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Dérapage budgétaire: Borne concède avoir été “alertée” fin 2023 mais estime avoir pris sa part

L’ancienne Première ministre Elisabeth Borne a reconnu vendredi avoir été “alertée” fin 2023 sur le “caractère critique” de la situation budgétaire, mais a estimé avoir “pris (sa) part” dans la maîtrise des comptes publics.Auditionnée au Sénat dans le cadre d’une mission d’information sur la dérive des comptes publics, l’ancienne locataire de Matignon a notamment été appelée à s’expliquer sur l’explosion du déficit, qui atteindra 6,1% du PIB en 2024, contre les 4,4% initialement prévus dans le budget de l’Etat qu’elle avait elle-même présenté à l’automne 2023.”Traditionnellement, ce qu’on attend du gouvernement, c’est qu’il prenne des mesures pour maîtriser les dépenses. Je pense en avoir pris largement ma part”, a lancé la députée Renaissance du Calvados. “Ce n’est pas par plaisir qu’on mène trois réformes de l’assurance chômage. Ce n’est pas par plaisir qu’on mène une réforme des retraites dont on ne peut pas dire qu’elle ait été extrêmement populaire”, a-t-elle ajouté.Les sénateurs l’ont également interrogée sur une note interne transmise par son ministre de l’Economie Bruno Le Maire le 13 décembre 2023, qui lui recommandait de “partager largement le caractère critique de (la) situation budgétaire, à la fois au sein du gouvernement mais également dans l’opinion publique”.Elisabeth Borne a confirmé l’existence et le contenu de ce courrier, qu’elle a qualifié “d’alerte”. Il s’agissait de “premières indications” sur un dérapage possible des recettes de l’Etat, “mais sans qu’on soit en mesure, à ce moment-là, de savoir quel était l’ordre de grandeur”, a-t-elle martelé.”Il n’y a pas un signal d’alarme, ni adressé au ministre de l’Economie, ni que le ministre de l’Economie m’aurait transmis à l’époque”, a évacué Mme Borne. – “Prise de conscience” -Le rapporteur général du budget au Sénat, Jean-François Husson (LR), a fait part de son “étonnement” face à ces réponses. “On nous a dit à l’époque qu’il ne fallait pas s’inquiéter. Et les mêmes qui nous ont dit ça vous écrivent en disant +Attention, il y a une situation critique+”, a-t-il regretté. “On a le sentiment après coup qu’il n’y a pas une prise de conscience à la hauteur de l’alerte”.”Je ne sais pas ce qu’on peut faire quand on est face à une information de ce type-là. On ne sait pas si on est en train de parler d’un écart de recette d’un milliard ou de 10 milliards, voire in fine, comme on l’apprendra bien plus tard, de 20 milliards”, s’est justifiée l’ex-Première ministre.Elle a par ailleurs semblé rejeter une partie de la responsabilité sur Bruno Le Maire. “En général, quand on est face à une situation très alarmante, le ministre (de l’Economie) vient rencontrer le Premier ministre”, a-t-elle remarqué, or cela n’a été le cas que “le 4 janvier” 2024. Elle a aussi noté qu’à l’époque, “l’essentiel de (son) énergie était mobilisée” à “la recherche d’un compromis sur la loi immigration” et non sur les finances publiques.Le Sénat, qui a notamment auditionné Bruno Le Maire et Gabriel Attal dans le cadre de cette mission d’information, rendra ses conclusions dans les prochains jours, avant le lancement d’une commission d’enquête sur le même sujet à l’Assemblée nationale.

