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X et la classe politique, le fossé entre la parole et les actes

Le réseau social X et son propriétaire Elon Musk, accusés de propager la désinformation et les contenus haineux, sont de plus en plus dans le viseur des responsables politiques en France. Mais si certains à gauche s’interrogent, ils sont finalement peu nombreux à se retirer de la plateforme.La députée écologiste Sandrine Rousseau a appelé dimanche ses collègues du Nouveau Front populaire à quitter X (ex-Twitter), y voyant une “machine de désinformation” et une “caisse de résonance de l’extrême droite”.Elle a également fustigé les tentatives d’Elon Musk d'”influencer” les élections en Allemagne et le débat politique en Grande-Bretagne. Pour Sandrine Rousseau, l’homme le plus riche du monde, également propriétaire de Tesla et de SpaceX et aujourd’hui allié bruyant de Donald Trump, “représente un danger réel pour nos démocraties”.”L’idéal serait que quelqu’un, hors opposition, dise clairement qu’il faut réguler X”, estime auprès de l’AFP Philippe Moreau Chevrolet, professeur en communication à Sciences Po. “Il n’est pas possible (pour l’Élysée) de continuer à promouvoir un tel réseau social”, insiste-t-il.- “Internationale réactionnaire” -Car le président Emmanuel Macron poursuit ses publications sur X, en dépit d’une charge sévère lancée le 6 janvier devant les ambassadeurs de France réunis à l’Élysée.”Voilà dix ans, si on nous avait dit que le propriétaire d’un des plus grands réseaux sociaux du monde soutiendrait une nouvelle internationale réactionnaire et interviendrait directement dans les élections, y compris en Allemagne, qui l’aurait imaginé?”, avait-il questionné.Ces dernières semaines, sur son propre réseau social, Elon Musk s’en est pris à de nombreux dirigeants européens, dont le social-démocrate allemand Olaf Scholz, confronté à des législatives délicates, ou le travailliste britannique Keir Starmer. Et il a soutenu ouvertement des partis d’extrême droite, comme l’allemand AfD, en deuxième position dans les sondages avant le scrutin du 23 février.”Emmanuel Macron pourrait décider de quitter la plateforme”, estime Philippe Moreau Chevrolet qui voit trois possibilités pour la classe politique: une régulation de X au niveau européen, une interdiction en France ou un départ des politiques vers un autre réseau social.Mais les départs effectifs sont rares et concernent très peu de personnalités de premier plan.Si la maire de Paris, Anne Hidalgo, a été la première personnalité politique française à suspendre son compte sur X en novembre 2023, d’autres ont récemment fait part de leur décision de quitter la plateforme, comme Yannick Jadot, qui a annoncé qu’il allait couper X le 20 janvier, jour de l’investiture de Donald Trump.”Je refuse d’être le complice, même passif, des attaques d’Elon Musk contre nos démocraties ! #QuitX”, écrit-il, reprenant le hashtag apparu fin novembre sur X : “#HelloQuitX”, qui appelle à un exil collectif du réseau social.- Réseaux sociaux d’opinion -Il y a un risque de “compartimentation” des forces politiques, s’inquiète Philippe Moreau Chevrolet, avec des personnalités s’exprimant exclusivement dans des “espaces idéologiques” sécurisés, des “réseaux sociaux d’opinion”. Pour lui, Elon Musk en est le premier instigateur, ayant décidé d’utiliser son réseau social comme “outil de conquête des esprits”.La présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, a elle estimé que l’Europe devait développer “des réseaux sociaux souverains (…)”. Mais “basculer de Twitter à un autre réseau qui reste sous la domination américaine ne me semble pas être la panacée”, a-t-elle ajouté.La patronne des Écologistes, Marine Tondelier, a de son côté reconnu qu’un départ groupé du NFP aurait “de l’impact”, tout en soulignant que X devait être “interdit en Europe”. Le patron du PS Olivier Faure a reconnu qu’il se posait la question et le secrétaire national du Parti communiste Fabien Roussel a assumé lundi qu’il fallait “poser l’interdiction de ce réseau social en Europe (…). Et sans état d’âme, ça nous ferait du bien à tous”.Côté Insoumis, l’idée d’un retrait n’est pas évoquée, et Jean-Luc Mélenchon se félicite de la caisse de résonance que représente X, où il compte près de 3 millions d’abonnés.A droite et à l’extrême droite, le débat n’existe pas. Le président du Rassemblement national, Jordan Bardella, a ainsi publié une vidéo sur X lundi, critiquant la vision “profondément arriérée, défaitiste et dangereuse” de ceux qui souhaitent l’interdiction de la plateforme. “Jamais la liberté d’expression ne doit être entravée, la controverse est toujours préférable à la censure et les excès de liberté aux dérives de l’arbitraire”. 

