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Programmation de l’énergie: l’Assemblée n’entend pas être court-circuitée

L’Assemblée nationale a entamé lundi l’examen d’une proposition de loi qui entend définir le futur énergétique de la France à l’horizon 2035. Mais les députés protestent contre le souhait du gouvernement de publier avant même son adoption définitive le décret fixant cette trajectoire, et la place respective du nucléaire et des énergies renouvelables.Le ministre de l’Industrie, Marc Ferracci (Renaissance), a rappelé ce week-end que le décret serait publié “avant la fin de l’été”, et par conséquent avant la fin de la navette parlementaire du texte du sénateur Daniel Grémillet (LR), afin de permettre à certaines filières de “lancer des investissements”. Un calendrier contesté par les députés, y compris ceux de la coalition gouvernementale : “Je ne crois pas (…) qu’il soit sage de se dire +on verra plus tard, prenons d’abord un décret alors que le Parlement est en train de discuter+”, a lancé le rapporteur du texte et ancien ministre de l’Economie Antoine Armand (Renaissance).Et le député de Haute-Savoie de suggérer au gouvernement de “surseoir de quelques semaines encore à l’adoption d’un décret”.La présidente de la commission des Affaires économiques, Aurélie Trouvé (LFI), s’est elle “étonnée” des propos du ministre, les jugeant “fort peu respectueux” de la “démocratie parlementaire”.Elle a rappelé que la loi énergie climat de 2019 fixait le “principe d’une loi quinquennale sur l’énergie” à partir de 2023, et que le choix du gouvernement d’en passer par une simple proposition de loi conduisait à ce qu’il n’y ait “ni étude d’impact ni avis du Conseil d’Etat, ce qui peut quand même sembler absolument indispensable”.Au nom du Rassemblement national, le député de la Meuse Maxime Amblard s’est félicité d’une “victoire, celle d’avoir obtenu grâce à Marine Le Pen (…) l’ouverture de ce débat indispensable”.C’est en effet sous la pression du RN, qui en avait fait un motif de censure, que François Bayrou a accepté d’inscrire à l’ordre du jour de l’Assemblée ce texte.- Éolien et solaire exclus -Sur le fond, le débat, prévu pour l’instant jusqu’à vendredi, portera pour l’essentiel sur la question de la relance du nucléaire, poussée par l’exécutif avec le soutien du Rassemblement national, et combattue par LFI et les écologistes, le PS adoptant une position de compromis.Face au retard pris dans le développement des énergies renouvelables, le groupe socialiste plaide pour la construction de huit nouveaux EPR d’ici 2035, avec une clause de revoyure en 2030.Comme le reste de la gauche, le PS déplore que le texte ne fixe plus la part des énergies renouvelables à atteindre, parlant uniquement maintenant d’énergies “décarbonées” – démarche que soutient M. Ferracci au nom d’une nécessaire “flexibilité”.En début de soirée, les députés ont réécrit le premier article de la proposition de loi (PPL), initié par la commission, qui confiait le monopole de la construction et de l’exploitation des réacteurs nucléaires à la puissance publique et à EDF.Ils ont adopté, grâce au soutien massif du RN et contre l’avis du gouvernement et du rapporteur, un amendement du député Horizons Henri Alfandari qui définit les grands objectifs d’une politique énergétique – supprimant d’un même mouvement ce monopole, finalement rétabli plus tard dans un autre article.Cette politique énergétique doit notamment “proposer un objectif annuel d’énergie décarbonée qui ne peut être décliné par type d’énergie”. L’amendement définit ce que sont ces énergies décarbonées: les installations nucléaires, hydrauliques, marémotrices, géothermiques, aérothermiques, biomasse, osmotiques et cinétiques – un sous-amendement du RN ayant supprimé de cette énumération les installations éoliennes et solaires.Un autre sous-amendement du RN a précisé que la politique énergétique devait fixer un objectif de prix final d’électricité pour les consommateurs. Marine Le Pen s’est félicitée sur X de premières “victoires majeures”.Plus tard dans la soirée, les députés ont approuvé contre l’avis du gouvernement un article visant notamment à refaire d’EDF un établissement public à caractère industriel et commercial, indexant les tarifs réglementés de vente d’électricité (TRVe) sur les coûts de production du système électrique, et rétablissant les tarifs réglementés du gaz.Un amendement LFI adopté avec les voix de l’extrême droite a élargi à l’ensemble des consommateurs ces TRVe et un autre des communistes, sous-amendé par LFI et le RN, a inscrit dans le texte le fait de “favoriser la sortie des règles de fixation du prix du marché européen de l’énergie”.

