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Macron veut “mobiliser” plus de jeunes volontaires “en renfort” des armées

Emmanuel Macron a annoncé lundi un projet aux contours flous pour “mobiliser” davantage de jeunes volontaires “en renfort des armées” en cas de besoin, face à une “accélération des périls” depuis la guerre en Ukraine, semblant acter la fin du service national universel (SNU). Dans ses traditionnels voeux aux armées, près de Rennes, le chef de l’Etat a insisté sur “l’accumulation des menaces” qui oblige la France à s’adapter. Pour cela, il a lancé aussi une actualisation de la Revue stratégique sur les priorités de la défense française, plaidant parallèlement pour un “réveil stratégique européen”.”Ne nous leurrons pas”, le conflit en Ukraine “ne se terminera pas demain ni après-demain”, a lancé le président au moment même où son homologue Donald Trump, qui a promis une fin rapide de cette guerre, était investi aux Etats-Unis.”Il ne peut pas y avoir de paix et de sécurité en Europe sans les Européens et sans qu’elles ne soient négociées par les Européens”, a-t-il averti.”L’enjeu aujourd’hui, c’est de donner les moyens à l’Ukraine de durer, et d’entrer dans toute future négociation en position de force. L’enjeu demain, quand les hostilités s’arrêteront, sera de donner à l’Ukraine des garanties contre tout retour de la guerre sur son territoire, et des assurances pour notre propre sécurité”, a-t-il plaidé.Dans ce contexte nouveau, Emmanuel Macron a dit vouloir “proposer à notre jeunesse un engagement fort” pour lui “donner le choix de servir”.”Aujourd’hui, nous nous contentons d’un recensement, d’une journée défense et citoyenneté”, “c’est trop peu”, a-t-il expliqué.Il a rappelé que mobiliser les jeunes était “l’ambition du SNU”, un projet qui lui était cher. Le gouvernement de Gabriel Attal avait lancé il y a un an les travaux pour une généralisation à la rentrée 2026 de ce dispositif destiné aux 15-17 ans.Mais depuis, la dissolution, l’absence de majorité à l’Assemblée nationale, et les restrictions budgétaires semblent avoir sonné le glas de cette “ambition”.Emmanuel Macron le reconnaît presque, sans le dire, ouvrant la voie à un nouveau projet.Sans “rétablir le service national obligatoire”, il a demandé au gouvernement et à l’état-major des armées des propositions d’ici mai pour “permettre à une jeunesse volontaire d’apprendre avec les armées et d’en renforcer les rangs”. “Nous devrons mieux détecter les volontaires”, “les former et être capable de les mobiliser le jour venu”, “en renfort des armées en métropole ou ailleurs”, a-t-il esquissé. “Après l’armée de métier, c’est la réserve de professionnels qu’il nous faut à présent mobiliser, en appui, en appoint.””Pour constituer cette réserve, la Journée de défense et de citoyenneté sera rénovée et redeviendra demain un moment de temps retrouvé avec les armées”, a-t-il ajouté. Parmi les 800.000 jeunes qui y passent chaque année, “certains se signaleront et diront qu’ils répondront présents si la Nation les appelle”.La France vise 210.000 militaires d’active et 80.000 réservistes à l’horizon 2030.Plus largement, le chef de l’Etat et des armées a donc lancé une nouvelle Revue stratégique. D’ici mai également, le secrétariat général de la Défense et de la sécurité nationale devra lui faire des propositions pour s’adapter aux “périls de l’époque”.Comme il le dit depuis des mois, l’Europe a besoin d’un “réveil stratégique”, pour faire face “si notre allié américain” se désengage du Vieux Continent, un mouvement qui pourrait s’accélérer drastiquement avec le retour de Donald Trump.”Notre allié américain affirme que l’on doit dépenser plus” pour la défense au sein de l’Otan, “et il a raison”, a-t-il assuré, défendant toutefois les efforts français avec les 413 milliards d’euros de la loi de programmation pour 2024-2030.Il a prôné une fois de plus “une préférence européenne” dans l’acquisition d’équipements, mais aussi “plus de programmes communs” au sein de l’Union européenne pour concevoir l’armement de demain. “Nous devons toutefois changer d’échelle dans nos montants consacrés à la défense”, a-t-il aussi affirmé, évoquant “un mur d’investissement”.Le président avait choisi de présenter ses voeux à Cesson-Sévigné, qui accueille le Commandement de l’appui terrestre numérique et cyber, pour placer ce rendez-vous annuel sous le signe “de l’innovation” à trois semaines d’un sommet sur l’intelligence artificielle qu’il organise les 10 et 11 février à Paris.

