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Macron et Modi à Marseille pour vanter le partenariat franco-indien

Le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre indien Narendra Modi sont mercredi à Marseille pour y vanter le partenariat entre leurs pays, symbole selon Paris de l'”indépendance” française à l’heure de la confrontation entre les Etats-Unis et la Chine.Le point saillant de cette visite sera un déplacement sur le chantier du réacteur expérimental de fusion nucléaire Iter, à Saint-Paul-lès-Durance, jouxtant le site nucléaire du CEA de Cadarache, à 70 km de là.Ce projet international qui vise à révolutionner la production d’énergie implique notamment New Delhi. Les deux pays pourraient profiter de la visite pour préciser la nouvelle coopération qu’ils entendent lancer dans le nucléaire civil sur les petits réacteurs modulaires (SMR).Auparavant, les deux dirigeants vont rendre un hommage aux soldats indiens morts en France pendant la Première Guerre mondiale, au cimetière militaire de Mazargues, dans le sud de Marseille et inaugurer le nouveau consulat général d’Inde dans la cité phocéenne.Ils doivent également se rendre au siège du géant mondial du transport maritime CMA CGM, sur le port de Marseille.Ils devraient notamment à cette occasion évoquer le corridor Imec entre l’Europe et l’Inde.Ce corridor passant par le Moyen-Orient est “un catalyseur formidable”, a dit mardi Emmanuel Macron en clôture d’un forum d’affaires franco-indien, “nous allons mobiliser des projets concrets et des investissements”. Son entourage avait évoqué la semaine dernière des projets dans les secteurs portuaire et énergétique.Paris espère aussi avancer dans les négociations à plusieurs milliards d’euros sur l’achat par New Delhi d’avions de chasse français Rafale version marine et de sous-marins Scorpène.En emmenant Narendra Modi dans sa “ville de cœur”, Emmanuel Macron soigne une nouvelle fois sa relation avec le pays le plus peuplé de la planète, déjà invité au défilé du 14-Juillet en 2023.Mardi soir, les deux hommes ont dîné dans un restaurant de Cassis, sur la Méditerranée, après avoir coprésidé le sommet sur l’intelligence artificielle à Paris. – “Intimité particulière” -“L’Inde et la France sont deux grandes puissances et ont une intimité particulière qui est que nous respectons, nous voulons travailler avec les Etats-Unis d’Amérique, nous voulons travailler avec la Chine, mais on ne veut dépendre de personne”, a expliqué le président français dimanche dans une interview télévisée.”On veut être indépendants”, a-t-il insisté, en mettant en avant sa “stratégie indopacifique”.Mardi, Narendra Modi a assuré que ce “partenariat ne se limite pas” aux relations bilatérales. “Nous travaillons ensemble pour trouver des solutions aux défis mondiaux auxquels nous sommes confrontés”, et “renforcer notre coopération dans tous les domaines”, a-t-il dit.Pour un ancien ministre français, c’est une “bonne intuition” d’Emmanuel Macron, car “Modi, à la tête d’une puissance en devenir, a trouvé une position d’équilibre entre Américains, Chinois et Russes”.”Il y a une constance rhétorique de la France à vouloir se poser en pont entre le Nord et le Sud”, estime Bertrand Badie, professeur à Sciences-Po.Mais ce spécialiste des relations internationales prévient aussi qu’à force de vouloir afficher sa proximité avec New Delhi, “cela oblige Macron à passer sous silence la politique intérieure” du Premier ministre ultranationaliste hindou, décrié par ses opposants et des défenseurs des droits humains pour sa dérive autocratique.De Marseille, Narendra Modi s’envolera à la mi-journée pour les Etats-Unis, à la rencontre du nouveau président américain Donald Trump.

Palpations, caméras-piétons: les députés sévissent sur la sécurité dans les transports

