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Budget, social: le gouvernement Bayrou affiche sa volonté de dialogue en multipliant les concertations

Les partenaires sociaux à Matignon, les groupes parlementaires chez les ministres en charge du budget de l’État et de la Sécurité sociale: le gouvernement Bayrou multiplie les rendez-vous et affiche ostensiblement sa volonté de dialogue pour tenter de dénouer les crises politique, sociale et budgétaire.Exercice obligé pour tout nouveau Premier ministre, les partenaires sociaux, patronat et grandes centrales syndicales, défilent à partir de mardi à Matignon. Patrick Martin du Medef a ouvert le bal à 9H30 pour un entretien d’environ une heure. Il a dit avoir vouloir élargir la discussion envisagée par François Bayrou sur les retraites au “financement de la protection sociale” par de la “capitalisation” ou de la “fiscalité”.M. Martin sera suivi par la numéro un du syndicat CFDT Marylise Léon à 17H00 et celui de la CPME François Asselin à 20H00. Les rencontres avec les autres organisations se poursuivront jusqu’à lundi à la veille du discours de politique générale du Premier ministre devant l’Assemblée nationale.Ces “premiers échanges” doivent permettre à François Bayrou d'”entendre leurs demandes” et évoquer avec eux “l’actualité sociale” y compris “ce que le Premier ministre a mis sur la table” sur les retraites, a indiqué Matignon.M. Bayrou avait proposé en décembre aux forces politiques de rouvrir une discussion, pendant neuf mois, sur la réforme controversée des retraites de 2023, sans la suspendre. Il avait affirmé croire qu’il pouvait y avoir une autre solution pour leur financement que le report de l’âge de 62 à 64 ans, évoquant un système “à points”.Retraites, emploi, pouvoir d’achat, compétitivité des entreprises… Cette première prise de contact entre le chef du gouvernement et les partenaires sociaux ne devrait pas réserver trop de surprises quant au menu des discussions.En mettant en avant, selon Matignon, sa “méthode très horizontale”, François Bayrou semble inscrire ses pas dans celui de son prédécesseur en matière de dialogue social. Le maintien à son poste de la ministre du Travail, Astrid Panosyan-Bouvet, désormais sous la tutelle de Catherine Vautrin, accrédite l’idée d’une continuité.De quoi quelque peu rassurer des partenaires sociaux qui, unanimes à l’exception de la CGT, avaient alerté le 17 décembre sur “l’instabilité dans laquelle a basculé notre pays”, qui fait “peser le risque d’une crise économique aux conséquences sociales dramatiques”. -Méthode, calendrier-Éviter “l’instabilité” et le spectre d’une nouvelle censure, c’est l’objectif des rencontres entre les ministres en charge du budget de l’État et de la Sécurité sociale et les groupes parlementaires. Reçus lundi à Bercy, les socialistes ont agité la menace d’une censure s’ils n’obtenaient pas des “concessions remarquables” du gouvernement qui a, selon lui, déjà fait “une proposition de modification” de la contestée réforme des retraites. Avant de rencontrer les élus socialistes, le ministre Éric Lombard avait jugé qu’il y avait “plus de perspectives d’un dialogue fécond” avec les partis de gauche qu’avec le Rassemblement national, s’attirant les foudres de Marine Le Pen.Mardi, c’est au tour de la ministre du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles, Catherine Vautrin de recevoir les groupes sur le budget de la Sécurité sociale avec le mantra “respect, écoute, dialogue, humilité et suivi”.Méthode, calendrier, mesures de fond: Mme Vautrin a promis d'”examiner ensemble les points essentiels du texte de projet de loi de financement de la Sécurité sociale tel qu’il a été discuté par le Parlement à l’automne”.Début décembre, le gouvernement Barnier était tombé après l’adoption d’une motion de censure déposée par la gauche après déclenchement par le Premier ministre de l’article 49.3 sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale. Le groupe parlementaire socialiste est à nouveau le premier convié, à 16H30, avenue Duquesne. “Nous, on repart des dernières propositions qu’on avait faites sur le PLFSS au moment de la commission mixte paritaire (CMP)”, a averti le député PS Jérôme Guedj auprès de l’AFP. “La sécurité sociale a un problème essentiellement de recettes. On a décidé d’une dépense nécessaire, l’augmentation de la rémunération des soignants, sans dégager de ressources pour financer cette dépense nouvelle. Aujourd’hui ça coute 14 milliards le Ségur. Donc c’est d’une conférence de financement de la sécu dont on a besoin, avec des recettes nouvelles”, complète l’élu de l’Essonne.

