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Congrès du PS: trois courants opposés à Olivier Faure annoncent leur fusion

Trois des principaux opposants au premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure, à savoir Nicolas Mayer-Rossignol, Hélène Geoffroy et Philippe Brun, ont annoncé vendredi la fusion de leurs contributions en vue du congrès du parti qui aura lieu en juin. “Les signataires de ce communiqué ont ouvert ce vendredi 11 avril des discussions pour rendre possible la présentation d’un Texte d’Orientation commun, ouvert à celles et ceux qui, comme nous, souhaitent que ce 81eme congrès du Parti socialiste soit celui du changement et celui qui va unir à nouveau les socialistes”, écrivent-ils dans un communiqué commun n’associant cependant pas le chef des députés Boris Vallaud, qui lui aussi s’oppose à Olivier Faure.Cette alliance inclut donc les deux courants d’opposition à Olivier Faure au sein du PS: celui du maire de Rouen Nicolas Mayer-Rossignol (notamment soutenu par Carole Delga et Anne Hidalgo) et de la maire de Vaulx-en-Velin, Hélène Geoffroy, proche de François Hollande. Elle comprend également le député de l’Eure Philippe Brun, qui a déposé une contribution pour ce nouveau congrès avec son collègue de l’Essonne Philippe Guedj.Le maire de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis) Karim Bouamrane, sans avoir déposé de contribution, a été à la manoeuvre pour réunir les opposants à Olivier Faure.Toutes ces figures du PS rejettent fermement toute idée d’alliance avec les Insoumis et reprochent à Olivier Faure d’avoir inféodé son parti à LFI lors des dernières échéances électorales.”Nous refusons la brutalisation du débat public. Nous rejetons toute alliance avec quiconque prône le populisme, alimente la haine antisémite, raciste, sexiste ou homophobe. Nous ne transigeons pas sur la séparation des pouvoirs et l’intégrité de la justice”, écrivent-ils dans leur communiqué commun. Le chef des députés socialistes Boris Vallaud, ancien proche d’Olivier Faure qui présente également une contribution pour ce congrès, ne fait pas partie des signataires de cette déclaration commune.Une main lui est cependant tendue. “Dans un esprit de rassemblement, nous invitons les signataires de la contribution +Unir+ (celle de Boris Vallaud, ndlr) à se joindre à ce cadre collectif de travail à un rassemblement”, est-il écrit dans le communiqué.Le congrès du PS se déroulera à Nancy du 13 au 15 juin.

