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Un Premier ministre de gauche “préférable” mais pas un “préalable” pour Roussel

Le secrétaire national du Parti communiste Fabien Roussel a estimé lundi qu’un Premier ministre issu de la gauche était “préférable” mais pas un “préalable” à l’issue d’un échange avec Emmanuel Macron, qui multiplie les consultations avant la nomination d’un Premier ministre.”Nous avons dit que bien sûr il était préférable qu’il y ait un Premier ministre de gauche, de sensibilité de gauche, pour pouvoir préserver le pouvoir d’achat, les services publics, notre industrie, nos collectivités, c’est notre combat. Nous avons exprimé une préférence”, a déclaré Fabien Roussel, “sans donner de nom”.”Ce qui compte, c’est que l’on avance, et pour avancer, on ne vient pas en mettant des préalables sur des noms, sur des propositions, des lignes rouges”, a-t-il cependant ajouté. “On est dans une situation qui est extrêmement compliquée dans notre pays aujourd’hui (…) Il faut que chacun fasse un pas, nous en tout cas, on a fait un pas ce matin et on a dit au président de la République: Et vous, est-ce que vous êtes prêt à en faire un de votre côté ? Est-ce que vous êtes prêt à accepter à ce qu’il y ait des changements dans la politique à mener dans notre pays”, a dit Fabien Roussel.Après une courte trêve consacrée à Notre-Dame, Emmanuel Macron a repris lundi matin ses consultations à l’Elysée, cinq jours après le vote de censure contre Michel Barnier. Le chef de l’Etat recevait tour à tour depuis 9H00 les députés indépendants du groupe Liot, puis les chefs de file communistes emmenés par Fabien Roussel.Le premier secrétaire du parti socialiste Olivier Faure a réclamé vendredi “un Premier ministre de gauche” et “un changement de cap” politique, avant de rencontrer Emmanuel Macron à l’Elysée pour discuter de la formation d’un nouveau gouvernement. Il avait aussi estimé que des “concessions réciproques” étaient possibles avec le centre et la droite. 

