AFP Politics

En Nouvelle-Calédonie, Larcher et Braun-Pivet plaident pour une “souveraineté partagée” dans la République

Au terme d’une mission de concertation de trois jours en Nouvelle-Calédonie, secouée par des violences pendant plusieurs mois qui ont fait 13 morts et des milliards d’euros de dégâts, les présidents du Sénat et de l’Assemblée nationale ont plaidé pour une “souveraineté partagée” dans la République.Lors d’un entretien d’une demi-heure accordé mardi soir aux chaînes de télévision de Nouvelle-Calédonie La 1ere et Caledonia, Gérard Larcher et Yaël Braun-Pivet ont une dernière fois martelé le message répété au cours de leur visite sur le “Caillou”, avant de s’envoler pour Paris: “Nous vous invitons à construire une solution innovante”, a lancé la présidente de l’Assemblée nationale. Mais “sans vous enfermer dans des idéologies”, a ajouté son homologue de la chambre haute. Le matin même, six mois jour pour jour après le début des émeutes qui ont mis à terre l’économie de l’archipel sur fond de contestation indépendantiste de la réforme du corps électoral, les deux présidents de chambre missionnés par le gouvernement Barnier ont rencontré des chefs d’entreprise dans les décombres d’un centre commercial, parti en fumée.La veille, ils étaient allés à la rencontre des habitants du Mont-Dore, au sud de Nouméa, quasi inaccessible jusqu’en septembre en raison de l’insécurité qui règne depuis mai sur la seule route existante. Pour permettre aux 15.000 habitants du Sud de se déplacer, des navettes maritimes ont été mises en place en direction de la capitale. Elles sont aujourd’hui toujours en place, car si la route a rouvert à la circulation à la mi-octobre, c’est sous escorte de blindés de la gendarmerie et uniquement à certaines heures.- “Colonies lointaines” -Des déplacement au plus près des habitants, rares lors des déplacements officiels dans l’archipel.”Dites-nous ce que vous vivez, afin que nous soyons lucides sur votre situation”, a ainsi lancé M. Larcher mardi soir à l’occasion d’un échange ouvert au public à la mairie de Nouméa. Deux heures après le début de la rencontre, les parlementaires faisaient encore face à une haie de mains levées. Une soirée marquée par des propos sans fard, plutôt rares en Nouvelle-Calédonie, surnommé le “pays du non-dit”. “Est-ce que vous vous sentez assez proches de vos colonies lointaines ? Car c’est ça, la question”, leur a lancé Frédéric, un trentenaire qui n’a pas donné son patronyme.Buama, un habitant des quartiers populaires, a lui reproché à l’État “de ne pas être allé au bout de l’accord de Nouméa”, faisant référence au référendum de 2021, boycotté par les indépendantistes, qui avait donc vu sans surprise le vote en faveur du maintien dans la République française l’emporter.”J’ai toujours connu la paix, car je suis né après les événements des années 1980, raconte le trentenaire. Et voilà qu’il y a eu le 13 mai, que tout a changé. Aujourd’hui, on ne vit plus. On compte les paquets de riz qui restent sur l’étagère pour finir le mois.” – Paix perdue -Le regret de cette paix perdue transparaît dans toutes les prises de parole. “Je suis né en 1979, j’ai grandi avec les événements (des années 1980) et j’ai cru que les accords me garantissaient, à 45 ans aujourd’hui, un présent paisible, je me suis trompé”, soupire Alexandre, un habitant métis. Et de déplorer “l’incapacité” des politiques “à concilier deux visions du monde: la +société de l’être+, de la communauté, du monde kanak, et la +société de l’avoir+ du monde européen”. “Pourtant, dans notre quotidien, on arrive très bien à vivre les deux.”Des interrogations auxquelles font écho les discours prononcés par les parlementaires devant les élus calédoniens. “Vous faites partie de la République et vous n’êtes pas abandonnés, même si vous en avez eu l’impression, a déclaré M. Larcher. Le drame économique n’est pas le seul. Il se double d’une crise d’identité qui sape les fondements même de ce que notre génération s’est efforcée de construire après les déchirements des années 1980 et la tragédie d’Ouvéa.” “En vertu de quelle absurde vision de l’Histoire ne pourriez-vous pas faire vivre à la fois les valeurs kanak et les valeurs républicaines, en les conjuguant ?”, a-t-il poursuivi, avant d’évoquer la “nécessité de réfléchir à la notion de souveraineté”.”Il n’existe que des souverainetés partagées. C’est un choix qui n’est pas nécessairement binaire et qui peut passer par une construction imaginative et originale au sein de la République, si les Calédoniens le souhaitent”, a estimé le président du Sénat. 

