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Bayrou favorable à une “régulation” de l’installation des médecins

François Bayrou s’est montré favorable mardi à une “régulation” de l’installation des médecins pour lutter contre les déserts médicaux, après le rejet en commission parlementaire la semaine dernière d’une disposition en ce sens.”Il faut (…) sortir de l’enlisement et de l’impasse. Il faut probablement une régulation, comme l’ont décidé, conscients de la difficulté, nombre de professions de santé”, a affirmé le Premier ministre devant le Conseil économique social et environnemental (Cese), en citant le cas des chirurgiens-dentistes “qui ont décidé de prendre en main cet impératif”.Il a indiqué que le gouvernement était “attentif aux initiatives des parlementaires” en faisant allusion sans la citer à la proposition de loi transpartisane portée par le socialiste Guillaume Garot, qui vise à réguler l’installation des médecins en ville, en sollicitant l’aval de l’Agence régionale de santé (ARS). La mesure-phare de ce texte a été rejetée en commission, mais ses initiateurs espèrent la réintroduire dans l’hémicycle. La proposition de loi, inscrite à l’ordre du jour des débats mardi et mercredi, pourrait pâtir d’un calendrier embouteillé. Mais la conférence des présidents a décidé mardi de poursuivre son examen si nécessaire la semaine du 5 mai.Le gouvernement “est soucieux de construire une solution incluant l’ensemble des acteurs et donc un plan de solutions concrètes, qui tiendra compte des débats parlementaires, de leurs réussites ou de leurs difficultés, devra être présenté avant la fin de ce mois”, a promis François Bayrou.”La première étape de ce plan doit être le repérage précis et complet des territoires en souffrance, une cartographie des devoirs de prise en charge (…) de nos compatriotes réduits à l’abandon dans ce domaine”, a-t-il détaillé.A cet égard, le Premier ministre a dit qu’il allait “inviter toutes les parties prenantes, dès la semaine prochaine, avec les ministres concernés, pour que nous examinions ensemble des solutions pratiques, rapides et concrètes”. “Je ferai tout pour que ces solutions soient adoptées. Si elles ne le sont pas, le gouvernement interviendra”, a-t-il ajouté.Il a défendu en outre devant le Cese ses projets en matière d’éducation, souligné la nécessité de simplifier les démarches administratives et de réduire le “surendettement” du pays – réitérant l’objectif d’un déficit à 3% du PIB en 2029, contre 5,8% en 2024 -, soit autant de chantiers auxquels il veut s’atteler dans les prochaines semaines, désireux de répondre au procès en inaction instruit par ses contempteurs.

