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Mayotte: face Ă  la dĂ©tresse d’Ă©lèves, Borne promet de rĂ©tablir l’Ă©cole “le plus vite possible”

Face Ă  la dĂ©tresse d’Ă©lèves qui ont tout perdu après le cyclone Chido, la ministre de l’Education Elisabeth Borne a promis jeudi Ă  Mayotte de rĂ©tablir l’Ă©cole “le plus vite possible” pour y accueillir les enfants toute la journĂ©e.”Il faut qu’on puisse accueillir les enfants toute la journĂ©e, on va travailler pour remettre le plus vite possible l’Ă©cole”, a assurĂ© la ministre, en visite de deux jours dans ce territoire français de l’ocĂ©an Indien avec le ministre des Outre-mer, Manuel Valls.Lundi, 115.000 Ă©lèves ont commencĂ© Ă  reprendre le chemin de l’Ă©cole dans ce  dĂ©partement ravagĂ© le 14 dĂ©cembre par le cyclone tropical Chido, qui a causĂ© la mort d’au moins 39 personnes et des dĂ©gâts colossaux. Trois jours après cette rentrĂ©e dans des conditions dĂ©gradĂ©es, la ministre a notamment visitĂ© une Ă©cole primaire Ă  Labattoir. LĂ , le directeur de l’Ă©tablissement, Michel Roche, a soulignĂ© la grande difficultĂ© des Ă©lèves.- “Tout perdu” -Une enseignante a expliquĂ© Ă  la ministre avoir passĂ© un mois sans Ă©lectricitĂ©, un autre a dĂ©crit combien les Ă©lèves sont sans matĂ©riel, sans vĂŞtement, qu’ils ont soif, que certains “ont tout perdu”, et qu’une enfant a vu son père mourir pendant le cyclone. “L’Ă©cole est indispensable partout, mais ici, c’est un havre de paix, oĂą il y a la collation”, a dĂ©clarĂ© Mme Borne, soulignant le rĂ´le crucial des Ă©tablissements scolaires pour des enfants qui manquent de nourriture et d’eau.”Il est important qu’on puisse aller Ă  l’Ă©cole toute la journĂ©e”, a reconnu la ministre, interpellĂ©e par une Ă©lève qui lui demandait quand ils pourront revenir Ă  l’Ă©cole sans rotation.La ministre, soulignant les difficultĂ©s antĂ©rieures Ă  Chido, assure que “le matĂ©riel de base” sera “redonnĂ©” aux Ă©lèves de Mayotte, dĂ©partement le plus jeune de France, oĂą plus de la moitiĂ© de la population a moins de 18 ans.Un membre du rectorat lui a prĂ©sentĂ© la logistique de distribution de kits solaires. Quelque 130 palettes de matĂ©riel scolaire ont Ă©tĂ© reçues par fret aĂ©rien. Des kits (crayon, colle, stylo, cahier) vont ĂŞtre dispatchĂ©s sur trois pĂ´les en Grande-Terre, l’Ă®le principale, oĂą les Ă©coles pourront venir les rĂ©cupĂ©rer. En Petite-Terre, des kits ont dĂ©jĂ  Ă©tĂ© distribuĂ©s.- DĂ©marrage prudent -Avant Chido, le système scolaire de Mayotte, dĂ©partement le plus pauvre de France oĂą la moitiĂ© des habitants a moins de 18 ans et ne parle pas français, Ă©tait dĂ©jĂ  dĂ©faillant.Selon les plannings diffusĂ©s par le rectorat, les collĂ©giens et lycĂ©ens sont accueillis un Ă  deux jours en cette semaine de la rentrĂ©e. “Les solutions sont diffĂ©rentes, mais on accueille près de 75% des Ă©lèves dans le second degrĂ©, on est Ă  50-55% dans le premier degrĂ©. On a fait le choix de dĂ©marrer prudemment, y compris pour que les professeurs puissent ĂŞtre attentifs Ă  la situation des Ă©lèves, puissent repĂ©rer (…) les Ă©lèves qui pourraient avoir Ă©tĂ© choquĂ©s psychologiquement”, a expliquĂ© jeudi la ministre lors d’un point presse.”Il y a pour chaque Ă©lèves des cahiers, des crayons, des stylos (…), les fournitures arrivent et elles sont lĂ ”, a-t-elle ajoutĂ©. Elle Ă©voque un nouvel approvisionnement “d’ici quelques semaines” par voie maritime. RĂ©pondant sur les effectifs et les rumeurs de dĂ©parts de professeurs, la ministre a affirmĂ© que “les professeurs sont Ă  95% prĂ©sents dans le second degrĂ©”.La rentrĂ©e a par ailleurs Ă©tĂ© marquĂ©e lundi par un mouvement de grève Ă  l’appel du syndicat FSU-SNUipp Mayotte.En 2022, un rapport de la chambre rĂ©gionale des comptes (CRC) dĂ©crivait des Ă©tablissements “saturĂ©s” et un bâti “dĂ©gradĂ© requĂ©rant des travaux de rĂ©novation importants”.

