernement français d'”agir pour obtenir sa libération immédiate”, saluant en Boualem Sansal un “combattant de la liberté et courageux opposant à l’islamisme”.Boualem Sansal a rencontré dès ses débuts le succès avec “Le serment des barbares”, un roman racontant la montée en puissance des intégristes qui a contribué à faire plonger son pays dans une guerre civile ayant fait au moins 200.000 morts entre 1992 et 2002.Ses livres, édités en France, sont vendus librement en Algérie mais l’auteur y est controversé, notamment depuis une visite en Israël en 2014.Un autre écrivain franco-algérien, Kamel Daoud, Goncourt 2024 pour “Houris”, est au coeur d’une polémique en Algérie, accusé par une victime de la guerre civile d’avoir exploité son histoire.”Kamel Daoud fait l’objet de violentes campagnes diffamatoires orchestrées par certains médias proches d’un régime dont nul n’ignore la nature”, a dénoncé lundi le dirigeant de sa maison d’édition, Gallimard, qui s’est vu interdire de participer au Salon international du livre d’Alger.Kamel Daoud a pris la plume jeudi soir dans le Figaro. “J’espère vivement que mon ami Boualem reviendra parmi nous très bientôt”, a-t-il dit dans une tribune, tout en confiant son incompréhension face à l”imprudence” dont aurait fait preuve, selon lui, Boualem Sansal en se rendant en Algérie.Ces événements interviennent dans un contexte diplomatique tendu entre France et l’Algérie, après l’appui de Paris au plan d’autonomie marocain pour le territoire disputé du Sahara occidental fin juillet. Le Sahara occidental, ancienne colonie espagnole, est contrôlé de facto en majeure partie par le Maroc. Mais il est revendiqué par les indépendantistes sahraouis du Front Polisario, qui réclament un référendum d’autodétermination et sont soutenus par Alger.

Michel Barnier donne des gages aux maires sur la simplification, pas sur le budget

