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Hollande demande “une révision profonde” du budget pour ne pas censurer

François Hollande demande au gouvernement “une révision profonde” de son projet de budget pour 2026 s’il veut éviter une censure du Parti socialiste à l’automne. “Si le gouvernement veut écarter le risque de la censure, il doit réviser profondément ce budget. Il doit bouger et chercher des compromis”, a estimé l’ancien chef de l’Etat dans un entretien jeudi au Monde, deux jours après les annonces choc de François Bayrou sur un plan d’économies de 43,8 milliards d’euros.Le député de Corrèze liste quatre conditions: “une augmentation de la fiscalité sur les hauts patrimoines, qu’il s’agisse du principe de la taxe Zucman ou du rétablissement d’un impôt modernisé sur la fortune”. Il demande ensuite de “revenir sur certaines aides aux entreprises et notamment sur les exonérations de cotisations sociales qui représentent plus de 70 milliards d’euros contre 35 milliards à la fin de mon quinquennat”. Le socialiste appelle aussi à “protéger les revenus des plus faibles, c’est-à-dire les petites retraites et les prestations familiales” ainsi qu’à “préserver les aides aux collectivités locales pour soutenir l’équipement du pays”.Déjà défavorable – mais minoritaire au sein de son groupe – à la dernière censure déposée par les socialistes sur les retraites, l’ancien président préférerait qu’on n’en arrive pas à la censure du gouvernement.Sans budget, la France “entrera dans une double instabilité, financière car les marchés seront cruels, et politique avec le spectre d’une nouvelle dissolution. Qui a vraiment intérêt à ce désordre ?”, prévient-il.Mais “l’esprit de responsabilité ne revient pas exclusivement à l’opposition. C’est d’abord à l’exécutif d’en faire la démonstration”, juge-t-il. 

Budget: Le Pen “croit peu” à une non-censure, et entend bien se présenter en cas de dissolution

Marine Le Pen dit croire “peu” à une version du budget de François Bayrou qui ne soit pas censurée par le Rassemblement national, se disant décidée en cas de dissolution à concourir aux législatives, malgré sa peine d’inéligibilité.”Il faudrait que François Bayrou inverse quasiment totalement les grandes masses qu’il a annoncées. J’y crois peu”, a résumé la patronne des députés RN dans un entretien au Parisien mis en ligne mercredi soir, au lendemain des annonces budgétaires du Premier ministre.”En l’état, il est impossible pour le RN de ne pas censurer ce gouvernement”, a-t-elle répété. “L’effort fiscal est encore concentré sur deux catégories : les retraités et les classes moyennes”, a-t-elle estimé, fustigeant l’absence d’économies suffisantes selon elle sur les dépenses liées à l’immigration, le périmètre de l’Etat, ou encore la suppression annoncée de deux jours fériés.”En quoi le fait de priver les Français de deux jours fériés fait faire des économies à l’État ? C’est un effort financier supplémentaire demandé à ceux qui travaillent. Ce n’est pas exactement la même chose”, a-t-elle critiqué, évoquant un “leurre”. “C’est la mesure choquante sur laquelle, évidemment, M.Bayrou reviendra en disant +ah, vous voyez, j’ai quand même fait énormément d’efforts+”.Interrogée sur son propre cas, dans l’hypothèse d’une nouvelle dissolution de l’Assemblée, la députée du Pas-de-Calais a répondu : “je me présenterai et j’irai défendre ma candidature auprès des instances chargées de la valider”. Elle déposerait dans ce cas une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) au Conseil constitutionnel sur le sujet de l’exécution immédiate d’une peine d’inéligibilité.Marine Le Pen a été condamnée en première instance dans l’affaire des assistants d’eurodéputés FN (devenu RN) à une peine immédiate de cinq ans d’inéligibilité, qui l’empêche à ce stade de concourir à la prochaine présidentielle ou à de nouvelles législatives, et ce même si elle a fait appel.”L’autorité constitutionnelle pourrait enfin analyser la validité de cette exécution provisoire de l’inéligibilité (…) j’avais dit que j’utiliserai tous les recours possibles, je le ferai”, a-t-elle argué.

