AFP Politics

Les députés LFI brandissent les images d’enfants palestiniens dans l’hémicycle

Les députés La France insoumise ont brandi mardi dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale des affiches montrant les visages d’enfants palestiniens, déclenchant les huées du RN et de LR. La présidente de l’institution, Yaël Braun-Pivet, qui présidait la séance des questions aux gouvernement, a rappelé qu’il était “interdit de brandir des affiches” dans l’hémicycle et a indiqué qu’elle saisirait le bureau de l’Assemblée, sa plus haute instance exécutive, dont une réunion est prévue mercredi matin.La scène s’est produite durant une question du député Aymeric Caron (LFI) sur la situation à Gaza. “Jamais dans l’histoire récente, des enfants n’ont été massacrés en si grand nombre”, a-t-il déclaré. “Et comme nos enfants, ils ont un nom, ils ont un visage, ils ont une vie à vivre”, a-t-il poursuivi, en brandissant une affiche montrant l’image d’une jeune fille “tuée dans son sommeil par un bombardement sur sa tente”. Il a ensuite été imité par les autres députés LFI, portant chacun des affiches avec d’autres visages d’enfants.”Dans cet hémicycle, les complices sont nombreux”, avait également accusé peu avant Aymeric Caron. “Vous laissez tout passer, c’est un scandale”, s’est insurgé le député RN Kévin Pfeffer, en direction de Yaël Braun-Pivet.Le ministre délégué chargé de l’Europe, Benjamin Haddad, a pris la parole en réponse à M. Caron: “Que d’outrances et de caricatures.” “La France a toujours porté cette voix de dialogue et de paix, tandis que vous, monsieur le député, tandis que votre groupe n’a cessé d’instrumentaliser ce sujet si tragique à des fins politiques, n’a cessé de souffler sur les braises de l’antisémitisme”, a-t-il déclaré. 

Parole à la défense de Nicolas Sarkozy, au dernier jour du procès des soupçons de financement libyen

