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Pour Le Pen, “le peuple” choisira une nouvelle voie” dans “quelques mois”

La cheffe des députés Rassemblement national Marine Le Pen a prédit mardi que les Français choisiraient “au pire dans quelques mois” une “nouvelle voie à suivre, celle du sursaut et du redressement” dans une vidéo postée sur X à l’occasion des fêtes de fin d’année.”Ce moment de fluctuation politique temporaire (…) s’achèvera en effet dès que le peuple, par sa volonté souveraine et son intelligence collective, en décidera. Il choisira alors une nouvelle voie à suivre, celle du sursaut et du redressement”, a assuré Mme Le Pen. Elle a jugé que “ce moment ne manquera pas d’arriver dès que les institutions le permettront”, soit “bientôt, très bientôt, au pire dans quelques mois”, s’est-elle avancée.Dans une récente interview au Parisien, Marine Le Pen – à l’instar du leader Insoumis Jean-Luc Mélenchon qui l’appelle de ses voeux – a dit se préparer à “une présidentielle anticipée, par précaution, compte tenu de la fragilité d’Emmanuel Macron, du peu de leviers institutionnels qu’il lui reste”. “Emmanuel Macron, c’est fini ou presque. Mon propos n’a pas vocation à être cruel, c’est une réalité institutionnelle”, avait déclaré la patronne des députés RN.

Nouvelle-Calédonie: le parti Calédonie ensemble fait chuter le gouvernement local

Le mouvement Calédonie ensemble a démissionné mardi du gouvernement collégial à la tête de la Nouvelle-Calédonie, entraînant automatiquement la chute de l’exécutif local, a-t-on appris dans un courrier du parti que l’AFP a pu consulter.Dans ce courrier de démission adressé au président du gouvernement Louis Mapou, le parti loyaliste Calédonie ensemble (centre-droit, affilié à Renaissance) indique que “depuis les événements du 13 mai,(le) pays s’est enfoncé dans une profonde détresse économique et sociale. En pareilles circonstances, la solidarité entre les institutions, au premier rang desquels le gouvernement et le Congrès de la Nouvelle-Calédonie, constitue une ardente obligation”. “Je ne peux que constater que ça n’a pas été le cas et je le regrette”, indique dans ce courrier Jérémie Katidjo-Monnier, membre démissionnaire du gouvernement calédonien.”Au contraire même”, déplore-t-il, “le gouvernement qui procède du Congrès, qui est l’exécutif du pays, s’est transformé, au fil du temps, en une instance indépendante, et particulièrement des groupes politiques du Congrès dont il est issu, qu’ils soient d’ailleurs indépendantistes comme non indépendantistes”.Ces dissensions interviennent après six mois de crise politique et sociale profonde mais aussi des tensions insurrectionnelles ayant fait 13 morts provoquées par un projet de réforme du corps électoral dans l’archipel français du Pacifique sud.L’Etat avait alors décidé de reporter les élections provinciales prévues cette année à novembre 2025, ajournant du même coup le traitement du dossier ultra-sensible du corps électoral, sans le régler.Depuis plusieurs semaines, plusieurs groupes politiques ont marqué leur désaccord envers le plan de sauvegarde de refondation et reconstruction porté par le gouvernement collégial et surtout ses conditions de financement.”Cette indépendance gouvernementale autoproclamée, contraire à l’Accord de Nouméa et à la loi organique, vous a ainsi conduit, Monsieur le Président, à décider d’endetter le pays à hauteur de 120 milliards de francs Pacifique (1 milliard d’euros), sans l’autorisation de quiconque, à tenter d’infliger 15 milliards (125,5 millions d’euros) d’impôts nouveaux aux Calédoniens et, de manière plus générale, à pratiquer la politique du fait accompli devant le Congrès, sous la houlette diligente de Bercy”, argue Calédonie ensemble dans sa lettre de démission.Ce courrier est également signé des sept autres “candidats de liste” susceptibles de lui succéder. En effet, le gouvernement calédonien est désigné par les membres du congrès, à l’occasion d’un scrutin de liste. En cas de démission individuelle d’un membre du gouvernement, le suivant sur la liste prend sa place. Seule la démission collective entraîne la chute du gouvernement.En attendant la désignation d’un nouvel exécutif, l’actuel président, l’indépendantiste Louis Mapou, expédiera les affaires courantes. Ni Calédonie ensemble, ni le président du gouvernement n’ont souhaité réagir mardi.

