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Deuxième jour de mobilisation agricole contre des importations jugées “déloyales”

De Versailles jusqu’en Occitanie, des agriculteurs ont mené vendredi des actions pour protester contre les importations ne répondant pas aux mêmes normes qu’en Europe, une deuxième journée de mobilisations “symboliques” à l’appel de l’alliance FNSEA-Jeunes agriculteurs.”Aidez-nous au lieu de nous tuer”, ont plaidé de jeunes agriculteurs de Béziers (Hérault), tandis qu’en Meurthe-et-Moselle, une vingtaine d’exploitants avaient “rallumé les feux de la colère” dans un champ de Lesménils pour dire “stop à la concurrence déloyale”.En fin de journée, le président de la FNSEA Arnaud Rousseau a salué “la réussite” de la mobilisation, qui “porte ses premiers fruits” : “Le Premier ministre nous recevra mercredi prochain”, a-t-il annoncé à ses troupes dans un message posté sur X.Vendredi dès l’aube, une quinzaine de tracteurs devant le château de Versailles ont donné le coup d’envoi de la journée, destinée à dénoncer en particulier l’accord de libre-échange entre l’UE et des pays latino-américains du Mercosur.”Le sens de cette mobilisation, c’est évidemment attirer l’attention du chef de l’État”, avait déclaré Arnaud Rousseau, présent sur la place d’Armes devant le château. – “Tour du monde” -“La révolte paysanne reprend à Versailles”, pouvait-on lire sur une immense banderole déployée sur des tracteurs.A 56 ans, dont quarante passés à travailler dans une exploitation agricole, le secrétaire général de la FDSEA de Seine-et-Marne, Pascal Verriele, a le sentiment “de toucher le fond”, sans aucune “visibilité”.”Il y a le Mercosur, les dispositifs accordés à l’Ukraine de quotas d’importation sans droits de douane. Tout cela déstabilise nos exploitations”, déplore cet agriculteur en grandes cultures.Ici comme ailleurs en France, l’ambiance était bon enfant mais la fatigue souvent marquée sur les visages, alors que les récoltes ne sont pas terminées. L’appel de la première force syndicale agricole survient après que Bruxelles a lancé le 3 septembre le processus de ratification du texte Mercosur, à l’égard duquel la France, jusque-là très opposée, semble depuis se montrer moins défavorable.A l’entrée du parking d’un magasin Métro au Mans, une banderole proclamait “Mercosur de la merde à coup sûr”, tandis qu’à Valenciennes, des agriculteurs ont mené une “opération de contrôle” des origines des produits dans un magasin de la même enseigne.”Thaïlande, Bulgarie, Turquie, Ukraine, Kazakhstan… on fait le tour du monde ici!”, lance Alain Dupont, exploitant à Thiant, en empilant dans un chariot des denrées importées.- “Avertissement” -Au sud de Perpignan, une cinquantaine d’agriculteurs ont mis le feu à des souches de vigne déposées sur un rond-point: “Eau secours” alertait une banderole, dans un département où la sécheresse a fait reculer les vignes et désespérer les cultivateurs.Près de Béziers, des agriculteurs ont déversé une remorque de moût de raisin devant le bâtiment des Douanes. “Ce n’est qu’un avertissement, la prochaine fois, ça sera plus sévère”, prévient le viticulteur et secrétaire général de la FDSEA de l’Hérault, Cédric Saur.”On continue à rester motivés, on reviendra s’il y a besoin cet hiver, à un moment où dans nos champs, ce sera plus facile”, a mis en garde Arnaud Rousseau.Cette mobilisation diffère de fait des grandes journées de blocage des hivers 2024 et 2025. A Angers, un “banquet de la honte” n’a réuni qu’une vingtaine d’agriculteurs. Au congrès des maires ruraux qui se tient près de Poitiers, les agriculteurs se sont contentés de distribuer des tracts.Jeudi, dix actions “symboliques” ont réuni environ 700 agriculteurs, selon la police. Vendredi à 18H30, les autorités avaient recensé 81 actions mobilisant 2.250 agriculteurs et 350 engins agricoles.L’accord signé fin 2024 entre le Mercosur et la Commission européenne doit permettre à l’UE d’exporter davantage de voitures, machines, vins… Mais il facilitera aussi l’entrée de bœuf, volaille, sucre, miel… via des droits de douane réduits.Ces secteurs dénoncent une concurrence déloyale du fait de normes de production moins-disantes sur le plan sanitaire et environnemental et de contrôles défaillants. A ce rejet s’ajoute la colère liée au relèvement à 15% des droits de douane américains imposé depuis août à l’UE, en particulier aux vins et spiritueux.