Nouvelle-Calédonie: le gouvernement échoue à élire un président et à sortir de la crise

Elu mardi par les membres du Congrès, le nouveau gouvernement de la Nouvelle-Calédonie a échoué à désigner son président, les non-indépendantistes, majoritaires, n’ayant pas réussi à se mettre d’accord sur un nom. Une nouvelle tentative aura lieu mercredi à 14H00 heure locale (04H00 en métropole).Plus de sept mois après de violentes émeutes, l’archipel a été plongé dans l’incertitude le 24 décembre par le renversement du gouvernement de l’indépendantiste Louis Mapou, en place depuis trois ans. Les négociations n’ont “pas permis de nous entendre autour d’un contrat de gouvernance”, a réagi à l’issue du vote Philippe Dunoyer, candidat du parti Calédonie ensemble (centre-droit, non-indépendantiste), qui a annoncé sa démission du gouvernement, moins d’une heure après l’élection d’un exécutif.Alcide Ponga, candidat du parti Le Rassemblement-Les Républicains (non-indépendantiste), a obtenu quatre voix, contre trois pour l’indépendantiste Samuel Hnepeune.Or, il faut impérativement réunir les votes de 6 des 11 membres pour que soit élu le chef de l’exécutif.Une partie des indépendantistes se sont abstenus, de même que Calédonie ensemble (CE) malgré la candidature de Philippe Dunoyer.Cela “n’empêchera pas le fonctionnement des institutions”, a tenu à préciser M. Dunoyer, qui sera remplacé par Jérémie Katidjo-Monnier, en seconde place sur sa liste.Les membres du gouvernement calédonien sont en effet élus lors d’un scrutin de listes. En cas de démission, c’est le suivant sur celle-ci qui prend la place du démissionnaire.Seule la démission de l’ensemble de la liste provoque la chute du gouvernement. C’est ce scénario qui s’est produit le 24 décembre, avec le départ de Calédonie ensemble.Le mouvement reprochait à l’exécutif de Louis Mapou son “manque de fermeté” face à l’État dans le cadre des discussions pour l’aide à la reconstruction du territoire. Son économie a été mise à terre par l’insurrection qui a débuté le 13 mai, après l’adoption par l’Assemblée nationale à Paris d’une réforme très controversée du corps électoral calédonien.Mais “le gouvernement Mapou n’a pas été renversé pour qu’on débouche sur un blocage institutionnel, a précisé Philippe Dunoyer. “Dès la prochaine réunion du gouvernement, mon remplaçant apportera sa voix à la candidature d’Alcide Ponga à la présidence.”- “ManÅ“uvres politiciennes” -Dans la foulée, Petelo Sao, entré au gouvernement sur la liste CE mais membre de l’Eveil océanien (parti charnière, ni indépendantiste, ni non-indépendantiste) a indiqué qu’il voterait lui aussi “pour Alcide Ponga lors de la prochaine tentative”.Cette crise révèle l’importance des fractures qui traversent la classe politique calédonienne. Si Calédonie ensemble avait annoncé faire chuter l’équipe Mapou pour mettre en place un “gouvernement de salut public transpartisan au service des Calédoniens”, l’échec de mardi montre que, malgré l’urgence économique soulignée par tous, les guerres intestines continuent de prendre le dessus.Virginie Ruffenach, présidente du groupe Rassemblement-LR au ongrès a appelé “à la responsabilité des élus calédoniens afin de ne pas laisser perdurer l’instabilité institutionnelle”. “Tout ça ce ne sont que des manÅ“uvres politiciennes, qui montrent bien que la décision de faire chuter le gouvernement précédent ne servait que des intérêts personnels”, a commenté pour sa part Charles Washetine, de l’Union nationale pour l’indépendance (UNI) dont est membre le président sortant Louis Mapou. Mais les indépendantistes ne sont pas en reste de divisions. En froid avec l’Union calédonienne, qui a présenté Samuel Hnepeune à la présidence, l’UNI a donné consigne à ses deux membres du gouvernement de s’abstenir mardi matin plutôt que de voter en faveur du candidat indépendantiste.Située à 17.000 kilomètres de Paris, la Nouvelle-Calédonie a été meurtrie en 2024 par six mois de tensions insurrectionnelles, sur fond de contestation indépendantiste du corps électoral aux élections provinciales, cruciales pour le territoire. Les troubles ont coûté la vie à 14 personnes et fait plus de 2 milliards d’euros de dégâts. Le scrutin qui devait avoir lieu en 2024, doit se tenir à la fin de l’année.

Faure (PS): “il faut un budget à la France” sous peine de “chaos”

“Il faut un budget à la France”, a affirmé mardi le premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure, sous peine de “chaos” alors que son parti est courtisé par le gouvernement pour éviter une nouvelle censure sur les textes budgétaires. “Ce qu’il faut, c’est un budget pour la France, parce qu’il faut que la France soit gouvernée, parce que je sais aussi que du chaos naîtrait en réalité une situation qui serait d’abord défavorable aux plus vulnérables, les plus riches s’en tire toujours”, a déclaré Olivier Faure sur France Inter. Au lendemain d’une rencontre à Bercy avec le ministre des Finances, Éric Lombard, issu de la gauche, il a néanmoins rappelé ses conditions. Sur les retraites, il a réclamé “une discussion globale”, tout en maintenant sa demande d’une “suspension” de la réforme portant l’âge de départ à 64 ans, un “signal important” selon lui. “Je ne souhaite pas partir dans le vide (…) Il y a aujourd’hui des besoins de financement – cette année autour de 3 milliards, à la fin de la décennie, 15 milliards – donc on ne peut pas considérer qu’il suffirait simplement d’abroger et d’en rester là”, a-t-il argumenté. Et il a développé sa demande: “commencer par suspendre (…), avoir une conférence de financement (…) à l’issue de laquelle nous puissions transitionner vers un nouveau système, trouver un financement alternatif”. Au-delà, il a demandé au gouvernement de revenir sur les 4.000 suppressions de postes prévues dans l’Education nationale et de “financer le Ségur”, qui a permis d’augmenter les salaires dans le milieu hospitalier après la crise du Covid-19. Promettant de s'”opposer très fermement” aux mesures proposées par “l’aile droite voire de droite extrême” du gouvernement, il a répété que “sur la question budgétaire, sur la question de la vie quotidienne des Français, il faut avancer”. Olivier Faure a répété se placer “dans l’opposition” tout en étant “ouvert au compromis”. Pour lui, “dans le nouveau Front populaire, il y a une majorité de parlementaires qui sont pour le dialogue”. “S’il y a des ouvertures, la possibilité d’améliorer la vie des gens, (…), là on va être moteur de ce changement”, a semblé confirmer Fabien Roussel, le chef des communistes, sur TF1, espérant apporter sa “contribution” lors de la rencontre à Bercy prévue mercredi. 

