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Interdiction de vente de couteaux aux mineurs, portiques: l’exécutif accélère ses réponses après la mort d’une surveillante de collège

Interdiction “tout de suite” de la vente des couteaux aux mineurs et expérimentation des portiques de détection d’armes à l’entrée des établissements: François Bayrou a annoncé mardi plusieurs mesures après l’agression mortelle d’une surveillante par un collégien, certaines étant accueillies avec scepticisme jusque dans son propre camp.Lors d’un entretien au JT de 20H sur TF1, le chef du gouvernement a expliqué vouloir “élargir la liste des armes” blanches interdites à la vente, alors que “pour l’instant, il n’y a que les poignards qui sont interdits”. A peine quelques minutes plus tard, cette fois sur France 2, Emmanuel Macron a lui-même annoncé qu'”un jeune de quinze ans ne pourra plus acheter un couteau sur internet”. “On va durcir les règles. Ça veut dire qu’on va mettre des sanctions massives, financières, des interdictions. On ne pourra plus vendre ces armes blanches”, a ajouté le chef de l’Etat, en pointant à nouveau la responsabilité des réseaux sociaux, dont il ambitionne de les interdire au moins de 15 ans, en prévenant: “Je nous donne quelques mois pour arriver à faire la mobilisation européenne. Sinon (…) on commence à le faire en France. On ne peut pas attendre”.Mis en cause, notamment par Marine Le Pen, pour avoir évoqué il y a quelques jours ceux qui “opèrent un +lavage de cerveau+ sur les dernier faits divers”, Emmanuel Macron s’est défendu, se plaçant aux côtés des victimes, mais appelant à “une forme de discipline collective” en s’attaquant “aux causes profondes”.- Pas le “bon message” -L’exécutif a entendu répondre dès les premières heures qui ont suivi le drame, à la hauteur de l’émotion qu’il a provoqué dans le pays.Lors des questions au gouvernement à l’Assemblée nationale, en début d’après-midi, François Bayrou a ainsi prôné “l’expérimentation” de portiques de détection d’armes à l’entrée des établissements scolaires.Mais le patron du parti macroniste Renaissance, Gabriel Attal, a dans la foulée, sur BFMTV, exprimé son scepticisme, en notant que ces portiques ne permettraient “absolument pas d’empêcher” l’introduction d’une arme blanche dans un établissement.Quant aux détecteurs de métaux, “j’ai un peu peur de la fausse bonne idée”. “Un collège, vous avez en moyenne 500 ou 600 élèves. Vous imaginez, ils arrivent tous à la même heure, ça fait des attroupements (…) à un moment où, avec le risque terroriste, on veut au contraire les limiter devant les établissements”, a poursuivi l’ancien Premier ministre.Edouard Philippe s’est également montré dubitatif à propos des portiques: “Je ne suis pas sûr que ça soit le bon message”, a-t-il lancé sur TMC.- “Santé mentale” -D’après une circulaire publiée le 27 mars, sur 6.200 contrôles à l’entrée des établissements scolaires, policiers et gendarmes ont saisi “près de 200 couteaux” et “567 conseils de discipline ont été réunis”.François Bayrou a dit souhaiter une “réponse sans faiblesse” du gouvernement face à cette “vague irrésistible” de port d’armes blanches parmi les mineurs, “en exigeant que lorsque ce port est constaté, il soit puni”, sans plus de détails.Il a également suggéré de “travailler à la question de la santé mentale des plus jeunes” pour que, “à la première alerte (…), il puisse y avoir examen, diagnostic et proposition de traitement ou en tout cas de prise de contrôle”.Le chef du gouvernement va confier une mission à la vice-présidente Horizons de l’Assemblée nationale, Naïma Moutchou, auteure d’un rapport à ce sujet, pour que ses propositions “soient matériellement et directement réalisées”.Missionnée par le chef du gouvernement après la mort fin avril d’une lycéenne de 15 ans dans une attaque au couteau dans un lycée de Nantes, Mme Moutchou recommande notamment le déploiement obligatoire de la vidéosurveillance à l’entrée et dans l’enceinte des établissements scolaires, et préconise d’interdire la vente de certains couteaux “extrêmement dangereux”.En début de soirée, Marine Le Pen a estimé devant plusieurs journalistes que “la vraie question que devrait se poser le Premier ministre, c’est combien de procédures pour port d’arme illégal ont été enclenchées dans les dernières années”, réclamant que les élèves surpris avec un couteau ne soient pas uniquement convoqués devant un conseil de discipline, mais “tout de suite (devant) le tribunal”.