Le Premier ministre Michel Barnier a donné jeudi des gages aux maires en colère contre les “ponctions” budgétaires prévues pour 2025, en lançant le coup d’envoi d’un grand chantier sur la simplification, mais sans desserrer l’étau budgétaire, leur première revendication.Face à 4.000 élus rassemblés en clôture du 106e Congrès de l’Association des maires de France (AMF), le fin négociateur du Brexit a d’abord désamorcé les critiques sur la responsabilité de la déroute budgétaire de la France.”Il n’est pas juste de montrer du doigt les communes et les collectivités territoriales comme si elles étaient responsables de notre déficit”, a-t-il déclaré, avec treize ministres à ses côtés.Les maires et l’ensemble des collectivités protestent contre les cinq milliards d’euros “d’économies” prévus pour 2025, dont ils évaluent plutôt la facture à 11 milliards, et qu’ils considèrent comme des prélèvements d’un niveau insoutenable, avec un effet récessif à la clé.Dans l’esprit des lois de décentralisation, Michel Barnier a touché une corde sensible pour les maires, en assurant vouloir renverser leur sentiment “d’être sous tutelle normative et financière” de l’État.Vantant les mérites des communes, un “repère pour nos concitoyens”, il a jugé que leur vocation n’était pas d’être des “sous-traitants de l’État” mais “davantage des partenaires”.Le premier vice-président de l’AMF André Laignel avait appelé auparavant à “décoloniser” les collectivités “pour ouvrir enfin le temps des libertés locales”.Le chef de l’exécutif lui a répondu en promettant “des lois moins bavardes, qui s’en tiennent aux objectifs généraux et qui ne cherchent pas à régler le détail”.”Nous devons mettre un terme à l’inflation normative”, a martelé Michel Barnier, en assurant que les sur-transpositions des directives européennes seraient “examinées une par une” et pour certaines “supprimées”.Il a également annoncé “quatre décisions importantes (…) dans les semaines qui viennent”.Une circulaire sera prise pour demander aux administrations de proposer en priorité des lois qui “fixent des objectifs” et “laissent aux autorités locales des marges pour interpréter les règles”.- “Une berceuse”-Le rôle du Conseil national d’évaluation des normes (CNEN) sera par ailleurs accru pour clarifier les lois “bien en amont de leur présentation au Parlement” tandis que les effets des lois sur les collectivités seront intégrés à leur étude d’impact.Enfin, une simplification “du stock des normes” sera menée en matière d’urbanisme et d’environnement.Le Premier ministre a pris en exemple la nécessité de “renverser la pyramide” sur la loi sur le “zéro artificialisation nette” des sols (ZAN), dont l’objectif est de stopper la bétonisation en 2050. “Le ZAN ne doit pas se décliner en cascade, et de manière mécanique, de la région jusqu’à la plus petite commune”, a estimé Michel Barnier.Concernant l’effort budgétaire demandé aux collectivités, il a rappelé les concessions déjà faites aux départements, notamment sur l’abandon du caractère rétroactif de la baisse du taux du Fonds de compensation de la TVA (FCTVA).Pour le reste, “la discussion se poursuit au Sénat”, a-t-il simplement déclaré en promettant que “des amendements complémentaires feront évoluer le texte initial”.Autre grande revendication des maires à quinze mois des prochaines municipales, l’amélioration des conditions d’exercice de leur mandat fera l’objet d’un texte qui sera débattu à l’Assemblée nationale en février, sur la base d’une proposition de loi du Sénat qui sera complétée par des propositions “en matière de valorisation de l’articulation avec la vie professionnelle, de formation et de reconversion”.Pour les communes rurales, il a promis de réfléchir à l’extension du scrutin de liste paritaire aux communes de moins de 1.000 habitants, tandis qu’il a réitéré son “ouverture” à retour du cumul des mandats.”Les constats sont les bons, les intentions affichées sont les bonnes (…) mais sur les mesures très concrètes de prélèvements supplémentaires de l’État (…) on n’a pas eu de réponse et la suite dépendra de ce qu’il va sortir de la discussion au Sénat”, a réagi le président de l’AMF David Lisnard.”Le Premier ministre nous a aimablement chanté une berceuse mais n’a pas répondu aux inquiétudes de tous les maires et à la colère de beaucoup”, a fustigé de son côté le socialiste André Laignel.”Sur une heure de discours, cinq minutes sur les finances alors que le budget 2025, avec une saignée de 11 milliards, est le plus mauvais de tous les temps”, a ajouté le premier édile d’Issoudun (Indre), pour qui les services publics locaux “sont plus que jamais en danger. “

Budget Sécu: le Sénat alourdit les taxes sur le tabac, les sodas et les jeux d’argent

