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Budget: la coalition gouvernementale douche tout espoir d’une adoption en première lecture

Des taxes déconnectées de “l’économie réelle” et une copie empreinte d'”insincérité”: le gouvernement et ses soutiens jugent sévèrement la version du projet de budget de l’Etat élaborée par les députés, promise en cas de vote à un rejet.Lundi, le Premier ministre Sébastien Lecornu a tenté de rassurer le monde de l’entreprise au sommet Choose France. Certaines taxes votées en première lecture à l’Assemblée nationale “n’auront jamais d’application”, a-t-il affirmé. Et le chef du gouvernement de pointer des “aspirations à la justice fiscale ou sociale” qui “se déconnectent complètement de l’économie réelle”.Mardi, son entourage vend la mèche. Semblant se préparer à un vote, les groupes du camp gouvernemental à l’Assemblée lui ont signifié que même eux ne pourraient pas approuver la partie recettes du projet de budget de l’État pour 2026, invoquant l'”insincérité” de mesures adoptées.Si ces groupes ont affirmé vouloir “un compromis” lors de la navette parlementaire, selon l’entourage du Premier ministre, ils devraient donc osciller entre abstentions et vote contre sur ce texte d’ici à dimanche. Invité des sénateurs de son parti, le patron des députés Les Républicains Laurent Wauquiez a annoncé son rejet au vu de “toutes les horreurs fiscales” qu’il contient.- “Très mal parti” -Le patron de la droite et sénateur Bruno Retailleau a estimé auprès de l’AFP que c’était “très mal parti” pour que le budget soit voté. “Le gouvernement veut acheter à tout prix, à n’importe quel prix, le fait de durer un peu plus”. Dans le viseur du socle commun plusieurs mesures fiscales, notamment une taxe sur les multinationales adoptée à l’initiative de LFI. Elle “n’existe pas” faute d’assiette réelle, a affirmé M. Lecornu, mais une large partie du camp gouvernemental souhaite quand même qu’elle soit évacuée.”Je ne vois pas une majorité se dégager. Ce n’est pas la somme du compromis, c’est la somme de toutes nos envies. C’est un texte un peu orphelin de responsabilité”, a résumé lundi sur LCP Marc Fesneau, patron du groupe MoDem.Pour les socialistes, qui ont fait le pari de la non-censure en espérant faire pencher le budget suffisamment à gauche, la copie actuelle est également insuffisante.Les députés ont certes voté une réindexation du barème de l’impôt sur le revenu, doublé la “taxe Gafam” ou encore revu à la hausse l’impôt sur les sociétés.Mais il n’y a “pas assez de justice fiscale”, notamment “sur le patrimoine”, pointe le député PS Philippe Brun, en charge du projet de loi de finances pour son groupe.- Encore 1.300 amendements -A ce stade, l’Assemblée doit encore écluser quelque 1.300 amendements sur la partie recettes du projet de budget de l’Etat.Si le gouvernement a d’ores et déjà acté qu’un vote sur les dépenses était hors de portée, celui sur cette première partie est encore possible, avant dimanche minuit, moment où se terminera le délai de 40 jours constitutionnellement imparti à l’Assemblée pour se prononcer en première lecture.En cas de rejet, quasi inévitable puisque ni les oppositions ni la majorité ne s’y retrouvent, c’est le texte initial du gouvernement qui irait au Sénat.Cette hypothèse désole Philippe Brun: “Il y a quelque chose d’assez désespérant à ce que tout le travail fait depuis trois semaines un mois soit jeté à la poubelle”, dit-il à l’AFP.Si la partie recettes est rejetée en première lecture, “à aucun moment on ne pourra réintroduire des éléments de justice fiscale, à aucun moment la copie ne sera acceptable” pour les socialistes, dit-il à l’AFP, appelant le gouvernement à “relancer les discussions pour arracher un compromis”.Une autre possibilité serait de laisser se prolonger les débats sans aller au vote, ce qui permettrait d’envoyer au Sénat le texte du gouvernement enrichi des amendements adoptés par l’Assemblée.Le président de la commission des Finances, Eric Coquerel (LFI), a lui de nouveau mis en garde mardi contre un passage du budget par ordonnances, alors que le Sénat pourrait selon lui ne voter que le 15 décembre sur le budget de l’Etat, laissant huit jours seulement pour terminer la navette parlementaire.La Constitution prévoit un délai de 70 jours pour adopter le projet de loi de finances, au-delà duquel les ordonnances sont possibles.Autre scénario: l’adoption d’une loi spéciale pour pallier l’absence de budget, avant qu’un nouveau budget ne soit présenté aux députés en début d’année. Plusieurs cadres de l’opposition, comme de la majorité, privilégient cette hypothèse. are-sl-sac-ama-la/sde/sp

Pacte Dutreil : la Cour des comptes propose une réforme, le Medef outré, Bercy réservé

