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Macron en Argentine pour “raccrocher” Milei au “consensus international”

Emmanuel Macron est arrivé samedi soir en Argentine pour rencontrer le président ultralibéral Javier Milei, admirateur de Donald Trump, dans l’espoir de le “raccrocher” au “consensus international” notamment dans la lutte contre le réchauffement climatique, à la veille du G20 au Brésil.L’avion présidentiel a atterri vers 19H00 (22H00 GMT) à l’aéroport de Buenos Aires, selon l’Elysée. Le chef de l’Etat français, accompagné de son épouse Brigitte, devait ensuite dîner avec son homologue argentin et sa sÅ“ur Karina Milei, secrétaire générale de la présidence, avant un autre entretien dimanche.”On ne pense pas toujours la même chose sur beaucoup de sujets. Mais c’est très utile d’échanger” en amont du G20, a déclaré Emmanuel Macron dans une vidéo depuis son avion publiée sur TikTok.”On va parler de nos intérêts commerciaux, de nos échanges, de la défense de notre agriculture et de nos agriculteurs”, a-t-il ajouté.Lors de sa tournée en Amérique latine qui le mènera aussi au Chili, il doit notamment expliquer aux pays du Mercosur, qui inclut l’Argentine et le Brésil, pourquoi il s’oppose à la signature d’un accord de libre-échange entre ce bloc régional et l’Union européenne.Les agriculteurs français prévoient de se mobiliser dans les prochains jours contre ce traité que la Commission européenne, soutenue par plusieurs pays comme l’Allemagne et l’Espagne, espère signer d’ici la fin de l’année. Ils redoutent une déferlante de viande latino-américaine, et mettent en garde contre une concurrence déloyale de produits n’étant pas soumis aux normes environnementales et sanitaires strictes en vigueur en Europe.Le moment de cette visite est particulier. Javier Milei rentre de Mar-a-Lago, la résidence de Donald Trump en Floride, où il a participé à un forum conservateur au cours duquel il a prôné une “alliance” avec les Etats-Unis, l’Italie de Giorgia Meloni et Israël pour préserver “l’héritage occidental” menacé, à ses yeux, par “l’hégémonie culturelle de la gauche”.Le président élu américain et le dirigeant argentin caressent tous deux l’idée de tourner le dos aux grands accords et objectifs climatiques multilatéraux.Dans ce contexte, Emmanuel Macron espère “convaincre l’Argentine de continuer de participer au consensus international”, explique l’Elysée. Et donc “raccrocher le président Milei aux priorités du G20″, auquel ils participeront lundi et mardi à Rio de Janeiro.L’Argentine vient de retirer sa délégation des négociations climatiques de la COP29 à Bakou, et les spéculations vont bon train sur sa possible sortie de l’Accord de Paris sur le climat. Un geste que Donald Trump avait lui-même effectué lors de son premier mandat.A Paris, on avance qu’Emmanuel Macron est l’un des seuls dirigeants étrangers reçus à Buenos Aires depuis l’élection de son homologue.- Hommage aux victimes -Le président français aime afficher sa capacité à dialoguer avec des homologues controversés, voire ostracisés. Quitte à mettre en scène une certaine proximité, sans nier les divergences, même si les résultats de cette démarche ont été jusqu’ici mitigés.”Ce sera un test pour le poids et l’influence de Macron en Amérique latine”, estime Oscar Soria, un activiste argentin vétéran des négociations climatiques. “S’il n’arrive pas à convaincre Milei de rester dans l’Accord de Paris, cela montrera qu’il a perdu de son aura dans la région”, ajoute-t-il, redoutant que cela n’ouvre la voie à d’autres retraits “en cascade” de pays d’Amérique du Sud.Alors que les réformes à marche forcée et les coupes sombres dans les dépenses publiques pour ramener Buenos Aires vers l’équilibre budgétaire sont controversées pour leur coût social, la France se montre plutôt élogieuse, jugeant qu’elles “vont dans le bon sens”.Paris entend aussi approfondir les relations économiques, notamment dans le domaine des métaux critiques, alors que l’entreprise minière française Eramet vient d’inaugurer une mine de lithium en Argentine.Emmanuel Macron devrait également tenter de faire avancer la possible vente de sous-marins français Scorpène, même si la présidence française relativise l’état d’avancement des négociations.Dimanche, le président français rendra par ailleurs hommage à la vingtaine de Français disparus et assassinés sous la dictature militaire argentine entre 1976 et 1979, alors que Javier Milei est accusé par ses détracteurs de révisionnisme sur cette page sombre de l’histoire de son pays.Après l’Argentine, puis le G20, Emmanuel Macron se rendra au Chili, où il prononcera notamment jeudi devant le Congrès à Valparaiso un discours sur sa politique à l’égard de l’Amérique latine.

