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Pour réduire le “surendettement” français, des pistes d'”économies importantes” encore floues

François Bayrou a promis mardi, sans les détailler concrètement, des “économies importantes” pour réduire le lourd “surendettement” de la France, contrainte de revoir ses prévisions de croissance et de déficit public pour 2025. Dans son discours de politique générale prononcé devant une Assemblée nationale électrisée, le nouveau Premier ministre a appelé la France à “adopter sans tarder” les budgets de l’Etat et de la Sécurité sociale, dont le pays est dépourvu en raison de la censure du gouvernement précédent en décembre. “Cette précarité budgétaire, nous la payons tous au prix fort”, a-t-il lancé, alors que la France a déjà vu sa note dégradée par l’agence de notation Moody’s la nuit-même suivant sa nomination comme Premier ministre, le 13 décembre. Mais face à la situation dégradée des finances publiques, “une épée de Damoclès” pour le pays dont il a attribué la responsabilité à tous les partis dans la majorité comme l’opposition, le chef de gouvernement est resté très flou sur les contours des économies souhaitées comme sur les impôts qui toucheraient grosses entreprises et riches particuliers. Cancre de la zone euro, avec le troisième ratio d’endettement le plus élevé derrière la Grèce et l’Italie, la France vise désormais un déficit public de 5,4% du PIB en 2025 (contre 5% pour le précédent gouvernement). L’objectif est maintenu de le ramener en 2029 au maximum de 3% prévu par les règles européennes. – Croissance en berne -En 2024, le déficit public devrait atteindre 6,1% du PIB, un gros dérapage qui vaut à la France d’être épinglée par Bruxelles pour déficit excessif. A fin septembre, la dette publique atteignait 113,7% du PIB à 3.303 milliards d’euros.Dans le même temps, la prévision de croissance du gouvernement est abaissée à 0,9% cette année, et alignée sur celle de la Banque de France, contre 1,1% avant la censure. Le ministre de l’Economie, Eric Lombard, avait indiqué début janvier viser un effort budgétaire de 50 milliards d’euros en 2025, qui s’appuierait principalement sur des économies plutôt que des hausses d’impôts. François Bayrou a promis “des économies importantes” pour y parvenir. Un effort financier de 2,2 milliards d’euros sera demandé aux collectivités locales. A rebours de ces économies cependant, il a renoncé à la mesure de déremboursement de médicaments qui avait déjà été abandonnée par Michel Barnier sous la pression du RN. – “Le compte n’y est pas” -Concernant la fiscalité, M. Bayrou a estimé que les entreprises devaient être “prémunies contre des augmentations exponentielles d’impôts et de charges”. Son prédécesseur ambitionnait une surtaxe sur les bénéfices des grandes entreprises, censée rapporter 8 milliards d’euros. Il n’a pipé mot sur une éventuelle taxe visant les hauts revenus, inapplicable dans la forme qui était envisagée par M. Barnier en raison des règles empêchant la rétroactivité. L’idée ne serait pas pour autant abandonnée et pourrait faire l’objet d’une loi fiscale séparée. M. Bayrou a tout de même affirmé dans la soirée que le gouvernement travaillait sur une “taxe anti-optimisation pour les hauts patrimoines” qui pourrait figurer dans le projet de budget 2025.Pour gagner du temps, le gouvernement a souhaité que l’examen du projet de budget de l’Etat pour 2025 reprenne mercredi au Sénat, là où il avait été interrompu par la censure. Pour éviter le même sort, il avait engagé la semaine dernière des discussions serrées avec la gauche (hors LFI), qui réclame a minima une suspension de la réforme des retraites. M. Bayrou a consenti à la revisiter, tout en prévenant qu’elle serait maintenue si les partenaires sociaux échouaient à s’entendre. Pour le patron des socialistes Olivier Faure, le PS censurera jeudi le gouvernement sauf s’il obtient “une réponse claire” sur son exigence de soumettre quoi qu’il en soit au Parlement la question des retraites.  Le leader de LFI Jean-Luc Mélenchon a raillé des concessions “grotesques” accordées au PS, allié des Insoumis au sein de l’alliance chancelante du NFP.Du côté des organisations patronales, la première d’entre elles, le Medef, a salué “le volontarisme économique” du discours et assuré qu’il participerait de façon “constructive” aux discussions sur les retraites. Son de cloche identique à la CPME, qui a toutefois réclamé que “les actes suivent”, “et vite”. Le Premier ministre a par ailleurs prôné un allègement de “la bureaucratie” et une simplification de la vie économique, et annoncé la création d’un fonds spécial “entièrement dédié à la réforme de l’État” 

