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“Filles et maths”: Borne annonce l’expérimentation de classes scientifiques à horaires aménagés en 4e et 3e

La ministre de l’Education nationale Elisabeth Borne a annoncé mercredi l’expérimentation de classes scientifiques à horaires aménagés pour des collégiens de 4e et 3e, avec 50% de filles dans chacune, nouvelle mesure d’un plan “Filles et maths”.”Je veux créer des classes aménagées maths et sciences en 4e et 3e. Ces dispositifs existent aujourd’hui pour la musique ou le théâtre et l’objectif est de développer aussi la culture scientifique et technique”, a-t-elle déclaré sur France Inter. “On va expérimenter dans cinq académies dès la rentrée et on veut généraliser, avec au moins une classe de ce type dans chaque département, à la rentrée suivante”, a-t-elle précisé.L’expérimentation sera lancée dans les académies d’Amiens, de Bordeaux, de Martinique, de Nancy-Metz et de Normandie, avec la création d’une dizaine de classes, selon un communiqué du ministère détaillant le plan global.Ces classes permettraient “d’avoir des activités supplémentaires pour découvrir les sciences, les maths autrement avec des chercheurs, des partenaires, que les chefs d’établissements et les recteurs sont en train de rechercher” et “de pouvoir sensibiliser des jeunes à la recherche, à l’expérimentation dans les sciences”, a exposé l’ancienne Première ministre, diplômée de Polytechnique.La “pédagogie de projet permettra de développer l’appétence des élèves et notamment des filles pour les sciences”, a ajouté le communiqué.”Ces classes, le cahier des charges c’est qu’elles doivent accueillir 50% de filles”, a souligné Elisabeth Borne, parlant d'”une présence équilibrée de filles et de garçons” mais sans parler de quotas.Cette initiative s’inscrit dans un plan “filles et maths” de huit mesures visant à “mobiliser la communauté éducative et les parents” pour que “les jeunes filles prennent toute leur place dans les métiers des sciences de l’ingénieur et du numérique”.Le premier “pilier” prévoit de “former et sensibiliser” aux biais de genre et aux stéréotypes dans l’apprentissage des mathématiques tous les professeurs dès la rentrée 2025, du primaire au lycée. La ministre a aussi fixé mardi un objectif de 50% de filles dans la spécialité mathématiques en terminale en 2030, contre 42% actuellement, dans un entretien aux Echos dévoilant l’essentiel de son plan.Elle a repris par ailleurs à son compte “l’objectif” d’un rapport des inspections générales préconisant au moins 20% de filles dans chaque classe préparatoire scientifique en 2026 et 30% en 2030, sans utiliser là non plus le terme de quotas.

Meeting de protestation contre la dissolution de la Jeune Garde et d’Urgence Palestine