L’hypothèque Le Pen, un casse-tête aussi pour ses adversaires

Tabou vertigineux au sein du Rassemblement national, le possible empêchement judiciaire de Marine Le Pen pour 2027 rebat aussi les cartes pour ses concurrents, chacun réévaluant les chances d’accéder au second tour face à la triple candidate ou à son dauphin Jordan Bardella.Condamnée, Marine Le Pen laisse toute la classe politique en sursis. A l’extrême droite d’abord, où dans l’attente du procès en appel qui lèvera ou confirmera son inéligibilité à l’été 2026, la patronne du RN affirme qu’elle “ne lâchera rien”. Opiniâtreté qui ferme la porte à tout “plan B” – comme Bardella.Mais les stratèges sont bien obligés de revoir leurs pronostics. Comme ce baron socialiste qui estime que le jeune président du parti d’extrême droite “a intérêt à se préparer” car “un second tour sera peut-être plus dur pour lui” que pour son expérimentée cheffe de file. Tout en soulignant avec malice que sans Marine Le Pen, à l’autre bout du ring “Jean-Luc Mélenchon perd son sparring-partner”.Argument balayé par le fidèle lieutenant Insoumis Manuel Bompard, qui fait au contraire le pari que “Bardella explosera en vol pendant la campagne”, parce qu'”une fois qu’on a gratté les éléments de langage à la surface, il n’y a plus rien”. Trop tendre, à l’en croire: “Mélenchon n’en ferait qu’une bouchée”.Une figure historique de la droite fait un calcul diamétralement opposé, partant du principe que le patriarche de la gauche radicale “ne sera probablement pas au second tour”, avec un ticket d’entrée attendu “autour de 20% à 25%”.Par conséquent, “il y a une place à prendre” face au RN, dont “le candidat restera à un niveau très élevé” et sera “qualifié y compris si c’est Bardella”, prédit cet observateur chevronné, pour qui “même Louis Aliot doit pouvoir le faire”.Le maire de Perpignan (lui aussi condamné dans l’affaire des assistants parlementaires européens) n’est cependant pas testé par les instituts de sondage. Notamment l’Ifop qui créditait Marine Le Pen de 34% à 37% à la veille de son verdict, et Harris Interractive qui situait Jordan Bardella entre 35% et 36% au lendemain de la décision du tribunal.- “Le vent en poupe” -Preuve par l’opinion que la condamnation de la favorite à deux ans de l’échéance “ne crée pas d’appel d’air pour ses adversaires”, constate la directrice générale d’Odoxa Céline Bracq, qui voit pour la première fois Mme Le Pen arriver en tête de son baromètre mensuel des personnalités politiques, suivie de près par M. Bardella sur la troisième marche du podium.”Pour le moment le RN a le vent en poupe” et cela “pose plutôt un problème à ceux qui voudraient lui reprendre des parts de marché”, d’autant que les sympathisants LR sont partagés sur la question de l’indépendance de la justice, souligne-t-elle.Ce qui expliquerait la surenchère entre Laurent Wauquiez et Bruno Retailleau, en lutte pour la présidence des Républicains. Dans leur logique, “Marine Le Pen n’étant plus candidate, il y a une course à droite pour conquérir la légitimité, faire l’union derrière soi et espérer l’emporter en 2027”, analyse le spécialiste en communication politique Philippe Moreau-Chevrolet.Une “convergence” des électorats de droite que le RN serait moins en mesure de réaliser à cause de ses critiques virulentes du “système” en général et de l’institution judiciaire en particulier, selon Luc Rouban. Ce parti “qui s’était dédiabolisé (…) retourne un peu à ses vieux démons”, au risque de perdre les électeurs “des classes moyennes supérieures diplômées” conquis aux dernières législatives, explique le politologue rattaché au CNRS et à Sciences Po.Mais gare à ceux qui s’imaginent siphonner les voix lepénistes. “S’ils pensent que le jugement pourrait conduire à un affaissement des intentions de vote, ils n’ont rien compris aux ressorts du vote RN”, avertit Emeric Bréhier, ancien député PS aujourd’hui directeur de l’Observatoire de la vie politique à la Fondation Jean-Jaurès.Et “peu importent les soubresauts judiciaires de Marine Le Pen”, les autres prétendants ont encore “beaucoup de haies à franchir”, qu’il s’agisse de “travailler sur leurs programmes” ou de “préparer les municipales”, rappelle-t-il. Après tout, si bien placé soit-il, “Edouard Philippe aussi aura besoin des 500 parrainages”.

Loi “simplification”: bataille dans l’hémicycle pour rétablir des dizaines de comités supprimés

