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Gérald Darmanin a rendu visite à Nicolas Sarkozy en prison mercredi soir

Le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, a rendu visite mercredi soir à Nicolas Sarkozy à la prison parisienne de la Santé, a indiqué jeudi à l’AFP une source proche du dossier qui confirmait une information du Figaro.L’entrevue, qui s’est déroulée en présence du directeur de l’établissement, a eu lieu entre 19H00 et 19H45, a poursuivi cette même source, avant un échange entre le garde des Sceaux et les agents pénitentiaires sur la sécurité de l’ex-chef de l’Etat.Condamné le 25 septembre à cinq ans d’emprisonnement dans le dossier libyen pour association de malfaiteurs, Nicolas Sarkozy a été incarcéré le 21 octobre à la Santé. Cette détention d’un ancien président est une première dans l’histoire de la République.Nicolas Sarkozy, qui se dit innocent et a fait appel, a déposé une demande de remise en liberté, que la justice doit examiner prochainement.Le tribunal correctionnel de Paris avait notamment reconnu coupable Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, d’avoir sciemment laissé son plus proche collaborateur, Claude Guéant, et son ami Brice Hortefeux, rencontrer en 2005 à Tripoli, de manière occulte, un haut dignitaire libyen, en vue d’organiser un financement de sa campagne présidentielle de 2007 par le régime de Mouammar Kadhafi. Ce dignitaire, Abdallah Senoussi, était alors sous le coup d’une condamnation à perpétuité pour l’attentat contre le DC-10 d’UTA en 1989, qui avait fait 170 morts, et souhaitait obtenir une levée de son mandat d’arrêt, selon le jugement. En détention, l’ancien président de la République bénéficie de la protection de deux officiers de sécurité, une mesure exceptionnelle prise “eu égard à son statut et aux menaces qui pèsent sur lui”, avait expliqué le ministre de l’Intérieur, Laurent Nuñez.Gérald Darmanin avait dit avant l’incarcération de l’ex-président son intention d’aller le visiter, afin de “s’assurer que les conditions de sécurité sont bonnes pour ce détenu au statut hors du commun”, avait expliqué son entourage.Cette annonce avait suscité des critiques, notamment de magistrats. Dans une rare prise de position, le plus haut procureur de France, Rémy Heitz, y avait vu un “risque d’obstacle à la sérénité” et donc “d’atteinte à l’indépendance des magistrats” avant le procès en appel, qui doit s’ouvrir en mars.Outre Nicolas Sarkozy, deux autres condamnés du procès libyen ont été incarcérés après le jugement: l’ex-banquier Wahib Nacer et l’intermédiaire Alexandre Djouhri.La cour d’appel de Paris a ordonné mardi la libération de Wahid Nacer, le plaçant sous contrôle judiciaire, avec obligation de pointer au commissariat et de remettre son passeport. La demande de mise en liberté d’Alexandre Djouhri doit être examinée lundi.Prévenu le plus lourdement condamné avec Alexandre Djouhri (six ans de prison), l’ancien secrétaire général de l’Elysée et ministre Claude Guéant avait échappé à une incarcération en raison de son état de santé.

L’Assemblée adopte à une voix près un texte du RN contre l’accord franco-algérien de 1968

