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Casse-tête politique autour de la Maison des mondes africains voulue par Macron

Où atterrira la Maison des mondes africains voulue par Emmanuel Macron et avec quels moyens ? La question vire au casse-tête gouvernemental et fait frémir le site historique de la Monnaie de Paris où ce nouveau lieu culturel pourrait s’implanter. Malgré une réunion interministérielle début octobre, le plus grand flou règne encore sur la future adresse de la MansA, qui ambitionne d’être un “QG permanent” faisant rayonner la création africaine contemporaine avec, en toile de fond, la perte d’influence de la France sur le continent.”L’idée était de redonner une chance à la France à un moment où elle est chahutée en Afrique et paie les errements des gouvernements successifs”, explique à l’AFP l’universitaire camerounais Achille MBembe, qui avait initié le projet aux côtés de M. Macron fin 2021.La nouvelle institution pluridisciplinaire a déjà son logo, sa directrice (la journaliste et réalisatrice Liz Gomis), une petite dizaine de salariés et une partie de son budget mais attend fébrilement l’arbitrage sur son point de chute, qui conditionnera aussi son champ d’action.Contacté par l’AFP, le ministère de la Culture, qui assure la tutelle sur le lieu avec les Affaires étrangères, n’a pas fait de commentaire. Devant les députés, la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon a, elle, indiqué fin octobre que la MansA faisait “l’objet de concertations, tant sur son périmètre que sur son calendrier”, ajoutant que le chef de l’Etat trancherait sur le lieu d’implantation. Joint par l’AFP, l’Elysée n’a pas commenté.- “Choix a minima” -Selon plusieurs acteurs proches du dossier, le ministère de la Culture plaide pour que la MansA se fasse une place à la Monnaie de Paris, une institution créée au IXe siècle qui compte un musée, des salles d’exposition et une usine qui produit des pièces de collection et a fabriqué les médailles des JO. Selon l’une de ces sources, Matignon considère lui aussi une installation à la Monnaie “comme l’option privilégiée”. Sollicités par l’AFP, les services du Premier ministre n’ont pas réagi dans l’immédiat.Dans ces bâtiments posés en bord de Seine, la MansA pourrait espérer récupérer au mieux 1.000 m2, loin des ambitions du projet initial de grande agora avec atrium, salle d’exposition…. Par comparaison, l’Institut du monde arabe se déploie sur quelque 17.000 m2 à Paris.”La Monnaie, c’est un choix a minima”, confie à l’AFP une source ministérielle qui suit le dossier. “L’idéal aurait été la construction d’un bâtiment mais il n’y a plus d’argent.”D’après cette source, le budget de la MansA pourrait d’ailleurs en pâtir. La Culture prévoit de lui allouer 2,1 millions d’euros en 2025, selon le projet de loi de finances, et cinq millions devaient venir des Affaires étrangères. “On est tributaire des négociations budgétaires et ça va être revu à la baisse”, prédit-elle. – Levée de boucliers -A la Monnaie, l’hypothèse, lancée sans concertation, de voir débarquer la MansA provoque par ailleurs une levée de boucliers.”On se demande qui a eu cette idée et pourquoi”, indique à l’AFP Rodolphe Krempp, délégué syndical CFE-CGC. “Il n’y aucune synergie entre les deux institutions”. Beaucoup soulignent que la Monnaie risquerait d’être privée de salles qu’elle loue et qui lui permettent de fonctionner sans aucune aide de l’Etat.Les mêmes redoutent que la future structure ne s’empare à terme de l’ensemble de la Monnaie, qui emploie 300 personnes et dont le musée a rouvert en 2017 après 80 millions d’euros de travaux autofinancés.”Ça n’a aucun intérêt pour MansA de venir ici à moins qu’ils ne prennent l’ensemble du lieu”, redoute David Faillenet, représentant UGICT-CGT à la Monnaie.La polémique a rebondi côté politique. Le Rassemblement national dénonce une “destruction culturelle” et accuse le gouvernement de céder aux “sirènes de la repentance” vis-à-vis de l’Afrique.A Paris, le groupe communiste estime, lui, qu’une installation de la MansA à la Monnaie remettrait “profondément en cause la cohérence des espaces et des activités culturelles, industrielles et commerciales” du site historique, selon un texte obtenu par l’AFP.Selon M. MBembe, la douloureuse naissance de la MansA dit en tout cas beaucoup “des forces qui estiment que la France n’a rien à faire en Afrique et que l’Afrique n’a rien à faire en France”.Jointe par l’AFP, Liz Gomis défend, elle, bec et ongles le projet. “Il est essentiel d’avoir à Paris un lieu pour parler des mondes africains au sens large, notamment via les diasporas, et contrer l’angle mort qui existe actuellement en France sur la création contemporaine africaine, qui foisonne partout ailleurs dans le monde”, affirme-t-elle.