Législative partielle: Dati envisage elle aussi de se présenter à Paris

Moins de vingt-quatre heures après l’annonce de la candidature de Michel Barnier, la ministre de la Culture Rachida Dati a fait savoir mercredi qu’elle envisageait aussi de se présenter à la législative partielle de la 2e circonscription de Paris, ont indiqué à l’AFP des sources LR, confirmant une information du Parisien.”Elle a appelé différentes personnalités de LR pour leur faire part de sa volonté d’y aller”, ont affirmé deux sources des Républicains interrogées sur les intentions de la maire du VIIe arrondissement de Paris de se lancer dans la course contre son ancien Premier ministre, qui appartient pourtant au même parti. “Elle a été très agacée par la manière dont Michel Barnier a annoncé sa candidature, mais aussi par la réaction du parti qui présentait dès mardi soir l’ancien Premier ministre comme (son) +prochain député+”, a ajouté l’une des sources consultées.Un argument rejeté par un dirigeant LR qui doute que Rachida Dati se présente à cette législative partielle prévue en septembre, et dont le député sortant Jean Laussucq, ex LR passé à Renaissance en 2024, a été déclaré inéligible vendredi par le Conseil constitutionnel.Il lui est reproché d’avoir réglé “des dépenses de campagne au moyen de son compte bancaire personnel” et d’avoir laissé des tiers régler “directement une part significative des dépenses” de sa campagne électorale de 2024.Mme Dati “veut mettre la pression sur Michel Barnier pour qu’il renonce à sa candidature”, explique cette source, qui rappelle qu’elle avait déjà livré “une guerre atomique contre François Fillon” en 2012, quand le Premier ministre de Nicolas Sarkozy s’était présenté dans cette même circonscription, qui s’étend le long de la rive gauche de la Seine, des jardins du Luxembourg jusqu’à la Tour Eiffel. Il s’était toutefois imposé.- “Voler en éclat” -L’entourage de Mme Dati donne une version différente et évoque un parachutage du Savoyard Michel Barnier à Paris.Rachida Dati “est engagée auprès de son territoire depuis longtemps, elle a toujours défendu le fait que les Parisiens avaient besoin d’élus implantés”, a expliqué cette source à l’AFP. Elle “va demander à être entendue par la commission d’investiture des Républicains”, a-t-elle ajouté.Selon l’une des sources consultées, la candidate potentielle à la mairie de Paris en mars n’aurait pas apprécié non plus la rumeur chez LR sur une candidature aux municipales à Paris de Michel Barnier “au cas où elle serait empêchée”, en allusion à sa mise en examen dans une affaire de corruption avec Carlos Ghosn.”Ce qui intéresse Michel Barnier, c’est la présidentielle de 2027, pas la mairie de Paris”, a rétorqué la même source, rejetant la possibilité d’une candidature de l’ancien locataire de Matignon à l’Assemblée nationale pour se positionner favorablement dans la course à la succession d’Anne Hidalgo. Chez Renaissance, un cadre juge “extrêmement maladroite” la candidature de Michel Barnier, qui “a voulu passer en force, sans avoir échangé en amont avec Gabriel Attal”, chef du parti, ni avec les élus locaux, et alors que Rachida Dati “lui avait dit avant qu’elle se présenterait”.Renaissance travaillait avec la ministre “à une solution consensuelle” pour cette circonscription, mais “la candidature de Barnier a tout fait voler en éclat et aujourd’hui chacun récupère ses billes”, déplore-t-il, expliquant préparer désormais une candidature propre au parti macroniste.Avant son élection, Jean Laussucq était l’adjoint de Rachida Dati à la mairie du VIIe arrondissement. Il avait obtenu l’investiture de Renaissance au détriment du député sortant Gilles Le Gendre, pourtant un “marcheur” historique.