Les députés ont adopté mardi plusieurs mesures visant à améliorer la sécurité dans les transports, dont l’autorisation pour les forces de sécurité de la SNCF et de la RATP de procéder à des palpations, ainsi que le port de caméras-piétons par les contrôleurs.La proposition de loi, très attendue par les professionnels après avoir été maintes fois repoussée, a été adoptée par 139 voix contre 59. Le ministre des Transports Philippe Tabarot, à l’origine du texte lorsqu’il était sénateur, s’est félicité de ce vote.Le texte était examiné en première lecture à l’Assemblée après avoir été adopté au Sénat en février 2024. Son parcours législatif avait été stoppé par la dissolution en juin, puis par la censure du gouvernement de Michel Barnier en décembre.Députés et sénateurs devront désormais s’entendre sur une version du texte en commission mixte paritaire.L’Assemblée a entre autres pérennisé le port des caméras-piétons pour les agents de contrôle. Une expérimentation a déjà eu lieu, mais a pris fin le 1er octobre. Or les agents ont fait état d’un “retour très positif”, jugeant que le port de ces caméras – qu’ils décident eux-mêmes de déclencher – permettait de jouer “un rôle dissuasif face aux menaces et agressions”, a fait valoir le rapporteur du texte, le macroniste Guillaume Gouffier Valente.La gauche a elle fustigé une proposition de loi portant atteinte à un certain nombre de droits fondamentaux. “C’est un texte liberticide”, a taclé la députée PS Céline Thiébault-Martinez. – Abords des gares -Les critiques ont notamment visé un amendement du gouvernement, qui doit étendre jusqu’en 2027 l’expérimentation d’un dispositif de vidéosurveillance algorithmique (VSA), testé notamment lors des Jeux olympiques de Paris, et qui devait s’achever en mars.Cette disposition a été critiquée comme un “cavalier” législatif sans lien suffisant avec le texte initial par certains députés, qui ont promis de saisir le Conseil constitutionnel. L’association La Quadrature du Net avait également réclamé sa suppression.Dans le cadre de la VSA, un algorithme analyse les images de vidéosurveillance afin de repérer des comportements suspects.Les députés ont également élargi mardi les prérogatives des forces de sécurité dans les transports (Sûreté ferroviaire pour la SNCF, et GPSR pour la RATP).Les agents pourraient procéder à des palpations sans avoir besoin du feu vert des préfets, et auraient la possibilité d’intervenir “aux abords immédiats” des gares – et non plus seulement à l’intérieur.Pour la RATP, cela doit permettre aux agents d’intervenir contre la vente à la sauvette devant les stations et saisir la marchandise.Avec ce texte les agents de sécurité de la SNCF et de la RATP pourraient aussi saisir “un objet autre qu’une arme” qui “peut être dangereux pour les voyageurs”, et le conserver jusqu’à 48 heures.Un autre amendement a été adopté pour autoriser les agents du service de sureté de la SNCF – déjà équipés d’armes létales – à porter un pistolet à impulsion électrique (Taser). – “Train surfing” -“L’élargissement progressif et continu des pouvoirs des agents de la SNCF et de la RATP leur confère des responsabilités de plus en plus proches de ceux de la police nationale”, a critiqué la députée communiste Elsa Faucillon.Le député RN Bryan Masson a lui défendu la mobilisation de son groupe en faveur d’un texte “pour la sécurité des Françaises et des Français”.Les députés ont par ailleurs supprimé un article prévoyant un délit “d’incivilité d’habitude”, qui visait à sanctionner plus fortement les comportements répétés (déclenchement sans raison d’une alarme, dégradations…). Ils ont en revanche adopté une mesure ouvrant la voie à une interdiction de paraître dans les réseaux de transports, similaire à celle existant dans les stades de foot. Difficilement applicable, ont rétorqué plusieurs députés à gauche, et “inopérant” pour M. Gouffier Valente.”La seule et unique solution, (…) pour la mettre en œuvre sera la reconnaissance faciale”, a alerté Elisa Martin (LFI). Particulièrement attendue par la RATP, la création d’un délit de “train surfing” – des personnes grimpant sur le toit des métros pour s’y filmer – a été adoptée, qui ont toutefois évacué la peine de prison encourue pour ne conserver qu’une lourde amende.

Bayrou dit n’avoir “jamais été informé” des agressions sexuelles au collège-lycée Bétharram