Budget: Lecornu écarte plusieurs demandes de la gauche

Le Premier ministre Sébastien Lecornu a promis vendredi soir un gouvernement pour début octobre et écarté plusieurs demandes de la gauche, alors qu’il disait vouloir tendre la main aux socialistes pour ne pas être censuré. “Le compte n’y est pas” a d’emblée réagi le numéro deux de la CFDT Yvan Ricordeau, qui prévoit avec les autres syndicats une nouvelle journée de mobilisation jeudi.”Aucun effort n’a été réalisé”, a dénoncé sur TF1 le patron du PS Olivier Faure, le parti estimant dans un communiqué que le Premier ministre a “fermé toutes les portes”. “Sans changement majeur d’orientation, nous censurerons ce gouvernement”, indiquent encore les socialistes, qui accepteront néanmoins de rencontrer M. Lecornu “une dernière fois” à Matignon, “la semaine prochaine”.Le leader de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, en a profité pour appeler le reste de la gauche à voter la motion de censure qui sera déposée par ses députés dès le début de la session parlementaire qui s’ouvre le 1er octobre.Alors que le président de la République avait invité son Premier ministre à “travailler” avec les socialistes, “ce soir la porte a été fermée”, décrypte un responsable du bloc central.Sébastien Lecornu, nommé il y 17 jours, promet, dans un entretien au Parisien, un gouvernement “avant le début des travaux parlementaires”, soit début octobre, mais il ne s’engage pas sur une date précise.Il a convié les groupes politiques de l’Assemblée nationale et du Sénat vendredi prochain, selon Matignon.Après avoir multiplié les consultations, il évacue toute volonté de “débauchage” de personnalités issues du PS – qui lui-même ne veut pas entrer au gouvernement – car ses futurs ministres devront “partager les grandes orientations du socle commun” composé de la droite et du centre. – “Feuille blanche” -“Il ne ferme pas de portes, il ouvre les débats” qui auront lieu au Parlement ou par le dialogue social, estime son entourage.Mais il ne lève pas beaucoup le voile sur le contenu de son budget, écartant surtout plusieurs revendications des syndicats et de la gauche, comme le retour de l’impôt sur la fortune, supprimé depuis 2017, ou la taxe Zucman.”Faut-il encore augmenter les impôts globalement ? Je ne le veux pas”, affirme le nouveau locataire de Matignon, fidèle au mantra fiscal d’Emmanuel Macron, même si “certains augmenteront” et “d’autres diminueront” dans le prochain budget.Autre demande d’une partie de la gauche, la suspension de la réforme des retraites n’est pas à l’ordre du jour: cette option “ne règlerait aucun des problèmes” que sont pour lui la situation des femmes et la pénibilité au travail, dit-il.Sébastien Lecornu assure néanmoins que le prochain budget ne sera pas “d’austérité et de régression sociale”, et repartira d’une “feuille blanche” que les parlementaires sont invités à remplir. Il efface donc le plan de son prédécesseur François Bayrou qui prévoyait 44 milliards d’euros d’économies et promet que “les moyens consacrés aux retraites” augmenteront de six milliards d’euros, et ceux pour la santé de cinq.Il esquisse quelques pistes de baisse des dépenses: réduire de 6 milliards d’euros le “train de vie” de l’Etat, une “meilleure maîtrise des dépenses sociales et des collectivités territoriales”, ainsi qu’un “projet de loi ambitieux de lutte contre les fraudes sociales et fiscales” qui sera présenté au Conseil des ministres en même temps que les projets de budget. Le président du Medef (patronat) Patrick Martin s’est réjoui auprès de l’AFP de “la priorité” que semble accorder le Premier ministre à la réduction des dépenses publiques.- “Examiner” l’AME -Alors que la dette publique a encore gonflé au deuxième trimestre à 115,6% du PIB, il dit viser désormais 4,7% de déficit, au lieu de 4,6%, un objectif qu’il juge néanmoins “pleinement compatible” avec celui de 3% en 2029, qui reste inchangé.Si le Premier ministre semble fermer la porte aux demandes des socialistes, le Rassemblement national va redevenir l’arbitre et la dernière force politique sur laquelle il pourrait s’appuyer pour éviter de tomber.A cet égard, il dit vouloir “examiner” les évolutions possibles de l’Aide médicale d’Etat (AME), dans le collimateur de la droite et de l’extrême droite mais défendue par la gauche. Il a reçu cette semaine les auteurs d’un rapport sur ce dispositif destiné aux étrangers en situation irrégulière.A propos du décret de la troisième programmation pluriannuelle de l’énergie, la feuille de route énergétique de la France, il écarte toute idée de moratoire sur les énergies renouvelables pour éviter une censure du RN. “En revanche, comme pour tout euro d’argent public dépensé, aucune rente ne sera tolérée”, dit-il.Sébastien Lecornu arrive à Matignon avec une cote de confiance proche de celle de François Bayrou lors de son arrivée en décembre 2024, selon un baromètre mensuel Toluna/Harris Interactive.