Harcèlement moral: l’ex-secrétaire d’Etat Nathalie Elimas condamnée à 10 mois de prison avec sursis

L’ex-secrétaire d’Etat à l’Éducation prioritaire, Nathalie Elimas, jugée pour harcèlement moral sur plusieurs collaborateurs, a été condamnée lundi à 10 mois de prison avec sursis par le tribunal correctionnel de Paris.Celle qui est aujourd’hui conseillère régionale en ÃŽle-de-France a aussi été condamnée à une peine d’inéligibilité de trois ans ainsi qu’à une amende de 5.000 euros. Le tribunal correctionnel s’est déclaré “convaincu des faits de harcèlement en dépit des dénégations de la prévenue”. En décembre 2021, la secrétaire d’État MoDem avait fait l’objet d’une enquête administrative de l’Inspection générale de l’enseignement supérieur et de la recherche (IGESR), après des signalements internes concernant des “dysfonctionnements” relatifs “aux relations de travail”.Au cours du procès, trois femmes ont témoigné à la barre de leur passage au cabinet Elimas où régnait selon elles un climat “paranoïaque”. Elles ont longuement décrit les injonctions contradictoires qu’elles recevaient, notamment concernant la couverture médiatique de la ministre, jalouse de celle des autres femmes du gouvernement.Pour sa défense, Nathalie Elimas a affirmé qu’on “voulait (sa) tête”, évoquant un complot politique pour la faire tomber.”Cette procédure est née d’une machination, c’est un récit à charge basé sur des ressentis transformés en vérités officielles”, avait déclaré Nathalie Elimas devant le tribunal. Pendant l’audience, cette dernière n’a jamais remis en cause son comportement vis-à-vis de ses anciens collaborateurs. 

Bardella “choqué” par l’exclusion de Sarkozy de la Légion d’honneur

Le président du Rassemblement national Jordan Bardella a assuré lundi que la décision d’exclure Nicolas Sarkozy de la Légion d’honneur le “choque”, y voyant “une volonté d’humilier” l’ancien président.”Cette décision me choque. J’ai beaucoup de désaccords avec Nicolas Sarkozy qui a également combattu à plusieurs reprises et pendant plusieurs années le Rassemblement national, mais Nicolas Sarkozy a été président de la République”, a expliqué le responsable d’extrême droite sur RTL. “J’ai le sentiment qu’il y a une volonté d’humilier Nicolas Sarkozy”, a-t-il regretté, rappelant que l’ancien président (2007-2012) avait “obtenu, au delà des affaires de justice qui le visent et pour lesquelles il est en train de s’expliquer, la Légion d’honneur dans le cadre de l’affaire de Human Bomb”. Il faisait référence à un homme qui avait pris en otage une école maternelle de Neuilly-sur-Seine en 1993 et avec lequel le maire de Neuilly d’alors avait négocié directement.”On peut combattre juridiquement, politiquement quelqu’un mais je crois qu’il ne faut pas oublier non plus les services qui ont pu être rendus à la France”, a insisté Jordan Bardella.”Je ne l’ai jamais rencontré mais j’ai du respect pour mes adversaires politiques et pour les gens qui s’engagent en politique”, a-t-il développé.Nicolas Sarkozy a été exclu de la Légion d’honneur après sa condamnation, devenue définitive, à un an de prison ferme pour corruption dans l’affaire des écoutes, selon un arrêté publié dimanche au Journal officiel. Il est devenu le deuxième chef de l’État privé de cette distinction après le Maréchal Pétain  à qui la Légion d’honneur avait été retirée après sa condamnation en août 1945 pour haute trahison et intelligence avec l’ennemi.L’ancien président a rappelé néanmoins avoir déposé un recours devant la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH).  

Macron au Groenland exprime la solidarité européenne et critique les visées de Trump