Sécurité: la gauche est-elle condamnée à trainer une image laxiste?

C’est un petit tabou qui a été brisé. La décision du maire écologiste de Bordeaux d’armer une partie de sa police municipale – au nom du “pragmatisme” – illustre le dilemme de la gauche sur les questions sécuritaires: échapper aux accusations de laxisme, tout en restant fidèle à ses politiques de prévention.”J’ai l’impression que le monde s’est aggravé, qu’il y a plus d’armes qui circulent”, a plaidé cette semaine Pierre Hurmic, qui avait un temps été accusé par les syndicats de police de “dogmatisme” sur le sujet.Le mois dernier, après un meurtre à Marseille impliquant un tueur à gages de 14 ans, c’est le patron du PS Olivier Faure qui avait déclaré qu’il fallait envisager d’écarter l’excuse de minorité pour des faits d’extrême violence, une proposition traditionnellement portée par la droite. “On a sans doute moins de pudeur qu’avant à parler de ces sujets” sécuritaires, reconnaît le sénateur socialiste Alexandre Ouizille.”Mais nous, on s’intéresse aussi aux causes et aux raisons de la violence. Pour la droite, c’est déjà l’excuser”, ajoute-t-il, alors que la cheffe des députés écologiste Cyrielle Chatelain dénonce une “démonstration de muscles” du camp conservateur et du gouvernement, inefficace à cause d’un “manque d’effectifs”.”La droite a gagné une victoire sémantique en faisant croire, depuis Nicolas Sarkozy, qu’elle était génétiquement efficace sur la sécurité, et que la gauche ne l’était pas”, dénonce pour sa part le député du Nord Roger Vicot, secrétaire national à la sécurité du PS, seul parti de gauche à avoir dirigé le pays.”Quand vous êtes un militant de gauche, globalement les premiers sujets qui vous donnent la graine de l’engagement ce sont les injustices sociales, la transition écologique, les questions d’égalité et la lutte contre les discriminations”, explique pour sa part le coordinateur de LFI Manuel Bompard, précisant que pour espérer diriger le pays, les cadres insoumis sont amenés à “diversifier [leurs] palettes”.- “Approche naïve” -Alors que la lutte contre le narcotrafic a récemment été érigée en “cause nationale” par le gouvernement après plusieurs fusillades et règlements de comptes à travers le pays, la gauche multiplie les initiatives pour montrer qu’elle n’est pas en reste sur la lutte contre le trafic de drogue, qui a fait par exemple 49 morts, dont sept mineurs, dans la seule ville de Marseille l’année dernière. “Il faut faire en sorte que nous puissions à la fois prévenir, sanctionner et guérir”, résume Olivier Faure, tandis qu’un sénateur socialiste, Jérôme Durain, va présenter une proposition de loi avec un LR, Etienne Blanc, émanant des travaux d’une commission d’enquête sénatoriale transpartisane sur le sujet.Et sur la question de la légalisation du cannabis, traditionnel marqueur de la différence entre la gauche et la droite, Olivier Faure a mis en garde ceux qui, par “une approche un peu naïve”, penseraient que “la seule légalisation serait en mesure de vaincre des réseaux puissants”.”C’est peut-être une partie de la solution mais il y a d’autres éléments qu’il faut mettre sur la table”, a-t-il insisté.- Police de proximité – Les Insoumis ont de leur côté présenté une série de propositions, en dénonçant “l’escalade répressive” prônée selon eux par le gouvernement.”Nous souhaitons notamment la légalisation du cannabis et le contrôle public sur la consommation. Il faut également faire des efforts pour assécher le trafic d’armes”, explique le député Hadrien Clouet.”Nos solutions parlent aux premiers touchés, les gens qui vivent dans les quartiers populaires, car ils choisissent plutôt nos solutions aux élections”, assure le cadre du mouvement de gauche radicale.Dans leur programme pour les législatives, les forces du Nouveau Front populaire se sont accordées sur une série de mesures, comme le rétablissement de la police de proximité, créée par le gouvernement de Lionel Jospin puis supprimée par Nicolas Sarkozy quand il était ministre de l’Intérieur.”A gauche, on n’est pas forcément tous sur la même longueur d’onde, on n’est pas d’accord sur tout, mais sur l’essentiel”, résume le député Roger Vicot.Et au sein du NFP, le communiste Fabien Roussel est le plus prolixe sur les questions de sécurité.”Ma gauche ne sera pas laxiste”, avait-il lancé lors de la campagne présidentielle de 2022, en plaidant le “droit à la tranquillité” et en dénonçant les “quartiers où la République s’est retirée”.Des sorties qui avaient fait grincer des dents chez LFI.