Budget: critiqué de toutes parts, Bayrou veut croire un compromis possible

Certains alliés critiques, des oppositions virulentes… François Bayrou est sur la corde raide pour faire adopter son plan de rigueur budgétaire et échapper à la censure à l’automne, mais le gouvernement veut croire qu’il existe des marges de négociation du côté des socialistes.Au lendemain des annonces choc du Premier ministre, dont la suppression de deux jours fériés et le gel des prestations sociales et des retraites, pour réaliser 43,8 milliards d’euros “d’économies” en 2026, ses fidèles ont continué à défendre un effort “indispensable” et “équitablement réparti”.Emmanuel Macron a salué en conseil des ministres un plan qui a “la vertu du courage, de l’audace et de la lucidité”, selon la porte-parole du gouvernement. Depuis Lourdes, il a défendu une “stratégie solide” dont “le pays a besoin”, notamment pour “réformer”. Et si d’autres forces politiques “ont des idées plus intelligentes”, le Premier ministre “les recevra”, a lancé le chef de l’État.Il ne s’est en revanche pas prononcé sur la proposition du gouvernement de supprimer deux jours fériés. En 2019 il avait dit qu’il n’y était “pas favorable”.Mais les partenaires du Premier ministre au sein du socle commun ont semblé divisés.Le chef de file des députés Renaissance Gabriel Attal a salué sur X “la volonté du Premier ministre” de faire face à “l’ampleur du redressement budgétaire à faire, et la reprise de notre désendettement”.Alors que le patron d’Horizons et candidat à la présidentielle Édouard Philippe ne trouvait, dans Le Parisien, “quasiment rien dans ce que propose François Bayrou” qui “règle le problème”, sauf “un plan d’urgence” qui a “tout le mérite d’un plan d’urgence, mais aussi ses limites”.- “Jalons” -A droite, le président des Républicains et ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a estimé qu’un “parti de gouvernement” comme le sien “ne peut pas se défausser” sur le budget et promis de travailler à des “propositions”, tout en reconnaissant que M. Bayrou avait posé “un certain nombre de jalons” sur la dette.Dans un communiqué, il a souhaité “amender” les mesures touchant les retraités. “Tout est négociable, sauf les 43,8 milliards d’économies”, lui a répondu sur BFMTV la porte-parole LR du gouvernement, Sophie Primas, en défendant un effort “collectif”.Pour le chef de file des députés LR, Laurent Wauquiez, le plan a “le mérite de chercher des solutions” mais il doit être “corrigé et amélioré” en s’attaquant à “l’assistanat” et aux “dépenses indues liées à l’immigration”.Enfin, rien ne semblait trouver grâce au RN ou chez LFI.  Dès mardi, Marine Le Pen a agité la censure avant de cibler mercredi la baisse du taux du livret A, jugée “désastreuse et confiscatoire pour les classes moyennes et populaires”.Chez LFI, le président de la commission des Finances, Eric Coquerel, veut censurer “au plus vite ce budget trumpiste” et attend “évidemment les socialistes au rendez-vous”.”Personne ne veut voter un tel budget”, a jugé le rapporteur du budget Charles de Courson (Liot), qui se demande si “le Premier ministre, en faisant cela, n’organise pas sa sortie”.- “Discuter” -Aucune censure ne pourra toutefois être votée sans le PS. Et le gouvernement veut croire un “compromis” possible comme pour le budget 2025.”Nous allons discuter avec tous les partis. Évidemment, il y a probablement davantage de possibilités de parvenir à un accord avec le Parti socialiste”, a reconnu Eric Lombard, ministre de l’Economie.Mais si le PS n’a pas fermé la porte à une discussion, il tire à boulets rouges sur la copie gouvernementale.”Les propositions du gouvernement ne sont pas acceptables et n’offrent pas de base de négociation”, a prévenu le chef de file des députés PS Boris Vallaud, dénonçant un “musée des horreurs libérales”.Les socialistes entendent discuter sur la base de leurs propres propositions, dont la taxe dite Zucman, qui consiste à imposer à hauteur de 2% le patrimoine des milliardaires.Mais le gouvernement ne veut pas de cet impôt “extrêmement injuste” qui entraînerait “une fragilisation de notre système économique”, selon Mme Primas. Il se contente de maintenir la contribution différentielle sur les hauts revenus aux contours encore flous.Pour arriver à un accord, le gouvernement mise sur le temps, les discussions budgétaires ne démarrant qu’en octobre.”On a devant nous beaucoup de temps, ce qui est une chance” même si “nous ne voulons pas que ce compromis ressemble à une entente de couloir”, a plaidé la ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin.Mais le temps peut jouer dans les deux sens. Côté syndical, la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, a appelé à la “mobilisation” à la rentrée “pour empêcher ces régressions sociales”.

Loïk Le Floch-Prigent, un capitaine d’industrie au parcours marqué par l’affaire Elf