Un “massacre à la tronçonneuse” ou un brin de “ménage”? La gauche et parfois le bloc central bataillaient jeudi dans l’hémicycle de l’Assemblée pour sauvegarder des dizaines d’instances consultatives supprimées en commission, dont les “Cese” régionaux qui ont suscité de vifs échanges.Près d’une heure de débats, des références à Vladimir Poutine et Donald Trump… Les députés ont pris le temps de l’affrontement avant de rétablir dans l’hémicycle les Conseils économiques, sociaux et environnementaux régionaux (Ceser).Ces instances consultatives, composées d’entreprises, syndicats, associations et personnalités qualifiées, avaient été supprimées en commission, notamment à l’initiative de son président LR Ian Boucard.Jeudi, il a de nouveau estimé qu’elles étaient superfétatoires, alors que les conseils régionaux “travaillent” et “réunissent déjà des acteurs de la société civile” et “des acteurs associatifs”.Les Ceser “peuvent par leur composition plurielle, éclairer nos politiques régionales”, a estimé a contrario Gérard Leseul (PS).Matthias Renault (RN) a lui jugé que les Ceser ne faisaient que “fournir des rapports qui ne sont lus par presque personne”, et appelé à supprimer le Cese national. “Chez votre ami monsieur Poutine, effectivement, il n’y a pas de Ceser”, a rétorqué l’écologiste Benjamin Lucas-Lundy, sous la bronca du RN.La question a aussi divisé le camp présidentiel. Le ministre de la Simplification Laurent Marcangeli (Horizons), élu de Corse, a défendu le maintien du Ceser en invoquant sa propre expérience : “Je peux témoigner de son activité, de sa productivité”.Alors que le député Renaissance Mathieu Lefèvre a critiqué le “conservatisme administratif” de la gauche. “Donald Trump est en train de changer en mal la face du monde et nous sommes là à défendre les Ceser”.Dans une forme de match retour de la commission, les députés ont aussi rétabli la Commission supérieure du numérique et des postes, le Conseil supérieur de la forêt et du bois, le Haut conseil de la famille, de l’enfance et de l’âge, ou encore le conseil national de la montagne.Le gouvernement, la gauche et une partie du bloc central ont toutefois échoué à réintroduire l’Agence de financement des infrastructures de transports, des amendements des indépendants du groupe Liot repoussant toutefois sa suppression à 2026.En mettant fin à cette agence qui gère plusieurs milliards d’euros “sans avoir la moindre idée de ce par quoi on la remplace” on “décrédibilise toutes les démarches de simplification”, s’est indigné Marc Fesneau, président du groupe MoDem.A l’inverse, écologistes et insoumis se sont mobilisés en même temps que le RN pour confirmer une suppression: celle du Haut conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur, chargé d’évaluer les structures de l’enseignement supérieur et de la recherche.Un “outil bureaucratique qui renforce la souffrance dans la recherche”, ont dénoncé les Insoumis.Le ministre de l’Enseignement supérieur Philippe Baptiste a lui accusé les “extrêmes” de commettre “un acte de guerre contre nos libertés académiques”.Ces votes devront encore être confirmés par celui sur l’article premier, attendu jeudi soir.

La Cour des comptes relève un manque d’équité du système des retraites

La Cour des comptes relève un manque d’équité dans le système des retraites et critique l’indexation des pensions sur l’inflation, dans le second rapport demandé par le gouvernement pour la concertation sur les retraites.Après un très attendu premier rapport sur la situation financière du système de retraites destiné à éclairer ce qui avait été présenté comme un “conclave” entre les partenaires sociaux, la Cour des comptes avait planché sur les épineuses questions d’emploi et de compétitivité.Le rapport remis au gouvernement jeudi a été salué par les partenaires sociaux encore présents dans l’ex-conclave, et