Pacte de non-censure: “aucune des conditions n’a été respectée par François Bayrou”, estime Faure (PS)

“Aucune des conditions n’a été respectée par François Bayrou” pour établir un pacte de non-censure entre le Premier ministre et le Parti socialiste, a estimé mardi son Premier secrétaire Olivier Faure, n’excluant plus de voter la censure, en réaction à la composition du gouvernement dévoilée lundi. Le chef des socialistes a énuméré sur RMC-BFMTV trois de ces conditions : “pas de dépendance (à) l’extrême droite, plus de passage en force avec le 49.3 et enfin un changement de cap”. “Je n’ai rien entendu de la sorte, je n’ai pas vu quoi que ce soit et donc je me dis +mais en fait, à quoi ont servi ces heures passées ensemble ?+”, a-t-il ajouté.Il n’a pas exclu que le PS vote une motion de censure à l’issue de la déclaration de politique générale prononcée par François Bayrou le 14 janvier devant les députés. “Je veux savoir ce qu’il y a exactement de prévu dans ce gouvernement, ce que j’ai entendu hier, c’est du flou”, s’est agacé le responsable socialiste qui s’était dit prêt à des compromis avec le Premier ministre centriste et a jugé insuffisants ses gestes, notamment sur les retraites. “On ne sait même pas à quel niveau il veut fixer la barre du déficit (…) que va-t-il faire sur la fiscalité ? À quelle sauce vont être mangés les Français ? Quelle est en fait la part de l’effort qu’il demandera aux grandes fortunes ?”, a-t-il interrogé. Il a regretté que M. Bayrou n’ait pas parlé lundi soir comme “un centriste” mais comme “quelqu’un qui avait dérivé lui même, qui considérait que +finalement, Marine le Pen, ben pourquoi pas, hein, c’est pas si grave+!”. François Bayrou a assuré lundi qu’il n’y aurait pas de “grande loi” sur l’immigration mais “l’exécution et l’application des mesures déjà votées”, ainsi que des “propositions des lois” des assemblées. “Je pensais quand même qu’il y avait quelques repères dans la vie et sur la question migratoire, dire que l’inspiration pourrait venir de l’extrême droite… (…) Réveillons-nous!”, s’est indigné Olivier Faure.  A propos d’Éric Lombard, ancien directeur de la Caisse des dépôts, présenté comme une personnalité de gauche par le Premier ministre et nommé à la tête d’un grand Bercy, le responsable a évoqué “un ami personnel”. “Est-ce que ça veut dire qu’il aura les mains libres à Bercy ?”, a-t-il interrogé. “J’espère qu’il pèsera”. 

Le nouveau ministre des Outre-mer Manuel Valls veut se rendre à Mayotte “le plus vite possible”

Le nouveau ministre des Outre-mer Manuel Valls, a assuré mardi qu’il irait “avec le Premier ministre le plus vite possible” à Mayotte, dont le territoire a été ravagé par le passage du cyclone Chido. “Je vais être au travail dans quelques heures, après la passation au ministère des Outre-mer à midi, avec une seule idée, la reconstruction de Mayotte”, a affirmé l’ancien Premier ministre de François Hollande sur France Inter.Conscient de “la colère” et de “la détresse” des Mahorais, il prône “l’action, avec l’urgence sur place : l’eau, la nourriture, les transports, l’électricité, les déplacements, le logement, (…) l’école et la rentrée scolaire au mois de janvier”.Il veut s’inscrire “dans le sillage de Michel Rocard”, considéré comme un des pacificateurs de la Nouvelle-Calédonie avec les accords de Matignon de 1988, “et Lionel Jospin”, et assure son “engagement total et entier” aux territoires d’Outre-mer. “Le signe qui est envoyé par le président de la République et par le Premier ministre, c’est qu’en nommant un ancien Premier ministre, quelqu’un qui connaissait le dossier, qui est passionné par ces territoires, qui va s’y consacrer pleinement, c’est un gage en tout cas d’engagement”, a avancé Manuel Valls. “Ils peuvent compter sur moi et sur ma présence. J’irai partout très vite”, promet-il.Questionné sur son parcours et ses prises de positions politiques, il estime ne représenter “ni l’aile gauche, ni l’aile droite” au sein du gouvernement de François Bayrou. “Là où je suis, je dois être attentif à tous les électeurs, quel que soit leur vote. L’extrême gauche, la gauche sont puissantes dans les territoires ultramarins, le Rassemblement national aussi, ils ont des députés à La Réunion et à Mayotte”, a souligné Manuel Valls.Amateur de “défis” et de “prises de risque”, il ne considère par sa tentative ratée de conquérir la mairie de Barcelone en 2018 comme un échec puisqu’il y a “rencontré l’amour”. “La vie, ce sont des réussites et surtout des échecs. C’est ça la beauté de la vie”, philosophe l’ancien poids lourd socialiste.