Commission TikTok: face aux députés, les influenceurs pointent la responsabilité des plateformes

Cinq influenceurs aux contenus jugés problématiques par certains députés, auditionnés par la commission d’enquête sur les effets psychologiques de TikTok sur les mineurs mardi, ont rejeté la responsabilité sur les parents et les plateformes, au cours d’échanges parfois tendus.Le créateur de contenus au discours masculiniste Alex Hitchens, les anciennes stars de téléréalité AD Laurent et le couple Julien et Manon Tanti, ainsi que l’influenceur Nasdas ont défilé pendant plus de trois heures devant les députés chargés de déterminer si le réseau social TikTok, propriété du groupe chinois Bytedance, représente un danger pour les plus jeunes.”Il faut interdire TikTok parce que cette plateforme est néfaste”, car “ce qui fonctionne le mieux, c’est le contenu qui choque”, a affirmé Alex Hitchens, de son vrai nom Isac Mayembo, coach en séduction autoproclamé qui vend des formations en ligne, auditionné à distance.Interrogé sur des propos tenus dans ses vidéos, comme affirmer que les femmes “n’ont rien à faire dans la rue après 22H00”, ce vidéaste a accusé la commission de vouloir “isoler (s)on propos” avant de quitter brusquement l’audition.”Je n’ai jamais encouragé un public mineur à consommer du contenu inadapté”, s’est pour sa part défendu AD Laurent, reconnaissant partager dans ses vidéos en direct sur TikTok des liens vers les sites hébergeant son contenu pornographique.”Si des élèves de CE2 (…) accèdent à cette plateforme, c’est un problème de contrôle parental et de responsabilité de TikTok, pas de la mienne”, a-t-il insisté.Adrien Laurent, son vrai nom, comptait plus d’1,8 million d’abonnés avant de voir son compte banni mi-mai après un signalement de la ministre déléguée à l’Egalité femmes-hommes Aurore Bergé, l’accusant de véhiculer des contenus misogynes et virilistes.Connu pour ses distributions d’argent et de cadeaux dans son quartier de Perpignan, l’influenceur Nasdas, de son vrai nom Nasser Sari, a également mis en avant la responsabilité des parents dans la consommation de ses contenus.”Je regrette d’avoir fait en sorte que ces jeunes-là viennent et croient en moi au lieu de croire en leurs études”, a toutefois reconnu celui qui compte 3,7 millions d’abonnés sur TikTok et plus de 9 millions sur Snapchat.Revenant sur la récente annonce de son retrait des réseaux sociaux, il a affirmé avoir pris cette décision “il y a 3 mois”, regrettant une “course aux vues” et l’impact sur sa santé mentale.Les noms de ces figures des réseaux sont ressortis d’une consultation publique qui s’est achevée fin mai, réunissant plus de 30.000 réponses dont une grande part de jeunes, selon l’Assemblée nationale.Jeudi, ce sera au tour des représentants de TikTok de passer devant les députés, qui doivent rendre leur rapport en septembre.

MaPrimeRénov’ complétée avec “des centaines de millions d’euros” d’argent privé en 2025, selon la ministre du Logement

La ministre chargée du Logement Valérie Létard a assuré, mardi devant les députés, que le budget de 3,6 milliards d’euros pour 2025 de MaPrimeRénov’ serait “complété avec plusieurs centaines de millions d’euros de certificats d’économie d’énergie”, dispositif financé par les entreprises.Le doute règne autour du programme d’aides à la rénovation énergétique depuis l’annonce la semaine dernière par le gouvernement de la suspension cet été du guichet de demande d’aides MaPrimeRénov’. Mme Létard a rappelé que le gouvernement n’entendait pas supprimer MaPrimeRénov’ – “le budget est sanctuarisé avec 3,6 milliards d’euros” – et veut aller “plus loin”. “Nous allons même compléter, avec plusieurs centaines de millions d’euros de certificats d’économies d’énergie”, a-t-elle annoncé. Les certificats d’économies d’énergie (CEE) sont un dispositif basé sur le principe du pollueur-payeur, qui oblige les fournisseurs d’énergie à financer des actions de réduction de la consommation d’énergie et d’amélioration de l’efficacité énergétique.Le gouvernement prévoit de réorienter fortement ce système, qui représente une enveloppe colossale de 4 à 6 milliards d’euros chaque année, vers la décarbonation de la mobilité et l’amélioration de la performance énergétique des logements.Les CEE financent déjà 30% des aides pour la rénovation énergétique globale d’un logement et le gouvernement prévoit de porter cette part à 60%, selon le cabinet de Mme Létard. Un arrêté en ce sens “sera publié cette semaine et entrera en vigueur le lendemain de sa publication”, a précisé le ministère.Ce texte prévoit de doubler les CEE acquis par une entreprise pour le financement d’une rénovation énergétique globale, de les quadrupler s’il s’agit du logement d’un ménage aux ressources modestes et de le multiplier par cinq si le ménage est en situation de précarité énergétique.”Cette bascule n’est pas une baisse du budget de l’Etat pour le remplacer par autre chose. Les CEE viennent en plus du budget décidé par l’Etat – pas en substitution”, a assuré le ministère chargé du Logement. La ministre a, en outre, annoncé une réunion le 17 juin de “tous les acteurs du secteur pour travailler aux modalités de cette suspension temporaire”, avec pour objectif de réduire les “délais d’instruction qui pèsent trop sur les usagers et sur les entreprises” et de “construire les nouvelles modalités” de MaPrimeRénov’. Le dépôt de nouvelles demandes d’aides MaPrimeRénov’ sera suspendu du 1er juillet au 15 septembre, afin de gérer un trop grand nombre de demandes et de tentatives de fraudes. 

