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Bétharram: un ex-surveillant écroué pour viol, prescription pour deux autres hommes

Un ex-surveillant général de Bétharram a été mis en examen pour viol et placé en détention provisoire vendredi dans cette affaire de violences sur mineurs s’étalant sur des décennies, où la prescription a bénéficié aux deux autres hommes placés en garde à vue.Ces trois personnes sont les seules encore en vie parmi les 11 mises en causes pour viols aggravés et agressions sexuelles aggravées par les 112 victimes déclarées au sein de l’établissement scolaire catholique situé dans les Pyrénées-Atlantiques.”Des garçons de 9 à 17 ans au moment des faits” qui vivaient dans un “climat de +terreur+ au sein de l’institution” Notre-Dame-de-Bétharram, a décrit le procureur de la République à Pau, Rodolphe Jarry.Le collectif des victimes s’est félicité “d’être enfin entendu par la justice”, estimant que cette “jurisprudence” pourrait permettre de révéler “d’autres Bétharram”.Devant la presse à Pau, son président Alain Esquerre a appelé toutes les potentielles autres victimes à se manifester.A ce jour, le collectif a recensé plus de 140 dénonciations dans ce dossier “tentaculaire”, dont près de 70 relatives à des faits d’ordre sexuel, très souvent prescrits.Le parquet de Pau avait ouvert, le 1er février 2024, une enquête préliminaire après le dépôt d’une vingtaine de plaintes d’anciens élèves de cet établissement catholique béarnais, longtemps réservé aux garçons, avec son pensionnat de sinistre réputation dans toute la région. Une information judiciaire a été ouverte vendredi.- “Gifles” -Un homme né en 1965, ancien surveillant général de l’établissement, a été mis en examen pour viols entre 1991 et 1994 par personne ayant autorité, ainsi que pour agressions sexuelles sur mineur en 2002 et 2004, selon le parquet. Il a été placé en détention provisoire.Un plaignant nommé Antoine (prénom modifié), 48 ans, avait déjà déposé une plainte en 1999 contre cet ancien surveillant mais elle avait été classée sans suite. “J’ai été son protégé”, a-t-il raconté à l’AFP, évoquant des agressions sexuelles sous la tente lors de sorties scouts, puis des masturbations hebdomadaires, quatre ans durant, quand il habitait chez lui.Lors de son audition, l’intéressé a admis “avoir pu porter des gifles” mais contesté “tout agissement à caractère sexuel”, selon le parquet.S’agissant des deux autres hommes placés mercredi en garde à vue, un prêtre né en 1931, relâché dès jeudi, n’a reconnu qu'”un seul fait d’agression sexuelle” sur une victime qui le mettait en cause, et un autre ancien surveillant, né en 1955, n’a admis que des “gifles” en réfutant “fermement” toute agression sexuelle, selon le procureur.Tous deux ont été laissés libres au titre de la prescription des faits qui leur étaient reprochés, commis entre 1957 et 1962 pour le premier, entre 1978 et 1989 pour le second.Jean-Marie Delbos, 78 ans, avait raconté la semaine dernière lors d’une manifestation à Bétharram qu’à la fin des années 1950, l’ancien prêtre “venait la nuit, soutane ouverte, s’accroupir au pied du lit pour faire des attouchements et des fellations”.Quatre anciens personnels laïcs de l’institution de Lestelle-Bétharram (Pyrénées-Atlantiques), mis en cause pour des “violences graves et répétées” entre 1979 et 1996 sur plusieurs victimes, ont par ailleurs été entendus par les gendarmes.Deux d’entre eux ont reconnu des gifles, un troisième qu’il a pu “tirer des cheveux” ou “donner des coups avec le poing fermé”, relève le parquet. Ils ont bénéficié, eux aussi, de la prescription.- L’Etat “pas au rendez-vous” -L’affaire a pris une tournure politique au début du mois, des témoins accusant François Bayrou, ministre de l’Éducation de 1993 à 1997, d’avoir été au courant à l’époque d’accusations de violences sexuelles au sein de cet établissement du Béarn fréquenté par plusieurs de ses enfants, ce qu’il a démenti à plusieurs reprises.Le Premier ministre a dénoncé vendredi “la mécanique du scandale qu’on cherche” et les attaques visant sa “famille” au lendemain de la diffusion, par Mediapart, d’une vidéo. Une ancienne professeure de mathématiques de Bétharram y réaffirmait avoir alerté, au milieu des années 1990, celui qui était alors ministre de l’Éducation et son épouse, qui enseignait le catéchisme dans l’école.”L’État n’a pas été au rendez-vous” dans cette affaire, a regretté de son côté la ministre de l’Éducation, Élisabeth Borne, sur BFMTV/RMC, jugeant “difficile de comprendre” pourquoi il n’a pas réagi plus tôt.L’établissement qui n’a été inspecté qu’une seule fois en 1996 – le rapport, renié récemment par son auteur, n’avait rien relevé d’anormal, malgré une première affaire de violences – doit faire l’objet d’une inspection académique la semaine du 17 mars.bur-cas-mer-jed/gf/swi