Les ministres du gouvernement Bayrou prennent leurs fonctions

Les ministres du gouvernement de François Bayrou prennent leurs fonctions mardi, à la veille de Noël, lors de passations de pouvoir qui doivent préciser la feuille de route du Premier ministre, confiant dans sa capacité à éviter la censure.”Je suis persuadé que l’action que je définis devant vous et l’équipe gouvernementale feront que nous ne serons pas censurés”, a déclaré lundi le chef centriste sur la chaîne BFMTV quelques heures après la présentation de son gouvernement.Les deux ex-Premiers ministres Elisabeth Borne, nommée à l’Education, et Manuel Valls, aux Outre-mer, seront particulièrement scrutés tout comme un autre revenant, Gérald Darmanin, qui occupera le portefeuille de la Justice.Du côté de Bercy, le nouveau ministre de l’Economie Eric Lombard a pris ses fonctions dès lundi soir, en remplacement d’Antoine Armand. L’ancien directeur de la Caisse des dépôts et consignations, présenté par François Bayrou comme un homme de gauche, a immédiatement appelé à “traiter notre mal endémique, le déficit”.Ce sera le premier défi de l’équipe Bayrou: faire passer un budget pour 2025 à l’Assemblée nationale, là même où le 4 décembre son prédécesseur Michel Barnier a été renversé par une motion de censure.Le nouveau Premier ministre estime que la présence de poids lourds dans son équipe doit contribuer à l’en prémunir, faute d’avoir pu ouvrir davantage son gouvernement vers la gauche.François Bayrou, qui prononcera sa déclaration de politique générale le 14 janvier, a indiqué lundi soir qu’il ne demanderait pas la confiance à l’Assemblée.”Dans la foulée de cette déclaration de politique générale, il y aura une sorte de vote de confiance parce qu’il y aura probablement une motion de censure”, a fait valoir le Premier ministre, qui “respecte le fait que des forces politiques n’ont pas envie d’être assimilées contre leur gré à la politique du gouvernement”.La France insoumise (LFI) a d’ores et déjà annoncé son intention de déposer une motion de censure. Mais le Rassemblement national, groupe le plus nombreux à l’Assemblée, a fait savoir qu’il ne censurerait pas a priori le nouveau gouvernement.- “Provocation” -Les oppositions se sont montrées très sévères avec le nouveau gouvernement, accusant notamment le Premier ministre de recycler des personnalités qui avaient auparavant échoué.Un gouvernement de “droite extrême” en forme de “provocation”, a jugé le patron du Parti socialiste Olivier Faure. Une équipe “rempli(e) de gens désavoués dans les urnes et qui ont contribué à couler notre pays”, a renchéri la cheffe des députés LFI Mathilde Panot.Le Rassemblement national, lui, manie l’ironie: “heureusement que le ridicule ne tue pas” car “François Bayrou a réuni la coalition de l’échec”, a jugé le président du parti d’extrême droite, Jordan Bardella.Du côté des Républicains (LR), qui demeurent au gouvernement, Laurent Wauquiez a évoqué un soutien “très exigeant” à François Bayrou qui pourrait être “retiré” en fonction du cap affiché.L’équipe gouvernementale compte 35 membres, est moins nombreuse que celle de Michel Barnier (42) mais moins resserrée qu’envisagé, et quasiment paritaire avec 18 femmes et 17 hommes. Et marquée par une certaine continuité avec 19 ministres qui sont conservés.Le nouveau Premier ministre s’est dit “fier” d’un “collectif d’expérience pour réconcilier et renouer la confiance avec tous les Français”, dix jours après son arrivée à Matignon et fort d’avoir respecté son objectif de composer un gouvernement avant Noël.Le premier Conseil des ministres de cette nouvelle équipe est programmé le 3 janvier autour du président Emmanuel Macron.

Philippe Tabarot, un spécialiste des transports qui a tenté d’encadrer le droit de grève dans le secteur