La santé de huit maires sur dix est affectée par leur mandat, alerte une enquête de l’AMF

Plus de huit élus sur dix estiment que leur santé physique ou mentale est affectée par leur mandat, selon une enquête publiée vendredi par l’Association des maires de France (AMF), qui met en lumière leurs difficiles conditions d’exercice.Une usure qui se traduit par des troubles du sommeil chez 86% des maires interrogés, des coups de fatigue (91%), ou des moments de “lassitude” (90%): au total, 83% des élus jugent leur mandat usant pour leur santé, selon cette étude pilotée par deux sociologues du Centre de sociologie des organisations. Les causes de ces maux, qui génèrent souvent une importe charge mentale, sont variés: investissement démesuré, tensions, agressions, manque de moyens…  Les conditions de travail des maires comportent, selon l’étude, d’importants risques psychosociaux. Ainsi, 43% des édiles interrogés assurent travailler souvent de manière excessive, comme en témoigne la maire d’une commune de 16.000 habitants, qui estime lors d’un entretien donné dans le cadre de l’enquête avoir “perdu 5 ans d’espérance de vie” à cause d’un dossier. A la fatigue physique s’ajoute une composante mentale liée au stress. Selon l’enquête, 40% des maires déclarent être souvent sous pression. La charge mentale semble être un tabou chez les élus. Plus de la moitié d’entre eux assurent régulièrement cacher leurs émotions. La maire d’une commune de 9.000 habitants affirme même garder secret le fait qu’elle suit une psychothérapie. “Je pense que ce serait mal vu”, confie l’édile. Face à ces difficultés, quatre sur dix ont pensé à s’arrêter ou démissionner au cours de leur mandat actuel. Pour autant, l’étude démontre que des appréciations positives ressortent aussi de l’engagement des maires, comme le sentiment de faire quelque chose d’utile ou d’apprendre des choses nouvelles. L’enquête a été menée en ligne auprès de 5.000 maires. Plus de 3.000 ont rempli entièrement le questionnaire de 60 questions, précise l’AMF, indiquant que l’échantillon est représentatif de l’ensemble des édiles en mandat en avril 2024. La santé figure au menu du 106e Congrès des maires de France, qui s’ouvrira mardi à Paris, dans un contexte tendu entre l’Etat et les collectivités locales. Le Premier ministre Michel Barnier, qui a érigé la santé mentale en grande cause nationale de l’année 2025, sera présent. 

L’ex-secrétaire d’Etat Thierry Mandon condamné à 12 mois de prison avec sursis

L’ancien secrétaire d’Etat socialiste Thierry Mandon a été condamné vendredi à un an de prison avec sursis et 22.000 euros d’amende pour escroqueries en lien avec ses anciennes fonctions de directeur général de la Cité du design de Saint-Etienne.Thierry Mandon, 66 ans, a été reconnu coupable par le tribunal correctionnel de Saint-Etienne d'”escroqueries”, “tentative de détournement de biens publics par une personne dépositaire de l’autorité publique”, “faux et usage de faux en écriture” et “abus de biens sociaux”.Outre les peines de prison et d’amende, l’ancien directeur de la Cité du design de Saint-Etienne, de 2018 à 2022, est condamné à cinq ans d’inéligibilité ainsi qu’à une interdiction définitive de présider ou de diriger un établissement public, a indiqué vendredi le président du tribunal, en précisant que “l’ensemble est immédiatement exécutoire”.Il va ainsi devoir démissionner de son poste de secrétaire général du Conseil national du commerce, qu’il occupe depuis juin 2023, a reconnu son avocat Me André Buffard auprès de l’AFP.La décision de faire appel “est en réflexion”, a-t-il ajouté.Plusieurs délits financiers étaient reprochés à Thierry Mandon, entre 2019 et 2021, pour un montant total de 22.000 euros, lorsqu’il était à la fois directeur général de la Cité du design de Saint-Etienne et président de sa filiale commerciale, la SAS Cité Services.Il avait admis avoir produit de fausses factures pour faire financer, pour près de 15.000 euros, un escalier sur mesure à son domicile parisien et faire rembourser par Cité Services 43 voyages en TGV Paris – Saint-Etienne préalablement payés par la Cité du design, ainsi qu’un déplacement en Chine qui n’avait finalement pas eu lieu à cause du covid.Dénonçant “le méandre des explications ampoulées de Monsieur Mandon”, le représentant du parquet avait stigmatisé “le détournement de fonds publics, même s’il est minable par son montant, de la part d’une personnalité qui a eu un parcours politique remarquable”, mais une “fin de parcours de petit escroc, d’abuseur de société et de détourneur de fonds publics”.La défense avait plaidé coupable, tout en soulignant que l’intégralité des sommes détournées avait été remboursée par son client avant le signalement effectué en novembre 2022 par le président de la Cité du design, Marc Chassaubéné, également adjoint à la culture de Saint-Etienne.