Loïk Le Floch-Prigent, décédé mercredi à l’âge de 81 ans, est un ancien grand patron d’industrie, socialiste, dont le parcours a été marqué par un passage en prison pour avoir détourné des fonds à la tête de l’ancien géant pétrolier Elf.Breton barbu aux yeux bleus, apparaissant costaud au temps de sa réussite, il se déclarait brisé, en 2003, par plusieurs mois de détention et apparaissait fébrile devant les juges, niant inlassablement les malversations financières qu’on lui reprochait.Il a finalement été condamné en 2003 à cinq ans de prison pour abus de biens sociaux dans le volet principal du dossier Elf, impliquant près de 305 millions d’euros de détournements.En liberté conditionnelle en avril 2004, après plus de 19 mois de détention, il avait dû, en septembre 2010 retrouver quelques mois la prison, après révocation de cette liberté conditionnelle.Lors de sa libération anticipée, l’ex-PDG de grandes sociétés publiques françaises, Rhône-Poulenc (1982-1986), Elf Aquitaine (1989-1993), GDF (1993-1995) et la SNCF (1995-1996), invoquait alors des raisons médicales.Libéré, déchu de la Légion d’honneur, il s’offusquait d’avoir été le seul patron d’Elf poursuivi et vivait mal d’être retombé si durement et de voir ses anciens amis lui tourner le dos.- Gouvernement Mauroy -Loïk Le Floch-Prigent, depuis son début de carrière en 1969, n’avait pratiquement fréquenté que les ors de la République et les plus importants présidents d’entreprises.Diplômé de l’Institut polytechnique de Grenoble et de l’Université du Missouri (Etats-Unis), né le 21 septembre 1943 à Brest, il avait refusé d’intégrer Polytechnique pour ne pas porter l’uniforme. C’est le Parti socialiste, où il entre en 1971, qui le propulsera dans le monde de l’industrie: Pierre Dreyfus, ministre de l’Industrie du gouvernement Mauroy, le choisit en 1981 comme directeur de cabinet. Un an plus tard, il est promu PDG du groupe public Rhône-Poulenc, d’où il sera débarqué par le gouvernement Chirac en juillet 1986.Après trois ans de traversée du désert, Le Floch rebondit: il est nommé à la tête d’Elf Aquitaine en juin 1989.En août 1993, après l’arrivée d’Edouard Balladur à Matignon, il doit quitter Elf mais retrouve aussitôt un poste à la présidence de Gaz de France puis, quand explose le conflit des cheminots, à l’hiver 1995, il se retrouve à la tête de la SNCF. Mais sa mise en examen le 4 juillet 1996, puis sa détention provisoire pendant quelques mois, obligent le gouvernement à lui trouver un successeur.Loïk Le Floch-Prigent avait écrit en 2006 un livre de témoignage, “Une incarcération ordinaire”. Il y dressait un catalogue des brimades et humiliations subies en prison, formulait un réquisitoire contre le système carcéral “qui date du XIXe siècle” et, avec un regard “d’ancien responsable industriel”, suggérait une remise en question de la prison.- Conseiller d’Eric Zemmour -Au début des années 2010, il disait avoir tourné la page du scandale, étant devenu consultant dans le pétrole, voyageant notamment à Brazzaville, Abidjan, Addis Abeba et Dubaï, mais aussi en Italie et en Europe de l’Est.Mais en 2012, Loïk Le Floch-Prigent a aussi été incarcéré à Lomé dans le cadre d’une enquête ouverte par la justice togolaise sur une plainte pour escroquerie d’un homme d’affaires émirati.Libéré pour raisons médicales après cinq mois de détention provisoire, il était rentré en France le lendemain, ne cessant alors de clamer son innocence.Ces dernières années, l’ancien patron socialiste s’était rapproché des cercles d’extrême-droite.Quand Eric Zemmour s’est lancé en politique, en amont de l’élection présidentielle de 2022, Loïk Le Floch-Prigent “conseillait un peu” celui qui était devenu son “ami”, surtout sur les questions industrielles, explique à l’AFP sa femme Marlène Le Floch-Prigent. Mais “il n’a jamais été de son parti”, insiste-t-elle.Lors d’une rencontre de la candidate du RN, Marine Le Pen, avec les chefs d’entreprises du mouvement patronal Ethic, en janvier 2022, Loïk Le Floch-Prigent avait souligné les progrès de Marine Le Pen en matière économique.Le patron du RN, Jordan Bardella, a salué mercredi sur X la mémoire d’un “capitaine d’industrie respecté”.Longtemps amateur de pêche à pied, Loïk Le Floch-Prigent était père de trois enfants.

