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Bayrou surmonte une nouvelle motion de censure de la gauche et ulcère le PS

François Bayrou a sans surprise échappé mercredi à une sixième motion de censure, déposée cette fois par les députés socialistes qui protestaient contre l’influence de l’extrême droite. Durement attaquées par le Premier ministre, les troupes d’Olivier Faure se sont montrées courroucées.La motion socialiste n’a recueilli que 181 voix pour (avec celles des écologistes, des Insoumis et des communistes), loin des 289 voix nécessaires pour renverser le gouvernement.”Voilà la motion de censure la plus cousue de fil blanc de toute l’histoire parlementaire”, a fustigé François Bayrou à la tribune avant le vote, qualifiant également l’initiative de “motion de censure à blanc”, ou “pour faire semblant”. Outrés, la majorité des députés PS a quitté l’hémicycle en plein discours du chef du gouvernement. “C’est la première fois que je vois un parti (…) quitter l’Assemblée pendant la discussion de sa motion de censure”, a ironisé François Bayrou, suscitant des applaudissements à droite et sur les bancs du RN. “Ce sont les affrontements entre partis sans cause et sans raison, uniquement sur des prétextes (…) qui nous empêchent de saisir les enjeux et de les relever”, a plus tard jugé François Bayrou, en conclusion d’un long discours.A quelques mètres de là, les socialistes ont alors improvisé un point presse devant des journalistes. “Le Premier ministre a choisi le ton de la polémique”, a regretté Olivier Faure, premier secrétaire du PS, en estimant que “dans l’ensemble, tout ce qu’il a pu dire était assez grossier.”M. Faure a défendu la stratégie de son parti, qui avait décidé de ne pas censurer le gouvernement précédemment parce qu’il “fallait un budget pour la France”, mais qui dénonce aujourd’hui “une dérive que l’on pourrait qualifier de trumpienne”. Le texte de la motion, qui reprochait au gouvernement de “céder aux passions tristes de l’extrême droite”, était signé par les 66 députés du groupe socialiste. Il n’avait a priori aucune chance d’aboutir, faute d’avoir le soutien du Rassemblement national (RN).Le parti de Marine Le Pen “ne s’interdit rien pour l’avenir” mais “n’a pas encore décidé de se servir du marchepied constitué par le bloc de gauche” pour censurer, a lancé, provocateur, le député RN Kévin Pfeffer. Il a également déploré “un spectacle un peu pathétique auquel le public, lassé, ne participe plus”. François Bayrou avait déjà survécu à cinq motions de censure de la gauche, une consécutive à sa déclaration de politique générale, et quatre sur les budgets de l’État et de la Sécurité sociale.- “Session de rattrapage” -Dans l’hémicycle, les députés de La France insoumise se sont retrouvés par moments plus nombreux que leurs collègues socialistes. Et ils ne se sont pas privés pour étriller leurs partenaires au sein d’une alliance en crise, qui avaient renoncé à censurer le gouvernement sur les budgets, suscitant la colère des Insoumis.”Aujourd’hui, pour redorer leur blason et se racheter une conscience, ils s’offrent une session de rattrapage”, a accusé Bastien Lachaud, député LFI. “Mais c’est un théâtre de dupes, une motion de censure symbolique, pour de faux.””Bayrou découvre le caractère toxique de toute relation avec le PS. Il n’hésite pas à maltraiter son petit personnel”, a aussi raillé sur X Jean-Luc Mélenchon, leader des Insoumis.Les socialistes reprochaient dans leur texte en particulier à François Bayrou d’avoir employé l’expression de “submersion” migratoire, reprenant “les mots funestes de Jean-Marie Le Pen”. Dans leur viseur également: le débat sur le droit du sol suggéré par le garde des Sceaux, Gérald Darmanin, le soutien du gouvernement à un texte LR restreignant ce droit à Mayotte, ou encore l’adoption à l’Assemblée nationale d’un texte sur la justice des mineurs.Le texte évoquait aussi l’affaire des violences à Notre-Dame-de-Bétharram, estimant que “le Premier ministre ne peut se soustraire aux interrogations légitimes des victimes et de leurs proches, de la représentation nationale et de la presse”.François Bayrou est accusé dans ce dossier d’être intervenu dans l’enquête ouverte fin 1997 concernant le père Carricart, ex-directeur de l’institution des Pyrénées-Atlantiques, et d’avoir menti à la représentation nationale, ce qu’il récuse entièrement.

