AFP Politics

Nouvelle-Calédonie: début de négociations très attendues sur l’avenir institutionnel

Le ministre des Outre-mer, Manuel Valls, a ouvert mercredi des négociations sur l’avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie avec l’ensemble des forces politiques locales, indépendantistes comme non-indépendantistes, dans l’archipel meurtri par les émeutes de 2024.”Après des premiers jours auprès des Calédoniens sur le terrain, une nouvelle étape s’ouvre ce (mercredi) matin avec le début des négociations sur l’avenir institutionnel. L’ensemble des formations politiques sont réunies autour d’une même table, pour la première fois depuis longtemps”, a annoncé le ministère des Outre-mer dans un communiqué.Les délégations se sont retrouvées mercredi au siège du haut-commissariat, le représentant de l’Etat sur place, à Nouméa. Tous les groupes invités ont répondu présents, y compris la délégation du Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS), le principal groupe indépendantiste qui avait confirmé sa présence mardi soir.Après une réunion avec l’ensemble des forces politiques indépendantistes et non-indépendantistes mercredi matin (dans la nuit à Paris), le ministre a reçu les différents mouvements en réunions bilatérales dans l’après-midi, avant une nouvelle séance plénière en soirée.”Les discussions se sont bien passées, tout le monde a accepté de jouer le jeu”, a indiqué à l’AFP le député non-indépendantiste, Nicolas Metzdorf, à l’issue de la rencontre.Les autres formations politiques n’ont pas souhaité s’exprimer, mais un participant a confirmé à l’AFP “un début de négociations serein”.Ces trilatérales – Etat, indépendantistes et non-indépendantistes – sur l’avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie sont les premières discussions mettant autour de la table ces trois acteurs depuis de brèves discussions à l’Elysée en septembre 2023, rapidement avortées à la suite de quoi le FLNKS avait annoncé suspendre le dialogue.Ce dernier s’était poursuivi entre loyalistes et indépendantistes mais était rompu depuis les violentes émeutes de mai 2024, qui ont fait 14 morts et plus de deux milliards d’euros de dégâts, en réaction au projet gouvernemental de dégel du corps électoral calédonien.- Séjour prolongé -Arrivé samedi à Nouméa, M. Valls a plaidé mardi pour la paix et le “vivre-ensemble” à la veille de l’ouverture des discussions.Après une arrivée mouvementé, des habitants pro-Calédonie française lui reprochant une posture jugé trop conciliante avec les indépendantistes et un déni des référendums d’autodétermination de 2018, 2020 et 2021, il avait une première fois réuni toutes les délégations lundi pour expliquer sa méthode et fixer ses axes de travail.Ceux-ci s’articulent autour du “lien avec la France”, qui englobe le droit à l’autodétermination, la décolonisation et la question ultra-sensible du corps électoral, de la “gouvernance” et des compétences des institutions locales et enfin de la définition d’un “nouveau contrat social”, avec l’accent mis sur la jeunesse.Outre le FLNKS, les délégations présentes sont l’Union nationale pour l’indépendance (UNI), récemment sortie du FLNKS, le Rassemblement et des Loyalistes réunissant les principales figures non-indépendantistes, ainsi que Calédonie ensemble (CE) et l’Eveil océanien (EO) aux positions plus modérées.Dans un communiqué, le ministère des Outre-mer a précisé que Manuel Valls a également convié “l’ensemble des maires du territoire pour un échange approfondi, afin de nourrir les discussions en cours”.”Le message porté est clair: sans compromis politique, pas d’avenir économique ; sans dialogue, pas de paix durable”, ajoute le communiqué. “La Nouvelle-Calédonie traverse un moment historique qui exige de chacun qu’il se hisse à la hauteur de ses responsabilités”, affirme M. Valls, cité dans le communiqué.Le ministre des Outre-mer a, par ailleurs, décidé de prolonger son séjour d’une journée, samedi, afin “de donner toutes les chances à la discussion”, a-t-il indiqué devant la presse à l’ouverture des négociations.