Le président français Emmanuel Macron a critiqué dimanche la volonté de Donald Trump d’annexer le Groenland et exprimé la “solidarité européenne” pour ce territoire autonome danois lors de sa visite de l’île arctique.Premier président français à se rendre dans le territoire arctique, M. Macron est resté six heures au Groenland avant de se rendre au sommet du G7 au Canada.Personne en Europe ne pense que le Groenland est “à vendre ou à prendre”, a-t-il déclaré, en référence aux déclarations du président américain, lors d’une conférence de presse, sous les applaudissements du public à Nuuk.M. Macron est le premier chef d’État étranger à mettre le pied sur ce territoire, grand comme quatre fois la France et couvert à 80% de glace, depuis les menaces d’annexion de Donald Trump.Un peu plus tôt dans la journée, Emmanuel Macron avait affirmé venir “dire la solidarité de la France et de l’Union européenne pour la souveraineté et l’intégrité territoriale de ce territoire”.Invoquant des raisons de “sécurité internationale”, le président américain ambitionne de mettre la main sur cette île, la plus grande du monde, riche en métaux rares, par tous les moyens, y compris militaires s’il le faut.Emmanuel Macron s’est entretenu avec la Première ministre danoise Mette Frederiksen et le chef de l’exécutif groenlandais Jens Frederik Nielsen à bord d’une frégate danoise. Face à la presse, Mme Frederiksen s’est félicitée de l’opportunité, offerte par cette visite, de discuter des défis de la sécurité dans l’Arctique, soulignant sa “volonté de prendre une plus grande responsabilité pour (la) sécurité dans le grand Nord, avec nos bons alliés de l’Otan”.La France est également prête à organiser “des exercices conjoints” avec les autres pays du sud de l’Arctique pour renforcer la sécurité de la région, mais également dans le cadre de l’Otan, a souligné le président français.- “Pas du bon travail” -L’accueil chaleureux réservé au président Macron tranche avec celui réservé au vice-président américain JD Vance le 28 mars. Ce dernier avait dû se cantonner à la base militaire américaine de Pituffik, sur la côte nord-ouest du Groenland, face au tollé suscité par sa venue.La population – 57.000 habitants -, majoritairement inuite, rejette toute perspective de devenir américaine. JD Vance avait accusé lors de sa visite le Danemark de n’avoir “pas fait du bon travail pour le peuple du Groenland”, notamment en matière économique, et “pas bien assuré sa sécurité”.La base de Pituffik, qui se situe sur la trajectoire la plus courte des missiles entre la Russie et les États-Unis, constitue un maillon crucial de la défense antimissile américaine.L’Arctique devient aussi un enjeu de sécurité dans la course aux terres rares et aux nouvelles routes maritimes rendues possibles par le réchauffement climatique.Face aux visées de tous bords, le Danemark a annoncé qu’il allait consacrer deux milliards d’euros au renforcement de la sécurité dans l’Arctique.L’Otan va de son côté installer un Centre de commandement et de contrôle des opérations aériennes (Caoc) en Norvège, au-dessus du cercle polaire, alors que la Russie cherche à conforter sa puissance militaire dans la région.Sur les ressources en minéraux, le président français a affirmé que les Européens voulaient “accélérer la mise en Å“uvre” du partenariat avec le Groenland sur les métaux stratégiques.Vingt-cinq minéraux sont considérés par l’Union européenne comme des matières premières critiques, notamment les terres rares et le graphite se trouvent au Groenland.- Fonte des glaciers -Quelques jours avant la visite présidentielle, deux bâtiments de la marine française ont longé le Groenland en direction du grand nord afin de se familiariser avec les opérations en zone arctique.Emmanuel Macron, qui a annoncé vouloir ouvrir à Nuuk un consulat-général pour “être plus proches (des Groenlandais) et à (leurs) côtés”, s’est rendu compte par lui-même de l’impact grandissant du réchauffement climatique sur un glacier du mont Nunatarsuaq, à une trentaine de kilomètres de Nuuk.Depuis l’hélicoptère, il a pu voir une mer de glace fissurée et fondant à perte de vue. Il a ensuite parcouru une étendue de roche dénudée et grise remplaçant la glace, une vision qui affecte les communautés locales, lui a expliqué le Premier ministre groenlandais.Avec une superficie de 9.000 kilomètres carrés, le système de fjords de Nuuk (sud-ouest) est l’un des plus grands au monde.La glace a fondu 17 fois plus vite que la moyenne historique entre le 15 et le 21 mai au Groenland, résultat d’une vague de chaleur record.La France entend “réinvestir massivement dans les connaissances de ces écosystèmes”, dans la tradition de l’explorateur Paul-Emile Victor, qui effectua de multiples expéditions sur l’île, souligne l’Elysée. 

Gaza: départ d’une marche citoyenne Paris-Bruxelles pour dire “l’Europe doit agir!”