Loi d’urgence pour Mayotte: Valls face au feu roulant des critiques

Le ministre des Outre-mer Manuel Valls a fait face lundi à l’Assemblée nationale aux nombreuses critiques des oppositions concernant le projet de loi d’urgence sur Mayotte, premier texte proposé par le gouvernement de François Bayrou, et “une des pièces d’un ensemble plus vaste et beaucoup plus ambitieux” pour Mayotte, selon lui.Le texte vise à accélérer les règles et les procédures pour la reconstruction de l’archipel français. Il autorise notamment l’État à déroger pendant deux ans aux règles d’urbanisme, facilitant l’expropriation, mais contient aussi des mesures sociales plus temporaires.Jugé insuffisant par beaucoup, il devrait cependant être adopté sans difficulté, car la sensible question migratoire n’y est pas abordée, remise à plus tard.Cet examen débute alors que l’archipel a subi le passage de la tempête tropicale Dikeledi qui a provoqué d’importantes inondations, moins d’un mois après les ravages du cyclone Chido. L’alerte rouge déclenchée samedi a été levée.Manuel Valls a introduit les débats de la commission des affaires économiques, faisant à cette occasion son grand retour dans le chaudron parlementaire. “Nous avons cet après-midi un mandat clair, celui de poser les premières pierres de (la) refondation” de Mayotte, a-t-il dit.- Amendements irrecevables -Nommée rapporteure du projet de loi, la députée de Mayotte Estelle Youssouffa (Liot) a jugé sévèrement un texte “sans réelle ambition”, élaboré “sans consultation avec les élus locaux ni les parlementaires”, et qui “reste largement muet sur des sujets essentiels tels que l’immigration”.”Nous avons tous, nous les élus locaux et parlementaires mahorais, demandé en vain la destruction des bidonvilles, mais aussi la suspension des délivrances des titres de séjour et demandes d’asile dans notre département”, a-t-elle regretté.À sa suite, la seconde députée de Mayotte, Anchya Bamana (RN), s’est dite “en colère” contre un projet de loi “qui passe à côté de son sujet”, en ne permettant pas de lutter contre la “submersion migratoire”.L’ancienne ministre écologiste de l’Environnement Dominique Voynet, qui a été directrice de l’Agence régionale de santé de Mayotte de 2019 à 2021, a fustigé un “projet bancal”, regrettant notamment qu’il n’y ait “pas un mot” sur les “moyens déployés pour mener à bien la réhabilitation des installations de production d’eau et de distribution”.Au nom de LR, membre de la coalition gouvernementale, le député Philippe Gosselin a déploré que l’exécutif ait introduit sous forme d’amendements des mesures de lutte contre la reconstruction des bidonvilles – s’exposant à ce qu’elles soient déclarés irrecevables, car sans rapport direct ou indirect avec le texte. Ce qui a effectivement été le cas. – “Restriction” du droit du sol -“Ce projet de loi est une réponse incontournable. Mais il n’est qu’une première réponse”, a plaidé Manuel Valls, rappelant qu’un autre projet de “loi programme” contenant des mesures de plus long terme est prévu pour mars. Une proposition de loi visant à restreindre le droit du sol à Mayotte sera par ailleurs examinée le 6 février, dans le cadre de la “niche” parlementaire du groupe LR. “Nous devrons prendre des mesures fermes” pour lutter contre l’immigration illégale, allonger la durée de résidence des parents pour l’accès de leurs enfants à la nationalité française, limiter les reconnaissances frauduleuses de paternité, et accélérer le retour des ressortissants africains dans leur pays d’origine, a listé M. Valls, sixième ministre à détenir ce portefeuille depuis 2022.”Nous devons augmenter les éloignements de clandestins de 25.000 à 35.000, sans doute plus. Cela suppose également un rapport très ferme avec les Comores”, a-t-il poursuivi.Les débats, dans l’ensemble feutrés, ont été marqués par une passe d’arme entre M. Valls et le député Aurélien Taché (ancien macroniste devenu LFI), qui l’a accusé de vouloir construire au “rabais”, et mettre fin au droit du sol, dans le prolongement de son soutien à la déchéance de nationalité en 2017.”Je vois que ni vous ni moi n’avons changé”, a ironisé M. Valls, répondant que le défi était “précisément” de “ne pas construire au rabais”, et récusant être favorable à la suppression du droit du sol. “C’est la restriction de ce droit” qu’il soutient, comme “tous les Mahorais”.Après son examen en commission, le texte sera débattu dans l’hémicycle à partir du 20 janvier. Le Sénat prévoit de s’en emparer le 3 février.