Municipales à Paris: la candidature de l’écologiste Yannick Jadot bouscule la gauche

Un prétendant de plus à gauche pour la mairie de Paris: après les socialistes Emmanuel Grégoire et Rémi Féraud, l’écologiste Yannick Jadot s’est déclaré candidat à la succession d’Anne Hidalgo en 2026, avec l’ambition de rassembler face à une “droite unie”.  “Je souhaite que le prochain maire de Paris soit écologiste”, a déclaré lundi dans un entretien au Parisien Yannick Jadot, dont le nom circulait pour se lancer dans la bataille de l’Hôtel de Ville depuis que la maire socialiste a renoncé à briguer un troisième mandat en novembre. “Le bilan commun, le désir d’unité de notre électorat, la menace d’une droite unie m’amènent à proposer un autre chemin: le rassemblement des écologistes immédiatement, celui des écologistes et de la gauche rapidement”, expose le sénateur de Paris, ex-candidat à la présidentielle de 2022. Fustigeant le “déni climatique” d’une “droite trumpisée”, il propose de “porter ce rassemblement face à Rachida Dati” (LR), actuelle ministre de la Culture qui brigue elle aussi la mairie de Paris.La “priorité absolue” de M. Jadot: “rendre Paris plus accessible aux classes moyennes et populaires qui la font vivre”.Même si elle n’a surpris personne, la candidature du parlementaire de 57 ans, qui habite à Paris “depuis quarante ans”, rebat les cartes au sein d’une gauche déjà morcelée. Elle compte désormais quatre candidats déclarés pour prendre les rênes de la capitale dirigée par les socialistes depuis 2001, avec les écologistes comme alliés – parfois distants. Au sein du PS, deux candidats briguent l’investiture: le député Emmanuel Grégoire, ancien premier adjoint d’Anne Hidalgo avec laquelle il est en froid, et le sénateur Rémi Féraud, chef de la majorité au Conseil de Paris, adoubé par l’édile.Les deux concurrents sont en pleine campagne auprès des quelque 3.700 militants parisiens qui devront les départager lors d’un vote dont la date fait débat.  Yannick Jadot entend d’abord convaincre les écologistes parisiens. “J’ai rencontré les différents candidats potentiels, Fatoumata Koné (cheffe de file des Ecologistes au Conseil de Paris), Anne-Claire Boux (adjointe en charge de la Santé), Aminata Niakaté (conseillère de Paris) et David Belliard (adjoint chargé des Transports).””Le bilan d’Anne Hidalgo, c’est aussi le leur”, explique-t-il, reconnaissant “percuter des ambitions légitimes”.- “Lumière médiatique” -La notoriété de Yannick Jadot “va mettre un peu de lumière médiatique sur notre primaire, on ne peut que s’en réjouir”, a réagi auprès de l’AFP Fatoumata Koné, candidate à l’investiture d’EELV.Les prétendants écologistes ont jusqu’à fin janvier pour déposer leur candidature et le parti EELV décidera à la mi-mars lequel briguera l’Hôtel de Ville. Avec la volonté d’une union des forces de gauche dès le premier tour, alors que les Verts parisiens ont jusqu’ici toujours présenté des listes autonomes, avant de faire liste commune au second tour.Yannick Jadot espère ensuite unir “les socialistes, les communistes et tous ceux de la société civile qui voudront faire gagner l’écologie et la gauche”. Dans l’optique de “valoriser le formidable héritage” d’Anne Hidalgo, tout en “accélérant” dans certains domaines.”J’ai hâte que nous confrontions nos idées et qu’un projet de progrès se dégage pour Paris”, a dit à l’AFP Emmanuel Grégoire. Comme Rémi Féraud, le député a exclu toute alliance avec LFI chez qui aucun candidat n’est encore sorti du bois. Interrogé sur la présidentielle – à laquelle il dit renoncer – Yannick Jadot a jugé qu’une “union derrière Jean-Luc Mélenchon n’était ni souhaitable, ni efficace”.Les communistes, qui font partie de la majorité municipale, ont de leur côté désigné le sénateur Ian Brossat pour mener une liste.A droite, la patronne de la fédération LR de Paris, Agnès Evren, a appelé lundi tous les élus de son camp à se rassembler derrière Rachida Dati.L’appel de la sénatrice n’engage cependant pas l’ensemble du groupe Union capitale, première force d’opposition à Paris, qu’elle copréside aux côtés du LR Geoffroy Boulard et de l’ex-député Horizons Pierre-Yves Bournazel. Ce proche d’Edouard Philippe ne cache pas ses ambitions pour 2026.La droite est éparpillée en trois groupes au Conseil de Paris: Union Capitale, Changer Paris co-dirigé par Rachida Dati, et Demain Paris mené par le sénateur LR Francis Szpiner qui n’a pas souhaité se prononcer.