Ils vont soutenir la relaxe de Nicolas Sarkozy avant que le tribunal ne se retire pour délibérer: au bout de trois mois d’audiences, les avocats de l’ancien président ont commencé à plaider mardi après-midi, au dernier jour du procès des soupçons de financement libyen. La défense “vous démontrera qu’il n’y a aucun pacte de corruption”, a débuté à la barre Me Jean-Michel Darrois, à quelques mètres de l’ex-chef de l’Etat, 70 ans, ainsi que des trois anciens ministres poursuivis, Claude Guéant, Brice Hortefeux et Eric Woerth.La salle d’audience est pleine comme un oeuf pour cette journée qui marque l’épilogue d’un procès inédit où sont jugés depuis le 6 janvier le 6e président de la Ve République (2007-2012) ainsi que 11 autres prévenus, dont trois anciens ministres. Au premier rang se sont assis l’épouse de Nicolas Sarkozy, l’auteure-interprète Carla Bruni, ainsi que ses fils Jean et Pierre Sarkozy.Après les plaidoiries, les prévenus auront, s’ils le souhaitent, la parole en dernier, puis le tribunal annoncera la date à laquelle il rendra son jugement – pas avant plusieurs mois.Nicolas Sarkozy est soupçonné d’avoir noué en 2005, via ses plus proches collaborateurs, un “pacte de corruption” avec le dictateur libyen Mouammar Kadhafi, afin qu’il finance sa campagne présidentielle victorieuse de 2007.Et ce, selon l’accusation, en échange de contreparties diplomatiques, économiques et juridiques, en particulier un soutien au retour de la Libye sur la scène internationale après des années d’embargo lié aux attentats commis par le régime.Au rythme de trois après-midis par semaine, le tribunal présidé par Nathalie Gavarino a patiemment examiné chacun des indices rassemblés par les juges d’instruction pendant une décennie d’investigations très complexes, questionnant témoins et prévenus souvent jusque tard dans la soirée.A l’issue de trois journées de réquisitoire, le parquet national financier (PNF) a requis sept ans d’emprisonnement, 300.000 euros d’amende et cinq ans d’inéligibilité contre Nicolas Sarkozy.Afin de “satisfaire ses ambitions politiques dévorantes”, l’ancien locataire de l’Elysée a noué “un pacte de corruption faustien avec un des dictateurs les plus infréquentables de ces 30 dernières années”, a affirmé l’un des procureurs.- “Outrance” -Pour les trois parquetiers, Nicolas Sarkozy est le “véritable commanditaire” de ce pacte mis en Å“uvre par ses plus proches, Claude Guéant et Brice Hortefeux, qui ont adopté l’attitude “d’hommes de mains” en protégeant leur chef jusque dans la salle d’audience.Immédiatement, Nicolas Sarkozy a dénoncé “la fausseté et la violence des accusations et l’outrance de la peine réclamée”, qui ne visent selon lui qu’à “masquer la faiblesse des charges alléguées”. Il a ajouté vouloir “croire dans la sagesse du tribunal”.Sa défense affirme qu’aucun des flux financiers détaillés par l’accusation n’a pu alimenter la campagne, dans laquelle selon eux aucun argent liquide d’origine libyenne n’a été identifié.Ses avocats estiment que ces accusations ont été construites rétrospectivement par les Libyens afin de se venger de l’intervention internationale menée notamment par Nicolas Sarkozy et qui a abouti à la mort de Mouammar Kadhafi en octobre 2011. Ils assurent que les contreparties alléguées n’existent pas, soit parce que le ministre puis président n’aurait fait que poursuivre des politiques antérieures, soit parce qu’il n’aurait pas pu, de par ses fonctions, influer sur les processus bilatéraux en cause.Définitivement condamné à un an de prison ferme pour corruption et trafic d’influence dans l’affaire dite des écoutes ou Bismuth, M. Sarkozy s’est vu poser le 7 février un bracelet électronique à la cheville.Ce procès a aussi vu à la barre trois anciens ministres.Le ministère public a requis six ans de prison et 100.000 euros d’amende contre Claude Guéant, trois ans de prison et 150.000 euros d’amende contre Brice Hortefeux, un an de prison aménagé sous bracelet contre le trésorier de la campagne Eric Woerth.Lundi, leurs conseils ont plaidé contre le “roman” imaginé par le parquet financier, estimant que “le plausible” ne “suffit pas” pour condamner et dépeignant un dossier fait d'”extrapolation” et “pataugeage”, un “château de cartes” ne demandant qu’à s’écrouler.

Le maire d’Istanbul fait citoyen d’honneur de la ville de Paris

Le maire d’Istanbul Ekrem Imamoglu, arrêté le 19 mars en Turquie, a été élevé au rang de citoyen d’honneur de la ville de Paris, “capitale des droits humains qui se tient à ses côtés”, a annoncé Anne Hidalgo.”Ekrem Imamoglu est aujourd’hui injustement empêché de représenter son parti et de porter la voix de millions de Turcs. Privé de sa liberté et de ses droits fondamentaux, il doit pouvoir compter sur le soutien plein et entier de Paris”, a déclaré la maire socialiste devant le Conseil de Paris qui a voté la citoyenneté d’honneur à l’unanimité.Ce soutien unanime “donnera de la force pour résister à notre collègue et ami qui a les valeurs démocratiques chevillées au corps” et “permettra peut-être au pouvoir actuel turc d’entendre les voix de la raison démocratique”, a ajouté Anne Hidalgo.Le 19 mars, des maires de plusieurs capitales ou grandes villes européennes dont Paris, Rome, Amsterdam et Bruxelles avaient appelé à la libération d’Ekrem Imamoglu, principal opposant au président turc Recep Tayyip Erdogan, investi depuis comme candidat de son parti à la prochaine présidentielle.