qui y ont trouvé chacun des validations de leurs arguments et propositions de réforme du système de pension.D’une manière générale, la Cour souligne l’importance d’augmenter encore le taux d’emploi en France, qui reste inférieur à celui des pays voisins, en particulier chez les seniors – un constat qui ne peut que satisfaire le patronat.Mais elle relève également que l’augmentation du taux d’emploi constaté ces dernières années grâce notamment aux réformes des retraites s’est accompagné “d’inéquité” – apportant de l’eau au moulin des syndicats opposés à la réforme de 2023.”Pour les ouvriers, les personnes ayant des difficultés de santé et les femmes, le recul de l’âge de départ s’est traduit davantage par un allongement du temps passé +ni en emploi, ni en retraite+”, c’est-à-dire au chômage, en invalidité ou en maladie, note la Cour.  Qui remarque également que le dispositif de carrières longues a des effets “concentrés sur les personnes qui touchent une pension moyenne” (du 5e au 8e décile de pensions), les retraités les plus modestes des quatre premiers déciles ne représentant que 13% des bénéficiaires du dispositif.L’écart d’espérance de vie à 65 ans entre les cadres et les ouvriers “était de deux ans pour les femmes et trois ans pour les hommes en 2020-2022″, rappelle aussi la Cour.”L’équité à l’intérieur d’une même génération n’est pas garantie dans le système de retraite, et cet enjeu doit rester au cÅ“ur des discussions” sur l’avenir de ce système, a indiqué M. Moscovici en présentant le rapport à la presse.”Il y a une proposition qui m’intéresse beaucoup, c’est cette idée de piloter le système au regard de l’âge qui reste après la retraite”, pour que cet âge soit semblable pour tous, a-t-il expliqué.La Cour estime par ailleurs que l’indexation des pensions sur l’inflation “n’apparaît pas le plus adapté pour assurer un équilibre durable du système des retraites”, jugeant qu’une “indexation sur les salaires favoriserait une meilleure équité intergénérationnelle”.L’Italie et l’Allemagne, par exemple, “revalorisent ainsi les pensions en fonction de l’évolution des salaires en appliquant un facteur de soutenabilité” pour “ajuster” les retraites à la “capacité des actifs à les financer”, constate la Cour.–“Statu quo impossible”–L’indexation automatique des pensions sur l’inflation chaque année est un sujet de débat récurrent.A l’automne dernier, le gouvernement Barnier avait tenté de limiter cette indexation dans le budget de la Sécu 2025, mais le gouvernement Bayrou avait finalement renoncé à cette mesure.Sur un plan macro-économique, la Cour estime que l’impact du système des retraites sur la compétitivité économique française est “ambivalent”.Les exonérations de cotisations sociales (20 milliards d’euros au total pour les seules cotisations retraites, selon la Cour) ont permis de “résorber” voire “d’inverser” l’évolution défavorable des coûts salariaux français par rapport aux principaux partenaires européens, “particulièrement dans le bas de l’éventail des rémunérations”, relève la Cour.Toutefois, les cotisations tricolores sont “très élevées sur les salaires les plus hauts”, ce qui “pourrait avoir un impact sur l’emploi très qualifié”, estime la Cour.”Les principales conclusions de ce rapport nous éclairent sur la nécessité d’une augmentation du taux d’emploi des seniors”, a relevé Matignon dans un communiqué, en notant qu’elles “appellent l’attention sur le poids actuel du financement du système de retraites sur la compétitivité de l’économie française”.”Ce travail expose les implications que pourraient avoir certains ajustements de notre système sur la compétitivité et l’emploi”, selon le gouvernement. Le premier président de la Cour des comptes a espéré que les partenaires sociaux réussissent les concertations en cours, car “le statu quo est impossible”, a-t-il dit. 