“Acte 2: on est de retour”: les agriculteurs relancent la mobilisation en France

“France, veux-tu encore de tes paysans ?” : le cri de colère résonnait lundi du Var au Calvados, partout où l’alliance syndicale majoritaire FNSEA-JA a lancé plus de 80 actions symboliques, prélude à un nouveau cycle de mobilisation.Moins d’un an après une mobilisation historique dans les campagnes, qui avait abouti en janvier à des blocages de sections d’autoroutes dans le pays, les syndicats agricoles estiment que le compte n’y est pas. Ils appellent à nouveau leurs troupes à manifester mais en ordre dispersé, à l’approche de leurs élections professionnelles qui se tiendront en janvier.C’est l’alliance majoritaire qui a lancé la première ses forces dans la bataille. Au Cannet-des-Maures (Var), quelque 300 agriculteurs ont déposé de la terre sur la route et planté des croix symbolisant la mort de l’agriculture française, qu’ils jugent menacée par l’accord de libre-échange que l’UE négocie avec des pays latino-américains du Mercosur.Près de la frontière belge, des agriculteurs ont contrôlé des poids lourds. A Lyon, des exploitants ont déposé des panneaux d’entrée de ville. Devant la préfecture de Vesoul, ils ont déversé trois bennes remplies de cannes de maïs. Des rassemblements devant les préfectures ou des opérations escargot sont organisés un peu partout en France.L’alliance majoritaire FNSEA-Jeunes agriculteurs (JA) annonce “85 points de manifestation” à travers le pays, mais sans aucun blocage autoroutier.Dès dimanche soir, les impatients avaient ressorti les tracteurs, se rendant en cortège près de la base aérienne de Villacoublay, près de Paris, d’où s’est envolé le président Emmanuel Macron pour le G20 de Rio au Brésil. “Macron, si tu vas à Rio, n’oublie pas tes péquenots”, clamait une banderole, accrochée sur un pont.Les actions sont avant tout symboliques, l’alliance majoritaire voulant alerter les pouvoirs publics mais “pas ennuyer les Français”: “Ce qu’on veut c’est exprimer sur l’ensemble du territoire cette détresse agricole et ce besoin de refixer le cap”, a souligné sur RMC le président des JA, Pierrick Horel. Dans le Calvados, le représentant local de la FNSEA Xavier Haie résume: “Nous avons lancé un premier avertissement pour dire stop aux négociations du Mercosur.” Mais les agriculteurs attendent aussi que le gouvernement mette en place “ce qu’il avait promis: loi d’orientation agricole, simplification administrative…”.- “Révolte agricole”? -Fragilisés par la pire moisson de blé en 40 ans et des maladies animales émergentes, les agriculteurs estiment n’avoir pas récolté les fruits de la colère de l’hiver dernier: la concrétisation des 70 engagements alors pris par le gouvernement Attal a été ralentie par la dissolution de l’Assemblée nationale.Les manifestations étaient à l’époque dirigées contre la hausse du carburant agricole (GNR) ou le Pacte vert européen. Cette fois-ci, c’est l’aboutissement attendu du projet d’accord de libre-échange avec des pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay) qui enflamme les campagnes.En dépit de l’opposition de la classe politique française, la Commission européenne, poussée par des pays comme l’Allemagne et l’Espagne, semble déterminée à signer d’ici à la fin de l’année ce pacte qui permettra aux pays latino-américains d’écouler plus de bÅ“uf, poulet ou sucre sans droits de douane.”Nous allons continuer de nous opposer” à l’accord, a assuré dimanche Emmanuel Macron, en déplacement en Argentine avant le G20, cherchant à “rassurer les agriculteurs”.Lundi sur France Bleu Besançon, la ministre de l’Agriculture Annie Genevard a dit “comprendre la colère” des agriculteurs, tout en soulignant que le projet de budget contenait “près de 300 millions d’allègements sociaux et fiscaux”.Reconnaissant des avancées sur la simplification ou les prêts garantis par l’Etat, la FNSEA a prévu de poursuivre la mobilisation jusque mi-décembre, avec des actions symboliques comme l’occupation du pont de l’Europe reliant Strasbourg à la ville allemande de Kehl dans l’après-midi ou des “feux de la colère” dans différents départements.La FNSEA, qui se veut un syndicat “responsable”, non violent, cherche à se démarquer de la Coordination rurale (CR, 2e syndicat agricole), coutumière des actions coup de poing et qui a beaucoup gagné en visibilité l’hiver dernier. La CR, qui accuse la FNSEA de “cogestion” avec le gouvernement, a choisi d’attendre la tenue de son congrès (mardi et mercredi) pour amplifier sa mobilisation. Elle promet “une révolte agricole” avec un “blocage du fret alimentaire” dès mercredi dans le Sud-Ouest si “aucune avancée” n’est constatée sur le dossier Mercosur.

Agriculture: les syndicats majoritaires lancent “l’acte 2” de la colère en France