A l’Assemblée, coup de projecteur sur la “Chapelle Sixtine” de Delacroix

Joyau caché au cÅ“ur du Palais Bourbon, la bibliothèque de l’Assemblée nationale va rouvrir en avril après un an de travaux, qui auront permis de restaurer sa nef et ses 400 mètres carrés de plafonds peints, chef-d’œuvre de Delacroix (1798-1863).Après l’inauguration, prévue le 9 avril, la bibliothèque, habituellement réservée aux députés et aux chercheurs, sera entièrement consacrée aux visiteurs de passage, qui pourront la découvrir sur simple inscription sur internet, du 14 au 26 avril.Au-delà de cette période, les 200.000 visiteurs annuels du Palais bénéficieront d’un nouvel accès à la nef, leur permettant d’apprécier dans de meilleures conditions qu’auparavant ce vaisseau de 42 mètres de long, tapissée de quelque 54.000 livres anciens, et à la voûte majestueuse perchée à 15 mètres de haut.- Une Å“uvre “majeure et méconnue” -“C’est la Chapelle Sixtine de Delacroix”, s’enthousiasme Pierre Bosse, le directeur de la bibliothèque. “Une Å“uvre à la fois majeure et méconnue”, peinte dans la douleur entre 1839 et 1848, souligne Claire Bessède, directrice du musée national Eugène-Delacroix à Paris.Sur cinq coupoles et deux “culs-de-four”, Delacroix déploie une réflexion sur l’histoire et la civilisation, avec de part et d’autre deux pièces maîtresses, représentant l’une Attila foulant au pied l’Italie et les Arts, et l’autre Orphée apportant la paix aux Grecs.”C’est une sorte d’avertissement qu’a voulu donner Delacroix devant les représentants du peuple: +faites attention, la civilisation est fragile, exposée à Attila, il faut la protéger, et l’un des outils pour la protéger, c’est le savoir qu’il y a dans cette bibliothèque+”, décrypte Pierre Bosse.Empreintes de classicisme, les peintures se caractérisent aussi par “les audaces picturales, la matière qui vibre, les couleurs vives” typiques de l’auteur de “La Liberté guidant le peuple” (1830), décrit Mme Bessède.L’œuvre du peintre romantique n’est pas le seul trésor de la bibliothèque, créée en 1796 et logée à son emplacement actuel depuis 1834. Riche au total de 700.000 volumes, pour la plupart stockés dans les sous-sols du Palais Bourbon, elle est selon l’Assemblée la troisième de France au regard de la qualité de ses collections, après la Bibliothèque nationale de France et la bibliothèque de la Sorbonne.L’institution possède de nombreuses pièces uniques – telles que le Serment du jeu de Paume, des manuscrits de Rousseau, Lamartine, Victor Hugo ou Jean Jaurès, ou même les minutes du procès de Jeanne d’Arc. Elles sont gardées dans une chambre forte dont la localisation est tenue rigoureusement secrète, et qui respecte des conditions climatiques adaptées à leur conservation.- Une restauration d’ensemble -Tel n’était pas le cas des ouvrages de la nef, jusqu’à présent conservés dans des conditions naturelles. Le chantier entrepris il y un an, pour un coût total de 5,5 millions d’euros, et avec le concours d’une centaine de personnes, a permis de créer un système de climatisation, et de nettoyer et restaurer les peintures, victimes de fissures ou de déchirures, et encrassées par des décennies de chauffage au charbon et de fumée de cigarettes.L’histoire du lieu est marquée par une restauration inattendue, que Pierre Bosse raconte avec gourmandise: “En 1871, pendant la guerre entre la France et la Prusse, un obus est arrivé juste au-dessus de la tête d’Attila (…) un obus qui a fait un trou d’un mètre !”.Mais c’est “la première fois depuis sa création en 1834” que la bibliothèque est “entièrement restaurée”, souligne le conseiller. Cette restauration a permis de faire ressortir des détails noyés dans la poussière, tels que l’épée de feu d’un ange, les montagnes derrière Orphée ou les étoiles au-dessus des bergers chaldéens, inventeurs de l’astronomie.”La bibliothèque, elle a quelque chose de magique. Parce qu’elle relie les députés à leur passé (…) On change un peu de dimension”, conclut M. Bosse.

Jugement Le Pen: “Tout sera fait” pour empêcher le RN “d’arriver au pouvoir”, accuse Bardella

“Tout sera fait pour nous empêcher d’arriver au pouvoir”, a accusé mardi Jordan Bardella au lendemain de l’inéligibilité décidée contre Marine Le Pen, faisant un parallèle entre “le climat” en France et la Roumanie où le candidat d’extrême droite a été privé d’une victoire potentielle par l’annulation de l’élection présidentielle.Le président du RN a dénoncé au micro de Cnews/Europe 1 “la tyrannie des juges”, qualifiés de “juges rouges” car “on a le sentiment que ça se tourne souvent contre un camp politique plutôt que contre un autre”, en référence aux affaires Fillon et Sarkozy. Il a cependant condamné “les menaces, les injures ou les insultes” à leur égard et a annoncé “l’organisation ce week-end de distributions de tracts et mobilisations” qui seront “pacifiques” car “nous ne sommes pas des fachos (…), nous sommes des gens raisonnables”.”Nous sommes totalement innocents dans cette affaire et, en dépit de cela, on prive des millions et des millions de Français de leur candidate naturelle et légitime à l’élection présidentielle”, a-t-il clamé. “Pour l’instant, on ne passe pas à autre chose et on ne passera pas à autre chose”, a-t-il martelé. “On est loin d’être morts”, a-t-il répété, “promettant d’utiliser toutes les voies de recours”. Le président du RN, qui pourrait être le candidat de son parti à la présidentielle si la cour d’appel ne revenait pas sur le jugement du tribunal, a promis une “loyauté totale” à Marine Le Pen car il a “une dette envers elle”.Marine Le Pen “va continuer d’occuper un rôle qui va être un rôle de tout premier plan. Et nous allons continuer à deux, en binôme, main dans la main, à avancer dans l’intérêt du pays”.Les deux dirigeants vont continuer à travailler “en ticket”, un “ticket qui n’a pas vocation à s’arrêter”, a-t-il encore précisé.”Nous avons commencé ce travail à deux et nous le finirons à deux”, a-t-il assuré.