Coup de tonnerre à l’Assemblée: les députés ont adopté, par 185 voix contre 184, une proposition de résolution du Rassemblement national visant à “dénoncer” l’accord franco-algérien de 1968, avec l’appui des groupes LR et Horizons.”C’est une journée qu’on peut qualifier d’historique pour le RN”, s’est aussitôt félicitée la cheffe des députés d’extrême droite Marine Le Pen, soulignant qu’il s’agissait du premier texte de son parti approuvé par l’Assemblée, en dépit des oppositions de la gauche, des macronistes et du gouvernement.Si la résolution n’a pas de valeur législative, Marine Le Pen a demandé au gouvernement de tenir “compte” du vote du Parlement sur son texte, qui appelle à dénoncer l’accord qui offre aux Algériens des clauses spécifiques en matière d’immigration et de séjour en France.”Nous considérons qu’il n’y a plus rien qui justifie le maintien de cette convention”, a-t-elle insisté.”Honte au RN” qui “continue sans fin les guerres du passé”, a grondé en retour le leader Insoumis Jean-Luc Mélenchon, sur X.Le texte a été soutenu par l’alliance RN-UDR, la moitié du groupe Les Républicains et la moitié du groupe Horizons, parti d’Edouard Philippe.Le patron du PS Olivier Faure a lui fustigé le groupe macroniste. “Ils étaient où les macronistes ? Gabriel Attal absent”, a-t-il écrit sur X, à propos de l’ancien Premier ministre, à la fois patron du parti macroniste et du groupe à l’Assemblée.”Il nous a manqué une voix. Cette voix qui nous a manqué pour faire face au RN, c’est celle de Gabriel Attal”, a abondé devant les journalistes Cyrielle Chatelain, présidente du groupe écologiste.Gabriel Attal a toutefois lui-même appelé à dénoncer l’accord de 1968, en janvier, pour “poser les limites et assumer le rapport de force avec l’Algérie”, notamment à l’aune de l’arrestation de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal. Mais son groupe était contre le texte du RN.Le macroniste Charles Rodwell, auteur d’un récent rapport accablant contre ce même accord de 1968, avait justifié par avance un refus, au prétexte d’un supposé vide juridique qui risquerait de “provoquer un déferlement migratoire” dans l’Hexagone, analyse dénoncée par le RN.Toutefois seuls 30 députés du groupe macroniste sur 92 étaient présents pour voter contre (trois se sont abstenus). M. Attal était présent jeudi matin à un forum sur la transformation durable du tourisme.Il a cependant manqué des voix dans tous les groupes, y compris à gauche (52 députés LFI sur 72 ont participé au vote, 53 socialistes sur 69, 32 écologistes sur 38, six députés du groupe communiste et ultramarin sur 17).Douze députés MoDem ont pris part au scrutin (10 contre, deux abstentions) et trois députés Liot sur 22 (deux pour, un contre).

France: la croissance durant l’été surprend positivement malgré l’instabilité politique

La croissance économique française a surpris en accélérant à 0,5% au troisième trimestre par rapport aux trois mois précédents, meilleure qu’anticipé grâce à des exportations dynamiques, malgré l’incertitude politique en France et les tensions commerciales avec les Etats-Unis.  C’est mieux que la stagnation en Allemagne et en Italie, et presque autant que l’Espagne (+0,6%). Supérieure au +0,3% anticipé initialement, cette publication laisse augurer que la deuxième économie de la zone euro atteindra au moins la croissance de 0,7% attendue par le gouvernement en 2025. L’acquis de croissance, c’est-à-dire ce que serait la croissance annuelle si le PIB n’évoluait plus du tout en fin d’année, est de 0,8% à fin septembre, indique l’Institut national de la statistique (Insee) en publiant sa première estimation jeudi.Le ministre de l’Economie, Roland