Reçus par Bayrou, les syndicats agricoles poussent pour du “concret”

“Place aux actes”: les principaux syndicats agricoles, reçus lundi à Matignon, maintiennent la pression sur le gouvernement Bayrou pour concrétiser les promesses obtenues en 2024 grâce à leur mobilisation, espérant aussi galvaniser leurs campagnes pour les chambres d’agriculture.L’alliance majoritaire FNSEA-JA a fixé un “point d’étape”: le Salon de l’agriculture qui aura lieu à partir du 22 février, pour mesurer les avancées après la présentation du budget mais aussi du projet de loi d’orientation agricole, examiné au Sénat à partir du 4 février.La Coordination rurale, coutumière des actions coup de poing, a laissé planer le doute sur ses intentions en disant attendre le discours de politique générale du Premier ministre François Bayrou, qui a souvent mis en avant ses racines paysannes.La Confédération paysanne, opposée aux modèles proposés par les textes de loi en attente, a elle déploré l’absence de réponse “sur les questions centrales du revenu, de la rémunération, des prix, des droits sociaux des paysans”.Lundi soir, ces quatre syndicats se retrouveront pour un débat télévisé, sur LCP, une première selon eux, dans le cadre des élections professionnelles (du 15 au 31 janvier) particulièrement scrutées après une année 2024 marquée par de forts aléas climatiques, de piètres récoltes et une flambée des maladies animales.Les agriculteurs ont relancé cet automne leur mouvement de protestation, en ordre dispersé. Après avoir obtenu des promesses de quatre premiers ministres différents, ils attendent leur concrétisation d’aides d’urgence, de mesures fiscales ou de “simplification” dans des textes retardés par la dissolution puis la censure.- Contre-la-montre -Cette “course contre-la-montre pour apporter des solutions” a “un rendez-vous d’étape qui est le Salon de l’agriculture”, a déclaré le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, à l’issue du rendez-vous avec François Bayrou, en présence de la ministre de l’Agriculture Annie Genevard.”On estime que la fin du premier trimestre sera un bon temps d’évaluation”, a renchéri dans la cour de Matignon le président des Jeunes Agriculteurs (JA) Pierrick Horel, pour qui la présentation du budget à l’Assemblée devrait aussi permettre une première mesure de l’action du gouvernement pour les agriculteurs.”L’absence d’annonces concrètes pourrait remettre le feu aux poudres”, avait-il prévenu la veille dans Les Echos.”Il n’est pas question de revenir sur les promesses faites en 2024″, indiquait-on à Matignon en amont des rencontres.”Si nous avons mesuré sa volonté d’apporter des réponses, nous le ferons comme depuis le début, avec des choses concrètes”, a ajouté M. Rousseau lundi.Son de cloche différent à la Coordination rurale dont certains membres ont tenté, en vain, de manifester dans la capitale la semaine dernière: “Il n’y aura pas besoin d’appel à ce que les agriculteurs montent sur Paris, puisqu’ils pourront constater par eux-mêmes l’avancée ou la non-avancée des annonces du Premier ministre” après son discours de politique générale mardi, a déclaré sa présidente Véronique Le Floc’h à Matignon.Le deuxième syndicat agricole comptait réclamer deux mesures immédiates, selon son secrétaire général Christian Convers, qui se disait “dubitatif” quant aux réponses à attendre: “un engagement précis pour une égalité des normes au niveau européen, et aussi arrêter les contrôles des exploitations au profit des contrôles des produits d’importation”.La Confédération paysanne, qui défend des prix rémunérateurs et un accompagnement dans la transition agroécologique, n’a pas caché sa déception: “sur les questions centrales du revenu, de la rémunération, des prix, des droits sociaux des paysans, il n’y a clairement pas eu de réponse ce (lundi) matin”, a déclaré sa porte-parole Laurence Marandola.Seule avancée “peut-être”, le renouvellement d’une aide de 1.000 euros promise aux agriculteurs sinistrés de Mayotte, seule chambre d’agriculture contrôlée par l’organisation, a-t-elle ajouté.Au sujet des élections professionnelles agricoles, Laurence Marandola a affirmé avoir fait face à un “non” catégorique à sa demande d’instaurer plus de proportionnelle, alors même que le Modem de M. Bayrou plaide depuis longtemps pour ce mode de scrutin en politique.Le mode de scrutin actuel favorise la liste arrivée en tête, qui obtient d’office la moitié des sièges aux chambres. A ce jour, l’alliance entre les JA et le syndicat historique FNSEA détient 97 chambres sur 101.