La Cour des comptes a présenté mardi des propositions de réforme du pacte Dutreil sur les transmissions d’entreprises familiales, qui en diviseraient le coût par deux pour les finances publiques, mais ont mis en colère le Medef et reçu un accueil très froid de Bercy.Le pacte Dutreil, du nom de l’ancien ministre des PME Renaud Dutreil, favorise depuis 2003 le maintien des entreprises familiales de toutes tailles à l’intérieur de la famille, à l’origine pour préserver le tissu industriel et éviter des rachats par des entreprises étrangères.Le dispositif, utilisé par des milliers de familles chaque année, permet notamment, sous réserve d’un engagement de conservation de l’entreprise pendant six ans minimum, d’obtenir un abattement de 75% sur la valeur des biens transmis.Le rapport de la Cour des comptes constitue la première évaluation chiffrée de cette niche fiscale, réalisée avec l’Institut des politiques publiques (IPP). Selon la juridiction économique, elle a coûté plus de 5,5 milliards d’euros de manque à gagner au fisc en 2024 – en raison d’une énorme transmission – alors que Bercy ne l’avait inscrite que pour 500 millions dans le projet de loi de finances (PLF), comme chaque année. – “Peu discernables” -Depuis, le ministère a revu ses prévisions à la hausse : le pacte figurait pour 800 millions dans le PLF 2025 et 4 milliards dans celui de 2026.Dans le même temps, la Cour juge “peu discernables” les résultats économiques du pacte, a souligné lors d’une conférence de presse son Premier président Pierre Moscovici. Si elle considère qu’un tel dispositif se justifie par la fiscalité élevée des transmissions en France, elle propose de le restreindre nettement.Elle suggère ainsi d’exclure les biens non professionnels de l’abattement, d’allonger la durée obligatoire de détention des titres, et de réduire ou moduler le taux d’abattement de 75%, en fonction du montant transmis ou de l’exposition de l’entreprise à la concurrence internationale.”Je ne peux que souhaiter que les parlementaires s’emparent (du rapport) dans le cadre du débat budgétaire en cours”, a glissé M. Moscovici.Or ce débat est inflammable, et les avantages financiers du pacte régulièrement critiqués à gauche. Ce climat a sans doute poussé de nombreuses entreprises à souscrire un Dutreil ces dernières années, craignant qu’il soit remis en cause à l’avenir, estime la Cour.Les députés en ont déjà resserré les critères début novembre, supprimant les biens non-professionnels de l’abattement et allongeant la durée de détention obligatoire.- “Lamentable” -Le rapport a mis en colère le Medef et le Meti (mouvement des entreprises de taille intermédiaire).Dans un communiqué, ils qualifient de “partiales et partielles” les analyses de la Cour, agitant l’épouvantail de la “prédation de nos produits, savoir-faire, PME et ETI” par des rachats étrangers si les paramètres du pacte, qualifié de “trésor national” pour avoir fait décoller le nombre d’ETI en France, sont modifiés.Alors que le projet de loi de finances arrive au Sénat fin novembre, le gouvernement veille au grain. Lundi, devant des dizaines de chefs d’entreprises réunis à l’évènement Choose France, le Premier ministre Sébastien Lecornu a qualifié le pacte Dutreil “d’avancée absolument formidable”, tandis que la ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin suggérait quelques corrections “pour le rendre moins attaquable”.En l’occurrence, a précisé Bercy mardi, l’établissement d’une liste de “biens somptuaires” – yachts, voitures de luxe… – qui se glissent parfois dans la transmission Dutreil, et devront en être explicitement exclus.Bercy a poliment salué “le travail d’analyse de la Cour des comptes, précieux et complémentaire de l’action menée par Bercy ces dernières années”, mais critiqué les calculs avancés par la Cour.Dès fin octobre, alors que le rapport avait fuité, Renaud Dutreil avait accusé cette dernière d’avoir un “intérêt idéologique” avec ce rapport, et d’être une “officine du Parti socialiste”, parti de M. Moscovici pendant sa carrière politique.”Un commentaire lamentable, une remise en cause infondée, indécente, et peut-être un signe de fébrilité”, a tancé mardi le Premier président de la Cour.

“Ce qu’ils veulent c’est nous dégager!”: en Seine et Marne, la colère de maires de petites communes

