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En Nouvelle-Calédonie, Valls pointe “la politique de déstabilisation” de l’Azerbaïdjan

L’Etat mettra “en œuvre tous les moyens” pour empêcher les “ingérences étrangères”, a assuré vendredi le ministre des Outre-mer Manuel Valls en marge d’un déplacement en Nouvelle-Calédonie, pointant à nouveau  la “politique de déstabilisation” de l’Azerbaïdjan dans cet archipel français.”L’Azerbaïdjan, en y mettant les moyens, cherche non seulement à influencer le débat politique, à utiliser des moments de crise, comme celui que la Nouvelle-Calédonie a vécu, mais cherche aussi à mener une politique d’ingérence et donc de déstabilisation”, a déclaré le ministre en marge de négociations sur l’avenir institutionnel de l’archipel, à Nouméa. “Réclamer plus de démocratie, plus de protection, avec un pays qui ne pratique pas la démocratie, qui a mené une véritable épuration ethnique dans le Karabakh, montre bien que ses intérêts ne sont pas la protection de je ne sais qui ici, mais bien de nuire à la France”, a-t-il ajouté, après un entretien avec l’ambassadrice de France pour le Pacifique, Véronique Roger-Lacan. La reconquête de toute la région du Karabakh en septembre 2023 par l’armée azerbaïdjanaise, située dans l’ouest de l’Azerbaïdjan, a mis fin à trois décennies de conflit et entraîné la fuite de plus de 100.000 Arméniens qui vivaient dans les zones tenues par des séparatistes.Alors que le ministre conduit des discussions cruciales en Nouvelle-Calédonie sur le futur statut du territoire, des journalistes des territoires ultramarins ont été invités cette semaine à se rendre dans la République du Caucase, afin de “renforcer les liens médiatiques entre l’Azerbaïdjan et les nations affectées par les politiques coloniales françaises”, peut-on lire sur la page Facebook du Groupe Initiative de Bakou (BIG).Créé en juillet 2023, le BIG est une organisation promue par l’Etat azerbaïdjanais très impliquée dans le soutien aux mouvements indépendantistes français. En janvier dernier, la naissance à Nouméa d’un “front international de décolonisation” (FID), regroupant 12 mouvements indépendantistes ultramarins, saluée par l’Azerbaïdjan, avait déjà suscité la polémique. Manuel Valls avait alors déjà dénoncé les “opérations d’ingérence et de déstabilisation” de l’Azerbaïdjan dans les territoires ultramarins, accusant Bakou de s’attaquer à l'”intégrité” de la France “sans le moindre scrupule”.”La France est très déterminée à lutter contre toutes les ingérences étrangères. Que chacun le comprenne bien: l’opinion, la liberté de parole et de pensée, d’action, de réfléchir sur les questions internationales sont totalement préservées”, a précisé le ministre, en Nouvelle-Calédonie jusqu’à samedi. “En revanche, participer à des forums, à des actions dont le but est de nuire aux intérêts stratégiques de la France, ici comme ailleurs, c’est inacceptable. Et l’État français mettra tous les moyens pour l’empêcher”, a-t-il affirmé.Depuis des mois, Paris accuse Bakou d'”ingérence” et de manipulation sur la Nouvelle-Calédonie et plus généralement sur les outre-mer, dans un contexte de tensions entre les deux pays en raison du soutien de la France à l’Arménie, le rival historique de l’Azerbaïdjan. 

