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Bardella se dit “prêt à tendre la main” aux Républicains sur “un accord de gouvernement”

Le président du Rassemblement national, Jordan Bardella, a répété mardi son appel à une nouvelle dissolution de l’Assemblée et affirmé qu’il “prendra ses responsabilités” en cas de législatives anticipées, avec une “très probable” candidature et une “main tendue” à la droite pour former une majorité si besoin.”Si demain il doit y avoir des élections législatives, au regard de la gravité du moment, il est effectivement très probable que je sois candidat à des élections”, a déclaré le président du parti d’extrême droite sur BFMTV et RMC.Un scénario que le président du RN appelle de ses vœux, puisqu’il a réitéré quatre fois en vingt minutes d’interview sa demande “solennelle” à Emmanuel Macron pour qu’il dissolve à nouveau l’Assemblée nationale, car “les Français doivent se choisir une majorité”.S’il a encore assuré que “la décision n’est pas prise” concernant son cas personnel, celui qui prétend accéder à Matignon en cas de victoire semble déterminé à se jeter dans la mêlée: “Évidemment je prendrai mes responsabilités et j’irai aux élections législatives anticipées”.Des élections que le parti à la flamme et ses alliés ciottistes de l’UDR sont “aujourd’hui en capacité de gagner”, veut-il croire, persuadé que le “barrage républicain” qui a contrarié ses plans l’an dernier “est en train de prendre l’eau”.Mais s’il devait lui manquer “quelques députés pour constituer une majorité absolue”, le président du parti d’extrême droite envisage déjà de se tourner vers ceux qui, chez Les Républicains, ne veulent pas “se fondre dans le macronisme”.”J’appellerai l’ensemble des déçus des partis traditionnels, l’ensemble des orphelins de la droite à venir travailler à mes côtés”, a-t-il ajouté, se disant “parfaitement disposé et parfaitement prêt à leur tendre la main sur un accord de gouvernement”, sans “aucun sectarisme” afin d’obtenir “la majorité la plus large possible”.”C’est un virage inédit”, a dénoncé le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, sur X. “Les Républicains n’ont jamais autant usurpé leur nom. La fusion entre la droite et l’extrême droite est entamée”, a-t-il assuré.De son côté, le patron des Républicains Bruno Retailleau a appelé à ne pas voter pour la gauche au second tour dimanche d’une législative partielle dans le Tarn-et-Garonne qui opposera une candidate PS à un UDR, le parti d’Éric Ciotti, soutenu par le RN. “Pas une voix pour la gauche (…) c’est notre ligne”, s’est-il justifié, sans appeler à voter explicitement pour le candidat UDR.

Retailleau ne ferme pas la porte à un retour au gouvernement

Le patron des Républicains Bruno Retailleau a affirmé mardi qu’il ne fermait pas la porte à un retour de son parti dans le gouvernement, à condition qu’il s’agisse d’une “cohabitation” avec la macronie et que LR “ne se dilue pas” dans le camp présidentiel.Les Républicains sont prêts “à gouverner à une condition: c’est que ce soit un gouvernement que j’appellerai de cohabitation” avec la macronie, a affirmé Bruno Retailleau, invité de Europe 1-CNews. La nomination, il y a un an, du LR Michel Barnier à Matignon est déjà “une forme de cohabitation”, a-t-il dit, sans préciser s’il revendiquait le poste de Premier ministre pour son parti. A l’inverse, il a qualifié l’équipe gouvernementale, présentée dimanche par Sébastien Lecornu et qu’il a fait voler en éclats en menaçant de démissionner, comme le reflet “d’une hyper-présidence” d’Emmanuel Macron. Bruno Retailleau a rejeté l’accusation de vouloir rester à tout pris au gouvernement pour conserver un poste. “Allez-y, citez-moi le nombre de personnalités qui depuis 1958 (date de la fondation de la Ve République), nommées ministre d’État, ministre de l’Intérieur, ont refusé?”, s’est-il emporté.Il a attribué sa décision de claquer la porte au fait que Sébastien Lecornu ait “caché” la nomination de Bruno Le Maire à la Défense, l’ancien ministre de l’Economie étant accusé par LR d’avoir provoqué un endettement massif de la France. “On nous a traités, nous, partenaires de ce fameux socle commun, comme on disait à l’époque, comme si on était prêt à avaler toutes les couleuvres”, a-t-il déploré. 