Budget de l’Etat: les parlementaires en conclave pour aboutir Ă  un compromis

Une Ă©tape cruciale, mais ne prĂ©jugeant pas du sort final du texte: sept dĂ©putĂ©s et sept sĂ©nateurs tentent jeudi de s’entendre sur une version commune du budget de l’État, examinĂ©e le cas Ă©chĂ©ant par les dĂ©putĂ©s lundi, avec sans doute le premier 49.3 de François Bayrou, toujours menacĂ© de censure. La commission mixte paritaire (CMP), qui a commencĂ© ses travaux Ă  09H30 et pourrait si nĂ©cessaire les poursuivre vendredi, est dominĂ©e par la coalition gouvernementale, avec huit parlementaires issus de ses rangs. Une composition qui prĂ©sage d’une issue favorable des dĂ©bats, malgrĂ© des divergences de vue entre la droite et les macronistes.En cas d’accord, les conclusions de la CMP seront examinĂ©es dans l’hĂ©micycle de l’AssemblĂ©e lundi et au SĂ©nat jeudi 6 fĂ©vrier. Faute de majoritĂ© Ă  la chambre basse, le Premier ministre devrait faire usage de l’article 49 alinĂ©a 3 de la Constitution, pour faire adopter le texte sans vote, s’exposant pour la deuxième fois Ă  la censure des dĂ©putĂ©s.Le nĂ©gociateur PS de la CMP Philippe Brun a d’emblĂ©e mis la pression, en prĂ©venant que faute “d’ouverture Ă  gauche” jeudi, “il y aura censure” du gouvernement la semaine prochaine. Plus sibyllin, le patron des dĂ©putĂ©s socialistes Boris Vallaud s’est contentĂ© de dire: “Nous avons des propositions de réécriture et nous les dĂ©fendrons”.- Le RN hausse le ton -Les nĂ©gociations entre les gouvernement et le parti Ă  la rose, engagĂ©s depuis plusieurs semaines, s’Ă©taient interrompues mardi après la sortie de François Bayrou sur “le sentiment de submersion” migratoire selon lui ressenti par les Français. Jeudi, le prĂ©sident du SĂ©nat GĂ©rard Larcher a appelĂ© le groupe de Boris Vallaud Ă  la “responsabilitĂ©”. “Est-ce qu’on peut continuer Ă  ĂŞtre sans budget, avec les consĂ©quences que ça a au quotidien pour les citoyens, pour les collectivitĂ©s territoriales, pour le monde Ă©conomique ?”, a-t-il interrogĂ©.Mais les socialistes ne sont pas les seuls mĂ©contents. Selon plusieurs participants jeudi en CMP, le Rassemblement national a Ă©galement haussĂ© le ton, menaçant le gouvernement d’une censure s’il maintient d’ici lundi un article qui rĂ©forme la tarification de l’Ă©lectricitĂ© en France avec un mĂ©canisme de partage des revenus du nuclĂ©aire.Au sein du socle commun, un terrain d’entente semble nĂ©anmoins avoir Ă©tĂ© trouvĂ©. Les deux chefs de file des discussions en CMP, le rapporteur gĂ©nĂ©ral du Budget au SĂ©nat Jean-François Husson (LR), et le reprĂ©sentant des dĂ©putĂ©s Renaissance David Amiel, ont ainsi commencĂ© Ă  proposer leur version commune du projet de loi. Une copie susceptible de rĂ©duire le dĂ©ficit Ă  5,4% du PIB comme souhaitĂ© par le gouvernement, au prix d’un effort budgĂ©taire de 50 milliards d’euros.Parmi les premières mesures adoptĂ©es par ce conclave, selon plusieurs participants: la contribution diffĂ©rentielle demandĂ©e aux plus hauts revenus en 2025, censĂ©e rapporter environ deux milliards. La gauche espĂ©rait la voir Ă©tendue, voire pĂ©rennisĂ©e, mais n’a pas Ă©tĂ© entendue.- Accord sur l’AME ? -“Je vois difficilement comment (la CMP) ne serait pas conclusive”, a observĂ© le prĂ©sident de la commission des Finances Eric Coquerel (LFI) sur TF1, dĂ©plorant de son cĂ´tĂ© “un budget plus austĂ©ritaire” que ne l’Ă©tait celui de Michel Barnier, censurĂ© dĂ©but dĂ©cembre.Parmi les sujets les plus clivants au sein du socle commun, l’Aide mĂ©dicale d’Etat rĂ©servĂ©e aux Ă©trangers en situation irrĂ©gulière, dont la droite souhaite voir les crĂ©dits diminuer de 200 millions d’euros (sur 1,3 milliard d’euros), contre l’avis de la ministre du Budget AmĂ©lie de Montchalin et de nombreux macronistes. Les socialistes en font mĂŞme “une ligne rouge” absolue.La version commune proposĂ©e MM. Husson et Amiel devait acter cette rĂ©duction, selon des sources parlementaires, mais des arbitrages sont toujours envisageables jusqu’Ă  la dernière minute.”Pour nous, un budget de l’AME auquel on ne touche pas, ce n’est juste pas possible”, a soulignĂ© mercredi un responsable des RĂ©publicains. “On ne peut pas avoir un Premier ministre qui nous parle de submersion migratoire mais qui n’en tire aucune consĂ©quence.”L’AME, “c’est un des points difficiles”, a reconnu jeudi Jean-RenĂ© Cazeneuve, membre Renaissance de la CMP en tant que supplĂ©ant. “J’espère qu’on trouvera un compromis”.”Il nous faut absolument un budget la semaine prochaine. C’est absolument vital pour notre pays, donc nous avons fait un certain nombre de sacrifices”, a-t-il ajoutĂ©, indiquant s’attendre Ă  la CMP “la plus longue et la plus difficile de la Ve RĂ©publique”.

Budget de l’Etat: un conclave dĂ©cisif entre dĂ©putĂ©s et sĂ©nateurs Ă  l’AssemblĂ©e jeudi