Lutte contre la “fast fashion”: le Sénat approuve un texte ciblant Shein

Un an après l’Assemblée nationale, le Sénat a adopté mardi une proposition de loi pour freiner l’essor de la “fast fashion”, cette “mode ultra éphémère” incarnée par le géant Shein et ses vêtements à bas coût expédiés par millions depuis la Chine.Le texte de la députée Horizons Anne-Cécile Violland, soutenu par le gouvernement, a été approuvé à l’unanimité.Pour être mis en Å“uvre, il doit désormais faire l’objet d’un accord députés-sénateurs lors d’une commission mixte paritaire (CMP) attendue à l’automne. Entre temps, la Commission européenne aura été notifiée et aura pu adresser des observations à la France sur ce dossier complexe.Pénalités pour les entreprises polluantes, publicité interdite, obligations pour les plateformes, influenceurs sanctionnés… La proposition de loi met en place toute une panoplie d’outils pour limiter un phénomène en pleine expansion, celui de la “fast fashion”, tantôt baptisée mode “ultra éphémère” voire “ultra express”, terme retenu par le Sénat.”C’est une étape majeure dans la lutte contre l’impact économique et écologique de la fast fashion et de l’ultra fast fashion, et un signal fort envoyé aux industriels, comme aux consommateurs”, a réagi la ministre de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher après l’adoption du texte.- “Loi anti-Shein” ? -Particulièrement visée par les sénateurs, la plateforme Shein. L’entreprise basée à Singapour se distingue des acteurs historiques de l’industrie textile par la multiplication de ses produits. Une déferlante de 7.220 nouvelles références par jour en moyenne, selon une analyse réalisée par l’AFP du 22 mai au 5 juin. Contre quelque 290 nouvelles références quotidiennes dans la catégorie “vêtements femmes”, et 50 dans celle “vêtements hommes”, du site de H&M, acteur traditionnel du secteur. L’ambition du Sénat comme du gouvernement est donc de cibler Shein plutôt que H&M, Zara ou Kiabi.”Nous avons tracé une ligne nette entre ceux que nous voulons réguler, l’ultra mode express (…) et ceux que nous voulons préserver: la mode accessible mais enracinée, qui emploie en France, qui structure nos territoires, qui crée du lien et soutient un tissu économique local”, a martelé mardi la sénatrice Les Républicains Sylvie Valente Le Hir, rapporteure sur le texte.Une distinction dénoncée par la coalition Stop Fast Fashion, un collectif d’associations parmi lesquelles Emmaüs, Max Havelaar, Zero Waste, Les Amis de la Terre, qui déplore “une véritable victoire idéologique et politique de la fast fashion dite +traditionnelle+” et espère que la CMP “change la donne”.Shein a de son côté pointé un texte qui “risque de faire peser la responsabilité de la durabilité sur les consommateurs, déjà confrontés à des pressions économiques, en réduisant davantage leur pouvoir d’achat”, après avoir déjà dénoncé ces derniers jours une “loi anti-Shein”.L’entreprise défend ouvertement son modèle, placardant des affiches “La mode est un droit, pas un privilège” ou organisant des rassemblements de consommateurs comme dimanche à Saint-Denis ou à Béziers.De leurs côtés, les principaux acteurs de la mode en France ont salué “un texte ambitieux”, priant les sénateurs “de ne pas céder au lobbying infernal de Shein” tentant de “saboter” le texte, dans une tribune envoyée mardi à l’AFP, également signée par le député européen Raphaël Glucksmann, le sénateur Yannick Jadot ou la patronne des Ecologistes Marine Tondelier.- Pénalités -Si la loi entre en vigueur, la plateforme devra se plier à d’importantes obligations, comme celle de sensibiliser les consommateurs à “l’impact environnemental” de leurs vêtements. Elle devra également s’acquitter des “écocontributions” renforcées dans la loi, sur un principe de “bonus-malus” lié aux critères de “durabilité” des entreprises. Avec une pénalité qui atteindra au moins 10 euros par article en 2030.Initialement accusé par des associations environnementales et par une partie de la gauche d’avoir “détricoté” le texte, le Sénat a finalement voté une version assez large du dispositif, car ces pénalités s’appliqueront aussi aux acteurs européens – ou français – les moins durables.De plus, l’interdiction totale de la publicité pour la mode ultra éphémère a été rétablie après avoir été supprimée en commission, avec un volet de sanctions dédié aux influenceurs qui voudraient en faire la promotion. La conformité de ces mesures à la Constitution est néanmoins questionnée. Enfin, le Sénat a également adopté une disposition inattendue: l’instauration d’une taxe sur les petits colis livrés par des entreprises établies hors de l’Union européenne, comprise entre deux et quatre euros. Une façon d’élargir le spectre en visant notamment un autre géant asiatique du commerce en ligne, Temu.