Parité obligatoire et fin du panachage: la réforme du scrutin électoral dans les communes de moins de 1.000 habitants divise. Si certains élus y voient une avancée, d’autres redoutent qu’elle signe la disparition progressive des petites localités, à l’image de ce qui se joue en Seine-et-Marne.Dans sa mairie située face à l’église romane du XIe siècle, Romain Senoble, 62 ans, regrette déjà le vote “à l’ancienne”. “Avant les gens avaient la possibilité de panacher les listes: ils pouvaient rayer des noms, en ajouter, raturer, faire des commentaires sur un tel ou un tel”, explique le maire de Forges (Seine-et-Marne), petite commune rurale de 480 habitants. “Pour moi, c’était l’expression directe de la démocratie.” Près de 70 % des communes françaises, soit 25.000, comptent moins de 1.000 habitants.En mai dernier, le Conseil constitutionnel a mis un terme à ce système de panachage, également appelé “tir aux pigeons” en validant une nouvelle loi qui impose aux petites communes de présenter des listes de candidats alternant femmes et hommes. Un système désormais identique à celui des autres villes françaises.En cas de rature, le bulletin sera dorénavant considéré comme nul. “On l’a bien expliqué dans un article du bulletin municipal, mais les gens nous disent que ça les embête beaucoup” de ne plus pouvoir s’exprimer à leur guise, précise Laurence Klein, maire de Villemaréchal-Saint-Ange.Selon une enquête AMF/Cevipof-Sciences Po publiée vendredi sur leur état d’esprit, 52% des maires jugent la réforme mauvaise. Le rejet grimpe à 68% chez les édiles de communes de moins de 500 habitants.Yves Lagües-Baguet est lui favorable au changement. “Il est important d’avancer, de voter pour un projet et plus pour des hommes et des femmes en déglinguant au tir au pigeons celui-ci ou celui-là avec”, précise le maire de Champeaux, 814 habitants en 2022.Dans sa mairie, Jean-Luc Auzou, 68 ans, ne décolère pas. “Ce qu’ils veulent c’est nous dégager! Ils veulent supprimer des maires parce qu’à Paris, ils disent qu’il y en a trop”, estime l’édile de Courcelles-en-Bassée, pour qui les nouvelles règles visent uniquement à compliquer les choses aux candidats, notamment en imposant la parité.S’il assure avoir le nombre requis de femmes sur la liste qu’il déposera à la préfecture, le maire, élu en 2020 par la centaine d’électeurs que compte son village de 210 habitants, confesse qu’il n’aurait “peut-être pas repris les mêmes” s’il avait eu le luxe de pouvoir convaincre de nouvelles têtes. “Dans les petits villages, ça va poser des problèmes. C’est vrai que le plus dur pour moi a été de recruter des femmes. Celles que j’allais voir avaient des enfants et ça n’allait pas dans leur emploi du temps”, regrette de son côté Laurence Klein dont la commune a fusionné en 2019 avec une autre qui ne trouvait pas de candidat. – “La France Amazon” -La fusion: c’est bien le scénario que redoutent de nombreux élus de petites villes. “Si vous n’arrivez pas à constituer une liste complète et si vous n’avez pas la parité, le préfet la refusera et désignera une délégation spéciale pour gérer les affaires courantes”, explique Romain Senoble, le maire de Forges. Ensuite, si dans un délai de trois mois, aucune liste n’était constituée, la commune sera rattachée à une autre pour former une commune nouvelle, précise la préfecture de Seine-et-Marne. Une “solution exceptionnelle”, envisagée “en dernier recours”. Dans pareille situation, Courcelles-en-Bassée fusionnerait probablement avec Marolles-sur-Seine, imagine son maire, mécontent à cette idée. “Le maire de Marolles, il a assez à faire. Il se foutra royalement des habitants de mon village. Tout ça, c’est la France Amazon, la France sans contact où on ne se parle pas mais où on impose des trucs”, poursuit Jean-Luc Auzou.”La commune c’est quand même une richesse. Les gens aujourd’hui c’est dans leur commune qu’ils se reconnaissent”, abonde Romain Senoble, rappelant que le maire est l’élu préféré des Français. “Si ça arrive, ce sera à la marge”, relativise de son côté François Deysson, vice-président de l’association des maires ruraux de Seine-et-Marne. Moins précautionneux, son collègue Yannick Guillo rejette la faute sur les candidats: “Disons-le, quelqu’un qui a la prétention de gérer une commune, qui n’est pas capable de rassembler avec lui une équipe paritaire dans les chiffres qu’on nous demande, (…) c’est quelqu’un qui ne fait pas consensus”.