Le nouveau ministre des Transports Philippe Tabarot est un sénateur de droite, spécialiste du secteur qui a défendu un texte pour encadrer le droit de grève dans les chemins de fer avant les Jeux olympiques, et un partisan d’une ligne dure en matière de sûreté. Sénateur LR depuis 2020, ce Cannois de 54 ans a été rapporteur de plusieurs textes dont, au printemps, une proposition de loi visant à limiter le droit de grève pendant certaines périodes comme vacances scolaires ou jours fériés. Adopté au Sénat en avril contre l’avis du gouvernement mais n’ayant pas dépassé le stade de l’examen en commission à l’Assemblée nationale, le texte aurait octroyé au gouvernement un quota de 30 jours par an durant lesquels les “personnels des services publics de transports” – excepté le secteur aérien – auraient été privés de leur droit de grève, avec une limite de 7 jours d’affilée par période d’interdiction.”Nous disons oui au droit de grève mais non au blocage absolu de tout un pays”, avait déclaré Philippe Tabarot en avril. Le ministre des Transports de l’époque, Patrice Vergriete s’est opposé au texte, questionnant sa conformité avec la Constitution et refusant de “monter les Français les uns contre les autres, ceux qui ont les moyens de partir en vacances contre ceux qui se lèvent tous les matins pour aller au travail”. – Au grand dam des syndicats -L’examen de ce texte s’était fait dans un climat de défiance avec d’importantes invectives entre la gauche et la droite, rarissime dans l’assemblée feutrée et courtoise qu’est le Sénat. Les élus de gauche avaient reproché à Philippe Tabarot d’avoir tenu à leur encontre des propos “d’une violence considérable”.Philippe Tabarot a été de 2015 à 2021 vice-président du conseil régional de Provence-Alpes-Côte d’Azur où il était chargé des transports, de l’intermodalité et de la sécurité.A ce titre, il avait géré le dossier de la privatisation de la ligne TER entre Marseille et Nice, dont l’exploitation avait été confiée en 2021 au groupe Transdev, au grand dam des syndicats. Il s’agissait alors d’une première en France.L’un des référents principaux du puissant groupe LR à la commission de l’aménagement du territoire, avec une spécificité très reconnue sur le sujet des transports, il se battait ces derniers mois pour faire inscrire à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale sa proposition de loi pour plus de sûreté dans les transports, adoptée largement au Sénat. Le Gart (Groupement des autorités responsables de transport), association des collectivités au service de la mobilité, a salué un nouveau ministre “exigeant” et “une personnalité qui maîtrise parfaitement les enjeux de mobilités”.Le Gart voit dans cette nomination “une occasion de faire avancer au plus vite la proposition de loi relative au renforcement de la sûreté dans les transports” dont “nombre de dispositions sont attendues pour sécuriser davantage la vie des usagers et le quotidien des agents de conduite et de contrôle”.L’Union des entreprises de transport et de logistique de France (TLF) a dit vouloir “construire une vision d’avenir ambitieuse pour notre secteur” en adressant ses félicitations au nouveau ministre. “La France a besoin d’une filière transport et logistique forte pour relever les défis du plein-emploi, de la réindustrialisation et de la transition écologique. L’heure n’est plus aux demi-mesures”, selon l’Union TLF.Le président de la région PACA, Renaud Muselier, s’est félicité lundi soir dans un communiqué de la nomination d'”un ministre pour le Sud”, saluant un “sénateur reconnu dans son domaine de compétences: les transports”. “Avec Philippe Tabarot, la France aura un ministre des Transports à la fois pragmatique, efficace et profondément ancré dans la réalité des territoires”, a réagi sur X le maire de Nice Christian Estrosi. Philippe Tabarot est le fils de Robert Tabarot, ancien champion d’Afrique du Nord de boxe et dirigeant de l’Organisation armée secrète (OAS) à Oran. Sa soeur, Michèle Tabarot, est députée LR des Alpes-Maritimes. ama-alc-tq-neo/uh/ib

Bayrou vante un gouvernement “d’expérience”, avec le retour de Borne, Valls et Darmanin