Bétharram: devant la commission d’enquête, des témoins-clés maintiennent leurs versions contre Bayrou

Un ancien gendarme et un ex-juge, entendus jeudi devant la commission d’enquête parlementaire née du scandale Bétharram, ont maintenu des propos qui vont à l’encontre des dénégations de François Bayrou dans cette affaire, pour laquelle le Premier ministre sera auditionné le 14 mai.Alain Hontangs et Christian Mirande, qui furent chargés d’enquêter sur la première plainte pour viol ayant visé un religieux de l’établissement scolaire catholique du Béarn, s’étaient déjà exprimés dans la presse mais ils l’ont fait cette fois sous serment.Le premier, âgé de 71 ans, officiait à la section de recherches de Pau quand il se rend le 26 mai 1998 au Palais de justice local pour y présenter au juge Mirande le père Carricart, mis en cause par un ancien élève.Ce jour-là, à 14H00, le juge Mirande “m’attendait devant la porte de son bureau” et il “m’a dit: +La présentation est retardée, le procureur général demande à voir le dossier, il y a eu une intervention de M. Bayrou+”, a relaté Alain Hontangs aux deux corapporteurs de la commission, les députés Violette Spillebout (Renaissance) et Paul Vannier (LFI).Il avait déjà tenu ces propos à la mi-février dans le cadre de l’émission de TF1 “Sept à Huit”. Deux jours plus tard à l’Assemblée nationale, le Premier ministre avait affirmé n’être “jamais” intervenu, “ni de près, ni de loin”, dans ce dossier, niant tout contact, “avec qui que ce soit”, à son propos.Parole contre parole ? “Je ne suis pas le seul enquêteur” à avoir été informé de son éventuelle “intervention”, a précisé jeudi l’ancien gendarme, révélant qu’un ex-collègue – nommé et toujours vivant – lui a fait savoir, “dès le lendemain du reportage de Sept à Huit”, qu’il avait lui aussi été mis “au courant” de l’épisode à l’époque par le juge Mirande.Ce dernier se rappelle bien que le procureur général lui a “demandé de différer la présentation de Carricart”, ce qui était “surprenant”. Mais il dit n’avoir “aucun souvenir” d’avoir parlé d’une intervention de M. Bayrou. Sans pour autant remettre en cause les dires des deux anciens enquêteurs, en qui il a “toujours toute sa confiance”.- Contredit “point par point” -L’actuel chef du gouvernement, député et président du conseil départemental des Pyrénées-Atlantiques à l’époque, nie plus largement avoir eu connaissance, dans le passé, des agressions physiques et sexuelles dénoncées aujourd’hui par 200 anciens élèves de Notre-Dame-de-Bétharram.L’institution fondée en 1837, de sinistre réputation dans le Sud-Ouest, a été fréquentée par plusieurs de ses enfants et son épouse y a enseigné, un temps, le catéchisme.La position de M. Bayrou est contestée par des témoins qui rappellent notamment sa venue à Bétharram en 1996, comme ministre de l’Éducation nationale, après la plainte d’un élève – camarade de classe d’un de ses fils – victime d’une violente claque d’un surveillant, qui lui perça le tympan.Un rapport d’inspection diligenté en urgence par le rectorat de Bordeaux venait alors de blanchir l’établissement, dont M. Bayrou prit la défense devant la presse.Le fonctionnaire qui le rédigea, auditionné également ce jeudi par les parlementaires, a raconté qu’on lui avait donné quatre jours pour remettre ses conclusions, week-end compris. Et répété que celles-ci ne tenaient pas la route face aux révélations actuelles.À Bétharram, “il y avait un esprit d’établissement” plutôt que “de la considération pour les personnes”, a pointé Camille Latrubesse, 88 ans.Le juge Mirande a répété aussi que M. Bayrou était venu le voir chez lui durant l’affaire de viol, en 1998, pour évoquer cette dernière, ce que l’intéressé a d’abord nié, avant d’évoquer une rencontre fortuite.”Il a parlé de son fils pour lequel il était inquiet”, a raconté le témoin, et “il n’arrivait pas à croire la réalité” des faits reprochés au père Carricart, “qu’il semblait connaître”.Autant de propos qui “contredisent point par point” les déclarations du chef de gouvernement, a conclu le député Vannier devant la presse après les auditions.Critiquée pour ne pas s’être penchée sur Bétharram depuis trois décennies, l’Education nationale s’est décidée à programmer une inspection académique en mars qui confronte la direction actuelle à des “manquements”, selon son rapport dévoilé jeudi. Dans son viseur notamment, le cas de deux enseignants accusés de “remarques blessantes et humiliantes et de moqueries”, a précisé la ministre Elisabeth Borne. Elle a mandaté une enquête plus poussée de sa haute administration. Sur d’autres points problématiques, l’Education nationale va transmettre des mises en demeure. “La mise en conformité doit être extrêmement rapide”, a intimé Mme Borne.