Retraites: Borne lira devant le Sénat la déclaration de politique générale de Bayrou

Alors que François Bayrou prononcera mardi sa déclaration de politique générale devant l’Assemblée nationale, Élisabeth Borne sera chargée de la lire en parallèle au Sénat, où elle pourrait devoir faire des concessions sur sa propre réforme des retraites de 2023, a-t-on appris auprès de la chambre haute.La scène risque d’être assez frappante: l’ancienne Première ministre, désormais N.2 de l’actuel gouvernement, qui propose aux sénateurs des ajustements à une réforme qu’elle a elle-même portée deux ans plus tôt… L’usage veut en effet que le N.2 du gouvernement s’exprime devant la chambre haute à la même heure que le Premier ministre lors de sa déclaration de politique générale: Bruno Le Maire l’avait fait pour Gabriel Attal, Jean-Yves Le Drian pour Jean Castex par exemple. Pour Michel Barnier, c’est l’ex-ministre de la Justice Didier Migaud qui s’en était chargé.Mais cette habitude revêt un caractère particulier cette fois-ci. La N.2 du gouvernement est en effet Mme Borne, ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Et le sujet le plus sensible de cette déclaration de politique générale n’est autre que la réforme des retraites de 2023, adoptée via l’utilisation du 49.3 activé à l’époque par… Élisabeth Borne.Ce dossier est au cœur des tractations entre François Bayrou et ses oppositions, notamment la gauche non-mélenchoniste qui réclame la suspension de la réforme, le temps que celle-ci soit renégociée par les partenaires sociaux au cours des prochains mois. Une option qui divise le camp gouvernemental.Mme Borne s’exprimera comme François Bayrou à 15H00 mardi. Et selon la vitesse de son discours, elle pourrait même annoncer les arbitrages gouvernementaux sur les retraites avant le Premier ministre devant l’Assemblée.François Bayrou viendra en revanche lui-même mercredi au Sénat à 15H00 pour lire une déclaration similaire suivie d’un débat. L’usage veut que le Premier ministre récapitule sa déclaration de politique générale prononcée la veille, tout en rentrant plus en détails sur les sujets propres au Sénat comme les collectivités territoriales.

Reçus par Bayrou, les syndicats agricoles attendent du “concret”