Réquisitions d’inéligibilité: Marine Le Pen estime qu’on réclame sa “mort politique”

“C’est ma mort politique qui est réclamée”, a considéré vendredi sur TF1 Marine Le Pen après la peine d’inéligibilité avec exécution immédiate qui a été requise contre elle par les procureurs lors du procès des assistants d’eurodéputés RN.Le parquet a également demandé, contre la triple candidate malheureuse à la présidentielle, cinq ans d’emprisonnement dont deux ferme et 300.000 euros d’amende.Les plaidoiries de la défense sont attendues lundi, avant un jugement du tribunal correctionnel qui doit être rendu début 2025.”Ma survie politique, évidemment, va dépendre de la mise en Å“uvre de cette condamnation à la mort politique, avec exécution provisoire ou non”, a estimé Mme Le Pen lors d’un entretien au journal de 20H00. “Et c’est, je crois, le but depuis le départ de cette opération qui a été lancée par un socialiste, M. (Martin) Schulz, (à l’époque) président du Parlement européen, en accord avec la socialiste Mme (Christiane) Taubira, ministre de la justice de l’époque”, a-t-elle poursuivi.En évoquant un réquisitoire “outrancier” et “sans commune mesure avec le moindre réquisitoire du même type”, la députée du Pas-de-Calais a fait part d’un “sentiment de révolte”, selon elle également ressenti par “des millions de Français”, “et même au delà de mon propre camp politique, puisque l’indignation qu’a suscitée ce réquisitoire a traversé en quelque sorte toute la classe politique”.Les macronistes Gérald Darmanin, Christian Estrosi ou Karl Olive, mais également Jean-Luc Mélenchon ont fait part de leurs réserves quant à l’idée d’une condamnation à une peine d’inéligibilité avec effet immédiat.”En réalité, je me suis rendu compte que ce n’était pas la justiciable qui était jugée, que c’était la cible politique qui était jugée”, a encore protesté celle qui comparaît aux côtés de 24 autres prévenus, soupçonnés d’avoir embauché des assistants d’eurodéputés dont les missions n’étaient en fait qu’au seul bénéfice du parti d’extrême droite.Interrogée quant à une volonté de “faire pression sur la justice”, alors que le RN a notamment lancé une pétition en ligne pour protester contre ces réquisitions du parquet, Marine Le Pen a répondu “Jamais de la vie”.”Mais il a bien fallu donner la possibilité à ceux qui étaient indignés (…) d’exprimer cette indignation, mais de la manière la plus pacifique qui soit, c’est-à-dire par l’intermédiaire d’une pétition”, s’est-elle encore justifiée.