“Ni la Jeune Garde, ni Urgence Palestine ne méritent d’être dissous, mais le gouvernement, lui, mérite de l’être”, a lancé mardi Jean-Luc Mélenchon lors d’un meeting à Paris pour protester contre la volonté du ministre de l’Intérieur de supprimer ces deux groupes. Des rassemblements ont eu lieu dans plusieurs autres villes de France.”Dans un pays libre, des opinions libres ne sont pas un crime, il faut le rappeler et le dire sans cesse”, a dénoncé le leader de La France insoumise, selon qui “il n’y a pas de reproche” contre les deux organisations visées.”La fronde du gouvernement est illégitime, les décisions sont excessives, brutales, sans aucun rapport avec la menace éventuelle qu’elles représenteraient”, a-t-il ajouté.Le triple candidat malheureux à la présidentielle s’est exprimé après le député Raphaël Arnault, porte-parole de la Jeune Garde devenu député LFI en juillet 2024.”Que Bruno Retailleau et autres gesticulateurs d’extrême droite le mettent bien dans leur petite caboche, notre jeunesse est prête et sera au rendez-vous pour ce combat”, a mis en garde le parlementaire, devant plusieurs centaines de personnes réunies place de la Bataille-de-Stalingrad, dans le XIXe arrondissement.Olivier Besancenot (NPA), Elsa Faucillon (PCF), l’avocat franco-palestinien Salah Hamouri, Youlie Yamamoto (Attac), Les Soulèvements de la Terre – mouvement lui-même dissout avant que le Conseil d’Etat n’annule cette décision -, ainsi que plusieurs responsables écologistes ont également participé au rassemblement.A Lyon, où la Jeune Garde a été fondée en 2018, quelque 400 personnes se sont réunies pour protester contre sa dissolution.”Quand notre mouvement s’est créé, c’étaient huit locaux d’extrême droite implantés dans la ville. C’était plusieurs agressions racistes par semaine. Aujourd’hui, qu’est-ce qui reste ? Rien du tout. Voilà notre vrai bilan”, a défendu l’un de ses membres Zine-Eddine Messaoudi.”Ces militants font un vrai travail de terrain, ont aidé à faire reculer des agressions”, a abondé François Jandaud, secrétaire départemental du Rhône de la FSU.Pour Raphaël Arnault, cette procédure de dissolution annoncée par Bruno Retailleau a été décidée “sous ordre direct du Rassemblement national”.Le député RN Julien Odoul s’était en effet félicité de la décision du locataire de la place Beauvau, y voyant “le fruit de la pression constante exercée par le Rassemblement national” depuis décembre 2022.M. Retailleau a annoncé le 30 avril engager une procédure de dissolution du groupe Urgence Palestine, ainsi que de Lyon Populaire, qui appartient à l’ultradroite, après avoir lancé la veille celle du groupe “antifa” la Jeune Garde.Mardi après-midi, à M. Arnault qui l’interpellait lors des questions au gouvernement à l’Assemblée nationale, le ministre a rétorqué que la “Jeune Garde” était “un mouvement qui légitime le recours à la violence”.”Aucun élu ne devrait justifier la violence”, a-t-il ajouté, en promettant qu'”à chaque fois que les conditions seront réunies pour dissoudre les groupes violents, (il) le (fera)”.”On ne lutte pas contre le fascisme avec des méthodes de fascistes”, a encore appuyé le locataire de la place Beauvau.- “Référé-liberté” -Le collectif Urgence Palestine a pour sa part déploré “la criminalisation de la solidarité avec le peuple palestinien” alors que “le génocide s’intensifie à Gaza, que la faim tue, et à la veille d’un nouveau massacre annoncé de l’armée israélienne”. Son avocat, Me Elsa Marcel, a assuré qu’elle allait saisir le tribunal administratif d’une procédure d’urgence de “référé-liberté dès publication” du décret de dissolution, qui pourrait être pris lors du Conseil des ministres du 13 mai.Le collectif, créé au lendemain du 7 octobre 2023, dit rassembler “des citoyens, des organisations et mouvements associatifs, syndicaux et politiques mobilisés pour l’auto-détermination du peuple palestinien”.Urgence Palestine appelle à manifester le 17 mai, jour de commémoration de la Nakba, qui veut dire “catastrophe” en arabe et désigne l’exode massif qui a suivi la création de l’Etat d’Israël en 1948. Lundi, le gouvernement israélien a annoncé une nouvelle campagne militaire qui prévoit la “conquête” de la bande de Gaza et un déplacement massif de sa population à l’intérieur du territoire. Le ministre des Finances israélien, Bezalel Smotrich, a affirmé mardi que la bande de Gaza serait “totalement détruite” après la guerre en cours.ldf-sl-sm-dfa-pab/sde/cbn

Un texte contre l’antisémitisme dans l’enseignement supérieur examiné à l’Assemblée