Bayrou veut simplifier l’administration face à une “bureaucratie” jugée “trop lourde”

Dans la lignée du gouvernement précédent, le Premier ministre François Bayrou a martelé mardi sa volonté d’économies et de simplification des processus dans l’administration, sans en dévoiler les détails, allant jusqu’à dénoncer une “bureaucratie” jugée “trop lourde” et “incroyablement nuisible au développement du pays”.Dans les pas de son prédécesseur Michel Barnier, François Bayrou a repris à son compte un refrain bien connu contre la “bureaucratie”, en prononçant face aux députés sa déclaration de politique générale. Il a dénoncé un “poids des normes qui vient pénaliser la croissance”, et des contraintes qui constituent “un frein insupportable à l’activité de notre pays”.Dans la perspective d’adoption des budgets de l’Etat et de la Sécurité sociale, “il faudra trouver des méthodes d’organisation de l’Etat qui ne requerront pas d’augmentation de nos dépenses publiques. Il nous faut repenser tous nos budgets”, a lancé François Bayrou, en précisant qu’il demanderait à “tous les ministres de les préparer dès le printemps”. De quoi laisser présager des économies de fonctionnement dans les administrations ? Dans une circulaire en date du 12 novembre 2024, l’ancien Premier ministre Michel Barnier exigeait déjà la “sobriété” de son gouvernement, notamment lors des déplacements sur le terrain.Concernant la “bureaucratie” jugée “trop lourde” par François Bayrou, “c’est une arlésienne de ces dernières années, reprise sans trop dire ce qu’on va débureaucratiser”, estime Johan Theuret, du cercle de réflexion de hauts fonctionnaires “le Sens du service public”, qui juge l’expression “stigmatisante”.”Il y a toujours cette idée de vouloir mettre en cause le rôle des dépenses de fonctionnement de l’administration et du service public dans le déficit, alors qu’il est d’abord et avant tout le fruit de choix fiscaux. C’est ce que dit la Cour des comptes, avec une perte de recettes fiscales de 62 milliards d’euros depuis 2018″, assure-t-il. – Réforme de l’Etat -Toujours dans les traces de son prédécesseur, François Bayrou a aussi pointé le rôle de certaines agences et certains organes ou opérateurs de l’Etat.”Est-il nécessaire que plus de 1.000 agences, organes ou opérateurs exercent l’action publique?”, a-t-il interrogé. “Nous connaissons le rôle précieux de plusieurs d’entre eux, comme France Travail. Mais ces 1.000 agences ou organes, sans contrôle démocratique réel, constituent un labyrinthe dont un pays rigoureux peut difficilement se satisfaire”, a-t-il poursuivi. Sous l’autorité de Michel Barnier, qui plaidait aussi pour la réduction du nombre d’agences et de comités de l’Etat dans le but de réaliser des économies, l’ancien ministre de la Fonction publique, Guillaume Kasbarian, avait identifié “plusieurs dizaines” de ces “comités Théodules” dans l’objectif de les supprimer.Disant vouloir engager un “puissant mouvement de réforme de l’action publique”, François Bayrou a indiqué qu’il associerait les parlementaires à cet “effort d’organisation et de rationalisation”, sans donner plus de détails sur sa feuille de route.Sur du plus long terme, le Premier ministre a également annoncé la création d’un fonds dédié à la réforme de l’Etat, qui sera notamment financé par des ventes d’actifs immobiliers de la puissance publique.Les sommes dégagées “ne pourront pas être utilisées pour des dépenses courantes, pour abonder tel ou tel budget. Elles resteront donc uniquement consacrées à ces efforts de réorganisation”, a détaillé M. Bayrou, en investissant par exemple dans le développement de l’intelligence artificielle dans les services publiques.”On sera très attentif. Si c’est améliorer le fonctionnement et simplifier, ça peut se faire intelligemment, en écoutant les agents par exemple”, assure Mylène Jacquot, secrétaire générale de la CFDT Fonction publique, qui espère désormais que le discours s’accompagne d’actes.Soulignant que l’effort financier demandé aux collectivités sera ramené de 5 milliards d’euros initialement à 2,2 milliards d’euros en 2025, le Premier ministre a évoqué la possibilité d’associer les “acteurs de terrain” aux “simplifications, suppression et allègement d’obligations utiles”. Un point “à creuser”, juge Johan Theuret, qui souligne l’abondance de la littérature en matière de proposition de simplification dans l’administration, notamment les collectivités. “Mais ça reste encore flou dans le message du Premier ministre”, nuance-t-il.