Un an de mobilisation, quatre Premiers ministres, des promesses… “maintenant place aux actes!”: les principaux syndicats agricoles sont reçus lundi matin à Matignon par François Bayrou, particulièrement remontés en pleine campagne pour les chambres d’agriculture.”Nous avons dit au Premier ministre que nous sommes dans une course contre la montre pour apporter des solutions”, a déclaré le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, à l’issue du rendez-vous en présence de la ministre de l’Agriculture Annie Genevard.Après une année 2024 marquée par de forts aléas climatiques, de piètres récoltes et une flambée des maladies animales, les agriculteurs ont relancé cet automne leur mouvement de protestation, en ordre dispersé.L’alliance syndicale majoritaire, FNSEA-JA, attend un calendrier de tenue des promesses obtenues à la suite de leur mobilisation en début d’année mais retardées par la dissolution puis la censure: suites du projet de loi d’orientation agricole, aides d’urgence, mesures fiscales, de “simplification”…”Nous avons dit que cette course contre-la-montre avait aussi un rendez-vous d’étape qui est le Salon de l’agriculture qui aura lieu à partir du 22 février”, a ajouté Arnaud Rousseau.Une rhétorique reprise par les Jeunes Agriculteurs (JA), reçus à la suite de la FNSEA, avant la Coordination rurale et la Confédération paysanne.”On estime que la fin du premier trimestre sera un bon temps d’évaluation”, a déclaré dans la cour de Matignon son président Pierrick Horel, pour qui la présentation du budget à l’Assemblée devrait aussi permettre une première mesure de l’action du gouvernement pour les agriculteurs.”L’absence d’annonces concrètes pourrait remettre le feu aux poudres”, avait-il prévenu la veille dans Les Echos. “On a envie de passer un meilleur Salon de l’agriculture que celui de l’année dernière.””Il n’est pas question de revenir sur les promesses faites en 2024″, indiquait-on à Matignon en amont des rencontres en évoquant notamment les mesures de simplification ou la réponse à l’urgence sanitaire et économique.”Si nous avons mesuré sa volonté d’apporter des réponses, nous le ferons comme depuis le début, avec des choses concrètes”, a ajouté M. Rousseau lundi.A la veille de sa déclaration de politique générale, François Bayrou, qui a souvent mis en avant ses racines paysannes, rencontre des syndicats en pleine campagne pour les élections au sein des chambres d’agriculture qui auront lieu du 15 au 31 janvier.- Prudence -La Coordination rurale, dont la délégation est actuellement reçue par François Bayrou, compte réclamer deux mesures immédiates, selon son secrétaire général Christian Convers: “un engagement précis pour une égalité des normes au niveau européen, et aussi arrêter les contrôles des exploitations au profit des contrôles des produits d’importation”.Ces mesures, le Premier ministre peut les prendre tout de suite et “lui-même”, pour “montrer sa volonté de garder l’agriculture en France”, assure l’éleveur, qui se dit “dubitatif” quant aux autres réponses à attendre.La présidente du syndicat, Véronique Le Floc’h, a également réclamé dimanche une “année blanche en termes de remboursements de prêts ou de paiement des charges sociales”, au micro d’Europe 1.La Confédération paysanne, pour sa part, montre la même prudence que les autres syndicats, mais pour des raisons différentes: elle est opposée aux modèles proposés par les textes de loi en attente.Parmi ses priorités, des prix rémunérateurs et un accompagnement dans la transition agroécologique. Elle demandera aussi le renforcement des aides aux agriculteurs sinistrés de Mayotte, seule chambre d’agriculture contrôlée par l’organisation.A ce sujet, “sur les élections professionnelles agricoles, on redira, car c’est encore possible, combien il est indispensable et urgent de faire évoluer le mode de scrutin” vers plus de proportionnel, ajoute sa porte-parole Laurence Marandola.Le mode de scrutin actuel favorise la liste arrivée en tête, qui obtient d’office la moitié des sièges aux chambres. A ce jour, l’alliance entre les JA et le syndicat historique FNSEA détient 97 chambres sur 101.Mais sur le terrain, le duo voit son hégémonie contestée, notamment par la CR, depuis le mouvement de colère agricole de l’hiver dernier.Lundi soir, ces quatre syndicats se retrouveront pour un débat télévisé, sur LCP, une première selon eux.

Le ministre des Transports Philippe Tabarot visé par une enquête pour détournement de fonds publics

Le ministre des Transports Philippe Tabarot est visé par une enquête préliminaire pour détournement de fonds publics et prise illégale d’intérêts à la suite d’un signalement de la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) en juillet 2021, a indiqué lundi une source judiciaire, confirmant une information du Monde.Cette enquête, ouverte également pour recel de ces deux infractions par le Parquet national financier (PNF), porte sur les postes occupés par M. Tabarot au sein du groupement d’intérêt public (GIP) touristique et culturel puis à la communication pour la commune du Cannet (Alpes-Maritimes) entre 2018 et 2020.Cette ville de 40.000 habitants a été dirigée entre 1995 et 2017 par sa soeur, la députée LR Michèle Tabarot.”Une perquisition a eu lieu le 30 novembre 2022 au domicile de M. Tabarot et dans les locaux de la mairie du Cannet et du GIP du Cannet”, a ajouté la source judiciaire. “L’enquête préliminaire est toujours en cours”, a-t-elle précisé.Selon la déclaration d’intérêts enregistrée le 30 novembre 2020 et consultée par Le Monde, M. Tabarot a été directeur du GIP d’avril 2018 à juillet 2020 et a touché pour ce poste 82.473 euros net en 2019, soit près de 6.900 euros par mois. Puis il était rémunéré 17.997 euros net entre août et novembre 2020, soit près de 4.500 euros par mois, en tant que chargé de mission de ce GIP pour le développement touristique et culturel de la ville du Cannet. Parallèlement, en 2019, il était rémunéré 15.318 euros en tant que chargé de communication de cette commune, soit 1.276 euros par mois.A cette époque, il était également élu au conseil régional de Provence-Alpes-Côté d’Azur et a touché environ 40.000 euros nets par an en tant que vice-président chargé des transports entre 2015 et 2021.Le nouveau ministre a déclaré, toujours selon le quotidien, 137.872 euros nets pour la seule année 2019.Le nouveau ministre des Transports Philippe Tabarot, élu sénateur LR des Alpes-Maritimes en septembre 2020, est un spécialiste du secteur: il a défendu un texte pour encadrer le droit de grève dans les chemins de fer avant les Jeux olympiques, et est partisan d’une ligne dure en matière de sûreté.Au conseil régional, ce Cannois de 54 ans avait géré le dossier de la privatisation de la ligne TER entre Marseille et Nice, dont l’exploitation avait été confiée en 2021 au groupe Transdev, au grand dam des syndicats. Il s’agissait alors d’une première en France. 