Bardella annule son discours à Washington après le “geste nazi” d’un ex-conseiller de Trump

Le président du Rassemblement national (RN), Jordan Bardella, qui devait s’exprimer vendredi à Washington lors d’un rassemblement de conservateurs, a “pris la décision d’annuler (son) intervention” après “un geste faisant référence à l’idéologie nazie” commis jeudi par Steve Bannon.Cet ancien conseiller de Donald Trump a tendu ostensiblement le bras au terme d’un discours inaugural de la Conférence d’action politique conservatrice (CPAC), suivant son mouvement d’un hochement de tête approbateur.”A cette tribune, (jeudi), alors que je n’étais pas présent dans la salle, l’un des intervenants s’est permis, par provocation, un geste faisant référence à l’idéologie nazie. Par conséquent, j’ai pris la décision immédiate d’annuler mon intervention prévue cet après-midi lors de l’événement”, a indiqué Jordan Bardella dans un communiqué.Son entourage a ensuite précisé à l’AFP que l’eurodéputé visait bien Steve Bannon, qui fut l’invité d’un congrès du Front national – depuis devenu Rassemblement national – en 2018 à Lille.Ce dernier a estimé que Jordan Bardella était “un petit garçon, pas un homme”, dans une interview vidéo diffusée sur le site internet du Point après l’annonce de la décision du leader français. “S’il est si inquiet que ça et qu’il se fait pipi dessus comme un petit garçon, alors il est indigne et ne dirigera jamais la France”, a ajouté Steve Bannon, en estimant que “seuls les hommes ou les femmes à poigne peuvent diriger la France”.Steve Bannon a en outre contesté que son geste participe d’une allusion nazie, le comparant à “un salut de la main”. “Comme je le fais tout le temps”, a-t-il dit.L’ex-conseiller de Trump a affirmé qu’il avait fait un geste semblable lors du congrès du RN il y sept ans. Des journalistes de l’AFP présents à l’époque ont pourtant relevé une gestuelle peu comparable à celle d’aujourd’hui.La CPAC, à laquelle participe également l’eurodéputée française zemmouriste Sarah Knafo, a été ouverte jeudi par le vice-président américain JD Vance.Elon Musk – qui avait lui aussi été épinglé le mois dernier pour un geste ambigu, analogue à celui de Steve Bannon – y a déjà fait une apparition, lors de laquelle il a brandi une tronçonneuse offerte peu avant par le président argentin Javier Milei, à ses côtés sur scène.Outre Donald Trump samedi, plusieurs dirigeants de droite ou d’extrême droite du monde entier doivent prononcer un discours, dont le Premier ministre slovaque Robert Fico ou, en visio, la cheffe du gouvernement italien Giorgia Meloni. 

