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Sarkozy, toujours incontournable à droite, malgré ses déboires judiciaires

Nicolas Sarkozy reste incontournable à droite malgré les épreuves judiciaires : deux semaines avant sa condamnation à cinq ans de prison dans l’affaire du financement libyen, il recevait encore dans ses bureaux parisiens Sébastien Lecornu, tout juste nommé à Matignon, après Jordan Bardella ou encore Gabriel Attal.Début septembre, il révélait, dans Le Figaro, avoir rencontré Emmanuel Macron pendant l’été pour lui assurer qu’il n’y avait pas “d’autre solution que la dissolution” pour mettre fin à l’instabilité politique en France.Sans parvenir à le convaincre pour autant. Nicolas Sarkozy, 70 ans, a d’ailleurs reconnu publiquement que le chef de l’Etat “ne l’écoutait pas toujours”, comme il a encore pu le constater en décembre dernier lorsqu’il s’est rendu à l’Elysée pour y dire tout le mal qu’il pensait de son ennemi François Bayrou, sans empêcher sa nomination à Matignon. Eternelle figure tutélaire de la droite, bien que contesté par certaines de ses figures, son évocation dans les meetings de son parti Les Républicains déclenche toujours des tonnerres d’applaudissements. Et ses livres de souvenirs demeurent des succès d’édition.Dans son entretien au Figaro, l’ex-chef de l’Etat (2007-2012), qui avait pourtant assuré en février après sa condamnation dans l’affaire des écoutes “renoncer à toute expression médiatique”, a encore fait feu de tout bois. Le RN appartient à “l’arc républicain”, a-t-il assuré, déclenchant un feu de critiques à gauche. Et de déplorer que la droite ne dispose pas “aujourd’hui d’un leader incontournable” malgré l’écrasante victoire au printemps de Bruno Retailleau sur Laurent Wauquiez… avec qui il a également échangé quelques jours plus tôt. Une activité frénétique menée dans son bureau situé à deux pas de l’Elysée, dans le quartier parisien de Miromesnil, où il enchaîne les rendez-vous avec les membres du parti qu’il a fondé, mais aussi des dirigeants d’autres formations, comme Gabriel Attal ou encore Jordan Bardella avec qui il s’est entretenu début juillet. Le président du RN avait exprimé quelques jours plus tôt son “sentiment” qu'”il y a une volonté” d’humilier l’ex-chef de l’Etat après que sa légion d’honneur lui avait été retirée en raison de sa condamnation définitive à un an d’emprisonnement ferme dans l’affaire des écoutes.”Comme Nicolas Sarkozy a l’habitude de dire du mal de celui avec qui il avait rendez-vous juste avant vous, il est préférable de fixer le rendez-vous avec lui en fin de journée pour être le dernier”, commente un dirigeant LR qui a ses habitudes à Miromesnil. – Service minimum -Face aux déboires judiciaires de leur ancien leader, les dirigeants de son parti se montrent prudents, voire mal à l’aise.Après sa condamnation, le patron des Républicains, Bruno Retailleau, s’est fendu d’un court communiqué pour lui apporter son “soutien” et espérer qu’il parvienne à faire “prévaloir son innocence” en appel.Laurent Wauquiez a exprimé sobrement sa “reconnaissance envers l’homme d’État qui a tant donné à notre pays et mon amitié pour l’homme”.Le vice-président de LR François-Xavier Bellamy a, quant à lui, dénoncé un “jugement politique”, tandis qu’Eric Ciotti, l’ancien patron de LR qui s’est allié au RN, a transmis “une pensée amicale” à l’ancien président.Son influence sur son parti reste bien réelle. Pour preuve, une autre interview accordée au Figaro il y a un an où il a incité les siens à quitter l’opposition et rejoindre le gouvernement.C’était peu avant que le LR Michel Barnier entre à Matignon et qu’il embarque dans son gouvernement des personnalités de droite comme Bruno Retailleau (Intérieur) qui a bondi depuis dans les sondages et redonné des couleurs à son parti. Mais, malgré le respect toujours exprimé par son parti politique, son fils Louis Sarkozy devra patienter pour être désigné officiellement candidat en mars à la mairie de Menton (Alpes-Maritimes). La commission nationale d’investiture (CNI), qui s’est réunie mardi, a remis à plus tard sa décision.

Agriculture: des actions “symboliques” pour dénoncer des importations “aberrantes”