Une dizaine de marcheurs issus de la société civile, dont la comédienne française Corinne Masiero, se sont élancés dimanche depuis Paris derrière la banderole “Gaza: stop génocide, l’Europe doit agir!” pour rallier Bruxelles et exiger des autorités européennes des sanctions contre Israël.   “Nous voulons faire entendre la voix de la société civile pour rappeler à l’Union européenne ses devoirs”, notamment celui de “défendre la démocratie et l’état de droit” et de “faire respecter les décisions des cours internationales”, a résumé auprès de l’AFP Nathalie Tehio, présidente de la Ligue des droits de l’Homme. L’organisation est co-organistatrice de l’initiative, lancée avant l’escalade militaire entre Israël et l’Iran, aux côtés notamment de la CGT et de la Fédération internationale pour les droits humains.L’idée est qu’ainsi “peut-être s’enclenche la fin de l’impunité pour Israël” en Cisjordanie occupée et dans la bande de Gaza, ravagée par plus de 20 mois de guerre déclenchée par l’attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023 en Israël, ajoute Mme Tehio. Les marcheurs espèrent qu’une délégation sera reçue à Bruxelles le 23 juin, date à laquelle doit se tenir un conseil européen des ministres des Affaires étrangères “où justement la question de la suspension de l’accord avec Israël peut être décidée”, selon elle. “Ce n’est pas vrai qu’on ne peut rien faire quand on est citoyen, citoyenne lambda comme moi. On peut ouvrir sa gueule, dire non, stop, et (…) dire aussi à l’Europe: + allez-y, faites respecter le droit+”, a pour sa part commenté Corinne Masiero avant le départ, entourée de dizaines de personnes venus les encourager. D’autres personnalités du monde artistique ont apporté leur soutien, ainsi que des ONG. Jean-François Corty, président de Médecins du Monde, a ainsi déploré que “la faim, la soif soient instrumentalisées comme une arme de guerre” en “rupture totale avec le droit international humanitaire”.”Tout est su sur Gaza, tout a été dit, mais rien ne change. Et ce dont nous avons besoin aujourd’hui”, c’est que “les Etats européens passent à l’action”, a commenté la présidente de MSF France, Isabelle Defourny. “Nos équipes (à Gaza, ndlr) ont reçu des dizaines et des dizaines de personnes blessées par balles, certaines arrivant mortes à l’hôpital alors qu’elles allaient chercher un peu de nourriture.” “Ce qui se dit, c’est que l’on peut obtenir un sac de farine” et “revenir avec un linceul de ces distributions, c’est l’horreur absolue”. Rompant une trêve de deux mois, Israël a repris son offensive à la mi-mars sur la bande de Gaza et intensifié ses opérations militaires le 17 mai dans le but affiché de libérer les derniers otages du 7-Octobre, prendre le contrôle de l’ensemble du petit territoire et anéantir le Hamas.

Malgré sa victoire, Faure ne parvient pas à réconcilier le PS sur sa relation à LFI