Avant le congrès, Marine Tondelier sous le feu des critiques

Un ancien dirigeant qui dénonce la bassesse de la direction, des courants internes qui contestent les nouveaux statuts: les nuages s’amoncellent au-dessus de la patronne des Écologistes Marine Tondelier avant le futur congrès prévu en avril.”Elle va être élue très tranquillement, c’est bien normal”, jurait la semaine dernière un proche de la secrétaire nationale, qui postule pour un deuxième mandat. Pourtant, en moins d’une semaine, les conflits ont ressurgi au sein du parti, longtemps connu pour ses querelles intestines, mais qui semblait apaisé depuis l’arrivée à sa tête en 2022 de l’élue à la célèbre veste verte. Celle qui a rendu plus visible le parti et joué le rôle de trait d’union dans la création du Nouveau Front populaire avec les autres formations de gauche, a été attaquée vendredi par l’ancien patron d’Europe Écologie-les Verts (ancien nom des Ecologistes) Julien Bayou.Innocenté la veille par la justice après des accusations de harcèlement moral et d’abus de faiblesse de la part de son ex-compagne, également militante du parti, il a déploré lors d’une conférence de presse “la frilosité, la médiocrité, la lâcheté et la bassesse” de la direction.Il lui reproche d’avoir lancé deux enquêtes internes contre lui, dont la dernière comprenait un appel à témoignages adressé à 12.000 personnes, et de n’avoir jamais reconnu son innocence, alors que les investigations n’ont pas permis d’établir sa culpabilité. “Je ne reconnais plus ce parti”, a déclaré l’ex-député, qui a quitté le mouvement.”Le parti a fait ce qu’il pouvait faire. Est-ce qu’à l’avenir on pourra mieux faire, sans doute”, reconnait un proche de l’exécutif du parti.   Des militants réclament désormais à la direction de reconnaitre l’innocence de Julien Bayou et de lui présenter des excuses.Un caillou de plus dans la chaussure de la secrétaire nationale, qui fait face depuis quelques jours à la fronde de ses concurrents internes pour le congrès.Marine Tondelier a déjà le soutien de 1.200 personnalités, dont les ex-candidats écologistes à la présidentielle Yannick Jadot, Eva Joly et Noël Mamère, et de nombreux maires de villes écologistes.- “Profonde trahison” -Mais plusieurs opposants à Marine Tondelier, et notamment les trois candidats qui briguent la tête du parti, l’ex-eurodéputée Karima Delli, l’élue bordelaise proche de Sandrine Rousseau, Harmonie Lecerf, et le maire-adjoint à Paris Florentin Letissier ont envoyé des courriers pour déplorer “le manque d’équité et de pluralisme” dans les modalités de participation au congrès.Ils dénoncent notamment la récente modification de règles électorales qui les empêchent selon eux de recueillir le nombre de signatures nécessaires pour déposer une contribution ou pour être candidat aux différents postes du bureau exécutif. Les nouvelles modalités “semblent avoir été taillées sur mesure pour consolider l’emprise” du courant de Marine Tondelier, écrit ainsi Karima Delli, qui menace de prendre “les dispositions légales nécessaires pour contester la légitimité” du processus.”Les conditions de tenue du congrès constituent une profonde trahison de l’ADN de notre parti par la direction en place”, écrit aussi Florentin Letissier.”La réforme des statuts, votée très majoritairement (74%), visait à rompre avec la balkanisation artificielle de notre parti”, défend à l’AFP l’eurodéputé David Cormand, proche de Marine Tondelier, qui souligne que la difficulté de certains à obtenir un nombre de parrainages suffisants est “symptomatique de leur division”.  Pour une députée écologiste, le règlement du congrès “presque kafkaïen” vise à “éviter de parler politique. Ca va être juste un concours de signatures”. Elle dénonce le positionnement de Marine Tondelier: “On ne peut pas faire une liste indépendante aux européennes, et être ensuite l’héroïne de l’union de la gauche et des écologistes; pousser Yannick Jadot aux municipales à Paris, qui ne veut pas de LFI, et pousser un candidat LFI à Montpellier contre le maire PS sortant”, détaille-t-elle. Dans son propre courant, Marine Tondelier fait aussi l’objet de critiques de la part du maire de Grenoble Eric Piolle, dont elle dirigeait pourtant la campagne lorsqu’ils était candidat à la primaire de 2020.Ce dernier, candidat au poste de porte-parole du parti, dit avoir été “banni” des listes de militants du courant de Marine Tondelier, pour l’empêcher d’obtenir le nombre de signatures nécessaires. Il déplore “cette façon d’éjecter ceux qui porteraient des nuances sur la stratégie”.

Innocenté par la justice, l’ex-député Julien Bayou “n’attend plus rien” des Ecologistes