Des députés insoumis, écologistes et communistes déposent une motion de censure contre Bayrou

La présidente du groupe La France insoumise à l’Assemblée nationale, Mathilde Panot, a déposé mardi une motion de censure contre le gouvernement de François Bayrou, signée par 57 autres députés, issus de ses rangs mais aussi des groupes communiste et écologiste.La motion, déposée peu après la déclaration de politique générale du nouveau Premier ministre, sera examinée jeudi.Elle fustige un “déni de démocratie” dans la nomination de M. Bayrou et le refus du chef du gouvernement de se plier à un vote de confiance. Elle critique aussi la composition du gouvernement, “à elle seule une provocation justifiant la censure”, avec à l’Education nationale Elisabeth Borne, qui a “brutalisé le Parlement avec 23 recours aux 49.3”, et à l’Intérieur Bruno Retailleau “qui ose parler de +Français de papiers+”.Les signataires critiquent également le choix de François Bayrou de “reprendre le budget présenté par Michel Barnier”, son prédécesseur renversé par une motion de  censure, assumant de “bloquer toute nouvelle mesure fiscale ambitieuse”.La motion est signée par 58 députés, le minimum nécessaire, le nombre de motions que chaque député peut déposer au titre de l’article 49.2 de la Constitution étant limité. Parmi les signataires, sept députés du groupe écologiste et social, et neuf députés du groupe de la Gauche démocrate et républicaine, composé notamment des élus communistes.

Le PS a “mis le NFP à terre” en négociant avec le gouvernement, accuse Mélenchon

Le PS a mis le Nouveau Front populaire “à terre” en négociant avec le gouvernement sur la réforme des retraites, a accusé mardi le leader de LFI Jean-Luc Mélenchon, en raillant les concessions “grotesques” accordées, selon lui, par le Premier ministre François Bayrou aux socialistes.”Les concessions accordées aux socialistes sont tellement grotesques, on leur laissera le plaisir de vous expliquer en quoi ça consiste”, a ironisé Jean-Luc Mélenchon devant des journalistes.”Le bilan du PS aura été de mettre à terre le NFP et de diviser les syndicats”, a poursuivi le triple candidat à la présidentielle.  “Les organisations syndicales ne sont pas d’accord entre elles sur la réforme des retraites”, a-t-il affirmé.Sans évoquer une “suspension” de la réforme des retraites, une demande des socialistes qui hérissait une partie du camp présidentiel et de la droite, François Bayrou a annoncé mardi lors de sa déclaration de politique générale un “conclave” de trois mois pour rediscuter de cette réforme avec les partenaires sociaux.”Les socialistes ont un choix: voter la censure ou soutenir le gouvernement”, a encore estimé Jean-Luc Mélenchon.Le fondateur de La France insoumise a également mis en garde les élus de gauche qui seraient tentés de ne pas voter la motion déposée par Mathilde Panot et 57 autres députés issus de LFI mais aussi des groupes écologiste et communiste.”Tous ceux qui ne votent pas la censure sortent de l’accord du NFP donc on met des options sur leur circonscription”, et on présentera des candidats insoumis face à eux, a-t-il prévenu.”Le compte n’y est pas”, a estimé le patron des députés socialistes Boris Vallaud en réponse à François Bayrou, sans dire si ses troupes voteront la censure.”J’ai l’impression que la moitié du groupe socialiste va (la) voter. Ca gronde au PS. Tous les écologistes vont la voter et la plupart des députés du groupe communiste également”, a par ailleurs assuré un cadre insoumis.