Pas de blocage d’autoroute mais des “feux de la colère”: l’alliance syndicale majoritaire FNSEA-JA donne lundi le coup d’envoi d’un nouveau cycle de la mobilisation agricole, avec des actions symboliques.”85 points de manifestation sont en train de se mettre en route, on ne souhaite pas de blocage concrètement comme on a pu le voir l’année dernière”, a indiqué lundi matin sur RMC Pierrick Horel, président des Jeunes Agriculteurs, citant comme exemples d’actions “des barrages filtrants, des feux de la colère, des manifestations devant les préfectures”.Dimanche, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a prévenu les agriculteurs qu’il y aurait une “tolérance zéro” en cas de “blocage durable” des routes.Dès dimanche soir, des agriculteurs s’étaient rendus en cortège près de la base aérienne de Villacoublay, près de Paris, pour dénoncer le projet d’accord de libre-échange avec les pays du Mercosur, bloquant deux des trois voies de circulation sur la nationale 118, où une partie d’entre eux étaient toujours présents lundi matin avec leurs tracteurs après y avoir passé la nuit.”Ce qu’on veut c’est exprimer sur l’ensemble du territoire cette détresse agricole et ce besoin de refixer le cap”, a souligné M. Horel. Yohann Barbe, porte-parole de la FNSEA au micro de Europe 1 également lundi matin, a estimé que “l’ampleur, elle va être à nouveau et sans précédent puisqu’on sent quand même des agriculteurs toujours aussi agacés par un gouvernement qui traîne à réagir.” Moins d’un an après un ample mouvement de colère dans les campagnes, qui avait abouti en janvier à des blocages de sections d’autoroutes dans le pays, les syndicats agricoles appellent à nouveau leurs troupes à manifester mais en ordre dispersé, à l’approche de leurs élections professionnelles qui se tiennent en janvier.Percutés par les mauvaises récoltes et les maladies animales émergentes, ils estiment n’avoir toujours pas récolté les fruits de la colère de l’hiver dernier: la concrétisation des 70 engagements alors pris par le gouvernement Attal a été ralentie par la dissolution de l’Assemblée nationale.Et ils jugent les normes toujours aussi complexes et les revenus insuffisants. Si les taxes sur le carburant agricole (GNR) avaient été un des ferments de la mobilisation l’an dernier, c’est l’aboutissement du projet d’accord de libre-échange de l’Union européenne avec les pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay) qui pourrait mettre le feu aux poudres cette année.En dépit de l’opposition de la classe politique comme des acteurs agricoles français, la Commission européenne, poussée par plusieurs pays comme l’Allemagne et l’Espagne, semble déterminée à signer d’ici à la fin de l’année cet accord qui permettra notamment aux pays latino-américains d’écouler plus de bÅ“uf, poulet ou sucre sans droits de douane en Europe.C’est pourquoi la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) et son allié Jeunes agriculteurs (JA) ont choisi de relancer la mobilisation lundi et mardi, dates de la tenue d’un sommet du G20 au Brésil.”Nous allons continuer de nous opposer” à l’accord, a assuré dimanche Emmanuel Macron, en déplacement en Argentine avant le G20, cherchant à “rassurer les agriculteurs”.- “Révolte agricole”? -Sur le terrain, la mobilisation, qui pourra “durer jusque mi-décembre”, se traduira par des rassemblements devant les préfectures et sur des places, ponts ou ronds-points “de l’Europe”.Quelques opérations-escargot pourraient perturber le trafic automobile mais l’objectif de la mobilisation n’est pas de “bloquer” ou “d’ennuyer” les Français. Il s’agit plutôt de faire passer le message selon lequel l’agriculture vit aujourd’hui “une situation d’urgence, dramatique dans certains endroits”, avait souligné dimanche le président de la FNSEA Arnaud Rousseau sur BFMTV.”Si d’autres ont d’autres modes d’action, veulent utiliser la violence ou, comme je l’ai entendu, veulent (…) affamer Toulouse, ça n’est pas notre mode d’action”, a-t-il souligné, en référence aux appels de certains responsables de la Coordination rurale (2e syndicat agricole) qui ont proposé ces derniers jours d'”encercler” ou d'”affamer” certaines métropoles.La Coordination rurale a choisi d’attendre la tenue de son congrès (mardi et mercredi) pour amplifier sa mobilisation. Le syndicat promet “une révolte agricole” avec un “blocage du fret alimentaire” dès mercredi dans le sud-ouest si “aucune avancée” n’est constatée sur le dossier du Mercosur.Opposée depuis 25 ans aux traités de libre-échange, la Confédération paysanne, 3e force syndicale, a participé à des rassemblements anti-Mercosur à Bruxelles ou en Aveyron, manifestant symboliquement devant le restaurant McDonald’s de Millau que ses militants avaient démonté en 1999.

Budget de la Sécu: le Sénat s’empare d’un projet truffé d’irritants pour le socle commun