Un gouvernement “d’expérience” pour “réconcilier” les Français: François Bayrou a convoqué des poids lourds, dont les anciens Premiers ministres Élisabeth Borne et Manuel Valls, pour former une équipe sans grande ouverture à gauche et attendue de pied ferme dans une Assemblée nationale sans majorité.Le nouveau Premier ministre s’est dit “fier” d’un “collectif d’expérience pour réconcilier et renouer la confiance avec tous les Français”, dix jours après son arrivée à Matignon.Lundi soir sur BFMTV, il s’est montré “persuadé” que ce gouvernement et “l’action” qu’il entend mener “feront que nous ne serons pas censurés”.Il ne sollicitera pas la confiance de l’Assemblée sur sa déclaration de politique générale le 14 janvier, renvoyant à la motion de censure déjà annoncée par La France insoumise. “CQFD”, a réagi Jean-Luc Mélenchon.Il a par ailleurs refusé de suspendre la réforme des retraites comme le réclame la gauche, après avoir proposé jeudi de rouvrir une discussions sur cette réforme pendant neuf, voire “six mois”.L’équipe gouvernementale compte 35 membres, moins nombreuse que le gouvernement Barnier (42) mais moins resserrée qu’envisagé, et quasiment paritaire avec 18 femmes et 17 hommes. Et marquée par une certaine continuité avec 19 ministres conservés dans la nouvelle équipe. Qui suscite déjà une avalanche de critiques des oppositions.Un gouvernement de “droite extrême” en forme de “provocation”, a jugé le patron du PS Olivier Faure. Une équipe “rempli(e) de gens désavoués dans les urnes et qui ont contribué à couler notre pays”, a renchéri la cheffe des députés LFI Mathilde Panot.Le Rassemblement national, lui, manie l’ironie: “heureusement que le ridicule ne tue pas” car “François Bayrou a réuni la coalition de l’échec”, a jugé le président du parti d’extrême droite Jordan Bardella.Côté LR, Laurent Wauquiez a déclaré lundi soir devant ses députés que le soutien au gouvernement sera “très exigeant” et pourrait être “retiré” en fonction du cap affiché. Il critique le poids en baisse des LR dans le gouvernement, qui accueille cependant de nouveau membres de son groupe, comme Yannick Neuder (Santé) ou Véronique Louwagie (Commerce et Artisanat)Le premier Conseil des ministres de cette nouvelle équipe est programmé le 3 janvier.-Aucune “influence” du RN-Le nouveau Premier ministre avait de longue date clamé sa capacité à nommer un gouvernement de large ouverture, à droite comme à gauche. Sans surprise, l’équipe annoncée lundi ne comporte cependant aucun membre de l’alliance de gauche Nouveau Front populaire (NFP).L’équipe comporte quatre ministres d’État, dont deux anciens locataires de Matignon en charge de priorités lourdes: Élisabeth Borne prend en charge l’Éducation nationale, tandis que Manuel Valls hérite du dossier explosif de l’Outre-mer, avec comme urgence la situation à Mayotte et en Nouvelle-Calédonie, et avec rang de numéro 3 du gouvernement.Trois mois après son départ de l’Intérieur, Gérald Darmanin revient aussi au gouvernement, avec lui aussi rang de ministre d’État: il hérite de la Justice, poste initialement proposé à Xavier Bertrand, qui a fait savoir peu avant l’annonce du gouvernement qu’il refusait d’intégrer une équipe composée “avec l’aval de Marine Le Pen”.M. Bayrou a réfuté toute “influence” du RN sur la composition de son gouvernement, et a expliqué que Xavier Bertrand avait une “démarche” jugée “violente” qui n’était pas la sienne pour ce poste.M. Darmanin, qui lorgnait les Affaires étrangères, agira en tandem avec Bruno Retailleau, conforté Place Beauvau avec rang de ministre d’État.”La grande majorité des Français pensent que nous sommes dans un pays d’insécurité”, a estimé le Premier ministre.M. Bayrou a cependant averti, après, dit-il, en avoir discuté avec M. Retailleau: “pas de grande loi destinée à faire, en fait, de la communication”.Parmi les nouveaux entrants, Éric Lombard, directeur général de la Caisse des dépôts et qualifié d’homme de gauche par François Bayrou, est nommé ministre de l’Économie. François Rebsamen, ancien ministre de François Hollande ayant apporté un soutien critique à Emmanuel Macron depuis 2022, hérite de l’Aménagement du territoire et de la décentralisation.Autre ex-PS, Juliette Méadel a été nommée ministre déléguée chargée de la ville.-Priorité au budget-Parmi les 19 ministres reconduits figurent Sébastien Lecornu (Défense), Jean-Noël Barrot (Affaires étrangères), Annie Genevard (Agriculture) ou encore Rachida Dati (Culture), Astrid Panosyan-Bouvet (Travail et Emploi) et Valérie Létard (Logement).Des ministres sortants changent de portefeuille, comme Catherine Vautrin, qui retrouve un grand ministère de la Santé et du Travail. Ou encore Laurent Saint-Martin, qui cède les Comptes Publics à une revenante macroniste, Amélie de Montchalin, et récupère le Commerce extérieur.Laurent Marcangeli, le président des députés Horizons, le parti d’Édouard Philippe, hérite de la Fonction publique, tandis que François Bayrou a confié le poste stratégique des Relations avec le Parlement à un proche, le MoDem Patrick Mignola.Le socle gouvernemental du centriste serait finalement assez proche de celui du LR Michel Barnier, renversé le 4 décembre par une motion de censure de l’Assemblée nationale, après trois mois en poste.Alors que François Bayrou ambitionnait d’annoncer son équipe pendant le week-end, celle-ci est finalement tombée lundi, décrété journée de deuil national par le président Emmanuel Macron pour l’archipel dévasté par le cyclone Chido. Une minute de silence été observée dans tout le pays à 11H00 en hommage aux victimes de la catastrophe, dont le bilan provisoire s’élève à 35 morts et 2.500 blessés.L’une des premières tâches de ce gouvernement, le quatrième de l’année 2024, sera de faire adopter un budget, alors que le gouvernement de Michel Barnier a été renversé par l’Assemblée sur le premier gros texte financier, le budget de la Sécurité sociale.Sur le sujet épineux du Budget, il a dit vouloir parvenir à un “équilibre” autour de 5% ou “un peu plus de 5%” de déficit public en 2025. En prenant ses fonctions, le nouveau ministre de l’Economie Eric Lombard a appelé à “traité” le déficit qu’il a qualifié de “mal endémique”.Jeudi, sur France 2, François Bayrou avait dit espérer l’adoption d’un budget “à la mi-février”, sans être “sûr d’y arriver”. Il a alors précisé qu’il repartirait de “la copie qui a été votée” au Parlement avant la censure du gouvernement Barnier.