La loi d’urgence pour Mayotte examinée dans l’hémicycle de l’Assemblée

Les députés entament lundi l’examen du projet de loi d’urgence pour Mayotte, premier texte du gouvernement Bayrou à être débattu dans l’hémicycle. Son adoption fait peu de doutes au regard de l’impératif d’accélérer la reconstruction de l’archipel dévasté par le cyclone Chido.Jugé “insuffisant” par de nombreux députés, ce texte – comportant 22 articles, principalement des dérogations aux règles d’urbanisme et quelques mesures sociales – a été adopté largement en commission des Affaires économiques la semaine dernière.Et ce, même si la rapporteure du projet de loi, la députée de Mayotte Estelle Youssouffa (Liot) avait déploré au cours des débats un texte élaboré “sans consultation” des élus locaux, et qui “reste largement muet sur des sujets essentiels tels que l’immigration”.La seconde députée de Mayotte, Anchya Bamana (RN), avait soulevé les mêmes griefs, se disant “en colère” contre un texte “qui passe à côté de son sujet”, en ne permettant pas de lutter contre la “submersion migratoire”.Bien qu’éludées, et remises à une prochaine loi “programme” annoncée par le gouvernement dans les deux mois, les questions migratoires devraient s’imposer en toile de fond des débats.Le ministre des Outre-mer, Manuel Valls – qui s’exprimera pour la première fois dans l’arène du Palais Bourbon depuis son retour au gouvernement – répétera certainement les “mesures fermes” de lutte contre l’immigration, listées lors de son audition en commission, et qui constitueront, selon lui, un “volet primordial” de la future loi. Une proposition de loi visant à restreindre le droit du sol à Mayotte sera par ailleurs examinée le 6 février, prévoyant d’allonger la durée de résidence des parents pour l’accès de leurs enfants à la nationalité française.Lundi, les députés doivent se pencher à partir de 16H00 sur des articles permettant par exemple à l’Etat de déroger à certaines règles d’urbanisme ou de faciliter les financements pour accélérer la reconstruction des logements, mais aussi des écoles, durement touchées.- Reconstruction des écoles -Une mesure du projet de loi vise par exemple à autoriser l’Etat à assurer leur construction, reconstruction ou rénovation en lieu et place des collectivités locales jusqu’au 31 décembre 2027. Au même moment, les enseignants de l’archipel reprennent le chemin de l’école, une semaine avant leurs élèves. Une rentrée déjà plusieurs fois décalée, alors qu’une quarantaine d’établissements n’ont pas été remis en état ou accueillent encore des sinistrés.Aucun article du projet de loi ne traite donc des questions migratoires, ainsi les amendements déposés en ce sens par la droite et l’extrême droite ont été rejetés comme “irrecevables” car jugés hors sujet en vertu de l’article 45 de la Constitution. La présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet l’assume, ces questions seront traitées plus tard, car ce texte “est une loi d’urgence” pour “reconstruire Mayotte rapidement”. En commission, plusieurs dispositions votées ont toutefois fait grincer des dents les députés de gauche, comme cet amendement de la rapporteure Estelle Youssouffa, visant à encadrer la vente de tôle “à la présentation d’un titre d’identité”.Une mesure “choquante”, selon les mots de la députée écologiste Dominique Voynet, qui s’est abstenue de voter sur l’ensemble du texte en commission, car cette loi passe “totalement” à côté des enjeux de la “reconstruction”, selon elle.Elle n’a cependant pas voulu entraver son adoption au regard de la “situation catastrophique” dans laquelle est plongé l’archipel. Les députés de La France insoumise ont, eux aussi, préféré s’abstenir. Ils ont présenté lundi à la presse “leur contre-plan pour Mayotte”, s’inquiétant d’une “reconstruction au rabais de l’archipel” avec le projet du gouvernement. Selon la présidente de la commission des Affaires économiques, Aurélie Trouvé, le “périmètre” du texte, très limité, n’a pas permis aux députés de pouvoir l’amender afin d’y inclure “des mesures décisives” pour les habitants de Mayotte, qui auraient pourtant pu trouver des majorités dans l’hémicycle.La députée insoumise cite par exemple “le gel des loyers, des factures d’eau ou d’électricité”, ou encore “l’alignement des minima sociaux” avec ceux de l’hexagone.L’examen du texte devrait se conclure cette semaine. Le Sénat prévoit de s’en emparer le 3 février. 