Pour Bayrou et le MoDem, le retour à l’ordinaire

Comme si de rien n’était… ou presque. Trois semaines après la chute de François Bayrou, le MoDem effectue sa traditionnelle rentrée politique ce week-end dans le Vaucluse, avec l’intention de peser sur les débats budgétaires à venir.Cette année, le parti centriste a délaissé le Morbihan pour prendre ses quartiers automnaux dans un centre de vacances de L’Isle-sur-la-Sorgue (Vaucluse). Au programme, débats et conférences, carte blanche au doyen Jean-Marie Vanlerenberghe (86 ans), qui vient de quitter le Sénat, activités ludiques comme les “foulées démocrates”, un footing le samedi à 06H30 du matin.Quelques invités extérieurs – l’enseignante Delphine Girard, l’essayiste David Djaïz, l’économiste Nicolas Bouzou…- sont attendus, dont des politiques: Gabriel Attal, Renaud Muselier, Juliette Méadel, Clara Chappaz… Sollicités, Hervé Marseille et Édouard Philippe n’étaient pas disponibles. Quant au très discret Premier ministre Sébastien Lecornu, espéré vendredi soir, sa venue n’était plus au programme à l’ouverture des travaux.Programme classique, donc… A ceci près que depuis la dernière rentrée du MoDem, François Bayrou a eu le temps d’être nommé à Matignon et d’en partir à peine neuf mois plus tard, après un vote de confiance, sollicité à la surprise générale, qui s’est soldé par une réponse cinglante des députés à qui il demandait un minimum de consensus sur le constat de l’impasse budgétaire.La rentrée du parti centriste constitue donc sa première prise de parole depuis la passation de pouvoir expéditive avec son successeur à Matignon. François Bayrou s’exprimera dimanche, après une brève introduction vendredi après-midi.”La situation -je ne veux pas faire de superlatifs- est pour moi la plus grave que la France ait rencontrée depuis soixante ans”, a-t-il déclaré à cette occasion.”Un pays qui refuse officiellement, par la voie de ses parlementaires (…) de reconnaître la réalité de la situation qu’elle doit affronter et d’envisager les yeux ouverts les décisions -acceptables- qu’elle doit prendre (…), avec des institutions discutées (…) politiques et judiciaires, ce pays-là a besoin de se réinventer”, a insisté l’ancien Premier ministre.- “Mode tortue” -Quant au MoDem, “on est là pour aider. Le jour où il y aura un gouvernement, on l’aidera de toutes nos forces”, a dit M. Bayrou. Officiellement, les cadres du MoDem sont soudés derrière leur patron, qui a entièrement façonné ce parti depuis sa création en 2007. Mais “pour en avoir discuté avec quelques figures du MoDem, ils l’ont là” (en travers de la gorge), expliquait récemment une ministre d’un parti allié.”Mais ils ne l’avoueront jamais. Le MoDem a une qualité certaine de ressaisissement dans les moments difficiles. C’est assez impressionnant. Même s’ils n’ont qu’une envie, se foutre sur la gueule, ils passent en mode tortue”, poursuit cette source.Quelques-uns, cependant, admettent à demi-mot une impression de “gâchis” d’un Premier ministre ayant sollicité la confiance sans vraiment la bâtir. D’un chef qui a choisi son moment et sa manière pour sortir de Matignon, avec un nombre très restreint de proches dans la confidence.Tous nourrissent l’espoir que le temps lui donnera raison sur l’urgence budgétaire. Et le MoDem compte bien peser dans les débats en portant les thèmes qu’il défend, parfois sans succès depuis le début de l’ère Macron.Dans un entretien aux Echos, le président du groupe à l’Assemblée, Marc Fesneau, a notamment prôné l’instauration d’un “impôt sur la fortune improductive, qui ressemble à l’ancien ISF, en excluant le patrimoine utile à l’économie”.Le groupe MoDem souhaite également une “hausse limitée de la flat tax” et la pérennisation de la contribution sur les hauts revenus “jusqu’à ce que le déficit soit revenu sous les 3% du PIB”.Sera-t-il entendu ? Sébastien Lecornu a en tout cas fermé la porte vendredi soir au retour de l’ISF et à la taxe Zucman, concédant néanmoins que “certains impôts augmenteront” dans sa copie initiale du budget.François Bayrou pourrait également verser ces questions fiscales au débat. Les yeux rivés sur 2027 ? Le désormais ancien Premier ministre balaie la question. La présidentielle n’est pas en jeu. En ajoutant néanmoins, hors micros: “personne ne peut dire à ce stade comment 2027 va se passer”.

Guaino demande une grâce présidentielle sur l’incarcération de Sarkzoy pour éviter “une humiliation”

L’ancien conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, Henri Guaino, a demandé vendredi une grâce présidentielle sur l’incarcération de l’ancien chef de l’Etat qui n’est pas susceptible d’appel et est “une humiliation de l’Etat et des institutions”.”Une grâce n’efface pas la condamnation et elle peut être partielle. Donc il ne me paraîtrait pas absurde qu’il soit gracié sur la peine complémentaire, c’est à dire sur l’exécution provisoire (de l’incarcération) qui n’est pas susceptible de recours”, a jugé M. Guaino sur RTL. Sans “arrêter les recours par lesquels il veut prouver son innocence”, cette grâce “pourrait très bien éliminer cette décision (d’incarcération) qui est quand même une humiliation, non seulement de Nicolas Sarkozy, mais aussi de l’Etat et des institutions”, a-t-il suggéré.Au titre de l’article 17 de la Constitution, “le président de la République a le droit de faire grâce à titre individuel”.Elle entraîne la dispense d’exécution totale ou partielle d’une peine ou la commutation de celle-ci en une peine moins lourde. Elle ne s’applique qu’à une condamnation définitive et exécutoire, mais n’efface pas cette dernière qui continue à figurer au casier judiciaire avec la mention de la mesure gracieuse octroyée.Le sénateur Les Républicains Stéphane Le Rudulier a également demandé cette grâce “partielle” dans un courrier à Emmanuel Macron qu’il a partagé sur X.Il y demande une grâce “limitée à la suspension de l’exécution provisoire de sa peine, en particulier au mandat de dépôt”. Cela “relèverait d’un acte républicain, et préserverait l’honneur de nos institutions”, ajoute-t-il à l’adresse du président de la République. Dans l’affaire du financement libyen de sa campagne de 2007, Nicolas Sarkozy a été condamné jeudi à cinq ans d’emprisonnement par le tribunal correctionnel de Paris qui a ordonné sa prochaine incarcération pour association de malfaiteurs sans attendre son procès en appel. A l’unisson de la droite et de l’extrême droite depuis le jugement, M. Guaino a par ailleurs dénoncé “une sorte de coup d’Etat judiciaire”, “un mouvement de fond très dangereux pour les démocraties occidentales par lequel le pouvoir judiciaire est en train de prendre le pas sur le pouvoir politique”. Aux Etats-Unis, “les juges ont essayé de faire condamner Trump, ils ne sont pas arrivés à le faire à temps. Le résultat, c’est que les électeurs ont marché sur la justice et que la justice est la première victime de cette guerre” avec les représailles du président américain, a-t-il fait remarquer.