Lescure, a salué “une performance remarquable”: “malgré les soubresauts politiques et les incertitudes internationales, nos entreprises investissent, exportent et font progresser le pays”. “L’adoption rapide d’un budget qui préserve la confiance des entreprises et des ménages sera capitale pour maintenir cet élan”, ajoute-t-il. – “Solide” -Le budget pour 2026 est âprement débattu dans une Assemblée nationale sans majorité, où plane toujours la menace d’une censure du gouvernement. Les échanges se cristallisent notamment sur la taxation des plus riches.   “Globalement, la croissance est solide”, note Maxime Darmet, économiste chez Allianz Trade, auprès de l’AFP.Avant le début de débats budgétaires houleux, l’économie a bénéficié durant l’été d’une accélération des exportations (+2,2%), surtout dans l’aéronautique, secteur qui était pénalisé depuis le Covid par des problèmes d’approvisionnement.Pour Stéphane Colliac, économiste chez BNP Paribas, ce renforcement des exportations “n’est qu’un début”. Les exportations de produits agroalimentaires, notamment les boissons, ont en revanche souffert des “tensions commerciales avec la Chine et les États-Unis”, selon l’Insee.Par ailleurs, la baisse des taux directeurs de la Banque centrale européenne (BCE) face au reflux de l’inflation se traduit par une amélioration des investissements (+0,4% après 0,0%). Ils sont tirés par ceux des entreprises (+0,9%), tandis que les investissements des ménages, principalement dans le logement neuf, sont en berne (-0,4%).- “Maillon faible” -En septembre, l’Insee jugeait toutefois les moteurs de l’économie française fragiles dans un contexte marqué par un regain d’instabilité politique affectant la confiance des ménages et la consommation, un pilier traditionnel de la croissance. Cette dernière a progressé modérément de 0,1% au troisième trimestre, comme au deuxième. “La consommation reste le maillon faible de cette économie. Elle ne redémarre pas (…) avec un manque de confiance demeurant élevé”, analyse Maxime Darmet. Alors que les salaires réels progressent et que les taux d’épargne culminent, “il manque cet ingrédient-là pour que la croissance s’établisse sur des bases solides”.Le quatrième trimestre s’annonce moins flamboyant, selon l’économiste, qui prévoit un ralentissement coïncidant avec le retour de l’instabilité politique. De son côté, Stéphane Colliac n’exclut certes pas “un contrecoup” en fin d’année, mais il voit des raisons d’être “optimiste” avec des “fondamentaux assez solides” permettant de contrebalancer les risques. “L’incertitude politique et budgétaire devrait peser sur la dynamique de croissance. Néanmoins, le redressement du climat des affaires et de la confiance des consommateurs en octobre laisse penser que l’impact sera peut-être plus faible ou plus tardif que prévu”, souligne Charlotte de Montpellier, économiste chez ING, dans une note. Après la chute du gouvernement de François Bayrou, le Premier ministre Sébastien Lecornu est en première ligne pour défendre un budget qui ambitionnait initialement un effort d’une trentaine de milliards d’euros pour 2026.Le gouvernement souhaite ramener le déficit public à 4,7% du PIB en 2026, après 5,4% en 2025, mais accepterait d’assouplir l’objectif jusqu’à un niveau se situant “sous 5%” pour permettre des compromis.Au troisième trimestre, les dépenses des administrations publiques sont restées dynamiques (+0,5%), Maxime Darmet ne voyant “aucun signe d’austérité budgétaire à ce stade”. L’incertitude politique et la situation dégradée de ses finances publiques a valu à la note souveraine française d’être abaissée par S&P et Fitch, et placée sous perspective négative par Moody’s. 