Toujours en quête d’un Premier ministre, Macron reprend ses bons offices

Après une courte trêve consacrée à Notre-Dame, Emmanuel Macron a repris lundi ses consultations politiques à l’Elysée, cinq jours après la censure de Michel Barnier, afin de nommer au plus vite un nouveau Premier ministre, mais de nombreux écueils demeurent.Dernières tractations avant l’annonce ? Le chef de l’Etat a reçu tour à tour lundi matin les représentants des députés indépendants Liot, du parti communiste et des écologistes.”On a fait un pas ce matin”, a affirmé à la sortie le patron du PCF Fabien Roussel, venu avec la “volonté de trouver des solutions” mais sans “mettre des préalables”. Pas même celui d’un Premier ministre de gauche, seulement “préférable”, ou d’une abrogation de la réforme des retraites – qui pourrait être renvoyée à une “conférence sociale”. A condition toutefois que “chacun s’y retrouve”, notamment sur le sujet du “pouvoir d’achat”.”Chacun doit faire un pas vers l’autre”, a également déclaré Marine Tondelier, à son arrivée. Mais pour la cheffe de file des Verts, c’est au président “de proposer quelque chose qui ne soit pas juste la continuité de sa politique”, afin de “consentir à (l’)alternance” réclamée selon elle par les électeurs aux dernières législatives.Moins antagoniques, les députés Liot (Liberté, Indépendants, Outre-mer, Territoires) ont seulement demandé “quelque chose qui regroupe les différentes sensibilités”, et surtout “que ça soit rapide, parce que le pays est dans une situation d’urgence”, a résumé leur vice-président Christophe Naegelen.Verra-t-on pour autant une fumée blanche au palais présidentiel avant la fin de journée ? Les précédents incitent à la prudence: il avait fallu 51 jours cet été au locataire de l’Elysée pour choisir Michel Barnier, et plusieurs semaines également dans le cas de ses prédécesseurs Gabriel Attal et Elisabeth Borne.- Calculs et boucliers -Cette fois-ci, Emmanuel Macron est pourtant pressé de trancher par son propre camp. La présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, plaide ainsi pour aller “rapidement” et désigner un nouveau chef de gouvernement “dans les prochaines heures”.Son calcul est simple: “additionner” les députés du “socle commun” (Renaissance, LR, MoDem, Horizons), de Liot et du parti socialiste pour obtenir une majorité absolue au Palais Bourbon. “Et donc il n’y a plus de censure possible”.Le patron du MoDem, François Bayrou, se dit pour sa part préoccupé par “une situation que pas un citoyen français ne peut accepter de voir perdurer ou se complexifier”.Pressenti, parmi d’autres, pour Matignon, l’allié historique de M. Macron ne revendique pas le poste mais presque: “Si je peux aider à ce qu’on sorte de tout ça, je le ferai”, a-t-il lancé dimanche depuis sa ville de Pau.Offre de service accueillie par une levée de boucliers à gauche. “La ligne politique de M. Bayrou n’a pas gagné les élections législatives”, a souligné Mme Tondelier sur RTL, tandis que le social-démocrate Raphaël Glucksmann a jugé sur France 2 que le centriste “enverrait le message de la continuité politique”.Or la gauche réclame sa part du pouvoir. “Si ce n’est pas un Premier ministre de gauche, nous ne participerons pas à ce gouvernement”, a averti le chef des députés socialistes Boris Vallaud sur France Inter.- “Lignes rouges” et “trahison” -Ce scénario se heurte toutefois à plusieurs “lignes rouges”. A commencer par celles de l’homme fort de la droite Laurent Wauquiez, qui balaye dans Le Figaro “une hypothèse pas crédible” au regard de ses propres “conditions”: “Ni LFI au gouvernement, ni le programme du Nouveau Front populaire”.Le numéro un du PS Olivier Faure a pourtant proposé vendredi des “concessions réciproques” au président de la République.Mais ce début d’ouverture a réveillé l’ire des Insoumis, qui ont refusé l’invitation au Palais et ont instruit tout le week-end le procès en déloyauté de leurs alliés. “Faure ne décide pas tout seul”, a tonné Jean-Luc Mélenchon dans la presse italienne et espagnole, martelant son refus “de trahir (ses) électeurs pour des postes”.Et si les socialistes font quand même alliance avec les macronistes voire la droite, alors “le Nouveau Front populaire continuera sans eux”, menace le patriarche de La France insoumise.A l’autre bout de l’échiquier politique, le Rassemblement national reste à l’affût. Pas convié à l’Elysée, son président Jordan Bardella demande déjà “à être reçu avec Marine Le Pen” par le futur Premier ministre “de manière à pouvoir exprimer très clairement (leurs) lignes rouges”, qui n’ont “pas varié”: pouvoir d’achat, sécurité, immigration et scrutin proportionnel.Arbitre de la censure du gouvernement Barnier, le parti à la flamme prévient d’avance: “Vous ne pouvez pas faire comme si on n’était pas là”.

Syrie: Paris conditionne son appui à la transition au respect des minorités

L’appui de la France à la transition politique en Syrie “dépendra du respect” des droits des femmes, des minorités et du droit international, a souligné lundi le chef de la diplomatie française démissionnaire, après la chute de Bachar al-Assad.Une coalition de rebelles menée par le groupe islamiste radical Hayat Tahrir al-Sham (HTS) de Abou Mohammad al-Jolani a lancé une offensive qui a conduit à l’effondrement des forces gouvernementales.”Il appartient à ce groupe de faire la démonstration de sa volonté sincère d’écarter l’extrémisme, d’écarter l’islamisme et le jihadisme de cette transition et surtout d’organiser une transition qui permette à toutes les minorités syriennes auxquelles nous sommes très attachés de prendre toute leur part”, a réagi Jean-Noël Barrot sur France Info. “Le soutien et l’appui que la France apportera à cette transition politique en Syrie dépendra du respect de nos exigences”, a-t-il ajouté.La France a rompu ses relations avec la Syrie en 2012 à la suite de la répression d’un mouvement pacifique de contestation. L’ambassade de France à Damas est depuis fermée.”L’instauration d’un Etat fort qui respecte les Syriens dans leur diversité ethnique, politique et religieuse est sans doute la meilleure garantie que nous puissions avoir contre le risque terroriste et les vagues migratoires”, a ajouté le ministre rappelant l’exode de “centaines de milliers” de Syriens en 2015, “qui fuyaient la torture, la persécution et gazage arbitraires de Bachar”.Il a insisté sur le fait que le respect de ces minorités conditionnait “la capacité de la Syrie à vivre en paix et en sécurité dans sa région”.Le groupe HTS, qui a rompu avec Al-Qaïda, est “un mouvement islamiste”, a-t-il rappelé. “Et soyons lucides, il y a des risques très importants qui guettent la Syrie, celui de la fragmentation et de l’instabilité, comme on a pu le voir par le passé en Libye ou en Irak et celui de l’islamisme. Et sur ce sujet, nous serons intransigeants”.La transition en Syrie doit donc, selon lui, ne “laisser aucune place à l’extrémisme et aucune place au terrorisme.”Il a souligné que la France disposait de leviers, tels que “l’intransigeance absolue vis-à-vis du régime” et les “liens étroits que nous avons tissés avec les oppositions syriennes, y compris celles qui sont en exil et avec certaines des minorités”, en particulier “la minorité kurde”, ou encore le levier financier “puisqu’il faudra participer à la reconstruction, que ce soit au niveau français ou au niveau européen”.”Et nous ne le ferons que si les conditions que j’ai évoquées tout à l’heure sont effectivement respectées”.S’agissant des “quelques centaines de ressortissants” français sur place, le ministre démissionnaire a souligné que Paris suivait “attentivement” la situation “au travers de l’ambassade de Roumanie et au travers de notre ambassade de France à Beyrouth”. 