Saint-Avold: l’Assemblée approuve définitivement la conversion de la centrale

L’Assemblée a approuvé définitivement lundi un texte de loi pour permettre la conversion au biogaz de la centrale à charbon de Saint-Avold (Moselle), une des deux dernières centrales à charbon en activité en France, occasion pour le gouvernement de renouveler sa promesse d’un débat au Parlement sur la trajectoire énergétique du pays.Les députés ont adopté à l’unanimité, et à l’identique, un texte approuvé par le Sénat le 25 mars, très attendus par les élus locaux et les salariés dépendant de la centrale, dont certains étaient présents en tribune. En tout, quelque 500 emplois directs et indirects sont concernés.Les écologistes se sont abstenus, soulignant que voter pour un projet qui continue d’utiliser des énergies fossiles n’était “pas un exercice facile”.Le texte entend lever une barrière législative à un projet de conversion au gaz naturel et au biogaz, dans lequel le propriétaire du site, GazelEnergie, est prêt à s’engager. Cela viendrait concrétiser l’annonce d’Emmanuel Macron, qui avait promis en 2023 la conversion de cette centrale d’ici 2027.Grosse émettrice de gaz à effet de serre, la centrale de Saint-Avold est l’une des deux dernières centrales à charbon de France, avec celle de Cordemais (Loire-Atlantique), dont EDF a annoncé en septembre la fermeture sèche. Elle assure un rôle de sécurisation de l’approvisionnement en hiver lors des périodes de pointe.Le texte prévoit un “plan de conversion” de l’installation de Cordemais, après un travail transpartisan des sénateurs de Loire-Atlantique.Le ministre de l’Industrie Marc Ferracci a salué dans son propos introductif une proposition de loi “indispensable au lancement du projet de conversion de la centrale de Saint-Avold”. Mais il a souligné au-delà de ce site “l’ardente nécessité” de donner une visibilité aux acteurs de la transition énergétique en promouvant la nouvelle programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE).”C’est la raison pour laquelle nous souhaitons adopter, publier rapidement la nouvelle PPE sous la forme d’un décret, comme il est prévu par la loi. Nous souhaitons également adopter ce texte en respectant le dialogue avec le Parlement”, a-t-il dit.”Ce dialogue, je m’y engage et le Premier ministre s’y est également engagé. Il nous permettra d’intégrer les ajustements nécessaires qui feront suite aux débats que nous aurons ici au Parlement”, a-t-il ajouté.La présidente de la commission des Affaires économiques, Aurélie Trouvé (LFI), a pour sa part redit la nécessité pour que les choix énergétiques soient “acceptables” qu’ils soient “débattus, votés par le Parlement”.”Nous avons besoin d’une loi votée par les représentants du peuple pour fixer notre vision”, a également estimé le communiste Julien Brugerolles.

Au Caire, Macron, Sissi et Abdallah II font front commun sur Gaza face au plan Trump