François Bayrou a assuré mardi n’avoir “jamais été informé”, dans le passé, des agressions sexuelles dont sont soupçonnés des membres d’un établissement catholique du Béarn qu’ont fréquenté ses enfants, et a annoncé “une plainte en diffamation”.Le parquet de Pau mène l’enquête depuis un an sur une centaine de plaintes visant des faits présumés de violences, agressions sexuelles et viols commis au collège-lycée Notre-Dame-de-Bétharram, dans les Pyrénées-Atlantiques, entre les années 1970 et 1990.Le chef du gouvernement, originaire de la région, a scolarisé plusieurs de ses enfants dans cette institution et son épouse y a enseigné le catéchisme.En avril 1996, alors que François Bayrou était ministre de l’Education, une plainte avait déjà dénoncé les violences physiques d’un surveillant à Bétharram sur un enfant de la classe d’un de ses fils, condamné par la suite. Puis en mai 1998, alors qu’il était redevenu député des Pyrénées-Atlantiques et président du conseil général, un ancien directeur de l’institution avait été mis en examen et écroué pour viol.”Je n’ai jamais été informé de quoi que ce soit, de violences ou de violences a fortiori sexuelles. Jamais”, a affirmé François Bayrou à l’Assemblée nationale, en réponse à une question du député Paul Vannier (LFI).La semaine dernière, des témoins interrogés par l’AFP, après une enquête de Mediapart, ont affirmé le contraire.”Comme Cahuzac, Bayrou a menti devant l’Assemblée. Comment imaginer qu’il conserve ses fonctions après pareil parjure devant la représentation nationale ?”, a réagi sur X le député insoumis, accompagné d’une capture d’écran d’un nouvel article de Mediapart.Dans un article publié mardi soir, le média d’investigation a réitéré ses accusations de mensonges, en dévoilant notamment une lettre d’un ancien élève, reconnu victime par la Commission reconnaissance et réparation (CRR), qui accompagne les personnes abusées dans des congrégations catholiques. Adressée avec accusé de réception en mars 2024 à François Bayrou à la mairie de Pau, la missive, qui raconte des faits d’attouchements subis à la fin des années 1950 par cet ancien pensionnaire de Bétharram, est restée sans réponse selon Mediapart.Devant l’Assemblée, le chef du gouvernement a exprimé sa “sympathie” pour “les personnes, les hommes ou les garçons, qui ont été en souffrance dans ces affaires-là” et avancé “deux preuves” de son ignorance des faits.D’une part “lorsque la première plainte est déposée”, selon lui “en décembre 1997”, il a “quitté déjà le ministère de l’Education nationale depuis des mois” – en mai de la même année. D’autre part, “est-ce que vous croyez que nous aurions scolarisé nos enfants dans des établissements” où l’on aurait “soupçonné ou affirmé qu’il se passe des choses de cet ordre ?”, a ajouté M. Bayrou.”Je peux vous assurer que tout est faux et qu’une plainte en diffamation sera évidemment portée”, a-t-il conclu, sans préciser qui était visé.En mars dernier, interrogé par Le Parisien, François Bayrou avait répondu que “la rumeur, il y a 25 ans, laissait entendre qu’il y avait eu des claques à l’internat”, ajoutant n’avoir “jamais entendu parler (…) de risques sexuels”.Selon les journaux Le Monde et La République des Pyrénées, l’actuel Premier ministre avait rencontré cependant, en 1998, le juge chargé d’instruire le dossier de viol à Notre-Dame-de-Bétharram. Cet ancien magistrat affirme qu’ils avaient évoqué l’affaire et a dit à Mediapart ne pas comprendre pourquoi François Bayrou le “dément aujourd’hui”.”Dès que quelqu’un occupe des responsabilités, on s’ingénie à inventer de toutes pièces des scandales”, a lancé le chef du gouvernement à l’Assemblée. Et “si on ne répond pas et qu’on se tait, on est coupable. Et si on répond et qu’on dément, on est immédiatement mis en accusation.” 

Au sommet sur l’IA à Paris, deux visions du monde s’affrontent autour de la régulation