Budget: la loi spéciale est “prête”, peut être présentée “dès le prochain conseil des ministres”, selon Laurent Saint-Martin

La loi spéciale pour permettre à l’appareil d’Etat de fonctionner en l’absence de budget est “prête”, a assuré le ministre du Budget démissionnaire Laurent Saint-Martin lundi, ajoutant qu’il suffirait de réunir un conseil des ministres pour que le texte soit présenté. “Cela fait cinq jours que je suis au travail depuis la censure de ce gouvernement pour préparer cette loi spéciale qui pourrait être présentée dès le prochain conseil des ministres, il suffit de le réunir pour qu’elle soit présentée”, a-t-il déclaré sur TF1. Cette loi spéciale, promise par Emmanuel Macron avant la mi-décembre, pourrait être portée par “le gouvernement démissionnaire ou par un nouveau gouvernement”, a précisé M. Saint-Martin. Elle doit permettre d’éviter le “shutdown”, à savoir une paralysie administrative, en reconduisant les crédits budgétaires de l’année 2024 pour l’année suivante. Elle servira aussi à prélever l’impôt à partir du 1er janvier 2025. “La loi spéciale ne peut pas indexer l’impôt sur le revenu à son barème sur l’inflation”, a précisé le ministre évoquant une impossibilité constitutionnelle.De leur côté, les retraites seront bien indexées “quoiqu’il arrive” par le code de la sécurité sociale, synonyme de revalorisation. – “Cette censure a un prix” -Le ministre démissionnaire a insisté sur la nature temporaire de la loi spéciale, et la nécessité pour le prochain gouvernement de proposer un nouveau budget 2025 “le plus tôt possible, en début d’année”. “Il faut que les Français se rendent compte que cette censure a un prix. Elle a un coût pour eux puisque c’est l’impossibilité de mettre toutes les mesures de protection, tous les services publics renforcés qui étaient prévus pour leur quotidien”, a regretté M. Saint-Martin.Il a appelé à la “responsabilité collective” des élus, pour qu’un “socle d’union plus large”, allant du parti socialiste aux Républicains, puisse “gouverner le pays”. Transfuge de la première heure du PS au sein de La République en marche, M. Saint-Martin a estimé que l’intégration de socialistes dans le prochain gouvernement serait “une bonne nouvelle”, à condition qu’il y ait des “compromis d’idées”. La réforme des retraites pourrait surgir comme un  point de friction: les socialistes voudraient l’abroger, tandis que le camp présidentiel et LR campent sur leur position. “Il va falloir se mettre d’accord sur la première dépense du pays qui est notre système de pensions. Comment est-ce qu’on l’équilibre?”, a-t-il lancé. Pour finir, interrogé sur la possibilité de voir François Bayrou à Matignon, le ministre démissionnaire du Budget s’est montré très favorable.”François Bayrou est un homme de rassemblement, un homme de compromis, un homme d’union et qui, depuis très longtemps, alerte sur le sujet des finances publiques et de la dette. Donc il coche plusieurs cases”, a-t-il jugé. 