Blocage d’un Buffalo Grill, assemblée de tracteurs devant la Maison de l’Europe… Des rassemblements symboliques se sont tenus jeudi à l’appel de la première alliance syndicale agricole FNSEA-Jeunes Agriculteurs, contre les importations “aberrantes” qui minent selon elle l’agriculture française.D’autres actions sont annoncées pour vendredi, loin malgré tout des grandes journées de blocage des deux hivers derniers alors que vendanges et récoltes occupent encore le monde paysan.Dans le viseur des agriculteurs, le projet d’accord de libre-échange entre l’Union européenne et des pays latino-américains du Mercosur dont Bruxelles a lancé début septembre le processus de ratification, et vis-à-vis duquel la France, hier très opposée, semble depuis se montrer moins défavorable.Plus globalement, il s’agit de se mobiliser contre “le Mercosur, les taxes imposées par Donald Trump et le flot des importations internationales qui ne respectent pas les normes qui sont les nôtres”, a indiqué Arnaud Rousseau, le président de la FNSEA, qui dans un premier temps avait prévu des mobilisations plus tard dans l’automne.”N’importons pas ce qu’on ne veut pas qu’on produise. C’est ça, l’hypocrisie de l’Europe. Sous couvert d’écologie, on importe ce qu’on ne produit pas ici, avec aucune norme environnementale et sociale”, déplore ainsi Dominique Noury, éleveur de vaches charolaises et de volailles, lors d’une action à Dijon.L’accord avec le Mercosur doit permettre à l’UE d’exporter davantage de voitures, machines, vins… Mais l’accord facilitera aussi l’entrée de bœuf, volaille, sucre, miel, riz, exemptés de droits de douane.Alors que Bruxelles insiste sur la faiblesse des volumes attendus, les filières européennes concernées crient au risque de déstabilisation et de baisse des prix, et surtout à la concurrence déloyale du fait de normes de production moins-disantes sur le plan sanitaire et environnemental et de contrôles défaillants.- Ordre syndical dispersé -Jeudi, une cinquantaine d’agriculteurs, selon des représentants syndicaux, ont bloqué l’entrée d’un Buffalo Grill à Pusey, près de Vesoul (Haute-Saône), pour protester contre le Mercosur et pour la défense de la viande française. Ils ont amené une charolaise devant la porte d’entrée et ont tagué sur la devanture “Je suis français, je mange français”.A Plérin (Côtes d’Armor), une cinquantaine de manifestants étaient réunis au marché au porc, selon un photographe de l’AFP.Dans le centre de Dijon, 150 agriculteurs sont venus, avec 41 tracteurs et bennes, déverser fumier, terre et paille devant la Maison de l’Europe. “C’est à cause de l’Europe qu’on est là. On importe de la viande qu’on n’a pas le droit de produire chez nous, alors qu’on a l’agriculture la plus durable au monde”, explique à l’AFP Antoine Fauchet, président des JA d’Is-sur-Tille (Côte d’Or).La mobilisation se poursuivra vendredi sous diverses formes: mobilisations en supermarchés, défilés devant des préfectures, présentation de produits jugés “aberrants” (pommes du Chili, noix des Etats-Unis, etc), ou manifestation régionale avec tracteurs place d’Armes, devant le château de Versailles.”C’est vraiment symbolique. On suit l’appel national, mais la période est compliquée”, en cette saison de vendanges ou de récolte de maïs, souligne Enzo Rodriguez, président des JA des Pyrénées-Orientales, sans fermer la porte à de nouvelles mobilisations dans les prochaines semaines.Le texte sur le Mercosur doit encore être approuvé par les Etats membres puis par le Parlement européen, la Commission espérant leur aval d’ici fin décembre.Les syndicats agricoles expriment leur opposition au traité dans un rare mouvement d’unanimité. Mais ils se mobilisent en ordre dispersé.La Coordination rurale (CR), dans une volonté de se démarquer, veut être reçue par le Premier ministre Sébastien Lecornu pour lui présenter ses propositions, avant une mobilisation “avant la fin de l’année”.Le 3e syndicat, la Confédération paysanne, pour sa part a annoncé une manifestation à Paris, “tracteurs en tête”, le 14 octobre. Rappelant son engagement de toujours contre les traités de libre-échange, elle dénonce les “contradictions profondes des dirigeants de la FNSEA et de la CR” dont la lutte contre les normes “empêche une réelle stratégie gagnante contre les accords de libre-échange”.

Fiscalité et ISF: Larcher hostile “au retour des recettes de 1981”

Le président LR du Sénat Gérard Larcher s’est dit hostile jeudi “au retour des recettes de 1981″, dans une allusion à la possibilité de rétablir un impôt sur les grandes fortunes qui est envisagée par une partie du camp présidentiel pour trouver un compromis avec les socialistes.”Est-ce qu’on recherche plus d’équité fiscale ? La réponse est oui. Mais est-ce qu’on revient aux recettes de 1981 ? Ma réponse est non”, a déclaré M. Larcher sur Public Sénat.M. Larcher faisait allusion à une proposition de rétablir l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF), créé sous un autre nom par la gauche avec l’arrivée de François Mitterrand au pouvoir en 1981, supprimé en 1986 puis rétabli en 1988 avant d’être supprimé en partie en 2018.Cette proposition a été soutenue par le chef des députés Modem Marc Fesneau en lieu et place de la taxe Zucman – une taxe de 2% sur les patrimoines de plus de 100 millions d’euros – réclamée par la gauche.Dans un entretien aux Echos mercredi, M. Fesneau a défendu “un impôt sur la fortune improductive, qui ressemble à l’ancien ISF, en excluant le patrimoine utile à l’économie”.L’ancien ISF rapportait environ 4 milliards d’euros contre 2 milliards aujourd’hui pour l’IFI (impôt sur la fortune immobilière) qui l’a remplacé en 2018 et dont sont exonérés les actifs financiers.Les biens professionnels seraient exclus de cet impôt, alors qu’ils sont inclus dans la taxe Zucman dont les socialistes attendent un rendement de 15 milliards. Quand M. Larcher évoque “l’équité fiscale”, il dit “penser aux holdings patrimoniales (utilisées pour contourner l’impôt), à un certain nombre de niches, à la lutte contre la fraude fiscale et sociale”. Il souhaite, comme le Premier ministre selon lui, “que parallèlement au dépôt du projet de budget, il y ait un projet de loi +justice fiscale et sociale+”. Et a répété sa ferme opposition à la suspension de la réforme des retraites.Le ténor des Républicains a par ailleurs levé une partie des doutes concernant le report de l’examen de la loi sur la fin de vie, dont le Sénat devait se saisir à partir du 7 octobre si le précédent gouvernement n’était pas tombé. Son inscription à l’ordre du jour du Sénat, vivement souhaitée par la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet, “dépend du gouvernement”, mais elle “pourrait” survenir “la semaine d’après” la déclaration de politique générale du Premier ministre Sébastien Lecornu, a assuré M. Larcher, envisageant un examen dès octobre.”Je veux un débat ici qui soit serein, qui soit ouvert”, a-t-il ajouté.