Budget: Lecornu fragilisé par une alliance gauche-RN sur la fiscalité des multinationales

Les députés ont voté mercredi de nouvelles taxes visant les grandes entreprises, dans une alliance de circonstance entre la gauche et l’extrême droite, rendant plus difficile l’adoption du budget par le camp gouvernemental qui dénonce une “folie fiscale”.Sébastien Lecornu se retrouve face à une équation politique de plus en plus impossible, alors même que les mesures les plus sensibles – notamment sur la taxation des hauts patrimoines, condition posée par les socialistes à leur non-censure – n’ont pas encore été examinées.Jeudi, les députés feront une pause dans les débats budgétaires, avec une journée réservée à l’examen de textes proposés par le Rassemblement national.Mais ils reprendront vendredi, avec l’examen prioritaire dès 09H00 de l’article 3 du projet de loi de Finances instaurant une taxe sur les holdings, suivi des amendements de la gauche pour créer une taxe Zucman. Dans ce contexte déjà tendu, le gouvernement avait haussé le ton dès mercredi matin. “La justice fiscale a laissé place à la surenchère fiscale”, a mis en garde mercredi le ministre de l’Economie Roland Lescure. Le Premier ministre s’est lui inquiété devant les sénateurs d’une déconnexion entre le débat fiscal et “la question économique générale et globale”.Dans leur ligne de mire, le vote mardi par une alliance de la gauche et du RN d’un “impôt universel” sur les multinationales, pour lutter contre l’évasion et l’optimisation fiscale.Une mesure censée rapporter 26 milliards d’euros, selon ses défenseurs, mais jugée inopérante, contraire à la législation et néfaste pour l’économie française, par le gouvernement.- “Pas honteux” -Marine Le Pen, pointée du doigt par la droite pour son soutien, a défendu la mesure. “Il s’agit juste de faire respecter la loi”, selon elle.”Pour l’instant, ce qui a été voté” à l’Assemblée dans le cadre de l’examen du budget de l’Etat n’est “pas honteux, contrairement aux hurlements du gouvernement”, a enfoncé la cheffe des députés RN.Mais les mises en garde du camp gouvernemental n’ont pas freiné les députés dans leur lancée, au contraire.Dans l’après-midi, ils ont continué d’adopter des mesures visant les grands groupes.Là encore, ce sont les votes réunis de la gauche et du RN qui ont permis l’adoption d’une mesure portée par LFI visant à élargir le champ d’application de l’impôt minimum de 15% sur les bénéfices des multinationales. C’est “une autoroute vers le contentieux”, qui fragiliserait les efforts coordonnés avec l’OCDE pour lutter contre l’évasion fiscale, a fustigé dans l’hémicycle le ministre de la Fonction publique, David Amiel.”On assume à 100%” ce vote, a martelé le député RN Jean-Philippe Tanguy.Dans la foulée, le gouvernement a essuyé deux nouveaux revers: le RN a réussi à faire adopter de justesse un amendement pour alourdir la taxation sur les rachats d’actions, afin de lutter contre la spéculation. Les députés de gauche se sont pour la plupart abstenus. Puis c’est la France Insoumise qui a réussi à faire adopter, lors d’un vote très serré, un amendement instaurant une taxe exceptionnelle sur les superdividendes.Ces derniers votes ne devraient pas faciliter la tâche de Sébastien Lecornu.Mercredi matin, le président de LR Bruno Retailleau avait dénoncé une “folie fiscale”, et “le coût de la stabilité politique exorbitant”. Le chef des députés MoDem Marc Fesneau estime aussi que le texte “devient totalement invotable”.- Amendement de compromis ? -A l’issue du Conseil des ministres, la porte-parole du gouvernement, Maud Bregeon, avait relativisé les votes de la veille, rappelant qu’on n’est “qu’au tout début du processus parlementaire”.M. Retailleau pense d’ailleurs que la première partie du budget sur les recettes “sera refusée par l’Assemblée” et donc que ce sera le Sénat “qui devra reprendre la copie”.Sous couvert d’anonymat, plusieurs cadres de la coalition gouvernementale disent s’attendre à ce qu’il n’y ait “pas de budget” et que le gouvernement doive se contenter d’une “loi spéciale”, qui lui permet de reconduire en 2026 les impôts et dépenses de 2025.Autre option: l’adoption d’un budget par ordonnances, comme l’autorise la Constitution si les délais d’examen du texte sont dépassés, et comme s’en inquiète le RN.Les groupes politiques ont accepté de retirer une partie de leurs amendements afin d’accélérer les débats.La fiscalité va continuer d’alimenter les tensions dès la reprise vendredi matin. Du fait de l’opposition résolue du bloc central, de la droite et du RN, la taxe Zucman n’a guère de chance d’être votée, que ce soit dans sa forme initiale (un impôt minimum de 2% sur les patrimoines de plus de 100 millions d’euros) ou modifiée (3% à partir de 10 millions d’euros, mais en excluant les entreprises innovantes et familiales).Un amendement de compromis pourrait donc être encore présenté par le gouvernement au moment des débats. “Il y a encore du travail”, a reconnu Mme Bregeon.parl-far-sl-cma/lpa

“La police tue”: Nuñez porte plainte contre quatre députés LFI

Le ministre de l’Intérieur Laurent Nuñez a porté plainte pour diffamation contre quatre députés LFI, dont Manon Aubry et Aurélien Taché, pour leur mise en cause de la police à l’occasion des 20 ans de la mort de Zyed et Bouna à Clichy-sous-Bois, a indiqué mercredi le ministère.Cette plainte vise Manon Aubry, Paul Vannier, Aurélien Taché et Ersilia Soudais, a-t-on précisé.Le 27 octobre 2005, après avoir été poursuivis par la police, Bouna Traoré, 15 ans, et Zyed Benna, 17 ans, sont morts électrocutés dans un site EDF où ils avaient trouvé refuge. Leur décès a provoqué une vague d’émeutes dans tout le pays pendant trois semaines.”Il y a 20 ans, Zyed Benna et Bouna Traoré ont été tués lors d’un contrôle policier. Depuis rien n’a changé. Le racisme et la violence continuent de ronger la police et de causer des morts. Cessons de fermer les yeux et stoppons l’impunité, pour la justice et la paix”, a écrit lundi sur X Manon Aubry.”Depuis la mort de Zyed et Bouna, 162 personnes ont perdu la vie lors de contrôles de police. 20 ans après, les histoires se répètent: la police tue toujours, et les victimes sont les mêmes”, a posté sur le même réseau social Aurélien Taché.”Je condamne totalement (…) ces propos”, a réagi mercredi soir sur le plateau de C à vous sur France 5 Laurent Nuñez. “On laisse à penser que de manière systémique dans la police, il y a finalement cette volonté de tuer, de s’en prendre à des jeunes, plutôt issus de la diversité”, a-t-il dénoncé, reprochant aux députés LFI d’employer les expressions de “police coloniale”, et de “police qui tue”.Après la mort des deux adolescents, “qui est évidemment un drame”, “la justice a été saisie et n’a pas condamné les policiers parce que l’action était proportionnée, parce que c’était dans le cadre de leur action normale”, a-t-il commenté.Les deux policiers, poursuivis pour non-assistance à personne en danger après le drame, ont été relaxés en 2015.