Une Ă©tape cruciale, mais ne prĂ©jugeant pas du sort final du texte: sept dĂ©putĂ©s et sept sĂ©nateurs se retrouvent jeudi Ă  l’AssemblĂ©e nationale pour tenter de s’entendre sur une version commune du budget de l’État, examinĂ©e le cas Ă©chĂ©ant par les dĂ©putĂ©s lundi, avec sans doute le premier 49.3 de François Bayrou.La commission mixte paritaire (CMP), qui a commencĂ© ses travaux Ă  09H30 et pourrait si nĂ©cessaire les poursuivre vendredi, est dominĂ©e par la coalition gouvernementale, avec huit parlementaires issus de ses rangs. Une composition qui prĂ©sage d’une issue favorable des dĂ©bats, malgrĂ© des divergences de vue entre la droite et les macronistes.Dans cette hypothèse, les conclusions de la CMP seront examinĂ©es dans l’hĂ©micycle de l’AssemblĂ©e lundi et au SĂ©nat mardi. Faute de majoritĂ© Ă  la chambre basse, le Premier ministre devrait faire usage de l’article 49 alinĂ©a 3 de la Constitution, pour faire adopter le texte sans vote. S’exposant pour la deuxième fois Ă  la censure des dĂ©putĂ©s.Le nĂ©gociateur PS de la CMP Philippe Brun a d’emblĂ©e mis la pression, en prĂ©venant que faute “d’ouverture Ă  gauche” jeudi, “il y aura censure” du gouvernement la semaine prochaine. Plus sibyllin, le patron des dĂ©putĂ©s socialistes Boris Vallaud s’est contentĂ© de dire: “Nous avons des propositions de réécriture et nous les dĂ©fendrons”.Les nĂ©gociations entre les gouvernement et le parti Ă  la rose, engagĂ©s depuis plusieurs semaines, s’Ă©taient interrompues mardi après la sortie de François Bayrou sur “le sentiment de submersion” migratoire selon lui ressenti par les Français. Jeudi, le prĂ©sident du SĂ©nat GĂ©rard Larcher a appelĂ© le groupe de Boris Vallaud Ă  la “responsabilitĂ©”. “Est-ce qu’on peut continuer Ă  ĂŞtre sans budget, avec les consĂ©quences que ça a au quotidien pour les citoyens, pour les collectivitĂ©s territoriales, pour le monde Ă©conomique ?”, a-t-il interrogĂ©.- Accord sur l’AME ? -Au sein du socle commun aussi, les discussions se sont poursuivies pour trouver un terrain d’entente. Les deux chefs de file des discussions en CMP, le rapporteur gĂ©nĂ©ral du Budget au SĂ©nat Jean-François Husson (LR), et le reprĂ©sentant des dĂ©putĂ©s Renaissance David Amiel, ont multipliĂ© ces derniers jours les rendez-vous pour accorder leurs points de vue.”Cela avance plutĂ´t bien, il reste quelques ajustements, mais les choses sont bien engagĂ©es”, s’est fĂ©licitĂ© mercredi M. Husson auprès de l’AFP, escomptant que la copie issue de la CMP permette au gouvernement de rĂ©duire le dĂ©ficit Ă  5,4% du PIB comme prĂ©vu, au prix d’un effort budgĂ©taire de 50 milliards d’euros.”Je vois difficilement comment (la CMP) ne serait pas conclusive”, a observĂ© le prĂ©sident de la commission des Finances Eric Coquerel (LFI) sur TF1, dĂ©plorant de son cĂ´tĂ© “un budget plus austĂ©ritaire” que ne l’Ă©tait celui de Michel Barnier, censurĂ© dĂ©but dĂ©cembre.Parmi les sujets les plus clivants au sein du socle commun, l’Aide mĂ©dicale d’Etat rĂ©servĂ©e aux Ă©trangers en situation irrĂ©gulière, dont la droite souhaite voir les crĂ©dits diminuer de 200 millions d’euros, contre l’avis de la ministre du Budget AmĂ©lie de Montchalin et de nombreux macronistes. Les socialistes en font mĂŞme “une ligne rouge” absolue.In fine, la version commune proposĂ©e MM. Husson et Amiel devrait acter cette rĂ©duction, selon une source parlementaire.LR a fortement poussĂ© en ce sens. “Pour nous, un budget de l’AME auquel on ne touche pas, ce n’est juste pas possible”, a soulignĂ© mercredi un responsable du parti. “On ne peut pas avoir un Premier ministre qui nous parle de submersion migratoire mais qui n’en tire aucune consĂ©quence.”Le prĂ©sident de Renaissance Gabriel Attal, qui avait souhaitĂ© après la chute de Michel Barnier que la majoritĂ© sorte de la tutelle du Rassemblement national, a lui apportĂ© mercredi son soutien Ă  François Bayrou dans sa recherche d’un accord avec les socialistes.”Personne, aucun groupe politique n’est totalement satisfait par ce budget. C’est peut-ĂŞtre la preuve qu’il y a une forme de compromis”, a-t-il jugĂ©.La droite mettant de son cĂ´tĂ© en garde contre des concessions excessives: “Un coup de pouce au Smic, ça ne rĂ©pond pas au sujet”, a tranchĂ© le cadre citĂ© plus haut.”On marchera sur un fil Ă©troit, en tentant de pencher ni trop a gauche, pour Ă©viter que la droite ne vote plus le texte, ni trop a droite car les socialistes le censureraient”, a prĂ©venu mercredi la sĂ©natrice Christine Lavarde, cheffe de file budget du groupe LR, et membre de la CMP.”Avec quand mĂŞme une inconnue, le choix du RN”, “acteur clĂ© du système”, relève-t-elle. Le RN n’a pour l’instant pas dĂ©voilĂ© sa position.