Bolloré, Stérin, Pigasse… Dans l’arène politique, ces hommes d’affaires se cachent de moins en moins

Les milliardaires sortent du bois: à droite comme à gauche, une poignée de riches hommes d’affaires investissent la sphère politique et médiatique pour pousser leurs idées, avançant à visage de plus en plus découvert avec des méthodes différentes.Nouveau signal de cette offensive, l’annonce vendredi du rachat prochain de l’hebdomadaire conservateur Valeurs actuelles par un trio d’investisseurs où figure… le milliardaire Pierre-Édouard Stérin.Catholique conservateur exilé en Belgique, l’homme d’affaires reste un personnage discret dans les médias. Mais celui que les coffrets cadeaux Smartbox ont rendu milliardaire perturbe le paysage politique depuis que son projet Périclès, acronyme de “Patriotes enracinés résistants identitaires chrétiens libéraux européens souverainistes”, a été rendu public en 2024 par L’Humanité et le JDD.Son objectif, “promouvoir” des “valeurs libérales et conservatrices” dans le champ politique au sens large, a assumé en mai devant une commission parlementaire le directeur de Périclès, Arnaud Rérolle, associé de M. Stérin qui avait, lui, refusé la convocation des députés.L’investissement se chiffre en millions d’euros: huit en 2024 et une vingtaine prévus pour 2025 pour financer diverses associations, entreprises ou think tanks, selon M. Rérolle.Parmi ces structures, l’Observatoire de l’immigration et de la démographie, dont la méthodologie a été régulièrement mise en doute par des économistes et spécialistes, ou encore le média conservateur L’Incorrect, à l’origine de la diffusion d’une vidéo ayant valu aux journalistes Thomas Legrand et Patrick Cohen des accusations de connivence avec le Parti socialiste.- “Faire contrepoids” -Cette affaire cristallise justement ces derniers jours l’attention des médias d’un autre milliardaire, Vincent Bolloré. CNews, Europe 1 ou encore le Journal du dimanche (JDD) accusent le service public de partialité en faveur de la gauche depuis longtemps. Signe d’une guerre désormais ouverte, la patronne de France Télévisions Delphine Ernotte Cunci a répliqué en accusant pour la première fois CNews d’être une chaîne d'”extrême droite” et en accusant ces médias de vouloir “la peau de l’audiovisuel public”, ce que ces derniers contestent.Le milliardaire conservateur, lui, s’est toujours défendu de mener tout “projet idéologique”.Ces derniers jours néanmoins, des liens ont été établis entre son empire médiatique et la très large diffusion d’une pétition lancée par l’ancien eurodéputé souverainiste Philippe de Villiers appelant à l’organisation d’un référendum sur l’immigration, proposition phare de la droite et de l’extrême droite.De l’autre côté de l’échiquier politique, l’ancien dirigeant de la banque Lazard, Matthieu Pigasse, 57 ans, a lui aussi investi l’espace médiatique ces dernières semaines, en affirmant son soutien aux mesures de justice fiscale prônées par la gauche.L’homme d’affaire à la tête du groupe Combat, propriétaire de Radio Nova, du magazine Les Inrockuptibles, de festivals de musique, multiplie les messages sur X et les apparitions dans les médias.Son défi: mener la “bataille culturelle” pour “faire contrepoids” aux groupes “poussés par des milliardaires de droite ou d’extrême droite”.Et cela passe par des échanges de moins en moins secrets avec les dirigeants politiques. Interrogé, un cadre du PS affirme que M. Pigasse entretient des relations “amicales” avec le premier secrétaire Olivier Faure. “On pourrait le faire rentrer dans un dispositif politique”, ajoute le même, mais “il n’y a rien d’opérationnel pour l’instant”.Idem dans la sphère Stérin, où le bras droit de l’entrepreneur, François Durvye -annoncé sur le départ par plusieurs médias-, a contribué au livret économique du Rassemblement national. Il “serait un excellent député s’il était investi”, reconnaît un proche de Marine Le Pen. Un autre cadre RN tempère néanmoins: “L’influence de Stérin est complètement surestimée.”- “Raidissement” -Bolloré, Stérin, Pigasse… Vont-ils encourager les autres ultrariches, traditionnellement plus réservés, à changer de braquet dans la guerre de l’influence ? Bernard Arnault, patron de LVMH déjà propriétaire du groupe Les Echos-Le Parisien et de l’Opinion, est en passe de racheter le magazine Challenges et s’est distingué ces derniers jours pour sa virulente charge contre la taxe Zucman sur les hauts patrimoines. Quant à Rodolphe Saadé, patron de CMA CGM, il vient d’acquérir le média Brut, en plus d’Altice Médias (BFMTV, RMC). “Le paysage est en train de changer”, estime Michel Offerlé, professeur émérite de sociologie politique à l’ENS. “Mais s’il existe une frange radicalisée de chefs d’entreprise, on n’en est pas à imaginer certains grands patrons français entrer en politique”, tempère ce spécialiste du patronat, tout en observant un certain “raidissement du Medef”, qui vient d’annoncer un grand meeting patronal le 13 octobre.