Emmanuel Macron, Abdel Fattah al-Sissi et Abdallah II ont dit lundi au Caire leur rejet de tout déplacement des Palestiniens face aux ambitions de Donald Trump, mais ont aussi donné des gages aux Etats-Unis en jugeant que la gouvernance à Gaza devait relever “uniquement” d’une Autorité palestinienne “renforcée”.Le président français a d’ailleurs organisé durant sa visite en Egypte un appel avec M. Trump, son homologue égyptien et le roi de Jordanie au sujet de Gaza, a annoncé l’Elysée.Dans un communiqué commun après leur sommet tripartite, les dirigeants français, égyptien et jordanien, qui rejettent donc tout rôle futur du Hamas dans le territoire palestinien, ont également appelé à “un retour immédiat au cessez-le-feu”.Le roi de Jordanie a rejoint lundi Abdel Fattah al-Sissi et Emmanuel Macron, arrivé dimanche dans la capitale égyptienne pour une visite essentiellement consacrée à la guerre à Gaza.Avec cette rencontre, la diplomatie française entend afficher sa solidarité avec deux pays voisins de la bande de Gaza ébranlés par le projet du président américain. D’autant plus que le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, partisan de ce plan, doit être reçu lundi à la Maison Blanche.Début février, Donald Trump a suscité un tollé international en évoquant une prise de contrôle de la bande de Gaza par les Etats-Unis pour la reconstruire et en faire la “Riviera du Moyen-Orient”. Pour cela, ses habitants pourraient être déplacés vers l’Egypte et la Jordanie, qui ont vivement rejeté cette option mais doivent composer avec la pression américaine.- Gouvernance -Emmanuel Macron, Abdel Fattah al-Sissi et Abdallah II “ont exprimé leur rejet de tout déplacement des Palestiniens de leurs terres ou de toute annexion de territoire palestinien”.Ils ont aussi “souligné que la gouvernance ainsi que le maintien de l’ordre et de la sécurité à Gaza, ainsi que dans tous les territoires palestiniens, devaient relever uniquement de l’autorité d’une Autorité palestinienne renforcée, avec un fort soutien régional et international”.Plus tôt, lors d’une conférence de presse, les présidents français et égyptien avaient tour à tour appelé à une reprise de l’aide humanitaire pour les 2,4 millions de Gazaouis, dont la quasi-totalité ont été déplacés au moins une fois par les combats dans le territoire assiégé.Emmanuel Macron a “salué les efforts inlassables déployés par l’Égypte” en tant que co-médiateur pour la trêve et la libération des otages encore retenus par le Hamas depuis l’attaque du 7 octobre 2023 contre Israël, qui a déclenché la guerre.Des déplacements de populations et une annexion de Gaza comme de la Cisjordanie, occupée par Israël depuis 1967, seraient “une violation du droit international”, “une menace grave pour la sécurité de toute la région, y compris celle d’Israël”, a dit Emmanuel Macron.Il a aussi exprimé le soutien de la France au plan arabe, qualifié de “voie réaliste à la reconstruction de Gaza”, conçu comme une réponse au plan Trump. Cette initiative, préparée par l’Egypte, prévoit de ne pas déplacer les Gazaouis.  Paris estime toutefois qu’il faut “encore renforcer” ce plan, notamment sur “la sécurité” et la “gouvernance” du territoire palestinien, pour rassurer des Américains réticents. Les pays arabes prévoient un retour progressif de l’Autorité palestinienne, au détriment du Hamas qui dirige Gaza depuis 2007.”Le Hamas ne doit avoir aucune part à cette gouvernance, ne doit plus constituer une menace pour Israël”, a insisté Emmanuel Macron.- Fret humanitaire -Le président français organise en juin à l’ONU, avec le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, une conférence sur la solution à deux Etats, israélien et palestinien. Ce rendez-vous pourrait, selon des sources diplomatiques, constituer le “moment opportun” que la France attend pour éventuellement reconnaître un Etat palestinien.Mardi, M. Macron se rendra, accompagné de son homologue égyptien, dans la ville d’al-Arich, dans le nord de la péninsule du Sinaï, à 50 kilomètres du point de passage de Rafah par lequel est censée transiter l’aide humanitaire vers Gaza, à nouveau stoppée depuis un mois.Lors de cette étape hautement symbolique, il appellera à “la réouverture des points de passage pour l’acheminement de fret humanitaire à Gaza”, selon la présidence française.Dans ce port méditerranéen qui sert de base arrière pour l’aide, il va rencontrer des personnels d’ONG françaises, des Nations unies, du Croissant-Rouge égyptien mais aussi probablement des “bénéficiaires” palestiniens de l’action humanitaire, selon la même source.Sur le plan bilatéral franco-égyptien, plusieurs accords économiques ont été signés lundi dans les transports, la santé, les énergies renouvelables ou le domaine universitaire.