Le match France-Israël doit être un “anti-Amsterdam”, espère le président du Crif

Le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) Yonathan Arfi s’est dit jeudi “inquiet et vigilant”, à quelques heures du match “symbole” France-Israël, espérant qu’il donnera à voir “l’anti-Amsterdam”.”On est inquiets. On est vigilants parce que nous savons que ce soir se tient le match France-Israël sous haute tension sécuritaire, avec beaucoup de menaces”, a déclaré le représentant du Crif sur RTL.La pression est à son comble avant ce rendez-vous de football comptant pour la Ligue des nations, dont l’enjeu sportif est largement éclipsé par le contexte du conflit au Proche-Orient et le climat exacerbé par les violences récentes en marge d’un match du Maccabi Tel-Aviv à Amsterdam. Plus de 4.000 policiers et gendarmes ont été déployés pour en assurer la sécurité.”Il faut aller voir ce match car c’est devenu un symbole qui va au-delà du sport, un symbole presque politique d’affirmation face à l’antisémitisme, d’affirmation républicaine tout court”, a affirmé Yonathan Arfi.”C’est l’anti-Amsterdam que nous devons donner à voir ce soir”, a plaidé le président du Crif, en référence aux incidents graves ayant suivi la rencontre de Ligue Europa entre l’Ajax et le Maccabi Tel-Aviv, dans la nuit du 7 au 8 novembre aux Pays-Bas.Pour le président du Crif, la présence du président de la République Emmanuel Macron dans les tribunes du stade de France, à Saint-Denis, ainsi que de ses prédécesseurs François Hollande et Nicolas Sarkozy selon plusieurs médias, est “un signal fort”.”Nous avons besoin de symboles dans notre pays. Face à l’antisémitisme, mais face à la haine de manière générale nous avons besoin de rappeler ce qu’est la concorde civile”, a-t-il ajouté.

Inéligibilité éventuelle de Marine Le Pen: “un grand numéro d’hypocrisie” du RN dénonce Bertrand (LR)

Le président LR de la région Hauts-de-France, Xavier Bertrand, a critiqué jeudi le “grand numéro d’hypocrisie” joué par l’extrême droite qui a dénoncé une “atteinte à la démocratie” après  la peine d’inéligibilité requise contre Marine Le Pen au procès des assistants des eurodéputés RN.”Qu’on arrête avec le déni de démocratie”, de faire comme si le Rassemblement national (RN) “ne serait pas capable de présenter un candidat: ils ont un candidat de rechange, il s’appelle Bardella, il n’attend que cela”, a déclaré sur RTL cet adversaire historique de la triple candidate à la présidentielle. “La démocratie, c’est aussi le respect de la justice”, a-t-il lancé, rappelant qu’en 2004, au moment du procès d’Alain Juppé dans le dossier des emplois fictifs du RPR, où le potentiel candidat à la présidentielle avait été touché par une peine d’inéligibilité, Marine Le Pen avait estimé qu'”il y en a marre de ces élus qui détournent de l’argent”. Mercredi à Paris, l’accusation a requis cinq ans de prison, dont deux ans de prison ferme, et cinq ans d’inéligibilité contre Marine Le Pen, qui était selon elle au “centre” d’un “système organisé” visant à faire du parlement européen la “vache à lait” du RN.Quant à l’ancien ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin qui a critiqué ces réquisitions car selon lui “combattre Marine Le Pen se fait dans les urnes, pas ailleurs”, “il n’aurait pas dû dire ça”, a estimé Xavier Bertrand, qui est un de ses proches. “Ou alors il va au bout de sa pensée et il dépose une proposition de loi pour supprimer l’inéligibilité”, a-t-il avancé. “Mais en attendant, la loi existe, elle s’applique à tous et personne n’est au-dessus des lois”. “La loi s’applique à tout le monde”, a renchéri sur Public Sénat la ministre chargée des Relations avec le Parlement Nathalie Delattre qui a trouvé “choquant” le commentaire de Gérald Darmanin.