Une proposition de loi pour lutter contre l’antisémitisme dans l’enseignement supérieur, adoptée à l’unanimité au Sénat, a commencé à être examinée mardi à l’Assemblée nationale, les députés affichant d’emblée leurs désaccords sur la question du mécanisme de sanctions envisagé.”Pas un seul étudiant ne doit hésiter à se rendre en cours parce qu’il craint d’être exposé à l’antisémitisme”, a martelé en ouverture des débats le ministre de l’Enseignement supérieur Philippe Baptiste.”Depuis le 7 octobre 2023, nous avons assisté à une augmentation alarmante des actes antisémites dans notre société et l’enseignement supérieur, malheureusement, n’a pas été épargné”, a-t-il ajouté.Le texte, porté par Pierre Henriet (Horizons) et Constance Le Grip (groupe macroniste Ensemble pour la République), entend notamment renforcer les dispositifs de prévention et de signalement, en rendant obligatoire au sein de chaque établissements des “référents” dédiés à la lutte contre le racisme et l’antisémitisme.Le texte d’origine prévoyait aussi dans son article 3, supprimé lors de son examen en commission, la création d’une “section disciplinaire commune” aux établissements d’une même région académique, présidée par un membre de la juridiction administrative. Le co-rapporteur Pierre Henriet entend défendre mardi la réintroduction par amendement de cette disposition, et affirme que cela permettrait aux chefs d’établissements d’externaliser le processus disciplinaire sur les dossiers les plus sensibles.Il a rappelé que neuf étudiants juifs sur dix disent avoir subi des actes ou remarques antisémites à l’université, selon un sondage de l’Union des étudiants juifs de France.- Procédure disciplinaire -“Le renforcement de la procédure disciplinaire est nécessaire”, ces démarches étant souvent “trop longues”, et “les actes antisémites, trop rarement sanctionnés”, a estimé la députée MoDem Géraldine Bannier. Mais la gauche est elle opposé à cet article 3. “La volonté de professionnaliser la justice disciplinaire par le recours à un juge administratif rompt avec la tradition des universités autonomes”, a fustigé le député écologiste Steevy Gustave.Le communiste Jean-Paul Lecoq a lui critiqué la liste des faits passibles d’une sanction disciplinaire ajoutée au code de l’éducation par le même article, comportant notamment “les faits susceptibles de porter atteinte à l’ordre, au bon fonctionnement de l’établissement”. Des dispositions qui risquent selon lui “de porter atteinte aux droits et à la liberté de manifestation des étudiants”. Marie Mesmeur, députée LFI et membre de la commission dans laquelle le texte a été étudié, a dénoncé auprès de l’AFP des mesures “liberticides” de “la droite et de l’extrême droite”.Mardi, plusieurs députés de droite ont en retour accusé la gauche de “détourner le regard” face à l’antisémitisme, selon les mots du député LR Alexandre Portier.Le texte inscrit par ailleurs une “sensibilisation obligatoire” à la lutte contre l’antisémitisme et le racisme au sein des missions de formation des établissements.Le gouvernement a reçu il y a une semaine un rapport comportant des mesures contre l’antisémitisme, “déclinable” face aux autres formes de racisme, et qui insistait notamment sur la formation des personnels enseignants et des fonctionnaires.

Municipales à Paris: Tondelier veut l’union “la plus large possible” face à Dati

La secrétaire nationale des Ecologistes Marine Tondelier a prôné mardi l’union “la plus large possible” de la gauche aux élections municipales à Paris, LFI comprise, pour ne “pas laisser les clés” de la capitale à Rachida Dati.Comme pour la prochaine présidentielle, “nous voulons les unions les plus larges possibles” en vue des municipales de 2026, a exposé la patronne des écologistes lors d’une conférence de presse avec David Belliard, chef de file du parti pour les municipales à Paris.”Ce qu’on fait à Paris est aussi un démonstrateur de ce qu’on va faire pour la France. Il y a ici le risque qu’une ville de gauche bascule à droite. On va tout faire pour que ça n’arrive pas. On n’a pas prévu de laisser les clés à Rachida Dati”, la ministre de la Culture et candidate d’opposition potentielle à Paris, a affirmé Marine Tondelier.”On n’a pas prévu de laisser les uns et les autres (…) dépenser plus d’énergie dans leur campagne à se taper les uns sur les autres qu’à combattre nos adversaires,” a ajouté la cheffe des Ecologistes, récemment réélue à la tête de son parti.David Belliard a adressé ce mardi un courrier à l’ensemble des forces de gauche et écologistes de la capitale (PS, PCF, LFI, Place publique, syndicats, ONG…), qu’il appelle “solennellement à ouvrir une démarche commune” dès le premier tour.L’adjoint écologiste à l’Hôtel de ville a déjà rencontré le chef de file des communistes parisiens, le sénateur Ian Brossat. “Je ne sais pas encore qui va représenter LFI, tout comme au PS”, où une primaire interne doit désigner le 30 juin le successeur d’Anne Hidalgo.Les deux prétendants socialistes, Rémi Féraud et Emmanuel Grégoire, ont chacun exclu toute alliance avec LFI.”Notre objectif, c’est de convaincre tout le monde avec la stratégie de l’entonnoir, qui est de s’intéresser d’abord au projet”, a plaidé David Belliard.”L’effet épouvantail à Paris, c’est d’abord la droite”, et pas LFI, a commenté l’élu du 11e arrondissement, alors qu’un livre-enquête, “La Meute”, a révélé les méthodes de fonctionnement déjà très décriées du parti de Jean-Luc Mélenchon.”Oui, l’union, c’est compliqué. Mais si on décide que c’est surmontable, on le surmonte. C’est ce qu’on a fait avec le NFP”, a fait valoir Marine Tondelier, appelant la gauche à retrouver le même “instinct de survie” qu’aux législatives de 2024.