Procès RN: Le Pen dénonce une “décision politique” mais y croit encore pour 2027

Marine Le Pen a fustigé lundi une “décision politique” et un “jour funeste pour notre démocratie”, après sa condamnation à une inéligibilité immédiate pour cinq ans, et réaffirmé ses ambitions pour la présidentielle de 2027 en demandant une audience en appel rapide.”Des juges ont mis en place des pratiques que l’on croyait réservées aux régimes autoritaires”, a tancé sur le plateau de TF1 la cheffe de file du RN, quelques heures après le coup de tonnerre de la décision du tribunal de Paris dans l’affaire des assistants parlementaires européens.La peine d’inéligibilité “apparaît nécessaire”, a justifié la présidente du tribunal, soulignant la “gravité des faits”, “leur nature systématique”, “leur durée”, le “montant des fonds détournés” mais aussi “la qualité d’élu” des personnes condamnées.Marine Le Pen, qui a également écopé d’une peine d’emprisonnement de quatre ans dont deux ferme aménagés sous bracelet électronique (elle n’ira pas en prison), a répliqué en dénonçant une “décision politique” et un “état de droit violé”. Elle a confirmé son intention de faire appel, demandant que “la justice se hâte”, pour assurer une audience et une décision à temps pour la prochaine présidentielle.”Je ne vais pas me laisser éliminer ainsi”, a affirmé la patronne des députés RN, écartant pour le moment l’idée de passer le témoin à Jordan Bardella. Le président du RN est “un atout formidable (…) j’espère que nous n’aurons pas à user de cet atout plus tôt qu’il n’est nécessaire”, a-t-elle répondu.”Il y a un petit chemin. Il est certes étroit, mais il existe”, a-t-elle assuré.Quant à Jordan Bardella, il a estimé que “c’est la démocratie française qui est exécutée” et appelé à une “mobilisation populaire et pacifique” et lançant une pétition sur le site du parti.A ce stade la marche vers l’Elysée de l’une des favorites du scrutin -un sondage publié dimanche dans le JDD la créditait de 34 à 37% d’intentions de vote au 1er tour- apparaît très fortement compromise, vu les délais habituels de la justice. Le procès en appel ne devrait pas se tenir, au minimum, avant un an, avec une décision plusieurs semaines plus tard, soit pas avant la fin 2026, à quelques mois de la présidentielle.Et sans garantie que la cour d’appel rende une décision différente de celle du tribunal. – Bayrou “troublé” -Marine Le Pen a reçu plusieurs soutiens à l’étranger, en particulier de l’extrême droite européenne. Le Kremlin a déploré une “violation des normes démocratiques”, quand le Premier ministre hongrois Viktor Orban a écrit “Je suis Marine!” sur X.Elon Musk, multimilliardaire américain allié de Donald Trump a dénoncé un “abus du système judiciaire”, et prédit “un retour de bâton”. Décision “préoccupante”, a asséné le département d’Etat américain.Le Premier ministre François Bayrou (relaxé pour des faits similaires mais en attente d’un second procès) a lui été “troublé” selon son entourage, alors que le patron de LFI, Jean-Luc Mélenchon (visé par une enquête dans un dossier semblable) a estimé que “la décision de destituer un élu devrait revenir au peuple”.En réponse “aux réactions virulentes”, le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) français a publié un rare communiqué pour dire son “inquiétude” d’une remise en cause de “l’indépendance de l’autorité judiciaire”.Dans la soirée, le premier président de la cour d’appel de Paris a dénoncé des “menaces” et “des attaques personnelles à l’encontre des trois magistrats” qui ont rendu le jugement du tribunal.Des menaces “inacceptables dans une démocratie et préoccupantes pour l’indépendance de l’autorité judiciaire”, a dénoncé dans la foulée sur X le garde des Sceaux Gérald Darmanin.Les autorités surveillent de près et sont attentives à toute menace qui pourrait cibler la présidente de la 11e chambre correctionnelle du tribunal de Paris, selon une source proche du dossier.- “Système” d’économies -Le tribunal a “pris en considération, outre le risque de récidive, le trouble majeur à l’ordre public, en l’espèce le fait que soit candidate à l’élection présidentielle une personne déjà condamnée en première instance”, a justifié la présidente.Considérant qu’il y avait bien eu un “système” entre 2004 et 2016 pour faire faire des “économies” au RN en payant avec l’argent du Parlement européen des assistants d’eurodéputés travaillant en réalité pour le parti, le tribunal a condamné 23 autres personnes, ainsi que le FN devenu RN, qui s’est vu infliger deux millions d’euros d’amende, dont un million ferme, et une confiscation d’un million d’euros saisis pendant l’instruction.Le parti et les autres condamnés devront aussi payer quelques 3,2 millions d’euros au Parlement (le montant total des détournements s’élève à 4,4 millions mais 1,1 ont déjà été remboursés).Devant Marine Le Pen, 56 ans, assise en veste bleue au premier rang, le tribunal avait rapidement annoncé que les neuf eurodéputés poursuivis étaient coupables de détournement de fonds publics, et les douze assistants coupables de recel.Marine Le Pen était “au coeur de ce système”, encore plus quand elle a pris la suite de Jean-Marie Le Pen à la tête du parti à partir de 2011.Il n’y a pas eu d'”enrichissement personnel” mais “il y a bien un enrichissement du parti”, a martelé la présidente, notant que les salaires octroyés aux assistants parlementaires étaient plus “confortables” que ce que le parti aurait pu se permettre.mdh-alv-edy-sm-sac/hr/dsa