Bayrou propose la proportionnelle et le “probable” retour du cumul des mandats

François Bayrou a proposé mardi d’avancer “sur la réforme du mode de scrutin législatif”, avec “un principe de proportionnelle”, une mesure immédiatement rejetée par Les Républicains, ses alliés au gouvernement. “Je propose que nous avancions sur la réforme du mode de scrutin législatif”, a affirmé le chef du gouvernement, farouche défenseur de l’instauration de la proportionnelle.La cheffe de file des députés RN Marine Le Pen demande la mise en place de ce mode de scrutin, tout comme les partis de l’alliance de gauche Nouveau Front populaire.”Mon opinion est que le mode de scrutin doit être enraciné dans les territoires et il faut que ne se créent pas plusieurs catégories de citoyens avec des droits différents”, a souligné M. Bayrou, proposant “l’adoption du principe proportionnel pour la représentation du peuple dans nos assemblées”. Le scrutin proportionnel a déjà été testé aux législatives de 1986, sur une base départementale.Le Premier ministre a ajouté que cette réforme conduira “à reposer en même temps la question de l’exercice simultané d’une responsabilité locale et nationale”, suscitant la protestation de nombreux députés à gauche, plus de dix ans après la suppression du cumul des mandats lors de la présidence de François Hollande. M. Bayrou envoie ainsi un signal au président du Sénat Gérard Larcher (LR) qui s’était dit ouvert à la proportionelle, contre un retour du cumul des mandats. Mais la droite est divisée. Le patron des députés LR Laurent Wauquiez, qui a garanti au Premier ministre un “soutien exigeant, texte par texte” a d’ores et déjà prévenu mardi qu’il s’opposerait à l’introduction de la proportionnelle. “C’est la garantie que le désordre politique exceptionnel que nous connaissons aujourd’hui deviendra la règle”, a affirmé le député de Haute-Loire, estimant que ce système électoral “ancrerait au cœur de nos institutions l’instabilité politique et la primauté des intérêts partisans sur l’intérêt général”.

Bayrou consent à revisiter la réforme des retraites

Cherchant à éviter la censure des socialistes, François Bayrou s’est résolu mardi à revenir sur la réforme des retraites d’Emmanuel Macron, en annonçant un “conclave” de trois mois pour en rediscuter “sans aucun totem” ni “tabou” sur le départ ultracontesté à 64 ans.Mais “le compte n’y est pas”, a déploré le chef de file des députés socialistes, Boris Vallaud, sans dire s’il votera la censure ou pas sur la déclaration de politique générale du Premier ministre.”Où sont vos engagements? Où sont vos compromis?”, a-t-il lancé alors que François Bayrou est resté flou sur ses intentions budgétaires et les “économies importantes” promises pour réduire l’endettement.”L’injonction que le pays nous assigne”, c’est de “retrouver la stabilité”, avait d’emblée déclaré le Premier ministre devant l’Assemblée nationale qui a censuré son prédécesseur Michel Barnier au bout de seulement trois mois. Confronté à la mission quasi-impossible de survivre, et faire adopter un budget pour l’année en cours, il s’est montré prudemment optimiste: “Quand tout paraît aller mal, on est contraint au courage”.”Nous n’avons pas le droit, au nom de nos passions politiques, d’hypothéquer la vie de nos concitoyens”, a-t-il conclu, applaudi par le camp présidentiel, plus timidement par la droite, et chahuté par une partie de la gauche.- “Risques” -“Je connais tous les risques” de la censure, déjà promise par la France insoumise, a admis François Bayrou. Les Ecologistes la voteront également, a annoncé leur cheffe de file à l’Assemblée Cyrielle Chatelain, déplorant que seuls “158 mots au bout d’une heure et quart de discours” aient été consacrés à l’environnement.Si le chef du gouvernement s’appuie sur les mêmes forces que Michel Barnier – le camp macroniste et la droite -, il a misé sur des négociations serrées avec la gauche, hors LFI, contrairement à son prédécesseur qui avait tenté, en vain, de contenter le Rassemblement national (RN).Boris Vallaud a dit “prendre” la proposition – qui était celle des socialistes – d’une renégociation des retraites, y compris sur l’âge, mais il a refusé tout retour à la loi antérieure s’il n’y avait pas d’accord, comme évoqué par M. Bayrou. “Notre objectif demeure l’abrogation” et le retour du texte devant les députés, a-t-il martelé.Au coeur des tractations, jusqu’au bout, figurait cette réforme, adoptée en 2023 au forceps grâce à l’article controversé 49.3 de la Constitution, qui portait de 62 à 64 ans l’âge légal de départ. Le chef du gouvernement a annoncé vouloir “remettre ce sujet en chantier, avec les partenaires sociaux, pour un temps bref”, en commençant par une “mission flash” de la Cour des comptes et une réunion des partenaires sociaux “dès vendredi” au sein d’une “délégation permanente”.L’allié historique d’Emmanuel Macron n’a donc pas évoqué de “suspension” formelle du texte de 2023, une demande des socialistes qui hérissait une partie du camp présidentiel et de la droite.Il a estimé qu’une “fenêtre de tir” s’ouvrait sans nécessiter de pause, puisque la loi “a prévu que l’âge légal de départ passerait à 63 ans fin 2026”.François Bayrou a aussi assuré n’avoir “aucun tabou, pas même l’âge” mais avec une “seule exigence”: ne pas “dégrader l’équilibre financier”, et donc trouver d’autres pistes de financement.- NFP “à terre” -Ironie du sort, c’est Élisabeth Borne, numéro deux du nouveau gouvernement, qui a lu devant le Sénat le même discours, alors qu’elle a porté cette réforme ultracontestée en tant que Première ministre il y a seulement deux ans.”Nous sommes peut-être à quelques heures d’un accord possible”, avait affirmé pourtant quelques heures plus tôt le Premier secrétaire du PS Olivier Faure, qui en échange ne censurerait pas le gouvernement.Au-delà des retraites, François Bayrou a exhorté les forces politiques à se “ressaisir pour adopter sans tarder” les projets de budget de l’Etat et de la Sécurité sociale pour 2025, laissés en jachère par la chute du gouvernement Barnier. Sans rien dévoiler de ses intentions comme en matière d’impôts.Il a dit viser désormais un déficit public de 5,4% du PIB en 2025, au lieu de 5%, et une croissance de 0,9% contre 1,1% escomptés par son prédécesseur.”Tous les partis de gouvernement, sans exception, ont une responsabilité” dans l’endettement accumulé “ces dernières décennies”, a affirmé le Premier ministre, évoquant “une épée de Damoclès au-dessus de notre pays et de notre modèle social”.Le leader de LFI Jean-Luc Mélenchon a accusé les socialistes d’avoir “mis le NFP (alliance de gauche, ndlr) à terre” en négociant avec le gouvernement.Si les députés RN ne comptent pas censurer immédiatement le gouvernement, le président du parti Jordan Bardella a dénoncé un discours “lénifiant” de “concertation +sans fin+”.A droite, le président des Républicains Laurent Wauquiez a contesté la proposition de François Bayrou d’avancer sur “un principe de proportionnelle”, tout en apportant un “soutien exigeant, texte par texte” au gouvernement.Le chef de file des députés macronistes Gabriel Attal a pour sa part enjoint ses collègues socialistes “à ne pas voter la censure”, pour que les Français puissent “reprendre espoir”.