Les centres communaux d’action sociale ne seront pas facultatifs, annonce Rebsamen

Les communes de plus de 1.500 habitants auront toujours l’obligation d’avoir un centre communal d’action sociale (CCAS), a annoncé mardi le ministre de l’Aménagement du territoire François Rebsamen.Interrogé à l’Assemblée nationale sur les velléités du gouvernement de supprimer cette obligation faite aux communes de plus de 1.500 habitants afin de moderniser l’action publique, François Rebsamen a annoncé que le gouvernement renonçait finalement à cette mesure.”Devant les craintes exprimées (…), je vous annonce qu’aucun amendement du gouvernement ne sera déposé à propos des PPL (propositions de loi, ndlr) de simplification qui sont en cours de navette en ce moment. Cette liberté ne sera pas confiée aux collectivités et nous ne supprimerons pas les CCAS”, a déclaré le ministre.Lors du “Roquelaure de la simplification” organisé fin avril, le ministère de l’Aménagement du territoire, également chargé des collectivités, avait annoncé la possibilité pour les maires de choisir “librement s’ils doivent mettre en place, ou non, un CCAS”.”Ce qui avait été envisagé (…) c’est de donner aux élus locaux un maximum de liberté dans leur mode de gestion, donc de renforcer en quelque sorte la libre administration des collectivités locales”, a reconnu François Rebsamen, indiquant qu’il n’a “jamais été question de supprimer” les CCAS. “Le social, c’est le cÅ“ur des compétences des communes (…) Les pauvres sont en difficulté en France. Il appartient aux communes de les aider avec le soutien de l’État”, a-t-il ajouté.Cette annonce intervient alors que le Sénat examine une proposition de loi visant à “renforcer et sécuriser le pouvoir préfectoral de dérogation afin d’adapter les normes aux territoires”.Un amendement gouvernemental à l’article 4 bis prévoyait initialement de permettre aux préfets d’autoriser les communes à ne pas créer de CCAS.Une “ligne rouge” pour l’Union nationale des centres communaux d’action sociale (Unccas), qui représente 9.600 communes. L’organisation avait appelé à une “mobilisation massive” ce mardi, dénonçant “une attaque directe contre un pilier bicentenaire du service public de proximité (…) souvent le seul rempart contre l’isolement et la précarité”.”Avec 14 % de pauvres en France, dont 20 % des mères isolées et 10 % des seniors, c’est d’un renforcement des moyens dont les CCAS ont besoin”, avaient expliqué samedi les principales associations du bloc communal dans une tribune publiée dans Ouest-France.Selon l’Unccas, la France compte quelque 15.000 CCAS et CIAS (centre intercommunal d’action sociale) dont le rôle est de lutter contre l’exclusion et soutenir les plus fragiles.