Indignation face à l’arrêt annoncé des “activités ludiques” en prison

Trente-trois organisations soucieuses des droits des détenus se sont indignées mercredi de l’arrêt des “activités ludiques” en prison décidé par le ministre de la Justice, appelant Gérald Darmanin à revenir sur une décision dénoncée comme “un acte de pure démagogie”.Les signataires, parmi lesquelles figurent l’Observatoire international des prisons (OIP), la Ligue des droits de l’Homme ou le Secours catholique, demandent au garde des Sceaux de se raviser et “d’engager une réflexion sérieuse sur le sens de la peine et l’amélioration des conditions de détention”.Dans le sillage d’une polémique autour de soins du visage prodigués à des détenus à la maison d’arrêt de Toulouse-Seysses, le garde des Sceaux a annoncé lundi avoir ordonné l’arrêt de toutes les “activités ludiques” en prison qui ne concernent pas l’éducation, la langue française ou le sport.Dans une lettre mercredi au directeur de l’administration pénitentiaire, le ministre insiste sur le fait que la mise en oeuvre des activités en détention doit prendre en compte “sens de la peine” et “respect des victimes”. “Aucune de ces activités ne peut être ludique ou provocante”, ajoute le texte, sans plus de précisions.Mais sans attendre, “l’emballement a déjà gagné de nombreux établissements pénitentiaires, où l’ensemble des activités visé par le garde des Sceaux est temporairement suspendu”, affirme le communiqué publié mercredi par l’OIP.Le texte accuse le ministre de “nourrir la désinformation, plutôt que de rappeler la mission d’insertion des personnes détenues confiée à son administration” et de défendre “à nouveau une approche exclusivement punitive de la prison”.- “Soupape” -Ces vives critiques viennent s’ajouter à celles de la contrôleure générale des lieux de privation de liberté Dominique Simonnot, qui a rappelé lundi à l’AFP que ces activités sont “prévues par la loi” et “réapprennent aux gens à revivre normalement” en vue de leur libération.”Ces activités s’inscrivent en réalité dans un travail sur l’estime de soi et le lien social, qui conditionne toute autre démarche d’insertion”, font valoir les signataires, parmi lesquels figurent des syndicats de magistrats ou de surveillants pénitentiaires.Ils estiment qu’au lieu de “saper une mission essentielle de son ministère, déjà largement en mal de moyens”, le garde des Sceaux aurait pu s’attaquer au “scandale bien réel” des conditions de détention.Selon le texte, qui relève “surpopulation généralisée” dans les prisons françaises et “insalubrité de nombreux établissements”, le quartier maison d’arrêt de Seysses comptait au 1er janvier 1.239 détenus pour 580 places.Il décrit les activités en détention comme “un levier essentiel non seulement pour préparer la réinsertion des personnes détenues, mais aussi pour préserver leur équilibre psychologique”, affirmant que “l’administration y voit même souvent une soupape pour gérer une détention explosive”.Se joignant à cette condamnation, l’Association des juges d’application des peines a fustigé une “réaction démagogique et épidermique aux effets délétères et contre-productifs”.- “Bon sens” -Dans la matinale de France Inter, Gérald Darmanin en a appelé au “bon sens”, affirmant que parmi les détenus ayant bénéficié des soins du visage au cœur de la polémique figuraient des “détenus radicalisés” ou condamnés à de “très longues peines”.”Ce que je dis, c’est qu’on ne doit pas faire des massages et des soins du visage à des détenus radicalisés. Et je pense que, à peu près (à) 95%, j’imagine, les Français sont d’accord avec moi”.”Que nous fassions des activités éducatives, d’appréhension du français, de réinsertion lorsque les gens sont à quelques mois de leur sortie d’une prison, bien sûr”, a-t-il expliqué, “mais je ne pense pas que ça passe par le maquillage”. Cette affaire fait écho à la polémique en août 2022, venue en particulier de l’extrême droite et de la droite, autour d’une épreuve de karting à la prison de Fresnes (Val-de-Marne).Le ministre de la Justice de l’époque, Éric Dupond-Moretti, avait fait valoir qu’il aurait mis son “veto” s’il avait été préalablement informé, avant que la Chancellerie n’annonce une circulaire au sujet de la validation expresse de la direction de l’administration pénitentiaire sur les conditions de projets de réinsertion en prison.Syndicats de magistrats et d’avocats avaient alors vu dans la réaction du ministre “une communication démagogique et sécuritaire dictée par l’extrême droite”.