“La meute”: La France insoumise dans l’embarras après la publication d’un livre-enquête

Alors que la figure de Jean-Luc Mélenchon est très contestée à gauche dans la perspective de 2027, la publication d’un livre-enquête sur les méthodes déjà décriées de fonctionnement de La France insoumise met le mouvement de gauche radicale dans l’embarras. Les journalistes Charlotte Belaïch (Libération) et Olivier Pérou (Le Monde) publient mercredi une enquête sur le mouvement créé en 2016 par l’ancien sénateur socialiste, intitulé “La Meute” (Flammarion).Ce livre, fruit d’un travail de deux ans au cours duquel ils ont interrogé 200 personnes, décrit une formation totalement organisée autour de la personnalité de Jean-Luc Mélenchon, où les intimidations et les menaces sont monnaie courante.  “Delap aurait honte de toi”, aurait ainsi écrit le tribun insoumis dans un message à Charlotte Girard, la veuve de François Delapierre, un des plus fidèles alliés de Jean-Luc Mélenchon, décédé en 2015. Sa faute ? Avoir quitté LFI en émettant des critiques sur le fonctionnement de la machine insoumise.Cela s’ajoute aux témoignages déjà recueillis, notamment après la purge lors des dernières élections législatives au cours desquelles plusieurs anciens proches de M. Mélenchon, accusés notamment de s’opposer aux pratiques internes, avaient été écartés de LFI.”On a vu un parti se recentrer un peu sur une logique de clan et qui ne nous semblait absolument pas de nature à dénouer les débats stratégiques nécessaires pour trouver la bonne voie pour devenir majoritaire”, a commenté à l’AFP Clémentine Autain, exclue en juillet.Ces évictions ont été facilitées par le fait que ce mouvement a été théorisé comme “gazeux”, c’est-à-dire notamment sans congrès pour permettre d’élire ses dirigeants.Au sein de LFI, on balaye les critiques. “Il n’y a rien de nouveau avec ce bouquin”, ironise un député. “Il y en a déjà eu dix des livres comme ça. Ça n’intéressera personne”, avait déjà assuré la semaine dernière le coordinateur du mouvement Manuel Bompard, qualifiant, mardi, l’ouvrage de “fiction”. Il prend comme exemple un passage le concernant personnellement : quand il était député européen en 2019, Jean-Luc Mélenchon, dont il est maintenant le bras droit, lui aurait lancé “achète-toi un cerveau”, alors que M. Bompard était tombé en disgrâce auprès du patriarche après les mauvais résultats de LFI aux européennes.”Comme Jean-Luc Mélenchon n’a jamais dit ça, j’ai pris cela comme une invention”, a expliqué Manuel Bompard. – “Comportement d’une secte” -“La France insoumise ne correspond absolument pas à ce que dit ce livre”, a également affirmé la patronne des des députés insoumis, Mathilde Panot, dénonçant un ouvrage qui rapporte, selon elle, “mensonges après mensonges”.Est-ce que cela suffira à convaincre, alors que le livre sort dans une période déjà compliquée pour les Insoumis, marquée notamment par les accusations d’antisémitisme concernant le visuel sur Cyril Hanouna ?”Je ne pense pas que ce livre change l’opinion des Français sur Jean-Luc Mélenchon. Ce sont des travers qui sont connus”, a estimé la patronne des Ecologistes Marine Tondelier.”Vous avez affaire à une génération d’Insoumis qui ne peut pas rester insensible à tout cela”, estime en revanche un député écologiste, régulièrement en contact avec le mouvement de gauche radicale. Au sein de LFI, les expressions de contestation, même sous couvert d’anonymat, sont très rares depuis les purges de 2024.C’est donc de l’extérieur que sont venues les critiques.”De ce que j’ai lu me concernant, c’est exact. Indiscutablement il y a un problème de fonctionnement dans ce mouvement”, a assuré sur franceinfo le député du groupe écologiste Alexis Corbière.”On ne fait pas la VIe République et une société plus démocratique quand on fonctionne en interne comme un mouvement qui ne tolère pas le désaccord”, a ajouté cet ancien proche parmi les proches de Jean-Luc Mélenchon, évincé lors de la dernière purge. “J’ai cru comprendre que les comportements de la direction de La France insoumise se rapprochaient des comportements d’une secte sous l’emprise d’un couple, celui de Jean-Luc Mélenchon et de sa compagne Sophia Chikirou”, elle-même députée de Paris, a dénoncé pour sa part le patron des communistes, Fabien Roussel. Rare soutien extérieur affiché aux Insoumis, celui de Nathalie Arthaud, porte-parole du parti d’extrême gauche Lutte Ouvrière. “La meute qui s’active, à gauche, contre Mélenchon est bien dressée et ridicule. D’autant qu’elle ne cherche qu’à prendre la place”, a estimé la figure du parti trotskiste.