Procès du RN: prison ferme aménageable et inéligibilité requises contre Marine Le Pen

Elle était au “centre” d’un “système organisé” visant à faire du Parlement européen la “vache à lait” du RN, au “mépris des règles démocratiques”. L’accusation a requis mercredi à Paris cinq ans de prison, dont deux ans de prison ferme, et cinq ans d’inéligibilité contre Marine Le Pen.La peine de prison réclamée est aménageable, ce qui veut dire que la cheffe du parti d’extrême droite n’irait pas en prison. Mais elle pourrait l’empêcher de se présenter à l’élection présidentielle de 2027 : le parquet a en effet réclamé que la peine d’inéligibilité soit assortie de l’exécution provisoire, c’est-à-dire qu’elle s’applique immédiatement, même en cas d’appel.Une telle peine “viendrait interdire aux prévenus de se présenter à des futures élections locales ou nationales”, précise le procureur Nicolas Barret devant la triple candidate à la présidentielle assise au premier rang des prévenus. Mais “nous sommes ici dans une enceinte judiciaire et le droit s’applique à tous”, la justice ne peut pas être comptable des “ambitions” politiques de chacun.L’accusation a également réclamé une peine de 300.000 euros d’amende Marine Le Pen, ainsi que 4,3 millions d’euros d’amende, dont 2 millions d’euros ferme pour le Rassemblement national.En sortant de la salle d’audience, Marine Le Pen dénonce la “violence” et “l’outrance” des réquisitions. “Je pense que la volonté du parquet est de priver les Français de la capacité de voter pour ceux qu’ils souhaitent” et de “ruiner le parti”, assène-t-elle.Le président du RN Jordan Bardella a aussitôt réagi sur X en qualifiant les réquisitions du parquet d'”atteinte à la démocratie” et dénonçant un “acharnement” contre Mme Le Pen.”Même en France, ils tentent par tous les moyens d’arrêter la volonté populaire et le vent démocratique du changement”, a renchérit, également sur X, le vice-Premier ministre italien Matteo Salvini, allié de Mme Le Pen en Europe.Le parquet avait rappelé dans ses réquisitions que selon la loi, les cinq ans d’inéligibilité étaient “obligatoires sauf motivation expresse du tribunal”.- “Machine de guerre” -L’accusation venait de terminer sa journée de réquisitions par une sévère charge contre les prévenus. Car le “système” mis en place, qui s’est “renforcé” avec l’arrivée de Marine Le Pen à la tête du parti en 2011, est “inédit” par sa durée, le “montant” des détournements (4,5 millions) et son “caractère organisé, systématisé”.Les prévenus “ont fait et entendaient continuer à faire du Parlement européen, pour le dire prosaïquement, leur vache à lait”, insiste Louise Neyton, également en charge de l’accusation. “On a vu une véritable machine de guerre pour détourner systématiquement le montant des enveloppes et ce jusqu’à la dernière miette.”Un “enrichissement partisan” qui a permis au Rassemblement national de “financer sa croissance, son influence, sa propagande pendant des années”. Mais qui était aussi “au service” de “l’ambition personnelle” de ses dirigeants, “pour porter leur carrière politique aux frais du contribuable”. Et ce, avec un “mépris total pour la chose publique et le fonctionnement des institutions”, dit-elle, parlant “d’atteinte profonde et durable portée aux règles du jeu démocratique”. Sans “l’ombre d’une remise en question” des prévenus à l’audience : “Ils ne voient pas, ils ne veulent pas voir, ils se moquent éperdument de l’illégalité de leurs actes”, poursuit la magistrate. – “Fiction alternative” -Le ministère public requiert notamment 18 mois de prison dont six mois ferme avec trois ans d’inéligibilité contre le N°2 du parti Louis Aliot ; 10 mois avec sursis et un an d’inéligibilité contre le porte-parole du RN Julien Odoul ; 18 mois avec sursis et deux ans d’inéligibilité pour la soeur de Marine Le Pen, Yann Le Pen.Avec à chaque fois, des amendes et l’exécution provisoire.Depuis 09H30, les deux procureurs détaillaient l’architecture d’un “système” qui a selon eux été mis en place au Front national (devenu RN) entre 2004 et 2016, consistant à conclure des “contrats artificiels” d’assistants parlementaires européens qui travaillaient en réalité pour le parti.A l’époque, “le parti est dans une situation financière particulièrement tendue. Tout ce qui peut contribuer à l’allègement des charges va être utilisé de manière systématique”, que ce soit “légal ou pas”, a affirmé Louise Neyton.Face à “la fiction alternative” proposée en défense, les procureurs ont décortiqué, prévenu par prévenu et contrat par contrat, “la nature du travail” effectué par les douze assistants parlementaires, le “lien de subordination” qu’ils entretenaient avec “leur député” européen – neuf dont Marine Le Pen sont jugés au total.Avec un constat général: en justificatif de travail, “il n’y a rien”, sauf “la fameuse preuve standard: la revue de presse”, ont-ils affirmé. Les contrats de travail ? “Artificiels”, sans “cohérence”.La défense doit plaider à partir de lundi et la fin du procès est prévue le 27 novembre. Le tribunal ne rendra pas sa décision avant plusieurs mois. 