Municipales à Paris: l’écologiste Yannick Jadot sort du bois

La gauche se bouscule au portillon pour la mairie de Paris: après les socialistes Emmanuel Grégoire et Rémi Féraud, l’écologiste Yannick Jadot a déclaré sa candidature pour succéder à Anne Hidalgo en 2026, avec l’ambition de rassembler face à une “droite unie”.”Je souhaite que le prochain maire de Paris soit écologiste”, a déclaré lundi dans un entretien au Parisien Yannick Jadot, dont le nom circulait pour se lancer dans la bataille de l’Hôtel de Ville depuis que la maire socialiste a renoncé à briguer un troisième mandat en novembre. “Le bilan commun, le désir d’unité de notre électorat, la menace d’une droite unie m’amènent à proposer un autre chemin: le rassemblement des écologistes immédiatement, celui des écologistes et de la gauche rapidement”, expose le sénateur de Paris. Fustigeant le “déni climatique” d’une “droite trumpisée”, il  propose de “porter ce rassemblement face à Rachida Dati” (LR).”Maire de Paris, c’est un mandat extraordinaire, qui permet de changer la vie quotidienne de nos concitoyens, avec eux, dans cette capitale qui rayonne dans le monde entier”, a poursuivi Yannick Jadot, qui avait assisté aux voeux d’Anne Hidalgo aux élus la semaine dernière.Sa “priorité absolue”: “rendre Paris plus accessible aux classes moyennes et populaires qui la font vivre”.La candidature du sénateur de 57 ans, qui habite à Paris “depuis quarante ans”, rebat les cartes au sein d’une gauche déjà morcelée. Elle compte désormais trois candidats déclarés pour prendre les rênes de la capitale dirigée par les socialistes depuis 2001. Au sein du PS, deux candidats briguent l’investiture: le député Emmanuel Grégoire, ancien premier adjoint d’Anne Hidalgo avec laquelle il est en froid, et le sénateur Rémi Féraud, chef de la majorité au Conseil de Paris, adoubé par l’édile.Les deux concurrents sont en pleine campagne auprès des quelque 3.700 militants parisiens qui devront les départager lors d’un vote dont la date fait débat au sein de la fédération.  – “Percuter des ambitions” -Yannick Jadot entend d’abord convaincre les écologistes parisiens de s’unir derrière lui. “J’ai rencontré les différents candidats potentiels, Fatoumata Koné (cheffe de file des Ecologistes au Conseil de Paris), Anne-Claire Boux (adjointe en charge de la Santé), Aminata Niakaté (conseillère de Paris) et David Belliard (adjoint chargé des Transports).””Le bilan d’Anne Hidalgo, c’est aussi le leur”, explique-t-il. Les écologistes ont jusqu’à fin janvier pour déposer leur candidature à leur primaire et le parti EELV décidera à la mi-mars lequel briguera la mairie. Avec la volonté d’une union des forces de gauche dès le premier tour, alors que les écologistes parisiens avaient jusqu’ici toujours présenté des listes autonomes au premier tour des municipales.”Yannick Jadot apporte une coloration nationale à cette campagne et une visibilité que les autres candidats, mis à part Rachida Dati, n’ont pas”, a souligné auprès de l’AFP l’élu écologiste Emile Meunier qui soutiendra néanmoins Fatoumata Koné.Yannick Jadot espère ensuite “très vite unir” derrière lui “les socialistes, les communistes et tous ceux de la société civile qui voudront faire gagner l’écologie et la gauche”. Dans l’optique de “valoriser le formidable héritage” d’Anne Hidalgo, tout en “accélérant” dans certains domaines.”J’ai hâte que nous confrontions nos idées et qu’un projet de progrès se dégage pour Paris”, a réagi auprès de l’AFP Emmanuel Grégoire. Interrogé sur la présidentielle – à laquelle il dit renoncer – Yannick Jadot juge qu’une “union derrière Jean-Luc Mélenchon n’était ni souhaitable ni efficace”. Rémi Féraud et Emmanuel Grégoire ont exclu toute alliance avec LFI, tandis que certains candidats Verts potentiels, comme David Belliard, disent vouloir parler avec les Insoumis. Aucun candidat ne s’est pour l’instant déclaré chez LFI. “Sans nous, la gauche n’arrivera pas à gagner Paris”, a estimé auprès de l’AFP Rodrigo Arenas, député LFI parisien.Les communistes, qui font partie de la majorité municipale, ont de leur côté désigné le sénateur Ian Brossat pour mener une liste.