Le tandem Merz-Macron en quête de souveraineté numérique pour l’Europe

Le chancelier allemand et le président français veulent impulser mardi à Berlin la quête de “souveraineté numérique” d’une Europe terriblement dépendante des géants américains de la tech en pleine course à l’IA. Friedrich Merz et Emmanuel Macron, les dirigeants des deux plus grandes économies européennes, veulent donner un coup d’accélérateur à cette ambition à l’occasion d’un sommet réunissant, outre les politiques, des patrons des entreprises du secteur, à commencer par le spécialiste français de l’intelligence artificielle Mistral, et le géant allemand des logiciels SAP.Face à l’ampleur et la vitesse de la révolution technologique en cours, les dirigeants européens et les entreprises du secteur sont appelés à trouver des solutions pour avoir la main sur le destin numérique de l’Europe.Les inquiétudes liées à la domination américaine ont pris une autre dimension avec le retour à la Maison Blanche du président Donald Trump, qui mène une politique commerciale offensive avec ses droits de douane accrus et veut se désengager militairement du continent européen.Selon le ministre allemand du Numérique, Karsten Wildberger, la réunion de mardi aura donc pour “message central” que “l’Europe est prête à bâtir son propre avenir numérique”.S’exprimant lundi en marge de l’inauguration du chantier d’un centre de données estimé à 11 milliards d’euros, il a plaidé pour une Europe qui travaille “plus vite” et “ensemble”.Car un point clé est le reproche fait à l’Union européenne (UE) de tout ralentir avec ses règles et sa bureaucratie.L’UE doit d’ailleurs proposer cette semaine des assouplissements de sa réglementation concernant l’IA et la protection des données.Entreprises européennes et américaines n’ont cessé de dénoncer des législations trop complexes, freinant l’innovation et la compétitivité. Mais pour d’autres acteurs, en particulier de la société civile, il faut des garde-fous et protéger les données des citoyens.- Le défi du Cloud -Un autre enjeu des discussions à Berlin sera l’effort à faire pour créer des capacités européennes dans l’informatique à distance (“cloud computing”), un secteur sous la coupe de Google, AWS (filiale d’Amazon) et Microsoft.MM. Merz et Macron doivent marteler leur message à tour de rôle dans des discours mardi après-midi, lors d’une conférence plénière à laquelle assisteront aussi de nombreux ministres européens du Numérique.Outre la domination des États-Unis, l’Europe est aussi face au défi de sa dépendance à l’égard de l’Asie, en particulier la Chine, pour les équipements, semi-conducteurs ou composants d’ordinateurs.Selon une enquête menée par l’association allemande Bitkom, environ 90% des entreprises allemandes qui importent des biens ou services numériques se considèrent dépendantes de ceux-ci.- “Musée” technologique? -Interrogé par l’AFP, le président de Bitkom, Ralf Wintergerst, a souligné l’urgence d’investir massivement.”L’Europe ne doit pas se faire distancer, les investissements d’aujourd’hui sont les emplois de demain”, a-t-il noté, “si l’Europe ne veut pas devenir un musée technologique, nous devons augmenter les investissements de manière significative”.Mais la bataille s’annonce difficile, entre croissance atone, retard accumulé, et des entreprises miniatures quand on les compare aux rivales américaines.Ainsi, selon Bitkom, les centres de données européens, un élément clé de la révolution de l’IA, avaient une capacité de 16 gigawatts l’an dernier, contre 48 aux Etats-Unis et 38 à la Chine.Autre exemple, certains récents investissements annoncés en Allemagne ne font qu’illustrer la dépendance vis-à-vis des Américains: un des projets est entre les mains de Google, l’autre repose sur les puces du géant Nvidia.Pour un responsable français, il ne s’agit donc pas tant d’une “confrontation” avec les Etats-Unis ou la Chine que de savoir “comment protéger nos coeurs de souveraineté et quelles sont les règles qui doivent être mises en place”.

Une édition de Choose France focalisée sur les entreprises tricolores qui investissent en France

Le sommet Choose France, grand-messe annuelle habituellement destinée aux investisseurs étrangers, a mis à l’honneur lundi, pour sa première “édition France”, les entreprises tricolores qui choisissent d’investir dans le pays, à hauteur de 30,4 milliards d’euros cette année.Choose France valorise chaque année les investissements en France d’entreprises étrangères, et la France est cette année pour la sixième fois consécutive pays le plus attractif d’Europe, selon le cabinet EY.Mais il s’agissait cette fois de saluer, à la maison de la Chimie à Paris et non sous les ors du château de Versailles, les 151 investissements annoncés cette année par des entreprises françaises, pour un total de 30,4 milliards d’euros dont 9,2 milliards d’euros annoncés lors de l’évènement lundi.Ces derniers concernent surtout des centres de données: champion de la journée, OpCore (groupe Iliad, maison mère de l’opérateur Free) va investir 4 milliards d’euros dans un nouveau “data center” (centre de données) en Seine-et-Marne.Eclairion investira lui 2,5 milliards d’euros en Moselle, Sesterce 1,5 milliard en Auvergne-Rhône Alpes et Thésée 60 millions d’euros dans les Yvelines, toujours pour des centres de données.”Dans le monde actuel, chaque entreprise regarde partout pour ses investissements, en UE ou ailleurs”, remarque-t-on à Bercy, et “c’est bien de pouvoir féliciter celles qui continuent à investir en France”.- “Mélasse” -Certains jugent qu’il y a urgence à rassurer des patrons choqués, ces dernières semaines, par l’avalanche de taxes sur les entreprises votées par les députés dans le cadre du budget: 53 milliards d’euros, selon les calculs du Medef.Le Premier ministre Sébastien Lecornu s’y est employé en personne lors d’une table ronde dans l’après-midi, soulignant que certaines de ces taxes “n’auront jamais d’application”. La bataille budgétaire n’est de toute façon pas finie et le Sénat pourrait bien détricoter une grande partie de ces taxes.Alexandre Huard, directeur général de Verso Energy (carburants synthétiques) est optimiste: “les taxes ça va ça vient, et cela ne nous dissuadera pas d’investir pour créer les usines et les emplois de demain”, explique-t-il à l’AFP, d’autant que la France “est une terre bénie” pour sa future usine de Rouen, grâce à son électricité bas carbone, qui attire aussi les centres de données.L’investissement des entreprises est pourtant au plus bas depuis la crise sanitaire, selon le baromètre Bpifrance Le Lab publié mercredi: les chefs d’entreprise sont 39% à souhaiter investir cette année, contre 45% en septembre, tandis qu’au premier semestre, selon la Direction générale des Entreprises, le solde entre ouvertures ou extensions d’usines et fermetures est à peine positif (+9).Alors que ce Choose France s’achevait lundi soir par un dîner à l’Elysée, en présence notamment du prix Nobel d’économie Philippe Aghion, ou des équipes chargées d’ouvrages des Jeux olympiques ou de restauration de Notre-Dame-de-Paris, symboles de succès français, l’économiste Sylvain Bersinger, du site Bersingéco, est plus amer: “Macron pourra en offrir, des petits fours aux chefs d’entreprise, pour faire oublier sa dissolution et la mélasse dans laquelle le pays patauge depuis”.- “Je ne ferais pas ton métier” – Pourtant, a souligné Roland Lescure, les chiffres macroéconomiques sont encourageants, avec une croissance inattendue de 0,5% au troisième trimestre. La croissance annuelle devrait ainsi dépasser la prévision de 0,7% pour cette année.Malgré les attitudes commerciales sans concession des Etats-Unis et de la Chine, M. Lescure entrevoit cependant “un avant et un après” l’affaire de la vente de poupées sexuelles représentant des enfants sur la plateforme asiatique Shein. Il a constaté depuis “un véritable changement” à Bruxelles et une volonté accrue de réagir face à cette concurrence de la part de ses collègues européens jusqu’à, espère-t-il, une “préférence européenne” à l’avenir.Outre les projets de data centers, les principaux  investissements annoncés lundi, qui concernent toutes les régions et toutes les tailles d’entreprises, émanent pour les nouveaux de Sanofi (pharmacie, un milliard d’euros), Holosolis (photovoltaïque, 800 millions) NGE (construction, 400 millions, Elyse Energy (biocarburant, 213 millions), OVH (cloud, 160 millions) et Derichebourg (recyclage, 130 millions).”La voix des entrepreneurs doit être mieux entendue : on engage tous les jours notre argent avec des horizons probablement plus lointains que ceux des politiques”, a lancé en clôture le président du Medef Patrick Martin à Roland Lescure, “et je ne ferais pas le métier que tu fais”.”Ce n’est pas un métier, c’est une expérience!” a rétorqué le ministre sous les rires de l’assistance. 