Un nouveau crash-test pour le gouvernement Barnier: l’examen au Sénat du budget de la Sécu, qui démarre lundi, permettra de mesurer l’unité des troupes gouvernementales, largement majoritaires dans l’hémicycle mais irritées par plusieurs mesures phares.L’exécutif, régulièrement mis en échec sur ce projet à l’Assemblée nationale – qui n’a pas pu approuver le texte dans les délais impartis -, espère retrouver un peu d’oxygène devant les sénateurs. Mais les sujets inflammables ne manquent pas, à commencer par la réduction des allègements de charges patronales. Le gouvernement espérait initialement retirer quatre milliards d’euros de cette mesure qui irrite les élus macronistes et le patronat – le président du Medef Patrick Martin a mis en garde samedi contre ses conséquences possibles sur l’emploi et réclamé à la place une “TVA sociale”.Face à la fronde, le ministre du Budget Laurent Saint-Martin s’est dit prêt dimanche à diminuer de moitié l’effort demandé, “pour ne pas pénaliser les salariés au Smic”. Et l’entourage du Premier ministre Michel Barnier a affirmé à l’AFP que les choses restaient “ouvertes”.Ces concessions pourraient toutefois s’avérer insuffisantes pour apaiser la grogne du “bloc central”: lors d’un déjeuner samedi avec le Premier ministre, le chef des députés macronistes Gabriel Attal a ainsi réaffirmé l’hostilité de ses troupes à toute augmentation du coût du travail, selon son entourage. Ce dossier pourrait même empêcher un accord dans la future commission mixte paritaire (CMP) qui doit réunir sept sénateurs et sept députés pour parvenir à un texte de compromis, a insisté auprès de l’AFP le député macroniste Mathieu Lefèvre.Le président du Sénat Gérard Larcher a appelé de son côté à mieux “encadrer” les exonérations de charges, tout en jugeant qu’il fallait “sans doute maintenir les allègements au niveau du Smic”.En commission, les sénateurs se sont accordés sur un dispositif intermédiaire qui épargne les salaires autour du Smic. Mais de nombreux élus, dont des LR, ont déposé des amendements pour supprimer totalement cette mesure et rien n’indique qu’ils seront repoussés.- “Décisions douloureuses” -En quête de 15 milliards d’euros d’économie sur le budget de la Sécu, Michel Barnier dispose en théorie d’un soutien clair au Sénat, dominé par les Républicains et leurs alliés centristes.”On s’inscrit ici clairement dans la majorité”, assure Elisabeth Doineau, la rapporteure centriste du texte à la Haute assemblée, qui se dit prête à des “décisions douloureuses”, “même si on ne se fera pas que des amis”.Pour ne pas “se retrouver l’année prochaine dans la même situation” budgétaire, le gouvernement doit cependant proposer des “réformes structurelles en matière de vieillissement, d’autonomie et d’organisation de la santé”, réclame pour sa part le président LR de la commission des Affaires sociales, Philippe Mouiller. En attendant, plusieurs mesures plutôt impopulaires, comme le report de l’indexation des retraites sur l’inflation, animeront les débats.Le dossier a déjà quasiment été réglé par un accord entre la droite et le gouvernement pour augmenter toutes les retraites de la moitié de l’inflation au 1er janvier, avant un complément pour les plus petites pensions au 1er juillet. Encore faut-il que le dispositif, censé rapporter environ 3,5 milliards d’euros, soit adopté en séance publique. Or la gauche y voit une “arnaque”: “le compte n’y est pas”, surtout pour les petites retraites, s’indigne la socialiste Annie Le Houérou.Les débats à la chambre haute remettront également sur la table la proposition décriée de créer une deuxième journée de solidarité au profit du grand âge – une mesure à laquelle Gérard Larcher a apporté son soutien -, et plus largement la question du temps de travail, un marqueur fort de la droite.Sur le volet de la prévention, la chambre haute devrait s’accorder sur la hausse de la fiscalité sur les boissons sucrées, le tabac ou les jeux d’argent. Et les échanges s’annoncent vifs sur les aides à l’apprentissage, le reste à charge pour les patients sur les consultations médicales ou encore les arrêts de travail.En matière de santé, a par ailleurs indiqué dimanche Bercy à l’AFP, le gouvernement devrait déposer de nouveaux amendements, pour contrer un risque de dérapage sur les dépenses de médicaments en 2024, d’un montant de 1,2 milliard d’euros selon Les Echos. Le texte final restera-t-il compatible avec le projet gouvernemental? Le vote solennel prévu le 26 novembre en dira en tout cas beaucoup sur l’unité du camp Barnier.