Crèches: perquisition “la semaine dernière” au domicile de la ministre Aurore Bergé

Le domicile de la ministre Aurore Bergé, soupçonnée d’avoir menti sous serment sur ses liens avec une lobbyiste des crèches privées, a été perquisitionné dans l’enquête qui la vise à Paris à la Cour de justice de la République (CJR) pour “faux témoignage”.Son domicile a été perquisitionné “la semaine dernière”, a appris mercredi l’AFP de sources proches du dossier.Le domicile de la lobbyiste, Elsa Hervy, et les bureaux de la Fédération française des entreprises de crèches (FFEC), dont elle est la déléguée générale, ont aussi été perquisitionnés, d’après ces sources.Les gendarmes de la section de recherches (SR) de Paris et trois magistrats instructeurs de la CJR cherchent à déterminer si les deux femmes ont une relation particulière, qui aurait pu être sciemment cachée par Aurore Bergé, alors ministre des Familles.”La perquisition qui a eu lieu n’est que la suite logique et attendue de l’instruction en cours”, a réagi auprès de l’AFP l’avocate de la ministre, Jade Dousselin.”Comme elle l’a indiqué, Aurore Bergé reste par principe à la disposition de la CJR pour que cette dernière puisse travailler sereinement”, a ajouté Me Dousselin.”Dans ce dossier, où Elsa Hervy et la Fédération sont sollicitées comme témoins, les perquisitions vont démontrer qu’Elsa Hervy et Aurore Bergé n’entretiennent pas de relation intime, amicale ou personnelle”, a déclaré à l’AFP Albane Lancrenon, avocate d’Elsa Hervy et de la FFEC.- “C’est surtout une copine :)” -Lancées fin janvier, les investigations portent sur des déclarations de la ministre faites sous serment devant une commission d’enquête parlementaire le 30 avril 2024.L’information judiciaire a été ouverte après un signalement du bureau de l’Assemblée nationale: des députés de La France insoumise et du groupe Ecologiste et Social soupçonnent la ministre d’avoir passé sous silence des relations avec les lobbys devant la commission sur le modèle économique des crèches.Sous serment, la ministre avait affirmé n’avoir aucun “lien personnel, intime ou amical, ni d’accointances” avec la déléguée générale de la FFEC.Or, dans son livre-enquête “Les Ogres” (Flammarion), sur les dérives de certains groupes privés de crèches, le journaliste Victor Castanet évoque un “pacte de non-agression” qui aurait été conclu entre Mme Bergé, à l’époque où elle était ministre des Familles (juillet 2023-janvier 2024), et Elsa Hervy.Aurore Bergé, alors députée Ensemble pour la République (EPR), avait rejeté les accusations et porté plainte en diffamation contre Victor Castanet.En réponse, le journaliste avait rendu publics des documents attestant selon lui d'”une entente entre Aurore Bergé et Elsa Hervy”.Parmi ces documents, un courriel adressé le 8 août 2023 par la ministre à sa directrice de cabinet, où elle dit à propos de Mme Hervy: “C’est surtout une copine 🙂 Elle sera très aidante avec moi”.- “Jamais eu de contrepartie” -Lors de la commission, un député LFI avait plusieurs fois demandé à la ministre comment Mme Hervy avait pu être “aidante”.”Il n’y a jamais eu de contrepartie”, a assuré la ministre.”Elsa Hervy est une personne que j’ai connue il y a des années dans un autre cadre de relation, mais avec laquelle je n’ai jamais eu une seule fois un rendez-vous privé en tête à tête”, avait-elle ajouté. Une enquête est en parallèle ouverte, depuis le 22 octobre à Paris, pour le vol de la correspondance de Mme Bergé, qui a porté plainte.Mme Hervy et la FFEC ont également déposé deux plaintes à Paris en novembre, souligne leur avocate: une pour diffamation et une pour atteinte au secret de la correspondance, notamment.Issue de LR, Aurore Bergé a été ministre des Solidarités et des Familles, puis en charge de l’Egalité entre les femmes et les hommes dans le gouvernement Attal.Privée de maroquin sous Michel Barnier, elle a retrouvé le ministère de l’Egalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations le 23 décembre.La CJR est la seule juridiction habilitée à poursuivre et juger les membres du gouvernement pour des infractions commises dans l’exercice de leurs fonctions.

Refus de Kohler d’être auditionné: la commission d’enquête envisage des poursuites pénales