À son procès à Paris, le Martiniquais Serge Letchimy défend les conditions de son départ à la retraite

La figure politique martiniquaise Serge Letchimy a défendu lundi sa “probité” à l’ouverture de son procès à Paris sur les conditions de son départ à la retraite début 2016 en tant que fonctionnaire territorial de Fort-de-France, en parallèle de son mandat de député.Héritier politique d’Aimé Césaire, Serge Letchimy, 72 ans, est poursuivi pour recel de détournement de fonds publics aux côtés du maire de Fort-de-France Didier Laguerre, de son premier adjoint Yvon Pacquit et l’ancien directeur général des services de la collectivité. Le procès est prévu jusqu’à jeudi.”Depuis ma rencontre avec Aimé Césaire et après 40 ans de vie politique et 33 ans en tant qu’élu, à aucun moment ma probité n’a été remise en cause. J’ai toujours eu la volonté d’une grande transparence et l’exigence d’une intégrité dans toutes mes fonctions politiques, tant au niveau national qu’au niveau local”, déclare à la barre celui qui est l’un des visages les plus connus de la vie publique martiniquaise et des outre-mer français.Le parquet national financier (PNF), basé à Paris, reproche à Serge Letchimy d’avoir été réintégré au premier trimestre 2016 dans ses fonctions d’ingénieur territorial pour la mairie de Fort-de-France pour faire valoir ses droits à la retraite anticipée, tandis qu’il exerçait le mandat de député de la 3e circonscription de Martinique.Dans cette “violation du principe de séparation des pouvoirs et de non-cumul des emplois”, la justice lui reproche d’avoir coûté à la mairie de Fort-de-France 34.000 euros de salaires et charges pendant les trois mois de sa réintégration dans l’administration locale. Serge Letchimy est également accusé d’avoir indûment perçu 67.000 euros d’incitation financière au départ à la retraite et 97.000 euros de pensions de retraite entre avril 2016 et mars 2019.Convoqué à la barre pour son interrogatoire de personnalité en ce premier jour d’audience, Serge Letchimy remet en contexte son départ à la retraite. Après sa défaite au second tour des régionales de 2015, il dit avoir envisagé un temps d’abandonner la politique et de partir dans le secteur privé.- Personnage de roman -“Je n’ai jamais demandé à être réintégré au sein de la municipalité pour occuper une fonction. J’ai seulement demandé la possibilité d’exercer mon droit de départ à la retraite. Ensuite, j’ai suivi la procédure qui m’a été indiquée”, affirme-t-il.L’ex-député au casier judiciaire vierge se défend d’avoir exercé la moindre activité à cette occasion, ni même d’avoir demandé paiement de son salaire durant les trois mois de sa réintégration dans la fonction publique territoriale.”C’est une réintégration administrative et tout de suite mise en congés. Lorsque j’ai reçu un premier virement, j’ai tout de suite appelé (le directeur général des services) et j’ai dit +qu’est-ce que c’est que ça ?+. On m’a répondu que c’était obligatoire.”Adoubé très tôt par Aimé Césaire, le père de la “négritude”, Serge Letchimy a connu une trajectoire constamment ascendante: maire de la “capitale” martiniquaise de 2001 à 2010, député de 2007 à 2021, président de la Région en 2010 puis, en 2021, président de la toute jeune Collectivité territoriale de Martinique.A l’Assemblée, ce bon orateur s’était fait un nom à travers plusieurs séquences politiques marquantes. En 2012, son interpellation très vive du ministre de l’Intérieur Claude Guéant après des propos sur la hiérarchie supposée des civilisations avait provoqué la sortie de l’hémicycle du gouvernement Fillon et de l’ensemble de la majorité, un épisode rarissime sous la Ve République.En 2011, il avait été le rapporteur d’une loi sur l’habitat indigne en outre-mer. Rien de surprenant pour cet urbaniste de formation qui a contribué à la réhabilitation de l’emblématique quartier Texaco à Fort-de-France, un ancien bidonville squatté par des familles pauvres d’origine rurale.Un épisode de l’histoire de la Martinique rendu célèbre par le roman “Texaco” de Patrick Chamoiseau, prix Goncourt 1992, dans lequel Serge Letchimy était mis en scène dans le rôle – réel – d’un urbaniste accueilli très froidement par les habitants.Le calendrier judiciaire tombe en outre au plus mal pour Serge Letchimy qui risque l’inéligibilité, alors que l’élu est en plein chantier pour préparer les évolutions institutionnelles de l’île.