Convoi d’agriculteurs en colère près de la base de Villacoublay

Des agriculteurs se sont rendus en cortège dimanche soir près de la base aérienne de Villacoublay, près de Paris, pour dénoncer le projet d’accord de libre-échange avec les pays du Mercosur, avant de nouvelles mobilisations à partir de lundi.”Macron, si tu vas à Rio, n’oublie pas tes péquenots”: à bord d’une vingtaine de tracteurs et d’une trentaine d’autres véhicules, les manifestants ont bloqué deux des trois voies de circulation sur la nationale 118, qui longe la base militaire des Yvelines, ont constaté des journalistes de l’AFP.C’est de là que le président Emmanuel Macron s’est envolé samedi pour l’Argentine, avant de se rendre au sommet du G20 prévu lundi et mardi au Brésil.Certains des agriculteurs venus en tracteur prévoyaient de passer la nuit sur place. “Je suis principalement contre cet accord de Mercosur qui nous fait peur en tant que producteurs, mais aussi en tant que consommateurs”, a expliqué à l’AFP Romain Garnier, céréalier et producteur de betteraves dans le Val-d’Oise.”Ca va être très dur comme combat”, anticipe cet exploitant de 39 ans, venu en voiture avec une pancarte “Manu, arrête le Mercosur, ça rend sourd”.”L’année dernière on était restés une semaine sur l’autoroute A1, on espère des mobilisations similaires”, dit-il près du cortège encadré par un important dispositif des forces de l’ordre.Avant de s’envoler pour le G20 de Rio, le président Emmanuel Macron a réaffirmé dimanche à Buenos Aires que la France ne “signerait pas en l’état” le traité de libre échange entre l’Union européenne et le Mercosur, disant vouloir “continuer” de s’y opposer.”La politique c’est de tenir ses engagements, il faut que le gouvernement tienne les siens”, a déclaré la présidente de la région Ile-de-France Valérie Pécresse, venue soutenir les agriculteurs. Elle a tenté de rassurer ses interlocuteurs en faisant valoir que le Premier ministre “Michel Barnier a été un grand ministre de l’Agriculture”, qui “connaît le sujet par cÅ“ur”.Si les taxes sur le carburant agricole (GNR) avaient été un des ferments de la vague de colère agricole l’an dernier, c’est l’aboutissement du projet d’accord de libre-échange de l’UE avec les pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay) qui pourrait mettre le feu aux poudres cette année.En dépit de l’opposition de la classe politique comme des acteurs agricoles français, l’UE semble déterminée à signer d’ici la fin de l’année cet accord, qui permettra notamment aux pays latino-américains d’écouler plus de bÅ“uf, poulet ou sucre sans droits de douane en Europe.”On nous met dans un monde de libre-échange et il faut qu’on ait les mêmes règles que les autres, sinon on est morts”, déplore Damien Radet, secrétaire général de la FDSEA (fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles) Ile-de-France, présent à Vélizy-Villacoublay. “On court un 100 mètres avec un boulet au pied”, image l’agriculteur de 54 ans, pour qui le mouvement naissant est appelé à “durer”.”Ce soir, c’est le redémarrage de la pression qu’on va exercer sur le gouvernement”, abonde Samuel Vandaele, secrétaire général FDSEA de Seine-et-Marne, qui appelle à ce que “l’agriculture et l’alimentation soient considérées à leur juste valeur”.L’alliance syndicale majoritaire FNSEA-Jeunes agriculteurs doit donner lundi le coup d’envoi officiel de ce nouveau cycle de la mobilisation agricole, avec des rassemblements et actions symboliques.”C’est aussi un combat de société pour que demain tout le monde dans ce pays puisse se nourrir de manière correcte, avec des produits sains, et qu’il y ait plus d’équité dans les normes et les contraintes que ce gouvernement et l’Europe nous imposent à nous, les agriculteurs français”, a déclaré à l’arrivée du cortège le vice-président de la FNSEA Damien Greffin. 

En Argentine, Macron défend auprès de Milei les accords sur le climat et les agriculteurs français

Emmanuel Macron a poursuivi dimanche à Buenos Aires où il s’est entretenu avec le président argentin Javier Milei le double objectif de “défendre” les agriculteurs français mobilisés contre l’accord commercial avec le Mercosur et de convaincre cet ultralibéral de ne pas faire cavalier seul sur le climat.Après un hommage très symbolique aux victimes, notamment françaises, de la dictature militaire argentine, le chef de l’Etat français a rejoint la Casa Rosada, le palais présidentiel, où il a été accueilli par son homologue, accusé de révisionnisme sur cette page sombre de l’histoire de son pays.Commerce, agriculture ou climat : avec Javier Milei, “on ne pense pas toujours la même chose sur beaucoup de sujets”, avait expliqué M. Macron en amont de la rencontre, “mais c’est très utile d’échanger pour préparer” le G20, auquel les deux hommes participeront lundi et mardi à Rio de Janeiro.En France, soutenus par une classe politique réunie dans une rare unanimité, les agriculteurs se mobilisent contre le traité de libre-échange que la Commission européenne, poussée par plusieurs pays comme l’Allemagne et l’Espagne, espère signer d’ici à la fin de l’année avec le Mercosur, le bloc régional qui inclut l’Argentine et le Brésil.Ils redoutent une déferlante de viande latino-américaine et mettent en garde contre une concurrence déloyale de produits n’étant pas soumis aux normes environnementales et sanitaires strictes en vigueur en Europe.- Climatoscepticisme -“J’ai dit de manière très sincère et très claire au président argentin que la France aujourd’hui ne signerait pas en l’état ce traité Mercosur”, a déclaré M. Macron devant la presse sur le tarmac de l’aéroport de Buenos Aires, avant de partir pour le Brésil. Javier Milei “m’a dit lui-même qu’il n’était pas satisfait” de ce texte, a-t-il ajouté.Dans ce dossier, ce sont en fait surtout les autres Européens que la France doit convaincre si elle veut éviter l’entrée en vigueur de l’accord. M. Macron a dit ne pas croire que l’Union européenne puisse passer outre la position française sur ce point. “On va continuer de travailler fermement pour défendre notre modèle”, a-t-il insisté, considérant que “si on est raisonnables tous, il y a un chemin possible, mais il ne se fera pas au détriment de nos agriculteurs”.Outre les normes environnementales sur l’agriculture, M. Macron réclame que l’accord UE-Mercosur intègre les préconisations de l’Accord de Paris sur le climat. Or Javier Milei est un admirateur du président élu américain Donald Trump, dont il partage le climatoscepticisme. L’Argentine vient de retirer sa délégation des négociations concernant le climat de la COP29 à Bakou. Sur ce sujet, “nous avons eu un débat, mais nous ne sommes pas d’accord pour autant”, a commenté M. Macron après sa rencontre avec M. Milei. Toutefois, le président argentin n’a “pas confirmé” qu’il souhaitait, comme Donald Trump sous son premier mandat à la Maison Blanche, retirer son pays de l’Accord de Paris, a-t-il souligné.- “On ne vous oublie pas” -Dimanche, le chef de l’Etat français, accompagné de son épouse Brigitte Macron, avait commencé la journée par un  hommage aux victimes de la dictature militaire argentine (1976-1983), organisé en l’église de la Santa Cruz, lieu de mémoire de la résistance contre le régime.”On ne vous oublie pas”, a-t-il lancé à des proches de victimes. En décembre 1977, plusieurs membres fondateurs du mouvement des Mères de la Place de Mai, qui réclamaient des informations sur leurs proches disparus, ont été arrêtés, torturés et assassinés après s’être réunis dans cette église.Parmi les victimes, figuraient les religieuses françaises Léonie Duquet et Alice Domon, qui furent enlevées puis tuées. En tout, au moins 22 Français ont été recensés parmi les morts ou disparus sous la dictature.Javier Milei, au pouvoir depuis onze mois, et encore plus sa vice-présidente Victoria Villaruel, issue d’une famille de militaires, sont accusés de révisionnisme par les organisations de défense des droits humains. Ils n’hésitent pas à revisiter le bilan de la junte : alors que celui, généralement admis, des organisations de droits humains fait état de 30.000 morts, Javier Milei déclare qu’ils étaient moins de 9.000.En juillet, six députés du parti au pouvoir ont rendu visite en prison à Alfredo Astiz et à d’autres ex-militaires condamnés pour crimes contre l’humanité. Astiz, un ancien capitaine de marine aujourd’hui âgé de 73 ans, a été condamné à deux reprises en Argentine à la perpétuité, notamment pour l’enlèvement et la disparition des religieuses françaises. En France, il a été condamné en son absence à la prison à vie en 1990 dans le même dossier.