Le Parlement étend aux petites communes le scrutin de liste paritaire, dès 2026

Le Parlement a définitivement adopté lundi, lors d’une séance tumultueuse à l’Assemblée nationale, une proposition de loi étendant aux communes de moins de 1.000 habitants le scrutin de liste paritaire aux élections municipales, et ce dès le prochain scrutin de mars 2026.Après de multiples suspensions de séance qui ont révélé des fractures au sein de la coalition gouvernementale, le texte a finalement été adopté par les députés dans les mêmes termes que celui approuvé par le Sénat le mois dernier. La date d’entrée en vigueur a fait l’objet d’une rude bataille dans l’hémicycle, celle-ci ayant d’abord été repoussée à 2032 via des amendements identiques de la droite et des communistes, adoptés à une voix près, avant que le gouvernement ne demande une deuxième délibération pour revenir au texte initial.”Tous les maires que nous avons interrogés nous ont mis en garde contre la faisabilité pour 2026″, a argumenté Agnès Firmin Le Bodo, députée Horizons signataire de l’un des amendements de report.Mais coup de théâtre: les communistes, qui avaient d’abord critiqué un changement des règles à moins d’un an des prochaines municipales, ont finalement modifié leur vote lors de la seconde délibération du gouvernement.L’idée était de “défendre la stabilité du mode de scrutin quelques mois avant l’échéance, mais certainement pas” d'”enterrer cette avancée de progrès”, a expliqué Julien Brugerolles.Les députés du Rassemblement national et des Républicains, qui combattaient ce texte sur le fond, se sont insurgés.”En Macronie, tu perds, tu bidouilles”, a fustigé le vice-président du RN, Sébastien Chenu.”Ca laissera des traces”, a ajouté Pierre Cordier (LR), accusant le gouvernement d’avoir davantage cherché le soutien de la gauche que des membres de la coalition gouvernementale. “Il y avait un bloc central. Ce soir, il y a un avant, il y a un après.”- “Tir aux pigeons” -Les communes de moins de 1.000 habitants représentent 70% des communes françaises, et 13% de la population y vit. Mais les femmes ne représentent que 37,6% de leurs conseillers municipaux, contre 48,5% dans les communes de 1.000 habitants, a pointé la députée MoDem Delphine Lingemann, rapporteure du texte.”La parité ne doit pas s’arrêter aux portes des grandes villes”, a-t-elle déclaré, alors que se trouvait au perchoir la présidente de l’Assemblée Yaël Braun-Pivet, qui soutenait résolument le texte.Les conseillers municipaux des communes de moins de 1.000 habitants ont jusqu’ici été élus au scrutin majoritaire plurinominal à deux tours, avec un système de “panachage” qui permet aux citoyens de rayer certains noms.Une pratique parfois surnommée “tir aux pigeons”, dénoncée par certains élus parce qu’elle favoriserait une démarche “punitive” envers des sortants.”La démocratie locale est une chose trop sérieuse pour être livrée à l’humeur du dimanche des élections”, a déclaré lundi la ministre déléguée chargée de la Ruralité, Françoise Gatel. Ces changements doivent “permettre la constitution d’équipes municipales cohérentes et moins fragiles”, selon elle.Mais pour les élus RN et LR, composer des listes paritaires dans ces petites communes sera très compliqué. Le débat a aussi porté sur le mode de scrutin lui-même, au-delà de la parité. Dans “beaucoup de petites communes (…) il n’y aura qu’une liste, donc il n’y aura aucun choix pour les électeurs”, a déclaré Jordan Guitton (RN).- “Discours ringards” -La gauche a au contraire fustigé des “discours ringards, réactionnaires”, reprenant “l’argumentaire qui était utilisé par ceux qui refusaient la parité au début des années 2000”, selon les mots de Benjamin Lucas (groupe écologiste).La proposition de loi avait été adoptée en première lecture à l’Assemblée nationale il y a plus de trois ans.Au Sénat, elle avait déjà suscité beaucoup de débats, avec des divisions importantes au sein même de chacun des deux groupes de l’alliance majoritaire, Les Républicains et l’Union centriste.Le texte finalement voté intègre des aménagements censés tenir compte des spécificités des petites communes.Ainsi par exemple, dans ces communes de moins de 1.000 habitants, les listes seront “réputées complètes” même si elles comptent deux candidats de moins que le total légal. L’Association des maires de France, celle des maires ruraux (AMF et AMRF), et l’association Intercommunalités de France soutenaient le texte.  

En attendant 2027, Villepin écrit son “non”