Marine Le Pen ne se “pardonnera jamais” l’exclusion de son père du FN (entretien au JDD)

Marine Le Pen a expliqué qu’elle ne se “pardonnera(it) jamais” la décision d’exclure son père, Jean-Marie Le Pen, du Front national en 2015, dans un entretien paru dimanche soir sur le site internet du JDD.”Je ne me pardonnerai jamais cette décision, parce que je sais que cela lui a causé une immense douleur”, a expliqué celle qui lui avait succédé à la tête du parti d’extrême droite en 2011.Quatre ans après, le finaliste de la présidentielle de 2002 avait estimé que “l’Occupation allemande n’avait pas été particulièrement inhumaine”, et promis au chanteur Patrick Bruel une “fournée”: Marine Le Pen, présidente du RN, avait alors décidé de l’exclure du parti, en lui retirant son titre de “président d’honneur”.”Prendre cette décision a été l’une des plus difficiles de ma vie. Et jusqu’à la fin de mon existence, je me poserai toujours la question: +est-ce que j’aurais pu faire autrement?+”, fait valoir la triple candidate malheureuse à l’Elysée.A propos des condamnations de Jean-Marie Le Pen, qui avait notamment renvoyé la Shoah à “un détail” de l’Histoire, la patronne des députés RN à l’Assemblée estime que “c’est un peu injuste de le juger uniquement à l’aune de ces polémiques”. “Sur 80 ans (de vie politique), sauf si vous êtes une sorte d’ectoplasme sarkozyste ou socialiste, il est inévitable d’avoir des sujets qui suscitent des polémiques”, relève-t-elle, en considérant toutefois qu’il est “malheureux” que Jean-Marie Le Pen “se soit enferré dans ces provocations”. “Le problème, c’est qu’il recommençait”, déplore-t-elle encore.La mort de Jean-Marie Le Pen a été annoncée mardi à l’AFP par un communiqué signé “Famille Le Pen”. Mais Marine Le Pen, qui se trouvait dans un avion qui la ramenait de Mayotte en métropole, ne l’a appris qu’après, à la faveur d’une escale à Nairobi.”Sur le moment, je n’y ai pas cru. Puis, par acquis de conscience, sachant qu’il avait une santé très fragile, j’ai appelé ma sœur pour savoir ce qu’il en était. Et c’est elle qui me l’a appris”, raconte la députée du Pas-de-Calais.Marine Le Pen indique encore qu’elle “ne pensait pas” que la classe politique était “capable” de rendre hommage à son père, se disant “agréablement surprise”. Mais, à propos du communiqué d’Emmanuel Macron, selon qui “l’Histoire jugera” Jean-Marie Le Pen, celle qui s’est inclinée à deux reprises au second tour de la présidentielle prédit que le “jugement de l’Histoire” sera bien plus sévère pour le chef de l’Etat et “retiendra qu’il n’a rien vu et, surtout, rien fait”.

Bayrou en quête de la bienveillance de la gauche, les retraites au coeur des discussions