Le gros coup de blues des Verts en Europe

Après avoir décroché durant cinq ans des percées majeures sur le climat, les écologistes européens assistent, un peu désemparés, au détricotage par Bruxelles de certains de leurs acquis. Et redoutent que les années à venir soient rudes.”On est dans l’un des pires scénarios”, soupire la Française Marie Toussaint, qui siège avec les Verts au Parlement européen. “Émotionnellement, on se demande tous comment on tient.”Il y a peu de temps encore, l’Union européenne était marquée par un élan environnemental très fort.Face à la pression des jeunes réclamant des mesures pour protéger la planète lors de manifestations quasi hebdomadaires, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen avait placé la lutte contre le changement climatique au cœur de son premier mandat (2019-2024). Avec comme point culminant l’adoption du Pacte vert et – symbole fort – l’interdiction de la vente de voitures thermiques neuves d’ici 2035.En ce début d’année 2025, le contraste est saisissant. – “Choc profond” -En juin dernier, les Verts ont perdu un quart de leurs membres aux élections européennes, lors d’un scrutin marqué par une montée en puissance de la droite et une percée de l’extrême droite à travers le continent. L’hémorragie a été notable en Allemagne et en France, où la liste écologiste menée par Marie Toussaint a failli ne pas atteindre le seuil de 5%, nécessaire pour avoir des députés au Parlement européen.”Le choc a été assez profond”, reconnaît l’eurodéputée de 37 ans. D’autant que la Commission a depuis changé de cap. Face au risque d’une guerre commerciale avec les États-Unis de Donald Trump, l’exécutif européen assure ne pas vouloir remettre en cause les grands objectifs du “Green deal”, mais a fait de la compétitivité une priorité. Mercredi, il a annoncé un coup de frein à certains textes environnementaux pour donner un peu d’air aux industriels.”Beaucoup d’entre nous ont été assez sonnés”, affirme la Danoise Kira Peter-Hansen, qui lors de son élection en 2019 était devenue la plus jeune élue à siéger au Parlement européen.”Personnellement, j’ai vraiment réalisé en septembre ou en octobre que le contexte politique avait complètement changé”, confie l’élue, se disant “un peu triste” de n’avoir pas savouré la dynamique verte.Désormais, “la situation politique est différente. En tant qu’élus écologistes, on doit tous se demander si on essaye de sauver les meubles, ou si on rejoint l’opposition”, décrypte-t-elle. A contrecœur, elle a choisi la première option.- “Retour de bâton” – La frustration des Verts est partagée par les ONG environnementales, qui sont elles aussi contraintes d’adopter une posture beaucoup plus défensive qu’il y a cinq ans.”Quand on regarde le paysage politique au Conseil et au Parlement, la perspective d’avoir la moindre proposition législative ambitieuse sur le climat est extrêmement limitée”, souffle John Condon, de ClientEarth.”On a très clairement une forme de retour de bâton qui s’opère sur ces sujets”, note Phuc Nguyen, de l’institut Jacques Delors. Et selon lui, les écologistes n’ont peut-être pas encore touché le fond.Et pour cause: de nombreux industriels ont réclamé que Bruxelles dilue encore davantage ses mesures climatiques, qu’ils trouvent trop contraignantes face à la concurrence féroce de Washington et Pékin. Au Parlement européen, le chef des Patriotes (extrême droite), Jordan Bardella, a lui réclamé la suspension pure et simple du Pacte vert. “Il y a des textes qui sont victimes du backlash anti-écolo”, estime l’eurodéputé centriste Pascal Canfin. “Mais on ne peut pas dire que tout va sauter”, tempère l’élu, membre de la commission environnement au Parlement européen.Contrairement à certains de ses collègues écologistes, son ancienne famille politique, le quinquagénaire assure “ne pas être déprimé”: “Il faut montrer que c’est dans notre intérêt économique de faire cette transition écologique. Et mener la bataille”.

Depuis le Portugal, Macron exhorte l’Europe à refuser la “vassalisation”

En visite d’Etat pour deux jours au Portugal, Emmanuel Macron a appelé jeudi les Européens à se montrer “plus que jamais unis et forts” et à refuser la “vassalisation heureuse” vis-à-vis des Etats-Unis, au moment où les pourparlers sur l’Ukraine s’accélèrent de part et d’autre de l’Atlantique.Ce voyage officiel au pays des Œillets, le premier d’un chef d’Etat français depuis plus d’un quart de siècle, devait selon l’Elysée “marquer la profondeur et la densité des liens” entre les deux pays.M. Macron a cependant saisi l’occasion pour y marteler son message à l’adresse des Européens, qu’il a appelés à “retrouver (le) goût du risque, de l’ambition et de la puissance”, face à l’imprévisibilité des Etats-Unis de Donald Trump, tant sur la question de l’Ukraine que des droits de douane. “Je vois plein de gens dans notre Europe dire +on va devoir être gentil avec les Américains, ça va passer, il faut courber l’échine+”, a-t-il déclaré en fin de journée lors d’une rencontre dans un incubateur de start-up sur le thème de l’innovation et de l’intelligence artificielle.Mais “la réponse n’est pas dans une soumission” et “je ne suis pas pour la vassalisation heureuse”, a-t-il ajouté.Au contraire, “les Européens peuvent être convaincus d’une chose: il leur faut plus que jamais être unis et forts”, et pour cela “nous devons absolument faire des choix très profonds (…) en matière technologique, industrielle (et) de défense”, avait-t-il affirmé un peu plus tôt depuis l’Assemblée de la République portugaise.- “Combat existentiel” -Pour autant, la visite de Volodymyr Zelensky vendredi à Washington pour y conclure un accord sur l’exploitation de minerais ukrainiens, “est une très bonne chose”, a affirmé le chef d’Etat français, qui a lui-même fait le voyage lundi à la Maison Blanche.”J’ai essayé d’expliquer l’importance” de l’Ukraine et de son “combat existentiel” pour “la souveraineté” et “la sécurité des européens”, a-t-il rappelé. Manière de se poser en chef de file du Vieux continent, entre un entretien mercredi soir avec le nouveau chancelier allemand Friedrich Merz et un sommet dimanche à Londres à l’invitation du Premier ministre Keir Starmer – reçu à son tour par M. Trump jeudi.Le Premier ministre portugais Luis Montenegro a d’ailleurs félicité son invité “pour son travail remarquable sur la scène internationale, afin de prendre des mesures positives en faveur de la paix en Ukraine”, ainsi que “dans d’autres zones géographiques, afin de stabiliser les conflits”.M. Macron a pour sa part vanté la relation franco-portugaise comme “un des ciments de cette Europe plus forte” qu’il appelle régulièrement de ses vœux.Preuves de cette proximité, près de 2 millions de “luso-descendants” — de nationalité ou d’origine portugaise — vivent dans l’Hexagone, quand dans l’autre sens la France revendique le rang de “premier employeur étranger” au Portugal plus de 100.000 salariés dans 1.200 filiales d’entreprises tricolores.En gage de cette entente cordiale, les deux hommes doivent signer vendredi à Porto une dizaine d’accords, à commencer par un “traité d’amitié et de coopération”. D’autres paraphes sont également prévus dans des domaines allant des sciences au cinéma, en passant par l’armement, afin notamment de confirmer l’engagement du Portugal à acquérir jusqu’à 36 canons Caesar d’ici à 2034.Déjà jeudi, ils ont affirmé leur alignement sur le thème de la préservation des océans, à travers une déclaration soulignant notamment leur engagement commun contre “la pêche illicite” et pour “un moratoire sur l’exploitation des ressources minières des fonds marins”. L’occasion aussi d’un passage de relais avant la troisième Conférence des Nations unies sur l’océan en juin à Nice, après Lisbonne en 2022