Recours en justice pour le retrait de la Légion d’honneur de Sarkozy

Plusieurs descendants de titulaires de la Légion d’honneur et de l’Ordre du mérite ont déposé mardi un recours auprès du tribunal administratif de Paris pour faire retirer ces décorations à l’ex-président Nicolas Sarkozy, définitivement condamné par les juridictions pénales françaises.Près de cinq mois après la sentence, une nouvelle procédure vise l’ancien chef de l’Etat, qui purge une peine de trois ans d’emprisonnement, dont un an ferme, depuis le rejet mi-décembre de son pourvoi en cassation dans l’affaire dite des écoutes.”Cette condamnation est définitive (…), par conséquent le retrait de la Légion d’honneur est de droit”, écrit l’avocat Julien Bayou – ancien dirigeant du parti écologiste EELV – dans son recours déposé au nom de cinq personnes (dont sa propre sÅ“ur), tous enfants ou petits-enfants de titulaires de cette décoration ainsi que de l’Ordre du mérite.Le grand chancelier et le conseil de l’ordre de la Légion d’honneur “auraient dû prendre un arrêté” en ce sens “mais ils ne l’ont pas fait”, a expliqué à l’AFP Julien Bayou, faisant valoir que le délai habituel pour ce type de décision “est largement dépassé”.Face à ce qu’ils qualifient de “refus implicite”, les requérants demandent donc à la justice administrative de rappeler à son devoir l’institution en charge de la Légion d’honneur et de l’Ordre du mérite.Manière aussi de contourner les pressions sur un cas éminemment politique, après que l’actuel président Emmanuel Macron – Grand maître de la Légion d’honneur, de par sa fonction – a pris position en faveur de son prédécesseur, en affirmant fin avril que le retrait de la décoration de M. Sarkozy “ne serait pas une bonne décision”.En attendant une éventuelle audience devant le tribunal administratif ou le Conseil d’Etat, sans doute pas avant plusieurs mois, M. Bayou n’exclut toutefois pas que l’institution “finisse par prendre la décision qui s’impose”.

Un sondage contesté symbole de la fébrilité au RN autour de Marine Le Pen

Un sondage Ifop dans lequel Jordan Bardella est testé comme candidat à la présidentielle et dont le commanditaire est financé par un milliardaire conservateur… il n’en fallait pas plus au RN pour y voir une volonté de déstabilisation, signe de la fébrilité depuis le jugement qui empêche pour l’heure Marine Le Pen de se présenter en 2027.Lundi, le député RN Jean-Philippe Tanguy crée un petit émoi dans le microcosme en affirmant sur Europe1/Cnews avoir “dû intervenir sur une tentative de ne pas tester Marine Le Pen dans un sondage, pour créer des polémiques et affaiblir le camp national qui est en train de gagner”. L’histoire démarre le 27 avril quand Hexagone, qui se présente comme un observatoire voulant mettre “la France en chiffres”, annonce sur X “une grande enquête exclusive d’intentions de vote pour la présidentielle, 10.000 répondants interrogés, des seconds tours …” Avec pour accompagner ce teasing la photo de 14 leaders politiques dont Jordan Bardella mais pas Marine Le Pen.”Comme Marine Le Pen était déclarée inéligible (ndlr: par le jugement du tribunal correctionnel de Paris le 31 mars dont elle a fait appel), on a eu l’idée de tester Jordan Bardella”, explique à l’AFP Paul Cebille, un des trois membres de Hexagone. “Nous étions davantage intéressés par la sociologie des électorats (en fonction de l’âge, des convictions religieuses, de l’orientation sexuelle, etc.), ce que permet la taille de l’échantillon, que par la course aux petits chevaux”, assure-t-il, en se défendant de toute volonté d’effacer Marine Le Pen.Cela n’a pas été perçu comme tel par M. Tanguy qui voit derrière ce sondage la main du milliardaire Pierre-Edouard Stérin. Moins connu que Vincent Bolloré, ce catholique qui a fait fortune avec les Smartbox, milite également pour une révolution conservatrice par une “union des droites”.Tout en reconnaissant être financé par M. Stérin, Hexagone assure ne pas faire partie de son projet Péricles, acronyme de “Patriotes Enracinés Résistants Identitaires Chrétiens Libéraux Européens Souverainistes”, destiné à porter “la bataille culturelle” à droite.”Notre objectif est de faire des dossiers thématiques en confrontant l’opinion des Français aux statistiques”, explique M. Cebille même s’il reconnaît des choix “éditorialisés”. De fait, sur le site, les thématiques sont plutôt conservatrices (indiscipline à l’école, augmentation des baptêmes, manque de places en prison…)- Méthodologie -D’après les réactions venues du RN le 27 avril, “on a compris que ça allait poser des problèmes”, explique M. Cebille. Dans l’urgence, Hexagone demande à l’Ifop de tester la candidature de Marine Le Pen, ce qui se fait sur un échantillon plus réduit de 2.000 personnes.”Cela soulève des questions majeures de méthodologie”, juge le député LFI Antoine Léaument, rapporteur à l’Assemblée de la commission d’enquête sur l’organisation des élections. Cette commission va d’ailleurs auditionner le directeur général de l’Ifop Frédéric Dabi mercredi, puis M. Stérin la semaine prochaine.Méthodologiquement, “entre 10.000 et 2.000 personnes, ça ne change pas fondamentalement la fiabilité”, défend M. Cebille, lui-même ancien de l’Ifop.Interrogé par l’AFP, M. Dabi confirme avoir reçu fin avril “une demande d’Hexagone pour faire un complément avec Marine Le Pen” et renvoie vers celui-ci pour en connaître les raisons. “Ce n’est pas mon affaire. Cela n’est pas très fréquent mais ça peut nous arriver qu’un commanditaire complète une enquête par un volet B ou C”, dit-il. Au final, les résultats du sondage montrent que Marine Le Pen et Jordan Bardella obtiendraient sensiblement le même score au 1er tour (entre 32 et 35% selon les configurations) et livreraient un duel serré avec Edouard Philippe au second tour avec un léger avantage pour Jordan Bardella (50/50 avec Bardella contre 48/52 avec Marine Le Pen).”La force du RN, c’est l’alternative, que le candidat soit Bardella ou Le Pen. (…) Il y a pour l’instant une forme d’indifférence” aux tensions internes apparues ces derniers jours entre les deux leaders du parti sur la question du candidat pour 2027, juge M. Dabi.