Surfant sur une popularité inattendue à deux ans de l’élection présidentielle, Dominique de Villepin distribue les gages à gauche et les coups à droite dans un entretien à l’AFP, à l’occasion de la sortie lundi de son nouvel essai, “Le pouvoir de dire non”.Les ressources s’épuisent, les empires s’affrontent, et Villepin revient. “Il ne s’agit pas de regarder passer les trains, ni de s’adonner à des travaux de jardinage (…) Je veux montrer qu’on peut faire des choses”, affirme l’ancien Premier ministre au verbe aussi haut que sa cote dans les baromètres d’opinion.Toujours fringant à 71 ans, et plus vert que jamais: dans son texte en accès libre publié lundi par la revue Le Grand Continent, il propose d’inscrire la “neutralité carbone” dans la Constitution, de “désinvestir ce qui est toxique” et de “mettre fin à l’exploitation aveugle des ressources”.Après Villepin l’égérie de la gauche, acclamé à la Fête de l’Huma, voici donc Villepin l’écolo, qui ne veut “pas interdire mais planifier”. Du Mélenchon dans le texte, ou presque.Car le chiraquien met, lui, sur le même plan “l’exigence de justice sociale” et “l’absolue nécessité” d’un “ordre républicain”, arguant que l’on “ne peut plus demander à la société d’avancer si elle ne peut pas le faire sur deux jambes”.Equilibre défendu d’abord contre ceux qui érigent l’ordre en “valeur suprême”, fut-ce “au détriment de nos libertés” et au moyen du “tour de passe-passe” de la “surenchère identitaire” qui “crée une sorte d’hystérie”.En atteste selon lui “la dérive d’un certain nombre de partis de droite engagés dans la course à l’échalote avec l’extrême droite” et cédant à “la tentation de se servir d’un certain nombre de sujets” comme “l’immigration”, “le voile” et “bien sûr l’Algérie”.Allusion assumée au ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, qui a défaut de “résultats” tangibles “contre la criminalité et le trafic de drogue”, offre un “spectacle d’impuissance”.A l’écrit, il pourfend plus largement la “logique d’enracinement parfois xénophobe” d’une certaine droite “qui réduit l’identité à l’héritage, à la biologie, à une pureté fantasmée”. Et prend le parti d’une laïcité brandie “non comme une arme, mais comme une promesse républicaine”.- “Nous avons des atouts” -La rupture semble donc consommée entre l’ancien rival de Nicolas Sarkozy et ce qui reste de sa famille politique d’origine. Contrairement aux Républicains d’aujourd’hui, Dominique de Villepin revendique d’être resté “exactement sur la même ligne” et de “refuser tout glissement vers cette tentation identitaire” encouragée par des “puissances” cherchant à “dominer le jeu en France et en Europe”.A l’aide de “mouvements populistes dans la main de quelques élites” et sous la coupe “d’influences étrangères”, le Vieux continent serait ainsi destiné à devenir “le parfait vassal (…) dont on prendrait la richesse”.Perspective insupportable à l’homme qui incarna le refus de la seconde guerre d’Irak en 2003. Aujourd’hui comme hier, “l’avenir qui nous est promis n’est pas acceptable” et “tout commence par la capacité à dire non”, assène-t-il.Pas simplement pour le panache. “L’idée c’est d’abord une mobilisation des esprits, des consciences, mais c’est surtout de montrer que nous ne sommes pas impuissants”, explique-t-il, soulignant au contraire “à quel point nous avons des atouts, à quel point il y a des marges de manoeuvre, à quel point nous pourrions mener d’autres politiques”.Y compris pour une “jeunesse trois fois sacrifiée” sur l’autel de “la dette” financière, de la “dette écologique” et qui n’aura “sans doute jamais de retraite”. Ce “sacrifice de nos enfants, je ne l’accepte pas”, s’indigne encore le père du “contrat première embauche” mort-né en 2006 qui lui a coûté cher à l’époque dans la course à l’Elysée – une “incompréhension” dont il a “souffert”.Il y a loin toutefois de la révolte au pouvoir, pour celui qui prétend “mener à tous les niveaux” un “combat existentiel pour la démocratie et la République”. Au milieu de ses nombreuses apparitions médiatiques, ce livre marque “à l’évidence un engagement supplémentaire”, reconnaît-il cependant.Un jalon de plus vers un retour en politique? Le grand fauve esquive: “Mon premier devoir, c’est de faire en sorte d’apporter jusqu’au bout la contribution qui est la mienne”.