Retraites: grand écart entre syndicat et patronat à l’issue de la première journée de négociation

Les positions des syndicats et du patronat sur la réforme des retraites étaient à l’opposé jeudi après la première journée de négociation, FO ayant quitté la table et dénonçant une “mascarade” après une demande d’équilibre financier du gouvernement.François Bayrou a envoyé mercredi soir aux négociateurs une lettre exigeant des partenaires sociaux des mesures pour un retour à l’équilibre financier du système de retraites dès 2030, alors qu’avec la trajectoire actuellement prévue, le déficit devrait être supérieur à 6 milliards d’euros, selon la Cour des Comptes.La précédente demande de l’exécutif consistait seulement à ne pas “dégrader” le déficit du système en modifiant les paramètres de la réforme de 2023, qui prévoit un recul à 64 ans de l’âge de départ auquel les syndicats sont opposés.”Si personne ne se met d’accord, nous l’avons dit, on en restera au système antérieur, défini en 2023″, a estimé François Bayrou dans un entretien au Figaro mis en ligne jeudi soir. Et “si nous étions un jour en situation de blocage (…) le référendum est une issue”, a-t-il ajouté.”Il faut que nous nous interrogions sur une trajectoire, peut-être à 20 ans, pour arriver à un rééquilibrage, avec des méthodes différentes, novatrices”, affirme encore le Premier ministre.Concession au Parti socialiste, la réouverture du dossier des retraites a aidé le gouvernement Bayrou à éviter une censure au parlement, mais le succès de sa démarche paraît déjà compromis.”Nous ne participerons pas à cette mascarade où on veut nous faire dire qu’effectivement la seule solution, c’est d’allonger la durée de travail pour les salariés dans ce pays”, a lancé à la presse le négociateur de FO Michel Beaugas après environ un quart d’heure dans la salle de réunion.- Medef “pessimiste” -Il a dénoncé une “instrumentalisation” des partenaires sociaux, pour leur “faire porter le chapeau” de cet allongement.”La place” du syndicat Force ouvrière “reste évidemment à la table, s’ils souhaitent y revenir”, a affirmé Matignon jeudi soir dans un message à l’AFP.”Je suis pessimiste sur l’issue des discussions”, a déclaré au Monde le président du Medef, Patrick Martin, avant le début des discussions.”Nous voyons mal comment la cible d’un retour à l’équilibre en 2030 pourrait être atteinte si l’on remet en cause la règle des 64 ans”, selon lui.La négociatrice du Medef Diane Milleron-Deperrois a insisté sur le “besoin de trouver cet équilibre financier”, refusant de “charger davantage le coût du travail” par des cotisations supplémentaires.Le vice-président de la CPME Eric Chevée a dit vouloir “étudier la possibilité de faire varier l’âge de départ en fonction de l’espérance de vie”.Medef et CPME souhaitent aussi l’introduction d’une dose de “capitalisation” (un système d’épargne dans lequel chaque retraité cotise pour sa retraite future) en plus du système par répartition qui prévaut aujourd’hui (les cotisations des actifs payent les pensions des retraités actuels).”On ne peut pas dire que le patronat a été ouvert sur quoi que ce soit”, a estimé le secrétaire général adjoint de la CFDT Yvan Ricordeau, qui estime “l’équation financière à 6 milliards d’euros va être difficile mais pas impossible à trouver”.”Evidemment nous ne partons pas avec des points de vue proches entre le patronat et les syndicats de salariés”, a constaté Denis Gravouil, le négociateur de la CGT.- FNSEA et Unsa exclus -“Le Medef n’a pas envie de faire des efforts”, a aussi regretté Pascale Coton pour la CFTC.La CGT avait demandé à la Cour des comptes le coût que représenterait un retour aux 62 ans: c’est 10,4 milliards. “Nous aurons des propositions pour les trouver”, a promis M. Gravouil.Invités à la première réunion, le syndicat agricole FNSEA et le syndicat de salariés Unsa ont appris qu’ils seraient exclus d’une partie des discussions. Furieuse, l’Unsa a dénoncé les pressions du Medef et de certains syndicats de salariés, qui veulent concentrer sur les discussions sur le seul régime général – en excluant celui des fonctionnaires (un bastion de l’Unsa) ou celui des agriculteurs. “Cette décision obère grandement l’espoir de voir enfin le dossier des retraites traité avec justice et équité”, a déclaré  Dominique Corona, secrétaire général adjoint de l’Unsa à l’issue de la réunion.Au cours de 14 séances prévues jusqu’au 28 mai, les négociateurs aborderont notamment les sujets liés à l’âge de départ, aux carrières longues et à l’emploi des seniors, à la pénibilité, à l’égalité femmes/hommes.Le 17 avril leur sera présenté un deuxième rapport de la Cour des Comptes sur les effets de la réforme sur l’emploi et la compétitivité, avant d’aborder les cotisations et la fiscalité ainsi que “les sources alternatives de financement”, selon une proposition de programme obtenue par l’AFP.François Bayrou a promis que si les partenaires sociaux parviennent à un accord pour amender la très impopulaire réforme de 2023, le texte sera soumis au parlement.boc-lby-mdb-ldf/ito/cbn