Le gouvernement promet une feuille de route pour lutter contre le chemsex

Le ministre de la Santé, Yannick Neuder (LR), a donné “rendez-vous en septembre” aux députés pour un “plan chemsex 2025”, lors d’un débat lundi sur cette pratique dangereuse et addictive consistant à consommer certaines drogues afin d’intensifier ses rapports sexuels.L’affaire de l’humoriste Pierre Palmade, qui a provoqué en février 2023 un grave accident après plusieurs jours de chemsex, a contribué à faire sortir de l’ombre cette pratique, dont un rapport de 2022 remis au ministère de la Santé estimait qu’elle concernait entre 100.000 et 200.000 personnes a minima en France.Les députés ont approuvé à l’unanimité une proposition de résolution demandant au gouvernement une “stratégie nationale de prévention” contre le phénomène.Remerciant les élus d’avoir donné une “nouvelle visibilité” à ce sujet, M. Neuder a souligné qu’une expérimentation était en cours, qui avait permis la mise en place dans six villes pilotes d’une “offre d’accompagnement en réseau pluri-disciplinaire spécifiquement pensée pour les personnes pratiquant le chemsex”, qui associe spécialistes de la santé sexuelle, de la santé mentale et addictologues.L’expérimentation doit prendre fin mi-2025, mais elle pourrait être étendue, sous réserve d’une “évaluation définitive positive”, a-t-il dit.La dernière loi de financement de la Sécurité sociale a par ailleurs permis de pérenniser les “centres de santé et de médiation en santé sexuelle”. “Ces centres ont la capacité de développer des parcours complets de prévention, de réduction des risques et de prise en charge pour les personnes pratiquant le chemsex qui représentent environ 40% de leur file active”, a-t-il expliqué.Les orateurs ont convergé sur un constat: “le chemsex ne cesse de progresser en France”, s’étendant aux hétérosexuels, et touchant, au-delà des “milieux parisien”, “nos métropoles, nos villes moyennes, nos communes rurales”, comme l’a dit la rapporteure macroniste Brigitte Liso. En cause, la facilité à se procurer les substances, et une diffusion via les applications de rencontre.Outre l’addiction, les risques sont multiples: la baisse de la vigilance peut mener à des rapports non protégés (avec des risques de contaminations), ou à des pratiques violentes et à un risque accru d’agressions sexuelles. Sans oublier les comas ou décès par overdose.- “Prévenir, ce n’est pas excuser” -Au RN, le député Frédéric Falcon a estimé nécessaire de parler du sujet “sans jugement”, appelant à “renforcer la prévention, l’écoute, l’accès aux soins et proposer des alternatives à ceux qui souffrent”. Mais son intervention a surtout été l’occasion de dénoncer “un coup d’Etat institutionnel”, après la condamnation de Marine Le Pen à une inéligibilité pour cinq ans.Si M. Neuder a appelé dans son propos à “ce que la parole puisse se libérer pour sensibiliser le grand public sans jamais stigmatiser”, l’orateur du groupe LR, Jean-Pierre Taite, a adopté des accents plus moralisateurs.”Cette proposition de résolution ne doit (…) pas masquer la responsabilité des consommateurs de drogues. Il n’y a pas de drogues festives ou de drogues douces. La drogue, sous toutes ses formes, est un fléau sanitaire et sociétal que nous devons combattre”, a-t-il dit.”Il faut redire dans cet hémicycle que prévenir, ce n’est pas excuser, et je ne peux que déplorer qu’un député pris en flagrant délit de possession de drogue n’ait pas démissionné depuis plus de six mois sans siéger”, a-t-il poursuivi, dans une allusion au député LFI Andy Kerbrat.Le 17 octobre dernier, l’élu avait été pris en flagrant délit d’achat de stupéfiants à Paris, plus précisément de 3-MMC.Dans un article de Mediapart, qui révélait qu’il aurait pioché dans son avance de frais de mandat pour acheter de la drogue, il avouait se débattre avec une grave addiction développée dans le cadre de pratiques liées au chemsex.Le député, depuis en arrêt maladie, était d’ailleurs le seul co-signataire LFI d’une proposition de résolution, quasi-identique, qui devait être débattue dans l’hémicycle mi-juin 2024, avant la dissolution.