Soupçons de soumission chimique: procès requis contre le sénateur Joël Guerriau

Le parquet de Paris a requis lundi un procès contre le sénateur Joël Guerriau, soupçonné d’avoir drogué à son insu la députée Sandrine Josso afin de l’agresser sexuellement, a appris l’AFP de source proche du dossier.Le parquet a requis un procès devant le tribunal correctionnel pour ces faits, qui remontent à la mi-novembre 2023. Le sénateur centriste est soupçonné d’avoir dilué de la MDMA dans une coupe de champagne, d’après la source proche du dossier.Cette affaire a mis en lumière le fléau de la soumission chimique jusque dans les hautes sphères du monde politique.Le 14 novembre 2023, Mme Josso, députée MoDem de Loire-Atlantique, s’était rendue au domicile parisien de son “ami politique”, comme elle l’a décrit au cours de l’enquête devant les magistrats, qui célébrait sa réélection.Seule invitée, elle en était ressortie avec 388 ng/ml d’ecstasy dans le sang, d’après les analyses toxicologiques dont l’AFP a eu connaissance. Une dose bien supérieure à la quantité dite récréative.Ces analyses montraient aussi une absence de stupéfiants pendant les sept mois qui ont précédé cette soirée. Comment Mme Josso s’est-elle retrouvée, ce soir-là, avec autant d’ecstasy dans le sang ?Dans ce dossier, l’absorption de drogue et ses effets délétères sur Mme Josso, qui souffre un an après d’un stress post-traumatique, ne semblent pas discutés. Tout l’enjeu repose sur l’intention.Pour le parquet de Paris, le produit stupéfiant a été placé dans le verre “à dessein”.Dans ses réquisitions dont l’AFP a eu connaissance, le ministère public souligne les déclarations “évolutives” et “pas cohérentes du sénateur. De plus, une expertise informatique a révélé “de nombreuses recherches en lien avec la drogue et le viol”, “un peu plus d’un mois avant les faits”, puis “le lendemain”.”Il est ainsi acquis que Joël Guerriau était informé sur les effets et le but de la substance administrée”, estime le parquet.Depuis sa mise en examen, le parlementaire, placé sous contrôle judiciaire, n’est plus apparu dans l’hémicycle et a été suspendu de son parti Horizons et de son groupe parlementaire Les Indépendants-République et Territoires.Il avait en revanche exclu de démissionner, estimant en septembre 2024 “totalement injuste” de quitter ses fonctions alors que la justice n’avait pas encore “tranché”.

Municipales à Paris: Place Publique investit son chef de file pour “unir à gauche”, sans LFI

Le parti Place Publique de Raphaël Glucksmann a investi lundi pour la première fois un chef de file pour les municipales à Paris, Saïd Benmouffok, dans l’optique d’unir la gauche dès le premier tour, sans LFI.”Il faut qu’on apporte un souffle nouveau pour que Paris reste à gauche en 2026″, a déclaré l’AFP Saïd Benmouffok, coordinateur de la section parisienne de Place publique, qui compte 1.500 adhérents sur les 11.000 au niveau national.C’est la première fois que le parti fondé en 2018 par Raphaël Glucksmann investit un chef de file pour les municipales à Paris, afin de “prolonger la dynamique des élections européennes” qui ont placé l’eurodéputé en tête dans la capitale, a souligné Saïd Benmouffok.”Place Publique va discuter avec les forces de gauche (PS, PCF, Ecologistes) pour trouver un rassemblement le plus large possible, dès le premier tour, car personne ne peut gagner Paris tout seul”, a ajouté ce professeur de philosophie de 41 ans qui fut conseiller de la maire socialiste Anne Hidalgo pendant cinq ans.”Mais il n’y aura pas d’alliance avec LFI”, a précisé Saïd Benmouffok, comme l’ont également fait savoir les candidats à la primaire socialiste du 30 juin, Rémi Féraud, Emmanuel Grégoire et Marion Waller.L’écologiste David Belliard, tout juste investi par son parti, prône lui une union de toute la gauche, y compris LFI.Le chef de file de Place Publique entend porter “une gauche attachée aux liens entre la justice sociale, l’écologie et la démocratie”.”S’il doit y avoir une incarnation forte à gauche, ça doit être à travers la force des idées. Rachida Dati, c’est l’inverse. C’est l’incarnation sans les idées”, a-t-il taclé.