Le Sénat lance son marathon budgétaire, avec les cartes en main

Loin d’une Assemblée nationale fragmentée et sans majorité, le Sénat a passé au crible les budgets de l’Etat et de la Sécurité sociale en commission mercredi, promettant “un redressement massif” des finances publiques en “cohérence” avec le projet du gouvernement de Michel Barnier.Tout juste rejeté mardi par les députés car trop dénaturé pour le camp gouvernemental, le budget de l’Etat pour 2025, qui vise 60 milliards d’économies pour ramener le déficit à 5% du PIB, est déjà sur la table de la chambre haute.Les débats en séance publique ne démarreront que le 25 novembre – et dès le 18 pour le budget de la Sécurité sociale -, mais les sénateurs ont déjà acté toute une série de mesures en commission sur ces deux textes, à l’initiative de l’alliance LR-centristes qui domine l’hémicycle.”L’état d’urgence budgétaire nous impose un redressement massif et inédit de nos comptes publics”, a lancé en conférence de presse le rapporteur général du budget Jean-François Husson, qui assure avoir déjà dégagé “près de quatre milliards” d’économies.Les projecteurs sont autant braqués vers le Sénat car “c’est ici que les budgets vont s’écrire”, résument en choeur la plupart des figures de la Haute assemblée. En effet, le socle commun y est très large, avec près de cinq groupes parlementaires en soutien et environ 250 sénateurs en appui sur les 348 de l’hémicycle… Autant d’arguments qui plaident pour un examen bien plus serein qu’à l’Assemblée pour Michel Barnier et ses ministres de Bercy.- “Se respecter” -“Ici, on sait s’écouter et se respecter”, avait lancé le Premier ministre aux sénateurs ces dernières semaines, promettant “d’examiner” leurs propositions. La droite sénatoriale entend donc profiter de cette opportunité pour imprimer sa marque, tout en s’attachant “à conserver la cohérence” du texte initial, insiste Jean-François Husson. Il prône un “effort raisonnable” à l’opposé de la “frénésie fiscale” observée selon lui à l’Assemblée nationale, dont les bancs furent largement délaissés lors des débats par les troupes de la coalition Barnier. “C’est vrai que la configuration de l’Assemblée n’est pas propice pour dégager des majorités. Ici, on pourra voter des décisions douloureuses mais nécessaires… Même si on ne se fera pas que des amis”, abonde la sénatrice centriste Elisabeth Doineau, qui rapporte elle le budget de la Sécu.Parmi les propositions sénatoriales adoptées en commission, la création d’une “contribution de solidarité” de sept heures travaillées gratuitement par an pour chaque salarié, à mettre en place par les entreprises. Objectif: 2,5 milliards d’euros pour la Sécurité sociale.En complément d’une taxe sur les boissons sucrées légèrement rehaussée, les sénateurs entendent aussi agir sur la fiscalité du tabac, pour porter le prix du paquet de cigarettes à 13 euros. – Collectivités cajolées -Sur le dossier sensible de la réduction des allègements de charges patronales, censée rapporter quatre milliards d’euros, le Sénat a réduit le dispositif, le portant à trois milliards, en choisissant notamment de maintenir les exonérations au niveau du Smic. Quant à l’indexation des retraites sur l’inflation, le compromis LR-Barnier annoncé par le chef des députés LR Laurent Wauquiez sera entériné. Sur les dépenses de l’Etat, le Sénat promet des coups de rabot: suppression du Service national universel (SNU), réduction du budget de la formation des enseignants, réduction des fonds alloués à l’Aide médicale d’Etat (AME) pour les sans-papiers, fusion d’opérateurs de l’Etat…Mises bout à bout, ces mesures pourront, selon la majorité sénatoriale, compenser la suppression de la hausse de la taxe sur l’électricité, qui devait rapporter 3,4 milliards d’euros au gouvernement mais a été repoussée à l’unanimité en commission des Finances. Cette dernière a aussi approuvé une augmentation de la taxe sur le gaz, pour un milliard. La “chambre des territoires” espère également cajoler les collectivités territoriales, ciblées par le budget à hauteur d’au moins cinq milliards d’euros. “Nous Å“uvrerons pour que ces efforts soient drastiquement diminués”, a promis le nouveau chef des sénateurs LR Mathieu Darnaud dans un entretien à L’Opinion.Quant à la gauche, minoritaire à la chambre haute, elle fourbit ses armes en vue de l’examen en séance publique. “On sait que le Sénat se trouve au centre du jeu politique, donc nous assumerons ici une vraie position d’opposition”, pointe le socialiste Thierry Cozic, qui entend bien proposer “un budget alternatif”.