Le gouvernement veut rassurer les agriculteurs avant une nouvelle mobilisation

Le gouvernement a cherché vendredi à rassurer les agriculteurs en difficulté en précisant les modalités des prêts auxquels ils pourront prétendre avant un nouveau cycle de mobilisation du secteur qui débutera lundi. “Je ferai tout ce que je pourrai” et “toutes les promesses faites aux agriculteurs qui ont manifesté en début d’année seront respectées”, a assuré le Premier ministre Michel Barnier sur le réseau de radios locales France Bleu, en marge des Assises des départements à Angers.Le chef du gouvernement a redit son opposition à l’accord commercial entre l’Union européenne et les pays latino-américains du Mercosur, alors qu’Emmanuel Macron entend plaider à partir de samedi en Amérique latine contre la possible signature prochaine de cet accord de libre-échange controversé et particulièrement redouté par les agriculteurs français.Le ministère de l’Agriculture a de son côté précisé les modalités des prêts bonifiés, une demande pressante des organisations syndicales qui ont salué ces mesures tout en exigeant leur mise en place “urgente”.Deux dispositifs seront mis en place sous forme de prêts distribués par les banques souhaitant participer, indique le ministère de l’Agriculture dans un communiqué alors que le monde agricole s’apprête à lancer une vaste mobilisation au nom de sa survie.Des annonces “qui vont incontestablement dans le bon sens”, a réagi l’alliance syndicale majoritaire FNSEA-Jeunes Agriculteurs dans un communiqué. – “Urgence” -Selon le ministère, un premier dispositif est pensé pour faire face aux difficultés conjoncturelles (aléas climatiques ou sanitaires), sous forme de prêts de moyen terme plafonnés à 50.000 euros par exploitation. Seront éligibles les agriculteurs ayant perdu au moins 20% de leur chiffre d’affaires en 2024 par rapport à leur moyenne historique de référence.”Grâce à un effort partagé entre la banque prêteuse et l’Etat”, le coût de ce prêt atteindra des taux d’intérêt maximum de 1,75% pour un prêt de 24 mois et 2,35% pour un prêt de 36 mois, est-il précisé. Une bonification supplémentaire sera octroyée aux jeunes installés depuis moins de cinq ans.Le ministère affirme que ces prêts seront mis à disposition “dans les plus brefs délais”, après un appel à manifestation d’intérêt auprès des banques.Une second dispositif concernera les difficultés “plus structurelles du fait, par exemple, de l’impact du changement climatique”. Elle prendra la forme de “prêts de consolidation à long terme (maximum 12 ans)”, octroyés par les établissements bancaires et adossés à une garantie publique déployée par Bpifrance.Le montant de ce prêt sera plafonné à 200.000 euros. Le dispositif de garantie sera opérationnel début 2025. Y seront éligibles les agriculteurs dont le taux d’endettement global est supérieur à 50%.”Grâce à cet effort exceptionnel de l’Etat et des banques, les agriculteurs les plus en difficulté pourront surmonter des situations financières qui, sans cela, auraient pu se révéler dramatiques”, a commenté la ministre Annie Genevard, qui a réuni vendredi les principaux établissements bancaires.Le communiqué gouvernemental ne précise pas le coût de ces opérations pour les finances publiques.Jeunes Agriculteurs et la FNSEA “demandent au gouvernement que ces mesures soient mises en place de manière urgente au niveau local” et “continuent de porter la demande d’un accompagnement spécifique via le FAC” (fonds d’allègement des charges) pour évaluer les situations les plus complexes et les accompagner de manière plus appuyée.Moins d’un an après un mouvement inédit de colère dans les campagnes, qui avait abouti en janvier à des blocages de sections d’autoroutes dans le pays, les principaux syndicats agricoles appellent leurs troupes à manifester à nouveau.Percutés par les mauvaises récoltes et les maladies animales émergentes, ils estiment n’avoir toujours pas récolté les fruits de la mobilisation de l’hiver dernier: la concrétisation des 70 engagements alors pris par le gouvernement Attal a été ralentie par la dissolution de l’Assemblée nationale.Et ils jugent les normes toujours aussi complexes, et les revenus insuffisants. 