Retraites, santé, proportionnelle: ce qu’il faut retenir du discours de Bayrou

Une négociation très attendue mais peu d’annonces concrètes: dans sa déclaration de politique générale mardi devant l’Assemblée, le Premier ministre François Bayrou s’est engagé à rouvrir le “chantier” des retraites mais s’est peu avancé sur les autres sujets.- Retraites “en chantier” -Deux ans après la réforme adoptée au forceps par sa prédécesseure Elisabeth Borne, François Bayrou a “choisi de remettre ce sujet en chantier, avec les partenaires sociaux, pour un temps bref”.Dans l’immédiat, le Premier ministre va demander à la Cour des comptes via “une mission flash de quelques semaines” de présenter “l’état actuel et précis du financement du système de retraites”.En parallèle, “une délégation permanente sera créée”, a indiqué M. Bayrou, qui “réunira dès vendredi” cette instance. Il “proposera aux représentants de chaque organisation de travailler autour de la même table (…) pendant trois mois, à dater du rapport de la Cour des comptes”.”Nous pouvons, j’en ai la conviction, rechercher une voie de réforme nouvelle, sans aucun totem et sans aucun tabou, pas même l’âge de la retraite”, a-t-il assuré, à la seule “condition” de ne pas “dégrader l’équilibre financier” du système de retraites.”Si au cours de ce conclave” émerge “un accord d’équilibre et de meilleure justice, nous l’adopterons”, a-t-il affirmé, fixant comme “échéance” le prochain budget de la Sécurité sociale à l’automne. A défaut, “c’est la réforme actuelle qui continuerait de s’appliquer”.- Budget sous pression -M. Bayrou a appelé le Parlement à “adopter sans tarder” les deux budgets de l’État et de la Sécurité sociale, en suspens depuis la censure du gouvernement Barnier début décembre.”Cette précarité budgétaire, nous la payons tous au prix fort”, a souligné le Premier ministre, avant de revoir en baisse la prévision de croissance de l’économie pour 2025, de 1,1% à 0,9% du PIB.Le déficit public est désormais attendu à 5,4%, contre 5% précédemment, mais toujours avec l’objectif de le ramener en 2029 au maximum de 3% toléré par la Commission européenne.Pour y parvenir, “des économies importantes seront proposées”, a indiqué M. Bayrou, sans plus de précision, avant d’annoncer “la création d’un fonds spécial entièrement dédié à la réforme de l’État” et financé par la vente “d’une partie de ses actifs, en particulier immobiliers”.- Rallonge pour la santé -Pas de rabot sur le remboursement des médicaments et des consultations médicales. “La mesure de déremboursement” envisagée par Michel Barnier puis abandonnée sous la pression du RN “ne sera pas reprise”, a fait savoir M. Bayrou.Au contraire, le gouvernement proposera “une hausse notable” des dépenses de santé afin “d’améliorer les conditions de travail des soignants et de protéger les plus fragiles”, a ajouté le chef du gouvernement, ouvrant la voie à une progression supérieure aux 2,8% déjà proposés à l’automne.Le Premier ministre a confirmé au passage “le remboursement intégral des fauteuils roulants dès 2025”, promesse formulée par Emmanuel Macron il y a bientôt deux ans.- Proportionnelle et cumul – M. Bayrou a remis sur la table un sujet qui lui tient à coeur en proposant “d’avancer sur la réforme du mode de scrutin” aux élections législatives, avec “l’adoption du principe proportionnel pour la représentation du peuple” tout en restant “enraciné dans les territoires”.Cette réforme “nous obligera à reposer en même temps la question de l’exercice simultané d’une responsabilité locale et nationale”, a-t-il poursuivi, reprenant à son compte la position du président du Sénat, Gérard Larcher, en faveur d’un retour du cumul des mandats.Le Premier ministre a également relancé une autre de ses idées: celle d’une “banque de la démocratie” pour que les partis politiques puissent se financer auprès d'”organismes publics” et “ne dépendent plus de choix de banques privées”.- Collectivités ménagées -Soucieux d’accorder “une place centrale” aux collectivités locales, M. Bayrou a confirmé que l’effort qui leur sera demandé dans le budget 2025 sera ramené de “5 à 2,2 milliards d’euros”.Sur le cas spécifique de la Corse, le Premier ministre a également promis de “respecter” le calendrier “pour aboutir à une évolution constitutionnelle fin 2025”. De même pour la Nouvelle-Calédonie, il a souhaité “que le processus politique reprenne avec des négociations qui devront aboutir à la fin de ce trimestre” et annoncé qu’il “invitera en janvier les forces politiques à venir à Paris pour ouvrir ces négociations”.