L’ancien patron des Ecologistes Julien Bayou, innocenté par la justice après des accusations de harcèlement moral et d’abus de faiblesse, a affirmé vendredi “ne plus rien attendre” de son ex-parti, qu’il “ne reconnait plus”.L’enquête le visant, ouverte après une plainte en mars 2024 pour harcèlement moral et abus de faiblesse de son ex-compagne, a été classée sans suite pour “absence d’infraction”, a indiqué le parquet jeudi.”Vous avez devant vous quelqu’un qui a été triplement innocenté”, après deux enquêtes internes au sein du parti et l’enquête judiciaire, a déclaré l’ex-député écologiste lors d’une conférence de presse à Paris avec son avocate Me Marie Dosé.Il avait dû abandonner la tête du parti au début de la première enquête interne et avait quitté les Ecologistes lors du lancement de la seconde. La première enquête, ouverte après une lettre de l’ex-compagne de Julien Bayou en juillet 2022, s’était arrêtée faute de témoignages. La deuxième avait été confiée à un cabinet d’avocats, avec un appel à témoignages de la direction adressé à 12.000 personnes. Une “procédure dégueulasse, détestable, décidée en conscience par la direction des écologistes”, a dénoncé Julien Bayou.Elle n’a “pas permis de déterminer si des faits contraires aux règles de droit ou aux textes internes ont été commis”, avait annoncé la direction en octobre 2024.”Dans n’importe quel parti, n’importe quelle démocratie, ça reviendrait à dire +il est innocent+, peut-être même +on s’excuse+”, remarque l’ex-député. “Ce n’est pas ce que choisit de faire la direction du parti”. “Je n’attends plus rien” des Ecologistes, a souligné Julien Bayou. “Je ne reconnais plus ce parti”, a-t-il ajouté. “Aujourd’hui dans la direction, il suffit de souffler et les personnes basculent, par peur de je ne sais quoi”, “frappés de frilosité et de médiocrité, de lâcheté, de bassesse”, a-t-il asséné.- Diffamation -Mais l’ex-député a appelé à ne pas “balancer le mouvement MeToo avec l’eau du bain, bien au contraire”. “Ça n’est pas parce qu’une personne a menti que toutes les plaintes doivent être invalidées”, a-t-il souligné, refusant que quiconque utilise “ce qui m’est arrivé pour nuire à la cause du féminisme”.Pour lui, la décision de justice ne signifie pas “que cette personne qui m’accuse ne souffre pas. Ça ne veut même pas dire qu’elle n’a pas été victime. Mais pas de moi”. Persuadé que les accusations “vont continuer”, il a invité la presse à ne pas relayer “tout et n’importe quoi”, et a indiqué avoir porté plainte de son côté notamment pour diffamation. “A chaque nouveau harcèlement et depuis hier, à chaque nouvelle négation de mon innocence, -et je compte sur quelques écologistes pour franchir la ligne jaune à mon égard-, ce dossier est nourri et finira par des condamnations”, a-t-il promis, dans une pique notamment à la députée Sandrine Rousseau, qui a remis en cause les conclusions des deux enquêtes internes.Son avocate Marie Dosé a de son côté déploré qu’on laisse des cabinets d’avocats ou de consultants enquêter sur la vie d’une personne. “Ca peut arriver à tout le monde dès demain”, a-t-elle mis en garde.Une lettre, déjà signée d’une centaine de militants écologistes, appelle vendredi la direction à affirmer l’innocence de Julien Bayou et à lui présenter des excuses. 

Violence à l’école: fouilles inopinées des sacs à partir du printemps, annonce Borne

Des “fouilles inopinées de sacs” seront mises en place à partir du printemps pour tenter de lutter contre les violences à l’école ou aux abords des établissements scolaires, affirme vendredi la ministre de l’Education nationale Elisabeth Borne.”Je souhaite qu’on puisse, avec le préfet, le procureur, le représentant de l’Education nationale, pouvoir organiser régulièrement des fouilles de sac à l’entrée des établissements” et ce à partir du printemps, a déclaré la ministre, interrogée sur BFMTV/RMC.Ces fouilles inopinées seraient réalisées avec des “forces de l’ordre puisque ça ne rentre pas dans les prérogatives des personnels de l’Education”, a précisé la ministre, inquiète d'”un usage beaucoup plus répandu des armes blanches” chez les jeunes. A ce titre, elle a redit son intention de modifier le code de l’éducation pour que, si un port d’arme blanche est constaté dans un établissement scolaire, l’élève mis en cause “passe systématiquement devant un conseil de discipline”.Jusqu’ici “c’était à l’appréciation du chef d’établissement”, a commenté Mme Borne. Cela fera également “systématiquement” l’objet d’un signalement au procureur.Début février, un lycéen de 17 ans a été grièvement blessé à l’arme blanche dans la cour de son établissement à Bagneux (Hauts-de-Seine).Avant les vacances d’hiver de la zone C, plus d’une vingtaine de collèges et lycées de Seine-Saint-Denis ont été placés sous la surveillance de 100 fonctionnaires de police, déployés pour “prévenir la réitération d’actes de violence” aux abords des établissements scolaires à la suite d’une série d’incidents. grd-ved/sla