Sous le feu des critiques, Michel Barnier démine la colère des départements

Opération déminage pour Michel Barnier: face à la colère grandissante des élus départementaux, inquiets de ne plus pouvoir assurer leurs missions sociales faute d’argent dans les caisses, le Premier ministre a promis vendredi une réduction “significative” de l’effort d’économies prévu dans le budget 2025.Des mesures d’urgences et une méthode de travail pour sortir la tête de l’eau. Pour son premier déplacement à un congrès d’élus depuis sa nomination, l’ancien président du conseil général de Savoie s’est employé à apaiser le courroux des élus des départements réunis en congrès à Angers.Dans la matinée, les discours ont porté sur une unique revendication: “Ne nous asphyxiez pas”.Les départements font face à une explosion de leurs dépenses sociales, par nature contracycliques, en matière de protection de l’enfance, d’aide aux personnes âgées dépendantes ou porteuses de handicap. Mais ils voient dans le même temps fondre leurs recettes tirées notamment des transactions immobilières, en pleine crise du secteur.Dans ce contexte déjà dégradé, le texte initial du budget 2025 prévoit de les faire participer au même titre que les autres collectivités pour redresser les comptes publics. Or selon l’association Départements de France, les départements seraient la strate de collectivités “la plus impactée”, avec une contribution à hauteur de 44% de l’effort de 5 milliards d’euros demandé aux élus locaux.Ces économies font partie de l’effort budgétaire de 60 milliards d’euros dans le projet de budget, actuellement en débat au Parlement et sur lequel le Premier ministre reconnaît qu’il devra “probablement” recourir à l’article 49-3.Très attendu, Michel Barnier a partiellement rassuré ses interlocuteurs, en répondant notamment à leur demande “d’arrêter de charger la barque” en matière de nouvelles dépenses “imposées par en haut”.”Je suis là pour vous dire que, tenant compte de votre situation très spécifique, nous allons réduire très significativement l’effort qui vous est demandé par le projet de loi de finances”, a déclaré le chef du gouvernement, dressant le constat d’un “modèle départemental” arrivé “à ses limites”.Il n’a toutefois pas avancé de chiffres sur la baisse de cette contribution, qui “dépendra de la discussion au Sénat”, a précisé Matignon.- 200 millions -Pour répondre à l’urgence, Michel Barnier a présenté cinq premières mesures. Outre la réduction de la contribution au fonds de réserve, il a accédé à la demande de relèvement de 0,5 point pour trois ans du plafond des droits de mutation à titre onéreux, prélevés sur les transactions immobilières, qui devrait rapporter un milliard d’euros.Il a également promis de revenir “a minima” sur le caractère rétroactif de la baisse du taux du Fonds de compensation pour la taxe sur la valeur ajoutée, une aide à l’investissement.Sur l’autonomie et le handicap, une enveloppe de 200 millions d’euros sera débloquée pour 2025. Enfin, la hausse des cotisations à la Caisse nationale de retraite des agents des collectivités locales sera étalée sur quatre ans au lieu de trois.Michel Barnier a également tenu à rassurer les départements, en plein questionnement existentiel sur leur avenir, alors qu’ils étaient encore menacés de disparition il y a un an au nom de la simplification du millefeuille territorial.Début 2025, une “instance de pilotage partagée entre l’Etat et les départements” sera chargée notamment de réfléchir à la mise en place d’une “allocation sociale unique”.”Les départements sont et resteront les acteurs des politiques de solidarité humaine et territoriale”, a promis le Premier ministre.Il a par ailleurs plaidé pour une “contractualisation pluriannuelle qui anticipera et limitera l’évolution des dépenses des départements” et s’est dit également ouvert à un retour du cumul des mandats.”Je suis plutôt satisfait et vigilant”, a réagi François Sauvadet, président UDI (centre) de Départements de France, se félicitant de voir enfin reconnu “le rôle essentiel des départements pour la cohésion sociale et territoriale”.Il a toutefois prévenu que “la seule solidarité départementale ne pourra pas répondre aux enjeux de société devant lesquels sont placés les départements, dont le vieillissement de la population”.”Nous sommes très très loin du compte et c’est loin d’être suffisant pour nous permettre de monter correctement nos budgets 2025″, a regretté Jean-Luc Gleyze, président PS du groupe des départements dirigés par la gauche.A droite, le LR Nicolas Lacroix s’est montré plus conciliant. “On est rassurés, mais on attend maintenant plus précisément quel sera le juste effort demandé au départements”.