Macron de nouveau sur tous les fronts, comme si de rien n’était

Convention citoyenne sur le temps scolaire, projets de référendums, initiatives tous azimuts à l’international : Emmanuel Macron est de nouveau sur tous les fronts, comme si la dissolution n’était jamais passée par là, au risque de trop en faire.Pas un jour sans une annonce, une parole forte, un déplacement ou un geste diplomatique marquant. L’agenda du chef de l’Etat reprend furieusement des couleurs, après une longue traversée du désert.Au point de renouer parfois avec des rythmes effrénés de début de mandat, loin de la devise brandie par l’Elysée depuis le pari raté de la dissolution en juin 2024 : “le président préside et le gouvernement gouverne”.Aujourd’hui, c’est le Premier ministre François Bayrou qui semble éclipsé.”Les leviers de commande sont revenus à l’Elysée”, pointe un député indépendant. “Sur tous les sujets, que ce soit le sport ou le numérique, c’est le président qui a les manettes”, déplore le parlementaire.Après l’échec de son camp aux législatives post-dissolution, Emmanuel Macron s’était pourtant surtout recentré sur l’international, domaine réservé par excellence du président.Avec le retour fracassant de Donald Trump à la Maison blanche en janvier, le cheval de bataille était tout trouvé : défendre les intérêts des Européens, de l’Ukraine à la guerre commerciale.Un registre sur lequel il sera encore très présent cette semaine, 80 ans après la défaite de l’Allemagne nazie, avec la promesse d’une “pression accrue” contre Vladimir Poutine pour arracher un cessez-le-feu en Ukraine.- “Trancher” -Jamais avare en “coups” diplomatiques, Emmanuel Macron sera aussi le premier dirigeant européen à recevoir le président syrien Ahmad al-Chareh mercredi, malgré les doutes qui s’accumulent sur la coalition islamiste au pouvoir à Damas depuis la chute de Bachar al-Assad.Il espère aussi faire bouger les lignes sur la reconnaissance d’un Etat palestinien lors d’une conférence aux Nations Unies en juin à New York.”Jusqu’à présent, il jouait la carte de l’international, de la prise de distance. C’était relégitimant”, résume Benjamin Morel, maître de conférences en droit public à l’université Paris-Panthéon-Assas.Au fil des semaines, le président a repris un peu de terrain dans les sondages, même s’il a encore du chemin à parcourir, quand la cote de popularité de son Premier ministre s’érodait.  Il a réinvesti en parallèle le champ politique intérieur, recommençant à réunir des ministres à l’Elysée et à imprimer sa marque hors des sentiers présidentiels classiques.L’Elysée a ainsi annoncé une convention citoyenne sur les temps scolaires en juin, un sujet qui touche des millions de Français.Emmanuel Macron, qui a donné rendez-vous aux Français lors d’une émission spéciale le 13 mai sur TF1, pourrait aussi évoquer à cette occasion des projets de référendum, selon une source proche du président. Le président avait indiqué lors de ses voeux pour l’année 2025 que les Français seraient amenés à “trancher” sur des sujets déterminants.Réorganisation territoriale ? Proportionnelle ? Fin de vie ? Le suspense reste entier. La piste d’un référendum sur les finances publiques évoquée dimanche par François Bayrou semble en revanche faire l’unanimité contre elle.- “Sabre au clair” -La perspective référendaire laisse nombre d’observateurs dubitatifs dans un espace politique très fracturé, où le président reste très clivant et son Premier ministre très fragile.”La période est tellement politiquement sensible que je ne vois pas qui serait conforté par un référendum. Ce serait vraiment déconnecté”, considère un membre du gouvernement.Outre le risque toujours réel de virer au scrutin anti-Macron, l’exercice devra ménager les Républicains, associés aux gouvernement, tous comme les socialistes sans lesquels la censure du gouvernement n’en devient que plus probable.”A part la volonté de se remettre au centre, de telles manÅ“uvres paraissent très aléatoires”, renchérit Benjamin Morel, y voyant une “stratégie dangereuse” qui va “déstabiliser” un peu plus son Premier ministre.”Vous pouvez la jouer +Bonaparte au pont d’Arcole+ quand vous avez une majorité absolue et qu’on vous suit sabre au clair. Là, la question de sa démission va être reposée si jamais on n’a pas de budget, une fronde des collectivités, une majorité divisée encore un peu plus”, avertit-il.Cette petite musique recommence déjà à se faire entendre, tout comme celle d’une nouvelle dissolution, qui redeviendra possible constitutionnellement dès l’été.

