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Ukraine: devant l’Assemblée, Bayrou dénonce la “brutalité” de Trump et loue “l’honneur” de Zelensky

François Bayrou a dénoncé lundi la “brutalité” de Donald Trump face à Volodymyr Zelensky, lors d’un débat à l’Assemblée nationale sur l’Ukraine et la sécurité en Europe, pour laquelle la France doit, selon lui, jouer “un rôle central”.Revenant sur l’altercation dans le Bureau ovale de la Maison Blanche, le Premier ministre a évoqué “une scène sidérante, marquée de brutalité, de volonté d’humiliation” du président ukrainien. Lequel “n’a pas plié” et dont “l’honneur” mérite “reconnaissance”, a-t-il ajouté, applaudi par les députés.Depuis l’invasion russe de 2022, “nous avons basculé dans un autre monde”. Et avec le revirement américain, “c’est à nous, Européens, de garantir la sécurité et la défense de l’Europe”, a-t-il lancé.Car sur le Vieux continent, “nous sommes forts et nous ne le savons pas. Et nous nous comportons comme si nous étions faibles”, a ajouté le chef du gouvernement.”La France peut jouer dans l’édification de ce nouveau monde, de ce nouvel équilibre, un rôle central, mais elle ne le fera que si elle recouvre sa confiance et son unité”, a conclu François Bayrou.Annoncés mi-février, ces débats — sans vote — prennent une nouvelle dimension après l’altercation de vendredi dans le Bureau ovale, et le sommet de leaders européens dimanche à Londres.- “Instinct capitulard” -L’ambassadeur d’Ukraine en France a assisté aux débats depuis les tribunes, de même que l’eurodéputé (Place Publique) Raphaël Glucksmann.Parmi les oratrices des groupes, Marine Le Pen (Rassemblement national), si elle a salué l'”héroïsme” de la résistance ukrainienne face à “l’indéfendable agression russe”, a également évoqué “l’intransigeance occidentale vis-à-vis de la Russie”.”Nous ne pourrons jamais soutenir une chimérique défense européenne”, pas plus que “l’envoi de troupes française combattantes sur le sol ukrainien”, “une folie”, a-t-elle par ailleurs réaffirmé, également opposée au “partage” de la dissuasion nucléaire française avec les Européens.”Personne n’a jamais dit qu’on partagerait, personne. Le mot partager n’a jamais été prononcé”, lui a répondu le ministre des Armées Sébastien Lecornu.L’ancien Premier ministre Gabriel Attal (Renaissance) a, lui, dénoncé “l’instinct capitulard” du RN.Il a par ailleurs demandé l’accélération du processus d’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne” et appelé la France à “reconsidérer (sa) position” sur “les avoir russes gelés”.Deux options que le chef de la diplomatie Jean-Noël Barrot a écartées. La confiscation représenterait un “risque financier trop important” et il n’y a “pas de raccourci possible” pour rejoindre l’UE, a-t-il argué.Le président du groupe socialiste Boris Vallaud a, lui, prôné “un grand emprunt commun de 500 milliards” d’euros en Europe, avec des règles budgétaires “revues”, et demandé en France que la loi de programmation militaire soit “actualisée”.- Plan franco-britannique -Dimanche à Londres, le Premier ministre britannique Keir Starmer a indiqué que le Royaume-Uni et la France travaillaient avec l’Ukraine sur un plan pour “cesser les combats”.Dans Le Figaro, Emmanuel Macron a évoqué une trêve “dans les airs, sur les mers et les infrastructures énergétiques”. A ce stade, ce n’est qu’une “option”, a cependant relativisé Londres lundi matin.Le président français a par ailleurs estimé que l’Union européenne doit mobiliser “200 milliards d’euros dans un premier temps” pour financer l’effort militaire, et que ses 27 membres doivent porter leur effort de défense autour de 3% à 3,5% de leur produit intérieur brut (PIB) contre 2% aujourd’hui.Cette montée en puissance sera à l’ordre du jour d’un sommet jeudi à Bruxelles. – Désaccords sur la table -Une fois n’est pas coutume, le chef de l’Etat peut compter sur l’appui du Parti socialiste, dont le leader Olivier Faure a dit lundi “se retrouver parfaitement” dans ce qu’il propose.A droite, le chef des députés LR Laurent Wauquiez a jugé dimanche “indispensable de parler” avec Vladimir Poutine pour “restaurer la paix”.Un rare point commun avec le numéro un du Parti communiste Fabien Roussel, qui ne veut “pas laisser Trump et Poutine discuter ensemble” et “sceller un accord sur le dos des Européens”.La France insoumise avait dénoncé, par la voix de son leader Jean-Luc Mélenchon, la “servilité atlantiste” des dirigeants européens qui ont “diabolisé Poutine”. “Nous voici dans une situation de dépendance à l’égard des Etats-Unis qui est critique, et nous n’en sortirons pas sans une volonté ferme et un plan clair”, a renchéri lundi le député LFI Aurélien Saintoul.