Le sommet de Paris sur l’intelligence artificielle a vu s’affronter deux visions du monde, les Etats-Unis appelant à limiter la régulation pour “ne pas tuer une industrie en plein essor” qu’ils dominent et ne signant pas l’appel sur une IA “ouverte”, “inclusive” et “éthique”.A la clôture du sommet mardi, 58 pays, dont la Chine, la France et l’Inde (les co-organisateurs), ainsi que l’Union européenne et la Commission de l’Union africaine, se sont prononcés pour une coordination renforcée de la gouvernance de l’IA et ont appelé à éviter “une concentration du marché” afin que cette technologie soit plus accessible.Une vision très éloignée de celle défendue par les Etats-Unis qui, comme le Royaume-Uni, ne figurent pas parmi les signataires de cette déclaration, rassemblant des principes partagés de régulation, un thème maintes fois abordé lors de ce sommet.Le gouvernement britannique a fait savoir qu’il ne souhaitait adhérer “qu’à des initiatives qui sont dans l’intérêt national du Royaume-Uni”.Pendant deux jours, dirigeants politiques et patrons de la “tech” se sont réunis dans l’enceinte du Grand Palais. La journée de mardi a été marquée par le discours offensif du vice-président américain J.D. Vance, dont c’est le premier déplacement à l’international depuis la prise de fonctions de Donald Trump fin janvier et l’annonce de “Stargate”, un plan d’investissements dans l’IA américaine à hauteur de 500 milliards de dollars. – “Tactiques” -A rebours d’une Europe voulant aller plus vite tout en définissant un cadre à l’essor de l’IA, il a souhaité faire “tous les efforts possibles pour encourager les politiques pro-croissance” en la matière.”Les Etats-Unis sont les leaders dans l’IA et notre administration entend qu’ils le restent”, a-t-il souligné, quelques heures après la publication d’informations sur une offre non sollicitée d’Elon Musk, sur la start-up OpenAI, à l’origine de ChatGPT.Selon le Wall Street Journal, le milliardaire proche de Trump (qui dispose déjà de sa propre start-up d’IA générative, xAI, lancée en 2023) veut, avec un groupe d’investisseurs, racheter l’organisation à but non lucratif qui contrôle OpenAI pour 97,4 milliards de dollars.”Il essaie probablement de nous ralentir. C’est évidemment un concurrent”, a déclaré à Bloomberg TV Sam Altman, le patron d’OpenAI qui avait adressé une fin de non-recevoir lundi soir à Elon Musk.”J’aimerais qu’il se contente de créer un meilleur produit”, a-t-il ajouté, critiquant les “tactiques” de celui qui fut par ailleurs co-fondateur d’OpenAI.L’entreprise “n’est pas à vendre”, a martelé Chris Lehane, le vice-président en charge des affaires publiques d’OpenAI, présent à un événement “business” à Station F, l’incubateur de start-up fondé par le milliardaire français Xavier Niel, où s’est également rendu le président Macron dans l’après-midi.Avant de déjeuner à l’Elysée, J.D. Vance avait également mis en garde contre les partenariats avec les “régimes autoritaires”, dans une référence à peine voilée à la Chine. “S’associer avec eux (ces régimes, NDLR) revient à enchaîner votre nation à un maître autoritaire qui cherche à infiltrer, s’installer et s’emparer de votre infrastructure d’information”.- “Coup de projecteur” -En réponse aux ambitions américaines, Emmanuel Macron a insisté sur le “besoin de règles” et d’un “cadre de confiance” pour accompagner le développement de l’IA, en clôture du sommet qui s’est traduit pour la France par un plan d’investissements privés à hauteur de 109 milliards d’euros.Le sommet a aussi “été un excellent moyen de mettre un coup de projecteur sur l’écosystème, sur la France, sur l’Europe, de montrer qu’en fait il n’y a pas que ChatGPT et (le chinois) DeepSeek”, a commenté pour l’AFP Maya Noël, directrice générale de France Digitale, qui se présente comme la première organisation de start-up en Europe.Pour le Premier ministre indien Narendra Modi, qui accueillera le prochain sommet mondial sur l’IA, le défi est de ne pas laisser “le sud global”, dont les 1,4 milliard d’Indiens, à la traine d’une révolution technologique.Mais pour Dario Amodei, patron de la start-up américaine Anthropic, ce sommet s’apparente à une “opportunité ratée”: “il est nécessaire de se concentrer davantage” sur les enjeux démocratiques de l’IA, ainsi que les risques liés à la sécurité et à l’emploi que fait peser cette technologie”, dit-il.Alors que l’Union européenne tente d’avancer ses pions dans cette course à l’IA, la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen a dévoilé mardi un plan d’investissements de 200 milliards d’euros, dont 150 milliards venant de grands groupes. Le “leadership mondial est toujours à saisir”, a-t-elle lancé.mng-may-kf-dax/mch/eb