Dix ans après les attentats à Paris, Charlie Hebdo a toujours “envie de rire”

“L’envie de rire ne disparaîtra jamais !”, assure Charlie Hebdo, 10 ans après l’attentat jihadiste qui a décimé une partie de sa rédaction, dans un numéro spécial s’attachant notamment à “rire de Dieu”, alors que des commémorations sont prévues mardi.Dans ce numéro spécial, le journal satirique se dit “increvable!”, avec, en dessin de Une, un lecteur assis sur un fusil d’assaut, lisant, ravi, ce Charlie “historique” de 32 pages.A ses côtés en kiosque, plusieurs quotidiens consacrent leur Une au dixième anniversaire de l’attaque: “Liberté, Liberté Charlie !” titre ainsi Libération, alors que le Figaro s’inquiète de voir la France “toujours sous la menace islamiste” dix ans après.”La menace terroriste n’a jamais été aussi présente”, affirme le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau en première page du Parisien, tandis que l’ombre d’un crayon et d’une gomme trouée par une balle dessine un “10” en Une de La Croix.Dans l’édito de ce numéro spécial de Charlie Hebdo, son directeur Riss affirme que “la satire possède une vertu qui nous a aidés à traverser ces années tragiques: l’optimisme. Si on a envie de rire, c’est qu’on a envie de vivre. Le rire, l’ironie, la caricature sont des manifestations d’optimisme. Quoi qu’il arrive de dramatique ou d’heureux, l’envie de rire ne disparaîtra jamais”.Il revient sur les 10 dernières années marquées, selon lui, par une “situation géopolitique” qui s’est “aggravée”.”Aujourd’hui, les valeurs de Charlie Hebdo, comme l’humour, la satire, la liberté d’expression, l’écologie, la laïcité, le féminisme pour ne citer que celles-ci, n’ont jamais été autant remises en cause”. “Peut-être parce que c’est la démocratie elle-même qui se trouve menacée par des forces obscurantistes renouvelées”, explique-t-il.Le 7 janvier 2015, 12 personnes ont été tuées dans l’attaque de l’hebdomadaire par les frères Kouachi, Français qui avaient prêté allégeance à Al-Qaïda.Parmi elles, huit membres de la rédaction: les dessinateurs Cabu, Charb, Honoré, Tignous et Wolinski, la psychanalyste Elsa Cayat, l’économiste Bernard Maris et le correcteur Mustapha Ourrad.- Dessiner sa “colère” -Charlie était la cible de menaces jihadistes depuis la publication de caricatures du prophète Mahomet en 2006.Le journal, dont la ligne anticléricale n’a jamais varié, a lancé fin 2024 un concours international auprès de dessinateurs de presse sur le thème #RiredeDieu, invitant à “dessine(r) votre colère contre l’emprise de toutes les religions sur vos libertés”.Parmi 350 dessins reçus, près de 40, “les plus efficaces et les plus aboutis”, sont publiés dans le numéro-anniversaire.Parmi eux, l’un représente un Christ en croix se filmant avec un téléphone, un autre montre une mère et son enfant dans un paysage de ruines se disant qu'”un dieu ça va, trois bonjour les dégâts”, un dessinateur se demande si dessiner “un type qui dessine un type qui dessine Mahomet, ça va ?”.Le journal publie également les résultats d’une étude de l’Ifop pour la Fondation Jean-Jaurès réalisée en juin 2024 indiquant que 76% des Français estiment que “la liberté d’expression est un droit fondamental” et que “la liberté de caricature en fait partie”. 62% des sondés se disent favorables au “droit de critiquer de manière outrageante une croyance, un symbole ou un dogme religieux”.- “Je suis Charlie” -Ce sondage a été réalisé par questionnaire autoadministré en ligne du 31 mai au 1er juin auprès d’un échantillon de 1.000 personnes représentatif de la population âgée de 18 ans et plus.Les attentats du 7 janvier 2015 avaient provoqué une émotion mondiale et donné naissance à un slogan de soutien: “Je suis Charlie”. Le 11 janvier, des manifestations avaient réuni près de quatre millions de personnes à travers la France, avec de nombreux chefs d’Etat et de gouvernement dans le cortège parisien.Lundi, Emmanuel Macron a appelé à poursuivre sans “répit” la lutte contre le terrorisme. Il a souligné que le risque “demeure prégnant dans nos sociétés”, ce qui “implique qu’il n’y ait aucun relâchement et une vigilance collective”.Les commémorations se feront mardi en présence du Président, de plusieurs ministres et de la maire de Paris. Elles débuteront à 11h30 dans le XIe arrondissement, où Charlie Hebdo avait ses locaux en 2015, elles se poursuivront boulevard Richard Lenoir, où le policier Ahmed Merabet a été abattu. Elles s’achèveront à 13h10 par un hommage aux victimes du magasin Hyper Cacher porte de Vincennes, à Paris: quatre personnes de confession juive y ont été tuées le 9 janvier.