Loïk Le Floch-Prigent, ancien grand patron, homme de l’affaire Elf, est décédé

Après des années à la tête des plus grandes entreprises françaises et quelques autres en détention, Loïk Le Floch-Prigent, ex-PDG d’Elf, est décédé mercredi à Paris, d’un cancer à l’âge de 81 ans. “Jusqu’au bout, le grand capitaine d’industrie qu’il était se sera battu aussi bien pour ses entreprises que pour la défense de l’industrie française”, a écrit Marlène Le Floch-Prigent, sa femme, dans une déclaration transmise à l’AFP.Il a dirigé des grandes sociétés françaises comme Rhône-Poulenc (1982-1986), Elf Aquitaine (1989-1993) racheté par Total en 1999, GDF (1993-1995) et la SNCF (1995-1996). “Loïk avait une passion pour la France qu’il a servie avec détermination aussi bien dans le monde du privé qu’en grand serviteur de l’Etat “, ajoute Mme Le Floch-Prigent dans son message. C’est le Parti socialiste, où il entre en 1971, qui le propulsera dans le monde de l’industrie. Pierre Dreyfus, ministre de l’Industrie du gouvernement Mauroy, le choisit comme directeur de cabinet. Un an plus tard, ce Breton barbu aux yeux bleus est promu PDG du groupe public Rhône-Poulenc.Il est aussi connu pour avoir passé environ deux ans en prison pour des malversations financières.La juge Eva Joly avait mis au jour un réseau de trafic d’influences, de corruption et de détournements de fonds impliquant les dirigeants du groupe, dont Loïk Le Floch-Prigent, et des ministres comme Roland Dumas et Charles Pasqua de 1989 à 1993. Loïk Le Floch-Prigent a été condamné en 2003 à cinq ans de prison pour abus de biens sociaux dans le volet principal de ce dossier Elf, impliquant près de 305 millions d’euros de détournements.Il avait été libéré avec trois ans d’avance en avril 2004, invoquant des raisons de santé, mais avait dû, en septembre 2010, retrouver quelques mois cette prison qu’il ne supportait pas.”Comme il a été président d’Elf, il a payé les pots cassés”, estime sa veuve auprès de l’AFP. En 2012, il est arrêté en Côte d’Ivoire puis extradé au Togo, où il est placé cinq mois en détention provisoire dans une affaire d’escroquerie. Rentré en France l’année suivante, il clame son innocence. – “Conseiller” -“Cet homme, qui avait été le seul à avoir dirigé trois entreprises nationales majeures Elf, GDF et la SNCF” avait “par-dessus tout l’amour et le souci de notre souveraineté et de notre industrie qui l’auront guidé toute sa vie durant”, a estimé mercredi l’avocat Patrick Klugman, qui a connu l’ancien grand patron alors détenu au Togo “dans le cadre d’un règlement de compte sordide où il n’avait rien à voir”. Ces dernières années, il exerçait des activités de “conseiller” dans l’industrie, son “cheval de bataille”, et “jusqu’au bout, il travaillait encore”, explique sa femme à l’AFP.L’ancien patron socialiste a “conseillé beaucoup de monde” en politique, “la droite, la gauche, tous les partis sont venus le chercher”, indique son épouse. “J’avais pris le réflexe de l’appeler régulièrement pour lui demander conseil sur l’énergie, sur l’industrie”, a commenté sur X mercredi l’eurodéputée zemmouriste Sarah Knafo, qui le qualifie d'”ami”.Réagissant sur X à la “triste nouvelle” de sa disparition, Erik Tegnér, directeur du média d’extrême droite Frontières, indique qu’il en était notamment “membre du comité stratégique”.”C’était un très grand chef d’entreprise, un passionné d’industrie, un personnage. Il a tout risqué et il a payé”, a écrit dans un communiqué Sophie de Menthon, la présidente du mouvement patronal Ethic qu’avait rejoint Loïk Le Floch-Prigent.