La dette a continué de gonfler à fin juin dans une France en quête de budget

La dette publique de la France a encore gonflé au deuxième trimestre, atteignant 115,6% du PIB et un record en valeur absolue à plus de 3.400 milliards d’euros, alors que le Premier ministre tente toujours de trouver la martingale pour boucler un budget 2026 dans un climat social tendu.A fin juin, la dette atteignait 115,6% du produit intérieur brut (PIB) et 3.416,3 milliards d’euros en valeur absolue, un record dû à une hausse de 70,9 milliards par rapport au premier trimestre, a indiqué l’Institut national de la statistique.L’endettement s’établissait à 113,9% du PIB à fin mars et 112,1% au deuxième trimestre 2024. Au début du premier quinquennat d’Emmanuel Macron, il était de 101,2% ou 2.281,3 milliards d’euros. Alimentée par l’accumulation ininterrompue des déficits depuis 1975, la dette n’en finit plus de monter depuis la fin des années 1990, mais elle “augmente plus vite que celle de ses voisins européens”, surtout depuis 2019, constate Mathieu Plane, directeur adjoint du département analyse et prévision de l’OFCE, auprès de l’AFP.Outre les très coûteuses mesures de soutien face aux crises sanitaire et inflationniste, il y voit le résultat d’une baisse de prélèvements obligatoires non financée, et d’une croissance plus molle qu’espéré par le gouvernement, et donc moins génératrice de recettes. Différence entre des dépenses chroniquement plus élevées que les recettes, “le déficit n’est pas seulement un déficit de crise, il est aussi structurel”, note l’économiste, qui situe “le tournant” au moment de la crise des gilets jaunes.- Dette instable -Toujours sans gouvernement et en quête d’un compromis pour éviter une censure, le Premier ministre a jusqu’à la mi-octobre pour transmettre un projet de budget à l’Assemblée nationale qui puisse être adopté avant la fin de l’année. Mais avant même d’être connue, sa copie budgétaire suscite le mécontentement: déçue de sa nouvelle entrevue mercredi à Matignon, l’intersyndicale prévoit une nouvelle journée de mobilisation le 2 octobre pour plus de justice fiscale. Le patronat organisera lui un meeting le 13 octobre contre “la dangerosité (du) débat fiscalo-fiscal”. En 2026, le niveau du déficit public dépendra du montant de l’effort budgétaire qui sera consenti. Le curseur sera-t-il autour de 35 milliards d’euros, comme l’accepterait la droite? Ou vers 22 milliards comme le souhaitent les socialistes, moitié moins que les 44 milliards ambitionnés par l’ex-Premier ministre François Bayrou afin de ramener le déficit à 4,6% du PIB? Davantage que le niveau de la dette, c’est toutefois son évolution qui inquiète. “Aujourd’hui, on n’est pas capable de stabiliser la dette”, souligne l’expert en finances publiques François Ecalle, président du site spécialisé Fipeco, interrogé par l’AFP. La France est troisième sur le podium des pays de la zone euro les plus endettés, derrière la Grèce et l’Italie, et première concernant l’ampleur de son déficit, espéré à 5,4% du PIB cette année, loin du seuil maximal européen de 3% qui permettrait de stabiliser la dette. L’agence de notation Fitch, qui a dégradé en septembre la note souveraine de la France en citant son instabilité politique et sa fragilité budgétaire, voit même l’endettement grimper jusqu’à 121% du PIB en 2027. – “Flottement politique” -Cette dette qui gonfle devient de plus en plus coûteuse avec la remontée des taux auxquels la France emprunte sur les marchés, une hausse accentuée depuis la dissolution de l’Assemblée nationale en juin 2024, compliquant l’équation budgétaire.Au vu de l’effort requis pour parvenir à la stabiliser, François Ecalle juge nécessaire de réaliser essentiellement des économies sur les dépenses, mais aussi d’augmenter les prélèvements obligatoires.Alors que la taxe Zucman visant le patrimoine des plus aisés occupe le terrain du débat politique, “il est nécessaire, au moins pour des raisons politiques et sociales, de prélever un peu plus sur les riches.”Surtout, pour éviter une perte de confiance des investisseurs et un emballement des taux souverains, il faut “de la crédibilité” et “une stratégie claire de redressement des finances publiques sur plusieurs années”, sans nuire à l’économie, estime Mathieu Plane. Or, actuellement “on ne voit pas émerger de réelle stratégie: il y a un flottement politique tel qu’arriver à faire passer un budget pour une année, c’est déjà extraordinaire”. 