L’air de rien, Macron dĂ©fend sa politique et son bilan

Un chef de l’Etat dans l’arène, vantant sa politique Ă©conomique et son bilan : Emmanuel Macron, en retrait de la gouvernance du pays depuis la dissolution de l’AssemblĂ©e, a retrouvĂ© mercredi des accents de prĂ©sident “qui gouverne” lors d’un dĂ©placement dans le nord de la France.”J’entends parfois tous les dĂ©bats qu’on a en ce moment. Moi je ne fais pas de politique. Je ne sais pas si c’est de droite ou de gauche. Je sais que ça marche”, a-t-il martelĂ© en visitant un site du groupe Framatome, gĂ©ant de la filière nuclĂ©aire, Ă  Maubeuge (Nord).”La constance et la stabilitĂ© c’est ce qui permet de tenir”, a-t-il insistĂ© comme en Ă©cho aux propos de Bernard Arnault, le PDG du numĂ©ro un mondial du luxe LVMH, qui a dĂ©noncĂ© mardi l’augmentation prĂ©vue des impĂ´ts sur les entreprises françaises.Le patron de LVMH a jugĂ© qu’il s’agissait d’une “taxe sur le made in France” qui “pousse Ă  la dĂ©localisation” et vantĂ© en contrepoint la politique du prĂ©sident Donald Trump aux Etats-Unis.”Une politique qui aide les entreprises Ă  investir, qui rĂ©compense le travail et qui aide Ă  rĂ©investir et Ă  innover c’est une politique qui permet de crĂ©er de l’emploi et d’industrialiser. Il y a pas de secret”, a insistĂ© Emmanuel Macron.Le chef de l’Etat a rarĂ©fiĂ© ses prises de parole depuis la dissolution, se posant en “prĂ©sident qui prĂ©side” face Ă  un “gouvernement qui gouverne”.- “Pas de fatalitĂ©” -Pour ce premier dĂ©placement de terrain depuis septembre – alors qu’ils Ă©taient quasi hebdomadaires du temps de “l’hyperprĂ©sidence” –  il a retrouvĂ© sa tonalitĂ© d’avant, lorsqu’il dĂ©roulait toutes les annonces Ă  l’Ă©chelle nationale, de l’Ă©ducation aux transports.Venu annoncer un nouveau plan de soutien de quelque 290 millions d’euros pour le dĂ©veloppement du territoire dĂ©shĂ©ritĂ© de Sambre-Avesnois-ThiĂ©rache, Ă  la frontière avec la Belgique, il a dĂ©clinĂ© les projets qui allaient ĂŞtre financĂ©s, de la santĂ© Ă  la crĂ©ation d’une brigade contre les violences intrafamiliales.”Vous dĂ©montrez que quand on s’accroche, quand on le veut, quand on se bat, quand on se donne les moyens et qu’on se fait confiance, il n’y a aucune fatalitĂ©. Il n’y a que des projets et des solutions qui avancent. C’est ce pour quoi nous nous battons”, a-t-il lancĂ© Ă  Aulnoye-Aymeries (Nord).Avec une scĂ©nographie qui rappelait celle des grands dĂ©bats lors de la crise des Gilets jaunes, avec un prĂ©sident en verve, parlant debout, au milieu d’Ă©lus et responsables Ă©conomiques.S’il a perdu la main sur la politique Ă©conomique et sociale au profit du Premier ministre, Emmanuel Macron entend continuer Ă  incarner des batailles emblĂ©matiques, comme celle pour une “nouvelle Renaissance” du Louvre, avec une sĂ©rie d’annonces mardi.Le prĂ©sident est “en charge Ă  la fois de l’essentiel et puis du quotidien”, martèle l’ElysĂ©e.- RN en embuscade -Les deux premiers plans dĂ©roulĂ©s sous sa houlette sur ce territoire, Ă  cheval entre le Nord et l’Aine, y ont fait reculer le chĂ´mage de 16,5% en 2017 Ă  12% en 2024 et relancĂ© les crĂ©ations d’entreprises avec quelque 2.500 par an contre 1.500 en 2018, se fĂ©licite l’ElysĂ©e.Ils ont permis de doubler le nombre de voies de la RN2, de construire un nouveau complexe hospitalier Ă  Maubeuge, un commissariat Ă  Aulnoye ou de rĂ©habiliter 70.000 logements et nombre de friches industrielles.Sans enrayer pour autant la montĂ©e du Rassemblement national (RN) dans ce secteur aux lĂ©gislatives de 2022 et 2024. “C’est vrai que, aujourd’hui, les Ă©lecteurs n’ont pas dit : +On est contents de cette politique, on revote pour elle+”, a concĂ©dĂ© le chef de l’Etat dans une interview Ă  plusieurs mĂ©dias rĂ©gionaux dont La Voix du Nord.”On le voit bien, les gens vont vers les extrĂŞmes qui catalysent une colère, un ras-le-bol qui existe chez les gens, ce que j’entends”, a-t-il ajoutĂ© tout en appelant Ă  “confronter” ce “discours dĂ©cliniste”.Ironie de l’histoire, Emmanuel Macron Ă©tait accompagnĂ© par le prĂ©sident LR des Hauts-de-France, Xavier Bertrand, pressenti un temps pour Matignon après la dissolution avant d’ĂŞtre recalĂ© sur pression du RN.

Budget: Bayrou cherche Ă  apaiser les socialistes, discussions toujours dans l’impasse