Le PNF demande un procès pour corruption contre Rachida Dati et Carlos Ghosn

La menace d’un procès est plus forte que jamais pour Rachida Dati: le Parquet national financier (PNF) a confirmé vendredi avoir demandé que l’emblématique ministre de la Culture ainsi que l’ex-tout puissant patron de Renault-Nissan Carlos Ghosn soient jugés pour corruption et trafic d’influence.Les deux mis en cause contestent les accusations dans un dossier judiciaire instruit depuis 2019 à Paris et aux lourds enjeux politiques, Rachida Dati étant l’une des principales figures du gouvernement de Michel Barnier.Le “réquisitoire” du PNF est “infamant” et “choquant à plus d’un titre”, s’est élevée Mme Dati dans un communiqué, en dénonçant une “instrumentalisation de cette affaire par (s)es opposants politiques”. La ministre, 58 ans, est soupçonnée d’avoir perçu, “en toute confidentialité, voire en toute opacité”, 900.000 euros entre 2010 et 2012 pour des prestations de conseil actées dans une convention d’honoraires signée le 28 octobre 2009 avec RNBV, filiale de l’alliance Renault-Nissan, mais sans avoir réellement travaillé, alors qu’elle était avocate et député européenne (2009-2019).Les investigations ont cherché également à déterminer si cette convention d’honoraires avait pu servir à masquer une activité de lobbying au Parlement européen, interdite à tout élu.Après avoir été initialement placée sous le statut plus favorable de témoin assistée, Mme Dati avait été mise en examen en juillet 2021.Dans le détail, le PNF a confirmé avoir requis mercredi contre elle un procès pour recel d’abus de pouvoir et d’abus de confiance, corruption et trafic d’influence passifs par personne investie d’un mandat électif public au sein d’une organisation internationale, le Parlement européen.”Un réquisitoire n’est que la vision du parquet d’un dossier”, ont réagi les avocats de Mme Dati auprès de l’AFP.- “Contrecarrer” -“Ce réquisitoire intervient à contre-courant de tous les éléments que nous avons apportés: témoignages, pièces, documents…” et qui attestent, selon Mes Olivier Baratelli et Olivier Pardo, de “l’innocence” de leur cliente.”S’ouvre maintenant un délai légal au cours duquel nous allons répondre point par point pour contrecarrer cette vision parcellaire et inexacte”, ont affirmé les deux conseils.Mme Dati assure affronter “cette nouvelle épreuve avec sérénité et détermination”.La ministre de la Culture, qui a aussi été garde des Sceaux sous Nicolas Sarkozy, considère notamment ces faits comme prescrits et a multiplié les recours pour mettre fin aux poursuites. En vain.- “Régularité” -Carlos Ghosn, 70 ans, est visé depuis avril 2023 par un mandat d’arrêt international dans ce dossier. Il fait également l’objet d’un autre mandat d’arrêt depuis 2022 dans des investigations à Nanterre encore en cours, notamment pour abus de biens sociaux et blanchiment en bande organisée en lien avec le distributeur omanais Suhail Bahwan Automobiles.A Paris, l’ancien magnat de l’automobile risque un procès pour abus de pouvoirs par dirigeant de société, abus de confiance, corruption et trafic d’influence actifs, dans un dossier où l’entreprise Renault s’est constituée partie civile.Celui qui possède les nationalités libanaise, française et brésilienne a été arrêté fin 2018 au Japon où il devait être jugé pour des malversations financières présumées quand il était à la tête de Renault-Nissan. Il a trouvé refuge au Liban fin 2019 après une fuite rocambolesque du Japon.Ses avocats, Me Jacqueline Laffont-Haïk, Cloé Fonteix, Martin Reynaud et Léon Del Forno, ont indiqué à l’AFP que leur client était “bloqué sur le territoire libanais en vertu d’une décision de justice”.Carlos Ghosn “conteste la régularité du mandat d’arrêt sur la base de laquelle le parquet sollicite son renvoi, car il constitue en l’état de cette situation un détournement de procédure. Enfin, il rappelle son impossibilité d’avoir accès aux éléments du dossier et de participer à l’instruction, en violation flagrante des droits de la défense”, ont-ils ajouté.La décision finale sur la tenue d’un procès éventuel revient aux juges d’instruction parisiens chargés du dossier, le PNF précisant qu’un recours est toujours pendant devant la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris.Dans ce dossier, trois personnes avaient été placées sous le statut de témoin assisté: Mouna Sepehri, ancien bras droit de Carlos Ghosn, Christian Husson, directeur juridique de Renault au moment des faits, et le criminologue Alain Bauer.Le parquet a précisé qu'”un non-lieu a été requis sur le volet des contrats conclus entre la société RNBV et la société AB Conseil” d’Alain Bauer, qui avait touché un million d’euros entre 2012 et 2016 pour des activités de consultant en sécurité.