La commission des Finances de l’Assemblée, chargée d’enquêter sur le dérapage des finances publiques, a donné mercredi son feu vert à son président Éric Coquerel pour qu’il engage une procédure pénale contre le secrétaire général de l’Élysée Alexis Kohler s’il refuse à nouveau d’être auditionné, a indiqué M. Coquerel à la presse.Par 40 voix contre 21, les députés “ont approuvé ma décision d’écrire une dernière fois à M. Kohler pour lui demander de se rendre à la convocation de la commission, en lui rappelant les peines encourues”, a déclaré à la presse M. Coquerel, dans la salle des quatre colonnes à l’Assemblée. “S’il ne répond pas très rapidement, c’est-à-dire début mars, ou répond par la négative, alors j’en appellerai au procureur pour engager un recours pénal”, a-t-il ajouté, précisant que, par ce vote, les députés de la commission lui avaient donné leur aval.Pour le député macroniste Mathieu Lefèvre, “les extrêmes se sont une nouvelle fois alliés” avec un “objectif clair”, celui de “tenter un coup politique pour atteindre le président”, face à “une commission d’enquête qui fait pschitt” et “alors que la politique budgétaire relève strictement du gouvernement”.La commission des Finances a obtenu pour six mois les pouvoirs d’une commission d’enquête et lancé ses travaux début décembre pour enquêter sur “les causes” de “la variation” et des “écarts des prévisions fiscales et budgétaires” constatés sur les années 2023 et 2024.M. Kohler, plus proche collaborateur du président Emmanuel Macron, n’a pas répondu à la convocation de la commission le 11 février, invoquant des problèmes d’agenda, puis “le principe de séparation des pouvoirs”, selon deux courriers adressés au président de la commission, consultés par l’AFP.”Des questions destinées à obtenir des informations concernant les modalités d’exercice des fonctions du président de la République ou ses positions ne pourraient obtenir une réponse sans porter atteinte au principe de séparation des pouvoirs”, écrit le secrétaire général de l’Élysée.”Si le président de la République ne peut être auditionné par le Parlement, cela a été le cas à plusieurs reprises pour des collaborateurs de l’Élysée”, a dit M. Coquerel.Selon une ordonnance du 17 novembre 1958, toute personne dont une commission d’enquête a jugé l’audition utile est tenue de déférer à la convocation qui lui est délivrée. La personne qui ne comparaît pas ou refuse de déposer ou de prêter serment devant une commission d’enquête est passible de deux ans d’emprisonnement et de 7.500 euros d’amende.M. Kohler s’est déjà présenté devant des commissions d’enquête, que ce soit en 2019 pour celle chargée d’enquêter sur l’affaire Benalla au Sénat, ou en 2020 pour celle chargée d’enquêter sur les concessions d’autoroute, toujours à la chambre haute.

Richard Ferrand, le dernier grognard de Macron devient premier des Sages

Il se serait imaginé “éteindre la lumière” des quinquennats d’Emmanuel Macron comme Premier ministre, mais Richard Ferrand va finalement prendre la tête du Conseil constitutionnel. Une consécration obtenue difficilement pour cet ex-président de l’Assemblée issu de la gauche, resté un influent entremetteur politique.Vendredi 13 décembre 2024, 10H30, un nom s’affiche sur le téléphone de Richard Ferrand: François Bayrou. “Richard, il nous faut nous voir”, souffle le patron du MoDem, à peine sorti du bureau d’Emmanuel Macron où il tente d’arracher sa nomination comme Premier ministre.Pourquoi, en plein bras de fer, M. Bayrou passe-t-il une heure à écumer sa colère dans un appartement de la rive gauche de Paris? Car il sait Richard Ferrand l’un des rares capables de décoder la psyché élyséenne, après dix années à côtoyer Emmanuel Macron. “Il a un positionnement unique auprès du président qui est de pouvoir vraiment tout lui dire, sans filtre, et le président l’écoute pour de vrai. Ce lien-là je ne l’ai jamais vu s’éteindre”, témoigne l’ancien ministre Stanislas Guerini.Un poids que M. Ferrand, 62 ans, s’emploie à minimiser auprès de ses interlocuteurs, faisant valoir qu’il y avait “des sujets sur lesquels” il pouvait “emporter la conviction” du président. “D’autres, ce sont des bouteilles à la mer”, s’amuse-t-il. Cette proximité a même été un poids pour lui quand il a fallu mercredi défendre sa candidature, et son indépendance vis-à-vis de l’Élysée, auprès des parlementaires. “Je ne crois pas avoir une âme de valet”, a-t-il lancé devant les députés. Sans mandat électif depuis 2022, désormais à la tête d’une société de conseil, M. Ferrand n’en conserve pas moins un pied en politique, au point d’être maintes fois cité pour Matignon. Et consulté par le président avant chaque décision d’importance.Il est aperçu devisant avec François Hollande devant Notre-Dame le jour de la réouverture, à une table de restaurant avec les ex-ministres Éric Dupond-Moretti et Olivier Dussopt, tandis que fuitent des bribes de ses échanges avec Nicolas Sarkozy…Et cet adepte de la formule ciselée, amateur de bonne chère et de rugby, d’ironiser sur le taux de remplissage de sa messagerie à l’heure des remaniements, ou sur les floraisons de mots doux – et intéressés – qu’on lui susurre à l’adresse du président, y compris d’opposants notoires. Mais c’est en spectateur parfois amer qu’il voit la page Macron se tourner dans son propre camp, avec l’émergence de Gabriel Attal. Visant notamment M. Ferrand, l’entourage de l’ex-Premier ministre avait d’ailleurs moqué l’an dernier dans la presse l’influence des “boomers” qui voudraient faire de la Ve République un “Ehpad”. – Doutes -Du commando originel qui a contribué à amener M. Macron au pouvoir en 2017, beaucoup ont pris le large, usés, déçus voire balayés par les affres de la politique. Mais Richard Ferrand, qui végétait au mitan des années 2010 dans le marais des députés socialistes avant d’être propulsé sur le devant de la scène par l’aventure macroniste, est arrimé dans la garde rapprochée. Y compris après sa défaite aux législatives de 2022, après dix ans de mandat dans le Finistère où cet Aveyronnais d’origine avait jeté l’ancre. Y compris surtout après avoir essuyé dès l’été 2017, tout juste nommé ministre de la Cohésion des territoires, une tempête judiciaire avec le dossier des Mutuelles de Bretagne. Mis en examen pour “prise illégale d’intérêts”, il a vu le feuilleton se clore en octobre 2022, la Cour de cassation confirmant la prescription de faits que M. Ferrand estime de toutes façons “pas établis”.Père de deux jeunes filles et d’un fils plus âgé issu d’un premier mariage, cet ancien journaliste et dirigeant d’une agence de graphisme s’est souvent dit meurtri par cette affaire immobilière. Cela l’a aussi amené à réserver sa réponse pour se porter candidat à la présidence du Conseil constitutionnel, craignant que sa candidature qu’il savait “périlleuse” ne rouvre ces blessures et n’engendre un camouflet à Emmanuel Macron. “J’ai beaucoup hésité (…) Je n’ignorais rien, évidemment, des doutes qui surgiraient sur différents points”, a-t-il ainsi admis devant les députés mercredi, qui ont notamment questionné son manque d’expertise jurdique, lui qui a poursuivi de son propre aveu “de très modestes études supérieures”.Mais l’envie était brûlante: comment refuser de s’inscrire dans les pas de Laurent Fabius et Jean-Louis Debré, qui furent également ses prédécesseurs à la présidence de l’Assemblée? Une manière aussi de se poser durant neuf ans en garant des institutions en cas d’arrivée de forces populistes à l’Élysée en 2027.