Fin de vie: Bayrou renvoie aux prérogatives du Parlement, des questions en suspens

Le Premier ministre, François Bayrou, a renvoyé mardi au “pouvoir d’initiative” du Parlement sur le sujet sensible de la fin de vie, l’évoquant brièvement dans sa déclaration de politique générale sans se prononcer ni sur le délai d’examen d’un texte ni sur le fond.Estimant que le Parlement a “des prérogatives qui doivent être pleinement respectées”, il a affirmé que ce dernier “ne manquera pas de (l’)exercer sur des sujets importants dans notre société, comme la fin de vie”.Le feuilleton dure depuis plusieurs années sur ce sujet de société sensible, au coeur d’une promesse passée du président Emmanuel Macron. Après une longue gestation, un projet de loi porté par le gouvernement de Gabriel Attal avait été examiné en première lecture au printemps 2024 jusqu’à l’avant-veille des élections européennes. La dissolution de l’Assemblée nationale l’avait arrêté avant le vote solennel.Ce texte interrompu devait légaliser le suicide assisté et, dans certains cas, l’euthanasie, avec de strictes conditions et sans employer ces termes, préférant parler d'”aide active à mourir”.Plutôt que de relancer les travaux parlementaires via un projet de loi, c’est la proposition de loi du député Olivier Falorni (MoDem), large reprise du texte issu des débats du printemps, qui servira de base aux nouvelles discussions.”Le Premier ministre (François Bayrou) considère à juste titre que la fin de vie est un sujet majeur de société” et la “proposition de loi que j’ai déposée avec 227 députés peut être la meilleure démonstration” de la coopération exécutif-législatif, a réagi auprès de l’AFP Olivier Falorni, rapporteur général du projet de loi à l’examen interrompu par la dissolution. Il juge “maintenant urgent de relancer le débat parlementaire sur ce texte attendu par des millions de Français”.Lors de ses voeux aux parlementaires à la mi-journée, la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, très allante sur ce sujet, avait plaidé pour un examen à partir du 3 février, conformément aux engagements du gouvernement Barnier, estimant que “ce texte important aurait dû être voté le 18 juin dernier”.La fin de vie figurait à l’ordre du jour des débats de l’Assemblée les semaines des 3 et 10 février avant que le gouvernement Barnier ne soit censuré.Le gouvernement actuel compte plusieurs opposants à une aide active à mourir, comme le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, issu de la droite conservatrice.Du côté des soignants également opposés, le Dr Claire Fourcade, présidente de la Société française d’accompagnement et de soins palliatifs (Sfap), a déclaré à l’AFP qu'”on va voir maintenant comment et dans quel délai le Parlement s’en saisit”.Elle a jugé “plus radical que tout ce qui se fait à l’étranger” le texte déposé par Olivier Falorni, “qui, contrairement à ce qu’il dit, n’est pas celui de la dissolution, puisqu’il a remis des choses contre lesquelles les députés avaient voté”.Parmi les “gros points d’interrogation”, selon elle: “Le fait que le geste puisse être fait à la fois par des médecins, des infirmiers, des proches, puisqu’il a remis les proches, contre quoi les députés avaient voté”, et “des délais d’intervention extrêmement courts”.Elle a aussi réclamé que la “priorité aux soins palliatifs, où il y a un vrai consensus”, se traduise budgétairement.