Procès de la sextape: le maire de Saint-Etienne face à ses propres mots

A la barre des prévenus mercredi, le maire de Saint-Etienne Gaël Perdriau, jugé pour chantage à la sextape, explique avec pédagogie la politique et le budget municipal, mais perd un peu sa contenance confronté à un enregistrement de ses propres propos.L’édile de 53 ans, exclu des Républicains, est soupçonné d’avoir muselé son ancien premier adjoint et rival, le centriste Gilles Artigues, avec une vidéo intime, et d’avoir financé le piège avec des fonds publics.Il réfute vivement ces accusations, admettant tout juste avoir eu connaissance de l’existence d’un film montrant Gilles Artigues avec un prostitué, réalisé en janvier 2015 par d’anciens membres de son entourage. Sauf qu’en novembre 2017, il a clairement menacé son premier adjoint de diffuser ces images, sans savoir que ce dernier l’enregistrait. Et la bande son de cet échange a été produit mercredi par le tribunal correctionnel de Lyon.”Une fois que c’est sur les réseaux, ce n’est plus du chantage”, “c’est une exécution”, l’entend-on dire dans cette conversation animée. Gaël Perdriau semble par ailleurs connaître l’existence d’un montage ne comportant que des extraits de la scène compromettante: “ça, c’est peut-être une mise en scène, mais le film complet, ce n’est pas une mise en scène”.Quand Gilles Artigues lui demande s’il est le commanditaire, le maire répond “absolument pas”. Mais ajoute: “on m’a remis un clé USB où il y avait à voir, tout ce qu’il y avait à voir…”- “Bluffe”-Confronté à ce document accablant, Gaël Perdriau reconnaît que ses propos ne sont “pas glorieux” et se dit “profondément attristé” de savoir que ces “quelques minutes sordides” puissent éclipser ses trente années d’engagement dans la vie politique stéphanoise.Il déroule surtout point par point ses arguments pour tenter de minimiser leur poids.D’abord, quand il dit avoir la clé USB, il “bluffe” dans le cadre d’un rapport de force avec Gilles Artigues, assure-t-il.Ensuite, ses mots ont “dépassé sa pensée” parce qu’il était “en colère” contre son premier adjoint, accusé d’être déloyal.Il admet aussi qu’il y a bien eu “menace, oui, mais du chantage, non ! Il n’y a pas de contrepartie demandée”.Gilles Artigues, qui a déposé plainte pour chantage aggravé une fois la vidéo révélée par Mediapart en 2022, soutient, lui, qu’il a été obligé de mettre en sourdine ses ambitions sous peine de voir ce film révélé.Gaël Perdriau assure que son premier adjoint n’a jamais été brimé. Mais à la fin de leur échange de 2017, il lui lance : “tu me fais chier avec ton existence politique propre”.- “Equilibriste” -Les débats ont ensuite abordé un autre élément délicat: le versement en 2014 et 2015 de deux subventions de 20.000 euros, prises sur la réserve du maire, à des associations qui les ont ensuite reversées à l’auteur principal du piège, Gilles Rossary-Lenglet.Leur montant a semblé “exceptionnel” à la présidente du tribunal, qui a rappelé qu’en moyenne les subventions attribuées sur cette réserve étaient de 1.688 euros en 2014.La magistrate s’est également interrogée sur le caractère “dérogatoire” et rapide de la procédure d’attribution, ce qui a entraîné de longues explications de Gaël Perdriau sur le fonctionnement du budget municipal.”Il répond bien, mais il répond à côté”, a ironisé à la suspension d’audience l’avocat des parties civiles, André Buffard, raillant son “numéro d’équilibriste”.Interrogé au total pendant une dizaine d’heures, le maire est également revenu sur le témoignage de son ancien directeur de cabinet qui, la veille, l’avait accusé d’avoir donné le feu vert au projet de sextape. “Pierre Gauttieri se retourne contre moi sans doute pour atténuer sa responsabilité”, a-t-il supposé.A quoi, ce dernier a rétorqué: “en 2023 j’ai craqué, j’en ai ras-le bol de lire que je suis le seul responsable (…) désolé, j’ai un patron au dessus de moi !”Gaël Perdriau encourt dix ans de prison et une peine d’inéligibilité. Le procès durera jusqu’à lundi et le jugement sera sans doute mis en délibéré.

L’intersyndicale réinvitée à Matignon après son appel à une nouvelle mobilisation le 2 octobre