Aurore Bergé veut remplacer le congé parental par un “congé de naissance”

Plus court mais mieux rémunéré: la ministre chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes Aurore Bergé veut “avancer” sur le “congé de naissance” afin de remplacer dès l’année prochaine l’actuel congé parental, a-t-elle indiqué lundi à l’AFP.Annoncée l’an dernier par le président Emmanuel Macron, la mise en place du congé de naissance avait été suspendue à la suite de la dissolution de l’Assemblée nationale. “Je souhaite évidemment qu’on avance”, “nous allons continuer à travailler de manière, j’espère, à ce qu’il soit effectif l’année prochaine”, a indiqué la ministre, à l’approche du 8 mars, journée internationale des droits des femmes.Ce congé de “quatre mois par parent”, à prendre après le congé maternité ou paternité si souhaité, bénéficierait d’une “bien meilleure indemnisation” que le congé parental actuel, qui permet de toucher environ 400 euros mensuels.Ce nouveau congé permettrait “d’éviter que la parentalité ne pèse que sur les femmes”, qui sont bien plus nombreuses que les hommes à prendre un congé parental, a souligné Aurore Bergé. Le projet doit faire l’objet de discussions avec les partenaires sociaux, avant de pouvoir éventuellement être intégré au prochain Projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS).Pour favoriser l’égalité économique au sein des couples, à partir de septembre, le gouvernement va “appliquer par défaut un taux individualisé pour le calcul de l’impôt sur le revenu”, a également indiqué Aurore Bergé. A l’heure actuelle, un taux moyen est appliqué automatiquement, ce qui est désavantageux pour celui — ou le plus souvent celle — qui gagne moins.Autres chantiers prioritaires du gouvernement: la santé des femmes et la lutte contre les violences.”La première cause de mortalité féminine, ce sont les maladies cardiovasculaires”, rappelle Aurore Bergé, qui souhaite lancer cette année “une campagne de sensibilisation, notamment vers les professionnels de santé”. Le gouvernement travaille aussi sur un projet de “bus itinérants”, dédiés à la prévention de maladies gynécologiques et cardiovasculaires, pour les zones où manquent les professionnels de santé.En matière de lutte contre les violences, le gouvernement poursuit notamment le déploiement des téléphones grave danger, qui permettent en cas de besoin d’alerter les forces de l’ordre via une touche spéciale: “près de 6.500” sont actuellement déployés. 