Macron appelle l’Ukraine à des “discussions réalistes” sur son territoire

Le président français Emmanuel Macron a appelé lundi les Ukrainiens à “mener des discussions réalistes sur les questions territoriales” pour trouver un règlement au conflit provoqué par l’invasion russe en 2022, dans un contexte défavorable à Kiev sur le champ de bataille.”Les Ukrainiens ont à mener des discussions réalistes sur les questions territoriales et eux seuls peuvent les conduire”, a déclaré M. Macron devant les ambassadeurs français réunis à l’Elysée, prévenant qu’il n’y aurait “pas de solution rapide et facile”. La Russie s’est en effet emparée d’environ 20% du territoire ukrainien et accélère sa progression dans l’est ces derniers mois.Les Européens devront néanmoins “construire des garanties de sécurité” pour l’Ukraine, a estimé le chef de l’Etat, soulignant que Washington devra les aider à “changer la nature de la situation et convaincre la Russie de venir à la table des négociations”.Les conjectures vont bon train depuis des semaines sur les conditions de futures négociations de paix, du fait du retour le 20 janvier à la Maison Blanche de Donald Trump, qui a promis de rapidement mettre un terme à la guerre, sans préciser comment.- Frontières “reconnues” -Kiev espère des décisions fortes mais craint aussi une baisse du soutien américain, le président élu ayant critiqué à de nombreuses reprises les milliards de dollars fournis à Kiev.Une “capitulation de l’Ukraine ne saurait être bonne pour les Européens et les Américains”, a insisté Emmanuel Macron, jugeant que la “crédibilité” des Occidentaux serait “battue en brèche” s’ils acceptaient de “transiger” en raison d’une “fatigue” vis-à-vis du conflit.De son côté, le ministre polonais des affaires étrangères RadosÅ‚aw Sikorski, invité d’honneur de cette 30ème édition de la conférence des ambassadeurs, a préconisé “le retour aux frontières internationalement reconnues” en Ukraine, tout en laissant la porte à d’éventuelle concessions territoriales “à l’initiative de l’Ukraine”. “L’Ukraine mérite la paix, a besoin de la paix. Mais une paix à des conditions équitables. Pas une capitulation”, a asséné M. Sikorski, dont le pays, qui soutient fermement l’Ukraine voisine et sert d’axe logistique pour l’aide militaire occidentale, a pris la présidence tournante de l’Union européenne le 1er janvier.”Il appartient aux Ukrainiens de choisir le moment et les conditions de négociation de paix”, a quant à lui réaffirmé son homologue français Jean-Noël Barrot.- Iran, “principal défi” au Moyen-Orient -Devant les ambassadeurs, le président a par ailleurs estimé qu’au Moyen-Orient, l’Iran était “le principal défi stratégique et sécuritaire pour la France, les Européens, toute la région et bien au-delà”.”L’accélération de son programme nucléaire nous amène tout près du point de rupture”, a-t-il poursuivi, avant de dénoncer l’implication de Téhéran “dans la guerre de la Russie contre l’Ukraine” et son “soutien aux groupes dangereux” au Moyen-Orient.”L’Iran est un risque si nous les (les Iraniens) laissons hors du cadre” et sera une priorité dans le dialogue avec le futur gouvernement Trump, a dit M. Macron, prônant un accord “exigeant” et élargi sur le nucléaire iranien, qui fait toujours l’objet de discussions entre Téhéran et les grandes puissances.Sur la Syrie, à la suite de la chute de Bachar al-Assad qui a fui début décembre après avoir dirigé son pays d’une main de fer pendant 20 ans, le chef de l’Etat français a appelé à “regarder sans naïveté le changement de régime” et promis de ne pas abandonner les combattants kurdes, des alliés des Occidentaux dans la lutte contre le jihadisme.La France accompagnera “dans la durée” la transition en faveur d'”une Syrie souveraine, libre et respectueuse de sa pluralité ethnique, politique et confessionnelle”, a-t-il martelé.Les premiers pas d’Ahmad al-Chareh, le chef du groupe islamiste radical Hayat Tahrir al-Sham (HTS) qui a conduit la coalition s’étant emparée de Damas, sont scrutés avec attention. Interpellant sur tous les sujets diplomatiques la future administration américaine, M. Macron a par ailleurs étrillé le patron de X, le milliardaire Elon Musk, devenu conseiller de Donald Trump, l’accusant de soutenir “une nouvelle internationale réactionnaire” et d’ingérence dans les élections, notamment en Allemagne.Evoquant l’urgence climatique, M. Macron a par ailleurs mis en garde contre un “risque très important” de “régression” dans l’effort collectif pour la protection de l’environnement et la lutte contre le réchauffement climatique avec le retour de Donald Trump à la Maison Blanche.”La situation est plus grave encore aujourd’hui, si je devais être honnête avec vous, parce qu’à la fois le président Trump menace une sortie” des accords de Paris adoptés il y a dix ans, et “il reprend de manière décomplexée une production massive d’énergies fossiles”, a-t-il relevé. fff-vl-cf-cl/dab/ial/