Fin de vie: les deux textes seront votés en même temps à l’Assemblée

Le gouvernement prévoit toujours de scinder en deux le projet de loi sur la fin de vie mais les deux textes seront déposés par les députés eux-mêmes puis feront en même temps l’objet d’un vote fin mai, a annoncé mercredi le gouvernement.”Ce sont deux textes différents qui seront deux propositions de loi, une sur les soins palliatifs et une autre sur l’aide (à) mourir (…): ils feront l’objet d’un vote le même jour, l’un après l’autre”, a déclaré Patrick Mignola, ministre des Relations avec le Parlement sur Public Sénat.Ce vote aura lieu fin mai après deux semaines d’examen qui démarreront le 12 mai, a précisé à l’AFP l’entourage du ministre.Le Premier ministre, François Bayrou, avait annoncé en début d’année son intention de scinder en deux ce texte sur la fin de vie, qui pourrait légaliser sous condition une “aide active à mourir”, de fait une forme de suicide assisté. Son vote a été reporté à de multiples reprises, notamment par la dissolution de 2024.Le choix de M. Bayrou est plutôt défendu par les adversaires d’une légalisation de l’euthanasie et du suicide assisté, qui veulent séparer ce sujet de celui des soins palliatifs. Les partisans d’une forme de suicide assisté, dont le fer de lance à l’Assemblée est le député Olivier Falorni, ont en revanche regretté cette décision, y voyant le risque d’enterrer la partie consacrée à l’aide à mourir.Ce choix a aussi été vivement critiqué par la présidente de l’Assemblée, Yaël Braun-Pivet, et ne fait pas consensus au sein du gouvernement puisque la ministre de la Santé, Catherine Vautrin, a dit préférer un seul texte.Le gouvernement avait déjà annoncé un compromis mi-février, en promettant une “discussion commune” à l’Assemblée sur les deux parties.Les propos de M. Mignola, ce mercredi, vont encore plus loin: en promettant deux propositions de loi, qui proviennent par définition des députés et non du gouvernement, celui-ci laisse une plus grande marge de manoeuvre au Parlement.Une source parlementaire a précisé à l’AFP, confirmant des informations de franceinfo, que ce serait M. Falorni qui déposerait la partie consacrée à l’aide à mourir et Frédéric Valletoux, ancien ministre de la Santé, celle sur les soins palliatifs.Elle a ajouté que le gouvernement s’était engagé à envoyer ensuite directement les deux textes au Sénat.

Paris a mis en place des “restrictions d’accès” en France contre des “dignitaires” algériens

Des “mesures de restriction de circulation et d’accès au territoire national pour certains dignitaires algériens ont été prises” par la France, a révélé mardi le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot sur BFMTV.”Ce sont des mesures qui sont réversibles et qui s’éteindront dès lors que la coopération à laquelle nous appelons reprendra”, a-t-il ajouté, à la veille d’une réunion interministérielle sur le contrôle de l’immigration sur fond de crise diplomatique majeure avec Alger.Le chef de la diplomatie française n’a pas précisé depuis quand ces mesures sont en vigueur ni combien de personnes elles visaient.Ces mesures ont été décidées pour “faire avancer ou de défendre les intérêts des Français”, a-t-il justifié, en évoquant la libération de l’écrivain Boualem Sansal incarcéré en Algérie ou encore “la réadmission des Algériens en situation irrégulière”.Jean-Noël Barrot s’est également dit “prêt à en prendre davantage” si la coopération franco-algérienne “n’est pas reprise”.”Mais je le ferai toujours à bon escient et sans nécessairement en faire la publicité”, a-t-il prévenu.Ses déclarations interviennent alors que la position à adopter vis-à-vis d’Alger divise profondément le gouvernement français entre les partisans du “rapport de force”, à l’instar du ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, et ceux qui plaident pour la voie diplomatique comme Jean-Noël Barrot.Samedi, un Algérien de 37 ans en situation irrégulière est accusé d’avoir tué à l’arme blanche une personne et d’en avoir blessé sept autres samedi à Mulhouse (Est de la France)Le Premier ministre François Bayrou a depuis chargé l’Algérie, jugeant “inacceptable” son refus à dix reprises de reprendre l’assaillant présumé et promettant de montrer la “détermination” de Paris, qui pourrait engager des mesures de rétorsion dès cette semaine, notamment sur les visas. 