Défense européenne, dissuasion… Faure “se retrouve parfaitement” avec Macron

Le leader du Parti socialiste Olivier Faure “se retrouve parfaitement” avec ce que propose Emmanuel Macron sur la défense européenne et la dissuasion face à la nouvelle donne créée en Europe par la politique de Donald Trump.”Je me retrouve parfaitement dans ce qui a été énoncé par le chef de l’État. Ce n’est pas parce que je suis dans l’opposition que je suis pavlovien. Quand je suis en accord, je le dis aussi”, a déclaré lundi M. Faure sur Franceinfo.M. Faure, qui se rendra à Bruxelles jeudi pour rencontrer les responsables socialistes européens qui se réunissent en amont du sommet consacré à la défense, défendra “une position claire”: “faire bloc avec les Ukrainiens et, à moyen terme, s’engager dans une défense européenne dans laquelle les Français doivent prendre toute leur part, y compris en reposant la question du parapluie nucléaire”.Emmanuel Macron a proposé d’ouvrir un dialogue avec d’autres pays européens sur la dissuasion nucléaire française et veut également une montée en puissance de la défense européenne avec une hausse des dépenses militaires.”Il faut aller sur ce terrain là, il faut répondre à l’appel de (Friedrich) Merz, le futur chancelier allemand. Il y a quelque chose qui peut permettre d’avancer là où les Européens jusqu’ici, ont bloqué”, a ajouté M. Faure.Devant le spectaculaire rapprochement des Etats-Unis de Donald Trump avec la Russie, Friedrich Merz a jugé nécessaire que l’Europe se prépare “au pire scénario” d’une Otan dépourvue de la garantie de sécurité américaine, y compris nucléaire.”Quand on dit qu’il faut que le parapluie ait d’autres frontières que les nôtres, ça ne veut pas dire que la décision ne resterait pas dans les mains du seul président français. Parce que, dans ces moments là, il faut pouvoir réagir seul et vite”, a souligné M. Faure.Mais “il faut aussi obtenir que les dépenses de défense que nous faisons pour nous mêmes mais aussi pour l’ensemble du continent européen puissent être sorties” de la règle européenne limitant le déficit budgétaire à 3% du PIB.Pour financer cet effort, M. Faure suggère de puiser dans les avoirs russes gelés alors que pour l’instant l’UE se contente de récupérer les intérêts générés par ces avoirs.

Ukraine, défense: le RN vivement critiqué par Macron et la gauche

Le Rassemblement national, qui a réaffirmé lundi son hostilité à une défense européenne et au “partage” de la dissuasion nucléaire, est sous le feu des critiques des socialistes et d’Emmanuel Macron, qui accuse Marine Le Pen d'”amateurisme”.”Ces sujets ne souffrent pas d’amateurisme”, a lancé le chef de l’Etat dans un entretien au Figaro, à l’adresse de la cheffe de file de l’extrême droite. Elle avait vivement réagi à sa proposition d'”ouvrir la discussion” sur une dissuasion nucléaire à l’échelle européenne, après l’affrontement verbal entre Volodymyr Zelensky et Donald Trump vendredi à Washington, qui a renforcé les doutes sur l’engagement de Washington sur le Vieux continent. “Mme Le Pen n’est pas sérieuse. Sinon, elle ou M. Bardella seraient venus à la réunion au format Saint-Denis que j’ai faite la semaine dernière avec les partis. L’un était à Washington pour découvrir que M. Steve Bannon (ex-conseiller de M. Trump, NDLR) faisait des saluts nazis. Quant à Mme Le Pen, je comprends qu’elle était en vacances…”, a-t-il ajouté.”Partager le bouton nucléaire avec des Etats européens” relèverait d’une “trahison nationale”, a appuyé lundi sur RTL le président du RN Jordan Bardella.”Je pense qu’il faut que la France retrouve la voie d’une diplomatie libre, indépendante et qu’elle retrouve surtout des capacités de défense”, a-t-il appuyé.Le gouvernement a insisté de son côté, pendant le week-end, sur le fait que la décision d’usage du feu nucléaire resterait exclusivement celle du président français, même si un dialogue était engagé avec d’autres Européens.De son côté, l’ex-président François Hollande a aussi attaqué Marine Le Pen sur son positionnement, à la fois sur Donald Trump et Vladimir Poutine.”Marine Le Pen (…) est à la fois liée à Donald Trump et liée à Vladimir Poutine. Donc je comprends qu’elle soit assez satisfaite de ce qui se passe aujourd’hui”, a-t-il commenté sur France Inter.”Ce sont ses deux parrains et ses deux références qui se trouvent aujourd’hui en train de discuter ensemble”, a-t-il poursuivi, appelant “à une prise de conscience politique qui doit nous permettre, en 2027, d’écarter” Marine Le Pen, “l’amie des deux partenaires qui sont prêts à dépecer l’Ukraine”.Le premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure s’est interrogé sur la perception qu’a eue Marine Le Pen de l’altercation entre les présidents américain et ukrainien dans le Bureau ovale.”Personne n’a trouvé ça normal à part Marine Le Pen. Je suis désolé de constater qu’elle est la seule à avoir cette vision là des choses”, a-t-il dit sur franceinfo.”Que des dirigeants de nations puissent se parler avec passion, qu’il puisse y avoir des frictions, qu’il puisse y avoir des mots durs, après tout, c’est assez normal”, avait estimé Marine Le Pen samedi.