Eric Coquerel juge le militant propalestinien Elias d’Imzalène “plus respectable” que Retailleau

Le député LFI Eric Coquerel, président de la commission des Finances de l’Assemblée, a estimé vendredi que le militant propalestinien Elias d’Imzalène, qui a été jugé pour avoir appelé à “l’intifada” à Paris, était certainement “plus respectable” que le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau.Eric Coquerel était interrogé sur RMC sur sa présence à une manifestation à Saint-Denis jeudi soir contre la tenue du match de football France-Israël, pour dénoncer un “génocide” à Gaza. Le militant pro-palestinien Elias d’Imzalène était également à cette manifestation. Le 8 septembre, lors d’un rassemblement propalestinien place de la Nation à Paris, il avait incité les participants à “mener l’intifada à Paris, dans nos banlieues, dans nos quartiers” pour que “bientôt Jérusalem” soit “libérée”.Des propos qui lui ont valu d’être jugé le mois dernier pour provocation publique à la haine. Le tribunal n’a pas encore rendu son jugement. “Je n’ai pas vu que j’étais à côté de cette personne”, a assuré vendredi Eric Coquerel en précisant qu’à ses yeux, le slogan “Intifada à Paris” n’avait “pas de sens”.Le mot intifada, qui signifie soulèvement en arabe, renvoie à la révolte des Palestiniens de Cisjordanie et de Gaza contre Israël, déclenchée en décembre 1987 et en septembre 2000.”Dans une manifestation, vous n’êtes pas forcément à côté de personnes avec qui vous êtes d’accord sur tel ou tel sujet”, a poursuivi le député de Seine-Saint-Denis.”Moi, j’ai manifesté par exemple en soutien aux Kurdes à Paris. Pas très loin, il y avait M. Retailleau qui était là. Est-ce qu’on va m’interroger en me disant +M. Coquerel, attention, vous avez M. Retailleau…+? Non, je vous dirai que la cause est juste”, a-t-il également argumenté.”Je pense que cette personne”, Elias d’Imzalène, “est certainement plus respectable vu ce que M. Retailleau sort aujourd’hui, qui emprunte à l’extrême droite beaucoup de son vocabulaire”, a-t-il conclu.Etait également présente jeudi soir à la manifestation à Saint-Denis la députée LFI Ersilia Soudais, qui avait exercé en septembre son droit de visite pour se rendre auprès d’Elias d’Imzalène, qui était en garde-à-vue, afin de lui exprimer “tout (s)on soutien”.