Surveillante tuée: l’exécutif sous pression, attaqué à droite

Après le meurtre d’une surveillante mardi à l’entrée d’un collège en Haute-Marne, l’exécutif promet de s’attaquer “au fléau” des armes blanches mais est critiqué à droite sur son “apathie” contre la violence, en particulier le chef de l’Etat accusé d’avoir minimisé ces faits divers.  L’ensemble de la classe politique s’est dite “horrifiée” par cette agression dans un lieu censé être “protecteur”. Répondant à une question de la cheffe de file du RN Marine Le Pen dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale, le Premier ministre François Bayrou a dit sa volonté de “durcir la réglementation” en vue d’une interdiction “effective” de certains couteaux qui ne sont pas considérés comme des armes.Le Premier ministre, qui sera l’invité du 20H de TF1 mardi, a également fait part de son souhait que le gouvernement travaille à “l’expérimentation” de portiques de détection d’armes à l’entrée des établissements scolaires.”Alors qu’elle veillait sur nos enfants, une assistante d’éducation a perdu la vie, victime d’un déferlement de violence insensé (…) La Nation est en deuil et le gouvernement mobilisé pour faire reculer le crime”, a déploré pour sa part le président Emmanuel Macron.La surveillante, âgée de 31 ans, a été tuée lors d’un contrôle de sac devant un collège. L’auteur des coups de couteau, un élève de 14 ans, a été aussitôt interpellé et placé en garde à vue. “Comme mère, comme citoyenne, je sais ce que l’on attend de l’École: qu’elle soit un lieu sûr, exigeant, protecteur”, a réagi la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet, avant une minute de silence à l’Assemblée lors de la séance des questions au gouvernement.Une émotion largement partagée à gauche, où le chef de file de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon a notamment appelé à “veiller à la santé mentale” des jeunes, en particulier des jeunes garçons, qui “s’enfoncent” dans la violence.- “Déni” -Mais le chef de l’Etat a été immédiatement critiqué à droite pour avoir dénoncé la tendance de certains politiques à surexploiter chaque fait divers à des fins politiciennes.Dans un entretien à la presse quotidienne régionale ce week-end, consacré à l’écologie, le président avait vitupéré ceux qui “voudraient faire oublier le combat pour le climat” et “préfèrent, pendant ce temps-là, +brainwasher+ (opérer un lavage de cerveau, NDLR) sur l’invasion du pays et les derniers faits divers”.”Hier, vous dénonciez +ceux qui brainwashent sur les derniers faits divers+. Les Français subissent à la fois la violence d’en bas et le mépris d’en haut: on ne peut plus tolérer cette alliance insupportable de la sauvagerie sur le terrain et du déni à la tête de l’État”, a attaqué le président du Rassemblement national Jordan Bardella, tandis que Marine Le Pen s’indignait d’une “banalisation de l’ultraviolence, encouragée par l’apathie des pouvoirs publics”.”Voilà où mènent le laxisme et l’absence de fermeté”, a renchéri le chef des députés LR Laurent Wauquiez.Sur le sujet plus global de la violence, l’exécutif est apparu divisé ces derniers jours. Après les violences en marge des célébrations de la victoire du PSG, la ministre de l’Education nationale, Elisabeth Borne, avait ainsi exhorté à “éviter la surenchère de mesures éculées” après “chaque actualité dramatique” et à “apporter avec sang-froid des réponses efficaces et réalistes”.Des critiques visant les nombreuses propositions sécuritaires émanant du ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau et de son collègue à la Justice, Gérald Darmanin. François Bayrou a indiqué qu’il entendait s’appuyer sur un récent rapport de la vice-présidente Horizons de l’Assemblée Naïma Moutchou, missionnée après la mort fin avril d’une lycéenne de 15 ans dans une attaque au couteau dans un lycée de Nantes.La détention d’armes blanches par des mineurs est devenue “un phénomène” en France qui concerne “n’importe quel territoire” et des profils variés, avait déploré Mme Moutchou. “Cela représente 3.000 jeunes par an qu’on interpelle avec une arme blanche”, avait-elle détaillé.Elle recommande le déploiement obligatoire de la vidéosurveillance à l’entrée des établissements scolaires, se dit favorable à la pause numérique dans les établissements scolaires, soit l’interdiction des téléphones portables, et préconise d’interdire la vente de certains couteaux “extrêmement dangereux”.