Finances publiques: le gouvernement met en place un “comité d’alerte” pour éviter les dérapages

Le gouvernement a annoncé lundi un “plan d’action” pour améliorer le pilotage des finances publiques, notamment la création d’un “comité d’alerte” qui associera le Parlement pour éviter un nouveau dérapage du déficit public.”C’est un vrai tournant (…) dans le pilotage de nos finances publiques, qui se fera dans la transparence et le dialogue”, a déclaré le ministre de l’Economie, Eric Lombard, lors d’une conférence de presse. “C’est d’autant plus important que nous sommes entrés dans une période nouvelle de l’histoire du monde, avec la montée des tensions internationales qui sont telles que l’Union européenne va devoir retrouver une autonomie stratégique accrue”, laquelle nécessitera de s’assurer “des marges de manoeuvre budgétaires”, a-t-il ajouté. Ce plan d’action fait suite à d’importants dérapages du déficit public en 2023 et 2024, attribués notamment à des recettes inférieures aux prévisions, alors que la France fait figure de mauvais élève de la zone euro en raison de la forte détérioration de ses finances publiques. Celle-ci lui a valu vendredi un avertissement de l’agence de notation S&P.  Pour tenir l’objectif d’un déficit à 5,4% du PIB pour 2025, après 6% environ l’an dernier, le gouvernement souhaite renforcer le dialogue avec le Parlement sur le suivi de l’exécution du budget.Il s’agit de prolonger les consultations des groupes politiques du Parlement qui avaient été menées dans le cadre de la difficile élaboration du budget 2025 après la censure du gouvernement Barnier en décembre. Ainsi, un “comité d’alerte” réunira, autour des ministres de Bercy, les rapporteurs, notamment les parlementaires des commissions des finances et des affaires sociales, des représentants de la Sécurité sociale et le premier président de la Cour des comptes, Pierre Moscovici. Cette structure, qui se réunira trois fois par an, se penchera à la fois sur les comptes de l’Etat, de la Sécurité sociale et des opérateurs de l’Etat.Le deuxième axe du plan prévoit une “transparence” renforcée, avec une saisie systématique du Haut conseil des finances publiques et la création d’un “cercle des prévisionnistes” qui examinera la pertinence des hypothèses de prévisions macroéconomiques. Sera déployée aussi une “conversation” avec les Français à travers le pays, dont les modalités restent à préciser. “Nous voulons ouvrir la boîte noire de Bercy pour (…) conforter les conditions du compromis politique”, a indiqué la ministre Amélie de Montchalin, chargée des Comptes publics. Un dernier volet consistera à “améliorer” les outils et méthodes de prévisions, notamment concernant la prévisibilité de l’impôt sur les sociétés et des dépenses des collectivités locales.  