Macron et Zelensky signent un accord d’armement “historique”, l’Ukraine veut acheter 100 Rafale

Volodymyr Zelensky a signé lundi avec Emmanuel Macron à Paris une “déclaration d’intention” qu’il a qualifiée d'”historique” en vue de l’achat futur de cent avions de combat français Rafale, dont l’Ukraine entend se doter pour la première fois, et de systèmes de défense aérienne.Cet accord “s’inscrit dans un autre espace de temps” par rapport aux cessions d’armement décidées jusqu’ici par les alliés occidentaux de Kiev pour aider les forces ukrainiennes à repousser l’invasion russe lancée en février 2022, a expliqué le président français devant la presse à l’Elysée.Il s’agit du temps “de la régénération de l’armée ukrainienne dans l’avenir”, afin qu’elle soit “en capacité de dissuader toute nouvelle incursion” une fois la paix ou un cessez-le-feu conclu, a-t-il ajouté.”C’est un accord historique et nous apprécions beaucoup le soutien de la France”, a dit à ses côtés Voldodymyr Zelensky.Auparavant, sur la base aérienne 107 de Villacoublay, au sud-ouest de Paris, des industriels avaient présenté les fleurons de l’armement tricolore au dirigeant du pays en guerre, et les deux présidents avaient signé cette “déclaration d’intention qui porte sur la coopération relative à l’acquisition par l’Ukraine d’équipements de défense français” neufs.Selon Emmanuel Macron et Volodymyr Zelensky, l’accord se projette sur un horizon d’une dizaine d’années et porte sur de possibles contrats à venir pour l’acquisition de quelque “100 Rafale”, avec leurs armements associés, ainsi que huit systèmes de défense aérienne SAMP-T nouvelle génération, en cours de développement.- Scandale de corruption -Sont aussi concernés quatre systèmes de radar, “de nouvelles acquisitions de bombes propulsées (AASM Hammer)”, et des drones d’observation, d’attaque ou d’interception, a précisé la présidence française.Le président ukrainien avait déjà signé le mois dernier une lettre d’intention en vue d’acquérir 100 à 150 avions de chasse suédois Gripen.Ce changement d’approche permet de planifier le renforcement à long terme de la défense ukrainienne après une éventuelle issue du conflit.S’agissant des drones et des bombes guidées, Emmanuel Macron a évoqué “des engagements de production d’ici à la fin de l’année et sur les trois années qui viennent”. Sur les Rafale, les délais s’annoncent plus longs, en raison des temps de négociation des contrats, de production et de formation des pilotes.S’agissant du financement, il reste à clarifier mais la France compte avoir recours à la fois à sa propre contribution budgétaire et aux mécanismes européens. Le président français a d’ailleurs relancé la piste de “l’endettement commun” pour que l’Union européenne puisse “continuer d’apporter à l’Ukraine un soutien financier prévisible et stable à long terme” – malgré la résistance allemande.Cette neuvième visite du dirigeant ukrainien en France depuis le début de la guerre intervient alors que la situation sur le front est compliquée pour son pays, à l’orée de l’hiver. L’armée russe, plus fournie et mieux équipée, poursuit depuis des mois ses attaques sur le front et gagne lentement du terrain dans certains secteurs, en dépit de lourdes pertes. Dans la nuit de dimanche à lundi, des frappes russes ont tué au moins trois personnes dans la région de Kharkiv, dans l’est de l’Ukraine, selon les autorités locales.- “Force multinationale” -“Tout est prêt pour la paix. La Russie seule s’y refuse”, a déclaré Emmanuel Macron, condamnant “l’intensification des frappes contre les infrastructures énergétiques”, “preuve supplémentaire de cette agressivité et de ce cynisme”. Le déplacement, après la Grèce dimanche et avant l’Espagne mardi, a lieu aussi au moment où l’Ukraine est ébranlée par un scandale de corruption ayant poussé deux ministres à la démission et forcé Volodymyr Zelensky à prendre des sanctions contre l’un de ses proches.Le président français s’est borné à cet égard à dire sa “confiance” dans son homologue pour mener les “réformes profondes” requises pour l’adhésion de l’Ukraine à l’UE, “notamment en matière d’État de droit, de transparence, de gouvernance, de lutte contre la corruption”.”Quant à savoir si c’est suffisant (ce qui a été fait pour lutter contre la corruption, ndlr) – non, ce n’est pas suffisant. Nous continuerons les actions correspondantes”, a promis de son côté M. ZelenskyEmmanuel Macron et Volodymyr Zelensky se sont aussi rendus au mont Valérien, à l’ouest de Paris, visiter l’état-major de la “force multinationale Ukraine” que Paris et Londres préparent pour qu’elle puisse être déployée dans le cadre d’un éventuel accord de cessez-le-feu et des “garanties de sécurité” à fournir à Kiev.Mis en place par la “coalition de volontaires”, à laquelle participent, selon l’Elysée, 35 pays en incluant l’Ukraine, cet état-major “fonctionne” et est “dès à présent” capable “de déployer une force dès le lendemain d’un cessez-le-feu”, assure-t-on côté français.Dans l’après-midi à l’Elysée, les deux dirigeants participeront à un “forum drones franco-ukrainien”.