Le gouvernement acte la relance de la filière nucléaire en France

Le gouvernement a signé mardi le contrat de filière nucléaire pour la période 2025-2028 qui acte la relance de l’atome en France et le programme EPR2 de construction de six nouveaux réacteurs de grande puissance à horizon 2038.Il y a une ambition “de se projeter dans les prochaines décennies”, a déclaré Marc Ferracci, ministre de l’Industrie et de l’Energie, lors de la signature du contrat en marge des “Journées Perspectives” de la filière à Massy (Essonne).Et “il y a l’enjeu de la performance industrielle”, a-t-il ajouté, évoquant la nécessité de “maîtriser les coûts” de la filière nucléaire en en “maîtrisant les délais”.Le ministre de l’Economie Eric Lombard, également présent, a pour sa part souligné l’importance du nucléaire “pour la transformation écologique” et la “compétitivité” de la France. “C’est un élément de compétitivité de notre industrie pour (…) les décennies qui viennent”, a-t-il dit.Ce contrat de filière 2025-2028 répond à l’ambition exprimée par le président de la République, Emmanuel Macron, qui avait annoncé en février 2022 lors du discours de Belfort un programme de construction de 6 nouveaux réacteurs nucléaires et une option pour 8 autres.Le programme EPR2 prévoit la construction de six nouveaux dont une première paire à Penly (Seine-Maritime), puis à Gravelines (Nord) et au Bugey (Ain). Initialement, il visait une entrée en service en 2035 pour le premier réacteur, mais le calendrier a été repoussé à 2038.Le contrat signé mardi n’aborde pas le financement du programme, pour lequel l’Etat s’est engagé jusque-là sur un prêt à taux préférentiel couvrant 50% au moins du devis.EDF est en train de travailler sur le chiffrage et doit boucler le cadrage du programme d’ici la fin de cette année pour une décision d’investissement fin 2026.- Améliorer le taux de féminisation -Aux conditions de 2020, le coût du programme estimé à 51,7 milliards d’euros en 2022 s’élève désormais à 67,4 milliards, ce qui revient à 79,9 milliards aux conditions plus récentes de 2023, selon un rapport de la Cour des comptes de janvier sur la base d’un chiffrage d’EDF fin 2023.En France, le financement du programme serait assorti d’un contrat sur la production nucléaire à un prix garanti par l’Etat de 100 euros maximum du mégawattheure, c’est-à-dire que si l’électricité d’EDF est vendue sur les marchés au-delà, EDF doit verser des recettes à l’Etat; en-dessous, c’est l’Etat qui compense EDF.Le contrat de filière porte également sur les projets de mini-réacteurs (SMR ou small modular reactors), avec de premières mises en service au début de la décennie 2030, selon Bercy, ainsi que sur l’exploitation des réacteurs actuels et le respect des exigences applicables en matière de sûreté nucléaire.La relance du nucléaire, qui devra être inscrite dans la prochaine Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), consacre la rupture avec la précédente adoptée en 2020, qui prévoyait notamment la fermeture de 14 réacteurs, dont les deux de Fessenheim.Les contrats de filière sont des engagements réciproques de la filière et de l’État. Ils sont aussi signés par les organisations syndicales et les représentants de la filière.Le contrat signé mardi est orienté autour de 4 axes: l’exigence opérationnelle, c’est-à-dire la maîtrise des coûts et des délais, l’emploi et les compétences alors que la filière aura besoin de 100.000 recrutements en 10 ans, la recherche et développement et enfin autour de la transition écologique, la gestion des déchets ou encore l’adaptation au changement climatique. La filière veut notamment améliorer son taux de féminisation qui, avec 24% de femmes, est en-deçà de celui de l’industrie en général (30%), a souligné Hélène Badia, la présidente de l’Université des métiers du nucléaire (UMN). “Il y a encore énormément de travail sur le sujet de la féminisation”, a-t-elle déclaré.

Bateau pour Gaza: deux Français ont accepté leur expulsion d’Israël, quatre ont refusé