Barnier ouvert à revenir sur l’interdiction du cumul des mandats

Michel Barnier s’est dit vendredi ouvert à revenir sur l’interdiction du cumul des mandats entre un mandat parlementaire et une fonction exécutive locale qui est en vigueur depuis 2017.”Je suis ouvert à une réflexion pluraliste pour évaluer et remettre à plat le cas échéant l’interdiction du cumul des mandats, dans l’objectif de rapprocher les élus nationaux et européens des citoyens”, a déclaré le Premier ministre devant les Assises des départements de France à Angers, sous les applaudissements des élus.”C’est un peu dommage que des députés ne puissent pas être plus souvent des maires. C’est un peu dommage que des élus locaux ne puissent pas aller directement à Paris eux-mêmes pour porter un grand nombre de préoccupations ou de sujets”, a ensuite développé M. Barnier sur France Bleu. “Dix ans après, il est normal d’évaluer une loi (…) Et si on s’aperçoit que cette loi présente plus d’inconvénients que d’avantages, comme je pense que c’est le cas dans ce lien entre les citoyens et les élus, on pourrait sur certains points la revoir”, a-t-il ajouté.Une loi de 2014, adoptée sous François Hollande et appliquée depuis 2017 interdit d’être à la fois parlementaire national (ou européen) et titulaire d’un mandat exécutif local.Cette interdiction est régulièrement remise en cause par une partie de la classe politique, principalement à droite, au motif que les élus nationaux et européens seraient ainsi “déconnectés” du terrain, faute d’avoir des responsabilités locales.Au printemps 2024, les députés avaient rejeté une proposition de loi des députés Horizons qui autorisaient à nouveau députés et sénateurs à exercer des fonctions d’adjoint au maire, de vice‑président de département ou encore de région.M. Barnier a également demandé aux conseillers départementaux leur “sentiment actualisé” sur la proposition de remplacer les conseillers départementaux et régionaux par un seul conseiller territorial afin de mieux coordonner les travaux entre les deux assemblées.Il a cependant reconnu que cette idée, inventée par Nicolas Sarkozy en 2010, supprimée par François Hollande puis reprise par Eric Woerth dans son rapport sur la décentralisation au printemps, “a été contestée par beaucoup de départements”.

Le PNF requiert un procès pour corruption contre la ministre Rachida Dati et Carlos Ghosn

Le Parquet national financier a requis mercredi un procès devant le tribunal correctionnel notamment pour corruption et trafic d’influence contre la ministre de la Culture Rachida Dati et l’ancien patron du groupe automobile Renault-Nissan, Carlos Ghosn, a confirmé le ministère public vendredi.Les deux mis en cause contestent les accusations dans un dossier judiciaire instruit depuis 2019 à Paris et aux lourds enjeux politiques actuels, Rachida Dati étant l’une des principales figures du gouvernement de Michel Barnier.Rachida Dati est soupçonnée d’avoir perçu 900.000 euros de la part de RNBV, filiale de l’alliance Renault-Nissan, sans contrepartie d’un travail réel, entre 2010 et 2012. Elle était alors avocate et députée européenne (2009-2019) — ce qui pourrait avoir servi à masquer une activité de lobbying au Parlement européen. Dans le détail, le PNF a confirmé avoir requis contre Mme Dati un procès pour recel d’abus de pouvoir et d’abus de confiance, corruption et trafic d’influence passifs par personne investie d’un mandat électif public au sein d’une organisation internationale, le Parlement européen.”Un réquisitoire n’est que la vision du parquet d’un dossier. Il n’est pas le reflet de la réalité”, ont réagi les avocats de Mme Dati auprès de l’AFP. “S’ouvre maintenant un délai légal au cours duquel nous allons répondre point par point pour contrecarrer cette vision parcellaire et inexacte”, ont assuré  Mes Olivier Baratelli et Olivier Pardo.La ministre de la Culture, qui a aussi été garde des Sceaux, considère notamment ces faits prescrits et a déjà multiplié les recours en ce sens pour mettre fin aux poursuites. En vain.Carlos Ghosn est, lui, visé depuis avril 2023 par un mandat d’arrêt international.Il risque un procès pour abus de pouvoirs par dirigeant de société, abus de confiance, corruption et trafic d’influence actifs, dans un dossier où l’entreprise Renault s’est constituée partie civile.Celui qui possède les nationalités libanaise, française et brésilienne, a été arrêté fin 2018 au Japon où il devait être jugé pour des malversations financières présumées quand il était à la tête du groupe Renault-Nissan. Il a trouvé refuge au Liban fin 2019 après une fuite rocambolesque du Japon.Ses avocats n’étaient pas joignables dans l’immédiat.La décision finale sur la tenue d’un procès éventuel revient aux juges d’instruction chargés du dossier, le PNF précisant qu’un recours est toujours pendant devant la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris.