Barnier a déjeuné avec Attal, la baisse des allègements de charges au menu

Le Premier ministre Michel Barnier a déjeuné samedi avec son prédécesseur Gabriel Attal, occasion pour les deux hommes d’évoquer la question sensible de la baisse des exonérations de cotisations patronales, sans parvenir à un accord, ont affirmé dimanche des sources concordantes, confirmant une information du Figaro.”Gabriel Attal a réaffirmé la position qui est la sienne et celle du groupe” Ensemble pour la République, hostile à toute augmentation du coût du travail, a affirmé son entourage à l’AFP.Le groupe EPR, présidé par M. Attal, n’avait pas caché cette semaine son intention de monter au créneau sur ce sujet emblématique pour la macronie.Dans son projet initial, le gouvernement entendait réduire de quatre milliards d’euros ces allègements de charges, dont le montant a doublé en dix ans et tutoie aujourd’hui les 80 milliards d’euros. Dimanche, le ministre du Budget Laurent Saint-Martin s’est dit “prêt à ce que seulement la moitié, deux milliards d’euros, puissent être demandés aux entreprises”.Insuffisantes concessions, selon plusieurs élus du groupe EPR interrogés par l’AFP. “Nous on est contre la hausse du coût du travail, on n’est pas à moitié contre la hausse du coût du travail”, a martelé Mathieu Lefèvre, l’un des députés macronistes en pointe sur les questions budgétaires.Alors qu’une commission mixe paritaire, réunissant sept sénateurs et sept députés, devrait accorder les violons des deux chambres sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale, avant une adoption du texte dans chaque hémicycle, M. Lefèvre a affirmé que cette CMP ne pourra être conclusive “s’il y a cette hausse du coût du travail”.Pour le député David Amiel, “le schéma du gouvernement aboutit à concentrer les hausses de charges sur l’industrie: à l’heure de la guerre commerciale déclenchée par les Etats-Unis et par la Chine, c’est une faute économique”.”Il faut tenir compte du contexte international, qui se dégrade, et des conséquences majeures de l’élection de Donald Trump”, a-t-il ajouté. Interrogé par l’AFP, l’entourage du Premier ministre a affirmé que les choses restaient “ouvertes”. Et semblé peu goûter les menaces, lancées par certains élus, de faire dérailler la CMP. “Il faut que la France tienne sa signature, donc on peut faire des menaces ici et là mais je ne suis pas sûr que ce soit la bonne manière de faire”, a commenté cette source.Matignon a par ailleurs confirmé que M. Barnier avait déjeuné cette semaine avec deux autres anciens Premiers ministres d’Emmanuel Macron, Edouard Philippe mardi et Elisabeth Borne jeudi.

Jours de carence: Anne Genetet défend une “égalité de traitement” entre public et privé