Législative à Paris: Michel Barnier bien placé pour retourner à l’Assemblée

Michel Barnier bientôt de retour au Parlement? Les électeurs de la deuxième circonscription de Paris, historiquement ancrée à droite, sont appelés aux urnes dimanche au second tour d’une législative partielle qui donne l’ancien Premier ministre largement favori face à la socialiste Frédérique Bredin.Le candidat des Républicains, 74 ans, est arrivé sans surprise en tête du premier tour dimanche dernier avec 45% des voix face à l’ancienne ministre de François Mitterrand, 68 ans, qui en a recueilli 32%, sur fond de forte abstention.Seul un quart des quelque 75.000 électeurs inscrits ont voté dans cette circonscription des beaux quartiers de la rive gauche à cheval sur les 5e, 6e et 7e arrondissements, où l’élection du député macroniste Jean Laussucq a été invalidée pour irrégularités dans ces comptes de campagne.Michel Barnier y a vu l’expression d'”un mécontentement, une lassitude, à l’égard de la situation politique nationale actuelle”, alors que le Premier ministre Sébastien Lecornu est toujours sans gouvernement. S’il est élu dimanche, le Premier ministre le plus éphémère de la Ve République deviendra le seul député LR de la capitale, dont les 18 circonscriptions sont partagées depuis 2022 entre la gauche et les macronistes. L’ancien négociateur du Brexit, plusieurs fois député de Savoie, retrouvera alors les bancs de l’Assemblée nationale moins d’un an après y avoir été renversé.”Il a été débarqué de Matignon et revient par le biais de cette élection pour revenir hanter les couloirs”, a estimé Olivier Faure, le patron du PS, venu tracter jeudi aux côtés de Frédérique Bredin dans le 5e arrondissement, où elle est en tête.Michel Barnier aurait dû selon elle l’emporter dès le 1er tour dans cette circonscription réputée imperdable pour la droite. “Mais il symbolise l’échec gouvernemental et les gens en ont assez de cette crise permanente”, a cinglé la socialiste, qui a reçu le soutien de l’ancien Premier ministre Lionel Jospin et de l’ex-député macroniste de la circonscription entre 2017 et 2024, Gilles Le Gendre.La gauche pense aussi qu’une partie de l’électorat du centre-droit aura été repoussée par les “manoeuvres” du camp adverse, quand la maire du 7e arrondissement Rachida Dati avait menacé de se présenter face à Michel Barnier, avant de jeter l’éponge moyennant l’investiture des LR pour les municipales.Michel Barnier répète lui que sa concurrente socialiste est “soutenue par LFI”, qui n’a pas présenté de candidat. Dimanche, le Savoyard pourrait bénéficier d’un report partiel des voix obtenues par les candidats du RN Thierry Mariani, arrivé en troisième (7%), et Reconquête Hilaire Bouyé (6%).

Condamnation de Sarkozy: la presse réagit à un “jugement historique”