Soupçons de financement libyen: premières escarmouches à l’ouverture du procès de Sarkozy

Un ancien chef de l’Etat et trois ex-ministres assis sur le banc des prévenus: le procès de Nicolas Sarkozy pour soupçons de financement illégal de sa campagne 2007 par la Libye de Mouammar Kadhafi s’est ouvert lundi, avec de premières tensions.Comme une photo souvenir d’une époque politique révolue, Nicolas Sarkozy et trois figures de son quinquennat, Brice Hortefeux, Claude Guéant et Eric Woerth, s’assoient en ligne, côte à côte, avant de se lever tour à tour pour décliner leur identité.L’ex-chef de l’Etat, 69 ans, est rôdé à l’exercice: c’est son cinquième procès en cinq ans. L’air grave, il s’avance vers la barre dans son costume bleu marine, croise ses mains devant lui, avant de donner au tribunal sa date et lieu de naissance, le nom de ses parents. Profession ?, lui demande la présidente Nathalie Gavarino. “Avocat”. Situation familiale ? “Je suis marié”. De nationalité française ? “Ma femme ?” Non, vous. “Ah oui”, s’excuse-t-il dans un petit rire.Douze hommes sont jugés au total. Parmi les présents: Thierry Gaubert, un proche de Nicolas Sarkozy, et le discret intermédiaire Alexandre Djouhri.Quatre sont absents: deux hommes d’affaires saoudiens, le Libyen Béchir Saleh (ex-bras droit de Kadhafi) et le sulfureux intermédiaire libanais Ziad Takieddine, tous deux visés par un mandat d’arrêt.En fuite au Liban depuis 2020, ce dernier a prétendu sur RTL lundi matin que “personne” ne l’avait “convoqué” pour cette audience.- “Insinuations” -Après les formalités d’usage, le tribunal se penche sur des débats de procédures.Les conseils de Brice Hortefeux et Nicolas Sarkozy soulèvent l’incompétence du tribunal au profit de la Cour de justice de la République (CJR), parce qu’ils étaient ministres au moment des faits.Nicolas Sarkozy commence à s’agiter sur son strapontin vers 18H00, quand le procureur Quentin Dandoy rappelle que l’ex-président a déjà saisi la justice sur ce point pendant l’enquête. Et que par deux fois, les juges ont rejeté cette demande.”Vous allez faire croire qu’il y a une sorte d’association entre magistrats qui en veulent énormément à Nicolas Sarkozy, et qui se sont réunis, peut-être à la buvette du palais, pour se dire +Nicolas Sarkozy et la CJR c’est niet, ce sera le tribunal de droit commun parce que c’est plus sévère+?”, lance le magistrat, sous les ricanements silencieux et crispés de Nicolas Sarkozy.”Ce genre d’insinuations porte gravement atteinte à l’indépendance de la justice”, ajoute-t-il, pendant que Nicolas Sarkozy bouillonne en commentant à voix basse. La présidente coupe court: “La parole est libre, mais l’ironie n’a pas sa place”, dit-elle au procureur. “Oui, ça me choque”, abonde, furieux, Nicolas Sarkozy. Le procureur s’insurge à son tour: “Je réponds juste à M. Sarkozy qui dit que ce que je dis est effrayant, alors que je ne dis que les faits”.L’audience a été suspendue à 19H15 sans que le tribunal se prononce. Elle reprendra mercredi.- “Pacte de corruption” -Nicolas Sarkozy est accusé d’avoir passé fin 2005, notamment avec l’aide de ses très proches Brice Hortefeux et Claude Guéant, un “pacte de corruption” avec le richissime dictateur libyen Mouammar Kadhafi, tombé en 2011, pour qu’il “soutienne” financièrement son accession à l’Elysée.Jugé pour corruption, recel de détournement de fonds publics, financement illégal de campagne et association de malfaiteurs, il encourt 10 ans de prison et 375.000 euros d’amende, ainsi qu’une privation des droits civiques (donc une inéligibilité) allant jusqu’à cinq ans.L’entourage de Nicolas Sarkozy assure qu’il est “combatif” et “déterminé” à prouver son innocence face à ce qu’il a toujours qualifié de “fable”.L’accusation est portée par le Parquet national financier (PNF). “Notre travail n’est pas un travail politique, nous ne sommes pas engagés politiquement”, a déclaré le procureur financier Jean-François Bohnert lundi matin sur BFMTV/RMC. “Nous n’avons qu’une seule boussole, c’est la loi”.Mi-décembre, Nicolas Sarkozy a été définitivement condamné à un an de bracelet électronique dans l’affaire dite “des écoutes”. Il ne porte pas encore ce bracelet – cela peut prendre plusieurs semaines -, ce qui lui a permis de passer ses vacances aux Seychelles, avec sa femme, la chanteuse Carla Bruni, et leur fille. 