France 2030: le gouvernement entend continuer à investir malgré les “inquiétudes”

Le gouvernement s’est montré jeudi déterminé à continuer à investir, en engageant dans l’innovation les quelque 15 milliards d’euros restants du plan France 2030, malgré les contraintes budgétaires, les “inquiétudes” et les “incertitudes” géopolitiques mondiales.”Ce que nous découvrons dans France 2030, c’est que nous pouvons être forts”. “Notre politique d’innovation est la clé de notre avenir. La puissance publique dans son ensemble doit soutenir l’innovation jusqu’à la production et à la commercialisation”, a souligné François Bayrou à l’issue d’un comité interministériel de l’innovation autour de 14 ministres, au Centre Pompidou de Paris.Le Premier ministre a évoqué une “contagion d’inquiétudes” venue des Etats-Unis, qui tergiversent sur l’augmentation des droits de douane, et sont devenus “le lieu du doute sur l’entreprise et le commerce” ainsi que sur “les droits et les libertés”.En dépit de ce contexte, “il reste autour de 15 milliards d’euros de programmes (France 2030) qui seront engagés au cours des trois prochaines années” avec une “accélération” notamment dans l’intelligence artificielle (IA), le quantique, le spatial et le nucléaire, ainsi que dans les technologies “duales” (civiles et militaires), a indiqué son entourage. “France 2030, on continue et même on accélère”, a assuré la même source. Lancé en 2021 par Emmanuel Macron, France 2030 est un plan d’investissement sur cinq ans de 54 milliards d’euros en soutien d’entreprises de secteurs-clé destiné à “rattraper le retard industriel français”, aider les “technologies innovantes” et “soutenir la transition écologique”. – Contexte morose -Le contexte économique s’annonce pourtant morose: une hausse des droits de douane pourrait coûter “plus de 0,5% du PIB” à la France et “le risque de pertes d’emplois est absolument majeur” comme celui “d’un ralentissement économique” ou “d’un arrêt des investissements”, a prévenu récemment François Bayrou, qui doit faire mardi un état des lieux des finances publiques.Le gouvernement a revu à la baisse la croissance du pays pour 2025 et la dépense pourrait être réduite de 5 milliards d’euros supplémentaires pour tenir les objectifs de désendettement du pays confronté à un lourd déficit.Environ 38 milliards d’euros du plan France 2030 ont déjà été engagés depuis trois ans – dont 10 milliards dans des technologies “duales” -, qui ont permis la création de 150.000 emplois à travers le soutien d’environ 7.500 projets et le dépôt de 6.000 brevets, a détaillé le secrétaire général pour l’investissement Bruno Bonnell, rattaché à Matignon, qui pilote ce plan.Quelque 400 personnes avaient été invitées au Centre Pompidou, où ont témoigné des experts et trois lauréats (bénéficiaires) de France 2030: Arthur Mensch, cofondateur et président de la start-up d’intelligence artificielle Mistral AI, Christophe Büren, président du groupe céréalier Vivescia, et Raphaël Gorgé, président de la start-up Calogena qui ambitionne de développer des petits réacteurs nucléaires.- Stratégie hydrogène  -Dans le domaine de l’IA, de la cybersécurité et du quantique, le gouvernement entend doubler d’ici 2030 la production de semi-conducteurs en France, et la part de marché du cloud français. La “stratégie nationale sur l’hydrogène” révisée, attendue depuis des mois par les industriels oeuvrant dans ce secteur lié à la transition énergétique de l’industrie lourde et des transports, serait pour sa part publiée le 15 avril, a appris l’AFP auprès de l’entourage de M. Bayrou. Le gouvernement veut privilégier les investissements “pertinents” dans l’hydrogène décarboné, qui traverse une crise liée à la trop faible demande et à son prix encore beaucoup trop élevé pour être rentable. Environ un tiers des 600 millions d’euros de “reliquats”, qui sont des aides remises au pot commun parce que l’entreprise a abandonné son projet, concernent l’hydrogène.Mais “il n’y aura pas de réduction ou d’annulation d’appels à projet” du plan France 2030, a assuré l’entourage du Premier ministre, qui a annoncé le lancement ou la relance de 25 nouveaux dispositifs (appels à projet) et 250 nouveaux lauréats. Quarante-sept biomédicaments sont désormais produits en France grâce à France 2030 et 160 nouvelles formations proposées sur tout le territoire, souligne-t-on. Les aides sont allées pour 55% à des TPE, PME et ETI, 17% à des grandes entreprises, 28% à des entreprises publiques, organismes de recherche et universités.

Bétharram: François Bayrou entendu par la commission d’enquête le 14 mai

La commission d’enquête parlementaire sur les violences et les contrôles de l’État dans les établissements scolaires entendra le Premier ministre François Bayrou le 14 mai en tant qu’ancien ministre de l’Éducation nationale (1993-1997).Accusé par la gauche d’avoir menti sur sa connaissance des violences et agressions sexuelles au collège-lycée de Bétharram (Pyrénées-Atlantiques), qui a été fréquenté par plusieurs de ses enfants, François Bayrou a toujours “récusé” tout mensonge, parlant de “polémiques artificielles”. L’entourage du Premier ministre a confirmé à l’AFP qu’il se rendra bien devant la commission conduite par les co-rapporteurs Paul Vannier (LFI) et Violette Spillebout (Ensemble pour la République).”Il n’y a aucun nouvel élément” et “j’ai donné sur cette affaire tous les éléments”, a déclaré François Bayrou à la presse lors d’un déplacement à Lyon, le 13 mars.La commission d’enquête a également annoncé lors d’une conférence de presse à l’Assemblée nationale vouloir rencontrer les anciens ministres de l’Éducation nationale Nicole Belloubet, Pap N’Diaye, Jean-Michel Blanquer et l’actuelle ministre Élisabeth Borne.Évoquant les auditions de jeudi, notamment celle d’un ex-gendarme qui a répété qu’un magistrat lui avait parlé d’une “intervention” de François Bayrou quand il enquêtait sur des faits de viol visant un religieux de l’établissement en 1998, M. Vannier a jugé que ces propos “contredisent point par point” les déclarations de l’actuel Premier ministre sur le sujet.”Je pense que François Bayrou a menti”, a affirmé le député insoumis en parlant des témoignages entendus jeudi matin.La députée Spillebout a considéré de son côté que “pendant des dizaines d’années des établissements privés sous contrat n’ont vu aucun inspecteur (…) il va falloir que ça change”.