Edouard Philippe demande à Macron d’organiser une présidentielle anticipée après l’adoption du budget

Le patron d’Horizons Édouard Philippe a demandé mardi au président Emmanuel Macron d’annoncer qu'”il organise une élection présidentielle anticipée”, après l’adoption d’un budget pour 2026, pour “sortir d’une façon ordonnée et digne d’une crise politique qui nuit au pays”. Face à “l’affaissement de l’Etat” qui n'”est plus tenu” selon l’ancien Premier ministre, “la sortie de crise, c’est sur lui qu’elle repose”.  “On ne va pas faire durer ce que nous vivons depuis six mois pendant 18 mois encore, c’est beaucoup trop long”, a estimé sur RTL Édouard Philippe, évoquant “un jeu politique affligeant”. Dès lors qu’Emmanuel Macron annoncerait une présidentielle anticipée pour début 2026, “ce serait de nature à donner un peu de visibilité à tout le monde” et rendrait plus facile la nomination d’un Premier ministre “avec pour fonction de construire et faire adopter un budget”, a estimé M. Philippe, lui-même candidat à la prochaine présidentielle.”Face à cette mise en cause terrible de l’autorité de l’Etat, il doit prendre la décision qui est à la hauteur de sa fonction, c’est de garantir la continuité des institutions en partant de façon ordonnée”, a-t-il jugé.L’ancien Premier ministre d’Emmanuel Macron (2017-2020) estime que le chef de l’Etat, “en prenant des décisions à contretemps s’est placé dans cette situation”. “Il n’avait pas à dissoudre, on utilise la dissolution pour régler une crise politique. On ne l’utilise pas pour déminer je ne sais quoi ou à sa convenance personnelle. Quand on est chef de l’Etat, on ne se sert pas des institutions, on les sert”, a-t-il cinglé.Il s’est dit opposé à une dissolution car “le risque terrible d’une dissolution, c’est qu’il n’y ait pas de majorité”.Interrogé sur cette prise de position sur Europe1/Cnews, le président des Républicains Bruno Retailleau a jugé qu’il y avait “une petite course les uns vis-à-vis des autres (dans le camp présidentiel) pour se distinguer du président de la République”.”Je suis gaulliste, ça ne fait pas de moi un macroniste, mais je tiens aux institutions de la Ve République et cette décision est extrêmement grave. Seul le président de la République peut la prendre”, a-t-il expliqué.Lundi soir, Gabriel Attal, le président du parti Renaissance, avait déjà indiqué, que “comme beaucoup de Français” il “ne comprend plus les décisions” du chef de l’Etat”.

Macron critiqué par Attal: il est “trop commode de s’acharner sur un seul homme”, pour Fesneau (MoDem)

Le chef des députés MoDem Marc Fesneau a taclé mardi matin Gabriel Attal, après sa prise de distance avec Emmanuel Macron, estimant qu’il est trop “commode de s’acharner sur un seul homme” alors que la responsabilité se trouve à l’Assemblée.”Il est très commode aujourd’hui de s’acharner sur un seul homme quand, au fond, c’est à l’Assemblée nationale qu’il faudrait essayer de trouver les solutions”, a déclaré M. Fesneau sur Public Sénat.”Qu’est-ce qui fait chuter les gouvernements? C’est pas le président de la République (…) C’est l’incapacité que nous avons à trouver un terrain d’entente pour des choses aussi simples que de voter un budget”, a-t-il ajouté, estimant que l’heure n’est pas à “régler ses comptes” ou “à avoir ce type de querelle”.Il ne “faut pas” être dans “une forme d’ingratitude” alors que “nous sommes tous le produit d’une élection gagnée par un seul homme, Emmanuel Macron”, a ajouté M. Fesneau, appelant la classe politique “à ne pas chercher de bouc émissaire” mais “à trouver des solutions”.Lundi soir, Gabriel Attal, ancien Premier ministre d’Emmanuel Macron et président du parti présidentiel Renaissance, a largement pris ses distances avec le président, en déclarant ne plus plus comprendre, “comme beaucoup de Français”, les décisions du chef de l’Etat.Mardi, le chef d’Horizons Édouard Philippe, Premier ministre d’Emmanuel Macron de 2017 à 2020, a demandé au chef de l’Etat d’annoncer qu'”il organise une élection présidentielle anticipée”, après l’adoption d’un budget pour 2026.