“Putain cinq ans!”, “Le coup de grâce”: la presse française et internationale relève que la condamnation jeudi de l’ex-président Nicolas Sarkozy à cinq ans de prison marque une “première historique” dans un pays en plein flottement politique.”Nicolas Sarkozy a dirigé la France de mai 2007 à mai 2012. Maintenant, il doit aller en prison pour la même durée”, note le quotidien à grand tirage allemand Bild, soulignant qu'”un ex-président français en taule, ça n’a encore jamais existé”.Sous le titre “Un président en prison”, La Croix publie en Une une photo de Nicolas Sarkozy sortant du tribunal les traits tirés.”Exceptionnellement lourd”, ce jugement marque “une étape de plus du mouvement de fond de moralisation de la vie politique”, relève l’éditorialiste du quotidien catholique français Séverin Husson, qui rappelle que “l’ancien président a montré qu’il était prêt à beaucoup pour conquérir le pouvoir. Il a d’ailleurs déjà été définitivement condamné pour +corruption+ et +trafic d’influence+”.Un jugement qui pour Cécile Cornudet des Echos “constitue un énième épisode de la désacralisation du pouvoir”.”Un chef de l’Etat français pouvait déjà voir son effigie brûlée, perdre une dissolution incomprise, ne pas pouvoir se représenter, être visé par une procédure de destitution, être condamné sitôt son mandat terminé, il va désormais aller en prison. C’est le coup de grâce”, estime-t-elle.Titrant en Une “Le séisme”, le quotidien conservateur Le Figaro dénonce dans un éditorial d’Yves Thréard une décision “absurde et incompréhensible”, rendue en l’absence de “preuves tangibles” et reflétant “l’hubris de la magistrature”.”Nicolas Sarkozy ferait-il les frais de ses mots naguère peu aimables pour la corporation des magistrats? Paye-t-il un règlement de comptes politique ?”, s’interroge l’éditorialiste, jugeant que “l’image de la patrie des droits de l’homme n’en sort pas grandie.”Dans le quotidien de centre gauche Libération, qui met en Une le visage de Nicolas Sarkozy barré des mots “LA TAULE”, Paul Quinio, dans un billet jouxtant le titre “Procès Sarkozy Putain cinq ans!” assure: “certains s’en réjouissent. Pas nous”.Car cette affaire creuse “le fossé entre les Français et leurs représentants. Fossé dans lequel la démocratie française s’embourbe avec, à terme, un seul gagnant: l’extrême droite, qui n’a jamais été aussi proche du pouvoir”.- “Fini le bling bling” -Le quotidien conservateur allemand FAZ, qui énumère toutes les affaires judiciaires auxquelles Nicolas Sarkozy a été mêlé, qualifie l’ex-dirigeant de “poison pour la démocratie”, l’accusant d’avoir “sapé les principes républicains” en ayant notamment instauré des peines planchers et voulu supprimer les juges d’instruction. “Fini le bling bling”, cingle le journal.Pour le quotidien italien d’inspiration catholique Avvenire, “cette condamnation ternit encore davantage la crédibilité de la classe politique, déjà au plus bas selon tous les sondages”.”Bien qu’il n’occupe plus de fonction officielle, (Nicolas Sarkozy) a continué à jouer un rôle d’inspirateur et de conseiller dans l’ombre du camp conservateur (…). A tel point que même l’actuel nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu (…) avait pris son petit-déjeuner avec l’ancien président dès les premières heures suivant sa nomination”, rappelle le quotidien.Outre-Atlantique, le média argentin Clarin pointe “une condamnation délicate” dans un contexte de “sentiment croissant des électeurs français que le processus démocratique du pays est corrompu et peu fiable”.Pour la BBC, la justice a condamné en la personne de Nicolas Sarkozy un “homme politique égocentrique et très influent qui n’a cessé de repousser les limites de la loi pour arriver à ses fins”. “Nicolas Sarkozy est de retour là où il était autrefois: il domine l’actualité et divise la nation”, écrit encore la BBC avant de porter l’estocade: “les débats autour de cette affaire résonnent dans les ruines de la politique française”.

Agriculture: quelques actions pour dénoncer des importations “aberrantes”