Sans se renier, François Bayrou a cherchĂ© mercredi Ă  apaiser les socialistes, très remontĂ©s contre son emploi du terme “submersion” migratoire, Ă  la veille d’une rĂ©union dĂ©cisive sur le budget, oĂą la censure du gouvernement est en jeu.Mais les nĂ©gociations budgĂ©taires semblaient toujours dans l’impasse mercredi soir avec le Parti socialiste, qui cherche Ă  obtenir des concessions en Ă©change d’une non-censure. La veille, le PS avait annulĂ© des discussions pour protester contre les propos du Premier ministre sur l’immigration.Sans se dĂ©dire de l’utilisation du terme de “submersion”, le Premier ministre a invitĂ© au SĂ©nat les parlementaires Ă  “reconstruire ensemble” un modèle d'”intĂ©gration” qu’il juge en “panne”, une proposition applaudie par plusieurs Ă©lus socialistes. Sa dĂ©claration Ă©tait lue par le ministre des Relations avec le Parlement, Patrick Mignola.Le chef de file des sĂ©nateurs PS, Patrick Kanner, s’est dit pourtant “déçu” par la rĂ©ponse de François Bayrou mĂŞme s’il l’a jugĂ©e “nuancĂ©e”, en l’accusant de “servir la soupe Ă  l’extrĂŞme droite”.”S’il veut encore (…) un accord ponctuel de non censure, je lui demande encore des efforts”, a affirmĂ© M. Kanner. Le PS rĂ©clame que le gouvernement ne touche pas Ă  l’Aide mĂ©dicale d’Etat (AME) pour les sans papiers, dans le viseur de l’extrĂŞme droite, et d’autres concessions sur le pouvoir d’achat et l’Ă©cologie.Le budget de l’AME, qui permet aux immigrĂ©s sans titre de sĂ©jour rĂ©gulier de se faire soigner, a Ă©tĂ© diminuĂ© de 200 millions d’euros par le SĂ©nat Ă  majoritĂ© de droite dans le projet de budget 2025 actuellement en discussion.- “Bataille de mots”-La porte-parole du gouvernement avait opposĂ© auparavant une fin de non recevoir aux demandes socialistes, en les appelant Ă  ne pas prendre en “otages” les finances publiques, “sujet numĂ©ro un pour notre pays”.”Les Français ne comprennent pas cette bataille de mots”, avait justifiĂ© Sophie Primas Ă  l’issue du Conseil des ministres, alors qu’un sondage publiĂ© en fin d’après-midi semblait conforter la position de François Bayrou. Près de deux Français sur trois (64%) estiment que le Premier ministre a eu “raison” d’employer le terme de “submersion” migratoire, selon l’institut Elabe.Mme Primas a nĂ©anmoins assurĂ© que des nĂ©gociations Ă©taient “en cours” entre les dĂ©putĂ©s et sĂ©nateurs qui se rĂ©uniront jeudi en commission mixte paritaire (CMP) pour trouver un compromis sur le projet de loi de finances pour 2025.- “Calculs” -Après les propos de M. Bayrou, les socialistes se placent dĂ©sormais sur le terrain des valeurs.Certains dĂ©putĂ©s PS “espĂ©raient hier encore que (les propos sur la “submersion”, NDLR) soient une maladresse”, selon la maire PS de Nantes, Johanna Rolland, mais François Bayrou “n’est pas un perdreau de l’annĂ©e, il sait que reprendre les mots de l’extrĂŞme droite, c’est offrir une victoire Ă  l’extrĂŞme droite”.”Quand l’essentiel est en jeu, on ne peut pas se permettre de faire des calculs” sur le budget et la stabilitĂ©, estime-t-elle.Le gouvernement a engagĂ© des discussions avec les socialistes sur le budget pour essayer d’obtenir qu’ils ne votent pas la motion de censure que la France insoumise (LFI) dĂ©posera la semaine prochaine et qui devrait ĂŞtre dĂ©battue mercredi ou jeudi.A l’opposĂ©, le Rassemblement national a estimĂ© que les mots du Premier ministre n’Ă©taient pas suffisants. “La parole ne soigne pas, ce sont les actes qui soignent”, a dit Marine Le Pen sur LCI.Dans l’expression de “submersion” migratoire, il n’y a “nulle tactique pour plaire ou dĂ©plaire Ă  qui que ce soit” pour Ă©chapper Ă  la censure, s’est dĂ©fendu mercredi l’entourage du Premier ministre.”Nous ne pouvons Ă©carter ce que nos concitoyens Ă©prouvent et expriment” sur l’immigration, s’est justifiĂ© M. Bayrou.Outre les groupes politiques, les milieux Ă©conomiques mettent la pression sur M. Bayrou. Le patron de LVMH, Bernard Arnault, a fustigĂ© la taxation en prĂ©paration des grosses entreprises qui “pousse Ă  la dĂ©localisation”, et les artisans du bâtiment ont prĂ©venu que leur secteur aurait “du mal Ă  fonctionner” sans main d’oeuvre Ă©trangère.Comme en Ă©cho, le prĂ©sident Emmanuel Macron a dĂ©fendu mercredi soir ses politiques favorables aux entreprises lors d’un dĂ©placement dans le Nord.”Une politique qui aide les entreprises Ă  investir, qui rĂ©compense le travail (…), c’est une politique qui permet de crĂ©er de l’emploi et d’industrialiser. Il y a pas de secret”, a-t-il soulignĂ©, prĂ´nant la “stabilitĂ©”.

Le Pen assure que Bardella demeure celui qui a vocation Ă  devenir Premier ministre au RN

Marine Le Pen a assurĂ© mercredi sur LCI qu’elle n’entendait pas devenir Premier ministre si le RN devait obtenir une majoritĂ© lors de futures Ă©lections lĂ©gislatives, assurant que Jordan Bardella avait vocation Ă  s’installer Ă  Matignon.Dans son Ă©dition de mercredi, Le Canard enchaĂ®nĂ© avait assurĂ© que la triple candidate malheureuse Ă  la prĂ©sidentielle avait dĂ©cidĂ©, en cas de nouvelle dissolution et de victoire du RN, de diriger le gouvernement, ce dont elle se serait ouverte “auprès de sa garde rapprochĂ©e”, selon l’hebdomadaire.”MalgrĂ© les dĂ©clarations du Canard enchaĂ®nĂ©, ça ne change pas”, a assurĂ© Mme Le Pen. “J’ai toujours dit que ce serait Jordan Bardella qui serait Premier ministre. Ça n’a pas changĂ©”, a-t-elle ajoutĂ©.”Nous travaillons depuis des annĂ©es avec un objectif qui est clair: (pour moi), c’est l’objectif de la prĂ©sidence de la RĂ©publique et (Jordan Bardella), c’est l’objectif de Matignon”, a encore appuyĂ© la dĂ©putĂ©e du Pas-de-Calais.”Il n’y a aucune difficultĂ© lĂ -dessus et je serai toujours Ă  ses cĂ´tĂ©s. Nous formons une sorte de duo qui marche extrĂŞmement bien. (…) Nous n’entendons pas changer cela pour des considĂ©rations, de quoi? D’Ă©go personnel, de carriĂ©risme, d’intĂ©rĂŞts personnels?”, a-t-elle insistĂ©.InterrogĂ©e par ailleurs quant Ă  une Ă©ventuelle dĂ©mission d’Emmanuel Macron, Marine Le Pen a assurĂ© qu’elle ne “la demande pas”, “parce que demander la dĂ©mission du prĂ©sident de la RĂ©publique ne me paraĂ®t pas conforme Ă  nos institutions”.”En revanche, je n’exclus pas du tout qu’Emmanuel Macron soit, Ă  un moment donnĂ© ou Ă  un autre, confrontĂ© Ă  une forme d’obligation”, Ă©voquant “une crise politique”, ou “une crise Ă©conomique majeure”.”Tout mois subi par notre pays avec la politique – ou la non-politique – d’Emmanuel Macron est un mois oĂą nous nous enfonçons dans les difficultĂ©s. Donc, moins ça dure et mieux on se porte”, a encore fait valoir Marine Le Pen.