Les députés français adoptent la “taxe Zucman”, un impôt plancher sur le patrimoine des “ultra-riches”

Dans une France marquée par un déficit public qui se creuse, l’Assemblée Nationale a adopté jeudi dans la nuit la “taxe Zucman”, un impôt plancher sur le patrimoine des “ultra-riches” porté dans l’hémicycle par les écologistes pour lutter contre “l’injustice fiscale”, mais décrié par le camp gouvernemental qui y voit une mesure “confiscatoire”.Le texte, inspiré par les travaux de l’économiste Gabriel Zucman, instaure un impôt plancher sur le patrimoine des 0,01% des contribuables les plus riches en France afin de s’assurer qu’ils payent au moins 2% de leur fortune en impôt.”Une immense avancée!” a réagi l’économiste sur le réseau social X après l’adoption du texte. “C’est un pas de géant pour la France et cela pourrait inspirer d’autres pays”, a-t-il écrit.L’objectif est d'”introduire un minimum de justice”, “les ultra-riches” payant en proportion de leurs revenus “presque deux fois moins” d’impôts et de prélèvements que les Français en moyenne, souligné la députée écologiste Eva Sas, rapporteure du texte.Le déficit public de la France doit s’établir à 6,1% du Produit intérieur brut en 2024, largement au-dessus des 3% tolérés par Bruxelles, selon la commission des Finances de l’Assemblée.La proposition de loi a été adoptée par 116 voix contre 39, avec le soutien des députés de la gauche, l’abstention du Rassemblement national (extrême droite) et une faible mobilisation du camp gouvernemental.Adoptée en première lecture à l’Assemblée à l’occasion de la “niche” parlementaire du groupe écologiste et social, elle n’est en revanche pas encore inscrite à l’ordre du jour du Sénat, dominé par une alliance de la droite et du centre, et où ses chances d’être adoptées sont minimes.  Le texte envoie “le signal” que “l’immunité fiscale des milliardaires, c’est terminé”, s’est réjouie Eva Sas à l’issue du vote. “Comment expliquer qu’Isabelle, médecin dans un hôpital public, paie plus d’impôts en proportion de ses revenus que Bernard Arnault ? Karim, boulanger (…) plus que les héritiers de Chanel ? Et Tao, cheminot (…) plus que Françoise Bettencourt ?”, a également interrogé la députée du groupe écologiste Clémentine Autain à la tribune, citant des grands noms de milliardaires français. – “Confiscatoire” -C’est grâce à “des schémas d’optimisation fiscale mis en place par les plus riches”, via des holdings notamment, a expliqué Mme Sas. Ainsi, “ils perçoivent très peu de revenus et ne paient en conséquence que très peu d’impôts”.Avec cette contribution, qui concernerait environ 1.800 personnes, selon Mme Autain, “nous pouvons faire entrer dans les caisses de l’Etat entre 15 et 25 milliards d’euros”.Soit “une somme conséquente, dont nous avons particulièrement besoin par les temps qui courent, pour nos services publics qui sont à réparer ou pour agir concrètement pour la transition écologique”, a détaillé la députée.La ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, a exprimé à l’unisson des groupes du camp gouvernemental sa ferme opposition à cette contribution qu’elle juge “confiscatoire et inefficace”.Si la proposition écologiste était définitivement adoptée, elle “ferait immédiatement partir les milliers de foyers et avec eux les capitaux à l’étranger”, selon la ministre.Le gouvernement planche actuellement sur l’instauration d’un “impôt minimal différentiel”, pour s’assurer que la somme des impôt payés soit au moins égale à 0,5% du patrimoine, en excluant les biens professionnels. Pour tenter de limiter l’exil fiscal, un dispositif prévoyant que les biens des 0,01% les plus riches continuent d’être imposables pendant les cinq années suivant leur départ de France a été ajouté. 