Pour Fabien Roussel, “la première menace” pour les agriculteurs, c’est l’Ukraine

Le patron du Parti communiste français Fabien Roussel a jugé mardi que “la première menace pour les agriculteurs français était “l’Ukraine”, et appelé à “entendre la demande de la Russie” de ne pas intégrer l’Ukraine dans l’Otan.Fabien Roussel, venu au Salon de l’agriculture en compagnie d’une délégation d’élus PCF pour apporter son “soutien au monde agricole”, a estimé lors d’une conférence de presse que “pour l’agriculture, la première menace ce n’est pas les Etats-unis, c’est l’Ukraine”, l’un des principaux producteurs de céréales au monde.”C’est pour cette raison que l’intégration de l’Ukraine en Europe pose problème”, a-t-il ajouté.Concernant le conflit en Ukraine, Fabien Roussel espère que “la paix puisse arriver mais il faut qu’elle soit durable”.”Il faut un accord de paix solide qui apporte des garanties à chaque partie”, a-t-il insisté, évoquant la nécessité “d’apporter des garanties de sécurité à l’Ukraine”, mais appelant aussi à “entendre ce que demande la Russie: la non-intégration de l’Ukraine dans l’Otan”.”Il faut que chacun accepte de concéder du terrain”, a souligné le secrétaire national des communistes, qui “demande au président de la République d’envisager que l’Ukraine ne rentre pas dans l’Otan”. En visite également au salon, l’ex-député insoumis François Ruffin, désormais intégré au groupe des Ecologistes à l’Assemblée, a lui aussi dit son opposition à l’ouverture des marches européens à l’Ukraine.Il a rappelé qu’au début de la guerre en Ukraine, “on a ouvert les vannes pour les œufs, pour la volaille, pour les céréales et l’Ukraine, ne trouvant pas ses marchés qu’elle avait auparavant en Afrique du Nord, s’est retournée vers l’intérieur de l’Union européenne, ce qui a produit quand même une crise agricole”. “Là est en discussion le fait que, comme ça bloque sur le terrain militaire, géopolitique, diplomatique, il y ait, en compensation, une ouverture des marchés européens pour la production agricole ukrainienne. Je dis pour ma part que c’est non”, a-t-il expliqué à l’AFP, précisant s’être engagé en ce sens auprès des syndicats agricoles. “Je dis oui à un appui diplomatique” et “politique à l’Ukraine et je dis non” à “l’ouverture des marchés européens aux fermes usines ukrainiennes”, a-t-il insisté. “Sinon c’est tuer l’agriculture française”.

Deux mois après Chido, la loi sur la reconstruction de Mayotte entre en vigueur

Deux mois après le passage du dévastateur cyclone Chido sur Mayotte, le projet de loi d’urgence pour la reconstruction de l’archipel, définitivement adopté au Parlement mi-février, est entré en vigueur mardi avec sa parution au Journal officiel.”Jusqu’au 31 décembre 2027, l’État (…) peut assurer la construction, la reconstruction, la rénovation, la réhabilitation, l’extension, les grosses réparations et l’équipement des écoles publiques (…) au regard des dégâts subis par les écoles à la suite du cyclone Chido (…)”, indique le texte de la loi datée du 24 février.Mayotte, département le plus pauvre de France, dans l’océan Indien, a été frappé le 14 décembre par le meurtrier cyclone Chido, qui a causé des dégâts considérables – le “coût des destructions” est évalué autour de 3,5 milliards d’euros, selon le ministre des Outre-mer, Manuel Valls.Cette loi d’urgence prévoit principalement des assouplissements aux règles d’urbanisme et de commande publique, ainsi que quelques mesures sociales, comme des facilités fiscales.Il ne s’agit que d’une “première réponse”, a commenté M.Valls, lors de son adoption au Parlement. “Après le temps de l’urgence et celui de la reconstruction, viendra celui de la refondation” a-t-il ajouté.Un second texte, visant à “permettre le développement économique, éducatif et social du territoire sur de nouvelles bases” est déjà en préparation, et sera présenté “d’ici quelques semaines”, a indiqué le ministre.Cette loi d’urgence est le premier projet de loi mené à son terme et de bout en bout par le gouvernement de François Bayrou – le budget de l’État ayant été préparé par son prédécesseur Michel Barnier.Le projet de loi prévoit la création d’un nouvel établissement public chargé de la reconstruction. Le texte comprend également une mesure pour les propriétaires, qui pourront souscrire un prêt à taux zéro pour réhabiliter leur logement, jusqu’à 50.000 euros.