Des juges du procès du RN menacés, une enquête ouverte

Une enquĂŞte a Ă©tĂ© ouverte sur des menaces de mort postĂ©es sur le site d’extrĂŞme droite Riposte laĂŻque visant trois magistrats du procès contre le RN pour dĂ©tournement de fonds europĂ©ens, a indiquĂ© mercredi le parquet de Paris, confirmant une information de Reuters.”Le PĂ´le national de lutte contre la haine en ligne (PNLH) a ouvert une enquĂŞte pour les menaces de mort au prĂ©judice de magistrats, profĂ©rĂ©es sur internet”, a prĂ©cisĂ© la mĂŞme source.Le PNLH “se dessaisira, comme d’habitude, au profit des parquets compĂ©tents en raison des domiciles de mis en cause qui seraient identifiĂ©s”, a-t-on ajoutĂ©. Selon une source proche du dossier, l’enquĂŞte est menĂ©e par la brigade de rĂ©pression de la dĂ©linquance aux personnes (BRDP).Les messages postĂ©s visent la magistrate qui a prĂ©sidĂ© ce procès qui s’est tenu du 30 septembre au 27 novembre devant le tribunal correctionnel de Paris.Les menaces concernent Ă©galement les deux procureurs qui ont requis contre les 25 prĂ©venus, dont Marine Le Pen, des peines Ă©levĂ©es assortie d’une inĂ©ligibilitĂ© avec exĂ©cution immĂ©diate, mettant en pĂ©ril les ambitions Ă©lectorales de la cheffe de file du Rassemblement national (RN) pour 2027.Selon franceinfo, les menaces ont Ă©tĂ© publiĂ©es dans les commentaires sous des articles sur le procès et supprimĂ©s depuis.”S’en prendre nommĂ©ment aux personnes qui incarnent l’institution judiciaire ne saurait ĂŞtre acceptĂ©”, a dĂ©noncĂ© le parquet. “Face Ă  ces propos violents, il est rappelĂ© qu’il est fondamental dans toute sociĂ©tĂ© dĂ©mocratique que le dĂ©bat judiciaire demeure encadrĂ© par la procĂ©dure pĂ©nale.”Pour la procureure gĂ©nĂ©rale de la cour d’appel de Paris, Marie-Suzanne Le QuĂ©au, “on assiste Ă  une dĂ©rive extrĂŞmement inquiĂ©tante ces dernières annĂ©es”.”Tous ceux qui exercent des fonctions d’autoritĂ©, (…) des magistrats mais je pense aussi aux policiers, aux gendarmes, aux enseignants, sont l’objet de plus en plus de menaces de mort et sont l’objet de propos totalement dĂ©complexĂ©s”, a-t-elle dĂ©veloppĂ© mercredi matin sur France Inter. “Ce n’est pas une spĂ©cificitĂ© de ce procès, c’est une tendance bien plus gĂ©nĂ©rale et au demeurant fort inquiĂ©tante”, a prĂ©cisĂ© la procureure gĂ©nĂ©rale.Le RN, Marine Le Pen et 24 autres personnes dont le numĂ©ro 2 du parti Louis Aliot, le porte-parole Julien Odoul ou l’ex-trĂ©sorier Wallerand de Saint-Just, sont soupçonnĂ©s d’avoir dĂ©tournĂ© 4,5 millions d’euros entre 2004 et 2016 au prĂ©judice du Parlement europĂ©en via des emplois fictifs d’assistants parlementaires. La dĂ©cision sera rendue le 31 mars.