Deux militants français arrêtés par les autorités israéliennes à bord d’un bateau qui tentait d’arriver à Gaza ont accepté leur expulsion d’Israël et quatre autres, dont l’eurodéputée de la gauche radicale Rima Hassan, ont refusé, a indiqué mardi le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot.”A ce jour, deux d’entre eux ont accepté de signer les papiers les expulsant du territoire israélien et leur permettant de rentrer dans notre pays. Quatre l’ont refusé”, a déclaré à la presse M. Barrot, précisant que Mme Hassan faisait partie de ceux ayant décliné.Selon la diplomatie israélienne, ces derniers seront “traduits devant une autorité judiciaire pour autoriser leur expulsion”, selon un post sur X.Les deux ressortissants ayant signé un document autorisant leur expulsion sont un journaliste pour la chaîne qatarie Al Jazeera, Omar Faiad, et un médecin, Baptiste André, a précisé une source diplomatique française.M. Barrot, qui s’exprimait depuis Nice en marge de la conférence de l’ONU sur les océans, a également dénoncé “les manÅ“uvres de désinformation” d'”un certain nombre de responsables politiques”, alors que la gauche radicale en France s’est emparée de l’affaire, dénonçant des “arrestations illégales”.Jean-Luc Mélenchon, leader du mouvement LFI (la France insoumise, dont fait partie Rima Hassan) a notamment fustigé la “nullité des services français” en affirmant que les familles des ressortissants retenus en Israël n’avaient eu “aucune nouvelle” dans les premières heures suivant l’interpellation.”Les agents de notre ambassade sur place (…) exercent leur mission avec beaucoup de professionnalisme, de dévouement et de courage dans des conditions extrêmement difficiles”, a souligné M. Barrot.Outre les deux militants français ayant accepté de signer les papiers permettant leur expulsion, la militante suédoise Greta Thunberg a quitté Israël mardi à bord d’un avion pour la Suède via la France.Au total, 12 militants français, allemand, brésilien, turc, suédois, espagnol et néerlandais, étaient partis d’Italie le 1er juin à bord d’un voilier pour “briser le blocus israélien” de Gaza, en proie à une situation humanitaire désastreuse après plus de 20 mois d’une guerre déclenchée par l’attaque sanglante du mouvement islamiste palestinien Hamas le 7 octobre 2023 sur Israël.La marine israélienne a arraisonné le bateau lundi matin à environ 185 kilomètres à l’ouest de la côte de Gaza. Il a été affrété par la Coalition de la flottille pour la liberté, un mouvement international non violent de soutien aux Palestiniens lancé en 2010, combinant aide humanitaire et protestation politique contre le blocus du territoire palestinien.

Le gouvernement annonce une session extraordinaire du Parlement du 1er au 11 juillet

Le gouvernement a annoncé mardi la tenue d’une session extraordinaire du Parlement du 1er au 11 juillet, lors de laquelle sera notamment programmé l’examen de la réforme de l’audiovisuel public, selon des sources parlementaires.L’examen de cette réforme controversée, qui prévoit le rapprochement des entreprises de l’audiovisuel public, Radio France et France Télévisions en tête, a été reporté à plusieurs reprises. En avril, son examen avait été reporté quelques jours en commission après un incident opposant la ministre de la Culture Rachida Dati à une fonctionnaire de l’Assemblée.Le gouvernement envisage également une autre session extraordinaire à partir du 22 septembre, qui pourrait comprendre l’examen d’un texte sur la proportionnelle aux législatives, sous réserves des conclusions des consultations menées par le Premier ministre avec les forces politiques.Concernant celle de juillet, le gouvernement souhaite aussi inscrire l’examen à l’Assemblée d’une proposition de loi, déjà adoptée par le Sénat, sur la création d’un statut de l’élu local, visant à tenter d’enrayer la crise des vocations.Également au programme: une proposition de loi de la sénatrice LR Jacqueline Eustache-Brinio, visant à “faciliter le maintien en rétention” des étrangers condamnés pour des faits graves, comme des viols ou des violences. Déjà adopté au Sénat, ce texte est fustigé par la gauche.L’exécutif défendra aussi son projet de loi portant notamment sur la transposition de l’accord sur l’emploi des séniors, négocié en novembre entre partenaires sociaux. Le gouvernement prévoit par ailleurs une série de votes sur des textes qui seront issus de commissions mixtes paritaires entre députés et sénateurs, dans l’optique d’adoptions définitives.Parmi ces textes figure la très clivante loi agricole Duplomb-Menonville, qui porte notamment une mesure de réintroduction à titre dérogatoire d’un pesticide néonicotinoïde. Ainsi qu’une proposition de loi sur la lutte contre l’antisémitisme dans l’enseignement supérieur, et la simplification du droit à l’urbanisme. Selon la Constitution, il revient au président de la République, à la demande du Premier ministre ou d’une majorité à l’Assemblée, de signer le décret ouvrant une session extraordinaire, sur un ordre du jour déterminé. Le Parlement a siégé chaque juillet depuis l’élection d’Emmanuel Macron en 2017 (l’an dernier faisant exception avec la dissolution).