8-Mars : le gouvernement accusé d’avoir “enterré” l’égalité femmes-hommes

Budgets “insuffisants”, mesures annoncées qui “tardent”: la promesse d’Emmanuel Macron d’une plus grande égalité femmes-hommes a été “enterrée”, estime l’ONG Oxfam France lundi, à quelques jours de la journée internationale des droits des femmes. “Les travailleuses françaises gagnent toujours 23,5% de moins que leurs homologues hommes” dans le secteur privé et “la France a été classée 48e pays du monde en matière d’égalité dans le secteur économique par le Forum économique mondial en 2024”, souligne l’organisation dans un communiqué.Les mesures annoncées – “congés de naissance partagés équitablement”, service public de la petite enfance, réforme de l’index de l’égalité professionnelle – “tardent à se concrétiser”, s’alarme-t-elle. Or “un réel service public de la petite enfance est un impératif pour réduire les inégalités femmes-hommes quand on sait que ce sont les femmes qui continuent de sacrifier leur carrière professionnelle à l’arrivée des enfants”, souligne Sandra Lhote Fernandes, responsable de la campagne justice de genre au sein de l’ONG.Cette dernière exhorte également l’exécutif à mettre en place une “loi cadre intégrale contre les violences sexuelles”, une demande formulée en novembre par une coalition d’associations féministes et écartée par le gouvernement Barnier de l’époque. Face aux critiques, Emmanuel Macron, qui a fait de la lutte pour l’égalité femmes-hommes et contre les violences faites aux femmes “une grande cause nationale”, s’est à plusieurs reprises défendu de toute inaction, estimant être “inattaquable” sur ces questions.L’exécutif met notamment en avant un soutien financier accru à la ligne d’écoute associative 3919 destinée aux femmes victimes de violence, le déploiement des téléphones “grave danger” et des bracelets anti-rapprochement, ou encore l’indice de l’égalité professionnelle.  La ministre chargée de l’Égalité femmes-hommes Aurore Bergé a fait valoir de son côté début février un budget en hausse de 20% pour 2025, avec des crédits s’élevant à 94 millions d’euros pour affronter ce problème. “Le budget du ministère des droits des femmes pour 2025 c’est à peine la moitié de ce qu’a coûté l’organisation des législatives anticipées de juin dernier”, fustige Oxfam France, qui déplore un budget “aveugle aux inégalités de genre”.L’ONG propose la mise en place de 15 mesures “d’urgence”, parmi lesquelles l’introduction d'”éga-conditionnalités” dans la commande publique, la revalorisation des secteurs les plus féminisés, le renforcement de l’index Egapro ou encore la mise en place effective d’un “congé d’au moins 6 mois partagé entre les deux parents”. 

La France va présenter à l’Algérie une liste de “plusieurs centaines de personnes” aux profils “dangereux”, déclare Retailleau