Retailleau/Darmanin: deux présidentiables de droite sur la même ligne sécuritaire

Pour la première fois dans l’histoire récente de la Ve République, les ministres de l’Intérieur et de la Justice sont au diapason, mais les ambitions présidentielles de Bruno Retailleau et Gérald Darmanin pourraient déboucher sur une compétition mortifère pour l’un et l’autre.”Ils ne s’adorent pas, mais ils ne veulent pas s’embêter l’un l’autre”, estime un ancien ministre d’Emmanuel Macron car, dit-il, “ils sont convaincus tous les deux qu’en matière régalienne, il faut de la fermeté”.”Ce sont deux grands fauves de la politique qui ont des visions assez proches de ce que doit être le continuum de sécurité”, note une ministre du gouvernement Bayrou. “Avec eux, la chaîne pénale va être cohérente. C’est un binôme très complémentaire avec un intérêt commun: incarner la sécurité”, relève pour sa part Franck Louvrier, ancien conseiller de Nicolas Sarkozy à l’Élysée.Il considère que la “concurrence entre ces deux profils de présidentiables va être annihilée car l’un ne peut pas réussir sans l’autre”. Il estime même que le tandem peut “être solide malgré les vicissitudes du gouvernement, pour peu qu’il parvienne à installer l’idée dans l’opinion qu’il représente la sécurité”.De prime abord, tout oppose les deux hommes, hormis leur antienne sur la sécurité et l’ordre. Ils ne sont pas de la même génération, Bruno Retailleau, 64 ans, pourrait être le père de Gérald Darmanin, 42 ans. Tous deux sont certes de droite et le revendiquent, mais le premier est resté à LR et était proche de François Fillon quand le second dont le mentor était Nicolas Sarkozy a quitté le parti pour rejoindre Emmanuel Macron en 2017.- “Petites phrases” -“Retailleau est un conservateur, cultivé, beaucoup plus que Darmanin. Il est intellectuellement très affûté”, décrit un responsable socialiste, grand connaisseur des arcanes gouvernementales et parlementaires.Il estime que l’ex-patron du groupe LR au Sénat est très différent de son cadet par sa manière de faire: “Il a des convictions, mais il n’est pas sans foi ni loi, il ne fait pas des coups dans le dos alors que Gérald Darmanin est plus opportuniste”.Avant la dissolution et son entrée au gouvernement de Michel Barnier début septembre comme ministre de l’Intérieur, le sénateur vendéen n’était pas connu pour avoir des ambitions présidentielles.Mais dès son arrivée place Beauvau, il a “fait du Sarko en terme de com'”, selon un parlementaire de gauche, multipliant les formules choc (“mexicanisation du pays”) et les postures martiales, disant souhaiter “frapper la délinquance au cÅ“ur et en profondeur”.En cela, selon la ministre du gouvernement Bayrou, il n’y a pas de différence entre eux. “Les deux sont adeptes des petites phrases”, dit-elle.À son arrivée place Beauvau, Bruno Retailleau avait laissé poindre une envie de tacler son prédécesseur. Devant un Gérald Darmanin impassible, il avait répété à trois reprises que sa feuille de route était de “rétablir l’ordre”, sous-entendant que cela n’avait pas été le cas auparavant. Trois mois plus tard, les voici ensemble avec une ambition commune: venir à bout du narcotrafic avec son lot de meurtres. Chacun a proclamé sa détermination dans ce domaine. “Le risque est plus grand pour Bruno Retailleau. Si les résultats ne sont pas au niveau de ses paroles, ce sera un problème pour lui. Pour Gérald Darmanin, la difficulté de la tâche est moindre. On attend toujours davantage de la police”, souligne le responsable socialiste.Bruno Retailleau et Gérald Darmanin ont déjeuné lundi ensemble pour la première fois depuis l’annonce du nouveau gouvernement. “C’était un déjeuner de travail extrêmement constructif qui leur a permis de travailler ensemble. Ils ont abordé plusieurs dossiers dont la proposition de loi sénatoriale contre le narcotrafic”, a commenté auprès de l’AFP l’entourage du garde des Sceaux, assurant qu’il n’y avait “pas du tout” de rivalité entre les deux hommes.

A Mayotte, Marine Le Pen veut “sonner la cloche” pour rappeler les promesses du gouvernement