Un Beauvau pour moderniser une Sécurité civile en première ligne

Du cyclone Chido à Mayotte aux inondations en Bretagne, la Sécurité civile est en première ligne face au dérèglement climatique et gère aussi des interventions du quotidien sur fond de désertification médicale. Une concertation a été relancée pour moderniser tout un système en quête de financements.Ce Beauvau de la Sécurité civile avait été annoncé en avril 2024 par le ministre de l’Intérieur de l’époque, Gérald Darmanin, avant d’être interrompu par la dissolution de l’Assemblée nationale en juin. Les travaux ont été relancés cinq mois plus tard et sont désormais sous la houlette de François-Noël Buffet, ministre auprès du nouveau ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau.Quatre chantiers se sont tenus dans différentes villes, chacun avec un thème précis et réunissant une myriade d’acteurs (pompiers, ambulanciers, Samu, associations, collectivités, etc). Le dernier chantier s’est tenu mardi à Mâcon (Saône-et-Loire) autour de la gouvernance et du financement du futur modèle de la sécurité civile, dont le budget global actuel est de 6,7 milliards d’euros.L’objectif affiché du ministre, présent à Mâcon, est de trouver de nouvelles sources de financement pour établir un modèle opérationnel de la Sécurité civile avec, par exemple, une participation accrue des assureurs. – “Surengagement des agents” – La Sécurité civile – dont la mission est le secours aux personnes, de l’accident à l’incendie en passant par les catastrophes – repose à près de 81% sur le volontariat et l’engagement associatif.  Parmi ces non-professionnels, des associations agréées de Sécurité civile (AASC) – autour de 100.000 effectifs – et un peu plus de 200.000 sapeurs-pompiers volontaires, quand le voisin allemand en compte plus d’un million. Participent aussi quelque 43.000 sapeurs-pompiers professionnels.L’augmentation globale du nombre d’intervention des services d’incendie et de secours est de plus de “plus de 17% en 10 ans”, selon le ministère. Les modes d’organisation sont hétérogènes, avec différents niveaux de donneurs d’ordre allant de l’Etat aux collectivités en passant par la sphère associative, ce qui complexifie la coordination des actions.Les associations agréées sécurité civile demandent à avoir “une place plus importante dans le fonctionnement” afin de “renforcer la coordination et la prise en charge de la population”, selon Florent Vallée, directeur national de l’urgence et des opérations à la Croix-Rouge française.”La problématique est plutôt dans les crises. On sait très bien faire les choses, mais c’est vrai qu’on peut améliorer très largement la prise en charge des populations ce qui permettrait de gagner du temps sur tout un tas d’interventions”, poursuit M. Vallée. La Sécurité civile, “on nous dit qu’elle va bien, mais aujourd’hui elle ne fonctionne que grâce au surengagement des agents”, relève Sébastien Delavoux, coordinateur de la CGT des services départementaux d’incendie et de secours. “Ce que l’on attend du Beauvau, c’est vraiment qu’il y ait une remise à plat de l’existant (…) On est vraiment face à un mur avec (…) une réelle augmentation des besoins en financement, mais aussi en investissements” qui sont financés à “80%” par les collectivités, notamment les départements et les mairies, observe André Accary, interrogé de l’AFP. Plusieurs acteurs interrogés soulignent la nécessité d’installer sur l’ensemble du territoire une plateforme commune de gestion des appels d’urgence, gage selon eux d’une prise en charge plus efficiente et moins coûteuse. Tous soulignent l’impératif de redéfinir les missions de sécurité civile.Les pompiers, “colonne vertébrale” des secours, seront “très vigilants” à ce qui sortira de ces consultations, insiste quant à lui Jean-Paul Bosland, président de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France.”Certaines missions non urgentes peuvent être destinées à d’autres organisations que les pompiers, ou peut-être être facturées”, avance notamment M. Bosland.

Conseil constitutionnel: juriste ou politique, la nomination de Ferrand relance le débat