Dans une stratégie de “riposte graduée” à l’encontre de l’Algérie, la France prépare une liste de “plusieurs centaines” de ressortissants algériens aux “profils dangereux”, qu’elle souhaite renvoyer en Algérie, a déclaré lundi le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau.En pleine crise entre Paris et Alger, “nous sommes en train d’établir une liste de plusieurs centaines de personnes qui ont des profils dangereux”, “bien sûr, ils n’ont pas tous la même dangerosité”, et “ces gens-là, dont il est établi qu’ils sont des ressortissants algériens, nous allons les présenter aux Algériens” pour leur demander de les reprendre, a-t-il indiqué sur RMC/BFMTV.Ces individus présentent un danger “parce qu’ils ont commis des troubles à l’ordre public ou parce qu’ils figurent dans notre fichier des radicalisés pour terrorisme”, a précisé Bruno Retailleau.Et la réaction de l’Algérie à cette demande, “ce sera l’épreuve de vérité”, a-t-il jugé.”Ma mission”, a plaidé le ministre, “elle est de protéger les Français et je ne veux pas que ce qui s’est produit à Mulhouse se reproduise demain (…) A Mulhouse, un terroriste a tué un homme qui était un ressortissant portugais. Il aurait dû être en Algérie. Nous l’avions présenté à de multiples reprises aux Algériens qui l’avaient refusé”, a-t-il poursuivi.”Ce que je souhaite, c’est que l’Algérie, encore une fois pour garantir la sécurité des Français, reprenne ses ressortissants, conformément au droit international”, a souligné celui qui est aussi candidat à la présidence de LR.Car, a-t-il martelé, “l’Algérie ne respecte pas, de manière unilatérale, les accords internationaux”: la Convention internationale de Chicago de 1944 et surtout l’accord conclu avec la France en 1994, selon lequel “un ressortissant algérien doit être accepté par l’Algérie”.Interrogé sur l’octroi par le ministère de l’Intérieur de visas pour le temps du Ramadan à des imams venant surtout du Maroc mais aussi parfois d’Algérie, le ministre a jugé qu'”il n’y a aucun paradoxe”. “C’est le ramadan et nous accordons depuis des dizaines d’années des facilités à des imams, des psalmodieurs, qui viennent pendant 40 jours” et “sont strictement contrôlés”, a développé Bruno Retailleau, disant préférer “des gens qui viennent sur une courte période plutôt que certains qui s’autoproclament imams et qui tiennent des discours de haine”. “Ce que ne voit pas le Rassemblement national, c’est que si on mettait des entraves au culte pour des compatriotes qui respectent les principes de la République, on creuserait en réalité le séparatisme et on les ferait basculer du mauvais côté de la barrière”, a-t-il affirmé.

Bretagne: 1.700 personnes défilent à Lorient contre l’extrême droite, des dégradations

Quelque 1.700 personnes ont répondu dimanche à une manifestation régionale à Lorient “contre l’extrême droite” et “pour une Bretagne ouverte et solidaire” à l’appel d’une centaine d’associations et de collectifs de gauche, a annoncé la préfecture du Morbihan, qui a dénoncé “de nombreux actes de dégradation”. Lors de la manifestation dimanche après-midi, “de nombreux actes de dégradation ont été commis (tags, collages, bris de vitrines)”. En outre, “les forces de sécurité ont été la cible de tirs de mortiers et de jets de pierres”, a indiqué la préfecture dans un communiqué, précisant que “trois personnes ont été interpellées et placées en garde à vue”.Le préfet “dénonce vivement ces actes et condamne sans réserve les dégradations commises”, selon le même communiqué.”J’étais ce dimanche à la manifestation contre l’extrême-droite qui a réuni plus de 1.800 personnes à Lorient. C’est une belle mobilisation, qui répond à l’appel d’une centaine d’associations, partis et collectifs et qui montre une nouvelle fois que Lorient et la Bretagne résistent face à la vague d’extrême-droite”, a déclaré dans un communiqué le député du Morbihan Damien Girard (écologistes).”Pour autant, la violence n’a pas sa place dans nos manifestations. Je condamne fermement les dégradations commises, notamment contre le local du Parti Socialiste. Une minorité de casseurs ne doit pas venir entacher le succès de cette mobilisation”, a ajouté l’élu.Un correspondant de l’AFP a constaté d’importants dégâts sur la vitrine du local du Parti socialiste (PS), ainsi que des vitrines brisées d’agences d’intérim ou de distributeurs bancaires. Des forces de l’ordre ont également fait usage de gaz lacrymogènes, selon la même source.”La devanture du siège de la Fédération du Morbihan du Parti socialiste (…) a ainsi été victime d’une destruction méthodique pendant que les manifestants défilaient, avec 29 impacts recensés de masse ou d’objets équivalents et sans compter les tags injurieux. Il s’agit d’une attaque en règle contre les principes démocratiques et républicains les plus élémentaires que tous ceux qui disent combattre l’extrême-droite ont le premier devoir d’incarner avec la plus totale détermination”, a réagi le Premier secrétaire fédéral et sénateur du Morbihan Simon Uzenat, précisant que le parti allait déposer plainte. Lors de la manifestation, des pancartes “Pas de répit pour les fachos” ou “Bretagne anti fasciste” étaient déployées.Sous le soleil, les manifestants ont lancé des slogans comme “le fascisme, c’est la gangrène, on l’élimine ou on en crève” ou encore “pas de fachos dans nos quartiers, pas de quartier pour les fachos”.”Je suis ici pour montrer que les élus sont au côté des citoyens et des associations et des institutions culturelles. Quand l’extrême droite progresse, la culture est attaquée, les minorités, les femmes et les plus vulnérables sont pris pour cible”, a déclaré Rozenn Métayer, conseillère départementale de Lorient, non encartée. “Aujourd’hui, plus d’une centaine d’organisations ont appelé à manifester, c’est encourageant”, s’est félicité l’élue.