Les sénateurs ont voté jeudi plusieurs hausses de taxes “comportementales” sur les boissons sucrées, les jeux d’argent et le tabac, dans le cadre de l’examen du projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2025.Une hausse de taxe pour “donner un coup de pied dans l’industrie” alimentaire. C’est ainsi que la sénatrice centriste Elisabeth Doineau, rapporteur général du budget de la Sécu, a présenté ses amendements visant à relever la fiscalité sur les “boissons à sucres ajoutés”.Propositions adoptées avec le soutien du gouvernement: il en coûtera donc 4 centimes par litre pour les breuvages les moins sucrés, et jusqu’à 35 centimes par litre pour les plus sucrés. Un barème sensiblement alourdi par rapport à celui voté par les députés, qui avaient fixé la première tranche à 3,5 centimes et la dernière à 28 centimes.Objet d’un large consensus à l’Assemblée, cette mesure avait été reprise par l’exécutif dans le texte transmis au Sénat, où son renforcement a de nouveau fait l’objet d’un large accord de droite à gauche. De même que la hausse de la taxe sur les “boissons édulcorées”, votée contre l’avis du gouvernement.Les sénateurs ont également passé outre l’opinion de la ministre de la Santé, Geneviève Darrieussecq, sur la fiscalité du tabac. Le paquet de cigarettes passera ainsi à 12,70 euros en moyenne l’an prochain, soit 40 centimes de plus que prévu dans le plan national de lutte contre le tabagisme présenté il y a à peine un an.”Si on change sans arrêt de plan, ça me paraît un petit peu compliqué”, a justifié la ministre. En vain: la mesure, censée rapporter 200 millions d’euros dès l’an prochain tout en maintenant la cible d’un paquet à 13 euros en 2027, a été largement validée par 241 voix contre 2, avec une large abstention de la gauche qui défendait plutôt un paquet à 16 euros d’ici deux ans.- L’alcool épargné -Mme Darrieussecq n’a pas été plus suivie sur les “pouches”, ces sachets de nicotine en gommes ou en billes à placer dans la bouche, qu’elle “préfère interdire que taxer”. Intention saluée par le président de la commission des Affaires sociales, Philippe Mouiller (LR), mais en attendant “nous mettons dans le texte” cette nouvelle taxe, qui deviendra “automatiquement caduque” lorsque ces produits seront prohibés.Le gouvernement a en revanche obtenu gain de cause sur les jeux d’argent et de hasard. Rejeté à l’Assemblée, son amendement visant à relever les taxes sur les loteries, casinos et autres paris sportifs a été redéposé par Mme Doineau, en épargnant cette fois-ci les paris hippiques qui avaient fait se cabrer la filière équine.Les sénateurs se sont en revanche opposés consciencieusement à tous les amendements visant l’alimentation et l’alcool, à l’exception d’une taxe sur les publicités pour les boissons alcooliques à La Réunion, votée là encore contre l’avis de la ministre.Plus tôt dans la journée, les sénateurs avaient approuvé plusieurs mesures visant l’industrie pharmaceutique, notamment sur la “clause de sauvegarde” du secteur afin de garantir “600 millions d’euros d’économies supplémentaires” sur le médicament en 2025 après le dérapage des dépenses cette année. Même chose pour les dispositifs médicaux, afin de récupérer 150 millions de plus l’an prochain.Une batterie d’amendements contre la fraude sociale a aussi été adoptée, souvent contre l’avis du gouvernement. Certains à l’initiative de la gauche, contre les employeurs condamnés pour travail dissimulé et les soignants “reconnus coupables de fraude”.D’autres poussés par la droite, pour informer les employeurs en cas d’arrêt de travail frauduleux et permettre ainsi “une éventuelle sanction disciplinaire”. Ou encore pour ouvrir aux agents des caisses de Sécu l’accès au fichier des passagers aériens, dans le cas des allocations soumises à condition de résidence comme le RSA.

Barnier veut traiter les communes en “partenaires” et pas en “sous-traitants”

Michel Barnier a souhaité jeudi “simplifier” la vie des communes, qui ne sont pas “des sous-traitants” de l’État mais des “partenaires” sans s’étendre sur leur contribution au budget de l’Etat qu’elles contestent.En clôture du 106e Congrès des maires, très remontés contre les économies budgétaires demandées aux collectivités, le Premier ministre a dit vouloir “renverser ce sentiment avec vous, pas sans vous, d’être sous tutelle normative et financière” de l’État.La vocation des communes “n’est pas” d’être des “sous-traitants de l’État” mais “davantage des partenaires”, a-t-il souligné.Michel Barnier avait promis de “réduire le poids de l’effort” demandé aux communes dans le projet de budget, actuellement examiné par le Sénat, mais il n’a pas chiffré jeudi cette contribution. “Les efforts que nous devons faire, on n’aura pas à les faire contre les communes, ni sans elles”, a-t-il redit.Une contribution de cinq milliards d’euros est demandée aux collectivités, dont trois milliards aux 450 plus grandes, mais les associations d’élus évaluent plutôt la facture entre 10 et 11 milliards d’euros.Michel Barnier a dit partager avec les élus locaux une “blessure” à propos du déficit. “Vous avez dit avec beaucoup de force votre exaspération, la blessure qui a été celle de tous les élus locaux, d’entendre dire (par le gouvernement précédent, ndlr) que si la France était en déficit, c’était leur faute”.”Vous ne m’entendrez pas dire ça parce que je ne le pense pas”, a-t-il assuré, en ajoutant qu’il partageait la “même blessure” quand il a “entendu de hauts responsables, ancien Premier ministre, ministre, dire que le déficit de la France était la faute du gouvernement actuel”.L’ex-ministre des Finances Bruno Le Maire avait ces derniers jours pointé du doigt la responsabilité du gouvernement actuel qui n’aurait pas mis en oeuvre des mesures préparées plus tôt dans l’année pour contenir les déficits.Désireux que la vie des élus soit “plus simple”, il a promis de consacrer dans la loi “un statut de l’élu en bonne et due forme, qui figurera en tête du code général des collectivités territoriales”.Après s’être dit, devant les départements, ouvert à une réflexion sur le cumul des mandats, il a déclaré être “prêt à des évolutions” sur le scrutin municipal, en évoquant une “extension du scrutin de liste paritaire aux communes de moins de 1.000 habitants”, qui représenterait “une démarche plus positive que le scrutin majoritaire” qui “ne facilite pas toujours la vie des élus”.Il a promis d’accélérer sur “la simplification législative, la sobriété normative”, et évoqué un prochain décret qui va “renforcer très considérablement le pouvoir des préfets de département”.