Face aux “dérives mafieuses”, les autonomistes corses contre les réformes juridiques

Face “aux dérives mafieuses” qui gangrènent la Corse, le pouvoir politique autonomiste local va proposer 30 mesures jeudi, refusant cependant les principales réformes juridiques envisagées pour lutter contre la criminalité organisée, à la stupéfaction des deux collectifs antimafia insulaires.Ce rapport de 81 pages du président autonomiste du conseil exécutif, Gilles Simeoni, consulté par l’AFP, doit être officiellement présenté jeudi lors d’une session spéciale de l’assemblée de Corse consacrée aux “dérives mafieuses”, à laquelle assistera le ministre de la Justice Gérald Darmanin, au lendemain d’une réunion de travail avec les autorités judiciaires de l’île.A cette occasion, l’assemblée de Corse accueillera également l’ancien maire de Palerme, Leoluca Orlando, qui viendra témoigner de son combat contre la mafia en Sicile.Cette session interviendra dans un climat très lourd, après le meurtre d’un jeune pompier avant Noël à Ajaccio, puis celui d’une étudiante de 18 ans, vraisemblablement ciblée par erreur, le 15 février à Ponte-Leccia (Haute-Corse), dans une île où le nombre d’homicides rapporté à la population est le plus élevé de France métropolitaine.Parmi les principales propositions des élus autonomistes corses, issues de deux ans d’échanges avec associations et collectifs, figurent la création d’une “instance consultative spécifique à la lutte contre les dérives mafieuses” et la volonté de “combattre les clichés positifs associés à la mafia”.Mais, dans ce qui est surtout un plaidoyer pour l’autonomie de l’île, Gilles Simeoni, ex-avocat pénaliste notamment d’Yvan Colonna, condamné à la perpétuité pour l’assassinat du préfet Erignac en 1998 et décédé en 2022 après avoir été agressé par un codétenu à la prison d’Arles, fait part de son “désaccord” avec plusieurs mesures inspirées du droit italien et retenues dans la proposition de loi contre le narcotrafic adoptée à l’unanimité par le Sénat.Ces mêmes mesures pourtant demandées haut et fort par les collectifs antimafia.M. Simeoni se positionne ainsi contre la création d’un “délit d’association mafieuse” et réaffirme son “attachement au principe du jury populaire”, rejetant l’idée de “juridictions d’exception” et d’un parquet national anti-criminalité organisée (Pnaco). “La plupart des comportements incriminés par le droit italien sont également prévus et réprimés par le droit français”, argumente l’élu dans son rapport, craignant que ces réformes puissent “ouvrir la porte à l’arbitraire”.- “Il faut se réveiller” -A cette lecture, “les bras nous en sont tombés”, a confié à l’AFP Léo Battesti, du collectif “a Maffia no, a Vita ié” (Non à la mafia, oui à la vie).”Il n’y a presque plus personne qui pense comme ça en Corse, où même les plus grands humanistes ont compris que le plus liberticide ce sont les mafieux qui tuent, qui rackettent et menacent”, a-t-il regretté.Il s’agit de “réflexes pavloviens d’avocat” et “d’un vieux réflexe nationalo-nationaliste corse de défiance des juridictions d’exception”, a estimé celui qui est, lui-même, un ancien cadre du Front de libération national corse (FLNC), condamné en 1979 à neuf ans de prison pour une tentative d’attentat. “On est au XXIe siècle, il faut se réveiller”, a martelé le septuagénaire.”Déception indéniable et incompréhension” également pour le collectif Massimu Susini, qui regrette “d’abord un refus de considérer les mesures proposées par les associations et collectifs concernant les déchets, l’urbanisme et les différents secteurs soumis à l’emprise mafieuse”, a détaillé à l’AFP Lisandru Laban-Giuliani, membre du collectif.Concernant “les marchés publics”, cet assistant parlementaire de 24 ans pointe certes “des avancées minimes” et salue “la sensibilisation dans les établissements scolaires” aux logiques mafieuses.”Mais surtout il y a des reculs” sur les réformes pénales, qui ont pourtant été “défendues et votées par le sénateur autonomiste Paul-Toussaint Parigi”, issu du parti de Gilles Simeoni, souligne-t-il.Pire, il juge “honteux” que ce rapport veuille “que l’Assemblée de Corse puisse empêcher l’amélioration de l’arsenal juridique contre la mafia dans l’île” en empêchant que des mesures “votées à Paris s’appliquent en Corse”. “On marche complètement sur la tête”: “Nous, ce qu’on cherche, c’est le bien de la Corse face aux appétits mafieux. Les gens en Corse sont assez désespérés. (…) Et là, l’engagement politique est très loin d’être rempli”, conclut-il.