Retailleau assume la mise en place d’une “riposte graduée” à l’encontre de l’Algérie

En pleine crise entre Paris et Alger, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau assume dimanche la mise en place d’une “riposte graduée” à l’encontre de l’Algérie et assure que certains ressortissants algériens ont déjà été expulsés à leur arrivée à l’aéroport de Roissy. “Nous avons déjà mis en œuvre une riposte à nos frontières, à Roissy notamment, où l’on exige désormais un ordre de mission pour les Algériens présentant un passeport diplomatique à nos postes-frontières. Des ressortissants algériens ont ainsi dû être renvoyés dans leur pays”, explique le ministre dans une interview au Figaro, deux jours après des déclarations d’Emmanuel Macron tentant de calmer le jeu avec l’Algérie.  “Cette riposte graduée est la plus efficace”, selon le ministre Retailleau. “Elle permet d’abord d’aller sur des mesures individuelles, notamment vis-à-vis de membres de la nomenklatura algérienne”, ajoute-t-il.Selon une source proche du dossier, c’est ce qu’il s’est passé pour la femme de l’ambassadeur d’Algérie au Mali, interdite d’entrée sur le territoire français au motif qu’elle “n’avait pas tous ses documents de voyage”.”Quelques heures à peine, après les propos du président français son haineux ministre de l’Intérieur a remis une couche, en instruisant les services de la police des frontières de refouler l’épouse de l’ambassadeur d’Algérie au Mali, en lui interdisant l’entrée sur le territoire français sous le prétexte qu’elle n’avait pas d’argent”, a dénoncé samedi l’agence algérienne APS.”Et pourtant l’épouse du diplomate était en règle, elle a présenté son certificat d’hébergement, un document d’assurance et la carte de crédit de son époux”, a ajouté l’agence dénonçant “la provocation de trop” du ministre de l’Intérieur.Vendredi, le président français Emmanuel Macron a pris pour la première fois la parole après plusieurs attaques ces dernières semaines de Bruno Retailleau contre Alger. Le chef de l’Etat a appelé les deux capitales à “réengager un travail de fond” sur leurs accords d’immigration.

Face au revirement américain, Macron relance le débat sur une dissuasion européenne