Retraites: le rapporteur général du budget de la Sécu à l’Assemblée défend le compromis annoncé par Wauquiez

Le rapporteur général du budget de la Sécurité sociale à l’Assemblée, Yannick Neuder (LR), a défendu jeudi auprès de l’AFP la mesure de revalorisation des retraites annoncée par le chef de file de son groupe Laurent Wauquiez, critiquée jusque dans les rangs de la droite.”Le dispositif proposé par la Droite républicaine est protecteur pour nos retraités, qu’ils soient au-dessus ou en dessous du Smic”, assure M. Neuder.M. Wauquiez a annoncé le 11 novembre sur TF1 ce compromis, qui prévoit d’augmenter les retraites de la moitié de l’inflation au 1er janvier, puis d’une deuxième moitié au 1er juillet pour les seules pensions sous le Smic.Le projet initial du gouvernement prévoyait de reporter de six mois, du 1er janvier 2025 au 1er juillet 2026, l’indexation des retraites sur l’inflation, une mesure censée rapporter trois milliards d’euros.Critiquée sur la forme, l’annonce de M. Wauquiez a aussi mécontenté sur le fond, y compris au sein des partis de la coalition gouvernementale.La députée EPR Olivia Grégoire a ainsi soulignée auprès de la presse que fin 2025 les retraites seraient plus basses que prévu pour les retraités au-dessus du Smic, et qu’en plus cette moindre revalorisation se répercuterait sur les années suivantes.Le président LR de la région Hauts-de-France, Xavier Bertrand, a lui demandé à Michel Barnier de “revenir” sur cette mesure qui fait selon lui “neuf millions de perdants parmi les retraités”.Car, a détaillé l’ancien ministre du Travail, ceux qui ne bénéficieront que d’une revalorisation de la moitié de l’inflation, “il va leur manquer à peu près 1%” cette année mais aussi “en 2026 et en 2027, jusqu’à la fin de leurs jours”.Auprès de l’AFP, M. Neuder rétorque, tableaux à l’appui, que “jusqu’en décembre 2026 personne ne perd rien”. Selon le député, le projet du gouvernement prévoyait pour 2026 une revalorisation en juillet, alors que la proposition LR avance cette dernière à janvier; de sorte que le cumul des pensions perçues en 2025 et 2026 est quasiment identique dans les deux configurations.Interrogé, un député du bloc central contredit cependant sous couvert d’anonymat cet argument: “Laurent Wauquiez dit que le projet du gouvernement c’était de décaler de manière pérenne l’indexation tous les ans en juillet mais rien n’indique cela”, a-t-il affirmé jeudi.