La ministre de l’Education Anne Genetet a défendu dimanche la volonté du gouvernement d’instaurer trois jours de carence en cas d’arrêt maladie pour les fonctionnaires, estimant qu’il n’y a pas de “raison” de s’opposer à une “égalité de traitement” avec le privé.”Le délai de carence, l’idée, c’est d’aligner. C’est ce qui a été proposé, que ce soit aligné sur les salariés du privé, qu’il n’y ait pas de différence. Moi, je ne vois pas la raison pour laquelle on s’opposerait à ce qu’il y ait une égalité de traitement entre tous les gens qui travaillent”, a déclaré Mme Genetet lors de l’émission “Questions politiques” de France Inter, France Télévisions et Le Monde.Les enseignants “sont des fonctionnaires comme les autres fonctions publiques, ils sont concernés par ces décisions”, a-t-elle encore dit, tout en ajoutant que “derrière, c’est moins ça qui est le sujet principal dans l’enseignement aujourd’hui que les difficultés d’exercice du métier et l’attractivité du métier”.”Si on s’occupe uniquement de l’absence de nos professeurs pour raison de maladie, ils sont la fonction publique la moins absente par rapport aux autres, hospitalière et territoriale”, a tempéré la ministre. “Ils ne sont pas plus ni moins absents que les salariés du privé”, a-t-elle ajouté.Le gouvernement a annoncé fin octobre des mesures d’économies sur la fonction publique à hauteur de 1,2 milliard d’euros, prévoyant notamment d’instaurer trois jours de carence (non payés) en cas d’arrêt maladie pour les fonctionnaires, pour aligner les conditions d’indemnisation du public sur le privé. Alors que le privé bénéficie dans de nombreux cas de conventions collectives couvrant ces trois jours, ces annonces ont cristallisé la colère des syndicats, qui ont appelé à une journée nationale “d’action” et de “grève” le 5 décembre.Selon un rapport de la direction générale de l’administration et de la fonction publique (DGAFP) publié vendredi, les agents de la fonction publique se sont absentés 12 jours en moyenne en 2023, soit 1,7 jour de plus que les salariés du privé (10,3 jours). L’écart entre les jours d’absence des agents publics et des salariés du secteur privé s’est réduit par rapport à 2022, où il était de 2,8 jours.  

En Argentine, Macron défend auprès de Milei les accords climatiques et les agriculteurs français

Emmanuel Macron s’est entretenu dimanche à Buenos Aires avec le président argentin Javier Milei, avec le double objectif de “défendre” les agriculteurs français mobilisés contre l’accord commercial avec le Mercosur, et de convaincre cet ultralibéral de ne pas faire cavalier seul sur le climat.Après un hommage très symbolique aux victimes, notamment françaises, de la dictature militaire argentine, le chef de l’Etat français a rejoint la Casa Rosada, le palais présidentiel, où il a été accueilli par son homologue, accusé de révisionnisme sur cette page sombre de l’histoire du pays latino-américain.Un second tête-à-tête après le dîner de la veille, au début de cette tournée de six jours en Amérique latine.”On va parler de nos intérêts commerciaux, de nos échanges, de la défense de notre agriculture et de nos agriculteurs”, a dit samedi Emmanuel Macron sur les réseaux sociaux dans l’avion qui l’emmenait en Argentine.”On ne pense pas toujours la même chose sur beaucoup de sujets”, a-t-il ajouté, “mais c’est très utile d’échanger pour préparer” le G20, auquel les deux hommes participeront lundi et mardi à Rio de Janeiro.La visite a lieu dans un contexte particulier.En France, soutenus par une classe politique réunie dans une rare unanimité, les agriculteurs se mobilisent contre le traité de libre-échange que la Commission européenne, poussé par plusieurs pays comme l’Allemagne et l’Espagne, espère signer d’ici la fin de l’année avec le Mercosur, le bloc régional qui inclut l’Argentine et le Brésil.Ils redoutent une déferlante de viande latino-américaine, et mettent en garde contre une concurrence déloyale de produits n’étant pas soumis aux normes environnementales et sanitaires strictes en vigueur en Europe.A Buenos Aires puis à Rio, Emmanuel Macron va se faire le porte-voix de ce refus, même si ce sont surtout les autres Européens qu’il doit convaincre de ne pas passer outre l’opposition française. Il martèle que Paris rejette ce texte “en l’état”, réclamant qu’il intègre le respect de ces normes et aussi l’Accord de Paris sur le climat.Or Javier Milei est un admirateur de Donald Trump, climatosceptique comme le républicain qui vient de faire un come-back tonitruant en remportant la présidentielle américaine.L’Argentine vient de retirer sa délégation des négociations climatiques de la COP29 à Bakou et les spéculations vont bon train sur sa possible sortie de l’Accord de Paris – un geste que Donald Trump avait effectué lors de son premier mandat.Emmanuel Macron espérait donc, selon son entourage, “raccrocher” le président argentin au “consensus international” et aux “priorités du G20”, notamment en matière de lutte contre le réchauffement.- “On ne vous oublie pas” -Dimanche, le chef de l’Etat français, accompagné de son épouse Brigitte Macron, a commencé la journée par son hommage en l’église de la Santa Cruz, lieu de mémoire de la résistance contre la dictature (1976-1983).”On ne vous oublie pas”, a-t-il dit à des proches de victimes. En décembre 1977, plusieurs membres fondateurs des Mères de la Place de Mai, qui réclamaient des informations sur leurs proches disparus, ont été arrêtés, torturés et assassinés après s’être réunis dans cette église.Parmi les victimes, figuraient les religieuses françaises Léonie Duquet et Alice Domon, qui furent enlevées puis tuées par la dictature. En tout, au moins 22 Français ont été recensés parmi les morts ou disparus de cette époque.”Je vous remercie pour votre présence”, “surtout en ce moment”, a dit dimanche au président français l’un des proches de victimes. Un autre lui a demandé “que les intérêts politiques et économiques ne fassent pas oublier ni l’idéal ni (…) l’espoir de faire justice”.Javier Milei, au pouvoir depuis onze mois, et encore plus sa vice-présidente Victoria Villaruel, issue d’une famille de militaires, sont accusés de révisionnisme par les organisations de défense des droits humains. Ils n’hésitent pas à revisiter le bilan de la junte militaire: alors que celui, généralement admis, des organisations de droits humains fait état de 30.000 morts, Javier Milei évoque moins de 9.000 victimes.En juillet, six députés du parti au pouvoir ont rendu visite en prison à Alfredo Astiz et à d’autres ex-militaires condamnés pour crimes contre l’humanité. Astiz, ex-capitaine de marine de 73 ans, a été condamné à deux reprises en Argentine à la perpétuité, notamment pour l’enlèvement et la disparition des religieuses françaises. En France, il a été condamné en son absence à la prison à vie en 1990 pour le même dossier.