Au procès du RN, l’accusation dépeint un “système organisé” de détournement via des “contrats artificiels”

Des “contrats artificiels” d’assistants parlementaires afin de “faire économiser” de l’argent au Rassemblement National: l’accusation a dépeint mercredi dans son réquisitoire un “système organisé” de détournement de fonds publics au préjudice du Parlement européen.Après un mois et demi d’audience, la triple candidate à la présidentielle sera fixée en début de soirée sur les peines réclamées par le parquet contre elle, son parti et 24 autres prévenus – cadres du parti, ex-eurodéputés et anciens assistants parlementaires.”Nous ne sommes pas ici aujourd’hui en raison d’un acharnement”, ni à cause d’une dénonciation “du Parlement européen”, mais au terme “d’une longue information judiciaire”, déclare d’emblée l’une des deux représentantes de l’accusation, Louise Neyton.”Vous prendrez votre décision au vu des pièces du dossier”, et après “six semaines d’audience” et des “débats particulièrement fournis”, poursuit la magistrate dans une salle d’audience pleine où Marine Le Pen s’est assise au premier rang au côté de Louis Aliot, actuel numéro 2 du RN.Avant l’audience, la cheffe de file de l’extrême droite tempère: “C’est le déroulé normal d’un procès, avec aujourd’hui une accusation qui accuse, ce n’est pas non plus très original”.Et pendant l’après-midi, alors que l’on vient d’apprendre que son père Jean-Marie Le Pen, 96 ans, est hospitalisé – “comme c’est le cas de manière régulière”, précisera-t-elle à la presse – elle quitte plusieurs fois la salle d’audience pour téléphoner…  Et en profite pour commenter devant les journalistes les réquisitions en cours dans la salle d’audience.”Leur seul objectif, c’est de m’empêcher d’être la candidate de mon camp à la présidentielle (de 2027). Il faut être sourd et aveugle pour ne pas le voir”, assure celle qui a dit au tribunal la semaine dernière que la peine d’inéligibilité qu’elle encourt aurait des “conséquences extrêmement graves”, comme priver des millions d’électeurs de “leur candidate”.Tour à tour au fil de leurs réquisitions, les deux procureurs détaillent l’architecture d’un “système” qui a selon eux été mis en place au Front national (devenu RN) entre 2004 et 2016, consistant à embaucher des assistants parlementaires européens “fictifs” qui travaillaient en réalité pour le parti.- “Preuve standard” -A l’époque, “le parti est dans une situation financière particulièrement tendue. Tout ce qui peut contribuer à l’allègement des charges va être utilisé de manière systématique”, que ce soit “légal ou pas”, affirme Louise Neyton, alors que Marine Le Pen fait des “non” vigoureux de la tête.Le Parlement européen ne fait que des “contrôles comptables”, pour le reste il fait “confiance” aux eurodéputés quant à l’utilisation de leur dotation mensuelle de 21.000 euros: “Alors, c’est trop tentant, ces enveloppes vont apparaître comme une aubaine et être utilisées comme telles”, insiste la magistrate.Et ce “système”, dit l’accusation, va “se renforcer” avec l’arrivée, en 2011, de Marine Le Pen à la tête du parti, avec un salarié chargé de la gestion des contrats européens, qui rend compte “seulement” à la présidente, la “donneuse d’ordres”.En 2014, après l’élection d’une vingtaine d’eurodéputés FN, le trésorier du parti Wallerand de Saint-Just écrit: “Nous ne nous en sortirons que si nous faisons des économies importantes grâce au Parlement européen”, rappelle la procureure.Et d’évoquer les mails – “pas tous, il y en a trop” – parlant de “montages financiers”, de “transferts” de tel assistant “sur” tel député en fonction de la disponibilité des enveloppes. L’un ou l’autre, “tu peux choisir”, est-il écrit dans un message.Face à “la fiction alternative” proposée en défense, les procureurs se plongent ensuite longuement dans le détail du dossier. Prévenu par prévenu et contrat par contrat, ils décortiquent pour chacun “la nature du travail” effectué par les 12 assistants parlementaires, le “lien de subordination” qu’ils entretiennent avec “leur député” européen – neuf dont Marine Le Pen sont jugés au total, pour détournement de fonds publics.Avec un constat général. En justificatif de travail, “il n’y a rien”, sauf “la fameuse preuve standard: la revue de presse”. Les contrats de travail ? “Artificiels”, sans “cohérence” – “on est très contents de quelqu’un mais on s’en sépare, puis on le reprend”, commente Nicolas Barret. Des “déclarations à géométrie variable”, voire du “n’importe quoi”, résume Louise Neyton.Le Parlement européen a évalué son préjudice financier à 4,5 millions d’euros, mais n’en réclame que 3,4 (une partie ayant été remboursée). 