L’ancien ministre Alain Lambert condamnĂ© pour trafic d’influence passif

L’ancien ministre Alain Lambert a Ă©tĂ© condamnĂ© mercredi Ă  Paris Ă  deux ans de prison avec sursis pour trafic d’influence passif dans le cadre de l’installation d’un centre d’enfouissement de dĂ©chets dans l’Orne.Le tribunal correctionnel a assorti cette peine d’une amende de 100.000 euros et d’une peine de cinq ans d’inĂ©ligibilitĂ©.Son ancien directeur de cabinet, Alain Pelleray, qui Ă©tait jugĂ© Ă  son cĂ´tĂ©, a lui Ă©tĂ© reconnu coupable de complicitĂ© de trafic d’influence passif et a Ă©tĂ© condamnĂ© Ă  un an de prison avec sursis, Ă  une amende de 50.000 euros et Ă  une peine de trois ans d’inĂ©ligibilitĂ©.Il leur Ă©tait notamment reprochĂ© d’avoir acceptĂ© divers avantages en Ă©change de leur intervention dans le processus d’installation d’un centre d’enfouissement de dĂ©chets de la sociĂ©tĂ© Guy Dauphin environnement (GDE) Ă  Nonant-le-Pin (Orne). Fin 2014, une plainte avait Ă©tĂ© dĂ©posĂ©e au parquet d’Argentan par les associations Sauvegarde des terres d’Ă©levage et Nonant-environnement contre Alain Lambert, alors prĂ©sident du conseil gĂ©nĂ©ral, et son directeur de cabinet, pour des faits d’atteinte Ă  la probitĂ©, après la diffusion d’un reportage sur France 2. Entre 2009 et 2013, la sociĂ©tĂ© GDE aurait sollicitĂ© l’intervention de l’ancien ministre dĂ©lĂ©guĂ© au Budget (2002-2004) et d’Alain Pelleray pour contribuer Ă  l’installation et Ă  l’exploitation du site d’enfouissement. Le prĂ©fet avait refusĂ© l’autorisation d’installation du centre, par arrĂŞtĂ©. Saisi par la sociĂ©tĂ© GDE, le tribunal administratif de Caen avait finalement annulĂ© cette dĂ©cision.Le 20 juin 2011, un courrier de la ministre de l’Écologie Nathalie Kosciusko-Morizet, Ă©mis Ă  la demande d’Alain Lambert après plusieurs Ă©changes avec elle, enjoignait notamment le prĂ©fet Ă  prendre les dispositions nĂ©cessaires Ă  l’installation du centre.Alain Pelleray aurait lui modifiĂ© un courrier de la direction rĂ©gionale de l’industrie, de la recherche et de l’environnement (DRIRE) par l’ajout d’un “avis favorable” au projet, alors que celui-ci n’indiquait initialement qu’une “absence d’incompatibilitĂ©”. En contrepartie, la sociĂ©tĂ© GDE aurait, entre autres, rĂ©gulièrement conviĂ© M. Lambert Ă  dĂ©jeuner ou dĂ®ner, lui aurait offert des chocolats, l’aurait invitĂ© Ă  survoler le massif du Mont-Blanc en hĂ©licoptère ou lui aurait proposĂ© un poste au sein de son conseil de surveillance.  Le site d’exploitation avait ouvert en 2013, mais seulement pour trois jours en raison du blocage quasi-immĂ©diat par un collectif de riverains.La Cour de Cassation avait confirmĂ© en dĂ©cembre 2016 la fermeture de la dĂ©charge ornaise, d’une capacitĂ© de traitement de 2,3 millions de tonnes. Pour les juges, ce centre de dĂ©chets prĂ©sentait un “risque de pollution des eaux de surface” dans une zone mondialement connue pour l’Ă©levage Ă©quin. 

Sans renier le terme “submersion”, Bayrou invite Ă  “reconstruire” un modèle d’intĂ©gration

“Nous ne pouvons Ă©carter ce que nos concitoyens Ă©prouvent et expriment” quand ils disent leur “sentiment de submersion” migratoire, a estimĂ© François Bayrou, dans des propos rapportĂ©s mercredi devant le SĂ©nat, en exhortant les parlementaires Ă  “reconstruire” un modèle d'”intĂ©gration” en “panne”. Revenant sur son utilisation du terme “submersion” migratoire, qui a fait hurler la gauche et provoquĂ© la suspension de nĂ©gociations dĂ©licates entre le gouvernement et les socialistes sur le budget, le Premier ministre a dĂ©plorĂ© qu'”on ne retien(ne) dans cette expression que le mot de submersion et non celui de sentiment”, selon des propos lus devant les sĂ©nateurs par le ministre des Relations avec le Parlement Patrick Mignola.Le Premier ministre, absent car retenu par les obsèques de son ami journaliste Jean-François Kahn, rĂ©pondait au chef de file des sĂ©nateurs socialistes Patrick Kanner. Celui-ci a renouvelĂ© la demande du PS qu’il “abandonne toute rĂ©fĂ©rence Ă  la submersion migratoire” et qu’il soit “clair sur l’Aide mĂ©dicale d’État” pour les sans-papiers, visĂ©e par l’extrĂŞme droite.”Nous ne pouvons Ă©carter ce que nos concitoyens Ă©prouvent et expriment. Mais si nous regardons les choses en face, nous serons en capacitĂ© de maĂ®triser et d’accueillir correctement ceux qui viennent dans notre pays, comme c’est notre devoir. La question, c’est la panne de l’intĂ©gration”, a ajoutĂ© M. Bayrou dans sa rĂ©ponse, applaudie par plusieurs socialistes.”L’intĂ©gration a Ă©tĂ© la dynamique singulière de la sociĂ©tĂ© française. Elle est vĂ©cue par des millions de personnes et en particulier par tous ces Français dont les ancĂŞtres viennent de pays voisins ou lointains”, a-t-il dĂ©veloppĂ©.Mais les “instruments” de cette intĂ©gration sont “dans la tourmente”, a estimĂ© le chef du gouvernement en citant “le travail, la langue, les principes de la RĂ©publique, le principe de laĂŻcitĂ©” soit “notre hĂ©ritage commun, humaniste”. Il a invitĂ© les parlementaires Ă  les “reconstruire ensemble”.”Si nous amĂ©liorons notre Ă©ducation, si nous sommes fiers de nos principes, si nous sommes aussi plus rigoureux et efficaces pour faire respecter la loi, alors l’intĂ©gration pourra ĂŞtre rĂ©ussie”, a-t-il conclu.Après la sĂ©ance au SĂ©nat, Patrick Kanner s’est dit “déçu” par la rĂ©ponse de M. Bayrou mĂŞme s’il l’a jugĂ©e “nuancĂ©e”, considĂ©rant que le Premier ministre n’avait pas rĂ©pondu Ă  ses questions sur l’AME et l’abandon du terme “submersion”, et l’accusant de “servir la soupe Ă  l’extrĂŞme droite”.”S’il veut encore (…) un accord ponctuel de non censure, je lui demande encore des efforts”, a-t-il ajoutĂ© alors que le PS rĂ©clame de nouvelles concessions sur le pouvoir d’achat et l’Ă©cologie.Un sondage a semblĂ© conforter le Premier ministre: près de deux Français sur trois (64%) estiment que François Bayrou, a eu “raison” d’employer l’expression “submersion migratoire”, selon cette enquĂŞte Elabe pour BFMTV parue mercredi.