Faut-il nommer des juristes ou des politiques au Conseil constitutionnel ? Le débat, pas nouveau, restait vif mardi autour de Richard Ferrand, proposé la veille par Emmanuel Macron afin de prendre la tête de l’institution et notamment critiqué pour sa proximité avec le chef de l’Etat.Les critiques proviennent de tout l’arc politique. Pour le socialiste Olivier Faure, “il existe un doute sérieux sur les compétences juridiques et l’impartialité” de Richard Ferrand.”C’est le fidèle parmi les fidèles (du président), et cela pose question”, relève le vice-président LR de la commission des lois de l’Assemblée, Philippe Gosselin.Angle d’attaque des politiques et des juristes, Richard Ferrand n’est pas un grand spécialiste du droit respecté comme tel. Sa nomination, combinée à celle de l’ex-députée MoDem Laurence Vichnievsky – par la présidente de l’Assemblée – et du sénateur LR Philippe Bas – par le président du Sénat, accentue la place des “politiques” au Conseil, même si les deux derniers peuvent se targuer d’une solide expérience juridique.Jusqu’à présent, il y avait “un équilibre subtil entre des juristes purs et des politiques qui ont une conscience de ce que c’est l’Etat”, a expliqué sur RMC l’ancien ministre et de la Justice et professeur de droit public Jean-Jacques Urvoas.Mais, si le trio est confirmé par les parlementaires, sept membres auront eu des mandats politiques et les deux autres une fonction de directeur de cabinet dans leur parcours. Emmanuel Macron a ainsi nommé trois anciens ministres – Jacques Mézard en 2019, Jacqueline Gourault en 2022 et donc Richard Ferrand. C’est “une mauvaise tradition (…) car le Conseil constitutionnel, c’est une Cour suprême. Et pour juger, il vaut mieux faire appel à des juges”, estime M. Urvoas. Cette position est aussi celle d’une partie de la classe politique. Pour Marine Le Pen, régulièrement critique à l’égard du pouvoir de l’institution, celle-ci devrait être un “cénacle juridique”. – “expérience” -Au contraire, n’avoir que des professeurs de droit serait une “catastrophe” pour Alain Juppé, “Sage” depuis 2019, car le Conseil a toujours eu une double nature juridictionnelle et politique.”Avoir à l’intérieur du Conseil des hommes et des femmes qui ont eu l’expérience du gouvernement ou du Parlement, c’est un gage de compétence”, estime-t-il car “le Conseil constitutionnel doit s’assurer du bon fonctionnement des pouvoirs publics, du bon équilibre entre le pouvoir législatif et le pouvoir exécutif”.En outre, fait remarquer l’ancien Premier ministre, les magistrats eux-mêmes peuvent être politisés, à l’instar de ceux nommés à la Cour suprême des Etats-Unis.Pour concilier les fonctions juridique et politique du Conseil, les députés communistes proposent que trois des neuf membres nommés viennent d’une profession juridique. Mais cela nécessiterait une réforme constitutionnelle, toujours difficile à adopter. La proposition, pourtant consensuelle de supprimer le droit aux anciens présidents de siéger au Conseil – auquel ont renoncé Nicolas Sarkozy et François Hollande – n’a ainsi toujours pas été votée. – “copinage” -Second reproche fait à Richard Ferrand, celui d’être un fidèle d’entre les fidèles d’Emmanuel Macron, et pas une personnalité politique indépendante , comme Laurent Fabius vis-à-vis de François Hollande.”Un copinage malsain” pour le LR Olivier Marleix. Richard Ferrand “ne pourra pas être président du Conseil constitutionnel le matin et celui qui chuchote au président le soir”, avertit Olivier Faure. Le débat n’est pas nouveau car les mêmes critiques avaient été exprimées contre Jean-Louis Debré, nommé en 2007 par Jacques Chirac dont il était un intime.”Il y a un principe que nous respectons qui est le devoir d’ingratitude. Nous ne devons rien à la personne qui nous a nommés”, assure Alain Juppé, rappelant que la longue durée du mandat (neuf ans) est une “garantie de notre indépendance”.Le député MoDem Erwan Balanant s’insurge, lui, du “procès en illégitimité” fait à Richard Ferrand, rappelant qu’il a été “président de l’Assemblée près de quatre ans (septembre 2018- juin 2022) et rapporteur d’un texte de révision constitutionnelle”.M. Ferrand aura l’occasion de répondre aux critiques lors des auditions parlementaires le 19 février. Pour bloquer sa nomination, ses opposants doivent cependant rassembler 3/5e des voix additionnées des membres des commissions des Lois des deux chambres. “Ce sera très difficile car on se doute qu’il y a eu un deal” entre le camp présidentiel et les LR, assure la députée LFI Gabrielle Cathala.Mais, selon Philippe Gosselin, “la question “n’est pas tranchée” au sein des députés Les Républicains qui doivent faire le point avec les sénateurs de leur parti.  Le vote est à bulletin secret, une surprise est donc toujours possible.far/sde/ dch 