Darmanin annonce un “renforcement sans précédent” des moyens contre le crime organisé en Corse

Création d’un pôle spécialisé contre la criminalité organisée à Bastia, arrivée de nouveaux personnels de justice: à Ajaccio, le ministre de la Justice a annoncé jeudi “un renforcement sans précédent” des moyens contre le crime organisé en Corse, dans un discours salué comme “décisif”.A l’appui d’une nouvelle circulaire de politique pénale territoriale “d’ici un mois”, avec pour axes principaux “la lutte contre la drogue et le blanchiment”, Gérald Darmanin a annoncé l’arrivée sous 20 mois de “17 magistrats, 21 greffiers et 12 attachés de justice spécialisés”, un renforcement présenté comme “sans précédent”. S’exprimant devant l’Assemblée de Corse, dans le cadre d’une session dédiée aux “dérives mafieuses” dans l’île de Beauté, le garde des Sceaux a également fait part de son projet de “création d’un pôle spécialisé contre la criminalité organisée basée à Bastia, qui comprendra procureurs et juges du siège.” Selon le ministre, il s’agira d’un pôle spécialisé “comme il n’en existe nulle part ailleurs sur le territoire de la République”.  Enfin, dans une déclaration unanimement saluée par les élus corses, il a annoncé le retrait des condamnés et mis en examen corses du Fichier judiciaire automatisé des auteurs d’infractions terroristes (Fijait), “afin qu’aucun amalgame avec les terroristes islamistes ne soit au rendez-vous”.Il répondait ainsi à une demande forte du mouvement indépendantiste Core in Fronte.Dans ce qu’il a défini comme “une révolution contre le crime organisé”, le ministre est ensuite revenu sur la proposition de loi contre le narcotrafic adoptée en première lecture au Sénat, en janvier, rappelant son soutien à “la création du Pnaco (procureur national anti-criminalité organisée, ndlr) au 1er janvier 2026”, “l’extension de la confiscation de tous les avoirs criminels” et “la création d’un véritable régime de repenti” élargi aux crimes de sang.- “Les pieds dans le plat” -Saluant “un moment politique majeur”, un “discours important, sans doute décisif”, Gilles Simeoni, président autonomiste du Conseil exécutif de Corse, a demandé “le temps de réfléchir à ces mesures pour en discuter ensemble ensuite”.Face “aux dérives mafieuses” qui gangrènent la Corse, le pouvoir politique autonomiste local devait proposer officiellement 30 mesures concrètes jeudi après-midi. Parmi ces mesures, dévoilées depuis près d’une semaine, ne figurent cependant pas les principales réformes juridiques adoptées au Sénat, à la stupéfaction des deux collectifs anti-mafia insulaires.Dans ce rapport, qui s’apparente surtout à un plaidoyer pour l’autonomie de l’île, Gilles Simeoni, ex-avocat pénaliste, notamment d’Yvan Colonna (condamné à la perpétuité pour l’assassinat du préfet Erignac en 1998 et décédé en 2022 après avoir été agressé par un codétenu à la prison d’Arles), fait ainsi part de son “désaccord” avec plusieurs mesures inspirées du droit italien et retenues dans la proposition de loi contre le narcotrafic adoptée à l’unanimité par le Sénat.Parmi les principales propositions des élus autonomistes corses, issues de deux ans d’échanges avec associations et collectifs, figurent par contre la création d’une “instance consultative spécifique à la lutte contre les dérives mafieuses” et la volonté de “combattre les clichés positifs associés à la mafia”.Dans une réaction auprès du journal Corse-Matin, Jean-Toussaint Plasenzotti, représentant du collectif anti-mafia “Massimu Susini”, du nom de son neveu, militant nationaliste assassiné en septembre 2019 à Cargèse (Corse-du-Sud), a salué la prise de parole du ministre: “Son discours nous satisfait, il met les pieds dans le plat. Il dit qu’il faut des outils contre cette criminalité singulière qu’est la mafia”.”Quand vous avez des élus territoriaux qui tournent autour du pot et sortent des laïus sur la lutte nationaliste, etc. ça suffit. Aujourd’hui il y a une urgence”, a-t-il insisté, “il faut que les gens prennent leurs responsabilités”. Invité jeudi matin devant l’Assemblée de Corse, l’ancien maire de Palerme, Leoluca Orlando, venu témoigner de son combat contre la mafia en Sicile, s’est lui aussi montré favorable à un durcissement des lois, sur le modèle italien: “On est aux limites de l’Etat du droit. Mais aux limites de la dictature, risque de se trouver la mafia”, a-t-il déclaré.Cette session jeudi intervenait dans un climat très lourd, après le meurtre d’un jeune pompier avant Noël à Ajaccio, puis celui d’une étudiante de 18 ans, vraisemblablement ciblée par erreur, le 15 février à Ponte-Leccia (Haute-Corse), dans une île où le nombre d’homicides rapporté à la population est le plus élevé de France métropolitaine.