Chimie: Vencorex partiellement repris par son concurrent chinois Wanhua

“Un jour noir” pour la chimie française: la reprise de l’usine Vencorex, près de Grenoble, a été attribuée jeudi à son concurrent chinois Wanhua, qui ne gardera qu’une fraction de l’activité et des salariés.Le tribunal de commerce de Lyon a jugé “irrecevable” un projet de reprise en coopérative par des salariés, qui aurait permis de sauvegarder davantage de postes et de garder ce “fleuron” de la chimie dans le giron français.”On est déçu, en colère”, a réagi Séverine Dejoux, élue CGT et porteuse du projet coopératif, lors d’une conférence de presse sur le site de Pont-de-Claix. “La France a échoué collectivement”, a renchéri Olivier Six, un entrepreneur local engagé dans cette alternative.Exprimant des “regrets” face à une “terrible nouvelle”, des élus de tous bords ont également critiqué une décision symbolisant, selon eux, la “perte de souveraineté de la France”. Le cabinet du ministre de l’Industrie, Marc Ferracci, a toutefois assuré avoir “sécurisé” des approvisionnements alternatifs pour les filières nucléaire et spatiale qui, à l’instar de Framatome ou Ariane, utilisent les sels produits par Vencorex, et “circonscrit autant que possible” les risques de défaillances en cascade dans le secteur.Soulignant l’interconnexion des entreprises de la chimie, salariés et élus locaux avaient demandé une nationalisation temporaire de Vencorex après son placement en redressement judiciaire en septembre. Le Premier ministre François Bayrou avait refusé au motif que son activité n’était “pas viable”.A l’automne, le concurrent chinois de Vencorex, Wanhua avait proposé une reprise partielle de l’usine via sa filiale hongroise BorsodChem. Contre 1,2 million d’euros, il s’est engagé à maintenir une cinquantaine d’emplois sur les 450 que comptait le groupe initialement et à investir 19 millions d’euros sur le site d’ici 2027.C’est cette offre que le tribunal de commerce de Lyon a validé jeudi.- “Le travail commence” -“Ce jugement vient conforter un projet industriel ambitieux structuré depuis plus de six mois, et marque le point de départ d’un nouvel avenir pour ce site stratégique de la chimie française”, s’est réjoui Wanhua dans un communiqué. “Nous avons désormais un objectif clair : redonner toute la dynamique au site de Pont-de-Claix, dans une logique d’excellence industrielle et d’ancrage territorial. Le travail commence maintenant”, a déclaré Dr Howard Ding, Président de Wanhua Performance Chemicals.Le projet concurrent, baptisé CIRCEI (Coopérative industrielle de relance Chimie Electrochimie Isocyanate) et bâti en quelques semaines a bénéficié d’une forte mobilisation locale mais le tribunal a estimé que ses financements n’étaient “pas réunis”.Les porteurs avaient demandé un délai de quatre semaines pour boucler leur dossier. Or, “la trésorerie ne permet pas de garantir la mise en sécurité du site au-delà de 15 jours”, relève le tribunal.”Le temps nous a manqué”, a déploré Christophe Ferrari, président divers gauche de la métropole de Grenoble. “C’est un jour sombre, un jour noir”, et “profondément du gâchis”, a-t-il poursuivi, visiblement ému, en reprochant au gouvernement d’avoir pensé que le site n’avait “pas d’avenir”.- “Vencorex bradé” -La Région Auvergne-Rhône-Alpes, qui s’était déclarée prête, à l’instar d’autres collectivités, à participer financièrement au projet de SCIC, a pris “acte de cette décision, avec le regret de voir ce fleuron industriel passer sous pavillon étranger”. “C’est la mise au chômage de centaines de familles et la perte de notre souveraineté”, a aussi écrit la député écologiste Cyrielle Chatelain sur le réseau Bluesky.La France Insoumise a pour sa part accusé le gouvernement de ne pas avoir fait assez pour sauver Vencorex. “Vencorex bradé à Wanhua, son concurrent. C’est le savoir-faire français liquidé”, a réagi sur X son leader Jean-Luc Mélenchon, qui s’était rendu sur le site en soutien aux salariés. “Terrible symbole du démantèlement de notre industrie et du renoncement de Macron !””Quelle terrible nouvelle, à mille lieux des annonces sur la souveraineté industrielle de la France”, a renchéri son lieutenant, le député LFI Manuel Bompard, toujours sur X.  