Accalmie judiciaire entre Noël Le Graët et Amélie Oudéa-Castera

Après le classement récent de l’enquête le visant pour harcèlement, l’ancien patron du football français Noël Le Graët a retiré sa plainte en diffamation contre l’ex-ministre des Sports Amélie Oudéa-Castera, qui ne sera donc pas jugée comme prévu par la Cour de justice de la République (CJR) début décembre.L’ancienne ministre a annoncé elle-même sur X ce retrait de plainte: “Noël Le Graët a fait savoir à la CJR qu’il retirait sa plainte en diffamation contre moi. En cas de procès, il aurait eu à revenir devant la Cour sur les écarts répétés de langage et de comportement qui l’avaient conduit à démissionner de la Fédération française de football”, a écrit Mme Oudéa-Castera jeudi.”Comme à l’époque pour sa démission, il prend une sage décision pour lui comme pour la Fédération française de football (FFF)”, a encore lancé l’éphémère ministre de l’Education nationale, début 2024.Après onze années de règne, entre succès sportifs, redressement économique et épilogue dans la tempête médiatique, M. Le Graët avait quitté la tête de la FFF fin février 2023 sous pression, après un rapport d’audit accablant de l’Inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche (IGESR) sur sa gestion, sur fond d’accusations de harcèlement sexuel. Des accusations que M. Le Graët niait farouchement.- Perte de temps -Quelques heures après le départ de M. Le Graët fin février, son avocat avait annoncé la plainte contre Mme Oudéa-Castera, affirmant que la ministre avait “menti” sur ce rapport de l’IGESR, qui n’avait pas été rendu public.La plainte pour diffamation concernait des propos tenus par Amélie Oudéa-Castera, dans l’exercice de ses fonctions de ministre, à l’occasion d’une conférence de presse du 15 février 2023 et d’une interview du 5 mars 2023. Me Marembert soulignait également à l’époque une différence entre la synthèse du document, publiée le 15 février qui mentionnait des “paroles” et des SMS, “des propos ou des écrits ambigus pour certains et à caractère clairement sexuel pour d’autres”, et son intégralité.Sollicité par l’AFP, Me Thierry Marembert a “confirmé le retrait de la plainte, qui date de mardi”. “La justice a tranché. Noël Le Graët s’est longuement expliqué, a été crû et a été innocenté”, a-t-il poursuivi.L’ex-patron du foot français, contacté plusieurs fois, n’a pas pu pour le moment commenter sa décision. M. Le Graët a bénéficié le 17 octobre d’un classement du parquet de Paris pour infraction insuffisamment caractérisée, dans l’enquête pour harcèlement moral et sexuel ouverte 18 mois plus tôt et qui avait précipité sa chute.”Les Français n’ont pas besoin de Noël Le Graët pour se faire leur opinion de +AOC+”, telle qu’est surnommée l’ex-ministre, a cinglé Me Marembert. “Inutile de perdre du temps.” Son client “entend se consacrer à sa famille et au monde du football, ses deux grandes passions, à qui il a encore beaucoup à apporter”, a-t-il ajouté.- Procédure administrative -Une source judiciaire a confirmé à l’AFP la réception par la CJR d’un courrier daté de mardi “émanant des conseils de M. Le Graët et faisant état de son intention de se désister de (sa) plainte en diffamation”. “Il appartiendra à la CJR de tirer les conséquences de ce désistement, s’il était confirmé, lors de l’audience qui s’ouvrira le 3 décembre” et qui était prévue pour durer jusqu’au lendemain, a ajouté cette source.Comme le prévoit le droit de la presse et sauf cas particuliers, le désistement du plaignant met procéduralement un terme à l’action engagée, lorsqu’il est effectif.Me Thierry Marembert a indiqué que la procédure devant la justice administrative pour obtenir l’annulation du rapport de l’IGESR était toujours en cours, sans date d’audience prévue à ce stade.