Kasbarian félicite Elon Musk, nommé pour “démanteler la bureaucratie”, et s’attire des critiques

En félicitant Elon Musk de sa nomination à la tête d’un ministère de “l’efficacité gouvernementale” mercredi, le ministre de la Fonction publique Guillaume Kasbarian s’est attiré une volée de bois vert de la classe politique de gauche et d’acteurs du secteur public dénonçant une “provocation” et une méthode “brutale”.  A la veille d’une importante réunion de l’intersyndicale de la fonction publique qui doit décider des contours d’une mobilisation pouvant aller jusqu’à la “grève” –que deux des principaux syndicats soutiennent– la sortie du ministre pourrait achever d’envenimer la situation. En cause, un message posté sur X dans lequel Guillaume Kasbarian s’enthousiasme, en anglais, de la nomination du multimilliardaire Elon Musk par Donald Trump: “Félicitations pour avoir accepté ce super défi @elonmusk ! J’ai hâte de partager avec vous les meilleures pratiques pour lutter contre l’excès de bureaucratie, réduire la paperasse, et repenser les organisations publiques pour améliorer l’efficacité des agents publics”.Le patron de Tesla, Space X et X, soutien inconditionnel de M. Trump pendant la campagne, a été chargé de “démanteler la bureaucratie gouvernementale, sabrer les régulations excessives, couper dans les dépenses inutiles, et restructurer les agences fédérales”, selon un communiqué du président élu. “On pensait que le trumpisme en France se limitait à l’extrême-droite. On se trompait. Nous avons G. Kasbarian le Elon Musk Français sans l’électricité”, a tancé sur le même réseau social le patron du Parti socialiste Olivier Faure, tandis que président LFI de la commission des Finances, Eric Coquerel, a interpellé le Premier ministre Michel Barnier “sur cette éloge en anglais d’un partisan de la casse totale de l’Etat”. La nomination d’Elon Musk a toutefois trouvé quelques soutiens à droite, notamment celui de Valérie Pécresse. “Un comité de la hache anti-bureaucratique, j’en ai rêvé et @elonmusk va le faire !”, a salué la présidente de la région ÃŽle-de-France.Mais cette prise de position du ministre de la Fonction publique survient après une semaine de tensions consécutives à des annonces d’économies sur la fonction publique à hauteur de 1,2 milliard d’euros qui ont suscité une levée de bouclier des syndicats. – “Jamais vu”-Deux mesures ont notamment cristallisé la colère: la réduction de 100% à 90% de l’indemnisation des congés maladie des fonctionnaires, et l’instauration de trois jours de carence non payés, au lieu d’un actuellement, lors de ces absences – hors pathologies lourdes.A l’issue du conseil des ministres mercredi, la porte-parole du gouvernement, Maud Bregeon, a relativisé ces propos et nié toute “convergence” entre Donald Trump et le gouvernement français.”Il n’y a pas de surinterprétation à faire, mon collègue Guillaume est extrêmement mobilisé depuis des années sur la nécessité de simplifier et de débureaucratiser l’administration française. Il a félicité son homologue et ça s’arrête là”, a-t-elle dit. Interrogé par l’AFP, l’entourage a assuré que “saluer la nomination d’un homologue, dont l’exécutif a été élu démocratiquement, ne (valait) pas adhésion”.Mais côté organisations syndicales et collectifs d’agents, la colère est loin de retomber et la séquence pourrait laisser des séquelles. “Jamais on n’a connu ça, c’est d’une violence inouïe”, a indiqué à l’AFP Mylène Jacquot, secrétaire générale de l’UFFA-CFDT. “Il y a déjà eu des désaccords, des conflits (avec d’autres ministres, ndlr), mais jamais ce niveau de brutalité”, a-t-elle poursuivi. Même son de cloche chez Christian Grolier, secrétaire général de l’UIAFP-FO, dont l’organisation a appelé jeudi dernier à la grève. Ces déclarations “mettent de l’huile sur le feu”, a-t-il indiqué à l’AFP, regrettant que le ministre puisse voir en MM. Trump et Musk des “modèles”. “C’est l’exemple même de l’erreur absolue de casting”, a lancé François Hommeril, président de la CFE-CGC. “En tant que ministre, il devrait affronter les lieux communs, les préjugés”, et défendre “les personnes qui en sont la cible”. Dans un communiqué, le cercle de réflexion de hauts fonctionnaires “le Sens du service public” s’est étonné que Guillaume Kasbarian “puisse apporter un soutien au personnage d’Elon Musk assumant un positionnement extrémiste et masculiniste”, son co-fondateur Johan Theuret dénonçant une “absence d’humilité du ministre” et “une provocation”.lum-chl-alb-tg/abb/de