Aide à mourir: la HAS invite à évaluer la “qualité” de vie restante plutôt que sa “quantité”

La Haute autorité de Santé juge “impossible”, faute de consensus médical, de déterminer qui pourrait bénéficier d’une aide à mourir en se basant sur un pronostic vital engagé “à moyen terme” ou sur une “phase terminale” de maladie, mais elle suggère de prendre en compte “la qualité du reste à vivre” de la personne.Très attendu, son avis, sollicité par le ministère de la Santé, va alimenter les débats sur l’évolution de la législation sur la fin de vie qui doivent reprendre le 12 mai dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale. Ce sujet sensible a été scindé en deux propositions de loi – l’une sur les soins palliatifs, l’autre sur une aide active à mourir – par le gouvernement Bayrou.”A ce jour, il n’existe pas de consensus médical sur la définition du pronostic vital engagé +à moyen terme+, ni sur la notion de +phase avancée+ lorsqu’elles sont envisagées dans une approche individuelle”, résume la HAS.Autrement dit, “on sait définir le court terme – ça a été fait pour la loi Leonetti – mais au-delà, on ne peut pas”, “nul ne peut dire: telle est l’espérance de vie d’un patient avec un certain nombre de pathologies”, déclare à l’AFP son président, le Pr Lionel Collet, et “c’est vraiment au cas par cas qu’on doit examiner les questions”. Les travaux rendus mardi, pour lesquels un comité d’experts a examiné la littérature scientifique, les législations internationales et auditionné des experts français et internationaux, n’ont “pas permis d’identifier de critère alternatif” dans “des conditions plus satisfaisantes”, note l’autorité.Faute de “certitude scientifique” sur l’appréciation d’un pronostic vital d’une personne, la HAS insiste sur la nécessité “d’un processus d’accompagnement et de délibération collective, centré sur la personne malade, en amont d’une éventuelle demande d’aide à mourir”.Ce “processus continu de discussion” associant malade, proches et soignants permettrait de reconnaître la “dimension existentielle et sociale de la souffrance” et “d’aborder la question du sens de ce qui est vécu et de ce qu’il reste à vivre”.Aussi tous les soignants doivent être formés “à l’écoute et au dialogue” sur la fin de vie, “pour éviter tout risque d’obstination déraisonnable conduisant à des impasses de vie pour les patients”, plaide la HAS.- “Dimension subjective” -Actuellement, le pronostic vital dépend “de nombreux paramètres, souvent évolutifs”: les soignants l’évaluent avec des outils à la “fiabilité insuffisante” et un “degré d’incertitude important”.Tenter d’établir un pronostic individuel serait donc “une erreur et reviendrait à nier les facteurs individuels et thérapeutiques qui le conditionnent”, argumente la HAS, notant qu'”aucun pays européen n’a retenu un critère d’ordre temporel dans la définition du +moyen terme+”. “Certains, comme le Québec, y ont même renoncé après une période d’application”, ajoute l’autorité.Le critère d’un pronostic vital engagé “à moyen terme” figurait dans le texte dont l’examen avait été interrompu par la dissolution de l’Assemblée. Jugée floue, cette formulation avait été retirée.Quant à la notion de “phase avancée” (ou terminale) d’une maladie incurable, qui “ne renvoie pas tant à l’échéance du décès” qu’au “parcours” du patient, la HAS la définit comme “l’entrée dans un processus irréversible marqué par l’aggravation de l’état de santé de la personne malade, qui affecte sa qualité de vie”.”S’il est impossible de mettre en oeuvre une logique de prédiction de la quantité de vie restante, il convient de retenir une logique d’anticipation et de prédiction de la qualité du reste à vivre, quelle que soit l’issue des débats parlementaires”, selon l’autorité.Pour Lionel Collet, “c’est la dimension subjective de la qualité de vie telle que perçue par la personne qui est à prendre en considération”.Vendredi, les députés ont approuvé en commission des Affaires sociales la proposition de loi d’Olivier Falorni (MoDem) créant un “droit à l’aide à mourir”, pour permettre à des malades avec une “affection grave et incurable” qui “engage le pronostic vital, en phase avancée ou terminale” et ne supportant plus leurs souffrances, de recevoir ou de s’administrer une substance létale.La HAS montre qu'”il faut avoir encore plus de prudence sur l’aide active à mourir et ses critères” et “ne pas envisager un saut sociétal alors que nous n’avons pas encore développé partout en France les soins palliatifs”, souligne à l’AFP le ministre chargé de l’Accès aux soins, Yannick Neuder (LR).