Budget 2025: l’effort demandé aux départements sera réduit “très significativement”, selon Barnier

L’effort budgétaire demandé aux départements dans le cadre du budget 2025 sera réduit “très significativement” pour tenir compte de leur situation “très spécifique”, a annoncé vendredi le Premier ministre Michel Barnier en clôture des assises de l’association Départements de France.”Je suis là pour vous dire, que, tenant compte de votre situation très spécifique, nous allons réduire très significativement l’effort qui vous est demandé par le projet de loi de finances”, a déclaré Michel Barnier, dressant le constat d’un “+modèle départemental+ tel que connu depuis 30 ans” arrivé “jusqu’à ses limites”.Il n’a toutefois pas avancé de chiffres sur la baisse de cette contribution, qui “dépendra de la discussion au Sénat”, a précisé Matignon.Les départements font face à une explosion de leurs dépenses sociales en matière de protection de l’enfance, d’aide aux personnes âgées dépendantes ou porteuses de handicap mais voient dans le même temps fondre leurs recettes issues des transactions immobilières et enregistrent moins de TVA qu’attendu.Le projet de loi de finances pour 2025 prévoit un effort de cinq milliards d’euros pour les collectivités, mais selon Départements de France, les départements sont la strate de collectivités la plus impactée, avec 44% de l’effort, soit 2,2 milliards d’euros, alors même que leur situation économique est reconnue comme fragile. Pour leur redonner de l’oxygène, le Premier ministre a annoncé cinq mesures: la réduction du taux du prélèvement sur les recettes des départements, initialement prévu de 2%. M. Barnier a reconnu qu’une “part importante” de leurs dépenses n’était “pas pilotable”.Très attendu par les départements, il a également annoncé un relèvement pour trois ans du plafond des droits de mutation à titre onéreux, prélevés sur les transactions immobilières, à hauteur de 0,5 point, mesure qui devrait rapporter un milliard d’euros.M. Barnier a également annoncé sa volonté de revenir “a minima” sur le caractère rétroactif de la baisse du taux du Fonds de compensation pour la taxe sur la valeur ajoutée, une aide pour les dépenses d’investissement des collectivités.Les concours versés aux départements par la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie seront par ailleurs rehaussés à hauteur de 200 millions d’euros en 2025.Enfin, la hausse des cotisations des employeurs territoriaux à la Caisse nationale de retraite des agents des collectivités locales sera étalée sur quatre ans au lieu de trois.A plus long terme, M. Barnier a annoncé la création début 2025 d’une “instance de pilotage partagée entre l’Etat et les départements” chargée notamment de réfléchir à la création d’une “allocation sociale unique”.”Les politiques sociales doivent désormais être conçues en commun par l’Etat et les départements”, a-t-il souligné, plaidant pour une “contractualisation pluriannuelle qui anticipera et limitera” l’évolution des dépenses des départements.