Bayrou prêt à revisiter la réforme des retraites

La main tendue suffira-t-elle pour éviter une censure des socialistes ? François Bayrou a annoncé mardi devant le Parlement un “conclave” de trois mois pour réviser la réforme des retraites d’Emmanuel Macron, “sans aucun totem et sans aucun tabou” sur le départ ultracontesté à 64 ans.”L’injonction que le pays nous assigne”, c’est de “retrouver la stabilité”, a d’emblée déclaré le Premier ministre dans sa déclaration de politique générale prononcée devant l’Assemblée nationale, qui avait censuré son prédécesseur Michel Barnier au bout de seulement trois mois. Confronté à la mission quasi-impossible de survivre, et de faire adopter un budget pour l’année en cours, il s’est montré prudemment optimiste: “Quand tout paraît aller mal, on est contraint au courage”.”Nous n’avons pas le droit, au nom de nos passions politiques, d’hypothéquer la vie de nos concitoyens”, a-t-il conclu, applaudi par le camp présidentiel, plus timidement par la droite, et chahuté par une partie de la gauche.”Je connais tous les risques” de la censure, déjà promise par la France insoumise, a admis François Bayrou. Les Ecologistes la voteront également, a annoncé leur cheffe de file à l’Assemblée Cyrielle Chatelain à l’issue du discours. “L’écologie, c’est 158 mots au bout d’une heure et quart de discours”, a-t-elle déploré.Si le chef du gouvernement s’appuie sur les mêmes forces que Michel Barnier – le camp macroniste et la droite -, il a misé sur des négociations serrées avec la gauche, hors LFI, contrairement à son prédécesseur qui avait tenté de contenter le Rassemblement national (RN) sans y parvenir.- “Fenêtre de tir” -Mais à l’issue du discours, la maire de Nantes et responsable du PS Johanna Rolland ne débordait pas d’enthousiasme.”Toutes les hypothèses sont donc sur la table y compris la censure dès jeudi”, a-t-elle mis en garde, affirmant n’avoir vu “aucune avancée sur l’éducation”, les jours de carences ou l’impôt sur le patrimoine.Au coeur des tractations, jusqu’au bout figurait la réforme des retraites voulue par le chef de l’Etat et adoptée en 2023 au forceps, grâce à l’article controversé 49.3 de la Constitution, qui portait de 62 à 64 ans l’âge légal de départ. Le Parti socialiste en demandait la suspension le temps de la renégocier.Le chef du gouvernement a annoncé vouloir “remettre ce sujet en chantier, avec les partenaires sociaux, pour un temps bref”, “selon une méthode inédite”, en commençant par une “mission flash” de la Cour des comptes et une réunion des partenaires sociaux “dès vendredi” au sein d’une “délégation permanente”.”Si au cours de ce conclave, cette délégation trouve un accord d’équilibre et de meilleure justice, nous l’adopterons”, a promis le dirigeant centriste. Sinon, c’est “la réforme actuelle qui continuerait à s’appliquer”.L’allié historique d’Emmanuel Macron n’a donc pas évoqué de “suspension” formelle du texte de 2023 – une demande des socialistes qui hérissait une partie du camp présidentiel et de la droite.Il a estimé qu’une “fenêtre de tir” s’ouvrait sans nécessiter de pause, puisque la loi “a prévu que l’âge légal de départ passerait à 63 ans fin 2026”.Il a assuré n’avoir “aucun tabou, pas même l’âge”. La “seule exigence”: ne pas “dégrader l’équilibre financier”, et donc trouver d’autres pistes de financement.- Se “ressaisir” -Ironie du sort, c’est Élisabeth Borne, numéro deux du nouveau gouvernement, qui a lu devant le Sénat le même discours, alors qu’elle a porté cette réforme ultracontestée en tant que Première ministre il y a seulement deux ans.”Nous sommes peut-être à quelques heures d’un accord possible”, avait affirmé pourtant quelques heures plus tôt le Premier secrétaire du PS Olivier Faure, qui en échange ne censurerait pas le gouvernement.Au-delà des retraites, François Bayrou a exhorté les forces politiques à se “ressaisir pour adopter sans tarder” les projets de budget de l’Etat et de la Sécurité sociale pour 2025, laissés en jachère par la chute du gouvernement Barnier. Sans rien dévoiler de ses intentions comme en matière d’impôts.Il a dit viser désormais sur un déficit public de 5,4% du PIB en 2025, au lieu de 5%, et une croissance de 0,9% contre 1,1% escomptés par son prédécesseur.”Tous les partis de gouvernement, sans exception, ont une responsabilité” dans l’endettement accumulé “ces dernières décennies”, a affirmé le Premier ministre, évoquant “une épée de Damoclès au-dessus de notre pays et de notre modèle social”.A droite, le porte-parole des Républicains Vincent Jeanbrun a dit que LR serait “en soutien extrêmement exigeant”, veillant à ce que les “évolutions” de la réforme soient “financées” ou qu’il n’y ait “pas de nouveaux impôts”.Si les députés RN ne comptent pas censurer immédiatement le gouvernement sur ce discours, le président du parti Jordan Bardella a dénoncé un discours “lénifiant”, “du bavardage et de la concertation +sans fin+”, déplorant qu’il n’y ait “rien sur le pouvoir d’achat, rien sur l’insécurité, rien de concret sur l’immigration”.Le chef de file des députés macronistes Gabriel Attal a enjoint ses collègues socialistes “à ne pas voter la censure”, pour que les Français puissent “reprendre espoir”.