Nouveau gouvernement: levée de boucliers à gauche contre l’option Bayrou pour Matignon

Le socialiste Boris Vallaud, l’écologiste Marine Tondelier et le social-démocrate Raphaël Glucksmann ont réfuté lundi l’hypothèse d’une nomination de François Bayrou à Matignon, rappelant que le centriste n’a “pas gagné les législatives” et incarne la “continuité politique” d’Emmanuel Macron.”La ligne politique de M. Bayrou n’a pas gagné les élections législatives” cet été, a souligné Mme Tondelier sur RTL, à quelques heures de son rendez-vous à l’Elysée pour discuter avec le chef de l’Etat de la formation d’un nouveau gouvernement.Le président du MoDem, dont le nom revient avec insistance pour succéder à Michel Barnier, a fait savoir dimanche qu’il se tenait prêt à “aider” sans pour autant se déclarer formellement candidat à Matignon.Mais s’il s’agit de “faire une politique qui se rapproche de celle qui a gagné les élections”, alors “autant mettre directement un Premier ministre qui a gagné les élections”, a estimé la patronne des Ecologistes, qui revendique toujours la victoire avec ses alliés de gauche du Nouveau Front populaire.Ligne également défendue par M. Vallaud: “Si ce n’est pas un Premier ministre de gauche, nous ne participerons pas à ce gouvernement”, a affirmé le chef des députés PS au même moment sur France Inter.Par conséquent, si le futur locataire de Matignon “est issu du bloc central (ou) de la droite, il n’y aura pas de ministres socialistes”, a-t-il insisté.A tout le moins, “il faut une personnalité qui soit compatible avec la gauche”, a jugé Raphaël Glucksmann sur France 2, évoquant la possibilité d’une “personnalité de la société civile” comme l’ancien leader de la CFDT Laurent Berger.L’eurodéputé, chef du parti Place publique, espère ainsi “aller plus loin que le PS” et embarquer “aussi les communistes (et) les écologistes”. Ce que ne pourrait pas réussir M. Bayrou, qui “enverrait le message de la continuité politique” quand “ce n’est pas ça qu’il faut”.

Budget: la loi spéciale est “prête”, peut être présentée “dès le prochain conseil des ministres” (Laurent Saint-Martin)

La loi spéciale pour permettre à l’appareil d’Etat de fonctionner en l’absence de budget est “prête”, a assuré le ministre du Budget démissionnaire Laurent Saint-Martin lundi, ajoutant qu’il suffirait de réunir un conseil des ministres pour que le texte soit présenté. “Cela fait cinq jours que je suis au travail depuis la censure de ce gouvernement pour préparer cette loi spéciale qui pourrait être présentée dès le prochain conseil des ministres, il suffit de le réunir pour qu’elle soit présentée”, a-t-il déclaré sur TF1. Cette loi spéciale, promise par Emmanuel Macron avant la mi-décembre, pourrait être portée par “le gouvernement démissionnaire ou par un nouveau gouvernement”, a précisé M. Saint-Martin. Elle doit permettre d’éviter le “shutdown”, à savoir une paralysie administrative, en reconduisant les crédits budgétaires de l’année 2024 pour l’année suivante. Elle servira aussi à prélever l’impôt à partir du 1er janvier 2025. “La loi spéciale ne peut pas indexer l’impôt sur le revenu à son barème sur l’inflation”, a précisé le ministre évoquant une impossibilité constitutionnelle.De leur côté, les retraites seront bien indexées “quoiqu’il arrive” par le code de la sécurité sociale, synonyme de revalorisation. 

Macron sous pression pour nommer un Premier ministre, Mélenchon met en garde les socialistes