Blocage d’un Buffalo Grill, tracteurs et bennes devant la Maison de l’Europe… Quelques rassemblements symboliques se sont tenus jeudi à l’appel de la première alliance syndicale agricole FNSEA-Jeunes Agriculteurs, contre les importations “aberrantes” qui minent selon elle l’agriculture française.D’autres actions sont annoncées pour vendredi, loin malgré tout des grandes journées de blocage des deux hivers derniers alors que vendanges et récoltes occupent encore le monde paysan.Dans le viseur des agriculteurs, le projet d’accord de libre-échange entre l’Union européenne et des pays latino-américains du Mercosur dont Bruxelles a lancé début septembre le processus de ratification. La France, hier très opposée, semble depuis se montrer moins défavorable.Plus globalement, il s’agit de se mobiliser contre “le Mercosur, les taxes imposées par Donald Trump et le flot des importations internationales qui ne respectent pas les normes qui sont les nôtres”, a indiqué Arnaud Rousseau, le président de la FNSEA, qui dans un premier temps avait prévu des mobilisations plus tard dans l’automne.”N’importons pas ce qu’on ne veut pas qu’on produise. C’est ça, l’hypocrisie de l’Europe. Sous couvert d’écologie, on importe ce qu’on ne produit pas ici, avec aucune norme environnementale et sociale”, déplorait ainsi jeudi Dominique Noury, éleveur de vaches charolaises et de volailles, lors d’une action à Dijon.L’accord avec le Mercosur doit permettre à l’UE d’exporter davantage de voitures, machines, vins… Mais l’accord facilitera aussi l’entrée de bœuf, volaille, sucre, miel, riz, exemptés de droits de douane.Bruxelles insiste sur la faiblesse des volumes attendus, mais les filières européennes concernées crient au risque de déstabilisation et de baisse des prix, et surtout à la concurrence déloyale du fait de normes de production moins-disantes sur le plan sanitaire et environnemental et de contrôles défaillants.- Ordre syndical dispersé -Jeudi, une cinquantaine d’agriculteurs, selon des représentants syndicaux, ont bloqué l’entrée d’un Buffalo Grill à Pusey, près de Vesoul (Haute-Saône), pour la défense de la viande française. Avec une charolaise devant la porte d’entrée, ils ont tagué sur la devanture “Je suis français, je mange français”.”Les dégradations sur notre restaurant de Vesoul ne visent pas le bon acteur. Elles sont inacceptables”, a déploré auprès de l’AFP le directeur général de l’enseigne Robert Guillet, assurant qu” à aucun moment nous n’avons ne serait ce que penser à importer depuis les pays d’Amérique du Sud”. Dans le centre de Dijon, 150 agriculteurs sont venus, avec 41 tracteurs et bennes, déverser fumier, terre et paille devant la Maison de l’Europe. “On importe de la viande qu’on n’a pas le droit de produire chez nous, alors qu’on a l’agriculture la plus durable au monde”, a expliqué à l’AFP Antoine Fauchet, président des JA d’Is-sur-Tille (Côte d’Or).La mobilisation se poursuivra vendredi sous diverses formes: mobilisations en supermarchés, défilés devant des préfectures, présentation de produits jugés “aberrants” (pommes du Chili, noix des Etats-Unis, etc), ou manifestation régionale avec tracteurs place d’Armes, devant le château de Versailles.Pour les agriculteurs interrogés par l’AFP en Occitanie, cette date du 26 septembre ne convient pas, en période de vendange et de récolte céréalière, “maïs, tournesol, soja, sorgho”, énumère Jérôme Barthès, président de la FDSEA de l’Aude: “c’est trop tôt dans la saison. Il peut y avoir un manque d’agriculteurs impliqués” dans la mobilisation.Son syndicat prévoit une action vendredi aux abords de Carcassonne. Ce sera “surtout de la communication, des distributions de tracts”, dit-il.En Haute-Garonne, la FDSEA souligne que la “base, elle suit. Même s’il n’y a pas de gouvernement, on veut que la copie soit déjà sur le bureau du, ou de la, prochaine ministre”, explique Luc Mesbah, secrétaire général.Le texte sur le Mercosur doit encore être approuvé par les États membres puis par le Parlement européen, la Commission espérant leur aval d’ici fin décembre.Les syndicats agricoles expriment leur opposition au traité dans un rare mouvement d’unanimité. Mais ils se mobilisent en ordre dispersé.La Coordination rurale (CR), dans une volonté de se démarquer, veut être reçue par le Premier ministre Sébastien Lecornu pour lui présenter ses propositions, avant une mobilisation “avant la fin de l’année”.Le 3e syndicat, la Confédération paysanne, pour sa part a annoncé une manifestation à Paris, “tracteurs en tête”, le 14 octobre. 