Les députés reviennent sur la hausse prévue du “malus CO2” pour les véhicules polluants

Les députés sont revenus lundi en première lecture, sur proposition du gouvernement, sur une disposition du projet de loi prolongeant d’une année le durcissement du “malus C02” sur les véhicules les plus polluants. Selon la trajectoire adoptée dans le budget 2025, le seuil de déclenchement du malus doit passer de 108 grammes de CO2 émis par kilomètre en 2026 à 103 grammes en 2027.Le gouvernement propose dans son projet de budget de prolonger cette trajectoire par une nouvelle baisse de 5 grammes en 2028 afin “de maintenir l’incitation à la mise sur le marché de véhicules moins polluants”.Mais, du fait notamment de l’opposition de députés RN, LR et du centre, la ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin a constaté dans l’hémicycle que “ce point d’ajout d’une nouvelle année dans la trajectoire du malus ne faisait pas consensus” et a proposé de le supprimer.”Dans les marches pour le climat on disait +les petits pas, ça ne suffit pas+, mais vous, vous ne faites même pas les petits pas”, a regretté la députée écologiste Lisa Belluco.Les députés ont par ailleurs adopté un amendement RN pour exonérer les familles nombreuses du “malus masse” sur les véhicules les plus lourds.”Les familles nombreuses de trois enfants et plus ont besoin de véhicules plus grands et donc plus lourds. Plus vous avez d’enfants, vous avez besoin de véhicules plus grands”, a argumenté le RN Jean-Philippe Tanguy. Au nom du gouvernement, le ministre délégué à la Fonction publique David Amiel s’y est opposé, faisant remarquer qu’il y a “déjà des abattements pour les familles nombreuses, de 200 kilos par enfant pour le malus masse”.Enfin, l’Assemblée a adopté un amendement du député Renaissance Jean-Marie Fiévet pour que l’exonération du malus masse ne soit pas limitée aux seuls véhicules électriques +à faible empreinte carbone+ comme cela doit entrer en vigueur au 1er juillet 2026.Selon lui, les véhicules à faible empreinte carbone ne représentent que 35% des modèles électriques commercialisés en France. “Le signal envoyé aux consommateurs est celui d’une fiscalité punitive sur l’électrique”, a-t-il argumenté.Le gouvernement, comme le rapporteur général Philippe Juvin (LR) ont demandé le retrait de cet amendement, expliquant en substance que cette limitation aux seuls véhicules à faible empreinte carbone avantage les modèles fabriqués en Europe par rapport aux véhicules chinois.”Cela permet par exemple, que des véhicules électriques qui sont produits en dehors de l’Union européenne à base d’électricité, dans des centrales à charbon” ne soient pas exonérés de ce malus, a plaidé, en vain, M. Amiel.