Le Mercosur, un test pour l’influence de Macron

Emmanuel Macron entend plaider à partir de samedi en Amérique latine contre la possible signature prochaine d’un accord de libre-échange controversé entre l’Union européenne et le Mercosur, qui ferait éclater au grand jour une perte d’influence française et pourrait embraser les campagnes.Sa tournée de six jours, qui doit le mener en Argentine et au Brésil, les deux poids lourds de ce bloc régional, ainsi qu’au Chili, tombe à un moment crucial: le sommet du G20 à Rio de Janeiro, auquel il participera lundi et mardi, ainsi que celui du Mercosur début décembre, ont été cités comme des échéances-clés par les partisans du traité commercial qu’ils espèrent voir aboutir d’ici la fin de l’année.Et le voyage coïncide avec une nouvelle mobilisation des agriculteurs en France à partir de lundi, notamment contre cet accord.Moins d’un an après une fronde paysanne historique, “le message qui sera envoyé par les agriculteurs sera fort et clair à l’égard de la Commission européenne”, veut croire une ministre macroniste, qui y voit un renfort dans le bras de fer avec Bruxelles.C’est en effet la Commission qui négocie depuis plus de vingt ans avec le Mercosur (Brésil, Argentine, Paraguay, Uruguay et Bolivie).Plusieurs pays européens, dont l’Espagne et l’Allemagne, veulent la conclusion de l’accord, qui favoriserait l’exportation de voitures, machines ou produits pharmaceutiques de l’UE.En face, les agriculteurs français mais aussi, dans une rare unanimité, la classe politique hexagonale, redoutent une déferlante de viande du Brésil et d’Argentine, et mettent en garde contre une concurrence déloyale de produits n’étant pas soumis aux normes environnementales et sanitaires strictes en vigueur en Europe.”Le Mercosur, en l’état, n’est pas un traité qui est acceptable”, a réaffirmé mi-octobre Emmanuel Macron.En début d’année, l’entourage du président français avait vanté son influence en assurant qu’il avait réussi à convaincre la présidente de la Commission de suspendre les négociations.Mais cette fois, Ursula von der Leyen semble déterminée à aller au bout.-“Déflagration démocratique”-Emmanuel Macron, affaibli par la double défaite de son camp aux élections européennes et législatives, parviendra-t-il encore à tout bloquer? Dans le cas contraire, ce serait un échec personnel. Et les manifestations d’agriculteurs pourraient repartir de plus belle.En Amérique du Sud, lors d’une tournée qui commence par l’Argentine de l’ultralibéral Javier Milei, Emmanuel Macron va tenter d’expliquer le refus français aux pays du Mercosur.Et leur assurer qu’il n’est pas définitif. Paris est prêt à accepter un accord incluant le respect de l’Accord de Paris sur le climat et des normes européennes.C’est d’ailleurs devant le Congrès du Chili qu’il doit prononcer, jeudi, un discours adressé à l’Amérique latine. Pas un hasard: c’est un pays avec lequel l’UE a pu conclure un accord commercial jugé acceptable à Paris.Une position qui ne suffit pas à certains opposants. “Vous continuez donc à dire qu’un autre accord Mercosur est possible. Nous, on n’en veut pas du tout. Bloquez les négociations!”, a lancé cette semaine au gouvernement le député de La France insoumise Arnaud Le Gall à l’Assemblée nationale.En Europe, le chef de l’Etat essaye de rallier d’autres pays, comme la Pologne, pour bâtir une minorité de blocage. Mais rien ne dit que les Etats qui se montrent réservés iront jusqu’au rejet en cas de vote.Méthode Coué? A l’Elysée comme à Matignon, alignés sur ce dossier explosif, on refuse en tout cas d’envisager un échec, soulignant qu’aucune signature ne devrait intervenir au G20 de Rio.”Rien n’est écrit. La petite musique +on est perdants+ n’est pas du tout avérée”, avance-t-on dans l’entourage du Premier ministre Michel Barnier. “Je ne pense pas qu’on soit si isolés et minoritaires”, abonde un proche du président, qui met aussi en avant la lettre transpartisane de plus de 600 parlementaires français à Ursula von der Leyen.Ces élus préviennent que si Bruxelles devait “s’asseoir sur l’opposition de la France, grand pays fondateur de l’Union”, cela provoquerait “une déflagration démocratique”.C’est d’ailleurs l’autre angle d’attaque de l’exécutif, qui sait peut-être qu’il lui sera difficile de réunir les voix pour une minorité de blocage au sein de l’UE. Le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot a ainsi affirmé mercredi que la Commission “s’écarte” de son mandat en voulant avancer à la majorité plutôt qu’à l’unanimité des Vingt-Sept.”Je recommande qu’on ne passe pas outre la position d’un pays comme la France”, a martelé Michel Barnier après avoir rencontré Mme von der Leyen à Bruxelles.

Au futur congrès du PS, Vallaud en embuscade?