Macron en visite d’Etat début décembre en Arabie saoudite

Le président français Emmanuel Macron effectuera une visite d’Etat du 2 au 4 décembre en Arabie saoudite afin de renforcer, avec le prince héritier Mohammed ben Salmane, le partenariat entre les deux pays, de la défense à l’économie du futur.Les deux dirigeants entendent notamment “approfondir les coopérations dans des domaines stratégiques” tels que la défense et la sécurité, la transition énergétique et la connectivité, a précisé la présidence française dans un communiqué.”Les discussions porteront également sur les domaines d’investissement d’avenir, à l’instar de la fintech, du cyber et de l’intelligence artificielle, alors que la France organisera en février prochain le Sommet pour l’Action sur l’IA”, a ajouté l’Elysée.Emmanuel Macron participera aussi à cette occasion au One Water Summit, qui se tiendra à Ryad le 3 décembre, en marge de la COP16 sur la lutte contre la désertification.Le puissant prince héritier – un temps paria après l’assassinat en 2018 en Turquie du journaliste saoudien Jamal Khashoggi, que le renseignement américain lui avait imputé – est depuis redevenu un acteur incontournable sur la scène internationale.Il a lui-même effectué deux visites en France en juillet 2022 et juin 2023, malgré l’indignation des défenseurs des droits humains.- Fintech et IA -La dernière visite d’Emmanuel Macron en Arabie remonte quant à elle au 4 décembre 2021. Le président français avait alors été l’un des premiers dirigeants occidentaux à s’y rendre après l’affaire Kashoggi.Mohammed ben Salmane, dit “MBS”, entend diversifier l’économie du royaume, premier exportateur mondial de brut, pour le projeter vers un potentiel avenir sans pétrole, et escompte notamment faire du tourisme un pilier de son développement.La France et l’Arabie saoudite ont signé en 2018 un accord de dix ans pour le développement touristique et culturel de la région d’Al-Ula (Nord-Ouest), particulièrement riche en vestiges archéologiques et paysages d’exception.L’ex-ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian est depuis 2023 à la tête de l’agence française de développement d’Al-Ula (Afalula). La région, qui dispose déjà d’un aéroport, devrait pouvoir recevoir entre 1,5 et 2,5 millions de visiteurs par an.En octobre, le royaume a inauguré Sindalah, une station balnéaire de luxe sur la mer Rouge, premier projet de la mégapole futuriste Neom à voir le jour, malgré des doutes persistants quant à la viabilité de ce mégaprojet.- Investissements -La monarchie pétrolière est aussi seule candidate à l’organisation du Mondial-2034 de football pour lequel elle a déjà annoncé la construction de 11 nouveaux stades.De son côté, la France ambitionne d’attirer de nouveaux investissements saoudiens, notamment dans la tech, l’IA et la transition écologique, mais également le sport et le tourisme.L’annonce de la visite présidentielle survient alors qu’Emmanuel Macron a réuni vendredi une trentaine de dirigeants d’entreprises saoudiennes à l’Elysée autour d’un déjeuner, les exhortant à davantage investir en France.Parmi les convives figuraient le directeur général du géant pétrolier Saudi Aramco, celui du fonds souverain Public Investment Fund (PIF) ainsi que des patrons de groupes de l’énergie et de l’aéronautique.Le chef de l’Etat les a appelés à considérer la France comme une porte d’entrée en Europe pour leurs investissements, et a souhaité qu’à l’inverse l’Arabie saoudite, compte tenu de son rôle dans la région, soit aussi une porte d’entrée des investissements français au Moyen-Orient.En 2023, le royaume était le deuxième partenaire commercial de la France au Proche et Moyen-Orient. L’aéronautique, le tourisme et les produits pharmaceutiques constituent les piliers des échanges économiques entre les deux pays.

Drogue et frais de mandat: Braun-Pivet saisit le déontologue du cas du député LFI Andy Kerbrat

La présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet a annoncé vendredi avoir saisi le déontologue de l’institution du cas du député LFI Andy Kerbrat, dont Mediapart a révélé qu’il aurait pioché dans son avance de frais de mandat (AFM) pour acheter de la drogue.”Etre député, c’est avoir un devoir d’exemplarité. Les faits relatés par Mediapart concernant le député Andy Kerbrat sont d’une extrême gravité”, a commenté Mme Braun-Pivet sur X.”J’ai saisi le déontologue pour qu’il procède sans délai à un contrôle de ses dépenses. Si les faits sont avérés, je saisirai la justice”, a-t-elle poursuivi.Selon une enquête publiée vendredi par Mediapart, le député de Loire-Atlantique, âgé de 34 ans, a utilisé son compte AFM, abondé chaque mois de 4.700 euros environ par l’Assemblée nationale, pour financer sa consommation de stupéfiants.L’élu avait été contrôlé le 17 octobre par la police dans le métro parisien en train d’acheter de la 3-MMC, une drogue de synthèse en plein essor en France. Il avait alors annoncé entamer un “protocole de soins” et vouloir “se battre” contre son addiction afin de pouvoir reprendre son activité parlementaire.Selon Mediapart, le député, actuellement visé par une procédure judiciaire, a connu d’importantes difficultés financières du fait de son addiction. Dans ce contexte, il a “utilisé son AFM pour virer directement de l’argent sur son compte personnel”, affirme Mediapart.M. Kerbrat a reconnu auprès du média d’investigation avoir “fait n’importe quoi” avec ses frais de mandat, admettant avoir pioché dans cette enveloppe d’argent public pour son train de vie personnel. Mais il indique avoir ensuite “remboursé ces dépenses interdites”, selon Mediapart.L’utilisation de l’AFM par les députés, a rappelé Mme Braun-Pivet dans un communiqué, est “strictement encadrée” et “doit faire l’objet de justifications pour toute dépense engagée”.”Chaque année, un tiers des députés sont tirés au sort pour être contrôlés”, a-t-elle également précisé. La situation de M. Kerbrat n’a été examinée ni en 2023 ni en 2024, mais il était “prévu qu’elle le soit dans les jours qui viennent au titre des contrôles de fin de mandat, qui sont en cours”, a-t-elle ajouté.”La justice sera saisie en cas de détournement d’argent public, a fortiori pour financer des dépenses illicites”, a conclu la présidente de l’Assemblée.