Harcèlement moral: des témoins décrivent la violence au sein du cabinet ministériel de Nathalie Elimas

Au premier jour lundi du procès de l’ex-secrétaire d’État Modem Nathalie Elimas pour harcèlement moral sur d’anciens collaborateurs, plusieurs témoins ont raconté “une situation extrêmement dégradée” et “des comportements violents” au sein du ministère.  “La ministre pouvait être agréable et sympathique mais elle pouvait vriller en quelques secondes”, a raconté à la barre du tribunal correctionnel de Paris Mathieu Blugeon, l’ancien directeur de cabinet de la secrétaire d’État à l’Éducation prioritaire.”Elle pouvait avoir des comportements violents avec des hurlements”, a poursuivi le témoin, évoquant des punitions, un système infantilisant de bons et de mauvais points attribués par la ministre à ses collaborateurs. Aujourd’hui conseillère régionale en Ile-de-France (bloc présidentiel), Nathalie Elimas doit s’expliquer devant la justice concernant des soupçons de harcèlement moral à l’encontre de membres de son cabinet, essentiellement des conseillers en communication qui se sont succédé auprès d’elle lorsqu’elle était secrétaire d’État.Ces cinq ex-membres de son cabinet, quatre femmes et un homme, se sont constitués parties civiles. L’ex-membre du gouvernement (2020-2022) se voit reprocher des “propos vexatoires et humiliants, des injonctions contradictoires, des critiques sur leurs compétences professionnelles, le tout intervenant après un bref état de grâce”.En décembre 2021, la secrétaire d’État a fait l’objet d’une enquête administrative de l’Inspection générale de l’enseignement supérieur et de la recherche (Igesr), après des signalements internes quant à des “dysfonctionnements” au sein de son cabinet relatifs “aux relations de travail”.Lors de l’enquête, Mme Elimas avait contesté ces accusations.Appelé à témoigner par le ministère public, M. Allal, co-rédacteur du rapport de l’Igesr, a raconté avoir “observé une situation extrêmement dégradée voire délétère” au sein du cabinet de la secrétaire d’État.  “Dans un cabinet ministériel il y a des horaires extensibles, beaucoup de pression, des situations de crise et ça fait partie du quotidien”, a rappelé Patrick Allal. “Mais les injonctions contradictoires, les accusations mensongères ou infondées, l’infantilisation, c’est du harcèlement moral”, a poursuivi l’ancien inspecteur, pour qui dans ce cabinet, “toutes les cases étaient cochées”.  Nommée en juillet 2020, Mme Elimas a démissionné en mars 2022.Elle encourt deux ans d’emprisonnement et 30.000 euros d’amende.Le procès doit se poursuivre jusqu’à jeudi. 