À la veille de nouvelles consultations politiques à l’Élysée, Emmanuel Macron est sous la pression de son camp : la présidente de l’Assemblée lui demande de nommer un nouveau Premier ministre “dans les prochaines heures”, et François Bayrou se dit prêt “à aider” – sans se déclarer formellement pour Matignon.La France insoumise dénonce, de son côté, une “trahison” des socialistes s’ils rejoignaient le futur gouvernement.La parenthèse, ouverte samedi avec la réouverture de Notre-Dame devant un parterre de chefs d’Etat et de gouvernement, n’aura pas duré longtemps pour Emmanuel Macron.”On ne peut pas continuer comme ça”, a averti dimanche le président du MoDem François Bayrou, resté silencieux depuis la censure du gouvernement Barnier.”Si je peux aider à ce qu’on sorte de tout ça, je le ferai”, a ajouté sur France Bleu Béarn le maire de Pau, pressenti – parmi d’autres – pour Matignon.La présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet a, de son côté, exhorté le chef de l’État à nommer un nouveau Premier ministre “dans les prochaines heures”, alors qu’Emmanuel Macron doit encore recevoir lundi matin à l’Élysée le groupe indépendant Liot, les communistes et les écologistes, mais pas les Insoumis qui ont décliné l’invitation.- Main tendue -À l’instar de plusieurs macronistes, dont le chef de file des députés Gabriel Attal, la titulaire du perchoir milite pour constituer un bloc central élargi allant des Républicains aux socialistes.”Si on additionne le socle commun, Liot et le PS, on arrive à 299″ députés, a-t-elle relevé devant le Grand Jury RTL-M6-Le Figaro-Public Sénat. “Là vous avez une majorité, et donc il n’y a plus de censure possible”. Et d’appeler à “un programme d’action” commun entre ces groupes politiques, autour notamment de la question des soins, l’agriculture, la simplification, la décentralisation et “pourquoi pas” la proportionnelle.Cette main tendue à gauche n’est pas du goût du président du Rassemblement national Jordan Bardella. Ce sera “l’alliance de tout et son contraire. Tout ça pour empêcher des millions d’électeurs qui ont voté pour le RN de voir leurs idées exprimées”, a-t-il commenté sur France 3.Le parti lepéniste n’a pas été convié à l’Élysée, mais Jordan Bardella demande à être reçu par le prochain locataire de Matignon afin d'”exprimer clairement les lignes rouges” de son parti.”Vous ne pouvez pas faire comme si on n’était pas là”, a-t-il mis en garde. Marine Le Pen a déjà prévenu qu’elle pourrait voter à nouveau une motion de censure.- “Fait accompli” -À gauche, deux lignes s’affrontent depuis la chute de Michel Barnier. D’un côté, socialistes, écologistes et communistes appellent, à des degrés divers, à la discussion. De l’autre, La France insoumise brandit la menace de l’explosion du Nouveau Front populaire (NFP). Si les socialistes rejoignent le futur gouvernement, “le Nouveau Front populaire continuera sans eux. Nous refusons de gouverner avec ce bloc de droite à la dérive”, avertit Jean-Luc Mélenchon dans un entretien aux quotidiens italien La Repubblica et espagnol El Pais.Le tribun ne ménage pas ses attaques contre Olivier Faure. Il “ne décide pas tout seul”, assène-t-il, fustigeant la démarche du Premier secrétaire du PS, qui a rencontré vendredi le chef de l’État pour lui proposer des “concessions réciproques”.”Nous avons été mis devant le fait accompli”, déplore Jean-Luc Mélenchon, dénonçant la “méthode extrêmement brutale” et “personnelle” d’un homme qui “veut être Premier ministre pour la gauche” alors que son parti, le PS, “a fait 1,67% à l’élection présidentielle” de 2022.Même réserve du côté du président insoumis de la commission des Finances de l’Assemblée, Éric Coquerel.”Je pense qu’Emmanuel Macron balade tout le monde. Il ne nommera pas un Premier ministre de gauche”, prévient-il sur franceinfo. Le député dénonce une stratégie du chef de l’État visant uniquement à “diviser” le NFP et refuse, comme la cheffe de file des députés LFI Mathilde Panot, de “trahir les électeurs”. “Il n’y a aucun compromis possible”, martèle l’élue du Val-de-Marne.À droite, Les Républicains maintiennent aussi leurs lignes rouges: “ni LFI au gouvernement, ni le programme du Nouveau Front Populaire”, a répété dans Le Figaro le chef de file des LR à l’Assemblée, Laurent Wauquiez. Quant à un socialiste à Matignon, cette hypothèse “n’est pas crédible”, à ses yeux, car il souhaite “un programme de travail clairement à droite”.