Laurent Marcangeli, un proche d’Edouard Philippe à la tête d’une fonction publique en crise

Laurent Marcangeli, proche de l’ex-Premier ministre Edouard Philippe, fait son entrée au gouvernement en héritant du portefeuille de la fonction publique, moins de trois semaines après une crise qui a jeté dans la rue des centaines de milliers de personnes, vent debout contre les mesures d’économies portées par son prédécesseur.Le président du groupe Horizons, 44 ans, régulièrement cité comme “ministrable”, voit enfin son tour arriver. Mais avec le portefeuille de l’Action publique, de la Fonction publique et de la Simplification, il récupère un dossier explosif tant les relations s’étaient détériorées entre son prédécesseur, Guillaume Kasbarian, et les syndicats du secteur, qui dénonçaient des mesures d’économies et une méthode jugée brutale.La séquence aura laissé des traces, permis l’union syndicale et avec en point d’orgue des manifestations qui ont fait défiler des centaines de milliers de personnes le 5 décembre.Mais Laurent Marcangeli “a toujours été habitué à traiter avec les syndicats et il est capable de relever ce défi”, défend son entourage, vantant son expérience “du local”.A la tête du groupe Horizons au Palais-Bourbon, le député de Corse-du-Sud aux yeux bleus acier et au teint pâle, élu député en 2022 et 2024, marié et père de deux enfants, a été élevé par des parents à la sensibilité nationaliste, avec une mère syndicaliste à La Poste. Né le 10 décembre 1980 à Ajaccio, sa carrière politique débute en 2008 comme conseiller municipal d’opposition à Ajaccio. Elu conseiller général en 2011, il devient un an plus tard le plus jeune député de Corse, à 31 ans, sous les couleurs de l’UMP. C’est à cette époque qu’il sympathise avec Edouard Philippe, le fondateur d’Horizons.- “Apaisement” -A la Fonction publique, il devra composer avec des syndicats qui ne manqueront pas d’exiger rapidement des gages, sur les salaires, les carrières, et les rémunérations, et surtout “se donner les moyens de l’apaisement” après un dernier trimestre 2024 jugé “particulièrement calamiteux pour les agents publics et le dialogue social”, a réagi la CFDT Fonction publique dans un communiqué après sa nomination.  En 2014, Laurent Marcangeli avait remis la droite au pouvoir à Ajaccio, en s’imposant face à Simon Renucci (DVG) qui dirigeait la mairie depuis 2001.Mais il s’était rapidement trouvé mal à l’aise au sein de sa famille politique. Et après avoir soutenu Alain Juppé à la primaire présidentielle des Républicains de 2016, il avait quitté le parti en mars 2018, opposé à la ligne du nouveau chef du parti, Laurent Wauquiez.En mars 2020, il conserve son siège à la mairie d’Ajaccio face à sept candidats, avant d’être contraint de l’abandonner à son premier adjoint, Stéphane Sbraggia, loi sur le cumul des mandats oblige.Puis en octobre 2021 il rejoint le parti Horizons, apportant dès février 2022 son soutien au président sortant Emmanuel Macron pour un deuxième mandat. Lors des semaines de violences de mars-avril 2022 en Corse, après l’agression mortelle d’Yvan Colonna à la prison d’Arles (Bouches-du-Rhône), où le militant indépendantiste purgeait une peine de perpétuité pour l’assassinat du préfet Claude Erignac, Laurent Marcangeli avait exprimé son malaise: “Je ne suis pas nationaliste. Ai-je le droit? Des milliers de femmes et d’hommes se posent la question aujourd’hui”, lance-t-il à l’Assemblée de Corse. Une prise de position qui lui vaudra d’être la cible de tags orduriers lors d’une manifestation en avril 2022 à Ajaccio. Mais qui ne l’a pas empêché de jouer un rôle central dans le processus dit de Beauvau, initié après ces violences en 2022, et visant à accorder davantage d’autonomie à la Corse.Ce processus a débouché sur un accord prévoyant “la reconnaissance d’un statut d’autonomie” de la Corse “au sein de la République” en mars 2024. Mais la dissolution de l’Assemblée nationale en juin a mis brutalement un terme aux discussions, laissant de nombreux élus corses craindre l’abandon du projet.