Les Ecologistes veulent une sécurité sociale alimentaire

Une proposition de loi visant à mettre en place à titre expérimental une nouvelle carte vitale créditée de 150 euros par mois, afin de garantir “une sécurité sociale alimentaire pour tous”, va être examinée le 20 février lors de la journée parlementaire réservée aux Ecologistes.”Ce seraient 150 euros par mois crédités sur une carte vitale de l’alimentation” pour “tout le monde” qui “pourraient être dépensés dans des lieux conventionnés démocratiquement”, a expliqué Boris Tavernier, député du groupe EELV, mardi lors d’une conférence de presse à Paris.La proposition de loi, qui prévoit une expérimentation de ce dispositif sur cinq années, sera présentée en troisième position lors de la “niche” parlementaire des Ecologistes, une journée qui leur est réservée pour présenter les textes de leur choix. Cette proposition de loi donnera un “cadre pour tester les modèles dans tous les territoires” et permettra de “construire une sécurité sociale de l’alimentation” grâce à un “fond national” pour subventionner le fonctionnement de caisses locales, selon Charles Fournier, le député à l’origine du texte.Cette sécurité sociale sera théoriquement financée à 50% par des fonds publics, 25% par les collectivités territoriales, et 25% par une cotisation citoyenne volontaire. Cette initiative profitera autant aux citoyens qui pourront “choisir ce qu’ils mettent dans leur assiette”, qu’aux agriculteurs qui seront mieux rémunérés, assure le député Boris Tavernier.Une quarantaine de caisses alimentaires d’initiative locale, qui permettent des circuits courts de distribution des agriculteurs aux citoyens grâce à des cotisations mensuelles, existent déjà en France. Le fonds permettra de les “consolider” et de “leur donner un cadre”, selon les parlementaires. Cette loi viendrait “concrétiser” un “droit fondamental à l’alimentation”, que le groupe des Ecologistes souhaite introduire dans la Constitution française depuis mai 2024, pour “imposer à l’Etat l’obligation de prendre des mesures”, a affirmé la sénatrice Raymonde Poncet Monge.

Au sommet sur l’IA à Paris, les Etats-Unis en pourfendeurs de la régulation

Le sommet de Paris sur l’intelligence artificielle a vu s’affronter mardi deux visions du monde, les Etats-Unis appelant à limiter la régulation pour “ne pas tuer une industrie en plein essor” qu’ils dominent et ne signant pas l’appel sur une IA “ouverte”, “inclusive” et “éthique”.A la clôture du sommet à la mi-journée, les signataires, qui incluent la Chine, la France et l’Inde (les deux co-organisateurs), se sont prononcés pour une coordination renforcée de la gouvernance de l’IA nécessitant un “dialogue mondial” et ont appelé à éviter “une concentration du marché” afin que cette technologie soit plus accessible.Une vision très éloignée de celle défendue par les Etats-Unis qui, comme le Royaume-Uni, ne figurent pas parmi les signataires de cette déclaration, voulue par le président français Emmanuel Macron et rassemblant des principes partagés de régulation, un thème maintes fois abordé lors de ce sommet qui a débuté lundi.Ce grand raout mêlant dirigeants politiques et patrons de la tech dans l’enceinte du Grand Palais a été marqué mardi par le discours très offensif du vice-président américain J.D. Vance, dont c’est le premier déplacement à l’international depuis la prise de fonction de Donald Trump fin janvier et l’annonce de “Stargate”, un plan d’investissements dans l’IA américaine à hauteur de 500 milliards de dollars. – “Pro-croissance” -A rebours d’une Europe voulant aller plus vite tout en définissant un cadre à l’essor de l’IA, il a souhaité faire “tous les efforts possibles pour encourager les politiques pro-croissance” en la matière.”Les Etats-Unis sont les leaders dans l’IA et notre administration entend qu’ils le restent”, a-t-il souligné, quelques heures après des informations sur une offre non sollicitée d’Elon Musk, l’homme le plus riche du monde et membre de l’administration Trump, sur la start-up OpenAI, à l’origine de ChatGPT.Selon le Wall Street Journal, le milliardaire (qui dispose déjà de sa propre start-up d’IA générative, xAI, lancée en 2023) veut, avec un groupe d’investisseurs, racheter l’organisation à but non lucratif qui contrôle OpenAI pour 97,4 milliards de dollars.”Non merci”, lui a répondu lundi sur X le patron d’OpenAI, Sam Altman, présent au sommet de Paris.Avant de quitter la nef du Grand Palais pour déjeuner à l’Elysée, J.D. Vance a également mis en garde contre les partenariats avec les “régimes autoritaires”, dans une référence à peine voilée à la Chine. “S’associer avec eux (ces régimes, NDLR) revient à enchaîner votre nation à un maître autoritaire qui cherche à infiltrer, s’installer et s’emparer de votre infrastructure d’information”.- Prochain sommet en Inde -En réponse aux ambitions américaines, Emmanuel Macron a insisté sur le “besoin de règles” et d’un “cadre de confiance” pour accompagner le développement de l’IA. “Nous avons besoin de ces règles pour que l’IA avance” et “besoin de continuer à faire avancer une gouvernance internationale de l’IA”, a-t-il dit, en clôture du sommet qui s’est traduit pour la France en annonces sonnantes et trébuchantes, avec un plan d’investissements privés à hauteur de 109 milliards d’euros.Pour le Premier ministre indien Narendra Modi, qui co-présidait le sommet IA et va accueillir le prochain, le défi est de ne pas laisser “le sud global”, dont son pays et ses 1,4 milliard d’habitants, à la traine d’une révolution technologique en plein boom.Alors que l’Europe tente d’avancer ses pions dans cette course à l’IA, l’Union européenne a dévoilé mardi un plan d’investissements de 200 milliards d’euros, dont 150 milliards venant de grands groupes. Il s’agit du “plus grand partenariat public-privé dans le monde pour le développement d’une IA fiable”, au sein de l’alliance “EU AI Champions Initiative” qui regroupe plus de 60 entreprises, a souligné la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen. Le “leadership mondial est toujours à saisir”, a-t-elle estimé.Parallèlement au sommet, se tient mardi un rendez-vous “business” pour les entreprises de la tech européenne et internationale à Station F, l’incubateur de start-up fondé par le milliardaire français Xavier Niel, en présence notamment d’OpenAI. M. Macron doit aller à la rencontre des entrepreneurs sur place dans l’après-midi.