Le maire d’Arcachon entendu dans l’enquête sur la pollution du Bassin

Le maire d’Arcachon et président du syndicat d’assainissement local, Yves Foulon, a été auditionné dans le cadre d’une enquête pour pollution ouverte après des rejets d’eaux usées dans le milieu naturel, a-t-on appris mercredi auprès du parquet et de son avocat.L’élu LR a répondu mardi aux questions des enquêteurs dans le cadre d’une “audition libre”, a indiqué le parquet, confirmant une information du journal Sud Ouest. Elle a duré environ une heure et s’est déroulée “dans un climat tranquille”, selon son avocat, Me Benoît Ducos-Ader.Durant l’hiver 2023-2024, un épisode de pollution aux eaux usées avait engendré une contamination des huîtres du Bassin d’Arcachon et une épidémie de gastroentérite chez les consommateurs durant les fêtes. Leur commercialisation avait été interdite pendant un mois.Des associations environnementales avaient porté plainte, dénonçant des déversements d’eaux usées dans la nature, imputés au syndicat intercommunal responsable de l’assainissement, le Siba, que préside M. Foulon.En janvier 2024, le parquet de Bordeaux avait ouvert une enquête visant des faits de pollution, écocide et mise en danger de la vie d’autrui, menée depuis par les gendarmes de Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique (Oclaesp).Avant M. Foulon, la directrice générale du Siba et la directrice des opérations d’une filiale de Veolia chargée de l’exploitation du réseau d’assainissement, avaient été interrogées sous le régime de la garde à vue.Des fonctionnaires de la Direction départementale des territoires et de la mer et de la Direction départementale de la protection des populations ont également été entendus ces dernières semaines selon Sud Ouest.En avril 2024, le constat de nouveaux déversements d’eaux usées avait conduit la justice à ordonner des mesures d’urgence pour y mettre fin. Le Siba a demandé à la préfecture de Gironde d’autoriser des rejets exceptionnels, quand de fortes pluies font saturer le réseau d’assainissement, mais les services de l’État s’y sont opposés dernièrement.