Lourdement condamné au procès libyen, Sarkozy ira en prison, une première pour un ex-président

Pour la première fois de l’histoire de la République, un ex-président derrière les barreaux : le tribunal de Paris a condamné jeudi Nicolas Sarkozy à cinq ans d’emprisonnement avec incarcération prochaine pour avoir “laissé ses plus proches” démarcher la Libye de Mouammar Kadhafi pour financer sa campagne victorieuse de 2007, une lourde peine infligée selon lui par “haine”.Brûlant d’une colère froide, blême, l’ex-chef de l’Etat (2007-2012) a redit son “innocence” et annoncé dès la sortie de la salle d’audience son intention de faire appel. Cela n’empêchera pas son incarcération au cours des prochaines semaines.L’ayant reconnu coupable d’association de malfaiteurs, le tribunal correctionnel a prononcé à son encontre un mandat de dépôt différé mais avec exécution provisoire, une décision d’une sévérité inattendue qui a suscité la stupeur dans la salle d’audience, que les magistrats ont justifiée par la préparation d’une “corruption au plus haut niveau possible”.Les faits reprochés sont d'”une gravité exceptionnelle”, “de nature à altérer la confiance des citoyens”, a insisté la présidente du tribunal, Nathalie Gavarino.”La haine n’a donc décidément aucune limite (…) J’assumerai mes responsabilités, je déférerai aux convocations de justice et s’ils veulent absolument que je dorme en prison, je dormirai en prison, mais la tête haute”, a de son côté cinglé devant les caméras Nicolas Sarkozy, sous le regard de son épouse, Carla Bruni.Selon une source proche du dossier, il a été convoqué le 13 octobre par le Parquet national financier (PNF) pour savoir quand il entrerait en prison. Sans confirmer la date de cette convocation, une source judiciaire interrogée par l’AFP a précisé qu’il serait incarcéré dans un “délai relativement proche” après. En réaction à l’appel de Nicolas Sarkozy, déposé dans la journée, le parquet financier fera également appel.L’un des avocats de l’ancien président, Me Jean-Michel Darrois, a souligné que son client était “affecté” et fait valoir les “conséquences pour sa femme, ses enfants, sa famille”. Sonnant comme un coup de tonnerre dans le monde politique, l’incarcération prochaine de Nicolas Sarkozy a relancé les critiques à droite et au Rassemblement national sur l’exécution provisoire des peines.Le président (LR) du Sénat, Gérard Larcher, a dit “partager” le “questionnement grandissant au sein de la société” sur ce point. La leader d’extrême droite, Marine Le Pen, condamnée elle aussi à une peine avec exécution provisoire au procès des assistants européens, a de son côté dénoncé “la généralisation” de cette mesure, “un grand danger, au regard des grands principes de notre droit”.- Pas de “démonstration” de financement libyen -Au cours des trois heures de lecture du jugement de 400 pages, le tribunal a estimé que Nicolas Sarkozy a entre 2005 et mai 2007, date de son accession à l’Élysée, “laissé ses plus proches collaborateurs et soutiens politiques, sur lesquels il avait autorité et qui agissaient en son nom”, solliciter les autorités libyennes “afin d’obtenir ou tenter d’obtenir des soutiens financiers en vue du un financement de sa campagne électorale”.D’après les juges, des “rencontres occultes” de Claude Guéant et Brice Hortefeux avec un haut dignitaire libyen fin 2005 “n’ont de sens” que par “la nécessité d’obtenir des fonds” pour la campagne Sarkozy, à une époque où l’intéressé n'”avait alors, dans le contexte de sa rivalité avec Dominique de Villepin, aucune certitude d’être investi par son parti (l’UMP, devenu LR, NDLR) et bénéficiaire de son soutien financier”.Au terme de trois mois d’audience, le PNF avait requis en mars sept ans d’emprisonnement à l’encontre de Nicolas Sarkozy, lui reprochant d’avoir noué un “pacte de corruption faustien avec un des dictateurs les plus infréquentables de ces 30 dernières années” et d’avoir été aussi bien le “commanditaire” que le bénéficiaire d’un financement illégal de sa campagne.Les juges ont relaxé l’ex-président des faits de recel de détournement de fonds publics libyens, de corruption passive, notamment parce que Nicolas Sarkozy aurait agi comme candidat et non comme ministre de l’Intérieur dépositaire de l’autorité publique, et de financement illégal de campagne électorale.Le tribunal a constaté que des flux d’argent étaient effectivement partis de Libye mais que les éléments de la procédure ne faisaient pas la “démonstration” que ces fonds étaient finalement arrivés dans les caisses de la campagne Sarkozy. Mais en droit, la préparation suffit à caractériser le délit d’associations de malfaiteurs, même si le but visé ne s’est finalement pas concrétisé.”Ces engagements, pris en réponse à une offre de financement, suffisent à caractériser l’existence d’un pacte corruptif destiné à être exécuté à compter de l’élection de Nicolas Sarkozy à la présidence de la République française et ce, indépendamment des faits qu’aucune somme ne soit in fine arrivée, ou très partiellement, ou que le financement de la campagne par l’UMP devenant certain, il n’y en ait plus eu besoin”, a estimé le tribunal selon une copie de travail du jugement consultée par l’AFP.Claude Guéant et Brice Hortefeux, deux anciens proches collaborateurs de Nicolas Sarkozy, ont également été reconnus coupables d’association de malfaiteurs.Le premier a également été reconnu coupable de corruption passive et de faux. Il a été condamné à six ans d’emprisonnement. Son état de santé lui épargne un mandat de dépôt. Brice Hortefeux a écopé de deux ans d’emprisonnement, qu’il effectuera avec un bracelet. Eric Woerth, trésorier de la campagne de 2007, a pour sa part été relaxé.Les associations de lutte contre la corruption Sherpa, Transparency International et Anticor, parties civiles au procès, ont salué dans un communiqué un “jugement historique”.ng-edy-amd-pab/asl/swi

Libertés publiques: des ONG dénoncent la trajectoire “illibérale” de la France

La France est engagée dans une trajectoire “illibérale” et suit la pente des Etats autoritaires européens en portant des atteintes “systématiques” dans les domaines des libertés civiques, en particulier à la liberté de manifester, dénoncent plusieurs ONG jeudi.Dans leur rapport intitulé “France: démocratie en décrochage”, fruit de dix mois de travaux, la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH), la Ligue des droits de l’Homme (LDH) et l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT) étrillent le glissement de la posture française depuis l’accession au pouvoir d’Emmanuel Macron en 2017.”Depuis plusieurs années, la France connaît une dégradation profonde et structurelle de l’environnement dans lequel la société civile peut s’exprimer et agir, ainsi qu’une régression préoccupante des libertés publiques, en particulier s’agissant de la liberté d’association et de la liberté de réunion pacifique”, dénoncent ces organisations.La France s’inscrit à cet égard dans une “dynamique plus large” en Europe et dans le monde, marquée par la montée de l’autoritarisme.”Les campagnes de stigmatisation des manifestants et des défenseurs des droits humains par des représentants des pouvoirs publics sont donc loin d’être anodines (…) et sont symptomatiques d’une dérive +illibérale+”, écrivent les ONG dans ce rapport.”Souvent perçue, à tort, comme étant à l’abri de ces tendances en raison de sa tradition républicaine, (…) la France se distingue aujourd’hui par l’ampleur et la gravité des restrictions imposées aux libertés civiques”, soulignent les auteurs.Le rapport de 80 pages détaille une longue liste d’exemples, selon ces ONG, de ces dérives allant de la répression du mouvement des Gilets jaunes à celle contre la réforme des retraites en 2023.”Sans formellement réduire au silence les voix critiques, l’Etat les fragilise, limitant leurs ressources, les décrédibilisant, les épuisant, les intimidant et mettant en péril leur existence même”, dénoncent les ONG. “Ainsi, la dérive démocratique ne menace pas uniquement les associations et les défenseurs des droits humains, mais la société toute entière”, concluent les auteurs. “A terme, elle pourrait engendrer une forme de gouvernement qui, sans être ouvertement autoritaire, ne pourrait plus être qualifiée de démocratie à part entière.”