Budget: le PS veut des gages, le gouvernement dĂ©nonce une “prise d’otages” sur l’immigration

A la veille d’une rĂ©union dĂ©cisive sur le budget, oĂą la censure du gouvernement est en jeu, les socialistes continuent de demander Ă  François Bayrou de retirer ses propos sur “le sentiment de submersion” migratoire, mais le gouvernement les appelle Ă  ne pas prendre en “otage” les finances publiques, “sujet numĂ©ro un pour notre pays”.”Nous souhaitons qu’il n’y ait aucune prise d’otage de quelque nature que ce soit sur le budget”, a dĂ©clarĂ© mercredi Sophie Primas dans son compte-rendu Ă  la presse du Conseil des ministres. “Les Français ne comprennent pas cette bataille de mots”, a-t-elle ajoutĂ©, après que les socialistes ont demandĂ© Ă  François Bayrou de retirer notamment ses propos sur la “submersion” migratoire. Le Premier ministre n’a “pas prĂ©vu (…) de s’exprimer sur ce qui lui est reprochĂ©. Il laisse aujourd’hui les partis travailler sur le budget”, a ajoutĂ© la reprĂ©sentante du gouvernement. Elle assure que les “nĂ©gociations sont en cours” entre les dĂ©putĂ©s et sĂ©nateurs qui se rĂ©uniront jeudi en commission mixte paritaire (CMP) pour essayer de trouver un compromis sur le projet de loi de finances pour 2025.Le Parti socialiste, qui cherche Ă  obtenir des concessions en Ă©change d’une non-censure sur le budget, a annulĂ© mardi une rĂ©union prĂ©vue avec le gouvernement, après des propos de François Bayrou sur la “submersion” migratoire qui ont fait hurler toute la gauche.Le chef du gouvernement “a dĂ©raillĂ© hier et nous l’appelons au sursaut”, “l’intĂ©rĂŞt du pays, c’est qu'(il) retire ces mots qui blessent inutilement”, a dĂ©clarĂ© mercredi le dĂ©putĂ© socialiste Philippe Brun qui siège au sein de la CMP et Ă©voque un “cataclysme” si la France n’avait pas de budget. – “CoĂ»t de l’immigration” -Le dĂ©putĂ© a Ă©voquĂ© des demandes du PS sur le pouvoir d’achat, rĂ©clamant une augmentation “immĂ©diate” du Smic mais aussi de la prime d’activitĂ© (complĂ©ment de rĂ©munĂ©ration de l’État versĂ© aux bas salaires, ndlr).La maire PS de Nantes Johanna Rolland a ajoutĂ© une autre condition sur Public SĂ©nat: que François Bayrou dise “qu’il ne va pas toucher” Ă  l’Aide mĂ©dicale d’État, qui permet aux immigrĂ©s sans titre de sĂ©jour rĂ©gulier de se faire soigner et dont le budget a Ă©tĂ© diminuĂ© de 200 millions d’euros par le SĂ©nat Ă  majoritĂ© de droite.Elle a aussi appelĂ© les socialistes Ă  “fermement rĂ©flĂ©chir” Ă  la censure, qu’elle voterait Ă  ce stade si elle Ă©tait dĂ©putĂ©e.A l’extrĂŞme droite, le vice-prĂ©sident du Rassemblement national SĂ©bastien Chenu a tonnĂ©: le RN “ne s’achète pas avec des mots”.Alors que son parti veut rĂ©duire l’AME Ă  une simple aide d’urgence vitale, il s’est demandĂ© si “après les propos de François Bayrou” le gouvernement allait “s’attaquer au coĂ»t de l’immigration” et Ă  la dĂ©pense, Ă  ses yeux “exponentielle”, de l’AME. Dans l’expression polĂ©mique de “submersion” migratoire, il n’y a “nulle tactique pour plaire ou dĂ©plaire Ă  qui que ce soit” pour Ă©chapper Ă  la censure, s’est dĂ©fendu mercredi l’entourage du Premier ministre. C’est “simplement l’expression d’une rĂ©alitĂ©, ce sentiment Ă©prouvĂ© par certains de nos concitoyens”.- “Pudeurs de gazelle” -“La question, c’est chaos ou pas chaos”, ajoute un dirigeant MoDem. Les socialistes “ont quand mĂŞme eu des gages solides”. “Les gens n’en peuvent plus de ce chaos permanent”.Mais, concède-t-il, François Bayrou “aurait pu attendre huit jours”, après le budget, pour employer cette expression.”On joue l’avenir institutionnel du pays sur une querelle sĂ©mantique”, s’est inquiĂ©tĂ© le ministre (Horizons) de la Fonction publique Laurent Marcangeli, rejetant “la faute Ă  ceux qui ont des pudeurs de gazelle sur un sujet qui est sĂ©rieux”.Les plus droitiers du gouvernement ont dĂ©fendu la sortie de François Bayrou. Il “a justifiĂ© la politique que je souhaite mener”, s’est rĂ©joui mardi Bruno Retailleau (LR, IntĂ©rieur). Au-delĂ  de la question migratoire, et des groupes politiques, la pression sur François Bayrou est aussi venue du patron de LVMH Bernard Arnault, qui a fustigĂ© la taxation en prĂ©paration des grosses entreprises qui “pousse Ă  la dĂ©localisation”.Mme Primas a assurĂ© “comprendre la colère” de Bernard Arnault mais estimĂ© que “chacun doit prendre part aux efforts”.Le gouvernement ne prĂ©voit cependant d’appliquer cette surtaxe d’impĂ´t sur les sociĂ©tĂ©s que pendant un an, au lieu des deux ans prĂ©vus dans le projet de budget du gouvernement Barnier.