Désireuse de “sonner la cloche” pour “rappeler les gouvernants” à leurs “promesses”, Marine Le Pen a sillonné lundi Mayotte qui peine à se remettre du passage du cyclone Chido, en pointant “l’immigration clandestine” dans l’archipel.A l’issue d’une visite du centre hospitalier de Mamoudzou, qui a encore subi des pluies torrentielles vendredi dernier, provoquant des infiltrations d’eau, la leader d’extrême droite s’est improvisée lanceuse d’alerte: “On n’est pas au gouvernement, on n’est pas décideur, mais nous sommes ceux qui pouvons sonner la cloche quand tout le monde regardera ailleurs (…) pour rappeler les gouvernants aux promesses qui ont été faites”.La patronne des députés RN à l’Assemblée nationale a notamment suggéré de “s’adresser à un certain nombre d’ONG, de fondations humanitaires pour combler les besoins (…), notamment de personnels soignants, d’infirmières, de sages-femmes: voilà quel est le rôle que nous allons avoir”.Selon le ministère de l’Intérieur, le cyclone Chido a fait au moins 39 morts et a “entièrement détruit” l’habitat précaire où vivent 100.000 personnes. L’hôpital général de Mayotte, très fortement touché, est désormais opérationnel à 76% (50% pour la maternité).Pour pallier ces difficultés, le gouvernement a déployé un hôpital de campagne, qui a accueilli 2.547 patients depuis le 24 décembre et procédé à des dizaines d’interventions chirurgicales.- Territoires “sortis des radars” -Sur la côte nord de l’île, notamment à Mtsamboro où plusieurs sinistrés lui ont fait part de pénuries d’eau et d’électricité, Marine Le Pen a estimé qu'”on aurait peut-être pu faire un effort supplémentaire pour faire venir par exemple, des gens pour rétablir les lignes électriques”.”La sécurité civile, les militaires, ils vont là où l’Etat leur dit d’aller, mais j’ai l’impression qu’il y a des territoires entiers qui sont un peu sortis des radars”, a-t-elle encore pointé, disant s’être rendue sur place “pour voir si le discours que j’ai entendu correspond à la réalité que je constate”.”La réponse est non”, a-t-elle cinglé, en indiquant “porter ça à qui de droit”. “Ce qu’on nous dit ne correspond pas, semble-t-il, à la réalité, ou en tout cas, ça n’est pas l’intégralité de la réalité”, a-t-elle ajouté.Arrivée dimanche dans l’archipel, la leader d’extrême droite s’est lancée dans un tour de l’île qui doit s’achever mardi matin.Première responsable métropolitaine d’opposition à se rendre dans le département balayé par le cyclone Chido, la triple candidate malheureuse à la présidentielle est en terrain conquis. Elle y avait obtenu 59,1% des suffrages au second tour en 2022, et le RN s’est pour la première fois imposé aux législatives de juillet dans la deuxième circonscription.A Bouéni, au sud-ouest, une épaule recouverte d’un kishali, le châle traditionnel, et parée d’un collier de jasmin – crise oblige, de fausses fleurs -, Marine Le Pen a été remerciée par de nombreux habitants d’être “venue jusqu’à eux”.Plus tôt, elle avait traversé en voiture Sada (centre-ouest) au son des klaxons, en sortant de son véhicule pour faire des selfies avec les villageois, notamment devant la mosquée.- Débat sur le droit du sol -Marine Le Pen avait entendu dès son arrivée mettre un coup de pression au gouvernement, jugeant que “sans régler le problème de l’immigration clandestine, rien ne sera utile”. Elle a promis d'”amender” en ce sens le projet de loi d’urgence qui doit être présenté mercredi en Conseil des ministres.Trois ministres, Manuel Valls (Outre-mer), Bruno Retailleau (Intérieur) et Sébastien Lecornu (Armées) avaient annoncé dimanche dans Le Figaro des “mesures de fermeté” contre l’immigration irrégulière dans le projet de “loi programme” de reconstruction, prévu dans quelques mois.La population de Mayotte est estimée par l’Insee à 320.000 habitants, dont la moitié ne possède pas la nationalité française. Mais il pourrait y avoir “100.000 à 200.000 personnes de plus, compte tenu de l’immigration illégale”, selon une source proche des autorités. “On est au minimum à 500.000, ce qui explique l’effondrement sur lui-même du service public”, a fait valoir Marine Le Pen dans un entretien au quotidien France Mayotte Matin.Face à cette immigration irrégulière, le Premier ministre François Bayrou a plaidé pour un recensement de la population et posé la “question” de revenir sur le droit du sol à Mayotte, déjà restreint, une demande régulière du RN.”C’est évidemment la bonne voie”, a abondé lundi sur RTL Gérald Darmanin, ministre de la Justice, en estimant “pas possible de continuer à avoir plus de 60, 70% de parents non-français qui donnent naissance à Mayotte” et appelant à “arrêter les bons sentiments”.Il répondait indirectement à Elisabeth Borne, désormais ministre de l’Education nationale, selon qui abroger le droit du sol à Mayotte n’est “pas la bonne voie” car “il y a d’autres mesures” possibles.ola-gf-cc-pab/are/ab

Macron veut “coopérer” avec Trump mais étrille “l’internationale réactionnaire” de Musk