Nouvelle-Calédonie: le Parlement acte le report des élections, avant de rouvrir le sensible dossier institutionnel

Le Parlement a définitivement approuvé mercredi le report des élections provinciales en Nouvelle-Calédonie, une première étape avant la relance des débats sur une réforme institutionnelle d’ampleur, très sensible dans un archipel meurtri par de graves violences au printemps 2024.La proposition de loi organique, adoptée de justesse mardi à l’Assemblée et plus largement mercredi au Sénat, reporte les élections provinciales, cruciales localement car elles déterminent la composition du Congrès de Nouvelle-Calédonie.Ce vote arrive in extremis: seule une promulgation du texte dans les tout prochains jours permettra de reporter au 28 juin 2026 “au plus tard” ce scrutin provincial qui devait initialement se tenir en novembre.La ministre des Outre-mer Naïma Moutchou a salué ce vote. “C’est une étape pour donner du temps, du sens et une direction claire au dialogue”, a-t-elle indiqué.Car derrière ces questions d’agenda se joue surtout le sort du fragile accord de Bougival sur l’avenir institutionnel de l’archipel du Pacifique, signé en juillet.Il prévoit notamment la création d’un “État de la Nouvelle-Calédonie” inscrit dans la Constitution, et intègre aussi la question ultrasensible du “dégel” du corps électoral de ces élections provinciales.Actuellement, seuls certains habitants peuvent voter, notamment ceux établis sur le territoire avant 1998 et leurs descendants, ce qui ulcère le camp loyaliste. C’est en partie au nom de ce “dégel” que les partisans du texte prônent le report des élections provinciales.La loi sur le report des élections pourrait donc être une première étape vers l’adoption d’une autre loi, constitutionnelle cette fois-ci, qui permettrait de transcrire l’accord de Bougival.Celui-ci aborde aussi l’économie, prévoyant notamment un “plan stratégique” pour le nickel, ressource-clé du territoire, avec la relance d’une activité de transformation du nickel dans la province Nord, majoritairement peuplée d’autochtones kanaks, où l’usine de nickel a fermé l’an passé, mettant 1.300 salariés au chômage.- Quel avenir pour Bougival ? -Mais le Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS), principale coalition indépendantiste en Nouvelle-Calédonie, a finalement rejeté l’accord de Bougival après sa signature et s’oppose désormais à ce report.Une manifestation du FLNKS est d’ailleurs prévue vendredi à Nouméa.Pour les opposants à la réforme institutionnelle, le report des élections est le signe que le gouvernement souhaite avancer au pas de course sur la réforme constitutionnelle.”Chaque fois que nous avons voulu décider depuis Paris, sans consensus, nous avons ravivé les tensions”, a lancé mercredi Robert Xowie, sénateur indépendantiste de Nouvelle-CalédonieLa veille, c’est Mathilde Panot, cheffe du groupe LFI à l’Assemblée, qui avait accusé le gouvernement de vouloir “imposer” Bougival.”Aujourd’hui, la confiance en l’État est clairement entamée”, a prévenu le député indépendantiste de Nouvelle-Calédonie Emmanuel Tjibaou.Nombreux sont les parlementaires qui craignent un “passage en force” gouvernemental, susceptible d’entraîner un nouvel épisode de violences sur l’archipel, comme au printemps 2024, qui ont causé la mort de 14 personnes.En inscrivant le projet de loi constitutionnelle à l’agenda du Parlement dès le mois de janvier mardi matin, avant de se raviser quelques heures plus tard, le gouvernement a lui-même suscité une certaine confusion.Naïma Moutchou, attendue samedi sur le Caillou pour un déplacement ministériel, a prôné “l’apaisement” devant les sénateurs.Elle a reconnu que l’accord de Bougival méritait “certainement d’être éclairé, précisé”. Mais “nous ne pouvons pas faire comme si l’accord n’était pas soutenu par toutes les autres forces politiques locales” à l’exception du FLNKS, a-t-elle souligné.”Bougival n’est pas une fin en soi, mais une base solide de négociations pour trouver le consensus souhaité par une grande majorité des Calédoniens”, a appuyé la sénatrice Agnès Canayer, issue du groupe Les Républicains. “Les discussions ne pourront pas et ne devront pas se faire sans le FLNKS”, a alerté la sénatrice socialiste Corinne Narassiguin.Au Parlement, le soutien des socialistes a été décisif pour l’adoption de ce texte, qui s’est joué à une quinzaine de voix à l’Assemblée nationale. Le bloc central et la droite ont voté pour, tandis que le reste de la gauche et le Rassemblement national ont voté contre.