Comprendre la polémique autour de Shein, emblème de l'”ultra fast fashion”

Symbole des dérives sociales et environnementales de la mode éphémère à petit prix, Shein est visée par plusieurs initiatives en Europe et aux Etats-Unis, et notamment par une proposition de loi en France qui sera votée mardi au Sénat.- Qu’est-ce que Shein ?Fondée en Chine en 2012 et désormais basée à Singapour, Shein est principalement une marque de vêtements et d’accessoires, vendus uniquement en ligne. L’enseigne se démarque par ses prix extrêmement bas, la profusion des références et son marketing agressif. L’entreprise emploie 16.000 personnes dans le monde et a réalisé 23 milliards de dollars (20 milliards d’euros) de chiffre d’affaires en 2022 selon The Wall Street Journal. Ses principaux marchés se trouvent en Europe et aux Etats-Unis. Elle ne vend pas en Chine, même si l’essentiel de ses produits y est fabriqué via ses 7.000 fournisseurs. Lancée en France en 2015, Shein n’y connaît une ascension fulgurante que depuis quelques années. En 2024, la marque y représentait 3% des dépenses d’habillement et de chaussures en valeur (contre moins de 2% en 2021) – une proportion énorme sur un marché très fragmenté. Si l’on faisait “l’hypothèse de prix moyens à 10 euros pour Shein, le distributeur serait le leader en termes de volumes vendus”, souligne l’Institut français de la mode.  – Que lui reproche-t-on ?Son catalogue pléthorique – “470.000 modèles disponibles en temps réel”, selon l’ONG Les Amis de la Terre – est dénoncé par les associations environnementales qui l’accusent d’inciter à la surconsommation de produits qui finissent en déchets. Leur acheminement aussi pose problème. Le fret aérien représente 99,8% des volumes transportés. Résultat: l’essor de l’activité de Shein s’est traduit par une “hausse de 80% des émissions de carbone entre 2022 et 2023” de l’entreprise, rappelle Paris Good Fashion, qui regroupe ONG, marques et fédérations prônant une mode plus durable. Shein est également accusée d’avoir recours à des sous-traitants sous-payés, soumis à de mauvaises conditions de travail.Le monde du commerce a ses griefs aussi, estimant que le mastodonte asiatique ne respecte pas les normes européennes – sur les grandes plateformes asiatiques, 94% de produits sont non conformes dont 66% dangereux, avait estimé récemment le gouvernement français. Par ailleurs, envoyant ses produits de Chine via de petits colis ainsi exemptés de droits de douane, Shein crée une “concurrence déloyale” vis-à-vis des entreprises européennes. Et trompe le consommateur par de fausses réductions et des informations trompeuses pour inciter à acheter, dénonce l’Union européenne.- Que répond Shein ?L’entreprise ne dévoile pas de chiffres sur ses volumes mais vante son modèle de production “à la demande” qui, selon elle, réduit “le gaspillage de matériel et de stocks invendus”. Elle rappelle par ailleurs que son “objectif de neutralité carbone d’ici 2050” a été validé par la Science Based Targets initiative (SBTi), un organisme certifiant les stratégies climat des entreprises. Concernant les conditions de travail dans les usines, Shein a mis en place un “code de conduite conforme à la Convention de l’Organisation internationale du travail”, a affirmé à l’AFP son président exécutif Donald Tang. La marque assure que sa chaîne d’approvisionnement fait régulièrement l’objet d’audits indépendants. Shein a récemment déclaré investir en 2025 “13 millions d’euros pour la sécurité et la conformité des produits” et avoir élargi ses partenariats “avec 15 agences de test reconnues au niveau international, dont Bureau Veritas”.Enfin, la société déclare travailler “de manière constructive” avec les autorités européennes “pour démontrer (son) engagement à respecter les lois et réglementations”.- Que risque-t-elle ?L’essor de Shein est déjà freiné aux Etats-Unis depuis l’instauration en mai de droits de douane de 120% sur les colis venant de vendeurs asiatiques tels Temu, Shein ou AliExpress, ramenés ensuite à 54%.En France, le Sénat doit voter mardi une loi visant l'”ultra fast fashion”, qui prévoit notamment une interdiction de publicité, des pénalités financières, une obligation de sensibilisation des consommateurs à l’impact environnemental de leurs vêtements, etc.Insuffisant pour les principales fédérations du commerce françaises, qui ont demandé début juin le déréférencement de la plateforme.Enfin, la Commission européenne a proposé en mai d’imposer des frais de 2 euros sur chaque petit colis entrant sur le Vieux Continent, dont l’immense majorité provient de Chine.Â