L’étau se resserre sur le Premier ministre. François Bayrou  prononcera mardi à l’Assemblée sa déclaration de politique générale, où il pourrait faire une nouvelle concession sur la réforme des retraites, afin de se concilier les faveurs de la gauche, mais avec le risque de s’aliéner le soutien d’une partie du “socle commun”.Après une semaine d’intenses discussions à Bercy avec les responsables politiques de l’opposition, les ministres Eric Lombard (Economie), Amélie de Montchalin (Comptes public) et Catherine Vautrin (Santé et Travail), ont été reçus samedi soir à Matignon pour présenter la synthèse de leurs travaux.”Le Premier ministre et les ministres finalisent les échanges avec les groupes politiques”, a fait savoir l’entourage de M. Bayrou dimanche matin.François Bayrou doit notamment recevoir lundi à 17H30 les présidents des deux chambres du Parlement, Gérard Larcher et Yaël Braun-Pivet.A gauche comme au sein de la majorité, certains s’attendent à un geste en direction des socialistes, des écologistes et des communistes, afin de les convaincre de ne pas voter la motion de censure déposée par la France insoumise, qui sera examinée jeudi ou vendredi.Si la motion a peu de chances d’être adoptée, le RN ayant pour l’instant décider de “laisser sa chance au produit” Bayrou, le vote sonnera l’heure de vérité quant à la capacité ou non de M. Bayrou d’élargir le périmètre de ses soutiens.Interviewé dimanche sur BFMTV, le Premier secrétaire du PS, Olivier Faure, a affirmé attendre du leader centriste qu’il s’engage à la “suspension” de la réforme des retraites mardi, disant croire “qu’il y a un chemin possible”.Le PS souhaite que l’âge légal de départ, censé atteindre progressivement 64 ans, soit “figé” à son niveau actuel de 62 ans et demi, et ce sans poser une limite de temps a priori, avait expliqué le député Arthur Delaporte samedi.Alors que ce gel coûterait “entre deux et trois milliards d’euros” selon le patron des sénateurs PS Patrick Kanner, une piste consisterait à puiser dans le Fonds de réserve pour les retraites.- Quand Larcher “tousse” -Mais le président du Sénat Gérard Larcher, pilier du “socle commun” sur lequel s’appuie François Bayrou, est monté au créneau samedi pour s’opposer fermement à toute initiative de ce type.”Le message est clair: ni suspension ni abrogation !”, a déclaré le responsable LR, tout en prévenant: “participation (au gouvernement) ne veut pas dire renoncement”.Le chef des députés LR, Laurent Wauquiez, a estimé que “suspendre (la réforme) sans scénario alternatif” reviendrait à “sauter dans le vide sans parachute. Ce sera sans la Droite républicaine !”.Poids lourd de Renaissance, Mme Braun-Pivet s’est montrée plus encline à faire un geste, affirmant ne pas être “opposée par principe” au fait d'”arrêter” la réforme si cela permet de “rediscuter avec un cycle très court de discussions”. Le député EPR Antoine Armand, ancien ministre de l’Economie, a lui souligné sur BFMTV la nécessité d’être “ouvert au dialogue”, dans le “respect des équilibres financiers”.Plus fermé, le ministre de la Justice Gérald Darmanin a affirmé que “(sa) position politique (était) de ne pas toucher à cette réforme difficile”.M. Faure a de son côté invité a relativiser l’influence de la droite, qui ne dispose que de 47 députés. “Cela suppose qu’à un moment on arrête de tous s’enrhumer quand Gérard Larcher tousse”, a-t-il ironisé.Mais pour la secrétaire nationale des Ecologistes, Marine Tondelier, “chaque heure qui passe, (le compromis) devient plus compliqué”. D’ores et déjà, Benjamin Lucas, porte-parole du groupe écologiste et sociale à l’Assemblée, a annoncé qu’à titre personnel il voterait la censure. D’ici mardi, les échanges vont se poursuivre, avec jamais loin de M. Bayrou l’ombre du président de la République, dont le bilan est étroitement lié à la réforme des retraites. Emmanuel Macron a reçu son Premier ministre à l’Elysée vendredi matin, en compagnie de M. Lombard et de Mmes Montchalin et Vautrin.Au-delà de cette réforme emblématique, les sujets fiscaux et les dépenses publiques vont continuer de nourrir les négociations entre le gouvernement et le Parlement. Le Sénat doit ainsi reprendre ses débats sur la partie “dépenses” de l’Etat dès mercredi, un vote étant prévu le jeudi 23, avant l’éventuelle convocation d’une commission mixte paritaire pour accorder les points de vue du Sénat et de l’Assemblée.Le président de la commission des Finances, Eric Coquerel (LFI), a de nouveau critiqué dimanche sur LCI la décision du gouvernement de repartir du projet de loi de finances de Michel Barnier. Le budget de Bayrou sera “pire”, selon lui, le gouvernement ne pouvant ajouter de mesures fiscales à la partie “recettes” adoptée au Sénat en décembre, en raison de la règle de “l’entonnoir”.

Les “cent plus gros narcotrafiquants” détenus vont être isolés dans “une prison de haute sécurité” à l’été, annonce Darmanin