Censure: LFI prévient le PS que c’est Retailleau qui va écrire la suite

La France insoumise a prévenu lundi le PS que s’il ne censure pas François Bayrou sur le budget, “la suite” de la politique du gouvernement “s’écrira” avec le très droitier ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau qui a annoncé son intention de “toucher” à l’aide médicale d’Etat”. “Vous verrez que la suite ça sera avec M. Retailleau que ça s’écrira”, a déclaré le président de la commission des Finances Eric Coquerel sur Public Sénat. “Le gouvernement va s’appuyer sur d’autres groupes, notamment le Rassemblement national, pour passer ce qu’annonce” Bruno Retailleau (LR), par exemple des restrictions sur l’aide médicale d’Etat, dispositif permettant à des ressortissants étrangers sans titre de séjour régulier en France de se soigner.Outre sa volonté de “toucher” à l’AME, Bruno Retailleau s’est également dit favorable dimanche à la création de statistiques ethniques en France “à une condition, c’est qu’on ne les utilise pas pour la discrimination positive”. C’est “ce que va laisser vivre le parti socialiste s’il ne vote pas la censure”, a insisté le député Insoumis. De fait, l’eurodéputé Place publique Raphaël Glucksmann a reconnu sur Sud radio que la question de la censure se poserait si le gouvernement décidait de toucher à l’AME. “C’est clair, depuis le début on l’a formulé, il n’y aura pas de nouvelle loi immigration et il ne faut pas toucher à l’aide médicale d’Etat”, a-t-il déclaré, tout en précisant qu’il ne pouvait s’engager au nom du groupe socialiste à l’Assemblée nationale.Le Premier secrétaire du PS, Olivier Faure, avait déjà critiqué dimanche les propos du ministre de l’Intérieur, l’accusant d’être “d’accord pour les statistiques ethniques mais alors uniquement à des fins discriminatoires, surtout pas pour servir à corriger les inégalités décelées”.

Macron donne ses orientations aux armées, face à Trump et à l'”accélération” des menaces