Un texte sur le logement social retiré juste avant son examen à l’Assemblée

Face aux levées de boucliers, une proposition de loi visant à durcir les conditions de maintien dans un logement social a été retirée lundi par son rapporteur macroniste, juste avant le début de son examen dans l’hémicycle à l’Assemblée nationale.Vivement critiqué par la gauche et les professionnels du secteur, le texte “portant fin du maintien à vie dans le logement social” avait été déposé par l’ancien ministre du Logement Guillaume Kasbarian (Ensemble pour la République, groupe macroniste).Regrettant une motion de rejet prévue par la France insoumise — qui en cas d’adoption aurait écarté le texte avant son examen — son rapporteur, le député macroniste Stéphane Vojetta, a déclaré lundi sur X faire “le choix de la responsabilité” et retirer le texte “dans sa forme actuelle pour le redéposer dans les prochains jours, modifié et clarifié”.L’adoption de la motion de rejet “était une possibilité”, a reconnu auprès de l’AFP M. Vojetta. Plutôt que de prendre le risque d’enterrer le texte, il préfère donc “le redéposer en incorporant les changements demandés par l’opposition et par le gouvernement”.Le texte proposait d’abaisser les seuils de revenu à partir desquels un bailleur social peut demander à un locataire de quitter un logement, ou lui réclamer un “sur-loyer” complémentaire. L’accession à la propriété “d’un logement adapté aux besoins ou susceptible de générer des revenus permettant l’accès au parc privé” était aussi introduit comme motif de résiliation d’un bail.Concrètement, “un salarié qui vit à Saint-Denis devra quitter son logement social à partir d’un salaire net de 3.800 euros par mois” pendant deux ans, contre 4.336 euros par mois actuellement, avait argumenté M. Vojetta lors de l’examen en commission des affaires économiques. Concernés selon lui: 30.000 logements sociaux pouvant être libérés, alors que 2,7 millions de foyers étaient en attente fin 2024. La gauche s’est réjouie du retrait annoncé par M. Vojetta. “Très content que notre motion de rejet ait été si efficace que nous n’avons même pas eu à la présenter”, a ironisé sur X le député LFI François Piquemal, qui devait la défendre.Le texte était “trompeur et mensonger”, au “contenu inefficace et même contre productif. Et donc ils se sont bien rendu compte que ça ne pouvait pas aller plus loin que le débat médiatique”, a commenté auprès de l’AFP le député PS Iñaki Echaniz.- Mixité sociale -M. Vojetta avait pourtant expliqué vendredi vouloir “tendre la main” aux oppositions, “notamment à la gauche”, et déposé plusieurs amendements en ce sens. L’un d’eux visait à modifier le titre du texte évoquant un supposé “logement social à vie”, et critiqué comme “fallacieux”. Un autre amendement proposait que l’obligation de résiliation du bail pour les locataires devenus propriétaires ne s’applique que dans les zones tendues – hors quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV).Un troisième proposait que ces quartiers prioritaires, moins favorisés, restent exemptés des sur-loyers afin d’y “préserver la mixité sociale”.Le Rassemblement national avait, lui, déposé des amendements visant à exclure les personnes de nationalité française du durcissement des conditions d’accès.En commission la semaine dernière, des amendements supprimant les articles principaux de la proposition de loi avaient été adoptés. Mais la commission avait ensuite rejeté la copie vidée de sa substance, qui devait donc arriver dans sa version initiale dans l’hémicycle.Les communistes avaient demandé son retrait, compte tenu de la “large majorité dégagée contre le texte”.”Nous voulons de la mixité sociale, pas des ghettos !” avait réagi la ministre chargée de la Ville Juliette Méadel, opposée à l’initiative. En réponse, Guillaume Kasbarian lui avait suggéré de démissionner.La ministre chargée du Logement Valérie Létard avait elle déclaré que si l’objectif était “louable”, il fallait “travailler à un texte équilibré”.L’Union sociale pour l’habitat, qui représente les bailleurs sociaux, avait critiqué une proposition de loi qui “ne ferait qu’amplifier les atteintes à la mixité sociale, principe fondateur du modèle français du logement social”.L’Agence nationale pour l’information sur le logement (Anil) l’avait elle considérée comme “davantage une mesure de diversion médiatique qu’une tentative de répondre à la crise profonde”.