Les “cent plus gros narcotrafiquants” qui poursuivent leur activité criminelle depuis leur cellule seront isolés dans “une prison de haute sécurité” à l’été, a annoncé dimanche sur LCI le ministre de la Justice Gérald Darmanin.”Nous allons prendre une prison française, on va la vider des personnes qui y sont et on y mettra, puisqu’on l’aura totalement isolée, totalement sécurisée, avec des agents pénitentiaires particulièrement formés, anonymisés”, les “cent plus gros narcotrafiquants”, a développé le garde des Sceaux, sans préciser quel serait cet établissement pénitentiaire.”On va montrer que quand on est en prison et qu’on est un narcotrafiquant on ne peut pas téléphoner et on ne peut pas avoir une vie agréable”, a-t-il ajouté.Le ministre, qui a fait de la lutte contre le narcotrafic une de ses priorités depuis son arrivée le 23 décembre place Vendôme, entend “taper très fort” contre cette “menace de sécurité intérieure”.”Il faut faire contre la drogue ce qu’on a fait contre le terrorisme et qui a fonctionné même s’il y a encore des attentats”, a-t-il ajouté, rappelant que “la France (avait) su se doter d’armes extrêmement fortes judiciaires, administratives contre le terrorisme”. “Il faut tout changer dans la lutte contre le trafic de stupéfiants”, a estimé le garde des Sceaux qui fut ministre de l’Intérieur de juillet 2020 à septembre 2024.”Aujourd’hui, on isole certains trafiquants parmi d’autres détenus et on voit bien que ça ne marche pas, ce système de mixité qui consiste à mettre des terroristes, des criminels, des gens qui ont écrasé avec leurs voitures, des gens qui ont tapé leurs femmes et on les met tous dans la même prison”, a-t-il ajouté.Or, ces détenus “ne sont pas tous de la même dangerosité et on n’adapte pas la sécurité de la même manière” selon les profils. “Il n’y a pas que le brouillage (des téléphones portables) il y a les menaces ou la corruption d’agents pénitentiaires, les drones, les livraisons, les hélicoptères”, a-t-il ajouté, insistant sur la “puissance financière énorme” des narcotrafiquants.”Ce qui est insupportable”, a estimé M. Darmanin, c’est que les prisons “ne soient plus des entraves pour la plupart d’entre eux pour continuer leur trafic, ou assassiner, ou menacer des magistrats, des agents pénitentiaires, des journalistes ou des avocats”.Pour mettre en place cette “prison de haute sécurité” à l’été, “je n’ai pas besoin de loi pour ça, j’ai besoin de la volonté et on va en avoir, un petit peu d’argent et j’en aurai”, a-t-il assuré.

Retraites: Braun-Pivet “pas opposée par principe” à “arrêter” brièvement la réforme pour “rediscuter”

La présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, a affirmé dimanche “ne pas être opposée par principe” au fait d'”arrêter” brièvement la réforme des retraites pour en “rediscuter”, alors que le PS demande une “suspension” de la réforme de 2023 pour prix d’une non-censure du gouvernement.”Moi ce qui me convient c’est qu’on rediscute. Après, s’il faut arrêter pour rediscuter avec un cycle très court de discussions, moi je n’y suis pas opposée par principe, mais ce que je veux dans ces cas-là, c’est que vraiment on soit d’accord pour mettre vraiment les choses sur la table pendant ces six mois de discussion et qu’on s’engage tous à discuter réellement”, a-t-elle dit, invitée de Questions politiques sur France Inter.La réforme “n’est pas parfaite”, et même “injuste”, et “il y a beaucoup de sujets à discuter encore”, que ce soit sur la pénibilité, les carrières longues ou les retraites des femmes, a-t-elle souligné, sans se dire explicitement pour une “suspension” de la réforme des retraites.Le Premier ministre François Bayrou prononcera mardi sa déclaration de politique générale, et pourrait faire un geste en direction de la gauche sur cette réforme, afin de tenter d’arracher un accord de non-censure.Mais le centriste doit faire face à de fortes résistances dans le “socle commun” qui le soutient, le président du Sénat Gérard Larcher (LR) ayant porté dans Le Parisien un “message clair”, “ni suspension ni abrogation”.Gérard Larcher et Yaël Braun-Pivet seront reçus par François Bayrou lundi à 17H30, selon l’entourage de la présidente.Interrogée sur les discussions au Parlement concernant le budget de l’Etat, Mme Braun-Pivet a dit espérer qu’une commission mixte paritaire, réunissant sept sénateurs et sept députés, puisse être rapidement réunie afin de doter au plus vite la France d’un budget.”Si députés et sénateurs se mettent d’accord, il pourrait y avoir une adoption de ce budget dès la fin janvier ou début février. C’est ce qu’on doit tous souhaiter (…) chaque jour qui passe est un jour de trop”, a-t-elle dit.Le Sénat reprend mercredi l’examen du budget de l’Etat, jusqu’à la fin de la semaine. Les sénateurs repartent de la copie du gouvernement Barnier, et reprennent les discussions au point où ils les avaient laissées en décembre, au début de l’examen de la partie “dépenses”. Les députés avaient auparavant rejeté l’ensemble du texte, sans même avoir examiné cette partie dépenses en séance.