Au Caire, Macron rejette tout “déplacement” des habitants de Gaza et tout rôle futur du Hamas

Emmanuel Macron a apporté lundi au Caire son soutien au plan arabe pour Gaza, s’opposant “fermement aux déplacements de populations” face aux ambitions de Donald Trump, mais a aussi donné des gages aux Etats-Unis en rejetant tout rôle futur du Hamas dans le territoire palestinien.Au côté de son homologue égyptien Abdel Fattah al-Sissi, le président français a déroulé le volet politique de cette visite en Egypte essentiellement consacrée à la guerre à Gaza, avant un volet humanitaire mardi.”L’Égypte et la France partagent une convergence de vues”, a-t-il dit. “Nous condamnons la reprise des frappes israéliennes à Gaza” depuis le 18 mars après deux mois de trêve, a-t-il ajouté, évoquant “un recul dramatique” de la situation.Tour à tour, les deux dirigeants ont appelé à un “retour immédiat au cessez-le-feu” et à une reprise de l’aide humanitaire pour les 2,4 millions de Gazaouis, dont la quasi-totalité ont été déplacés au moins une fois par les combats dans le territoire assiégé.Emmanuel Macron a “salué les efforts inlassables déployés par l’Égypte” en tant que co-médiateur pour la trêve et la libération des otages encore retenus par le Hamas depuis l’attaque du 7 octobre 2023 contre Israël, qui a déclenché la guerre.Les présidents français et égyptien, qui s’étaient retrouvés la veille pour une promenade et un dîner dans le célèbre souk Khan al-Khalili de la capitale égyptienne, ont été rejoints lundi par le roi Abdallah II de Jordanie pour un sommet à trois.Pour la diplomatie française, c’est une manière d’afficher sa solidarité avec deux pays voisins de la bande de Gaza ébranlés par le projet du président américain. D’autant plus que le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, partisan de ce plan, devait être reçu lundi à la Maison Blanche.Début février, Donald Trump a suscité un tollé international en évoquant une prise de contrôle de la bande de Gaza par les Etats-Unis pour la reconstruire et en faire la “Riviera du Moyen-Orient”. Pour cela, ses habitants pourraient être déplacés vers l’Egypte et la Jordanie, qui ont vivement rejeté cette option mais doivent composer avec la pression américaine.- Etape symbolique -“Nous nous opposons fermement aux déplacements de populations et à toute annexion de Gaza comme de la Cisjordanie”, occupée par Israël depuis 1967, a martelé Emmanuel Macron. “Il s’agirait d’une violation du droit international, d’une menace grave pour la sécurité de toute la région, y compris celle d’Israël”, a-t-il ajouté.Il a aussi exprimé le soutien de la France au plan arabe, qualifié de “voie réaliste à la reconstruction de Gaza”, conçu comme une réponse au plan Trump. Cette initiative, préparée par l’Egypte, prévoit de ne pas déplacer les Gazaouis.  Paris estime toutefois qu’il faut “encore renforcer” ce plan, notamment sur “la sécurité” et la “gouvernance” du territoire palestinien, pour rassurer des Américains réticents. Les pays arabes prévoient un retour progressif de l’Autorité palestinienne, au détriment du Hamas qui dirige Gaza depuis 2007.”Le Hamas ne doit avoir aucune part à cette gouvernance, ne doit plus constituer une menace pour Israël”, a insisté Emmanuel Macron, assurant que cette question était à l’ordre du jour de ses entretiens.Abdel Fattah al-Sissi a pour sa part prévenu que “la paix durable et la stabilité permanente au Moyen-Orient seront loin d’être réalisés tant que la cause palestinienne restera sans solution équitable”.Le président français organise en juin à l’ONU, avec le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, une conférence sur la solution à deux Etats, israélien et palestinien. Ce rendez-vous pourrait, selon des sources diplomatiques, constituer le “moment opportun” que la France attend pour éventuellement reconnaître un Etat palestinien.Mardi, M. Macron se rendra, accompagné de son homologue égyptien, dans la ville d’al-Arich, dans le nord de la péninsule du Sinaï, à 50 kilomètres du point de passage de Rafah par lequel est censée transiter l’aide humanitaire vers Gaza, à nouveau stoppée depuis un mois.Lors de cette étape hautement symbolique, il appellera à “la réouverture des points de passage pour l’acheminement de fret humanitaire à Gaza”, selon la présidence française.Dans ce port méditerranéen qui sert de base arrière pour l’aide, il va rencontrer des personnels d’ONG françaises, des Nations unies, du Croissant-Rouge égyptien, mais aussi probablement des “bénéficiaires” palestiniens de l’action humanitaire, selon la même source.Sur le plan bilatéral franco-égyptien, plusieurs accords économiques doivent être signés lundi dans les transports, la santé, les énergies renouvelables ou le domaine universitaire.