Le maire LR de Tarbes, jugé pour favoritisme, plaide des “erreurs”

Le maire de Tarbes, Gérard Trémège (LR), a nié lundi avoir organisé un “système” pour avantager des proches, au premier jour de son procès à Pau pour favoritisme et prise illégale d’intérêts, admettant des “erreurs” mais dénonçant un dossier “orchestré” contre lui.Mis en examen depuis 2015, l’élu de 81 ans, en poste depuis 2001, est soupçonné d’avoir favorisé plusieurs proches en leur attribuant frauduleusement des marchés publics ou en leur cédant des terrains et bâtiments municipaux à prix réduits, entre 2009 et 2015.Dans le viseur des enquêteurs notamment, les contrats d’élagage de cette ville des Hautes-Pyrénées, attribués à une société “qui ne respecte pas la législation”, ou de multiples marchés publics de rénovation accordés à des candidats aux “dossiers incomplets”, couplés souvent avec des coûts “nettement supérieurs” à ceux du marché.”Un système Trémège pour avantager des proches”, ont résumé les enquêteurs qui s’appuient sur deux expertises judiciaires ayant pointé de “gros manques de rigueur” et “de professionnalisme” pour une commune de cette taille (45.000 habitants).L’enquête a démarré fin 2012 après le signalement de citoyens et militants politiques, appuyés par Jean Glavany, ancien ministre socialiste et ex-rival local de M. Trémège, selon le récit de la présidente du tribunal correctionnel de Pau, où le procès a lieu jusqu’à vendredi.”C’est Monsieur (Jean) Glavany et son avocat qui ont orchestré tout cela, en faisant le siège du ministère de la Justice de Mme (Christiane) Taubira à l’époque”, a lancé M. Trémège à la barre, fidèle à sa thèse d’un “complot politicien” qu’il avance depuis le début.Le maire de Tarbes, qui ne briguera pas de cinquième mandat en 2026, explique avoir “toujours préféré des entreprises locales, au service du territoire” sans chercher “d’intérêt personnel”, et assure n’avoir aucun lien avec l’immense majorité de celles citées à l’audience.Droit dans son costume noir, il consent “avoir commis des erreurs”, “avoir peut-être mal fait certaines choses” mais “jamais délibérément”. Ces dernières auraient “peut-être” été provoquées, selon lui, par ses régulières “sautes d’humeur” et “de colère” envers ses équipes, pour exiger “de l’efficacité et de la rapidité”.”Un maire ne peut pas tout faire”, glisse-t-il en se défaussant sur ses services.Huit autres prévenus, des hommes âgés de 54 à 72 ans, dont cinq anciens responsables de services de la ville (direction générale, voirie, architecture, urbanisme, espace vert) et trois entrepreneurs locaux, comparaissent aux côtés de l’élu. La plupart se disant “marqués” psychologiquement par leur mise en cause.

Patrick Sébastien veut peser sur la présidentielle pour “renverser la table”

L’humoriste Patrick Sébastien veut recueillir les propositions de “la France qui en a marre” pour peser sur l’élection présidentielle de 2027, lors de laquelle il faut selon lui “renverser la table”, a-t-il déclaré lundi sur BFMTV et RMC.”Pour cette prochaine élection (présidentielle), il faut renverser la table, faut pas se contenter de changer la nappe”, a-t-il assuré. Sinon, “ça va mal se terminer, les gens vont vraiment se mettre en colère”.”Je ne me présente à rien (…) Je ne veux pas être président de la République”, a précisé l’humoriste. “Mais j’ai mis une boîte mail à disposition pour que les gens m’envoient des propositions”, afin d’en garder “une quarantaine”.Sur cette base, il souhaite ensuite faire “un chantage démocratique” sur les deux finalistes de la présidentielle: “Est-ce que vous vous engagez solennellement à appliquer ce que veulent les gens, ce que veut le peuple? Et dans ces cas-là vous aurez nos voix.””Si on est 800.000 ou plus, on aura vraiment du poids”, a-t-il espéré, en opposant le “dogme” des politiques de tous bords à “la réalité”: “La réalité des gens, c’est: +J’ai plus assez de thunes, j’ai trop de charges, ma sécurité n’est pas assurée+”.Star de la télé populaire des années 1980 à 2010, figure de l’humour beauf pour ses détracteurs, Patrick Sébastien, 72 ans, a déploré faire l’objet de “mépris”: “Cette sorte de mépris qu’il y a pour moi, c’est un mépris général pour toute une France qui n’a plus la parole, qui en a marre”.Interrogé par la journaliste Apolline de Malherbe sur les “similitudes” de ses propositions avec le programme du RN, il a répondu: “Il y a pas mal de similitudes, mais tu sais qui je représente aussi? Je connais des familles de Maghrébins, je connais des familles d’origine africaine, qui en ont – je vais être vulgaire – plein le cul d’être stigmatisées à cause d’une minorité (…). Je représente aussi ceux-là”.En politique, il a dit rejeter seulement “les extrêmes extrêmes, (…) au bout du bout du RN et au bout du bout des Insoumis”.Enfin, il a jugé que le chanteur Alain Souchon avait “dit une bêtise” en affirmant vendredi que les Français n’étaient pas “assez cons” pour élire un président issu du RN: “C’est ce mépris-là qui a fabriqué le RN”.