Jordan Bardella a démissionné de son mandat de conseiller régional d’Île-de-France

Le président du Rassemblement national, Jordan Bardella, a démissionné de son mandat de conseiller régional d’Ile-de-France, où il était élu depuis 2015, a-t-on appris mardi auprès de l’institution, confirmant des informations de Libération.”Il laisse sa place, ce qui est très commun dans le cadre de mandats multiples”, a commenté auprès de l’AFP son entourage.M. Bardella avait été élu conseiller régional dès 2015, son premier mandat électif, alors qu’il était âgé de 20 ans.Elu député européen à partir de 2019, il avait conservé son siège dans l’assemblée francilienne et s’était représenté lors des régionales de 2021, tête de liste dans le département de Seine-Saint-Denis.”Il était conseiller régional bénévole”, a souligné son entourage, en rappelant que ses indemnités d’élu à Strasbourg et en Île-de-France étaient “écrêtées”, ne pouvant être cumulées.Selon la Région présidée par Valérie Pécresse (LR), Jordan Bardella a quitté son siège le 19 février. “Jordan Bardella était invisible à la Région, il n’était quasiment jamais présent aux plénières”, a-t-on indiqué de source régionale.Il passe la main à Colette Lévêque, numéro deux sur la liste RN en Seine-Saint-Denis.