Gabriel Zucman, le Français qui veut faire payer les milliardaires

Si l’idée de taxer les milliardaires fait son chemin en France et à l’international en dépit des obstacles, il y est pour quelque chose. L’économiste français Gabriel Zucman s’active en coulisses pour que cette réforme voie le jour.”Je pense que quasiment tout le monde reconnaît le besoin d’une imposition minimale des ultra-riches” en France, veut croire ce père de trois enfants, interrogé par l’AFP.Après la tentative du gouvernement Barnier d’imposer une taxation minimale sur les hauts revenus, le gouvernement Bayrou planche sur une taxation sur le patrimoine des plus fortunés dont les contours sont encore flous, met-il en avant. Ces projets sont moins ambitieux que l’idée portée par l’économiste de 38 ans, et dont le groupe écologiste s’est inspiré pour présenter une proposition de loi, en examen jeudi à l’Assemblée nationale et qui consiste à imposer un impôt plancher de 2% sur le patrimoine des “ultra riches”. Une proposition communément surnommée “impôt Zucman”, du nom de l’économiste qui doit s’entretenir la semaine prochaine avec le ministre de l’Economie Eric Lombard et celle des Comptes publics Amélie de Montchalin.”Le problème actuel vient du fait que les très riches peuvent échapper à l’impôt sur le revenu en structurant leur patrimoine”, détaille M. Zucman qui partage sa vie entre l’Observatoire européen de la fiscalité à Paris, qu’il dirige, et l’université de Berkeley en Californie.D’où l’importance d’un impôt minimal dont la fixation à 2% “permettrait de s’assurer que les milliardaires français n’aient pas un taux de prélèvements obligatoires plus faible que celui des autres catégories sociales”.- Enfant de la crise -M. Zucman se décrit comme “un enfant de la crise financière” après avoir fait ses armes à 21 ans au sein de la société d’investissement Exane pour y écrire des notes et a “commencé le jour de la faillite de Lehman Brothers” (en 2008, NDLR).En 2019, il publie avec son collègue Emmanuel Saez “Le triomphe de l’injustice”, dans lequel il aborde le cas américain et évoque ses pistes pour taxer les riches ménages et entreprises.Ses idées ont été vite repérées au sein de la sphère politique: cet amateur de piano a publié en juin un rapport, à la demande de la présidence brésilienne du G20, sur la taxation des plus fortunés, proposant un impôt minimum mondial équivalent à 2% de la fortune des quelque 3.000 milliardaires. Quelques mois plus tard, cette organisation a endossé l’idée de coopérer pour taxer “effectivement” les personnes très fortunées, une décision saluée comme “historique” par ce diplômé de l’Ecole d’économie de Paris et ancien de l’Ecole normale supérieure de Paris-Saclay, qui a aussi la nationalité américaine.”Il faut agir à toutes les échelles”, martèle ce fils de médecins parisiens, s’opposant aux “discours défaitistes” et au risque de voir Donald Trump, un milliardaire proche des hommes les plus riches au monde, réduire à néant les avancées.Le fait même que cette thématique soit arrivée sur la table des négociations est une victoire, selon son ancien directeur de thèse, l’économiste Thomas Piketty. – Elizabeth Warren, Bernie Sanders -“Quand je proposais il y a dix ans dans +Le capital au XXIe siècle+ la création d’un impôt mondial sur la fortune, j’étais loin de me douter que cela arriverait aujourd’hui dans l’agenda officiel du G20″, dit à l’AFP M. Piketty, dont l’ouvrage avait rencontré un succès public inattendu et un large écho politique.”Cela doit beaucoup à l’infatigable énergie de Gabriel Zucman”, ajoute-t-il.”Il ne faut pas sous-estimer la résistance des contribuables concernés”, estime Gabriel Zucman qui a conseillé les candidats démocrates Elizabeth Warren et Bernie Sanders à la présidentielle américaine de 2020, et a travaillé sur la question des paradis fiscaux au travers de “La richesse cachée des nations”, sa thèse éditée en 2013 avant d’être traduite en près de 20 langues.Avec Thomas Piketty, Esther Duflo et Emmanuel Saez, Gabriel Zucman s’est hissé dans le club des économistes français reconnus aux Etats-Unis, d’autant plus après avoir reçu en 2023 la médaille Bates Clark, prestigieuse récompense économique.Une récompense “controversée”, avait jugé le journal The Economist, rappelant que certains de ses collègues mettent en doute ses méthodes utilisées pour mesurer les inégalités.