Olivier Faure, réélu d’une très courte tête au poste de premier secrétaire, a échoué à réunifier le Parti socialiste lors de son 81e congrès à Nancy, qui a de nouveau acté de profondes divergences sur son rapport à La France insoumise et la stratégie pour la présidentielle.Sur la scène du Palais des congrès, la photo était pourtant belle: Olivier Faure, élu pour la 4e fois avec 51,15%, côtoie, rose à la main, Nicolas Mayer-Rossignol, le maire de Rouen, qui a échoué pour la deuxième fois à prendre le parti. A ses côtés également, le troisième homme, le chef des députés socialistes Boris Vallaud, qui a tenté de se poser en rassembleur. Même si le parti a évité le psychodrame du précédent congrès de Marseille, où M. Mayer-Rossignol et M. Faure s’étaient écharpés pendant des jours, celui de Nancy a échoué à ramener la cohésion.   Dans la matinée, Nicolas Mayer-Rossignol a annoncé qu’il ne ferait pas la “synthèse” tant attendue avec la direction, qu’il a accusée de “prendre la responsabilité de diviser” le parti.En cause, une nouvelle fois, le rapport du PS avec La France insoumise.  Les deux courants étaient pourtant proches d’un accord, mais le camp du maire de Rouen a voulu avoir une assurance écrite actant qu’il n’y aurait “pas d’accord national et programmatique” avec LFI en cas de législatives. Ce qu’Olivier Faure a refusé. “Je ne mettrai jamais un signe équivalent entre l’extrême droite et La France insoumise”, a justifié le député Arthur Delaporte, proche du premier secrétaire. En cas de dissolution, “vous faites quoi pour les circonscriptions avec un risque RN? Et si les Verts et les communistes choisissent de partir avec LFI?”Dans son discours de clôture, le patron des socialistes a déploré que ses adversaires aient voulu faire du congrès “un référendum pour ou contre La France insoumise”. Selon lui, cela “témoigne de la domination psychologique” de la gauche radicale sur eux.  “Vous ne pourriez pas vous disputer à propos d’autres sujets que LFI ou moi?”, avait ironisé, la veille, Jean-Luc Mélenchon.Nicolas Mayer-Rossignol réclame, lui, la rupture totale avec le mouvement mélenchoniste, disant préférer “perdre des élections” plutôt que “son âme”.Et le député Jérôme Guedj a accusé Jean-Luc Mélenchon, dont il fut un proche, d’être devenu “un salopard antisémite”. De quoi provoquer la colère du tribun insoumis et du coordinateur de LFI Manuel Bompard, qui ont exigé des excuses publiques du Parti socialiste. “Rompez avec LFI” a aussi exhorté sur France inter l’ex-Premier ministre Bernard Cazeneuve, qui a quitté le PS en 2022 et s’est récemment allié à François Rebsamen, également ex-ministre de François Hollande, pour Å“uvrer à un rassemblement de la gauche sociale-démocrate en vue de 2027.- Avec Boris Vallaud ? -“Un grand parti socialiste ne s’abaisse pas à la polémique permanente avec la gauche (…), un grand parti socialiste parle à toute la gauche, à tous ses électeurs, sans opérer de tri”, a répliqué Olivier Faure, refusant de rejouer le jeu des formations irréconciliables. Celui qui avait été l’un des artisans des alliances de gauche Nupes (en 2022) et du Nouveau Front populaire (en 2024) avec La France insoumise, a cependant rappelé qu’il n’y aurait “pas d’accord national” avec LFI aux élections municipales.Pour la présidentielle, a-t-il martelé, il souhaite une candidature unique “de Ruffin à Glucksmann, d’Autain à Tondelier, des socialistes aux écologistes ou aux communistes”.Encore un point de rupture avec Nicolas Mayer-Rossignol, qui plaide plutôt pour “une affirmation socialiste”. Ces tensions internes, récurrentes au PS, ne semblent cependant pas inquiéter outre mesure les militants. Théo Roussel, 28 ans, originaire des Yvelines, relativise: le PS “a toujours été divisé entre son aile droite et son aile gauche”. “On avait prédit un congrès de vaisselle cassée et ce n’est pas le cas”, a estimé pour sa part Nathan Ball, 25 ans, venu de Moselle: “l’envie d’avancer tous ensemble est quand même présente”.Pour la stratégie à adopter en vue de la présidentielle, le premier secrétaire peut cependant compter sur le soutien de Boris Vallaud, avec qui les négociations continuent, pour bâtir “un pacte de gouvernance”. Olivier Faure lui a encore tendu la main en promettant de reprendre notamment son concept de “démarchandisation” de la société.Et il a indiqué laisser la porte de la direction “ouverte”, au courant de Nicolas Mayer-Rossignol. A condition de respecter “le fait majoritaire” et “la ligne stratégique qui a été adoptée par ce congrès”. 

Nicolas Sarkozy exclu de la Légion d’honneur après sa condamnation dans l’affaire des écoutes

Une sanction rarissime pour un ancien président: Nicolas Sarkozy a été exclu de la Légion d’honneur après sa condamnation, devenue définitive, à un an de prison ferme pour corruption dans l’affaire des écoutes, selon un arrêté publié dimanche au Journal officiel.L’ex-président (2007-2012), également exclu de l’ordre national du Mérite, devient le deuxième chef de l’Etat français privé de cette distinction après le maréchal Pétain, à qui la Légion d’honneur avait été retirée après sa condamnation en août 1945 pour haute trahison et intelligence avec l’ennemi.”Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le Grand Chancelier (de la Légion d’honneur, NDLR). Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle”, a réagi son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration à l’AFP.Cette sanction disciplinaire, sur laquelle le président Emmanuel Macron avait exprimé des réserves, était attendue depuis que la condamnation de l’ancien chef de l’Etat dans l’affaire des écoutes a été rendue définitive par le rejet d’un pourvoi par la Cour de cassation en décembre.Dans ce dossier, M. Sarkozy a été reconnu coupable d’avoir, en 2014, tenté de corrompre un magistrat de la Cour de cassation, Gilbert Azibert, dans l’espoir d’obtenir des informations confidentielles, avec l’aide de son avocat Me Thierry Herzog. Tous trois ont été condamnés à trois ans de prison dont un ferme.Avec le rejet de son ultime recours en France, Nicolas Sarkozy était sous le coup d’une exclusion de la Légion d’honneur qui est automatique quand un récipiendaire est définitivement condamné pour un crime ou écope d’une peine d’emprisonnement égale ou supérieure à un an ferme. Dans ces cas, le retrait est “de droit”, avait souligné en mars le Grand chancelier de la Légion d’honneur, le général François Lecointre, qui a signé l’arrêté privant Nicolas Sarkozy des deux titres dont il était grand-croix, grade le plus élevé.L’ancien président a toutefois déposé un recours devant la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH) qui “est toujours pendant”, a fait valoir son avocat dimanche, disant espérer une annulation de sa condamnation et, en corollaire, du retrait de la Légion d’honneur. “Je note qu’il y a un recours contre la décision de justice. Cette affaire n’est donc pas encore tout à fait terminée”, a abondé le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot.- “Indigne” -A droite, des voix ont dénoncé la sanction infligée à M. Sarkozy et fustigé tout parallèle avec le retrait de la Légion d’honneur de Pétain.”Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne”, a affirmé la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), se disant “un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison”.”C’est une règle, mais c’est aussi une honte”, a déploré le secrétaire général de LR, Othman Nasrou.Louis Sarkozy a, lui, minimisé la portée de la sanction infligée à son père, assurant ressentir, à son égard, “fierté et honneur aujourd’hui comme tous les jours”. Fin avril, Emmanuel Macron avait lui-même exprimé des réticences à l’idée de voir son lointain prédécesseur déchu de la Légion d’honneur. “De mon point de vue, de là où je suis, je pense que ce ne serait pas une bonne décision”, avait-il déclaré, même si le président ne joue aucun rôle dans les exclusions automatiques liées à des condamnations pénales.A gauche, la décision a été saluée au nom de l’égalité devant la loi.”Les Français ont beaucoup de mal à comprendre que la justice devrait s’appliquer de manière différente en fonction des gens”, a déclaré le député LFI Manuel Bompard.Le député écologiste Benjamin Lucas s’est, lui, félicité que “la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction”.En vertu de l’arrêté publié dimanche, les deux coprévenus de Nicolas Sarkozy, Gilbert Azibert et Thierry Herzog, sont eux aussi exclus de la Légion d’honneur. Outre celle des écoutes, Nicolas Sarkozy est mis en cause dans plusieurs affaires et a comparu début 2025 pour des soupçons de financement libyen de sa campagne présidentielle de 2007. Le jugement sera rendu fin septembre. 