Marine Le Pen ou les ambitions contrariées d’une héritière

Marine Le Pen, entravée par la justice dans sa course à l’Elysée, peut à nouveau se poser comme la victime d’un “système” dont elle se dit persécutée, leitmotiv d’une carrière politique de près de trente ans lors de laquelle elle a autant mis en scène ses déboires que sa capacité, jusqu’alors, à les surmonter.”Un procès politique”? En aucun cas, avait-elle d’abord juré, disant “faire confiance en la Justice”.Il s’agissait, pour Marine Le Pen, de parachever une entreprise de “normalisation”, respectueuse des institutions, deux ans avant une quatrième candidature à l’Elysée que les sondages, pour la première fois, lui promettaient potentiellement victorieuse.Mais, lorsque son ciel judiciaire s’est assombri, celle qui avait dit, treize ans plus tôt lors de son accession à la tête du Rassemblement national (ex-FN) “prendre l’ensemble de l’histoire de (son) parti” et “assumer tout”, en retrouvait soudainement les accents outranciers.”C’est ma mort politique qu’on réclame”, se posait-elle en victime d’un “système”, reprenant les antiennes de son père, Jean-Marie Le Pen, qui avaient fait le succès du parti extrémiste dès les années 80.- Mater dolorosa -Née en 1968, elle n’avait que quatre ans lorsque ce patriarche co-fonde le Front national, six ans lors de sa première candidature à la présidentielle, et à peine deux de plus lorsque la famille réchappe à un attentat dans leur appartement parisien.Marine Le Pen, la fille du “diable de la République”, raconte alors une construction personnelle indissociable de son père et de ses idées, rappelant les brimades scolaires ou, adolescente, le brutal départ de sa mère du foyer familial abondamment relayé par les médias.Le piteux score de Jean-Marie Le Pen au deuxième tour de la présidentielle de 2002 (17,79%) la convainc néanmoins que la seule rhétorique de la provocation et de la victimisation du FN est une impasse. D’autant que celle qui a été adoubée par son père pour reprendre le flambeau nourrit une divergence majeure avec lui: Marine Le Pen, elle, veut le pouvoir.La stratégie nouvelle tient en un mot, “dédiabolisation”, qui la conduit notamment à la tête du parti à partir de 2011 à opérer des revirements programmatiques spectaculaires, au risque de l’illisibilité, sur l’Union européenne, l’euro, la peine de mort ou les alliances internationales.Il n’est plus question non plus de prêter le flanc aux critiques en accointances douteuses ou ambiguïtés sur le racisme et l’antisémitisme.Marine Le Pen limoge les éléments les plus radicaux jusqu’à son propre père, en 2015, une tragi-comédie politico-familiale, où elle entend occuper le rôle sacrificiel, diffusée en direct sur les chaînes d’information en continu.Sept ans plus, tard, elle retrouve ces mêmes accents lorsque sa nièce, Marion Maréchal, lui préfère Eric Zemmour pour la présidentielle: “Je l’ai élevée avec ma sÅ“ur pendant les premières années de sa vie”, sanglote-t-elle sur BFMTV – ladite sÅ“ur et mère de Marion, Yann Le Pen, proteste.La figure de mater dolorosa doit procéder d’une “humanisation” de l’aspirante présidente Le Pen, une “honnête mère de famille” qui a surmonté les épreuves politiques et personnelles, proche du peuple et chantre d’une France “apaisée”. A la tête de 120 députés dans une Assemblée nationale éclatée, elle veille encore à incarner “le calme des vieilles troupes”, prérequis de la fonction suprême qu’elle vise.- Passionaria -Le personnage a pourtant ses failles: consciemment ou non, il est régulièrement visité par celui de la passionaria, Marine-la-réprouvée, paria, victime, toujours, de l'”Etat profond” – variante de “l’establishment” cher à son père – que ce soit lorsque le parti est au bord de la faillite ou qu’un “front républicain” se met en place. Jusqu’à ce procès, derrière lequel elle voit la main de l’honnie Union européenne, et qui signe – provisoirement – sa chute politique.Un mois et demi après les réquisitions, la mort de Jean-Marie Le Pen la faisait d’ailleurs revenir sur sa décision de l’exclure, qu’elle “ne se pardonnera jamais”. L’apparente absolution a fait tiquer quelques conseillers. Les diatribes s’accompagnent également du geste, jusqu’à trébucher. N’est-ce pas sa difficulté à se maîtriser qui lui a fait perdre son débat d’entre-deux-tours de la présidentielle de 2017, lorsqu’elle a singé la série “Les envahisseurs” en ricanant à gorge déployée?”C’est parfois plus fort qu’elle”, admet un proche, qui entend lui faire renoncer en public à l’ironie, le second degré et la violence verbale, réputés contre-productifs.Marine Le Pen veut au contraire croire que cette singularité participe des promesses de changement qu’elle doit apporter avec son parti.Mais son mantra, “On a survécu à tout, on survivra encore au reste”, a soudainement perdu de sa superbe, lundi: désormais empêchée de concourir à nouveau à l’Elysée, elle ne peut plus compter que sur une hypothétique décision en appel davantage favorable d’ici 2027, pour espérer retourner l’une des situations les plus délicates de sa carrière.