La nomination de Richard Ferrand à la présidence du Conseil constitutionnel entérinée au Journal officiel

La nomination de l’ex-président de l’Assemblée Richard Ferrand à la présidence du Conseil constitutionnel, contestée par certains opposants politiques, a été entérinée vendredi par une décision publiée au Journal officiel.La candidature de M. Ferrand, proposée par Emmanuel Macron, avait été validée à une voix près par les commissions des Lois de l’Assemblée et du Sénat mercredi.Les présidents des groupes socialistes à l’Assemblée et au Sénat, Boris Vallaud et Patrick Kanner, ou encore le patron du groupe des députés LR Laurent Wauquiez, avaient appelé M. Ferrand à renoncer de lui-même, ou Emmanuel Macron à ne pas parapher la décision finale, au regard des conditions de son élection.”Je mesure la responsabilité de cette fonction, au seul service de la République et de l’Etat de droit”, a réagi M. Ferrand dans un court communiqué à l’AFP, après cette officialisation.Rendant “hommage” à l’action de son prédécesseur Laurent Fabius, qui “a œuvré avec succès à ouvrir l’institution”, et a vu sous sa présidence consacrées “la valeur constitutionnelle du principe de fraternité ainsi que la nécessité pour le législateur de ne pas compromettre la capacité des générations futures à satisfaire leurs besoins en matière environnementale”, M. Ferrand a dit vouloir “poursuivre ces actions avec les exigences qui sont celles de l’institution”. A savoir, en premier lieu, “l’indépendance et l’impartialité”, a-t-il écrit. Car, fidèle d’Emmanuel Macron, M. Ferrand a dû âprement justifier de ces deux qualités durant ses auditions au Parlement, mis sur le gril par tous les bancs. Alors qu’il fallait 3/5e du total des voix des députés et sénateurs pour barrer la route à sa candidature, M. Ferrand a dû une grande partie de son salut à l’abstention du Rassemblement national, la gauche et la majorité de la droite LR s’étant prononcées contre.De quoi y voir, pour certains détracteurs, l’existence d’un marché avec le RN. Car M. Ferrand et le reste du Conseil seront attendus au tournant au mois de mars sur une décision très attendue qui concerne une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) posée par un élu mahorais. Ce dernier, condamné à une peine d’inéligibilité, conteste son exécution immédiate. Or, Marine Le Pen est elle-même sous la menace d’une inéligibilité immédiate, requise au procès des assistants d’eurodéputés RN.Et le Conseil constitutionnel pourrait potentiellement rendre sa décision, qui ferait jurisprudence, avant le jugement RN prévu le 31 mars.M. Ferrand prendra ses fonctions le 8 mars, en même temps que deux nouveaux “Sages” qui ont vu leurs nominations officialisées au Journal officiel: le sénateur LR Philippe Bas et l’ex-juge et députée Modem Laurence Vichnievsky.

Le congrès du Parti socialiste aura lieu les 13, 14 et 15 juin

Le Congrès du Parti socialiste aura lieu les 13, 14 et 15 juin, a-t-on appris auprès du parti, réuni en bureau national jeudi soir.Ce congrès national sera précédé d’un premier vote des adhérents pour le texte d’orientation du parti (qui définit la ligne stratégique) le 27 mai, avant un deuxième vote le 5 juin pour désigner le premier secrétaire.Le lieu du congrès n’est pas encore choisi. Il le sera le 4 mars, lors d’un conseil national (parlement du parti, ndlr), qui convoquera officiellement le congrès.Le patron du PS Olivier Faure est candidat à sa propre succession, pour “trancher la ligne”, a-t-il indiqué dimanche. Il avait pris la tête du parti au sortir de la déconfiture de 2017 et du quinquennat de François Hollande, il y a sept ans. Les opposants à Olivier Faure réclamaient depuis plusieurs mois la tenue de ce congrès, deux ans après celui de Marseille, où le parti s’était divisé entre la ligne d’Olivier Faure, défendant une alliance avec le reste de la gauche y compris La France insoumise, et celle du maire de Rouen Nicolas Mayer-Rossignol, anti-LFI. Olivier Faure l’avait emporté de justesse, et son concurrent avait été nommé Premier secrétaire délégué. Après avoir fait opérer à son parti une mue réformiste ces dernières semaines en négociant avec le gouvernement Bayrou sur le budget et en refusant de censurer, Olivier Faure a pris ses distances avec LFI, mais continue de plaider pour un rassemblement de la gauche.Si aucun opposant ne s’est encore officiellement déclaré, M. Mayer-Rossignol a indiqué son intention de repartir dans la bataille. L’ex-président François Hollande, revenu dans l’arène politique en retrouvant son siège de député de Corrèze en juin dernier, plaide pour le départ d’Olivier Faure et entend soutenir un candidat partisan d’une rupture définitive avec LFI. La maire de Vaulx-en-Velin Hélène Geoffroy, opposante historique d’Olivier Faure, pourrait faire partie des prétendants, tout comme le député Philippe Brun, qui défend une “ligne populaire”, ou le chef des députés socialistes Boris Vallaud, proche de la ligne d’Olivier Faure et que beaucoup pressent de se présenter.Le Bureau national du PS a également adopté une circulaire fixant au 3 avril la désignation des chefs de file pour les municipales, dans les villes où le PS est dans l’opposition ou minoritaire dans la majorité, mais aussi dans les villes où le maire socialiste sortant a déjà officiellement annoncé qu’il ne se représentait pas.Cela concerne donc Paris, où Anne Hidalgo laisse la main après deux mandats, sur fond de divisions entre deux prétendants, son poulain le sénateur Rémi Féraud, et son concurrent le député Emmanuel Grégoire.Mais les fédérations locales peuvent demander une dérogation exceptionnelle pour fixer le vote des militants à une autre date. Ce qui devrait être le cas pour la capitale.Pour les villes ayant un maire sortant qui se représente (ou un maire qui annonce plus tard qu’il ne se représente pas), un vote des militants est fixé au 6 novembre.