La classe politique divisée sur la reconnaissance de l’Etat palestinien

“Enfin!”, “prématuré” : la classe politique française s’est divisée jeudi sur l’annonce par Emmanuel Macron que la France pourrait reconnaître “en juin” un État palestinien dans le cadre “d’une dynamique collective” de reconnaissances réciproques. Le chef de l’Etat a déclaré mercredi sur France 5 que cette reconnaissance pourrait avoir lieu à l’occasion d’une conférence que la France coprésidera avec l’Arabie saoudite aux Nations-unies à New York.Cette conférence devrait aussi conduire, selon lui, à la reconnaissance d’Israël par “tous ceux qui défendent la Palestine”. L’Arabie saoudite, en particulier, a fait de la création d’un Etat palestinien une condition à une normalisation de ses relations avec Israël.Si cette reconnaissance “vient dans un cadre qui permet à des pays qui ne reconnaissent pas Israël de le faire et à d’autres pays qui ne reconnaissent pas la Palestine ou l’État palestinien de le faire, c’est un bon processus”, a estimé sur RTL l’ancien président socialiste François Hollande. Il a néanmoins rappelé que “ce qui compte, c’est bien sûr qu’un jour il puisse y avoir un État palestinien, mais que le Hamas ne soit pas dans cet État palestinien et que Gaza puisse être une zone où les Gazaouis puissent vivre, tout simplement”. “Macron s’apprête à reconnaître l’Etat de Palestine. Il appelle à la fin du siège de Gaza. Un an et six mois après LFI, ces gens comprennent enfin que la solution politique est la seule possible”, a tweeté le chef de file des Insoumis Jean-Luc Mélenchon, dont le parti est très mobilisé au côté des Palestiniens.Pour le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, interrogé sur franceinfo, l’annonce d’Emmanuel Macron représente un moyen de “faire pression” sur “un gouvernement d’extrême droite qui a fait la démonstration depuis de longs mois de son inhumanité et, depuis le 18 mars, qui a rompu cessez-le-feu avec des conséquences dramatiques”. – “Conditions pas réunies” -Favorable également, la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet (Renaissance) a souhaité sur France Inter “avancer sur cette solution à deux États”, mais avec “des garanties de sécurité pour les deux États”.La “clause de réciprocité” prévoit que “les parties se reconnaissent mutuellement: les Palestiniens ont droit à un État, les Israéliens ont droit à un État, les deux ont le droit de vivre en sécurité dans un régime démocratique”, a jugé le président des députés MoDem, Marc Fesneau sur TF1, y voyant une “bonne idée”.  La solution à deux États reste rejetée par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. Mais les appels en ce sens se sont intensifiés depuis le début de la guerre à Gaza, déclenchée par l’attaque du Hamas sur Israël le 7 octobre 2023.En 2020, les accords d’Abraham, pendant le premier mandat de Donald Trump, avaient mené à la reconnaissance d’Israël par les Émirats arabes unis, Bahreïn, le Soudan et le Maroc.Pour le vice-président du Rassemblement national, Sébastien Chenu, toute reconnaissance par la France de l’Etat palestinien serait “prématurée”. Si le parti d’extrême droite est “favorable à deux États”, il juge que l’État palestinien serait aujourd’hui “adossé au Hamas” – une organisation qualifiée de terroriste par les États-Unis, l’Union européenne et Israël notamment -, a-t-il développé sur LCI. Position partagée par le président LR du Sénat Gérard Larcher. “Nous avons toujours des otages dans la bande de Gaza, nous avons toujours des attaques du Hamas, nous avons malheureusement une Autorité palestinienne extrêmement faible”, a-t-il argumenté sur Europe1/Cnews. “Est-ce que les conditions sont réunies pour que nous allions plus loin dans la reconnaissance indispensable à terme de la réalité d’un État de Palestine? Non”, a-t-il tranché. Le plan défendu mercredi par Emmanuel Macron met de facto à l’écart le mouvement islamiste palestinien et prévoit un retour à Gaza de l’Autorité palestinienne, chassée du territoire en 2007 par le Hamas.