Catherine Vautrin récupère un grand ministère du Travail et de la Santé

La ministre sortante Catherine Vautrin, sarkozyste issue de la droite “libérale et sociale”, renoue avec un grand ministère élargi au Travail, la Santé, les Solidarités et la Famille qu’elle avait déjà dirigé il y a près d’un an.Rompue aux arcanes du pouvoir, cette ex-chiraquienne de 64 ans avait occupé un poste quasiment similaire de janvier à septembre avant de prendre le portefeuille des Territoires sous le gouvernement Barnier.A la tête du grand ministère du gouvernement Attal, elle avait notamment porté en première ligne le projet de loi fin de vie, dont l’examen a été stoppé net à l’Assemblée par la dissolution en juin. Elle avait aussi défendu une réforme de l’assurance chômage, dénoncée comme violente par les syndicats qui ont finalement repris la main sur le sujet.Désormais membre de Renaissance – elle était présente au Conseil national du parti début décembre -, l’élue de la Marne avait rejoint le gouvernement début 2024, deux ans après le fameux épisode qui lui avait valu d’être débranchée de Matignon, au profit d’Elisabeth Borne, sous la pression des macronistes qui dénonçaient sa participation à la mobilisation contre le mariage pour tous.De retour sur le grand portefeuille qui avait été imaginé pour elle dans le gouvernement Attal, elle retrouvera des interlocuteurs échaudés. Dès le départ, les syndicats s’étaient montrés dubitatifs sur son ministère élargi.Nommée fin septembre à la tête d’un grand ministère du “Partenariat avec les territoires”, Catherine Vautrin faisait figure de fidèle soldat du gouvernement Barnier. Lors de ses déplacements, elle s’est employée à convaincre les associations d’élus du bien-fondé des cinq milliards d’euros d’économies prévues pour les collectivités en 2025, alertant notamment sur une dette qui deviendrait incontrôlable et mettrait en danger la souveraineté du pays.Après des semaines d’arbitrage, Mme Vautrin a finalement annoncé fin novembre que la moitié des départements serait exonérée de prélèvements sur recettes.Auparavant, elle a occupé plusieurs postes gouvernementaux sous la présidence de Jacques Chirac: secrétaire d’Etat à l’Intégration (2004), aux Personnes âgées (2004-2005), puis ministre déléguée à la Cohésion sociale (2005-2007).”Elle a un parcours complet de parlementaire, de membre du gouvernement, d’élue locale. Elle a un tempérament et une autorité naturelle”, avait souligné l’un de ses proches, le maire LR de Meaux Jean-François Copé. “Je la trouve très forte”, appuie un cadre macroniste. “Les partenaires l’aiment bien, elle fait un vrai travail de terrain, elle passe très bien avec les gens”, argumente-t-il.Issue de LR, cette élue a rallié le macronisme début 2022. Au soir de la réélection d’Emmanuel Macron, celle qui place le “général de Gaulle, le président Chirac et Simone Veil” dans son “panthéon personnel”, avait salué “une excellente nouvelle pour la France et l’Europe”.Députée de la Marne à plusieurs reprises entre 2002 et 2017, Catherine Vautrin fut aussi vice-présidente de l’Assemblée.En 2012 et 2013, elle prend part aux manifestations contre le mariage homosexuel et combat la loi Taubira à l’Assemblée, un engagement qui fait grincer des dents en Macronie, malgré des précédents comme le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin.Battue lors des législatives de 2017 par une élue du parti présidentiel, elle se concentrait depuis sur la présidence du Grand Reims, où elle officie depuis 2014.Catherine Vautrin a aussi eu affaire avec la justice. Elle était trésorière de l’UMP (devenu LR), lorsqu’a éclaté l’affaire Bygmalion sur les comptes de campagne pour l’élection présidentielle du candidat Sarkozy. Elle a toutefois été blanchie en 2015 par un non-lieu.En 2016, elle soutient Nicolas Sarkozy pour la primaire de la droite et devient sa porte-parole. L’ex-chef de l’Etat perd au détriment de François Fillon, englué dans les affaires, et qu’elle finit par lâcher en 2017. Avec une quinzaine d’autres élus, elle signe alors une tribune pour lui demander de se retirer de la course à l’Elysée, estimant qu'”un pacte moral a été rompu” avec les soupçons d’emploi fictif de son épouse.Titulaire d’une maîtrise de droit des affaires, Catherine Vautrin a notamment travaillé comme directrice marketing dans le groupe d’assurance santé américain Cigna, en France et à la direction Europe.zap-adc-hdu-ito-bpa/ved/sp