Bétharram: une ancienne professeure met de nouveau en cause le couple Bayrou

Une ancienne enseignante de Notre-Dame-de-Bétharram affirme de nouveau, dans une vidéo diffusée jeudi par Mediapart, que François Bayrou et son épouse ont ignoré ses alertes sur les violences infligées aux élèves de l’établissement catholique béarnais.Professeure de mathématiques de 1994 à 1996, à l’époque où une première plainte est déposée par un parent d’élève, et où M. Bayrou était ministre de l’Education, elle lui “fait un courrier” et n’obtient pas de réponse, réitère Françoise Gullung.Elle avait indiqué début février à l’AFP avoir alerté à plusieurs reprises les autorités (protection de l’enfance, diocèse) pour “dénoncer une atmosphère d’agressivité et de tensions anormales”.Dans l’entretien accordé à Mediapart, elle raconte une scène avec l’épouse de M. Bayrou, qui enseignait le catéchisme à l’époque dans l’établissement, où plusieurs enfants du couple ont été scolarisés.”Il y avait une salle de classe dans laquelle on entendait un adulte hurler sur un enfant, on entendait les coups et on entendait l’enfant qui suppliait qu’on arrête”, se souvient-elle.”Je me retourne vers Elisabeth Bayrou et je lui demande ce qu’on peut faire. Pour moi ça veut dire qu’à deux, on peut peut-être ouvrir la porte. Mais elle n’a pas compris ça. Elle m’a simplement répondu, je ne me souviens pas des termes exacts, mais que ces enfants, il n’y en avait rien à en tirer”, ajoute Mme Gullung.”J’avais l’impression que pour elle, ces enfants-là étaient d’une espèce inférieure aux siens (…), que c’était normal qu’on les batte.”Elle évoque aussi un jour de 1995, où elle fait part à François Bayrou de ses inquiétudes, de vive voix, lors d’une cérémonie à Pau. “Je lui dis qu’il faut faire quelque chose car c’est très grave ce qui se passe à Bétharram. Et il lui répond: +oui, on dramatise+.”Sous pression depuis deux semaines, le Premier ministre a répété à plusieurs reprises, à l’Assemblée nationale et dans la presse, n’avoir “jamais été informé”, dans le passé, des faits dénoncés aujourd’hui dans cette affaire. “Cet article relève d’un délire dangereux”, s’est indigné jeudi l’entourage de M. Bayrou après la publication de Mediapart. “Aujourd’hui, la seule chose qui compte est de permettre aux victimes d’être entendues, de trouver réparation et de voir les coupables répondre de leurs actes”, a-t-on ajouté de même source.

Ukraine: Macron “sonne le tocsin” et met en garde Trump contre toute faiblesse face à Poutine