Les économies sur les allocations familiales financeront le nouveau congé de naissance

Le rabot prévu sur les allocations familiales – soit le décalage de 14 à 18 ans de la majoration des allocations – permettra de financer le nouveau “congé de naissance” inscrit dans le projet de budget de la Sécu, a indiqué mercredi la ministre de la Santé.Ce “congé de naissance supplémentaire” de deux mois par parent, rémunéré à 70% du salaire net le premier mois et 60% le deuxième mois, est une mesure “autofinancée, dans le cadre du sérieux budgétaire qui a été proposé” dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2026, a indiqué la ministre de la Santé Stéphanie Rist, interrogée par la commission des Affaires sociales du Sénat dans le cadre de l’examen des textes budgétaires.Cette mesure n’induit pas de déficit supplémentaire pour la Sécu, car elle sera financée par le décalage de la majoration des allocations familiales des 14 ans aux 18 ans de l’enfant (toujours versées à partir du 2e enfant, ndlr), a-t-elle dit.Selon le journal Le Parisien, ce décalage de la majoration permet à la branche famille d’économiser 200 millions d’euros.Ce décalage intervient “en raison d’études, notamment de la Drees (Direction statistique des ministères sociaux), mais pas que, qui montrent que le coût d’un enfant est vraiment sensiblement plus important quand il arrive à 18 ans plutôt qu’à 14 ans. Ce qui n’était pas vrai il y a des années” a encore justifié Stéphanie Rist, estimant que l’aide arrivera ainsi au moment où elle est “la plus efficace”.S’agissant de la nouvelle taxe exceptionnelle sur les complémentaires santé, initialement prévue à 2,05% et pourrait grimper à 2,25% – soit 1,1 milliard d’euros – pour financer la suspension de la réforme des retraites, la ministre a invoqué la nécessité d’un “effort partagé” entre tous les acteurs de la Sécurité sociale.Elle annoncé le lancement d’une mission “avec deux personnalités qualifiées dans les jours qui viennent” pour travailler sur les liens entre Assurance maladie et complémentaire santé “pour faire évoluer notre modèle de financement”.Mme Rist a également défendu fermement le doublement des franchises médicales payées par les patients, qu’elle préfère appeler “forfaits de responsabilité”.”Ce n’est pas de la culpabilisation, ce n’est pas de la stigmatisation”, a-t-elle indiqué, mais il y a “15.000, 16.000 personnes qui voient 25 médecins généralistes dans l’année”, a-t-elle indiqué.Par ailleurs, “18 millions de nos concitoyens (ndlr les mineurs, les femmes enceintes, les bénéficiaires de la complémentaire solidaire) ne paient pas ces franchises” et ne seront pas donc pas concernés, a-t-elle indiqué. Mme Rist a enfin précisé que les “efforts collectifs” faits dans le budget de la Sécu allaient notamment permettre de financer les maisons France Santé annoncées par Sébastien Lecornu à son arrivée à Matignon, et dont les missions sont encore très floues. “Dans les prochains jours, le Premier ministre va avoir l’occasion de préciser sa vision” sur ces maisons “qui seront un vrai levier d’accès aux soins”, a-t-elle dit.   