L’action du Hamas “légitime du point de vue du droit international”, affirme Rima Hassan

L’eurodéputée LFI Rima Hassan a provoqué des réactions indignées jeudi en assurant que “le Hamas a une action légitime du point de vue du droit international” qui justifie “la lutte armée dans un contexte de colonisation”, tout en reconnaissant que tous les “procédés”, comme les prises d’otages ou les exactions, ne le sont pas.”Le Hamas a une action légitime du point de vue du droit international”, a expliqué sur Sud-Radio l’eurodéputée franco-palestinienne, dont les prises de position sur le Proche-Orient suscitent régulièrement les polémiques. Mais “ce n’est pas parce que les résolutions des Nations Unies sont extrêmement claires sur le droit des peuples colonisés à avoir recours à la lutte armée, que les procédés de la lutte armée justifient tout”, a-t-elle nuancé, rappelant que “le droit à résister à une occupation étrangère” était “parfaitement encadré en droit international”. “Vous n’avez pas le droit de prendre en otage des civils, vous n’avez pas le droit de commettre un certain nombre des exactions telles qu’elles ont été commises” lors des massacres du 7-Octobre 2023 par l’organisation islamiste. “Moi et mon parti avons quand même très souvent rappelé que c’était effectivement des crimes de guerre”, a-t-elle ajouté. Dans la foulée, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a assuré avoir “signalé à la procureure de la République de Paris ces propos qui relèvent de l’apologie du terrorisme”.”Les propos de Rima Hassan sont proprement inacceptables. Le Hamas est une organisation terroriste qui piétine le droit international, quand elle tue des otages, quand elle commet des attentats, quand elle propage la haine antisémite et quand elle appelle à la destruction d’un État”, a-t-il estimé sur son compte X.Regrettant que Rima Hassan “porte l’écharpe française”, le président LR de l’Association des maires de France David Lisnard a également annoncé qu’il allait signaler ces propos à la justice.Pour Yonathan Arfi, président du Crif (conseil représentatif des institutions juives de France), “ces propos de propagande d’une organisation terroriste sont une injure à la mémoire de toutes les victimes du 7-Octobre !”, a-t-il estimé sur X.”Vous êtes une honte pour la France et une ennemie de nos valeurs !”, a également réagi la députée Renaissance Prisca Thévenot, sa collègue d’Horizons, Naïma Moutchou, se disant “absolument sidérée”.A gauche, le député socialiste Jérôme Guedj anticipe que “les propos abjects” de l’élue LFI “ne seront pas condamnés par son parti”. “Je confirme ce que je pratique: les socialistes n’ont définitivement plus rien à faire avec eux”, a-t-il déclaré. Au sein du même parti, le maire de Montpellier Michael Delafosse a déploré “des déclarations qui souillent la mémoire des victimes” et sont “mensongères et irresponsables”.Au printemps 2024, Rima Hassan avait été convoquée par la police dans le cadre d’une enquête pour “apologie du terrorisme”.Elle avait alors expliqué que sa convocation était consécutive à une interview accordée en novembre 2023 au média Le Crayon. Dans un extrait, maintenant supprimé, on la voyait dire qu’il est “vrai” que le Hamas mène une action légitime.L’attaque du Hamas le 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP basé sur des données officielles israéliennes et incluant les otages morts ou tués en captivité. L’offensive israélienne menée en représailles à Gaza a fait au moins 48.319 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l’ONU, et plongé le territoire palestinien dans un désastre humanitaire.

Immigration: Bayrou menace de remettre en cause les accords de 1968 avec l’Algérie