PS: pas d’accord entre la direction et les opposants d’Olivier Faure

Le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, et son concurrent Nicolas Mayer-Rossignol, ne feront pas la “synthèse” tant attendue pour tenter de rassembler le parti, ont annoncé dimanche, au dernier jour du congrès, les opposants d’Olivier Faure.Au cour de ce congrès, la direction du premier secrétaire réélu Olivier Faure et ses opposants, menés par le maire de Rouen Nicolas Mayer-Rossignol qui a échoué de peu à devenir le patron du PS, se sont écharpés sur la relation que le PS doit entretenir avec La France insoumise.Les deux courants étaient proches d’un accord sur un texte de synthèse, mais le camp de Nicolas Mayer-Rossignol a voulu faire insérer dans la nuit de samedi à dimanche la phrase suivante: “Nous ne ferons pas d’accord national et programmatique aux législatives avec LFI”.Ce que le camp d’Olivier Faure a refusé de faire. Le premier secrétaire a régulièrement affirmé que son parti n’irait “pas derrière Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle” de 2027 et qu’il n’y aurait pas d’accord national aux municipales avec les Insoumis.Mais, en cas de dissolution de l’Assemblée nationale et de risque d’accès de l’extrême droite au pouvoir, il refuse d’exclure des discussions avec LFI. “Nous regrettons que cet amendement n’ait pas été accepté. C’était le seul amendement qui nous séparait d’un accord”, a indiqué dimanche devant la presse Nicolas Mayer-Rossignol.Il a déploré une nouvelle fois un manque de clarté, estimant que le sujet de la relation à LFI “a été caché” par la direction, qui “faisait croire que c’était derrière nous”.”Aucune synthèse n’est possible de notre point de vue”, a renchéri le député de l’Eure Philippe Brun, l’un de ses proches: “Nous ne pouvons accepter une synthèse à vil prix”. Dans le camp d’Olivier Faure, l’eurodéputé Pierre Jouvet a expliqué que la direction refusait de “se positionner en permanence par rapport LFI”, et n’avait “aucune obsession permanente” vis-à-vis de la formation de Jean-Luc Mélenchon.A ce stade, les discussions sont toujours en cours avec le courant de Boris Vallaud pour aboutir à un pacte de gouvernance, a précisé le courant Faure. A l’issue du congrès, “tout le monde sera associé, notamment dans la préparation des élections municipales et dans la définition du projet du Parti socialiste”, a assuré M. Jouvet.