Manuel Valls, retour surprise dans des Outre-mer en crise

Quasi-absent de la vie politique française depuis six ans, Manuel Valls effectue un retour surprise, après l’échec de son implantation en Espagne, au ministère des Outre-mer où l’ex-Premier ministre va devoir gérer les crises touchant Mayotte, les Antilles ou la Nouvelle-Calédonie.Confronté aux attentats de 2015 en tant que Premier ministre, M. Valls, qui aura le titre de ministre d’Etat, va être confronté aux conséquences dévastatrices de l’ouragan Chido à Mayotte, les suites des graves émeutes qui ont éclaté en mai en Nouvelle-Calédonie et la question de la vie chère dans les départements antillais.M. Valls, honni par une partie de la gauche pour ses prises de position jugées trop droitières, revient ainsi de plain-pied dans la vie politique nationale.”Manuel Valls est une personnalité un peu kamikaze, j’aime bien les personnalités audacieuses”, a commenté sur BFMTV François Bayrou lundi soir, exprimant son “estime” pour un ministre qui va se charger d'”une des questions les plus lourdes”, la situation des outre-mer.Après avoir été ministre de l’Intérieur, de 2012 à 2014, puis Premier ministre de 2014 à 2016, sous François Hollande, le Catalan de 62 ans n’avait pas passé l’étape de la primaire PS en vue de l’élection présidentielle de 2017. Plutôt que de parrainer le vainqueur Benoît Hamon, l’ancien poids lourd du parti socialiste avait décidé d’apporter son soutien à Emmanuel Macron, ce qui lui avait aliéné une grande partie de ses soutiens et lui avait valu des accusations de traîtrise.Autre trahison selon ses opposants, celle des électeurs de l’Essonne, en ÃŽle-de-France, qui l’ont élu d’un cheveu député en juin 2017, pour le voir finalement quitter l’Assemblée nationale en 2018 pour tenter de conquérir en vain la mairie de Barcelone.Né dans la capitale catalane le 13 août 1962, ce fan du Barça a grandi à Paris et a été naturalisé français à vingt ans, perdant sa nationalité espagnole. Après trois ans au poste de conseiller municipal de Barcelone, il quitte ses fonction une nouvelle fois et envoie des signaux d’un éventuel retour en politique en France, ce qui lui a valu une chanson parodique par une chaîne de télévision catalane. En 2022, il concrétise cette tentative de retour, en briguant un mandat de député de la cinquième circonscription des Français de l’étranger. Et non dans l’Essonne, où il avait pourtant été élu à quatre reprises, car cela “n’avait pas de sens. J’avais passé la main”, déclarait-il pour se justifier.Le sort des urnes ne lui a pas été plus favorable : Manuel Valls a été éliminé dès le premier tour, mais n’a pas manqué d’appeler à faire barrage au deuxième tour contre le candidat de l’alliance de gauche, la Nupes. – Sécurité et laïcité -Il s’est lancé tout jeune en politique auprès du socialiste Michel Rocard. Son expérience aux côtés de l’ancien Premier ministre (1988-1990), considéré comme un des pacificateurs de la Nouvelle-Calédonie avec les accords de Matignon de 1988 pourrait lui être utile pour déminer la situation sur le “Caillou”.L’ancien maire d’Evry (2001-2012) a ensuite fait de “la sécurité, la laïcité, le vivre-ensemble” ses thèmes de prédilection. En 2007, il voulait changer le nom du Parti socialiste. Au sein du gouvernement sous Hollande, il fustige la “gauche passéiste”, lance un “j’aime l’entreprise” devant le patronat ou approuve l’interdiction du “burkini” par des maires de droite.Défenseur de la déchéance de nationalité et de la loi Travail, très contestée dans la rue, théoricien des “gauches irréconciliables” et d’un rapprochement des “progressistes” de gauche et de droite, Manuel Valls laisse un souvenir amer au Parti socialiste.Fils du peintre catalan Xavier Valls et d’une mère suisse italienne, Manuel Valls confiait en 2015 au Parisien avoir jusqu’à 16 ans vécu “pleinement cette triple culture espagnole -et catalane-, italienne et française”, parlant catalan chez ses parents. Il avait aussi fait de son “amour de la France” et de son patriotisme une marque de fabrique.Père de quatre enfants, nés d’un premier mariage, il s’est remarié avec Susana Gallardo, riche héritière d’une société pharmaceutique catalane.