Marine Le Pen n’exclut pas une abstention du RN sur le budget de la Sécu

Le Rassemblement national pourrait s’abstenir sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), a indiqué mercredi Marine Le Pen, qui penche en revanche fortement pour un rejet du budget de l’Etat, en cours d’examen à l’Assemblée.”Sur le PLFSS, ça dépendra de ce que nous obtenons, entre l’abstention et le vote contre”, a déclaré la cheffe des députés RN lors d’un échange avec l’Association des journalistes parlementaires (AJP).Le budget de la Sécurité sociale, qui arrivera la semaine prochaine dans l’hémicycle, doit notamment acter la suspension de la réforme des retraites, clé de voûte d’un accord entre le gouvernement de Sébastien Lecornu et le Parti socialiste.A l’inverse, le RN devrait rejeter le projet de loi de finances de l’Etat, a fait savoir Mme Le Pen. “Je ne vois pas bien comment on pourrait s’abstenir, parce que les choix qui sont faits (…) ne correspondent pas à la vision que nous avons exprimée”, a-t-elle expliqué, prenant pour exemple sa demande de réduire la contribution de la France à l’Union européenne.La patronne du parti à la flamme a cependant pointé le “rythme très lent” des débats entamés vendredi, et exprimé sa “grande inquiétude qu’on ne puisse pas arriver au vote” dans les délais prévus par la Constitution.”On part tout droit vers les ordonnances”, c’est-à-dire un budget appliqué sans vote, qui serait “pire que tout”, a-t-elle insisté, réitérant sa volonté de “censurer le gouvernement” pour provoquer une dissolution.Mais le RN n’entend “pas susciter une motion de censure” alors que le PS, dont les voix sont décisives, “est en plein voyage de noces” avec l’exécutif. “On va attendre qu’ils reviennent de la croisière, qu’ils se soient bien engueulés pendant quinze jours, et à ce moment-là on verra s’ils sont revenus à la sagesse”, a-t-elle ajouté.

Fraude bancaire: le Parlement entérine la création d’un fichier centralisé des “IBAN” frauduleux

Le Parlement a entériné mercredi la création d’un fichier national des numéros de compte bancaire frauduleux, principale mesure d’une proposition de loi macroniste.Le texte du député Renaissance Daniel Labaronne, déjà adopté fin mars à l’Assemblée nationale, a été approuvé à l’identique par le Sénat, permettant d’envisager sa promulgation rapide.Il prévoit la création de ce fichier des “IBAN” frauduleux, baptisé fichier national des comptes signalés pour risque de fraude (FNC-RF). Géré par la Banque de France, il constituera un outil de de partage d’information pour lutter contre la fraude.Ce registre “permettra de bloquer plus vite les virements suspects et de renforcer la coopération entre acteurs publics et privés”, a salué la ministre déléguée au Numérique Anne Le Hénanff.En 2023, la fraude aux moyens de paiement a engendré un préjudice estimé à 1,2 milliard d’euros par l’Observatoire de la sécurité des moyens de paiement (OSMP).La proposition de loi “visant à renforcer la lutte contre la fraude bancaire” prévoit également de lutter plus efficacement contre ces dernières, en confortant le cadre juridique du Fichier national des chèques irréguliers (FNCI), et en prévoyant que les banquiers puissent comme les commerçants accéder à ce fichier lorsqu’un client veut encaisser un chèque.L’adoption de ce texte s’inscrit dans une période où le Sénat est saisi de plusieurs initiatives sur la fraude: un projet de loi gouvernemental contre les fraudes sociales et fiscales sera examiné à partir du 12 novembre en première lecture. Et dès le 5 novembre, un texte de la sénatrice centriste Nathalie Goulet portant plusieurs mesures de lutte contre le blanchiment et la délinquance financière, fruit d’une commission d’enquête parlementaire, sera également débattu.