Handicap: comité interministériel le 6 mars, le gouvernement promet une “accélération”

Un comité interministériel sur le handicap se tiendra le 6 mars, a annoncé mardi la ministre chargée du Handicap Charlotte Parmentier-Lecocq, estimant qu’il fallait “accélérer” sur la question de l’accessibilité vingt ans après la loi de 2005. “La préoccupation du handicap pour le gouvernement a été clairement réaffirmée par le Premier ministre” François Bayrou dans sa déclaration de politique générale, a-t-elle affirmé sur Franceinfo TV.Vingt ans après son adoption, la “loi handicap” a permis des avancées mais reste largement en-deçà de son ambition initiale, selon les associations. Les acteurs du secteur et les principales personnes concernées pointent une application “insatisfaisante” de ce texte emblématique et exhortent l’Etat à remplir ses obligations. Dans une interview au Figaro, l’ancienne secrétaire d’Etat chargée des personnes handicapées Sophie Cluzel, en poste sous le premier quinquennat d’Emmanuel Macron, estime de son côté que le handicap n’est “manifestement plus la priorité du deuxième quinquennat”.”Elle a raison de soulever que ça doit rester au dessus de la pile, c’est le cas”, a réagi Charlotte Parmentier-Lecocq, évoquant notamment l’annonce de la prise en charge à 100% par l’Assurance maladie des fauteuils roulants. “Il y a encore beaucoup à faire. Si on regarde le bilan de la loi de 2005, on est un peu au milieu du gué, on a beaucoup avancé” concernant le nombre d’enfants handicapés scolarisés en milieu ordinaire et l’accessibilité des gares, “mais clairement il faut qu’on accélère”, a-t-elle ajouté. “Il y a beaucoup de solutions, d’initiatives qui existent, mais il faut mettre tout cela en musique et surtout il faut rattraper de l’investissement qui n’a pas été fait sur 20 ans”, a poursuivi la ministre, précisant par ailleurs qu’une évaluation de la loi ELAN sur le logement de 2018, qui a restreint l’obligation d’accessibilité des logements neufs, serait rendue d’ici fin mars.Concernant l’école, la ministre de l’Education Elisabeth Borne a fait état de “520.000 enfants en situation de handicap, alors qu’ils étaient 151.000 en 2005″, dans une interview à La Croix.”Nous développons aujourd’hui des pôles d’appui à la scolarité”, des “équipes mobiles pluridisciplinaires, qui peuvent intervenir rapidement”, souligne-t-elle. “Nous en avons déployé 100 en septembre dernier, dans quatre départements” et “je souhaite que nous ayons 500 pôles d’appui à la scolarité de plus” en septembre 2025. Les 20 ans de la “loi handicap” sont l’occasion “de réfléchir à tout ce qui reste encore à faire”, a-t-elle renchéri mardi matin, en visitant une école élémentaire du 11e arrondissement de Paris. “Évidemment, il reste du chemin à parcourir, notamment pour rendre plus attractifs les fonctions d’AESH” (accompagnant d’élèves en situation de handicap).Outre le développement des pôles d’appui à la scolarité, elle souhaite aussi “qu’on continue à renforcer les classes Ulis” (Unité localisée pour l’inclusion scolaire, accueillant des élèves en situation de handicap dans les établissements) “avec un focus sur les lycées professionnels”.