La France table sur un déficit public à 5,4% du PIB et une croissance à 0,9% en 2025

La France vise un déficit public de 5,4% du PIB en 2025, supérieur à la projection de 5% du précédent gouvernement, et abaisse sa prévision de croissance à 0,9% cette année contre 1,1% avant la censure, a annoncé mardi le nouveau Premier ministre François Bayrou.”Les prévisions de croissance à la suite en particulier de la crise née du vote de la motion de censure (du gouvernement Barnier en décembre, NDRL) ont toutes été revues à la baisse”, a-t-il dit lors de sa déclaration de politique générale à l’Assemblée.”Nous ne voulons pas ignorer ces avertissements. Le gouvernement a donc décidé de revoir sa prévision de croissance pour 2025, elle était de 1,1% avant la censure, nous la fixons à 0,9%, conformément aux prévisions de la Banque de France”, a-t-il développé. L’objectif de déficit public sera fixé à 5,4% du produit intérieur brut (PIB) pour cette année, avec le maintien de l’objectif de le ramener en 2029 au maximum de 3% toléré par la Commission européenne. Pour y parvenir, “des économies importantes seront proposées pour la suite”, a souligné François Bayrou, sans les détailler. Concernant la fiscalité, il a estimé que les entreprises devaient être “prémunies contre des augmentations exponentielles d’impôts et de charges”. Il ne s’est pas prononcé sur une éventuelle taxe visant les hauts revenus.  Le ministre de l’Economie, Eric Lombard, avait indiqué début janvier viser un effort budgétaire de 50 milliards d’euros en 2025, qui s’appuierait principalement sur des économies plutôt que des hausses d’impôts. En 2024, le déficit public de la France devrait atteindre 6,1% du PIB, un dérapage pour la deuxième année consécutive qui vaut à la France d’être épinglée par Bruxelles pour déficit excessif. A la fin septembre, la dette publique atteignait 113,7% du PIB à 3.303 milliards d’euros, faisant de la France le pays affichant le ratio d’endettement le plus élevé de la zone euro derrière la Grèce et l’Italie. Le Premier ministre a également dit vouloir “trouver des méthodes d’organisation de l’Etat qui ne requerront pas d’augmentation de nos dépenses publiques” et “repenser tous nos budgets”. Il a notamment annoncé la création d’un fonds spécial “entièrement dédié à la réforme de l’État”, estimant que les “1.000 agences ou organes de l”Etat” actuels constituent “un labyrinthe dont un pays rigoureux peut difficilement se satisfaire”.Ce fonds sera financé par des actifs “en particulier immobiliers, qui appartiennent à la puissance publique de façon à pouvoir investir, par exemple dans le déploiement de l’intelligence artificielle dans nos services publics”, a-t-il déclaré.