La famille Le Pen déboutée dans un dossier de dépenses au Parlement européen

Le Tribunal de l’Union européenne a rejeté mercredi le recours des héritières de Jean-Marie Le Pen contre une décision exigeant de l’ancien leader français du Front national (devenu RN) qu’il rembourse environ 300.000 euros pour des frais de mandat indus au Parlement européen.Des bracelets connectés, cravates et bouteilles de vin facturés au Parlement européen, figuraient parmi la liste d’achats jugés irréguliers dans ses fonctions d’eurodéputé.Les trois filles du leader d’extrême droite décédé en janvier contestaient la demande notifiée en 2024 par le Parlement européen. Le Tribunal de l’UE a rejeté leur recours ainsi que les accusations de procédure inéquitable, selon un communiqué.Les trois héritières, Marie-Caroline Olivier, Yann Maréchal et Marine Le Pen, “vont étudier la décision avec l’ensemble des ayants droit”, a fait savoir à l’AFP l’entourage de Mme Le Pen.Cette affaire est distincte de celle des assistants parlementaires de l’ex-Front national (devenu RN), qui a valu début 2025 à Paris des condamnations à plusieurs figures du parti dont Marine Le Pen, la benjamine de Jean-Marie Le Pen.Dans ce dossier retentissant, Marine Le Pen, deux fois qualifiée pour le second tour de la présidentielle en 2017 et 2022, a été déclarée inéligible, ce qui pourrait la priver d’une nouvelle candidature à l’élection suprême en France en 2027.L’affaire tranchée mercredi à Luxembourg par les juges européens concerne cette fois des dépenses de Jean-Marie Le Pen que l’Office européen de lutte antifraude (Olaf) avait détaillées dans un rapport d’enquête: stylos, cartes de visite, cravates, parapluie, balances de cuisine, horloges de bureau, bracelets connectés, lunettes de réalité virtuelle ou encore 129 bouteilles de vin.Pendant près d’une décennie, entre 2009 et 2018, alors qu’il siégeait au Parlement européen, le cofondateur du Front national était parvenu à facturer ces frais sous “la ligne budgétaire 400″, destinée à couvrir des dépenses de fonctionnement dans la seule institution élue de l’UE.Le rappel à l’ordre survient en janvier 2024. Le secrétaire général du Parlement informe alors l’ancien eurodéputé nonagénaire (il a siégé jusqu’en 2019) des irrégularités qui lui sont reprochées, et lui donne deux mois pour présenter d’éventuelles observations.- Pas de preuve de conformité -Le 8 juillet 2024, il lui est officiellement notifié que le Parlement lui réclame le remboursement de 303.200,99 euros considérés comme indûment perçus.”Aucune preuve d’une utilisation des crédits conforme à la réglementation applicable n’a été apportée”, selon le communiqué du Tribunal de l’UE.Dans son arrêt, la juridiction établie à Luxembourg relève que la procédure du Parlement ayant conduit à réclamer ce remboursement “n’est pas contraire aux principes de sécurité juridique et de protection de la confiance légitime”.En outre, ajoute le Tribunal, “le droit à un procès équitable n’a pas été violé”.Jean-Marie Le Pen avait également été informé de l’enquête initiale de l’Olaf et invité à présenter ses observations, est-il souligné.Sollicité par l’AFP, le Parlement européen a dit “prendre note” de la décision du tribunal.Un pourvoi limité aux questions de droit peut être formé devant la Cour de justice de l’UE dans un délai de deux mois et dix jours à compter de la notification de la décision.L’ancien FN, devenu Rassemblement national en 2018, aujourd’hui présidé par l’eurodéputé Jordan Bardella, a été éclaboussé par plusieurs scandales de financement politique.Le plus retentissant est de loin celui des assistants parlementaires européens, aux mains de la justice française et qui a donné lieu à une série de condamnations le 31 mars 2025 à Paris. Marine Le Pen, reconnue coupable de détournement de fonds publics, a été déclarée inéligible pour cinq ans, mais il y aura un procès en appel, probablement début 2026.

Le plan budgétaire de Bayrou a le “mérite de chercher des solutions” mais doit “être corrigé et amélioré”, selon Wauquiez

Le plan budgétaire de François Bayrou pour 2026 a “le mérite de chercher des solutions” mais doit être “corrigé et amélioré”, a déclaré mercredi lors d’une conférence de presse le patron des députés LR Laurent Wauquiez.Au lendemain des annonces d’économies drastiques de 43,8 milliards d’euros du Premier ministre, le député de Haute-Loire a dénoncé “la somme des réactions irresponsables de tous ceux qui rejettent tout en bloc”, visant notamment LFI et RN qui ont appelé à la censure du gouvernement. Au vu de la gravité de la situation budgétaire, il faut plus que jamais être “capable de travailler ensemble au-delà des différences politiques”, a-t-il martelé.Laurent Wauquiez a salué les économies annoncées sur “la question des agences et des opérateurs de l’État”, “la lutte contre les arrêts de travail abusifs” et la mise en place d’une “aide sociale unifiée”.Mais le plan du Premier ministre “recourt de façon importante à des augmentations d’impôts” et “pèse fortement sur la France qui travaille”, a-t-il déploré, souhaitant porter “l’effort maximal sur la baisse de la dépense”. Il demande d’abord “un plan de lutte contre l’assistanat” en plafonnant à “70% du Smic” la future allocation sociale unique, en limitant à “deux ans” le RSA et appelle à une véritable “lutte contre la fraude et les abus” avant l’adoption du budget.Le député souhaite également “s’attaquer aux dépenses indues liées à l’immigration” : supprimer les “titres de séjour pour soins”, restreindre “drastiquement l’Aide médicale d’urgence” et exige un délai minimal de résidence en France “avant de pouvoir percevoir les aides sociales”.Enfin, “on peut aller plus loin sur la limitation des dépenses et le train de vie de l’État”.Quant à la mesure hautement inflammable de supprimer deux jours fériés, cette question “fait partie pour nous des points qui sont sur la table”. “Mais les jours fériés, sans rien contre l’assistanat, c’est pas possible”, a-t-il relevé.