Jean-Marie Le Pen hospitalisé

Jean-Marie Le Pen, 96 ans, est hospitalisé pour faire des “analyses”, a indiqué mercredi à l’AFP son entourage, sa fille Marine Le Pen indiquant que son père avait été pris en charge depuis “jeudi dans la nuit”.”Il a 96 ans et il est hospitalisé de manière régulière. Il n’y a rien de plus ni de moins que les épisodes qu’on a déjà vécus”, a déclaré Mme Le Pen à plusieurs journalistes, en marge de l’audience du tribunal correctionnel devant lequel elle comparaît. “Il y a des hauts et des bas”, a indiqué une autre source, qui a néanmoins démenti des rumeurs “pas fondées” quant à un supposé état grabataire du finaliste de la présidentielle de 2002.Le fondateur du Front national, devenu Rassemblement national, a vu son état de santé se dégrader depuis plusieurs années. Poursuivi dans l’affaire des assistants d’eurodéputés du RN pour laquelle sont actuellement jugés notamment sa fille et le parti, son cas a été “disjoint” après qu’une expertise médicale avait constaté “une profonde détérioration” de son état physique et psychique, estimant qu’il n’était pas en mesure ni “d’être présent”, ni de “préparer sa défense”.”Il est acté que (Jean-Marie Le Pen) n’est pas en capacité de donner son consentement de quelque acte que ce soit”, avait indiqué fin septembre, à l’ouverture du procès, Marine Le Pen.Cette dernière, ainsi que ses deux sÅ“urs Marie-Caroline et Yann Le Pen, sont les bénéficiaires d’un “mandat de protection” – une mesure comparable à une tutelle – depuis la mi-février, qui leur permet de réaliser divers actes au nom de leur père, seules ou de concert.

Commission d’enquête sur le déficit : Le Maire et Cazenave auditionnés le 12 décembre à l’Assemblée

Bruno Le Maire, ancien ministre de l’Economie, et Thomas Cazenave, ancien ministre du Budget, seront auditionnés le 12 décembre devant une commission d’enquête de l’Assemblée nationale sur le dérapage du budget, a-t-on appris de sources parlementaires.A l’initiative de son président Eric Coquerel (LFI), la commission des Finances de l’Assemblée a demandé et obtenu pour six mois les pouvoirs d’une commission d’enquête (convocations avec obligation pour la personne de l’honorer, pouvoirs d’investigation, auditions sous serment, etc…), afin d’enquêter sur “les causes” de “la variation” et des “écarts des prévisions fiscales et budgétaires” constatées sur les années 2023 et 2024.Le déficit public est attendu à 6,1% du PIB cette année, un chiffre très éloigné des 4,4% prévus à l’automne 2023 et des 5,1% prévus au printemps après réévaluation par l’exécutif précédent.Présidée par Eric Coquerel, la commission d’enquête sera menée par deux rapporteurs: Eric Ciotti, président du groupe UDR, et Mathieu Lefèvre, vice-président du groupe macroniste Ensemble pour la République.Selon l’entourage d’Eric Coquerel, elle devrait commencer ses travaux à partir du “3 décembre”, avec une série d’auditions de responsables d’administrations (Direction générale du Trésor, Direction du Budget, Direction générale des Finances publiques, Direction de la Sécurité sociale et Direction générale des collectivités locales).Avant donc de passer à l’audition très attendue de Bruno Le Maire et Thomas Cazenave le 12 décembre.La commission d’enquête pourrait ensuite reprendre ses travaux en janvier par des auditions d’économistes, et à une date indéterminée par des auditions d’autres personnalités politiques. Les noms des anciens chefs de gouvernement Elisabeth Borne et Gabriel Attal ont été évoqués lors d’une réunion de travail préparatoire mercredi matin, selon plusieurs sources parlementaires.A la tête de Bercy durant sept ans, Bruno Le Maire est déjà venu s’expliquer début novembre au Sénat devant une mission d’information. Il avait réfuté toute “faute” ou “dissimulation” face à l’importante dégradation des finances publiques de la France.”Quand on me dit que le déficit en 2024 sera à 6,1%, c’est le choix du gouvernement actuel”, avait lancé l’ex-ministre, reprochant à l’exécutif de ne pas avoir mis en oeuvre toutes les mesures “préparées” par l’ancien gouvernement pour lutter contre la dégradation des comptes.