Face aux menaces de censure, Barnier plaide pour la “stabilité” et “l’intérêt général”

Face aux menaces de censure brandies par la gauche et l’extrême droite, Michel Barnier a plaidé pour la “stabilité” et défendu “l’intérêt général” au-delà “des petites combines”.”Le temps que j’ai devant moi, ça dépend d’une éventuelle coalition des contraires, si je puis dire, à l’Assemblée nationale. Je ne sais pas si cela se produira. J’y suis prêt”, a déclaré le Premier ministre devant le 106e Congrès des maires, assurant que les Français souhaitent “la stabilité”.Fragilisé aussi au sein de son gouvernement par les macronistes qui contestent ses mesures fiscales, il a estimé qu’il y avait “un intérêt commun plus important que nos propres intérêts à travailler ensemble”, ajoutant, dans une allusion au ministre de l’Economie Antoine Armand, que “quand on est loyal (…) on a de meilleures chances de faire face à l’adversité”.Le locataire de Bercy a déclenché une mini-tempête en s’opposant au Premier ministre sur les suppressions d’allègements de cotisations patronales, même réduites de quatre à trois milliards d’euros par le Sénat. Elles déplaisent à Gabriel Attal, chef de file des députés macronistes, pour qui elles vont à rebours de la politique de l’offre soutenue depuis 2017.- “Dos au mur” -Au-delà du budget, un “moment particulièrement difficile”, Michel Barnier a souhaité relever “la ligne d’horizon” et promis de présenter en début d’année prochaine “une cinquantaine” de mesures qui seront “mises en chantier” dans les trois ans. “Je ne suis pas là seulement à Matignon pour, avec le gouvernement, gérer en défensive, le dos au mur, un budget difficile et faire des économies effrénées”, a-t-il expliqué.Après le RN, la gauche, dans une tribune au Monde jeudi, a agité à son tour la menace d’une censure si “Michel Barnier “s’entête à vouloir contourner le Parlement et à piétiner le vote du 7 juillet des Françaises et des Français pour imposer son budget par 49.3”.Le texte, visant à montrer l’unité du Nouveau Front populaire, est cosigné par Manuel Bompard (LFI), Olivier Faure (PS), Fabien Roussel (PCF), Marine Tondelier (Les Écologistes) mais aussi Lucie Castets, toujours présentée comme “candidate du Nouveau Front populaire à Matignon”.Une manière de rappeler, au lendemain des déclarations de Marine Le Pen menaçant de voter la censure “si le pouvoir d’achat des Français est amputé”, que la gauche est la première force d’opposition, même si elle ne peut faire tomber le gouvernement qu’avec le soutien du RN.Comme Marine Le Pen, les responsables parlementaires de la gauche seront reçus à Matignon en début de semaine prochaine mais il est peu probable qu’ils en ressortent satisfaits. – La censure, et après ? -La possibilité d’une crise financière, agitée par l’exécutif en cas de rejet du budget, tout comme l’appel “à la stabilité” lancé par le président de la République Emmanuel Macron depuis le G20, ne semblent guère avoir de prise sur eux.  D’autant plus que, selon un sondage Elabe, 51% des Français (dont 61% des électeurs RN et 72% des électeurs NFP) souhaitent une motion de censure.Pour autant, les leaders de gauche n’évoquent pas dans leur tribune de stratégie commune après avoir renversé Michel Barnier.Quand bien même Lucie Castets reste leur candidate officielle, me premier secrétaire du PS Olivier Faure a indiqué sur BFMTV ne pas croire qu’Emmanuel Macron l’appellera à Matignon. Si une partie des socialistes pourraient soutenir une nomination de Bernard Cazeneuve, cela supposerait une alliance avec le bloc central qui les diviserait et serait rejetée par le reste du NFP. Et, en cas de crise prolongée, Olivier Faure juge qu’une présidentielle anticipée “ne serait pas une bonne solution” au contraire de LFI qui mise dessus pour imposer une candidature de Jean-Luc Mélenchon.Côté macronistes, si Antoine Armand a reçu le soutien de son homologue macroniste de l’Industrie Marc Ferracci, il s’est fait tacler sur RMC par celui des Transports, le LR François Durovray, pour qui “on doit s’exprimer en famille, pas à l’extérieur”.Et M. Armand a relancé les spéculations sur une sortie du gouvernement des macronistes en se disant “surtout” membre de la “famille Ensemble pour la République” avant d’être “ministre de Michel Barnier”.far-lum-sl-are/sde/gvy