“Année blanche” et deux jours fériés supprimés: Bayrou dévoile sa potion budgétaire, déjà rejetée par les oppositions

François Bayrou a présenté mardi une cure budgétaire draconienne de 43,8 milliards d’euros pour 2026, avec la suppression de deux jours fériés et le gel des prestations sociales et des retraites, immédiatement décriée par les oppositions qui le menacent de censure.”C’est notre moment de vérité”, a déclaré le Premier ministre, la mine grave, lors d’une conférence de presse.Depuis des mois, le dirigeant centriste, qui a fait de la lutte contre les déficits et la dette son ADN politique, a multiplié les images esquissant un sombre tableau des finances publiques pour, dit-il, préparer les Français à un effort considérable.”Le surendettement”, qui oblige le pays à “emprunter tous les mois pour payer les retraites ou payer les salaires des fonctionnaires”, “est une malédiction qui n’a pas d’issue”, a-t-il martelé mardi, soulignant qu’à “chaque seconde, la dette de la France augmente de 5.000 euros”.Dans ce contexte, et malgré un paysage politique fracturé qui présage d’une mission quasi-impossible pour faire adopter les budgets pour 2026 au Parlement à l’automne, François Bayrou a présenté “un plan pour dire stop à la dette et un plan pour dire en avant la production”.- “Année noire” -Pour le premier, l’objectif est de ramener le déficit à 4,6% du PIB l’an prochain, contre 5,8% en 2024. Le tout dans un contexte international inflammable qui a conduit Emmanuel Macron à demander une enveloppe additionnelle de 3,5 milliards d’euros en 2026 pour la défense.Résultat, l’effort réclamé atteindra l’an prochain 43,8 milliards au lieu des 40 initialement évoqués.Et la potion risque de paraître amère.L’Etat, pour “montrer l’exemple”, va geler ses dépenses en 2026 au niveau de 2025, à l’exception de la charge de la dette et du budget des armées, a énoncé François Bayrou. Il a aussi édicté “une règle de non-remplacement d’un fonctionnaire sur trois partant à la retraite”, tandis que 5,3 milliards d’économies sont demandés aux collectivités locales.L’Etat prévoit de supprimer 3.000 postes d’emplois publics dès 2026, ou encore de “supprimer des agences improductives qui dispersent l’action de l’Etat”.François Bayrou a aussi décidé d’une “année blanche” pour toutes les prestations sociales, y compris les pensions de retraite, c’est-à-dire qu’elles seront gelées sans revalorisation au rythme de l’inflation. Même gel pour les barèmes de l’impôt sur le revenu et la contribution sociale généralisée – ce qui revient pour les détracteurs de cette mesure à augmenter ces prélèvements, alors même que la hausse des impôts est censée être une ligne rouge pour les partis qui soutiennent le gouvernement.L’abattement de 10% pour frais professionnels dont bénéficient actuellement les retraités pour l’impôt sur le revenu sera remplacé par un forfait de 2.000 euros, a indiqué le ministre de l’Economie Eric Lombard.Le plan prévoit par ailleurs le doublement à 100 euros de la franchise annuelle sur les remboursements de médicaments.- “Provocation” et “censure” -Parallèlement, le Premier ministre a proposé une mesure qui fait déjà grand bruit: la suppression de deux jours fériés, par “exemple” le “lundi de Pâques” et le “8-Mai”, pour économiser “plusieurs milliards”.Dans le même but de doper l’activité qu’il juge insuffisante en France, François Bayrou va proposer aux partenaires sociaux de nouvelles négociations sur l’assurance chômage et le droit du travail.Sans majorité, il a reconnu être “à la merci des oppositions”, qui peuvent le faire tomber comme ce fut le cas en décembre pour son prédécesseur Michel Barnier, justement sur des textes budgétaires. Or les premières réactions sont très négatives.La suppression de jours fériés est une “provocation” et “une attaque directe contre notre histoire, contre nos racines, et contre la France du travail”, a protesté le président du Rassemblement national Jordan Bardella. “Si François Bayrou ne revoit pas sa copie, nous le censurerons”, a mis en garde Marine Le Pen.Le leader de LFI Jean-Luc Mélenchon a exhorté le RN et le Parti socialiste à se joindre à “une censure sans illusions ni palabres”.Si LFI et le RN décident de renverser le gouvernement, son sort dépendra mathématiquement du PS.Mais “sur les bases actuelles (…) la seule perspective possible est la censure”, a prévenu mardi soir le patron du PS Olivier Faure sur BFMTV.”Nous ferons nos propres propositions et nous verrons comment réagira le gouvernement”, a ajouté M. Faure, qui déplore que la taxe Zucman, qui vise à prélever 2% par an du patrimoine des “ultra-riches”, ne soit “même pas évoquée” dans le plan gouvernemental.François Bayrou s’est borné pour l’instant à promettre une “contribution de solidarité” pour “les plus hauts revenus” aux contours encore flous.Le ministre de l’Economie a évoqué par la suite le maintien d’une contribution sur les hauts revenus mise en place en 2025 devant assurer que les personnes aux “revenus importants paient au moins 20% d’impôts”.De la macronie au parti Les Républicains de Bruno Retailleau, les alliés de François Bayrou, eux, sont restés extrêmement discrets.are-fff-bur-sac/sde/dch   