“Une occasion manquée”: l’intersyndicale a annoncé mercredi une nouvelle journée de mobilisation le 2 octobre, déçue par les propositions du Premier ministre qui souhaite, lui, revoir les partenaires sociaux “dans les prochains jours”.Le Premier ministre (Sébastien Lecornu) n’a apporté “aucune réponse claire” aux attentes des travailleurs et des travailleuses, a souligné l’intersyndicale, reçue pendant plus de deux heures mercredi matin à Matignon.Reçues dans l’après-midi, les trois organisations patronales représentatives, Medef, CPME et U2P, se sont félicitées que la politique de l’offre n’ait pas été remise en cause.Le Premier ministre a assuré aux partenaires sociaux qu’il n’entendait pas “passer en force” et souhaitait les revoir “dans les prochains jours”, selon un communiqué publié mercredi soir.Sébastien Lecornu leur écrira également pour leur demander “leur contribution sur cinq thématiques”: financement de la protection sociale, réindustrialisation et souveraineté économique, conditions de travail, renforcement du paritarisme et modernisation du marché du travail.Toujours sans gouvernement et en quête d’un compromis notamment avec les socialistes pour faire passer un budget, le Premier ministre a reçu dans la matinée l’ensemble de l’intersyndicale (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa, FSU et Solidaires), en présence des ministres démissionnaires Catherine Vautrin (Travail, Santé et Solidarités), Astrid Panosyan-Bouvet (Travail et Emploi) et Laurent Marcangeli (Fonction publique). Arrivés et ressortis ensemble de Matignon, les syndicats ont annoncé une nouvelle journée de grèves et de mobilisation le 2 octobre. – “Langue de bois” -Invitée du journal de France 2, la numéro un de la CFDT Marylise Léon a estimé qu'”un chemin est possible pour construire un budget s’il y a un partage des efforts”. “Le monde du travail ne se laissera pas faire s’il a le sentiment que les efforts sont totalement déséquilibrés”, a-t-elle prévenu. “C’est l’une des raisons pour laquelle on se remobilise le 2 octobre, il faut qu’il (le Premier ministre) puisse répondre à cette question”, a-t-elle développé.Seul potentiel motif de satisfaction, l’enterrement d’une nouvelle réforme de l’assurance chômage semble “bien parti”, a-t-elle indiqué plus tôt à l’AFP. Mais ce n’est pas le cas du doublement des franchises médicales ou de la suppression de 3.000 postes de fonctionnaires et M. Lecornu n’a donné “aucun élément précis” sur la justice fiscale, a regretté Sophie Binet. La numéro 1 de la CGT a fustigé “deux heures de langue de bois”. Quant à la réforme des retraites de 2023, point central des revendications syndicales, “ça fait partie des sujets qui ont été le moins clairs”, a déploré Mme Léon, Sophie Binet regrettant que le Premier ministre n’ait “pas dit un mot” d’une éventuelle suspension.Le Parti socialiste a exprimé mercredi soir dans un communiqué sa “solidarité pleine et entière avec l’intersyndicale et appelé “l’ensemble des citoyennes et citoyens à rejoindre massivement la journée d’action et de mobilisation du 2 octobre”.Depuis son arrivée à Matignon, où il avait d’emblée promis “des ruptures” sur le fond, le Premier ministre a déjà reçu les organisations représentatives une à une. Au terme de leur journée de grève et de manifestations du 18 septembre, il avait convié les syndicats à revenir le voir. – “Efforts partagés -Ceux-ci lui avaient lancé un “ultimatum”, lui demandant de répondre à leurs revendications avant mercredi sous peine d’une nouvelle mobilisation. Mercredi en début d’après-midi, c’était au tour des organisations patronales d’être reçues, en présence des ministres démissionnaires Eric Lombard (Economie) et Catherine Vautrin (Travail et Santé).Selon Patrick Martin, le président du Medef, le Premier ministre “est parfaitement conscient qu’il faut envoyer des signaux sur le partage des efforts, sur l’équité (fiscale) mais surtout sur la lutte contre la fraude”, sans “mettre en péril le modèle économique”.Amir Reza-Tofighi, le président de la CPME, a indiqué que son mouvement était “à 200% pour” lutter contre la suroptimisation fiscale par certains contribuables, mais “qu’il ne fallait pas créer de nouveaux impôts”. Michel Picon, le président de l’U2P (entreprises de proximité), a lui estimé que “si on ne dit pas aux Français que les efforts seront partagé par tous ils ne seront acceptés par personne”.Selon plusieurs sources, syndicales et patronales, M. Lecornu a confié mercredi qu’il était “le plus faible Premier ministre de la Ve République”. “Je ne suis pas Édouard Philippe, je n’ai pas 350 députés sur lesquels m’appuyer”, a rapporté Sophie Binet.Le Premier ministre, qui pourrait selon des sources concordantes donner une interview dans la presse écrite dès jeudi soir, a été reçu par François Hollande “à la demande de Matignon” pour “un entretien de pure courtoisie républicaine”, a indiqué l’entourage de l’ancien président.Les députés insoumis ont demandé mercredi aux autres groupes de gauche de l’Assemblée nationale de signer une motion de censure commune contre Sébastien Lecornu qui sera déposée “dès l’ouverture de la session parlementaire”, le 1er octobre. bur-are-od-bj-caz/cg/ito/cbn