Emmanuel Macron doit donner lundi “ses orientations” aux armées face à “une accélération” des menaces qui nécessite à ses yeux un vrai sursaut de l’Europe, lors d’une cérémonie de voeux qui coïncide avec l’investiture de Donald Trump à la Maison Blanche.Le chef de l’Etat se rend à Cesson-Sévigné, près de Rennes, pour ce rendez-vous annuel qu’il place cette fois sous le signe “de l’innovation, du cyber et de l’intelligence artificielle” à trois semaines du sommet sur l’IA qu’il organise les 10 et 11 février à Paris.Ce quartier militaire accueille le Commandement de l’appui terrestre numérique et cyber, “créé en 2024 pour garantir la supériorité opérationnelle des forces terrestres”, souligne l’Elysée.Ces dernières années, les vœux aux armées ont été l’occasion pour le président de défendre la loi de programmation militaire (LPM) pour 2024-2030, qui prévoit 413 milliards d’euros pour répondre à la multiplication des tensions internationales.”Au terme de la loi de programmation militaire, nous aurons doublé notre budget militaire en dix ans. Quel pays peut en dire autant? Et nous n’avons pas attendu 2022″ et l’invasion russe de l’Ukraine “pour nous réveiller”, a-t-il déjà plaidé le 6 janvier devant les ambassadeurs de France.Emmanuel Macron, chef des armées, pourrait donc reprendre l’avertissement de Sébastien Lecornu. Son ministre des Armées a prévenu début janvier que l’absence de budget pour 2025, en jachère en raison de la crise politique, était une “menace” pour “le réarmement” du pays car elle suspend la hausse de crédits prévue par la LPM, de 3,3 milliards cette année.Cette augmentation n’est “pas négociable” malgré le contexte général de restrictions budgétaires, a-t-il mis en garde.- “Allié solide” -Le déplacement en Bretagne tombe le jour de l’investiture de Donald Trump à Washington, à laquelle assisteront d’autres dirigeants, comme la Première ministre italienne Giorgia Meloni, mais pas Emmanuel Macron, qui n’a pas été invité.”Il y a forcément un écho, car l’élection de Trump pose des questions sur la guerre en Ukraine, le rôle de l’Otan…”, glisse un proche du président, qui s’attend à des “annonces”.”Si on décide d’être faibles et défaitistes, il y a peu de chances d’être respectés par les Etats-Unis d’Amérique du président Trump”, avait martelé Emmanuel Macron dans son discours aux ambassadeurs.Il avait affirmé la nécessité de “coopérer” avec le tribun populiste, qui “sait qu’il a en France un allié solide”. Mais il avait surtout réitéré son appel, qu’il devrait encore détailler lundi, à un “réveil stratégique” européen.”Il y a une accélération, une transformation de la menace et un changement profond de l’environnement stratégique”, avait-il dit le 6 janvier, évoquant “la Russie qui a complètement transformé son industrie de guerre et qui produit aujourd’hui autant que la totalité des Européens”, les Etats-Unis qui “ont des discussions stratégiques de plus en plus désinhibées” et la Chine qui se dote d’un arsenal “dont la magnitude n’est pas à notre échelle”.”Il faut aller maintenant beaucoup plus vite et beaucoup plus fort”, “avec un programme massif d’investissements européens”, en assumant “une préférence européenne” dans le domaine de l’armement, avait-il insisté.L’arrivée de Donald Trump pourrait aussi être l’occasion pour Emmanuel Macron d’en dire davantage sur les “garanties de sécurité” que l’Europe pourrait fournir à Kiev dans le cadre d’un éventuel règlement négocié avec Moscou.Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a dit mi-janvier avoir discuté avec son homologue français d’un éventuel “déploiement de contingents” militaires étrangers dans son pays.L’idée de déployer des troupes européennes en Ukraine fait l’objet de discussions en coulisses parmi les alliés de Kiev. Elles pourraient servir à assurer le maintien d’un hypothétique cessez-le-feu, auquel a notamment appelé le président élu américain.

Bruno Retailleau sur l’AME: “on y touchera”

Le ministre LR de l’Intérieur Bruno Retailleau a assuré dimanche que le gouvernement Bayrou allait “toucher” à l’aide médicale d’Etat (AME), un dispositif permettant à des ressortissants étrangers sans titre de séjour régulier en France de se soigner.”On y touchera”, a affirmé le ministre, tenant d’une ligne de fermeté sur les questions migratoires. “C’est un sujet du PLFSS (projet de loi de financement de la sécurité sociale)”, a ajouté M. Retailleau qui était l’invité de l’émission BFM Politique. M. Retailleau demande que soient reprises les conclusions du rapport Evin/Stefanini, remis fin 2023 avant la dissolution, qui selon lui avait jugé que l’AME était un “encouragement à la clandestinité”.Dans ce document, l’ancien ministre PS Claude Evin et le préfet Patrick Stefanini, figure de LR, prônaient notamment un ajustement du panier de soins accessibles via l’AME. Ils ont aussi souligné le rôle du dispositif pour éviter la dégradation de l’état de santé des migrants clandestins, ainsi que la propagation de maladies à toute la population. La droite et l’extrême droite demandent la réduction du périmètre de soins éligibles à l’AME, voire sa disparition pure et simple. Le dispositif est en revanche défendu par la gauche et une partie du bloc centriste. En décembre dans le cadre de l’examen du budget de l’Etat, le Sénat a approuvé, avec l’appui du gouvernement, une diminution de 200 millions d’euros du budget alloué à l’AME sur un total de 1,3 milliard en augmentation de plus de 9% par rapport à 2024.L’Aide médicale d’État permet la prise en charge des personnes en situation irrégulière résidant en France depuis plus de trois mois, dont les ressources sont faibles et n’ouvrent pas droit à la couverture du système de droit commun. Plus largement sur la politique migratoire, Bruno Retailleau a redit “souhaiter” l’abolition du droit du sol à Mayotte même s’il a convenu qu’en l’état, les conditions politiques n’étaient pas réunies. Même constat pour un débat sur le droit du sol en métropole. “Il doit y avoir, non pas une automaticité, mais ça doit procéder d’un acte volontaire”, a déclaré le ministre qui veut ainsi revenir aux dispositions de la loi mise en place par l’ex-ministre RPR Charles Pasqua en 1993 avant d’être supprimées sous le gouvernement socialiste de Lionel Jospin. La loi Pasqua soumettait l’obtention de la nationalité française, pour un mineur né en France de parents étrangers disposant d’une carte de séjour, à ses 18 ans, à une déclaration préalable. 