Instabilité politique: le “décrochage” économique est “enclenché”, selon le patron du Medef

Le président du Medef Patrick Martin a fait part mardi sur Franceinfo de sa “colère” et de son “inquiétude” au sujet de la situation politique de la France, après la démission du Premier ministre Sébastien Lecornu qui plonge le pays dans l’incertitude.L’incertitude est telle, selon le patron du Medef, que “le décrochage” économique de la France “est enclenché” face à des pays comme l’Espagne, dont la croissance est “quatre fois supérieure à celle de la France cette année”, ou l’Allemagne, dont “le gouvernement de coalition (…) prend des mesures de soutien massif aux entreprises”. Déplorant des “débats” qu’il juge “très hors sol”, le dirigeant à la tête de la première organisation patronale du pays appelle à “une prise de conscience collective” de la classe politique, alors que quatre chefs de gouvernement se sont succédé en moins de deux ans et qu’aucun consensus ne semble pouvoir être obtenu à l’Assemblée nationale.Le coût de “l’indécision politique” a “été chiffré à 9 milliards de produit intérieur brut de moins cette année” relève Patrick Martin qui “pense que c’est le minimum” que pourrait coûter la situation.  Selon l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), un institut de recherche indépendant OFCE, l’incertitude politique issue de la dissolution de l’Assemblée nationale en juin 2024 puis de la censure du gouvernement Barnier en décembre amputera la croissance de 0,3 point de PIB en 2025. 

Macron donne à Lecornu, démissionnaire, 48 heures pour “d’ultimes négociations”