Les principales annonces de François Bayrou sur le budget

Le Premier ministre François Bayrou a annoncé mardi des mesures drastiques pour réduire le déficit public et faire 43,8 milliards d’euros d’économies en 2026. Voici les principales annonces.- Suppression de deux jours fériés -Le chef du gouvernement a proposé la suppression de deux jours fériés, citant comme exemples le “lundi de Pâques” et “le 8-Mai” tout en se disant “prêt à en accepter ou en examiner d’autres”.”Le lundi de Pâques n’a aucune signification religieuse”, a relevé le chef du gouvernement, alors que cette date est fériée dans plus d’une centaine de pays dans le monde.Quant au mois de mai, il est “devenu un véritable gruyère, où l’on saute de ponts en viaducs de congés”.- Gel des dépenses de l’Etat -Les dépenses de l’Etat seront gelées en 2026 au niveau de 2025, hors défense et charge de la dette.L’Etat va réduire le nombre d’emplois publics de 3.000 postes dès 2026. Certaines agences de l’Etat vont être supprimées, d’autres vont voir leurs effectifs baisser pour un total de 1.000 à 1.500 suppression de postes. François Bayrou veut aussi instaurer “une règle de non-remplacement d’un fonctionnaire sur trois partant à la retraite (…) pour les années qui viennent”.- Année blanche -Il a également annoncé un gel du barème des impôts, des prestations sociales et des retraites en 2026 afin de limiter la progression des dépenses de “sept milliards d’euros”.”On aura exactement le même montant des retraites pour chaque pensionné que celles qu’on avait en 2025″, a-t-il indiqué. “L’ensemble des prestations sociales seront maintenues en 2026 à leur niveau de 2025 et il n’y aura pas d’exception”, a-t-il ajouté.- Fiscalité -Le Premier ministre a annoncé la création d’une “contribution de solidarité” pour les Français “les plus fortunés”.Elle “devra faire participer à l’effort national les plus hauts revenus”, a-t-il dit, en rappelant aussi sa volonté de “lutter contre l’optimisation abusive des patrimoines non productifs”.”Nous ferons la chasse aux niches fiscales inutiles, inefficaces”, a-t-il ajouté.François Bayrou entend également réformer l’exemption fiscale pour frais professionnels des retraités. Ils bénéficient actuellement d’un abattement de 10%, qui sera transformé en forfait annuel dans le but de mettre à contribution les retraites les plus importantes. Un projet de loi sera déposé “à l’automne” contre la fraude sociale et fiscale.- 5,3 mds d’euros d’économies pour les collectivités -L’Etat va demander 5,3 milliards d’euros d’économies aux collectivités en 2026, selon un document transmis par Matignon à la presse.Ces 5,3 milliards d’économies, “c’est 13% de l’effort global”, a précisé à la presse François Rebsamen, ministre de l’Aménagement du territoire.- Négociations avec les partenaires sociaux -Six mois après la dernière loi sur l’assurance chômage, le Premier ministre a annoncé son intention de vouloir à nouveau réformer et débattre avec les partenaires sociaux sur les indemnisations des demandeurs d’emploi.Il va aussi leur proposer d’ouvrir des négociations sur le droit du travail afin notamment de “faciliter les recrutements” et augmenter les offres d’emploi.- Médicaments et affection longue durée -Il a annoncé le doublement à 100 euros de la franchise annuelle sur les remboursements de médicaments, dans le cadre d’un plan de réduction de 5 milliards d’euros des dépenses sociales annuelles.Parmi les autres mesures d’économie figure également une révision du statut des affections longue durée, avec un déremboursement des médicaments “sans lien” avec la maladie et la “sortie du statut” dans certains cas qui ne sont plus justifiés.- Allocation sociale unifiée -François Bayrou va proposer avant la fin de l’année un projet de loi pour créer “une allocation sociale unifiée”.Le versement social unique, qui fusionnerait plusieurs prestations sociales (RSA, prime d’activité…), est une ancienne promesse de campagne d’Emmanuel Macron pour faciliter le recours à certaines de ces aides.Â