Le conclave sur les retraites, des portes qui claquent et de fragiles discussions

C’est l’heure de vérité mardi pour le conclave sur les retraites, curieux objet politico-social voulu par François Bayrou, après six mois d’éclats de voix à l’extérieur, et de fragiles discussions à l’intérieur.”Je pense que la possibilité existe de trouver un accord dynamique”, a confié le Premier ministre à la Tribune Dimanche. L’idée d’un conclave sur les retraites est proposée le 14 janvier dans son discours de politique générale par le Premier ministre, qui cherche à éviter la censure de son jeune gouvernement en faisant une concession au PS. Sous l’oeil des macronistes gardiens de la réforme de 2023 qui prévoit le passage à 64 ans de l’âge légal, François Bayrou n’accorde pas la suspension réclamée par les socialistes.Mais il propose de rassembler les partenaires sociaux pour “rechercher une voie de réforme nouvelle”, “sans aucun totem et sans aucun tabou, pas même l’âge de la retraite”. Seule “condition”: ne pas “dégrader l’équilibre financier du système” de retraites.Trois jours après, tous les partenaires sociaux se retrouvent avec François Bayrou et plusieurs ministres pour lancer le chantier. Devant la presse, le chef du gouvernement évoque un lieu où les partenaires sociaux pourraient se retrouver sans pression, avec des idées jaillissant “autour de la machine à café”. Premier hic, le 27 février, après la remise d’un rapport de la Cour des comptes plantant le décor sur le plan financier (sans modifications, le déficit du système atteindra près de 15 milliards d’euros en 2035, puis autour de 30 milliards d’euros en 2045), FO claque la porte dès la première réunion.Le syndicat dénonce une “mascarade”, les discussions n’ayant qu’un seul but, “instrumentaliser” les partenaires sociaux.  – “Adulte dans la pièce” -Pour FO, le gouvernement demande désormais aux partenaires sociaux d’assurer l’équilibre financier du régime des retraites en 2030, ce que même la réforme Borne de 2023 n’est pas parvenue à faire puisque le déficit est prévu à 6,6 milliards d’euros. Les premiers échanges entre patronat et syndicats ne prêtent pas à l’optimisme. “On ne peut pas dire que le patronat ait été ouvert sur quoi que ce soit”, constate Yvan Ricordeau, négociateur de la CFDT.Sous la houlette de Jean-Jacques Marette, ancien directeur des retraites complémentaires Agirc-Arrco, et avec le soutien des services de l’Etat qui chiffrent notamment les différentes options mises sur la table, les discussions s’installent néanmoins, cahin-caha.Le 16 mars, François Bayrou restreint un peu plus la marge de manoeuvre des partenaires sociaux, en affirmant qu’il n’y aura pas de retour à 62 ans.Les syndicats sont furieux. La CGT claque à son tour la porte le 19, fustigeant “le durcissement des positions” du Premier ministre, “sur injonction du Medef”.La CFDT reste. “On est aujourd’hui dans un moment extrêmement important pour les travailleurs et les travailleuses et ils ont besoin d’avoir des représentants qui agissent en responsabilité” estime Marylise Léon, sa N.1, qui se sent “un peu la seule adulte dans la pièce”. L’U2P, l’union patronale des artisans, avait quitté la veille les discussions, pour des raisons opposées: selon elle, l’équilibre du régime des retraites “imposera de repousser l’âge légal de départ au-delà des 64 ans”.Les partenaires sociaux restants – Medef et CPME côté patronal, CFTC, CFDT, et CFE-CGC – décident de “s’autonomiser” en fixant leur propre feuille de route. – Chaise vide -Etabli non sans mal le 3 avril, ce document fait une large part aux réflexions sur le “pilotage” du système des retraites : les partenaires sociaux cherchent les moyens de reprendre la mains sur les grands choix du système, notamment sur la fixation de l’âge de départ ou le niveau des pensions.La CFTC ne partage pas cette nouvelle ambition, sèche des réunions mais ne s’en va pas.Le 5 juin, après des semaines de palabres où les sujets qui fâchent sont tenus en lisière, les discussions rentrent dans le dur. C’est le “money time”, explique Marylise Léon, ce moment délicat ou chacun énumère ses lignes rouges, ses demandes et peut-être aussi ses concessions. Sans surprise, le Medef reste inflexible sur les 64 ans. La discussion semble plus ouverte sur ce qui est de rééquilibrer la réforme Borne en faveur des femmes ayant eu des enfants, ou sur l’invalidité et la reconnaissance des travaux pénibles. Mais le Medef exige que ces aménagements se fassent à coût constant.Et la question des 6,6 milliards d’euros à trouver pour rétablir l’équilibre financier en 2030 reste entière. Des options permettant de faire contribuer les retraités sont sur la table, comme une sous-indexation des retraites, une hausse du taux de CSG pour les retraités les plus aisés. Politiquement inflammable. Pour l’instant, les entreprises n’ont proposé aucune contribution. Le gouvernement envisagerait lui une prime “seniors”. “Si on est cinq à signer, c’est un vrai engagement; si nous ne sommes que trois à signer (les syndicats), ça ne serait déjà pas du tout la même chose”, prévient la CFTC. Selon des propos rapportés par La Tribune Dimanche, François Bayrou laisse lui planer le doute sur une transposition législative: “tout dépendra si l’accord comporte ou non des dispositions législatives”. 