Martinique: violences après l’interpellation d’une figure du mouvement contre la vie chère

Des émeutes et des pillages ont éclaté dans la nuit de mardi à mercredi à Fort-de-France après l’arrestation de Rodrigue Petitot, principale figure de la mobilisation contre la vie chère en Martinique, a-t-on appris auprès de la préfecture, qui a fait état de huit interpellations et trois blessés légers.A la tête du Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro-caribéens (RPPRAC), Rodrigue Petitot, dit “le R”, a été placé mardi en garde à vue au commissariat central du chef-lieu de l’île antillaise à la suite d’une plainte pour violation de domicile et actes d’intimidation à l’encontre de personnes exerçant une fonction publique, selon le parquet.Lundi soir, le R s’était introduit en compagnie de trois autres personnes dans l’enceinte de la résidence préfectorale dans le quartier huppé de Didier à Fort-de-France. Une intrusion dont le but était d’obtenir un entretien avec le ministre des Outre-mer, François-Noël Buffet, actuellement en visite en Martinique.A la suite de cette interpellation, 350 personnes se sont rassemblées dans la soirée de mardi devant l’hôtel de police, a indiqué la préfecture dans un communiqué. Des tirs de grenade, de mortiers et d’armes à feu ont ciblé des gendarmes mobiles, causant trois blessés légers, selon la même source. Des “émeutiers armés” ont affronté les forces de sécurité avec des jets de projectiles et des cocktails molotov. L’attroupement a été dissipé par l’usage de la force, a ajouté la préfecture. Pendant une partie de la nuit, des personnes ont tenté d’incendier des véhicules et bâtiments du centre-ville de Fort-de-France et de Saint-Joseph et d’ériger des barrages sur le territoire. Six magasins ont été pillés, huit personnes interpellées, selon le communiqué de la préfecture.Lundi soir, c’est le préfet de la Martinique, Jean-Christophe Bouvier, qui s’était opposé physiquement à l’entrée du président du RPPRAC dans sa résidence. L’attitude des leaders du collectif était “inacceptable, inimaginable, intolérable”, a estimé M. Bouvier.”Nous attendons que le R soit libéré. Je crains ce soir une nouvelle nuit de perturbations qui sera de la responsabilité du préfet et du ministre”, avait réagi mardi après son interpellation la secrétaire du RPPRAC, Aude Goussard, au micro de la radio locale RCI.D’après la Régie des transports de Martinique, un barrage enflammé a été érigé mardi sur l’avenue Maurice Bishop dans le quartier de Sainte-Thérèse où Rodrigue Petitot a affirmé résider. La régie a suspendu les transports publics dans le centre de l’île.Arrivé lundi soir en Martinique pour une visite de quatre jours, le ministre des Outre-mer s’est dit “disposé à rencontrer tout le monde” sur l’île, y compris les dirigeants du RPPRAC, de retour dans le département après un séjour de dix jours à Paris pour y organiser des manifestations.Depuis septembre, la Martinique est touchée par un mouvement contre la vie chère qui a dégénéré avec des émeutes urbaines et des violences essentiellement nocturnes durant lesquelles, selon des chiffres de la préfecture, plus de 230 véhicules ont été brûlés volontairement et des dizaines de locaux commerciaux ont été incendiés, vandalisés ou pillés. kl-mca-sc-aco-ldp/bfa/