Gabriel Zucman, dans l’arène politique malgré lui

Chantre de la justice fiscale pour la gauche, adversaire des entreprises pour la droite et les libéraux, jusqu’au patron de LVMH qui le qualifie de “pseudo universitaire”, le discret économiste Gabriel Zucman se retrouve au centre des débats budgétaires avec sa proposition de taxer les ultra-riches.Plus habitué aux salles d’universités qu’aux plateaux de télévision, il a été propulsé à 38 ans dans la lumière pour défendre sa proposition, dite “taxe Zucman”, d’un impôt équivalent à 2% du patrimoine des personnes détenant plus de 100 millions d’euros.”Il préfèrerait ne pas avoir à le faire, il aime la recherche. Mais il voit que politiquement il y a une fenêtre. C’est un chercheur dans l’arène”, résume auprès l’AFP Lamia Oualalou, secrétaire générale à l’Observatoire européen de la fiscalité, qu’il dirige.- “Taxe Bernard Arnault” -“J’aurais préféré qu’elle s’appelle taxe Bernard Arnault”, a-t-il récemment confié, du nom du patron du groupe de luxe LVMH.Gabriel Zucman, qui partage sa vie entre Paris et l’université de Berkeley en Californie l’été, a des rapports distants avec le monde politique: “on répond aux sollicitations”, dit à l’AFP Quentin Parrinello, directeur des politiques publiques à l’Observatoire européen de la fiscalité.Il a travaillé avec les députées Eva Sas et Clémentine Autin pour préparer une proposition de loi de taxe sur les ultra-riches, adoptée en février à l’Assemblée nationale mais rejetée au Sénat, a rencontré les socialistes Boris Vallaud et Olivier Faure, le ministre de l’Economie Eric Lombard, et sera reçu mardi à l’Assemblée par le groupe Liot.- “Œcuménique” -“Gabriel est œcuménique (…), il veut bien discuter avec tout le monde”, affirme à l’AFP Pierre-Natnaël Bussière, qui a travaillé avec le patron de Place publique Raphaël Glucksmann et est aujourd’hui proche de Gabriel Zucman. L’effet escompté est réussi selon Gabriel Zucman: “quasiment tout le monde reconnaît le besoin d’une imposition minimale des ultra-riches”, affirmait-il au cours d’un entretien en février avec l’AFP au sujet de ce projet largement plébiscité selon un récent sondage, et soutenu par sept prix Nobel d’économie.En face, les attaques sont parfois virulentes: cette taxe “videra la France de ses entreprises”, a fustigé le patron des Républicains Bruno Retailleau. Bernard Arnault a qualifié le week-end dernier l’économiste franco-américain de “pseudo universitaire” et de “militant d’extrême gauche”.Dans la foulée, interrogé par l’AFP, l’économiste a appelé à respecter “la vérité et les faits” dans le débat sur la taxation des hauts patrimoines.Ce qui l’inquiète, “c’est plutôt la dérive sur le mode trumpiste, la remise en cause du travail scientifique”, ajoute Lamia Oualalou.- Sollicité au G20 -En 2019, cet amateur de piano et père de trois enfants a publié avec son collègue Emmanuel Saez “Le triomphe de l’injustice”, dans lequel il abordait déjà ses pistes pour taxer les riches ménages et entreprises.La présidence brésilienne du G20 lui a commandé en 2024 un rapport sur la taxation des plus fortunés, et, malgré l’appui de plusieurs pays dont la France, n’a pas retenu son idée de taxer à 2% les milliardaires.”Il faut agir à toutes les échelles”, martèle ce fils de médecins parisiens, diplômé de l’Ecole d’économie de Paris et ancien de l’Ecole normale supérieure de Paris-Saclay.Le fait que cette thématique soit arrivée sur la table des négociations est une victoire, selon son ancien directeur de thèse, l’économiste Thomas Piketty. “Quand je proposais il y a dix ans (…) la création d’un impôt mondial sur la fortune, j’étais loin de me douter que cela arriverait dans l’agenda officiel du G20″, dit-il à l’AFP, louant l'”infatigable énergie” de son jeune collègue.Gabriel Zucman a aussi conseillé les candidats démocrates Elizabeth Warren et Bernie Sanders à la présidentielle américaine de 2020, et a travaillé sur la question des paradis fiscaux au travers de “La richesse cachée des nations”, sa thèse traduite en près de 20 langues.Il a reçu en 2023 la médaille Bates Clark, prestigieuse récompense économique.Une récompense “controversée”, avait jugé le journal The Economist, rappelant que certains de ses collègues mettaient en doute ses méthodes pour mesurer les inégalités.

Macron met Trump au défi de stopper la guerre à Gaza pour décrocher le Nobel

Emmanuel Macron a mis mardi Donald Trump au défi de stopper la guerre à Gaza s’il veut décrocher le prix Nobel de la paix, avant un échange à l’ONU qui a permis aux deux dirigeants d’afficher leurs désaccords sur la Palestine mais aussi quelques convergences.”Il y en a un qui peut faire quelque chose, c’est le président américain”, a reconnu le chef de l’Etat français dans un entretien à la chaîne française BFMTV depuis New York, au lendemain de sa reconnaissance d’un Etat palestinien. Il l’a exhorté à “faire pression sur le gouvernement d’Israël”, soulignant que les Etats-Unis lui livraient des “armes qui permettent de mener la guerre à Gaza”, contrairement à la France.”Je vois un président américain qui est mobilisé, qui l’a redit ce matin à la tribune (des Nations unies): +Je veux la paix. J’ai réglé sept conflits+. Qui veut le prix Nobel de la paix. Le prix Nobel de la paix n’est possible que si vous arrêtez ce conflit”, a lancé Emmanuel Macron.Les deux hommes se sont ensuite retrouvés pour une rencontre. Interrogé sur les propos de son homologue français, le milliardaire républicain a d’abord éludé: pour le Nobel, “c’est Gaza, c’est la Russie, c’est un peu tout”, a-t-il estimé.Il a glissé au passage qu’Emmanuel Macron l’avait “aidé” à résoudre les “sept conflits” auxquels il revendique d’avoir mis fin, alors qu’il avait pesté dans la matinée, devant l’Assemblée générale de l’ONU, sur l’absence de soutien international.Quant au conflit à Gaza, “nous voulons y mettre fin”, a assuré Donald Trump, espérant un “résultat très rapidement”. Il devait tenir un peu plus tard une réunion avec plusieurs pays arabes.- “Récompense” au Hamas? -Les désaccords ne sont pas effacés sur cette question sensible.Emmanuel Macron, pourfendeur de l’offensive israélienne à Gaza, a reconnu lundi, à l’ONU, un Etat palestinien, avec une dizaine d’autres pays dont le Royaume-Uni et le Canada.Le président américain, principal allié du gouvernement israélien de Benjamin Netanyahu, a lui répondu mardi à la même tribune qu’il s’agissait d’une “récompense” pour les “atrocités” commises par le Hamas, le mouvement islamiste palestinien auteur de l’attaque sanglante du 7 octobre 2023 en Israël.A côté du président, il l’a redit: “Cela honore le Hamas, et on ne peut pas faire cela en raison du 7-Octobre”.”C’est totalement faux de dire que c’est une récompense au Hamas”, a protesté Emmanuel Macron sur BFMTV. Au contraire, selon lui, “c’est le seul manière d’isoler” le mouvement islamiste.En face-à-face, il a plaidé que la solution militaire avait été “une grande réussite” contre les dirigeants du Hamas, mais qu’elle “ne fonctionne pas pour démanteler” l’organisation.”Ce n’est pas la bonne façon d’agir. Nous avons donc besoin d’un processus complet”, a-t-il insisté.Il a défendu une fois de plus le plan franco-saoudien en faveur de la solution à deux Etats, israélien et palestinien, qui a été endossé par 142 pays à l’ONU. Et qui prévoit le désarmement du Hamas, exclu de toute gouvernance palestinienne future.Au-delà de ces divergences, Emmanuel Macron et Donald Trump ont fait quelques pas l’un vers l’autre, faisant même assaut d’amabilités, au moment où leurs vues semblent converger plus que jamais sur l’Ukraine.Le premier a dit espérer que Washington puisse porter “un plan de paix crédible” complémentaire pour Gaza, tandis que le second lui a dit, en se tournant vers lui: “Je comprends votre position”, “nous devons juste résoudre cela”.Le président français a aussi tenté encore une fois d’apaiser les craintes israéliennes sur son “projet de paix”.Il a d’ailleurs expliqué qu’Israël aurait son mot à dire pour que la nouvelle entité prenne véritablement forme, y compris en disant “oui ou non sur chaque membre” d’une “autorité de transition” à Gaza.Au final, “le jour où l’Etat de Palestine est créé, c’est le jour où l’Etat d’Israël le reconnaît”, a-t-il insisté.