Mobilisations en France pour la Palestine à l’appel de syndicats et partis de gauche

L’appel de syndicats, partis de gauche et collectifs en faveur de la Palestine et la paix à Gaza a rassemblé samedi des milliers de manifestants à travers la France, notamment à Paris où le plus gros cortège a défilé.  Cinq syndicats, CFDT, CGT, Unsa, Solidaires et FSU rejoints par les partis de gauche comme LFI, PS, PCF et EELV, avaient appelé à mobiliser “massivement” dans le cadre d’un weekend mondial de mobilisations.105 actions ont été répertoriées en France selon une source policière qui a compatbilisé un total de 17.300 participants sans “aucun incident notable”.  A Paris, entre République et Nation, la préfecture de police a compté 9.000 personnes. La CGT et LFI ont comptabilisé 150.000 participants. Plusieurs députés LFI, le chef de file du mouvement Jean-Luc Mélenchon et l’eurodéputée Rima Hassan étaient présents dans le cortège.”Notre responsabilité politique, citoyenne, morale, éthique, elle consiste à dévier, à désobéir, et à mener toutes les actions nécessaires que nous permettent de faire respecter le droit international, de mettre un terme au génocide”, a lancé Rima Hassan détenue pendant trois jours en Israël suite à l’arraisonnement d’un voilier humanitaire sur lequel elle naviguait avec d’autres militants en direction de Gaza.Dans la manifestation, les participants dénonçaient l’indifférence de l’opinion publique ou la position de la France jugée conciliante voire “complice” du gouvernement Netanyahu. “On ne veut pas que ce qui se passe à Gaza soit passé sous silence. Tous les jours, on entend qu’il y a eu 30, 60 morts. C’est devenu le quotidien, on ne le voit plus et j’ai peur qu’avec ce qui se passe avec l’Iran ce soit encore plus invisibilisé”, a déclaré Eve, 63 ans, qui n’a pas souhaité dévoiler son nom. – “On se sent impuissant ” -L’appel à mobilisation a été lancé avant l’escalade militaire entre Israël et l’Iran, distants de plus de 1.500 km, qui fait craindre un conflit prolongé susceptible d’engloutir la région, selon des experts.D’autres manifestations étaient organisées en France comme à Marseille, Rennes, Toulouse, Lyon ou Romans-sur-Isère (Drôme) où 670 personnes ont manifesté selon la police. “On se sent impuissant. Tout ce qu’on peut faire, c’est venir et manifester contre le génocide à Gaza, dire aux Palestiniens qu’on ne les oublie pas”, a dit à l’AFP Adeline Hacquin dans le cortège rennais où la préfecture a comptabilisé 1.500 participants.A Toulouse, la mobilisation a rassemblé 3.000 participants d’après les organisateurs, 1.300 selon la police. A Lille, Marie-Dominique Ville, 73 ans, venue pour la première fois manifester pour la Palestine, a “très peur du bilan qu’on fera quand tout cela sera fini: on découvrira trop tard le massacre qui a été fait. La cause palestinienne me semble juste, il leur faut un pays.”Si le chef de l’Etat Emmanuel Macron a rappelé vendredi soir la “détermination” de la France à reconnaître l’Etat de Palestine “quelles que soient les circonstances”, Myra Gharbi, professeure d’anglais présente à la manifestation marseillaise, se dit “très pessimiste, il y a une grande hypocrisie. Macron a fait quelques déclarations pour nous calmer mais là c’est reparti de plus belle”.Rompant une trêve de deux mois, Israël a repris son offensive à la mi-mars sur la bande de Gaza, et a intensifié ses opérations militaires le 17 mai, dans le but affiché d’anéantir le mouvement islamiste palestinien Hamas, libérer les derniers otages restants et prendre le contrôle du territoire.Plus de 54.880 Palestiniens, majoritairement des civils, ont été tués dans l’offensive israélienne de représailles à Gaza, selon des données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l’ONU.L’attaque du Hamas le 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.219 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP établi à partir de données officielles. Sur les 251 personnes alors enlevées, 54 restent retenues à Gaza, dont au moins 32 sont mortes, selon les autorités israéliennes.