A la tête du Parti socialiste depuis six ans, Olivier Faure devrait briguer un nouveau mandat au prochain congrès prévu en 2025. Mais dans son propre camp, certains verraient bien émerger une autre figure, le député des Landes Boris Vallaud, jugé plus consensuel.Alors que la date du congrès n’est pas encore décidée, Olivier Faure voit déjà ses opposants internes, toujours hostiles à sa stratégie d’alliance avec LFI, se préparer à tenter de lui ravir le trône. Mais parmi ses soutiens, certains émettent aussi des doutes.Et la rumeur monte depuis plusieurs semaines: le chef des députés PS pourrait être l’homme qui réconcilie les socialistes, et éviterait au prochain congrès de finir comme celui de Marseille en 2023, qui avait vu le parti se fracturer en deux. “Je ne veux pas d’un congrès d’autodestruction des socialistes à neuf mois des élections municipales et j’ai l’impression qu’on en prend le chemin”, déplore le sénateur Alexandre Ouizille.”Le risque est élevé de faire Marseille bis repetita sur une question périmée, le rapport à Jean-Luc Mélenchon”, estime-t-il. “Si on veut regagner le pouvoir, les socialistes ne peuvent pas être coupés en deux”, abonde le président du département de Seine-Saint-Denis Stéphane Troussel, proche d’Olivier Faure.Est-ce que ce dernier est dans cet état d’esprit? “Il doit donner des signes”, prévient Stéphane Troussel.Un autre proche d’Olivier Faure le dit: “Il ne devrait pas y aller, pour son bien et le bien du parti. Je ne suis pas le seul à penser ça”.”Visiblement, regrette le même, Olivier Faure ne pense pas qu’il a besoin d’un PS fortement uni pour gagner à gauche. Il se dit que pour gagner, il faut réduire le débat à une confrontation binaire”.Pour Alexandre Ouizille, il existe une voie “entre ceux qui disent comme François Hollande, +un candidat socialiste quoi qu’il en coûte+ et ceux qui disent +un candidat unique+ de la gauche”, à l’instar d’Olivier Faure, “alors qu’ils savent pertinemment que Jean-Luc Mélenchon ne ne soumettra à aucun processus collectif de sélection”. Il plaide, avec “une majorité de socialistes, dit-il, pour “un candidat commun, d’union de la gauche” la plus large possible, avec le principe que “la première place des socialistes ne se décrète pas” mais “se mérite par le travail”.Selon lui, Boris Vallaud, qui aspire à un “congrès de réconciliation”, est sur cette ligne.Le député des Landes, auteur d’un livre remarqué en octobre, “a des ambitions”, assure un autre élu local, qui aimerait le voir prendre la parole prochainement.- “quelle ligne?” -Vallaud, dont tout le monde loue la gestion pacifiée du groupe à l’Assemblée, “pourrait être dans la troisième voie, entre celle de Faure et ses opposants, il est agacé de cette opposition”, confirme un député socialiste.Même chez les Insoumis, certains semblent donner crédit à cette hypothèse: on souligne que le Landais s’est rendu à la rentrée au rassemblement du leader de Place publique, Raphaël Glucksmann, en froid avec le patron du PS. “C’est un signe. Faure est mort”, estime un cadre LFI. Mais cet énarque de 49 ans, époux de l’ex-ministre socialiste Najat Vallaud-Belkacem, reste pour l’instant une énigme. “Je m’interroge quand on m’interroge, mais je n’ai pas la réponse”, répond-il quand on le questionne sur ses ambitions.”Vallaud n’est pas fauriste, il est vallaudien un jour sur deux”, s’amuse un proche.Mais pour le député Laurent Baumel, si quelqu’un veut remplacer Olivier Faure, “il doit dire sur quelle ligne”. “Si le sujet, c’est que Olivier n’a pas bien traité quelqu’un, ou n’a pas répondu au téléphone ou à un SMS, ça fait pas une ligne politique”, martèle-t-il, ne voyant “pas d’espace pour une motion Vallaud et une motion Faure”.Un autre député est aussi sceptique sur les intentions de Vallaud. “Il ne sera candidat que si Faure ne l’est pas. Il ne peut pas l’affronter sur une autre ligne”, prédit-il.”Faure c’est un roseau… Il plie mais ne cède pas. Depuis 6 ans que je suis avec Olivier, vous me demandez toujours s’il est affaibli, et il est toujours là”, balaye le secrétaire général du PS Pierre Jouvet.