Lettre de l’ambassade américaine: le ministre français du Commerce extérieur “profondément choqué”, ne veut “pas transiger” sur les valeurs

Le ministre français du Commerce extérieur Laurent Saint-Martin s’est dit lundi “profondément choqué” de la lettre envoyée par l’ambassade américaine à des entreprises françaises et a appelé à “ne pas transiger” sur la loi et les “valeurs françaises”.Affirmant sur RTL que le gouvernement aurait “une discussion avec l’ambassade des Etats-Unis”, M. Saint-Martin a dit souhaiter “comprendre quelle est vraiment l’intention derrière” cette initiative. Plusieurs entreprises françaises ont reçu ces derniers jours une lettre et un questionnaire de l’ambassade des Etats-Unis leur demandant si elles mettaient en place des programmes internes de lutte contre les discriminations.La missive les prévient que, le cas échéant, cela pourrait les empêcher de travailler avec l’Etat américain.Pour M. Saint-Martin, cette lettre revient à demander aux entreprises “de renoncer aux politiques d’inclusion qui sont la loi tout simplement française et parfois européenne, notamment sur l’égalité entre les femmes et les hommes dans la lutte contre les discriminations, contre le racisme, la promotion de la diversité pour aider les personnes en situation de handicap”. “Tout ceci, ce sont des avancées qui correspondent d’abord à nos valeurs françaises. Nous en sommes fiers et nous ne voulons pas transiger sur cela”, a martelé le ministre, pour qui cette demande des Etats-Unis “serait un pas de plus dans l’extraterritorialité américaine, mais cette fois-ci sur le champ des valeurs”. Samedi, son ministère avait déjà vivement réagi, dénonçant des “ingérences américaines inacceptables”. Dimanche, le président du Medef Patrick Martin a déclaré qu’il était “hors de question” de “renoncer” aux règles d’inclusion dans les entreprises françaises.Depuis son retour à la Maison Blanche, le président Trump s’est engagé dans une vaste réforme du gouvernement fédéral, traquant les dépenses publiques jugées de gaspillage ou contraires à sa politique, comme les programmes soutenant la diversité ou de l’inclusion.

Jugement de Marine Le Pen: “ça ne nous affaiblira pas”, assure Aliot (RN)

“Dans tous les cas de figure, ça ne nous affaiblira pas”, a estimé lundi le vice-président du Rassemblement national Louis Aliot, quelques heures avant le  jugement dans l’affaire des assistants parlementaires européens du FN dans laquelle Marine Le Pen joue son avenir politique. Si le tribunal correctionnel prononçait une peine d’inéligibilité avec exécution immédiate à l’encontre de celle qui domine les sondages pour 2027, “nos électeurs regarderont cela de près, dans tous les cas de figure, ça ne nous affaiblira pas et on sera au combat pour remporter les élections”, a expliqué ce proche de la responsable d’extrême droite sur TF1. Et si cette dernière était empêchée de se présenter à la présidentielle, “il ne fait pas mystère qu’aujourd’hui Jordan Bardella serait le mieux placé évidemment” pour lui succéder, a assuré Louis Aliot, qui risque également une condamnation dans ce dossier. Si lui-même était frappé d’une peine d’inéligibilité avec exécution immédiate, il devrait démissionner de la mairie de Perpignan, une situation qu’il a “envisagée”. Il a expliqué avoir “une candidate” qu’il appuiera “pour qu’elle soit maire”.Mais, a-t-il ajouté, “il n’y a pas d’enrichissement personnel, c’est une affaire de qualification de travail d’un assistant parlementaire pour quatre mois de travail donc j’imagine que les juges tiendront compte aussi de l’individualisation des peines”.Interrogé sur la “sérénité” revendiquée par Marine Le Pen à la veille du jugement, il a estimé qu'”on n’a pas le choix que d’être serein”. “On s’adaptera à la décision prise par les juges”, a-t-il complété, promettant que la cheffe de file des députés frontistes “se battra en appel quoiqu’il arrive”. “Quelqu’un qui est empêché de se présenter à une élection par les juges, ça pose quand même un problème de fond sur la séparation des pouvoirs, le contrôle des juges sur la démocratie”, a-t-il conclu.