Mélenchon n’est pas “le chef” du Nouveau Front populaire, souligne Faure (PS)

Jean-Luc Mélenchon, qui accuse les socialistes de “forfaiture” après leur refus de censurer le gouvernement jeudi, “n’est pas le chef du Nouveau Front populaire”, souligne le premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure dans un entretien samedi à La Dépêche.Appelant le tribun insoumis à “argumenter plutôt qu’à invectiver et menacer”, Olivier Faure observe que “si à chaque désaccord, il organise une purge comme il a déjà pu le faire dans son propre parti, il finira tout seul”.”Le NFP ce n’est pas un parti unique, mais une coalition. Jean-Luc Mélenchon n’en est pas le chef”, insiste le socialiste, qui remarque que les insoumis ont la “liberté” de prendre “des positions qui ne sont pas les nôtres”. “La nôtre est de nous définir par nous-mêmes”, ajoute-t-il.Il juge par ailleurs “irresponsable” de “tout faire reposer sur une présidentielle anticipée”, comme le font les Insoumis, qui réclament le départ d’Emmanuel Macron. “Nous avons fait un autre choix, celui de négocier avec le gouvernement pour éviter le pire à nos concitoyens”, affirme-t-il. “Demain quand ils iront chez le médecin ou à la pharmacie, ils ne seront pas moins remboursés et ils le devront aux socialistes”. Olivier Faure salue aussi le fait que les deux autres partenaires du Nouveau Front populaire, les communistes et les Ecologistes, même en ayant voté la censure, ont “annoncé qu’ils souhaitaient reprendre les discussions avec le gouvernement” sur le budget et ont “publiquement fait savoir qu’ils comprenaient notre position”.”Personne n’est cramponné à LFI. Le NFP ce sont quatre forces autonomes”, assène-t-il. Mais le chef des socialistes rappelle que son parti peut censurer le gouvernement “à tout moment”. Il souligne toutefois que “la discussion ne fait que commencer” et que “du fait de la procédure parlementaire, il faudra au-delà du PLF et du PLFSS (projet de loi de finances et projet de loi de financement de la sécurité sociale, ndlr), un troisième texte pour pouvoir introduire des mesures nouvelles. C’est sur cet ensemble qu’il faudra juger”.

Eric Coquerel (LFI) veut “convaincre” le PS “d’ici février” de censurer le budget

Le président LFI de la commission des Finances de l’Assemblée nationale, Eric Coquerel, veut convaincre les socialistes “d’ici février” de censurer le budget, “pire”, à ses yeux, que celui défendu par l’ancien gouvernement de Michel Barnier.  Pour le député, le Parti socialiste s’est “écarté” du Nouveau Front populaire en refusant jeudi de voter la censure après la déclaration de politique générale du Premier ministre François Bayrou, à l’inverse des autres partenaires de l’alliance de gauche. Seuls huit socialistes l’ont voté sur 66.Mais le PS a “une séance de rattrapage” avec le prochain vote du budget fin février/début mars, a-t-il souligné samedi sur franceinfo, expliquant qu’il fallait “entre 15 et 20 voix” socialistes pour faire chuter François Bayrou, “si toute l’opposition vote la motion”, Rassemblement national compris.Lors des prochaines législatives, des candidats insoumis pourraient être présentés dans les circonscriptions des socialistes qui ne voteront pas la prochaine censure, a confirmé Eric Coquerel.Mais “mon travail est d’ici février de convaincre de censurer, si on ne veut pas laisser Emmanuel Macron continuer sa politique pendant trois ans”, a-t-il dit, espérant rallier “suffisamment” de députés PS, “voire tout le groupe” à l’Assemblée nationale.Le député de Seine-Saint-Denis estime que le budget Bayrou “est un budget Barnier en pire” et que la réouverture de la négociation sur la réforme des retraites fixant l’âge de départ à 64 ans est “un attrape-nigaud”.Le conclave des partenaires sociaux proposé par M. Bayrou pour une durée de trois mois pour rediscuter de la réforme sert juste “à gagner du temps”, estime-t-il. “C’est de la fumée soit pour ne pas censurer, soit pour ne pas abroger” la réforme de 2023, assure-t-il, se disant persuadé qu'”il n’y aura pas d’accord global”.Le président des députés socialistes, Boris Vallaud, a précisé vendredi qu’il n’y avait aucun accord entre le gouvernement et les socialistes sur le budget, et que la censure était “toujours sur la table”.