Bayrou s’apprête à surmonter une sixième motion de censure de la gauche

Le Premier ministre François Bayrou devrait échapper mercredi à une sixième motion de censure, déposée cette fois-ci par le Parti socialiste, qui reproche au gouvernement de “céder aux passions tristes de l’extrême droite”.Le texte, qui sera examiné en fin d’après-midi, n’a aucune chance d’aboutir, faute d’avoir le soutien du Rassemblement national.Ce qui n’a pas empêché le ministre des Relations avec le Parlement, Patrick Mignola, d’appeler mardi soir dans Le Parisien les parlementaires à la “responsabilité”, espérant qu’un “certain nombre de députés socialistes ne la voteront pas”, à l’heure où “deux superpuissances” – la Russie et les Etats-Unis “négocient au mépris de l’Europe” sur l’avenir de l’Ukraine.Le PS avait annoncé cette motion après avoir renoncé à censurer le gouvernement sur les budgets, la présentant comme une réponse à la “trumpisation” du débat public, et une protestation face à l’expression de “submersion” migratoire, employée par le Premier ministre.”Le Premier ministre a repris les mots funestes de Jean-Marie Le Pen”, critiquent les socialistes dans ce texte signé par les 66 députés du groupe.Qualifiant l’extrême droite “d’ennemi mortel de la République”, ils reprochent au gouvernement d’avoir “cédé” à ses “passions tristes” en “offrant des victoires culturelles inédites au Rassemblement national qu’il est censé combattre”.Dans leur viseur notamment : le débat sur le droit du sol suggéré par le garde des Sceaux Gérald Darmanin, le soutien du gouvernement à un texte LR restreignant ce droit à Mayotte, l’adoption à l’Assemblée, à l’initiative de l’ex-Premier ministre Gabriel Attal, d’un texte sur la justice des mineurs, la “dépénalisation des atteintes à la biodiversité” portée par la droite sénatoriale, ou encore “la remise en cause du Pacte Vert” au niveau européen.Le texte, déposé lundi, évoque aussi l’affaire des violences à Notre-Dame-de-Bétharram, estimant que “le Premier ministre ne peut se soustraire aux interrogations légitimes des victimes et de leurs proches, de la représentation nationale et de la presse”.Le Premier ministre est accusé dans ce dossier d’être intervenu dans l’enquête ouverte fin 1997 concernant le père Carricart, ex-directeur de l’institution, et d’avoir menti à la représentation nationale, ce qu’il récuse entièrement.L’affaire a de nouveau animé les questions au gouvernement mardi, François Bayrou contre-attaquant en chargeant le gouvernement de Lionel Jospin, au pouvoir à partir de juin 1997.Le Premier ministre a survécu à cinq motions de censure de la gauche, une consécutive à sa déclaration de politique générale, et quatre sur les budgets. Et le Parlement a tourné lundi la page budgétaire en adoptant le budget de la Sécu.Un succès pour le gouvernement de M. Bayrou, qui a fixé mardi sa feuille de route au Parlement jusqu’au mois de juin.

Détenus français en Iran: Macron a reçu les familles et “exige leur libération immédiate”

Les familles des trois Français détenus en Iran ont été reçues par Emmanuel Macron qui les a rassurées quant à la mobilisation des autorités, mais sans leur donner aucune échéance, a-t-on appris mardi auprès de la sœur de Cécile Kohler.”Aux côtés des familles de Cécile Kohler, Jacques Paris et Olivier Grondeau, toujours otages de l’Iran. Leur combat est celui de la Nation qui n’oublie aucun des siens. Nous exigeons leur libération immédiate”, a déclaré le président dans la soirée sur le réseau X, avec une photo de cette rencontre.Le chef de l’Etat a reçu lundi pendant une heure et demie les familles, a indiqué Noémie Kohler à l’AFP. “Le président nous a donné un certain nombre d’informations sur les négociations qui ont eu lieu pour la libération des otages”, a-t-elle indiqué, ajoutant qu’il était pour les familles “important de le voir et d’avoir des éléments concrets”.”Ca nous permet de nous conforter dans l’idée que les autorités sont complètement mobilisées pour la libération de nos proches”, a-t-elle ajouté. “Ce qu’on a compris, c’est que c’était très compliqué” et que “les autorités iraniennes refusent les solutions qui sont proposées par la France, donc c’est de leur côté que ça bloque”, a-t-elle poursuivi.”Malheureusement pour l’instant, on n’a toujours pas de perspectives de libération”, a-t-elle regretté, précisant que l’impossibilité d’obtenir une échéance pour leur libération avait été ressentie comme un “coup de massue”.Originaire de Soultz, en Alsace, Cécile Kohler a été arrêtée le 7 mai 2022 avec son compagnon Jacques Paris, au dernier jour d’un voyage touristique en Iran.Un troisième Français, Olivier Grondeau, détenu depuis plus de deux ans en Iran, est sorti de l’anonymat début janvier.Le 31 janvier, la famille de Cécile Kohler avait demandé à Emmanuel Macron d’intervenir, lors d’un rassemblement à Soultz à l’occasion de son millième jour de détention.Le même jour, le président français avait dénoncé la “détention indigne et arbitraire” des trois ressortissants français, les qualifiant “d’otages”, et exigé leur libération.L’Iran avait critiqué le chef d’Etat français pour cette déclaration, qualifiant ses propos de “non constructifs” et affirmant que “les décisions prises dans notre système (judiciaire) étaient conformes à la loi”.