A Buenos Aires, l’hommage symbolique de Macron aux victimes de la dictature

“On ne vous oublie pas”. Emmanuel Macron a rendu dimanche à Buenos Aires un hommage symbolique aux victimes, notamment françaises, de la dictature militaire argentine, avant de retrouver le président ultralibéral Javier Milei, accusé de révisionnisme sur cette page sombre de l’histoire du pays latino-américain.Le président français est arrivé samedi soir dans la capitale de l’Argentine au début d’une tournée régionale et a déjà eu un dîner de travail avec son homologue. Objectif affiché: défendre sa position de refus catégorique, en l’état, de l’accord de libre-échange que la Commission européenne espère signer d’ici la fin de l’année avec le Mercosur, le bloc régional qui inclut l’Argentine et le Brésil.Le sujet est politiquement sensible en France où les agriculteurs se mobilisent à nouveau contre ce traité, et le président français a prévenu vouloir les “défendre” lors de ce voyage. Emmanuel Macron veut aussi “raccrocher” Javier Milei au “consensus international” et aux “priorités du G20″ auquel ils participeront ensuite lundi et mardi au Brésil.La tâche s’annonce compliquée, tant l’Argentin est un admirateur de Donald Trump, tenté comme le républicain qui vient d’être élu une deuxième fois président des Etats-Unis de tourner le dos à plusieurs engagements multilatéraux.L’Argentine vient de retirer sa délégation des négociations climatiques de la COP29 à Bakou et les spéculations vont bon train sur sa possible sortie de l’Accord de Paris sur le climat. Un geste que Donald Trump avait lui-même effectué lors de son premier mandat.Avant un nouvel entretien avec Javier Milei à la Casa Rosada, le palais présidentiel, le chef de l’Etat français, accompagné de son épouse Brigitte, a commencé la journée par son hommage en l’église de la Santa Cruz, lieu de mémoire de la résistance contre la dictature (1976-1983).”On ne vous oublie pas”, a dit le chef de l’Etat à des proches de victimes. En décembre 1977, plusieurs membres fondateurs des Mères de la Place de Mai, qui réclamaient des informations sur leurs proches disparus, ont été arrêtés, torturés et assassinés après s’être réunis dans cette église.Parmi les victimes, figuraient les religieuses françaises Léonie Duquet et Alice Domon, qui furent enlevées puis tuées dans un “vol de la mort” de la dictature, jetées au large du Rio de la Plata depuis un avion.En tout, au moins 22 Français ont été recensés parmi les morts ou disparus de cette époque.- Bilan revisité -“Je vous remercie pour votre présence”, “surtout en ce moment”, a dit dimanche au président français l’un des proches de victimes.Un autre lui a demandé “que les intérêts politiques et économiques ne fassent pas oublier ni l’idéal ni (…) l’espoir de faire justice”. Emmanuel Macron n’est pas le premier dirigeant français à saluer la mémoire de ces victimes.Mais le contexte a changé depuis l’arrivée au pouvoir de Javier Milei il y a 11 mois. Le président, et encore plus sa vice-présidente Victoria Villaruel, issue d’une famille de militaires, sont accusés de révisionnisme par les organisations de défense des droits humains. Ils préfèrent parler de “guerre” contre des “guérillas” d’extrême gauche plutôt que de “dictature”, pour relativiser la responsabilité de l’armée.Et ils n’hésitent pas à revisiter le bilan de la junte militaire au pouvoir durant ces années: alors que celui, généralement admis, des organisations de droits humains fait état de 30.000 morts, Javier Milei évoque moins de 9.000 victimes.En juillet, six députés du parti au pouvoir ont rendu visite en prison à Alfredo Astiz et à d’autres ex-militaires condamnés pour crimes contre l’humanité. Le président Milei avait toutefois pris ses distances avec ce geste.Astiz, ex-capitaine de marine de 73 ans, a été condamné à deux reprises en Argentine à la perpétuité, notamment pour l’enlèvement et la disparition des religieuses françaises. En France, il a été condamné en son absence à la prison à vie en 1990 pour le même dossier.Des proches de Français disparus ont été reçus début novembre par des conseillers du président Macron à l’Elysée. Ils ont demandé au chef de l’Etat de transmettre à son homologue argentin leur “inquiétude” sur l’hypothétique libération d’Alfredo Astiz.”A ce stade, il n’y a pas de remise en cause des procédures judiciaires qui ont abouti à la condamnation des personnes responsables”, assure-t-on dans l’entourage d’Emmanuel Macron, tout en précisant ne pas vouloir “interférer dans la politique intérieure argentine”.