Devant le spectaculaire rapprochement des États-Unis de Donald Trump avec la Russie, Emmanuel Macron a relancé le débat sur l’idée très sensible d’un parapluie nucléaire européen, qui divise la classe politique et que l’extrême droite conteste déjà.Le président français, à la tête d’une des deux puissances nucléaires en Europe avec le Royaume-uni, s’est dit prêt à “ouvrir la discussion” sur une dissuasion nucléaire européenne après l’affrontement verbal entre Volodymyr Zelensky et Donald Trump vendredi à Washington, qui laisse craindre un désengagement des Etats-Unis en Ukraine et une rupture historique de leur alliance avec les Européens.Emmanuel Macron répondait au futur chancelier allemand Friedrich Merz qui a jugé nécessaire que l’Europe se prépare “au pire scénario” d’une Otan dépourvue de la garantie de sécurité américaine, y compris nucléaire.Mais pour la leader du Rassemblement national (RN) Marine Le Pen, les États-Unis restent “évidemment” un allié de la France au sein de l’Otan (Organisation du traité de l’Atlantique nord). Ceux qui disent le contraire “ne sont pas des gens raisonnables”, a-t-elle affirmé samedi.La dissuasion nucléaire de la France doit rester “française” et “on ne doit pas la partager”, a-t-elle estimé, en minimisant la portée des échanges très tendus entre les présidents américain et ukrainien, la veille dans le bureau ovale. “C’est assez normal”, a-t-elle jugé parce que “le chemin de la paix est un chemin qui est difficile”.- “Servilité atlantiste” -Le ministre des Armées Sébastien Lecornu lui a répondu sur X que la dissuasion nucléaire “restera” française “de la conception et la production de nos armes, jusqu’à leur mise en œuvre sur décision du président de la République”, mais qu’en même temps “nos intérêts vitaux comportent une +dimension européenne+”.Emmanuel Macron propose à cet égard un “dialogue stratégique” avec les pays européens qui n’ont pas l’arme nucléaire et pourraient ne plus dépendre de la dissuasion américaine, faisant valoir dans le Parisien que cela “rendrait la France plus forte” car, ajoute-t-il dans Ouest-France, “aujourd’hui” les missiles russes déployés en Biélorussie “nous exposent”.”On ne peut pas dire qu’on veut des Européens plus autonomes et considérer qu’on va laisser nos voisins dépendre totalement de la capacité américaine sur le plan de la dissuasion”, ajoute-t-il dans le quotidien régional.Sans se prononcer directement sur l’arme nucléaire, le chef de file de la France insoumise Jean-Luc Mélenchon a estimé qu’il fallait “faire obstacle” à “l’Europe de la défense” tout en dénonçant la “servilité atlantiste” des Européens.Sans surprise, l’idée d’un parapluie nucléaire élargi est soutenue par les plus pro-européens au sein de la classe politique.”Les ennemis de l’Europe doivent savoir que nos partenaires, ceux qui partagent nos valeurs, bénéficient du parapluie nucléaire français”, a affirmé sur France Inter Valérie Hayer, présidente du groupe Renew (centristes) au Parlement européen.- Intérêts vitaux -“La France a un rôle immense à jouer parce qu’elle est la seule puissance dotée de l’arme nucléaire de l’Union européenne, parce qu’elle a une industrie de défense puissante”, a abondé sur franceinfo l’eurodéputé social-démocrate Raphaël Glucksmann. “Nous changeons d’époque”, a souligné sur X l’ancien Premier ministre français Michel Barnier qui, sans évoquer le nucléaire, plaide pour un “aggiornamento stratégique” en Europe, avec par exemple la création d’un “conseil de sécurité européen”.Une quinzaine de dirigeants européens doivent se retrouver lors d’un sommet dimanche à Londres pour “faire avancer” leurs actions concernant l’Ukraine et la sécurité.Les 27 pays de l’UE se retrouveront ensuite jeudi à Bruxelles pour un sommet consacré à défense.Mais le scénario d’une dissuasion européenne se heurte à de nombreux obstacles, dont l’autonomie de décision revendiquée par la France dans ce domaine. Depuis son origine, la dissuasion française voulue par le général de Gaulle se veut complètement indépendante et repose sur l’appréciation par un seul homme, le président de la République, d’une menace contre les intérêts vitaux du pays.En février 2020, Emmanuel Macron avait mis en avant “la dimension authentiquement européenne” des intérêts vitaux français, non sans susciter des débats. Et en avril 2024, il s’était dit prêt à “ouvrir le débat” d’une défense européenne qui pourrait “inclure la défense antimissile, les tirs d’armes de longue portée, l’arme nucléaire pour ceux qui l’ont ou qui disposent sur leur sol de l’arme nucléaire américaine”. Vendredi il a en même temps relevé que sa “doctrine nucléaire garde un certain mystère parce que l’ambiguïté fait partie de son efficacité”. La France ne va donc pas dire par avance où elle pourrait frapper, “c’est le choix du chef des armées”, c’est-à-dire du président, a-t-il ajouté.