Après l’attentat de Mulhouse, le gouvernement français met la pression sur Alger

Deux jours après l’attentat de Mulhouse, François Bayrou a lancé lundi une charge contre l’Algérie, jugeant “inacceptable” son refus de reprendre l’assaillant et mettant en avant la “détermination” de la France, qui pourrait engager des mesures de rétorsion, notamment sur les visas.Les semaines se suivent et les tensions entre Paris et Alger ne cessent de s’aggraver.Lundi, le ton est encore monté d’un cran: le Premier ministre a jugé “inacceptable” le refus d’Alger de reprendre son ressortissant, sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français, avant qu’il ne tue un homme et en blesse sept autres samedi à Mulhouse.”Il avait été présenté dix fois aux autorités algériennes pour que son pays d’origine accepte que nous le renvoyions chez lui. Les dix fois, la réponse a été non”, a dénoncé François Bayrou en marge d’une visite au Salon de l’agriculture à Paris.Pourtant le suspect, interpellé en plein passage à l’acte, n’était pas à son premier fait d’arme: “arrivé illégalement” en France en 2014 selon le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, cet homme de 37 ans avait récemment purgé une peine d’emprisonnement pour apologie du terrorisme.”Imaginez la situation si elle était inversée (…) Qu’est-ce que diraient les autorités algériennes?”, a insisté le Premier ministre.”Je n’admets pas que la France soit humiliée”, a martelé M. Retailleau lundi soir. “Qui en France peut soutenir que la dureté n’est pas du côté du régime algérien ?”, s’est-il interrogé, pointant du doigt le cas de l’écrivain Boualem Sansal emprisonné en Algérie.François Bayrou a, lui, mis en avant “la détermination de la France” dans ce dossier promettant de prochaines “décisions”.Allusion au conseil interministériel de contrôle de l’immigration prévu mercredi. Une réunion programmée avant l’attentat, où l’Algérie devrait désormais s’imposer comme le sujet central.La porte-parole du gouvernement Sophie Primas a évoqué certaines des mesures de rétorsion envisagées: “On n’est pas obligé d’avoir des visas en quantité aussi importante”, a-t-elle estimé sur RTL, suggérant aussi de “cibler un certain nombre de personnes qui sont importantes dans les relations (franco-algériennes) et ne plus leur donner de visas”.- Couac et surenchère -Abondant dans le même sens, le député macroniste David Amiel a estimé sur franceinfo que “la priorité absolue à court terme” était de “remettre en cause l’accord de 2007 qui prévoit que les dignitaires algériens peuvent se rendre en France sans visa”. Il s’agit de “faire pression sur le régime” en ciblant “la nomenklatura algérienne, pas les citoyens ordinaires”.Mais dans ce domaine, l’exécutif doit aussi composer avec la surenchère du Rassemblement national. Le parti considère qu’on pourrait envisager de ne plus du tout délivrer de visas, comme l’a fait savoir Sébastien Chenu sur BFMTV et RMC.Le vice-président du parti d’extrême droite a évoqué d’autres leviers concernant “les transferts de fonds, le fait de soigner des dirigeants algériens dans notre pays”, ainsi que la révision de l’accord d’association entre l’Union européenne et l’Algérie – réclamée par le président Abdelmadjid Tebboune.Le président du parti, Jordan Bardella, réclame “un bras de fer diplomatique avec Alger”.Dès samedi soir à Mulhouse, Bruno Retailleau s’était prononcé pour “le rapport de force”.Mais des dissonances se font entendre au sein du gouvernement.”La diplomatie, c’est toute une palette d’outils”, a répliqué le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, dimanche sur CNews et Europe 1. Et le locataire du Quai d’Orsay d’enfoncer le clou: “Ce qui nous intéresse, c’est la sécurité des Français, ce n’est pas le rapport de force pour le rapport de force”.Un couac que François Bayrou s’est empressé de minimiser lundi: “le gouvernement français est un” et “n’a qu’une ligne”. Celle-ci doit normalement être tracée par le chef de l’Etat, mais Emmanuel Macron ne s’est pour l’heure pas exprimé sur le sujet.Les relations entre Paris et Alger se sont détériorées depuis l’été 2024 avec l’annonce de l’appui de la France au plan d’autonomie marocain pour le territoire disputé du Sahara occidental.Et les rapports se sont encore tendus ces dernières semaines avec la détention en Algérie de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal et l’arrestation en France de plusieurs influenceurs algériens pour apologie de la violence.Le déplacement, mardi, du président du Sénat, Gérard Larcher, au Sahara occidental, ne devrait pas apaiser la colère d’Alger.gbh-bur-arz-sde/pab/dsa

A Nouméa, Manuel Valls dévoile sa méthode pour sortir la Nouvelle-Calédonie de l’ornière