“Je serai toujours libre”: Gabriel Attal s’empare de Renaissance

“Nous ne serons jamais un parti comme les autres”. Gabriel Attal a été officiellement élu dimanche secrétaire général de Renaissance, après avoir dissuadé la concurrence au sein du parti d’Emmanuel Macron, qui doit se réinventer en pleine crise politique.L’ancien Premier ministre a remporté 94,9% des voix du Conseil national, sorte de Parlement du parti, qui s’est réuni dimanche dans un hôtel du quartier Montparnasse à Paris.M. Attal était seul en lice pour succéder à Stéphane Séjourné, après le retrait de la candidature d’Élisabeth Borne.Les deux anciens Premiers ministres ont finalement fait liste commune et se sont accordés sur la répartition des tendances au sein du bureau exécutif, le gouvernement du parti, qui sera installé “dans quelques semaines”.”Nous ne serons jamais un parti comme les autres”, “une association de rentiers de la politiques avides de pouvoir et dénoué de valeurs”, a lancé Gabriel Attal en clôture du Conseil national.Ayant pris ses distances avec le président Emmanuel Macron après une dissolution de l’Assemblée nationale à laquelle il n’a pas été associé et qui a mis un terme brutal à son bref bail à Matignon, M. Attal parachève ainsi sa prise de contrôle de l’appareil militant macroniste, après s’être déjà fait élire à la présidence du groupe des députés en juillet, malgré la volonté de l’Élysée.La tâche est redoutable tant le parti semble affaibli après sept ans d’exercice du pouvoir, et alors qu’au sein du bloc central, Édouard Philippe, qui a fondé son parti Horizons, a d’ores et déjà annoncé sa candidature à l’Élysée.D’Emmanuel Macron, il a été relativement peu question pendant cette réunion des quelque 300 à 400 cadres du parti qu’il a fondé en 2016.Pas plus que de la crise politique, alors que le chef de l’Etat doit nommer un Premier ministre dans les prochains jours après la chute du gouvernement Barnier. Sollicité par la presse sur ce sujet, M. Attal n’a pas souhaité répondre.La fin de l’ère Macron à Renaissance ? “Si je suis là, c’est grâce à lui”. “Je sais ce que je lui dois, je sais ce que je vous dois”, a dit M. Attal sous les ovations.-“États généraux”-Mais “je serai toujours libre, nous serons toujours libres”, a lancé l’élu des Hauts-de-Seine, bien décidé à relancer ce parti au moyen d’un vaste programme de travail pour le début d’année 2025. Il entend ainsi initier “la plus vaste mobilisation depuis la grande marche” de 2016 et “lancer des états généraux”. Charge aux comités locaux et à leurs adhérents de faire remonter la parole militante, y compris en allant solliciter les ex-marcheurs.”Nous nous retrouverons ensemble d’ici mars pour un grand rassemblement” qui servira à “restituer le verdict de nos militants, fixer des orientations nouvelles, affirmer des lignes fortes et des valeurs claires”.M. Attal entend également lancer des “conventions thématiques” autour de “trois grands sujets”: travail, “fermeté républicaine” et transition écologique.La “parole de nos adhérents doit être au centre de tout”, a-t-il martelé. Ce qui doit convenir à Élisabeth Borne, élue dimanche matin présidente du Conseil national, une instance à laquelle elle entend bien faire jouer “pleinement le rôle de parlement de Renaissance”.Mme Borne a également annoncé un programme de travail pour cette instance, avec la création de commissions calquées sur les commissions parlementaires.Le Conseil national a, par ailleurs, adopté deux motions thématiques, une sur les violences sexistes et sexuelles présentée par l’ex-ministre Aurore Bergé, l’autre portée par le président des Jeunes avec Macron, Ambroise Méjean, réaffirmant l’attachement du parti à la “moralisation de la vie politique”.M. Méjean a notamment dit regretter que des dirigeants “y compris au sein de (sa) famille politique” aient critiqué les réquisitions, particulièrement le risque d’une inéligibilité immédiatement exécutoire, contre Marine Le Pen (RN) dans le procès des assistants parlementaires au Parlement européen. Visant sans le nommer Gérald Darmanin, absent de ce Conseil national auquel ont en revanche assisté Bruno Le Maire ou encore Richard Ferrand.