Le maire de Saint-Etienne nie tout chantage à la sextape, son ex-directeur de cabinet l’accable

Le maire de Saint-Etienne Gaël Perdriau, ex-LR, a nié mardi, au deuxième jour de son procès, tout complot pour piéger un rival avec une sextape, malgré le témoignage accablant de son ancien directeur de cabinet et l’interrogatoire serré de la présidente du tribunal.”Jamais, je n’ai pratiqué des méthodes hors-la-loi pour faire de la politique,” a assuré sur un ton très combatif l’édile de 53 ans qui encourt dix ans de prison et une peine d’inéligibilité.Depuis lundi il est jugé à Lyon pour chantage, association de malfaiteurs et détournement de fonds publics avec trois anciens membres de son entourage. Entendus un par un, ils ont tous reconnus avoir comploté pour filmer l’ancien Premier adjoint Gilles Artigues – un catholique qui s’était opposé au mariage homosexuel – avec un prostitué, afin de le “tenir” politiquement. Surtout, ils ont assuré que le maire avaient joué un rôle dans ce “kompromat”.”C’est totalement faux, ça s’est fait sans moi”, s’est étranglé Gaël Perdriau, interrogé mardi soir. “Chacun d’eux avait des raisons personnelles d’organiser cette vidéo”, ambition, appât du gain ou rancunes, soutient-il.Depuis que Médiapart a révélé le scandale en août 2022, “j’ai eu l’impression que l’on ne m’écoutait pas”, “dès le premier instant, il fallait que je sois coupable”, regrette-t-il encore en se présentant comme victime d’une instruction à charge, de fuites “partielles” dans les médias et d’accusations mensongères.- “Je m’en occupe” -Juste avant lui, Pierre Gauttieri qui fut pendant dix ans son plus proche et son plus fidèle collaborateur, a pourtant porté un coup dur à sa défense.Dès son élection au printemps 2014, “Monsieur le maire m’a demandé une solution pour tenir en respect Gilles Artigues, parce que nous avions (…) un doute sur sa capacité à ne pas comploter”, assure l’ancien directeur de cabinet. Et quand l’idée d’une sextape a émergé lors d’échanges avec l’adjoint à l’Education Samy Kéfi-Jérôme et son compagnon Gilles Rossary-Lenglet, “Monsieur le maire a pris la décision d’y aller”, poursuit Pierre Gauttieri.Sur le volet financier, qui impliquait de trouver 40.000 euros pour rémunérer Gilles Rossary-Lenglet, Gaël Perdriau “m’a dit: je m’en occupe”, assène-t-il encore.Des “mensonges”, balaie le maire quand son tour à la barre arrive.”Je pense que Pierre Gauttieri avait des ressentiments très forts contre Gilles Artigues”, qu’il accuse d’avoir fait circuler des rumeurs à son sujet, avance Gaël Perdriau en l’accusant d’avoir agi dans son dos.- Blagues -De même, Gaël Perdriau a réponse à tout, quand la présidente du tribunal Brigitte Vernay soulève les points troublants du dossier:- “Je ne sais pas si c’est un gang bang ou une partouze”, avait-il lâché devant la presse juste après la publication de l’enquête de Médiapart. Pourquoi un tel vocabulaire, s’il ne savait rien du complot?, lui demande la magistrate.- “Je suis assailli, je n’ai pas la bonne réaction, parce que je ne sais pas si Gilles Artigues subit ou est à l’origine de l’article.”- En 2017, il menace son Premier adjoint dans un échange enregistré par ce dernier de diffuser la vidéo “en petit cercle”, rappelle-t-elle.- C’était juste un coup de “colère” à cause d’un désaccord politique, par une menace, rétorque-t-il.- Et les SMS blagueurs qui évoquent Théo, l’escort-boy, échangés en 2018 avec Samy Kéfi-Jérôme ? Comment peut-il avoir compris la référence ?- Parce que le nom lui a été donné la seule fois, fin 2015 ou début 2016, où on lui a dit qu’une vidéo de Gilles Artigues avec un homme existait, assure-t-il. Il avait alors pensé que le film avait été réalisé avec le consentement de son Premier adjoint et n’en avait pas fait plus de cas, poursuit Gaël Perdriau.Toutes ces réponses “n’empêcheront pas le tribunal de s’interroger”, conclut la juge, avant d’ajourner l’interrogatoire qui reprendra mercredi.