Emmanuel Macron a appelé lundi la France et l’Europe à “savoir coopérer” avec Donald Trump, mais a vivement dénoncé, dans le même discours, une “nouvelle internationale réactionnaire” soutenue selon lui par le milliardaire Elon Musk, allié de poids du président élu des Etats-Unis.Présentant sa feuille de route de politique étrangère aux ambassadeurs de France réunis à l’Elysée, le président français a semblé vouloir jouer sur les deux tableaux, en éreintant le patron de Tesla, X et Space X, tout en ménageant le tribun populiste qui fera son retour à la Maison Blanche le 20 janvier.Fort de son “expérience”, Emmanuel Macron, au pouvoir depuis 2017, a invoqué le premier mandat du républicain pour relativiser les craintes européennes.”De 2016 à 2020, la France a su travailler avec le président Trump”, malgré “des désaccords”, et l’Europe n’a “pas démérité” alors qu'”on nous prédisait le pire”, a-t-il  déclaré.”Si on décide d’être faible et défaitiste, il y a peu de chances d’être respecté par les États-Unis d’Amérique du président Trump. Et donc à bon entendeur, salut! A nous de savoir coopérer avec le choix qui a été fait par le peuple américain”, a martelé le chef de l’Etat. Il a assuré que le revenant le plus célèbre du monde “sait qu’il a en France un allié solide”.Depuis l’élection du milliardaire début novembre, Emmanuel Macron tente de rééditer le scénario de 2017, surjouant l’entente avec son homologue. Il a été le premier à l’accueillir à l’étranger, pour la réouverture de la cathédrale Notre-Dame début décembre, qui lui a permis de faire un coup diplomatique en le réunissant avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky.Il y a huit ans, cette stratégie n’avait pas empêché Donald Trump de retirer Washington d’accords cruciaux, sur le climat ou le nucléaire iranien.Mais le président français n’en démord pas. “C’est toujours mon approche, il faut avoir un lien personnel avec les gens qui pensent très différemment de nous, créer du respect”, glissait-il récemment en petit comité. “On ne peut pas tout changer, mais on peut démêler des choses”, estimait-il.- “Pensée unique” -Parallèlement à sa main tendue, Emmanuel Macron a aussi critiqué les positions du 47e président américain.Sur le climat d’abord, son retour comporte “un risque très important d’une régression” des efforts internationaux, a-t-il averti.Sur l’Ukraine ensuite, “il n’y aura pas de solution rapide et facile”, a-t-il tancé, alors que Donald Trump avait promis un règlement express, laissant craindre aux Occidentaux qu’il était prêt à beaucoup céder à la Russie.Alors que son élection semble faire bouger des lignes, le président français l’appelle maintenant à “convaincre la Russie de venir à la table des négociations”.Mais Emmanuel Macron s’en est aussi pris indirectement au tribun populiste en attaquant le mouvement de pensée qui a accompagné sa victoire et dont il est le symbole. Et surtout, sans le nommer, Elon Musk, devenu l’un de ses principaux alliés.”Voilà dix ans, si on nous avait dit que le propriétaire d’un des plus grands réseaux sociaux du monde soutiendrait une nouvelle internationale réactionnaire et interviendrait directement dans les élections, y compris en Allemagne, qui l’aurait imaginé?”, a-t-il lancé devant ses diplomates.Sur X, le milliardaire a récemment commencé à s’en prendre à de nombreux dirigeants européens, dont le social-démocrate allemand Olaf Scholz, confronté à des législatives délicates, ou le travailliste britannique Keir Starmer. Et à soutenir ouvertement des partis d’extrême droite, comme l’allemand AfD.Les propos d’Emmanuel Macron devraient refroidir les bonnes relations qu’il affichait jusqu’ici avec Elon Musk, invité lui aussi à Notre-Dame, ainsi qu’au sommet sur l’intelligence artificielle prévu en février à Paris.”Nous avons tant à faire ensemble”, s’enthousiasmait le président français en 2023 après l’une de leurs nombreuses rencontres, au moment où il espérait le convaincre d’installer une usine de batteries Tesla en France.Emmanuel Macron a donc appelé avec force à ne pas céder à “une espèce de fascination mortifère pour l’internationale des réactionnaires”. “Ils sont très forts, ils ont de l’argent”, mais ils incarnent désormais “la pensée unique”.”Nos démocraties libérales n’ont pas été assez efficaces face aux défis des classes moyennes, ça c’est vrai”, mais ça ne veut pas dire “que les démocraties illibérales ou les régimes autoritaires seraient plus efficaces”, a martelé le président français.

Education à la sexualité: le projet devant les instances de l’Education nationale d’ici “fin janvier”

Le futur programme d’éducation à la vie affective et sexuelle à l’école doit être examiné par les instances de consultation de l’Education nationale d’ici “fin janvier”, une étape importante en vue de sa publication, a déclaré lundi la nouvelle ministre Elisabeth Borne.”Il y a un texte qui est prêt”, a mis en avant Elisabeth Borne à l’issue d’un déplacement à l’école élémentaire Hélène Boucher de Longjumeau (Essonne). “On vise un Conseil supérieur de l’éducation (CSE) d’ici la fin du mois de janvier”, a-t-elle complété. La présentation du texte devant le CSE, une instance qui regroupe les personnels, les usagers et les partenaires de l’Education nationale, est une étape décisive avant sa publication et sa mise en oeuvre pour la prochaine rentrée.”Bien évidemment, s’il y a encore des interlocuteurs qui souhaitent réagir avec mes équipes, on pourrait les recevoir et écouter leurs observations”, a-t-elle ajouté alors que le projet suscite un fort rejet d’élus de droite et d’associations conservatrices qui lui reprochent son “idéologie woke” et l’accusent de se référer à la notion d’+identité de genre+”. L’éducation sexuelle dans les écoles, collèges et lycées, est obligatoire depuis 2001, à raison d’au moins trois séances annuelles, mais cette disposition est, dans les faits, peu respectée.Le programme d’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle (Evars), prévu initialement pour la rentrée 2024, devait être présenté le 12 décembre au CSE en vue d’une publication pour la prochaine rentrée. Mais cette réunion a été annulée après la censure du gouvernement Barnier.Après un premier déplacement à Mayotte marqué par un faux pas vis-à-vis d’enseignants auxquels elle a tourné le dos, Elisabeth Borne a assisté dans cette école de l’Essonne à deux ateliers avec des CM1 et des CM2 consacrés à l’orthographe et à la résolution de fractions.”Les maths, les matières scientifiques c’est aussi fait pour les filles”, a insisté l’ex-Première ministre, elle-même diplômée de l’Ecole Polytechnique, l’une des plus prestigieuses formations françaises d’ingénieurs.