Jean Castex, un ex-Premier ministre qui accumule les casquettes dans le transport

Homme de terrain rompu au dialogue social et aux échanges avec les élus, l’ex-Premier ministre Jean Castex coche plusieurs cases pour diriger la SNCF, dont il rêvait de prendre les commandes.S’il n’est pas cheminot comme son prédécesseur Jean-Pierre Farandou, parti piloter le ministère du Travail, ce passionné de train peut au moins se targuer d’avoir fait la Une de “La vie du rail”, l’hebdomadaire spécialisé dans le ferroviaire, en juin 2021, lorsqu’il a soutenu et financé la relance des trains de nuit.En trois ans à la tête de la RATP (Régie autonome des transports parisiens), où il avait été reconduit il y a un an, il a rempli la mission principale pour laquelle il avait été nommé: garantir des transports de qualité en Ile-de-France pendant les Jeux olympiques.La partie n’était pas gagnée à son arrivée en novembre 2022, avec un service très dégradé en raison d’une pénurie de personnel liée notamment à la “grande démission” de la période post-covid, d’un absentéisme endémique et de grèves sporadiques pour dénoncer l’ouverture à la concurrence du réseau de bus.Avec l’aide d’un “sac à dos social” négocié par la branche des transports et d’une relance de l’habitat social au profit des salariés de la RATP, Jean Castex arrache des accords sociaux, octroie des hausses de salaires et lance des plans de recrutement qui ont remis l’entreprise sur les rails.Sa plus grande fierté, a-t-il confié à l’AFP début octobre, repose sur les “450.000 CV reçus à la RATP” depuis son arrivée.- Accent du sud-ouest -L’ancien maire de Prades (Pyrénées-Orientales) né dans le Gers, qui a conservé un léger accent du sud-ouest, compte user à la SNCF de la même méthode qu’à la RATP et à Matignon, avec des sorties sur le terrain quasiment quotidiennes.Les syndicats l’apprécient – FO réclamera même qu’il soit reconduit à son poste à la RATP. Les résultats financiers, peu flamboyants durant son premier mandat, sont en amélioration.Sous sa présidence, la RATP a affiché des pertes sur ses activités transport en 2023 et 2024, en partie à cause du choc inflationniste qui a suivi l’invasion de l’Ukraine par la Russie et un bond de 400 millions d’euros de la facture énergétique. Au premier semestre 2025, le groupe est revenu dans le vert, avec un bénéfice de 153 millions d’euros.L’ouverture à la concurrence du réseau de bus de Paris et de sa petite couronne a également été une “révolution” pour la régie, selon son propre aveu: la RATP a perdu l’exploitation de dizaines de lignes au profit de ses concurrents Keolis, Transdev ou ATM.Mais au final, elle est parvenue à remporter huit des 12 lots mis en concurrence, soit 70% du chiffre d’affaires et 75% du personnel. “Ce bilan est au-delà des objectifs que j’avais initialement fixés”, s’est félicité M. Castex dans Le Monde mercredi.Petit-fils de sénateur, formé à l’ENA, passé par la Cour des comptes, Jean Castex est aussi rompu aux rouages de l’Etat et aux négociations techniques: ancien directeur de cabinet de Xavier Bertrand aux ministères de la Santé et du Travail, secrétaire général adjoint de l’Elysée sous Nicolas Sarkozy, puis délégué interministériel aux JO-2024.- Popularité -Le grand public le découvre le 3 juillet 2020, lors de sa nomination surprise à Matignon, où sa mise quelque peu désuète deviendra familière des Français.Il est l’homme qui organise le premier déconfinement, les couvre-feux successifs qui suivent le rythme des vagues de l’épidémie, mais aussi “le quoi qu’il en coûte” pendant une période de crise où la priorité est la protection des Français.Après Matignon, Jean Castex renonce aux avantages des anciens Premier ministres (chauffeur, protection rapprochée, collaborateur), ce qui contribue à sa popularité.Avant d’arriver à la SNCF, il a proposé de se “déporter” systématiquement de la préparation des appels d’offre à la concurrence sur lesquels la RATP serait aussi en compétition, pour éviter les conflits d’intérêt avec son ancienne mission.Ce fin connaisseur des petites lignes ferroviaires qui a répété son attachement à l’aménagement du territoire lors de ses auditions de pré-nomination, sera immédiatement confronté au dur de la modernisation du réseau ferré français vieillissant, sur fonds de disette budgétaire, et surtout au développement de la grande vitesse et la concurrence internationale.Il est marié et père de quatre filles.