Eric Coquerel juge le militant propalestinien Elias d’Imzalène “plus respectable” que Retailleau

Le député LFI Eric Coquerel, président de la commission des Finances de l’Assemblée, a estimé vendredi que le militant propalestinien Elias d’Imzalène, qui a été jugé pour avoir appelé à “l’intifada” à Paris, était certainement “plus respectable” que le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau.Eric Coquerel était interrogé sur RMC sur sa présence à une manifestation à Saint-Denis jeudi soir contre la tenue du match de football France-Israël, pour dénoncer un “génocide” à Gaza. Le militant propalestinien Elias d’Imzalène était également à cette manifestation. Le 8 septembre, lors d’un rassemblement place de la Nation à Paris, il avait incité les participants à “mener l’intifada à Paris, dans nos banlieues, dans nos quartiers” pour que “bientôt Jérusalem” soit “libérée”.Des propos qui lui ont valu d’être jugé le mois dernier pour provocation publique à la haine. Le tribunal n’a pas encore rendu son jugement. “Je n’ai pas vu que j’étais à côté de cette personne”, a assuré vendredi Eric Coquerel en précisant qu’à ses yeux, le slogan “Intifada à Paris” n’avait “pas de sens”.Le mot intifada, qui signifie soulèvement en arabe, renvoie à la révolte des Palestiniens de Cisjordanie et de Gaza contre Israël, déclenchée en décembre 1987 et en septembre 2000.”Dans une manifestation, vous n’êtes pas forcément à côté de personnes avec qui vous êtes d’accord sur tel ou tel sujet”, a poursuivi le député de Seine-Saint-Denis.”Moi, j’ai manifesté par exemple en soutien aux Kurdes à Paris. Pas très loin, il y avait M. Retailleau qui était là. Est-ce qu’on va m’interroger en me disant +M. Coquerel, attention, vous avez M. Retailleau…+? Non, je vous dirai que la cause est juste”, a-t-il également argumenté.”Je pense que cette personne”, Elias d’Imzalène, “est certainement plus respectable vu ce que M. Retailleau sort aujourd’hui, qui emprunte à l’extrême droite beaucoup de son vocabulaire”, a-t-il conclu.Etait également présente jeudi soir à la manifestation à Saint-Denis la députée LFI Ersilia Soudais, qui avait par ailleurs exercé en septembre son droit de visite pour se rendre auprès d’Elias d’Imzalène, qui était en garde à vue, afin de lui exprimer “tout (s)on soutien”.”En se mettant aux côtés d’une personne qui visiblement est revendiquée islamiste, cela vient dévoyer le combat légitime du peuple palestinien”, a dénoncé sur CNews le porte-parole du PCF Léon Deffontaines, en dénonçant une “erreur grave” commise selon lui par les deux élus LFI. 

Dérapage budgétaire: Borne concède avoir été “alertée” fin 2023 mais estime avoir pris sa part