Pas de volonté d'”escalade” avec l’Algérie, mais une menace de remettre en cause les accords de 1968: François Bayrou a réuni mercredi un comité interministériel sur l’immigration, sur fond de tensions croissantes avec Alger, ravivées avec l’attentat de Mulhouse.S’exprimant devant la presse à l’issue de ce comité, qui a rassemblé à Matignon une partie de son gouvernement, le Premier ministre a assuré qu’il ne voulait pas d'”escalade” avec l’Algérie.”Mais notre idée est que personne n’ignore la volonté du gouvernement français de ne pas accepter que perdure une situation aussi dommageable pour les relations entre l’Algérie et la France et pour la société française”, a ajouté M. Bayrou.Annoncé fin janvier puis reporté, ce comité interministériel s’est tenu quatre jours après l’attaque au couteau à Mulhouse (Haut-Rhin), perpétrée par un Algérien en situation irrégulière et sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF). Une personne a été tuée et six autres blessées.”Les victimes (…) sont les victimes directes du refus d’application” des accords de 1968 entre Paris et Alger, a déploré le chef du gouvernement, précisant que l’assaillant avait été présenté “quatorze fois” aux autorités algériennes qui ont toujours refusé de le reprendre.La France, a-t-il indiqué, va demander à Alger “que soit réexaminée la totalité des accords et la manière dont (ils) sont exécutés”, dans un délai d'”un mois, six semaines”.”Pendant ce temps, va être présenté au gouvernement algérien une liste +d’urgence+ de personnes qui doivent pouvoir retourner dans leur pays et que nous considérons comme particulièrement sensibles”, a-t-il ajouté, sans en préciser le nombre.”S’il n’y avait pas de réponse au bout du chemin, il n’y a pas de doute que c’est la dénonciation des accords qui serait la seule issue possible”, même si “ce n’est pas celle que nous souhaitons”, a encore prévenu le Premier ministre. Les accords de 1968, qui donnent un statut particulier unique pour les Algériens, ont déjà été révisés à trois reprises depuis 1968. Paris et Alger avaient convenu en 2022 de les modifier une nouvelle fois, mais sans concrétisation à ce jour.Sur l’immigration irrégulière, François Bayrou a évoqué la généralisation de la “force frontière” déjà expérimentée à la frontière franco-italienne, regroupant la police, la gendarmerie et les douanes.Quant à l’immigration régulière, il a demandé un “audit interministériel” sur la “politique de délivrance des visas” par la France aux inspections générales de la police et des Affaires étrangères. Délivrance qui “tiendra compte de la qualité de la coopération migratoire des pays d’origine”.”Le travail, la langue et l’acceptation de nos principes. Voilà les trois éléments qui permettent que l’intégration ait lieu pour ceux qui sont sur notre sol légalement”, a-t-il résumé.- “Étonnement” d’Alger -Autour du chef du gouvernement, les ministres Élisabeth Borne (Éducation), Gérald Darmanin (Justice), Bruno Retailleau (Intérieur), Jean-Noël Barrot (Affaires étrangères), Astrid Panosyan-Bouvet (Travail), Yannick Neuder (Santé) ou encore Patricia Mirallès (Anciens combattants) ont également abordé la transposition du Pacte européen asile et migration, adopté en mai et censé entrer en vigueur mi-2026.Ce texte prévoit un durcissement du “filtrage” aux frontières et un mécanisme de solidarité entre les 27. Mais la crise avec Alger a été au centre des attentions.Le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot a révélé mardi que des “mesures de restriction de circulation et d’accès au territoire national pour certains dignitaires algériens” avaient été prises, ajoutant mercredi qu’elles dataient d'”il y a quelques semaines”, donc avant l’attentat. Elles concernent “quelques centaines de personnes”, a précisé François Bayrou. Ces mesures ont suscité “l’étonnement” des autorités algériennes qui ont dénoncé une nouvelle “provocation”. Les relations entre Paris et Alger se sont détériorées depuis l’été 2024 avec l’annonce de l’appui de la France au plan d’autonomie marocain pour le territoire disputé du Sahara occidental. Et les rapports se sont encore tendus ces dernières semaines avec la détention de l’écrivain Boualem Sansal et l’arrestation en France de plusieurs influenceurs algériens pour apologie de la violence.Mercredi soir, le Conseil de la nation, équivalent du Sénat en Algérie, a annoncé la “suspension de ses relations” avec le Sénat français, pour protester contre la visite de son président Gérard Larcher au Sahara occidental.Quant à Boualem Sansal, François Bayrou a réaffirmé sa “grande inquiétude” concernant “la santé et les pressions” exercées sur l’écrivain franco-algérien.bat-gbh-are-bpa/sde/mpm

Agriculture: Wauquiez conseille à Pannier-Runacher “d’écouter” les agriculteurs sur l’OFB