Bétharram: Bayrou affirme n’être “jamais” intervenu et charge le gouvernement Jospin

Toujours aux prises avec l’affaire des violences à Notre-Dame-de-Bétharram, François Bayrou a martelé mardi n’être “jamais” intervenu, “ni de près ni de loin”, auprès de la justice et a contre-attaqué en visant le gouvernement de Lionel Jospin, au pouvoir à la fin des années 1990.Comme la semaine dernière, le Premier ministre a été soumis aux questions de l’Assemblée nationale sur son degré de connaissance et d’implication dans ce dossier qui concerne un collège-lycée catholique des Pyrénées-Atlantiques, près de Pau, où il a scolarisé plusieurs de ses enfants.Celui qui a été ministre de l’Education de 1993 à 1997 a déjà dit n’avoir “jamais été informé” dans le passé des agressions sexuelles et viols dont sont soupçonnés des membres de l’établissement sous contrat entre les années 1970 et 1990. Il a aussi expliqué avoir diligenté une inspection générale dès qu’il a appris, en 1996, le dépôt d’une première plainte d’un élève, giflé violemment par le surveillant général.Mais plusieurs députés, notamment l’élu de La France insoumise Paul Vannier, l’accusent d’avoir menti devant la représentation nationale.Dans un témoignage diffusé dimanche dans le magazine “Sept à Huit”, sur TF1, le gendarme chargé de l’enquête sur le père Carricart, ex-directeur de l’institution accusé de viol en 1998, a évoqué une “intervention” de François Bayrou auprès de la justice à l’époque, alors qu’il était député et président du Conseil général.Le juge qui enquête sur le viol en 1998 a aussi relaté dans plusieurs médias que François Bayrou avait “fait la démarche de venir” le voir lorsque le prêtre était en détention.Ce juge d’instruction, Christian Mirande, “c’est mon voisin depuis 50 ans”, a dit mardi le Premier ministre, qui est toujours maire de Pau, en réponse à la députée socialiste des Pyrénées-Atlantiques Colette Capdevielle.”Est-ce que nous avons pu parler avec le juge Christian Mirande de cette affaire? Sans doute oui”, mais “on a pu parler de l’ambiance, on a pu parler de l’établissement, jamais du dossier”, a-t-il ajouté.Quant au procureur général, “je ne le connais pas”, et “il n’a eu aucune communication” avec “qui que ce soit sur ce dossier”, a-t-il aussi assuré.- “D’autres savaient” -François Bayrou a alors renvoyé la balle dans le camp du gouvernement du socialiste Lionel Jospin, qui avait succédé à celui dont il fut ministre de l’Education.”Si je ne savais pas, d’autres savaient. Parce que j’affirme devant vous (…) que le procureur général, lui, a tenu informée la Chancellerie sur ces affaires à quatre reprises dans l’année 1998. Il l’a fait téléphoniquement le jour de l’incarcération et il l’a fait ensuite à trois reprises par écrit, en signalant la gravité des faits”, a dit le Premier ministre.Il a rappelé ensuite, en la citant nommément, que la ministre de la Justice était alors Elisabeth Guigou.Les signalements écrits, que l’AFP s’est procurés, sont datés de 1998 et 2000, et préviennent d’une possible affaire de grande ampleur au sein de l’établissement. Le procureur justifie son premier courrier par la renommée régionale de l’établissement, et “l’émotion” suscitée par l’incarcération de son ancien directeur.Déplorant une “misérable polémique politicienne”, Elisabeth Guigou a assuré à l’AFP que le gouvernement Jospin avait “fait son travail” ainsi que la justice, “en toute indépendance”.Le chef du gouvernement a aussi jugé inimaginable que le ministre de l’Education de l’époque Claude Allègre, décédé récemment, et sa ministre déléguée à l’Enseignement scolaire, Ségolène Royal, n’aient pas été “avertis”.”Je pose la question à mon tour: qu’est-ce qui a été fait après les signalements du procureur général pour que soient entreprises les démarches que vous recommandez?”, a-t-il demandé devant les députés.Ségolène Royal s’est immédiatement dite “scandalisée par les attaques du Premier ministre”, en publiant sur le réseau X ses instructions d’août 1997 sur les “violences sexuelles” dans les établissements scolaires. Elle a dit envisager une “plainte pour diffamation et dénonciation calomnieuse”.Elisabeth Guigou a aussi rappelé son bilan dans la “lutte contre les délits et crimes sexuels”, avec l’adoption en 1998 d’une loi contre la pédocriminalité.”M. Bayrou nous a servi la quatrième version des faits” en une semaine, a déploré Paul Vannier sur BFMTV. “C’est un menteur multirécidiviste”, “chacune de ses nouvelles déclarations dévoile le mensonge des précédentes”, a-t-il dénoncé, appelant à nouveau à la démission du chef du gouvernement.