Censure: “Pas le chaos” mais attention à “une perte de crédibilité progressive” de la France, estime Moscovici

La censure du gouvernement Barnier “n’est pas le chaos” mais il faut éviter “une perte de crédibilité progressive” de la France en raison notamment d’une “dette trop importante”, a estimé dimanche le premier président de la Cour des Comptes, Pierre Moscovici, sur LCI.La censure “n’est ni une catastrophe ni quelque chose d’anodin. (…) Les marchés n’ont pas frémi, le +spread+ (écart de taux, NLDR) a plutôt un tout petit peu diminué avec l’Allemagne. Notre crédit est surveillé, il est sans doute atteint, on se dit que la France est entrée dans une phase d’incertitude politique, on attend des réponses mais sans pour autant frémir, sans se dire que le pays est tombé”, a résumé M. Moscovici.”Ce n’est pas le chaos et ce ne sera pas le chaos, ce que je crains beaucoup plus, c’est une forme d’enfoncement”, a-t-il mis en avant.”Nous ne sommes pas menacés par une situation à la grecque, en revanche nous devons être extrêmement vigilants par ce qui nous menace”, a souligné Pierre Moscovici en mettant en avant “une dette trop importante qui nous empêche d’agir” et “une perte de crédibilité progressive, comme si on s’enfonçait doucement, comme si on sortait des radars”.Le gouvernement de Michel Barnier s’était fixé l’objectif de réduire le déficit public à 5% du PIB l’an prochain. Le déficit est attendu à 6,1% du PIB en 2024, contre 4,4% prévus initialement.Le premier président de la Cour des Comptes estime que “l’objectif du prochain gouvernement doit être de réduire nettement le déficit et d’aller vers les 5%”, notamment pour avoir “de la capacité à agir dans le futur”. “Nous n’allons pas avoir un budget tout de suite, pour faire en sorte d’éviter le +shutdown+, on va voter une loi spéciale qui sera extrêmement étroite et réduite, et qui permettra la continuité des services publics actuels. Ensuite, il faudra voter un budget, qui ira vers les 5%” de déficit public, a estimé M. Moscovici. “Personne ne pourrait dire quel serait le déficit si on se contentait de la loi spéciale, mais probable que ce serait autour de 6%, un tout petit peu moins que 6%”, a-t-il poursuivi.”Je n’ai pas la sensation qu’on soit dans une phase de récession” même s'”il est certain qu’aujourd’hui la pente est un peu plus sévère”, a-t-il également indiqué, interrogé sur les propos du président du Medef, Patrick Martin, qui “pense” que la France est “déjà rentrée en légère récession”.

Braun-Pivet demande la nomination d’un gouvernement “dans les prochaines heures”

La présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet a exhorté dimanche Emmanuel Macron à nommer un nouveau Premier ministre “dans les prochaines heures”, appelant le bloc central à s’ouvrir aux socialistes.”Il faut rapidement nommer un nouveau Premier ministre (…) dans les prochaines heures”, a fait valoir la titulaire du perchoir alors que le président de la République Emmanuel Macron doit poursuivre lundi ses consultations à l’Elysée en rencontrant les communistes et les écologistes, mais pas La France insoumise qui a décliné l’invitation.Yaël Braun-Pivet a appelé à s’élargir vers les socialistes.”Si on additionne le socle commun (…), si on y ajoute le groupe (indépendant) Liot et le Parti socialiste, on arrive à 299 (députés). Là vous avez une majorité, et donc il n’y a plus de censure possible”, a-t-elle relevé au Grand Jury RTL-M6-Le Figaro-Public Sénat.”Est-ce qu’on est aujourd’hui capable avec (ces) groupes politiques de s’entendre sur un programme d’action, je crois que oui”, a-t-elle ajouté, en citant la question des soins, l’agriculture, la simplification, la décentralisation et “pourquoi pas” la proportionnelle.Sur la question des finances publiques, Yaël Braun-Pivet estime qu’il peut encore “y avoir un budget au 31 décembre”. Malgré l’urgence budgétaire, elle ne se montre pas favorable à la loi spéciale évoquée par Emmanuel Macron, qui permet à l’État de maintenir les recettes fiscales et d’assurer son fonctionnement.”Si on adopte une loi spéciale, un nouveau budget devra être présenté par le gouvernement. Moi, je n’étais pas sur cette position”, a déclaré la présidente de l’Assemblée.Elle souhaite que les députés “reprennent les débats budgétaires là ou ils se sont arrêtés” afin de tenter de trouver rapidement un compromis.