Le patron des députés LR Laurent Wauquiez, candidat à la présidence de son parti, a lancé mercredi depuis le Salon de l’agriculture à Paris une nouvelle charge contre l’Office français de la biodiversité (OFB) et conseillé à la ministre Agnès Pannier-Runacher de se rendre “plus sur le terrain (pour) écouter”. Cherchant à se distinguer de son adversaire à la tête de LR, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, tout en refusant d’évoquer d’autres sujets que l’agriculture, le député de Haute-Loire a mis en avant sa “force de ne pas être à l’intérieur du gouvernement”, situation qui lui permet d’avoir “une parole libre et claire”.Lors d’un point presse en marge de sa visite au salon, il a dénoncé l’OFB comme un “organisme qui vient contrôler nos agriculteurs avec un pistolet à la ceinture”.Les agents de l’OFB, cibles d’attaques récentes du monde agricole et politique, sont notamment chargés de faire respecter les règles en matière d’usage des pesticides, d’arrachage de haies ou de respect des arrêtés sécheresse. Une circulaire de décembre impose un “port d’arme discret” à cette police de l’environnement.”On a affaire à un organisme qui est pour nous sorti de ce qui est sa raison d’être initiale et qui est devenu un organisme militant, idéologique, dans le harcèlement de l’agriculture au lieu de la soutenir et de la protéger”, a-t-il affirmé.Laurent Wauquiez a réagi à de récentes déclarations de la ministre de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher, dont dépend l’OFB, qui l’avait accusé de “jouer les shérifs” en attaquant cet organisme.”Cela ferait du bien à certains de nos ministres d’aller plus sur le terrain et d’écouter. Je propose à Mme Pannier-Runacher de faire ça”, a-t-il répliqué. “Quand on n’a pas d’argument de fond, il y a l’argument d’autorité: la déconnexion du terrain!”, a réagi la ministre de la Transition écologique.- “Aller voir un psy” -“Les agriculteurs méritent mieux que d’être instrumentalisés par des postures politiques qui ne leur apporteront ni revenus ni solutions” a déclaré Agnès Pannier-Runacher, rappelant avoir “réalisé plusieurs dizaines de visites de terrain aux côtés des agriculteurs durant la seule année 2024” et “participé à des centaines d’heures de réunion avec eux sur leurs sujets”.Quant aux agents de l’OFB, “ils font le travail que leur demandent les parlementaires”, a répondu la ministre.”Rappelons que moins de 1% des exploitations agricoles font l’objet d’un contrôle administratif chaque année, soit un contrôle tous les 120 ans par ferme” et “seuls 0,045% de contrôles problématiques ont été recensés depuis la création de l’OFB”, a-t-elle souligné. Avant d’ajouter que “non, les agriculteurs ne demandent pas dans leur très large majorité la suppression de la police de l’eau”.En fin de journée, M. Wauquiez s’est entretenu avec des cadres de la Coordination rurale, acquis à sa cause puisque le deuxième syndicat agricole a plusieurs fois demandé la suppression de l’OFB. “On est sur la même longueur d’ondes”, a déclaré à l’AFP son secrétaire général Christian Convers. Plus tôt dans l’après-midi, il avait rencontré, comme les autres syndicats, la direction de l’OFB au Salon de l’agriculture.”C’était un instant de dialogue (…) mais il y a toujours des choses pas entendables. On nous a dit que si on avait un problème avec les armes, il fallait aller voir un psy, c’est pas possible”, a-t-il déploré.La FNSEA, syndicat historique qui a “des échanges réguliers” avec l’OFB et a appelé à un dialogue apaisé sur les contrôles de l’office, n’a pas souhaité commenter sa rencontre avec les dirigeants de l’organisation.arz-dep-mdz-sb/myr/abl

Bruno Retailleau, un “bon” ministre de l’Intérieur pour six Français sur dix, selon un sondage

Bruno Retailleau est perçu comme un “bon” ministre de l’Intérieur par 62% des Français et s’impose comme la personnalité politique qui recueille la plus grande confiance “sur les questions d’immigration” (47%), devant Marine Le Pen et Jordan Bardella, dans un sondage Elabe paru mercredi.Dans cette étude pour BFMTV, l’action du ministre de l’Intérieur est saluée par 89% des sympathisants de son parti (LR), 80% de ceux de la macronie, mais aussi deux tiers des sympathisants RN.Une courte majorité (50%) des personnes interrogées estime en outre qu'”il faut instaurer un rapport de force avec l’Algérie, notamment en ne respectant plus l’accord qui facilite la délivrance de visas et titres de séjour entre les deux pays”, tel que le suggère le locataire de Beauvau, alors que 44% considèrent qu’au contraire, “il sera plus efficace de négocier et trouver une solution avec les dirigeants algériens, en utilisant d’autres moyens de pression”.Plus de six Français sur dix estiment que le ministre de l’Intérieur agit “du mieux qu’il peut mais est empêché dans son action à cause des limites fixées par la loi française et le cadre juridique européen”, alors que 37% lui reprochent de “privilégier la communication plutôt que l’action”.Si aucune personnalité politique ne recueille une majorité de confiance “sur les questions d’immigration”, Bruno Retailleau se hisse pour la première fois en haut du classement à 47%, une spectaculaire progression de 20 points par rapport à octobre.Il est suivi par Marine Le Pen et Jordan Bardella, qui inspirent confiance sur ces question à 41% des personnes interrogées.La politique migratoire est par ailleurs jugée “trop laxiste” par 65% des Français (-4 points depuis octobre), “juste comme il faut” par 25% (+3 points) et “trop ferme” par 9% (+1).Trois Français sur quatre se disent encore “favorables à la modification de la Constitution pour élargir les sujets qui peuvent être soumis à référendum et ainsi organiser un référendum sur l’immigration”, contre 23% qui s’y opposent.Sondage réalisé par internet les 25 et 26 février auprès d’un échantillon de 1.000 personnes représentatif des résidents de France métropolitaine âgés de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas. Marge d’erreur entre 1,4 et 3,1 points.