Un long échange avec les forces politiques puis avec des internautes: Emmanuel Macron a “sonné le tocsin” et annoncé des “efforts” jeudi face à la “menace russe”, promettant qu’il mettrait en garde Donald Trump contre toute marque de faiblesse face à Vladimir Poutine, lors de sa visite au président américain.Trois ans après le début de la guerre en Ukraine, “on entre dans une ère nouvelle”, a souligné le président de la République, qui a tenté de rassembler jeudi face à “la menace que représente la Russie pour l’Europe et pour la France”. “Ca va nous imposer des choix très forts pour nous mêmes, pour notre défense et notre sécurité”, a résumé Emmanuel Macron, au terme d’une heure et quart d’un échange avec des internautes diffusé en direct sur les réseaux sociaux.Dans cette “conversation” qu’il a promis de rééditer, le chef de l’Etat, désireux de se placer au centre du jeu européen à l’heure où Russes et Américains ont commencé seuls des pourparlers de paix, a dévoilé ses angles d’attaque avant sa visite à Donald Trump à Washington lundi.”Je vais lui dire +au fond, tu ne peux pas être faible face au président Poutine. Ce n’est pas toi, pas ta marque de fabrique, c’est pas ton intérêt+”, a expliqué le président français. “Comment ensuite être crédible face à la Chine si t’es faible face à Poutine”, a-t-il encore fait valoir. “La deuxième chose à dire: +si tu laisses l’Ukraine prise” par Poutine, la Russie “sera inarrêtable pour les Européens” car elle “va récupérer l’Ukraine et son armée qui est une des plus grandes d’Europe, avec tous nos équipements, y compris les équipements américains. C’est une faute stratégique énorme”, a encore plaidé M. Macron, qui veut convaincre Donald Trump que “c’est son intérêt de travailler avec les Européens en ce moment”. – Défense de Zelensky -Défendant son homologue ukrainien, à qui il devait parler jeudi soir, face à de récentes attaques de Donald Trump, M. Macron a aussi souligné que Volodymyr Zelensky avait été élu par un “système libre” contrairement à Vladimir Poutine. Et “personne n’a le droit de dire: l’Ukraine n’a pas le droit de rentrer dans l’Union européenne, l’Ukraine n’a pas le droit d’entrer dans l’Otan”, a encore martelé Emmanuel Macron.Surtout, le président a voulu “sonner un peu le tocsin” face aux “efforts” qui se profilent, alors que la France va devoir “revisiter” ses “choix budgétaires”.Sans se montrer plus spécifique, il a enjoint les Européens à “augmenter” leurs “efforts de guerre” face à “l’escalade des capacités de nos principaux adversaires”. La France, qui consacre environ 2% de son PIB à sa défense, doit-elle aller plus loin et tendre, à l’image de la Pologne, vers les 5% réclamés par Donald Trump ? “Je ne sais pas si 5% c’est le bon chiffre pour la France, mais en tout cas, il va falloir monter”, a répondu M. Macron, qui “n’exclut pas” de “lancer des produits d’épargne” pour soutenir le financement de programmes de défense.Dans l’immédiat, le président a aussi martelé qu’il n’avait pas l’intention d’envoyer des soldats en Ukraine. “Ce qu’on envisage plutôt, c’est d’envoyer des forces pour garantir la paix une fois qu’elle sera négociée”, a-t-il précisé.Ce point est l’une des pommes de discorde avec les chefs de parti, qu’Emmanuel Macron a reçus près de quatre heures durant à l’Elysée.- “Vision belliqueuse” -Le communiste Fabien Roussel s’est ainsi inquiété que M. Macron ait laissé entendre qu’il faille “se préparer éventuellement à continuer de soutenir l’Ukraine et d’être auprès de l’Ukraine militairement si l’Ukraine voulait poursuivre la guerre”.Et à l’extrême droite de l’échiquier, Eric Ciotti (UDR) a déploré que la France se soit engagée dans “une vision très belliqueuse” et qu’elle soit prise désormais “à revers” par Donald Trump. Mais plusieurs ont convenu que la France devait faire entendre sa voix dans le nouveau concert des Nations imposé par Donald Trump.”Il faut avoir un message très clair (…) L’Europe va devoir être un pilier”, a déclaré Marine Tondelier pour Les Ecologistes, appelant à “ne compter que sur nous-mêmes”.”La voix de la France et de l’Europe aujourd’hui est assez isolée”, a répliqué sur LCI Louis Aliot, qui représentait le Rassemblement national en l’absence de Jordan Bardella, attendu à Washington pour un rassemblement des conservateurs.Du côté des Insoumis, Manuel Bompard a jugé intéressant “d’entendre pour la première fois le président utiliser le terme de non-alignement” vis-à-vis des Etats-Unis mais a déploré que l’Alliance atlantique reste perçue comme “une obligation dans l’architecture de sécurité” future de l’Europe.En plus de ces consultations, qui tentent de créer du consensus dans un paysage politique national fracturé, est prévu un débat sans vote, début mars au Parlement, sur les conséquences du contexte géopolitique en Europe pour la France.