Décès de l’ancien ministre Didier Guillaume, chef du gouvernement de Monaco

L’ancien ministre français de l’Agriculture, Didier Guillaume, devenu en septembre ministre d’Etat de Monaco chargé de diriger le gouvernement de la principauté, est décédé vendredi d’une “maladie fulgurante”, a annoncé la Principauté.”Son Altesse Sérénissime le Prince Souverain a l’immense tristesse de faire part du décès de M. Didier Guillaume, ministre d’Etat de la Principauté de Monaco, suite à une maladie fulgurante survenue lors de son hospitalisation”, a indiqué un communiqué du cabinet du prince Albert de Monaco, sans préciser le lieu du décès de l’ancien sénateur socialiste.Le 10 janvier, le Palais princier avait annoncé que Didier Guillaume allait “devoir subir un traitement nécessitant une hospitalisation programmée, qui ne lui permettra pas d’exercer ses fonctions de ministre d’État durant les prochaines semaines”. Une journée de deuil national a été décrétée le 23 janvier, jour des obsèques de l’ancien ministre d’Etat, qui seront célébrées en la cathédrale de Monaco à 11H00, a précisé vendredi soir le Palais princier.Le président Emmanuel Macron a salué la mémoire de cet “élu enraciné dans la Drôme, humaniste en République”. “Son engagement pour les autres était comme lui, vibrant, chaleureux, entier. De Bourg-de-Péage à Monaco. Je pense à sa famille. Je perds un ami”, a-t-il écrit sur X.”Didier Guillaume (…) était un homme solide et généreux. Un humaniste au plein sens du terme. À lui et aux siens notre gratitude et notre affection”, a réagi sur X le Premier ministre François Bayrou.Âgé de 65 ans, ce Drômois avait accumulé les mandats dans son département: maire de Bourg-de-Péage (1995-2004), président du Conseil général de la Drôme (2004-2015) puis sénateur (2008-2018).”Profondément attristé d’apprendre le décès de Didier Guillaume (…) Ayons une pensée fraternelle en mémoire de son action au service de nos idéaux”, a réagi le sénateur Patrick Kanner, qui a succédé à Didier Guillaume à la tête du groupe socialiste au Sénat.Spécialisé dans les questions agricoles, cet ancien fidèle de François Hollande puis de Manuel Valls avait finalement accédé à un portefeuille gouvernemental sous Emmanuel Macron, en étant chargé de l’Agriculture de 2018 à 2020.Auparavant, ce passionné de rugby avait été pressenti pour prendre la tête du comité d’organisation de la Coupe du monde 2023. Il y avait renoncé, la fonction étant essentiellement honorifique.Après son départ du gouvernement en juillet 2020, il était devenu membre de la Ligue nationale de rugby et conseiller du président sur les affaires publiques.Dans son communiqué, le prince Albert II de Monaco a salué les “qualités humaines” et “l’engagement remarquable” de Didier Guillaume “au service de la Principauté dès sa prise de fonctions le 2 septembre 2024”.Isabelle Berro-Amadeï, ministre des Relations extérieures de la principauté, est chargée de l’intérim à la tête du gouvernement monégasque, précise le communiqué.Le gouvernement monégasque, non issu des urnes, présente au prince des projets de lois et assure l’administration de la principauté située en bord de Méditerranée.Traditionnellement détaché par la France, le ministre d’Etat est nommé par le prince, qu’il représente.