Alexis Kohler, le premier de cordée de l’Elysée sous Emmanuel Macron

Partira? Partira pas? Les spéculations repartent de plus belle sur le sort d’Alexis Kohler, inamovible collaborateur d’Emmanuel Macron depuis Bercy, secrétaire général de l’Élysée depuis bientôt huit ans, incontournable, malgré les critiques, pour toutes les grandes décisions, mais toujours dans l’ombre du patron.Le 22 février, le quotidien L’Opinion écrit, au conditionnel, qu’Alexis Kohler devrait bientôt quitter l’Élysée pour rejoindre la Société générale. Avançant même quelques noms pour sa succession à l’Élysée. “Il n’a rien signé et il est en poste”, répond laconiquement un conseiller de la présidence, sollicité par l’AFP.Deux ans au moins que les spéculations vont et viennent sur son départ de l’Élysée. Bientôt la fin d’une époque? D’abord directeur de son cabinet à Bercy (2014-2016) après avoir été celui de Pierre Moscovici, Alexis Kohler occupe la très stratégique fonction de secrétaire général du président Macron depuis son élection en 2017.Dans la prestigieuse liste de ses prédécesseurs, seul Jean-Louis Bianco – neuf ans auprès de François Mitterrand – est resté plus longtemps. Mais ce Strasbourgeois de naissance (52 ans), énarque, diplômé de l’Essec et de Sciences Po Paris, marié et père de trois enfants, est le seul à avoir accompli tout un mandat présidentiel. Mieux: il a été maintenu en poste après la réélection, puis après la dissolution.A telle enseigne que depuis l’irruption en politique du patron, il est difficile d’imaginer l’un sans l’autre.Ceux qui ont prétendu contrecarrer son influence auprès du chef de l’État en ont été pour leur peine. Ainsi de la réforme des retraites. “Kohler a quasiment mis sa tête sur le billot… Il est névrotique sur la question”, expliquait à l’époque un député Renaissance.-“Confiné” de l’Élysée-Avant la réélection de 2022, un poids lourd de la macronie ironisait sur le “confiné zéro” du Château, “entré à l’Élysée en mai 2017 et jamais ressorti depuis”, souvent érigé en symbole de la mainmise de la haute fonction publique, celle qui couperait le président des réalités du pays.”Ces gens n’ont jamais rencontré un électeur”, ironise un cadre du bloc central.Réputé pour son ardeur à la tâche, son “intelligence et sa capacité d’analyse”, Alexis Kohler cultive une réputation ambivalente. D’un côté, garde-fou de mesures élaborées parfois à l’emporte-pièce par un chef de l’État réputé aussi transgressif qu’insoucieux de leur mise en œuvre.De l’autre, garde-barrière, celui qui, depuis son bureau attenant, filtre l’accès à celui du président – ce qui lui vaut des inimitiés parmi les conseillers. Qui arbitre parfois au nom du patron, quitte à être vu par un familier du Palais comme “le castrateur en chef”.A cela s’ajoute cette indécollable image technocratique, qui a culminé lors de la crise des “gilets jaunes” que le secrétaire général, selon ses détracteurs, n’aurait pas vu venir.Si sa silhouette n’apparaît publiquement que lors des annonces de remaniement, sur le perron de l’Élysée, son nom a régulièrement été cité dans la chronique judiciaire. Notamment pour l’affaire MSC: il est mis en examen depuis 2022 pour prise illégale d’intérêts, soupçonné d’avoir participé comme haut fonctionnaire de 2009 à 2016 à plusieurs décisions relatives à cet armateur italo-suisse, fondé et dirigé par les cousins de sa mère, la famille Aponte. Pour la cour d’appel de Paris, “un pacte de silence” a permis à Alexis Kohler de dissimuler ce lien familial. Lui assure n’avoir “jamais considéré être en situation de conflit d’intérêt”.- Bientôt auditionné? -S’il puise des “racines intellectuelles dans le rocardisme”, l’Alsacien n’admet aucune autre “matrice idéologique que celle du président”: “il faut que chacun soit à sa place”, dit-il en privé. La loyauté lui a valu d’être l’un des premiers à être mis dans la confidence de l’intention présidentielle de dissoudre l’Assemblée au printemps dernier.Une influence silencieuse, qu’il aime étendre aux “cuisines” des décisions rendues, en empruntant, avec son humour pince-sans-rire, cette citation à Bismarck: “Les lois, c’est comme les saucisses, il vaut mieux ne pas être là quand elles sont faites”.Outre le dossier MSC, M. Kohler est visé par une enquête du Parquet national financier pour des soupçons de “trafic d’influence” autour de la fusion Veolia-Suez.Il a en outre refusé de se rendre début février devant une commission d’enquête parlementaire sur le dérapage budgétaire, invoquant successivement des problèmes d’agenda, puis “le principe de séparation des pouvoirs”. La commission a donné le 19 février son feu vert pour engager une procédure pénale contre lui s’il refusait à nouveau d’être auditionné.Une autre commission d’enquête parlementaire, cette fois sur les pratiques des industriels de l’eau en bouteille, prévoit également de l’entendre, afin de déterminer s’il a cédé à un lobbying de Nestlé.