Financement libyen: l’intermédiaire franco-libanais Ziad Takieddine est mort

L’un des grands protagonistes des affaires politico-financières françaises de ces 30 dernières années s’est éteint: l’intermédiaire franco-libanais Ziad Takieddine est mort mardi matin à Beyrouth, à deux jours de la décision du tribunal correctionnel de Paris sur les soupçons de financement libyen de la campagne présidentielle 2007 de Nicolas Sarkozy.L’information du Point a été confirmée à l’AFP par l’avocate française de M. Takieddine, Me Elise Arfi, et par une source au sein de sa famille.D’après cette dernière, l’intermédiaire de 75 ans “était détenu à la prison de Tripoli (nord du Liban) depuis un mois sur la base d’une action en justice intentée par son avocat (libanais) qui affirmait qu’il ne l’avait pas payé”, et est décédé à l’hôpital après une crise cardiaque.Dès mai 2012, Ziad Takieddine assurait à la presse que le financement de la campagne de l’ex-chef de l’Etat français par le défunt dictateur libyen Mouammar Kadhafi et de ses lieutenants, évoqué dès 2011, était “la vérité”.Nicolas Sarkozy avait en retour constamment vilipendé celui qu’il qualifiait de “grand manipulateur”, connu pour ses déclarations fluctuantes.En 2016, dans un retentissant entretien à Mediapart, Takieddine s’auto-incrimine: il affirme avoir convoyé entre novembre 2006 et début 2007 “cinq millions d’euros” dans des valises lors de trois voyages entre Tripoli et Paris, remis en deux fois à Claude Guéant, directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, mais aussi à l’ancien chef de l’État lui-même. Ces derniers avaient farouchement démenti.Ziad Takieddine avait été mis en examen dans cette enquête sensible.Cet homme volubile, haut en couleurs, et parfois confus dans ses explications, avait connu en parallèle d’autres soucis judiciaires sur des dossiers plus anciens.La cour d’appel de Paris a en effet confirmé début 2025 sa condamnation à cinq ans de prison ferme dans le volet financier de la tentaculaire affaire Karachi, un système de commissions occultes sur des contrats d’armement français avec l’Arabie saoudite et le Pakistan au mitan des années 1990.Ziad Takieddine avait quitté la France pour se réfugier au Liban quelques jours avant sa condamnation dans cette affaire en première instance, mi-2020.En fuite, il était visé par un mandat d’arrêt dans le dossier libyen. En raison du décès de l’intermédiaire, le tribunal de Paris, qui doit rendre jeudi son jugement dans ce dossier, devrait déclarer l’action publique éteinte à son encontre.- Volte-face -Au Liban, Ziad Takieddine avait fait plusieurs séjours en prison, notamment à cause du mandat d’arrêt français.Mais comme le Liban n’extrade pas ses ressortissants et que Ziad Takieddine avait fait appel en France, la justice libanaise l’avait libéré en avril avec une interdiction de quitter le territoire libanais. Le septuagénaire avait déclenché un dernier big bang, fin 2020: il avait rétracté près de dix ans d’accusations de financement de Nicolas Sarkozy par la Libye devant BFMTV et Paris Match, soutenant cette fois que l’ex-président n’avait pas bénéficié de cet argent.Des propos “déformés”, corrigeait deux mois plus tard Ziad Takieddine, une volte-face temporaire analysée depuis par la justice comme une possible subornation de témoin, et qui vaut une mise en examen à plusieurs personnalités, dont Nicolas Sarkozy, son épouse Carla Bruni-Sarkozy ou la figure de la presse people, Mimi Marchand. Les trois sont présumés innocents dans ce dossier pas encore jugé.Ziad Takieddine est mort au Liban où il était né, le 14 juin 1950, dans une grande famille druze implantée dans les hautes sphères du pays.L’intermédiaire y a d’abord été publicitaire, avant de quitter son pays, déchiré par la guerre civile, pour Londres.Dans les années 1980, il est placé à la tête de la station de montagne Isola 2000 (Alpes-Maritimes) et noue progressivement des liens avec de hauts responsables de droite.Grâce à ces connaissances et son entregent, il s’immisce dans la négociation de contrats de défense au cœur de l’affaire Karachi. Il mène alors grand train et couvre de cadeaux ses relations politiques.Mais son influence va ensuite décliner, entre un divorce difficile avec son épouse, la concurrence de son ennemi juré, l’homme d’affaires Alexandre Djouhri, venu des réseaux liés à Jacques Chirac, et le début de ses ennuis judiciaires.