L’ancienne Première ministre Elisabeth Borne a reconnu vendredi avoir été “alertée” fin 2023 sur le “caractère critique” de la situation budgétaire, mais a estimé avoir “pris (sa) part” dans la maîtrise des comptes publics.Auditionnée au Sénat dans le cadre d’une mission d’information sur la dérive des comptes publics, l’ancienne locataire de Matignon a notamment été appelée à s’expliquer sur l’explosion du déficit, qui atteindra 6,1% du PIB en 2024, contre les 4,4% initialement prévus dans le budget de l’Etat qu’elle avait elle-même présenté à l’automne 2023.”Traditionnellement, ce qu’on attend du gouvernement, c’est qu’il prenne des mesures pour maîtriser les dépenses. Je pense en avoir pris largement ma part”, a lancé la députée Renaissance du Calvados. “Ce n’est pas par plaisir qu’on mène trois réformes de l’assurance chômage. Ce n’est pas par plaisir qu’on mène une réforme des retraites dont on ne peut pas dire qu’elle ait été extrêmement populaire”, a-t-elle ajouté.Les sénateurs l’ont également interrogée sur une note interne transmise par son ministre de l’Economie Bruno Le Maire le 13 décembre 2023, qui lui recommandait de “partager largement le caractère critique de (la) situation budgétaire, à la fois au sein du gouvernement mais également dans l’opinion publique”.Elisabeth Borne a confirmé l’existence et le contenu de ce courrier, qu’elle a qualifié “d’alerte”. Il s’agissait de “premières indications” sur un dérapage possible des recettes de l’Etat, “mais sans qu’on soit en mesure, à ce moment-là, de savoir quel était l’ordre de grandeur”, a-t-elle martelé.”Il n’y a pas un signal d’alarme, ni adressé au ministre de l’Economie, ni que le ministre de l’Economie m’aurait transmis à l’époque”, a évacué Mme Borne. – “Prise de conscience” -Le rapporteur général du budget au Sénat, Jean-François Husson (LR), a fait part de son “étonnement” face à ces réponses. “On nous a dit à l’époque qu’il ne fallait pas s’inquiéter. Et les mêmes qui nous ont dit ça vous écrivent en disant +Attention, il y a une situation critique+”, a-t-il regretté. “On a le sentiment après coup qu’il n’y a pas une prise de conscience à la hauteur de l’alerte”.”Je ne sais pas ce qu’on peut faire quand on est face à une information de ce type-là. On ne sait pas si on est en train de parler d’un écart de recette d’un milliard ou de 10 milliards, voire in fine, comme on l’apprendra bien plus tard, de 20 milliards”, s’est justifiée l’ex-Première ministre.Elle a par ailleurs semblé rejeter une partie de la responsabilité sur Bruno Le Maire. “En général, quand on est face à une situation très alarmante, le ministre (de l’Economie) vient rencontrer le Premier ministre”, a-t-elle remarqué, or cela n’a été le cas que “le 4 janvier” 2024. Elle a aussi noté qu’à l’époque, “l’essentiel de (son) énergie était mobilisée” à “la recherche d’un compromis sur la loi immigration” et non sur les finances publiques.Le Sénat, qui a notamment auditionné Bruno Le Maire et Gabriel Attal dans le cadre de cette mission d’information, rendra ses conclusions dans les prochains jours, avant le lancement d’une commission d’enquête sur le même sujet à l’Assemblée nationale.

La santé de huit maires sur dix est affectée par leur mandat, alerte une enquête de l’AMF

Plus de huit élus sur dix estiment que leur santé physique ou mentale est affectée par leur mandat, selon une enquête publiée vendredi par l’Association des maires de France (AMF), qui met en lumière leurs difficiles conditions d’exercice.Une usure qui se traduit par des troubles du sommeil chez 86% des maires interrogés, des coups de fatigue (91%), ou des moments de “lassitude” (90%): au total, 83% des élus jugent leur mandat usant pour leur santé, selon cette étude pilotée par deux sociologues du Centre de sociologie des organisations. Les causes de ces maux, qui génèrent souvent une importe charge mentale, sont variés: investissement démesuré, tensions, agressions, manque de moyens…  Les conditions de travail des maires comportent, selon l’étude, d’importants risques psychosociaux. Ainsi, 43% des édiles interrogés assurent travailler souvent de manière excessive, comme en témoigne la maire d’une commune de 16.000 habitants, qui estime lors d’un entretien donné dans le cadre de l’enquête avoir “perdu 5 ans d’espérance de vie” à cause d’un dossier. A la fatigue physique s’ajoute une composante mentale liée au stress. Selon l’enquête, 40% des maires déclarent être souvent sous pression. La charge mentale semble être un tabou chez les élus. Plus de la moitié d’entre eux assurent régulièrement cacher leurs émotions. La maire d’une commune de 9.000 habitants affirme même garder secret le fait qu’elle suit une psychothérapie. “Je pense que ce serait mal vu”, confie l’édile. Face à ces difficultés, quatre sur dix ont pensé à s’arrêter ou démissionner au cours de leur mandat actuel. Pour autant, l’étude démontre que des appréciations positives ressortent aussi de l’engagement des maires, comme le sentiment de faire quelque chose d’utile ou d’apprendre des choses nouvelles. L’enquête a été menée en ligne auprès de 5.000 maires. Plus de 3.000 ont rempli entièrement le questionnaire de 60 questions, précise l’AMF, indiquant que l’échantillon est représentatif de l’ensemble des édiles en mandat en avril 2024. La santé figure au menu du 106e Congrès des maires de France, qui s’ouvrira mardi à Paris, dans un contexte tendu entre l’Etat et les collectivités locales. Le Premier ministre Michel Barnier, qui a érigé la santé mentale en grande cause nationale de l’année 2025, sera présent.Â