Roussel (PCF) compare LFI à “une secte, sous l’emprise d’un couple”

Le secrétaire national du Parti communiste, Fabien Roussel, a dénoncé mardi le manque de “démocratie à l’intérieur” de La France insoumise, la comparant à “une secte sous l’emprise d’un couple”, après les révélations sur les pratiques internes à LFI d’un livre-enquête à paraître mercredi.”J’ai cru comprendre que les comportements de la direction de La France insoumise se rapprochaient des comportements d’une secte sous l’emprise d’un couple, celui de Jean-Luc Mélenchon et de sa compagne Sophia Chikirou”, elle-même députée de Paris, a commenté sur BFMTV-RMC le responsable communiste. Les journalistes Charlotte Belaïch et Olivier Pérou publient mercredi une enquête sur le mouvement créé par l’ancien socialiste en 2016, intitulé “La Meute” (Flammarion). Plusieurs extraits ont été publiés dans la presse. “C’est pas joli à voir”, a estimé M. Roussel, y voyant “un vrai sujet” pour la gauche, notamment dans la perspective de la présidentielle de 2027. “Il y a besoin de beaucoup de démocratie dans le mouvement de La France insoumise mais aussi en France”, a ajouté le secrétaire national du PCF, estimant que M. Mélenchon “n’est pas un bon candidat, un bon choix pour la France”. Fabien Roussel, dont le parti s’est allié avec LFI pour les législatives de 2022 (Nupes) et de 2024 (Nouveau Front populaire), n’a jamais caché ses réserves quant à la personnalité de Jean-Luc Mélenchon. Il a rappelé avoir décidé de se présenter face à lui au premier tour de la dernière présidentielle pour cette raison. Mais il a assuré faire “confiance à la démocratie, aux électeurs, aux électrices, aux Français, à ceux qui votent justement pour avoir la lucidité de faire en sorte que, au second tour de l’élection présidentielle, il y ait un candidat d’une gauche sincère, démocratique, républicaine, laïque, qui portera enfin les espoirs d’un vrai changement”.Les nouvelles révélations de ce livre-enquête s’ajoutent aux témoignages déjà recueillis notamment après la “purge” lors des dernières législatives de plusieurs anciens proches de M. Mélenchon, accusés notamment de s’opposer aux pratiques internes ou à certains positionnements du parti.”La France insoumise ne correspond absolument pas à ce que dit ce livre”, a balayé d’un revers de main la présidente des députés LFI, Mathilde Panot, en conférence de presse mardi, en dénonçant un ouvrage qui rapporte, selon elle, “mensonges après mensonges”.