En déplacement en Nouvelle-Calédonie, le ministre des Outre-mer Manuel Valls a présenté lundi sa méthode et ses principes pour relancer le dialogue entre indépendantistes et non indépendantistes, avant des négociations sur l’avenir institutionnel du territoire qui doivent débuter mercredi.C’est déjà un premier succès: en organisant lundi une “plénière de restitutions et de méthode” au congrès de Nouvelle-Calédonie, Manuel Valls a réussi à rassembler autour d’une même table l’ensemble des forces politiques du territoire, malgré des mois de tensions et d’invectives.”Je pense que nous continuerons à discuter et à négocier ensemble, sous ce format, où toutes les formations acceptent de se parler entre elles et avec le gouvernement de la France”, a déclaré le ministre à l’issue de cette réunion, saluant “l’effort nécessaire” des participants tout en appelant chaque acteur à “prendre ses responsabilités”.L’ancien Premier ministre est arrivé samedi sur le territoire français du Pacifique sud, profondément meurtri par les émeutes de 2024 déclenchées par le projet gouvernemental de dégel du corps électoral calédonien qui ont fait 14 morts, causé plus de deux milliards d’euros de dégâts et laissé un territoire exsangue.Son objectif est de parvenir à un accord sur l’avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie et, au préalable, de rétablir le dialogue entre des communautés “fracturées”.Sur la forme, Manuel Valls a proposé trois axes de travail: le “lien avec la France”, englobant les questions d’autodétermination, de citoyenneté et du corps électoral, la “gouvernance” visant à clarifier les compétences des institutions locales et la définition d’un “nouveau contrat social”, avec un accent particulier sur la jeunesse.Mais le ministre a aussi posé des principes jugés indispensables: une “souveraineté avec la France”, la “protection de tous les habitants de la Nouvelle-Calédonie” et le respect de “la démocratie et l’état de droit”, a-t-il listé, évoquant aussi une Nouvelle-Calédonie “unie et indivisible”.- Calédoniens “épuisés” -Si les discussions de lundi se sont déroulées dans un climat jugé constructif, son arrivée à Nouméa, samedi, avait été plus mouvementée. Des militants non-indépendantistes et le député Nicolas Metzdorf l’avaient interpellé, lui reprochant une posture jugée trop conciliante avec les indépendantistes et un déni des référendums d’autodétermination de 2018, 2020 et 2021.Reste désormais le plus compliqué. Négocier et aboutir à “un accord, un compromis”, a poursuivi Manuel Valls, estimant que c’était aussi la demande des Calédoniens, “épuisés des atermoiements et des divisions”.Les négociations à proprement parler doivent débuter mercredi. À ce stade, un optimisme prudent domine. Le chef de la délégation de l’Union nationale pour l’indépendance (UNI), Jean-Pierre Djaiwé, s’est dit “très satisfait” de la méthode de Manuel Valls.”Ça ne va pas être facile, et il est difficile d’imaginer arriver à un accord d’ici à la fin de la semaine, mais tout le monde a envie de travailler et on peut peut-être arriver à un début de compromis”, a-t-il poursuivi.Même tonalité du côté de l’élu non-indépendantiste Philippe Dunoyer (Calédonie ensemble), estimant qu’il restait “plus de sujets de convergences que de divergences”, même si ces dernières sont majeures.Mais une inconnue demeure: le Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS), principal groupe indépendantiste, s’est dit satisfait de la méthode mais doit se réunir mardi avant de confirmer sa présence à la table des discussions.Les Loyalistes, le groupe de la cheffe de file non indépendantiste Sonia Backès, n’ont eux pas souhaité s’exprimer lundi soir.

Attentat de Mulhouse: Bayrou juge “inacceptable” que l’Algérie ait refusé “dix fois” de reprendre l’assaillant

François Bayrou a jugé lundi “inacceptable” que l’Algérie ait refusé “dix fois” de reprendre “l’assassin de Mulhouse” avant qu’il ne commette une attaque mortelle au couteau samedi, alors qu’il était sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF).”L’assassin de Mulhouse, il avait été présenté dix fois aux autorités algériennes pour que son pays d’origine accepte que nous le renvoyions chez lui. Les dix fois la réponse a été non. Est-ce que c’est acceptable? Pour moi c’est parfaitement clair, c’est inacceptable”, a déclaré le Premier ministre en marge d’une visite au Salon de l’agriculture.L’assaillant, interpellé après avoir fait un mort et cinq blessés, était déjà connu de la police et de la justice: “arrivé illégalement” en France en 2014 selon le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, cet homme de 37 ans avait récemment purgé une peine de prison pour apologie du terrorisme.”Notre responsabilité c’est de ne pas l’accepter”, a insisté François Bayrou, avant d’ajouter: “Imaginez la situation si elle était inversée (…) Qu’est-ce que diraient les autorités algériennes?”Pour le Premier ministre, “il faut donc préparer les décisions, prendre les décisions pour que le gouvernement et les pouvoirs publics algériens comprennent quelle est la détermination de la France”.Une allusion au conseil interministériel de contrôle de l’immigration prévu mercredi, dont la tenue était programmée avant l’attentat de Mulhouse mais où des mesures visant l’Algérie et d’autres pays seront discutées.