Emmanuel Macron a donné lundi à Sébastien Lecornu, Premier ministre le plus éphémère de la Ve République, 48 heures pour des négociations de la dernière chance, laissant planer la menace de dissolution en cas d’échec.Ces ultimes tractations ont été accueillies froidement jusque dans le camp présidentiel.”Il y a des décisions qui donnent le sentiment d’une forme d’acharnement à vouloir garder la main”, a taclé le secrétaire général du parti Renaissance Gabriel Attal au 20 heures de TF1. L’ex-Premier ministre, balayé par la dissolution de 2024, a avoué qu’il “ne comprend plus les décisions” du chef de l’État et appelé à “partager le pouvoir”. Il a toutefois indiqué qu’il participerait aux “ultimes négociations”, annoncées par l’Elysée, “afin de définir une plateforme d’action et de stabilité pour le pays”.Sébastien Lecornu, qui dira au chef de l’Etat mercredi soir si un compromis est possible ou non, débutera ses nouvelles tractations mardi à 09H00 en recevant des dirigeants du “socle commun”, la fragile coalition entre le camp présidentiel et le parti de droite Les Républicains dont les signes d’implosion l’ont poussé à démissionner.Les présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat seront aussi présents. Mais pas Bruno Retailleau, le président de LR et ministre démissionnaire de l’Intérieur, qui préfère des contacts bilatéraux avec Sébastien Lecornu, selon des sources de son parti.En cas de nouvel échec mercredi, Emmanuel Macron “prendra ses responsabilités”, a fait savoir son entourage, semblant laisser planer l’hypothèse d’une nouvelle dissolution. Il a précisé qu’en cas de succès, Sébastien Lecornu ne serait pas automatiquement renommé Premier ministre, son rôle se bornant à ce stade à dire si “des voies de compromis” sont encore possibles.- “Fin de règne” -“La fin de règne de la Macronie est interminable. Qu’ils s’en aillent tous!”, a réagi la cheffe des députés La France insoumise Mathilde Panot, quand la patronne des Ecologistes Marine Tondelier a ironisé sur ce “monde politique en train de s’effondrer et qui s’accroche comme une moule à son rocher”.La journée avait commencé par un coup de tonnerre politique.Troisième Premier ministre désigné en un an depuis la dissolution de juin 2024, Sébastien Lecornu, nommé le 9 septembre, s’est rendu aux premières heures à l’Élysée pour remettre sa démission, quatorze heures seulement après avoir formé son gouvernement. Emmanuel Macron l’a d’abord formellement acceptée.”Les conditions n’étaient plus remplies” pour rester, a déclaré M. Lecornu un peu plus tard, regrettant “les appétits partisans” ayant conduit à sa démission. Une allusion claire au patron de LR Bruno Retailleau qui, dimanche soir, a précipité sa chute quelques heures après avoir accepté de rester au gouvernement.Le ministre de l’Intérieur démissionnaire a assuré qu’il ne se sentait “pas du tout” responsable de la crise. La veille, il s’était insurgé contre la composition de l’équipe Lecornu, critiquant notamment le retour, aux Armées, de l’ex-ministre de l’Economie Bruno Le Maire. Ce dernier a renoncé à participer au gouvernement dans l’espoir de permettre “la reprise des discussions”.- Démission, dissolution ou cohabitation -Sébastien Lecornu a aussi regretté que son offre de renoncer à l’article 49.3 de la Constitution pour redonner la main au Parlement n’avait “pas permis” d’évacuer la menace d’une censure de la gauche et du Rassemblement national.Il s’agit du gouvernement le plus bref de la Ve République. Sa chute plonge la France dans une crise politique sans précédent depuis des décennies, aggravant l’impasse née de la dissolution.Le président de la République a peu de cartes dans sa main.Hormis cette mission de la dernière chance confiée à son fidèle soutien, il peut dissoudre une Assemblée figée en trois blocs comme le demande le RN, démissionner comme le voudrait LFI ou nommer un Premier ministre de gauche comme l’ont de nouveau réclamé écologistes et socialistes. Ou encore faire appel à une personne sans étiquette à la tête d’un “gouvernement technique”.- Censure “systématique” -Au RN, Marine Le Pen a jugé une dissolution “absolument incontournable” et estimé qu’une démission du chef de l’Etat serait “sage”.Dans la soirée, le parti d’extrême droite et ses alliés de l’UDR ont fait savoir, par la voix d’Eric Ciotti, qu’ils “censureront systématiquement tout gouvernement” jusqu’à la dissolution ou la démission du président. Le leader de LFI Jean-Luc Mélenchon a lui demandé l’examen “immédiat” d’une motion de destitution d’Emmanuel Macron, “à l’origine du chaos”.Le patron des socialistes Olivier Faure, qui avait joué le jeu des négociations jusque-là et réclamait un nouveau vote parlementaire sur la réforme des retraites pour ne pas censurer, a demandé sur TF1 “un changement de cap” avec l’arrivée d’un “gouvernement de gauche” à Matignon.Face à ce nouveau rebondissement de la crise, la Bourse de Paris a terminé en baisse et sur le marché obligataire, le taux d’intérêt à dix ans passait au-dessus de celui de l’Italie. bur-lum-far-fff-sde/hr/dsa

Crise politique: Attal acte sa prise de distance d’avec Emmanuel Macron

Gabriel Attal, ancien Premier ministre d’Emmanuel Macron et président du parti présidentiel Renaissance, a déclaré lundi que “comme beaucoup de Français” il “ne comprend plus les décisions” du chef de l’Etat, confirmant la nette prise de distances entre les deux hommes.”Je ne comprends plus les décisions du président de la République”, a-t-il asséné au 20H de TF1. “Il y a eu la dissolution. Il y a depuis des décisions qui donnent le sentiment d’une forme d’acharnement à vouloir garder la main”, a-t-il ajouté au soir de la démission de Sébastien Lecornu qui a jeté l’éponge lundi matin après l’implosion du “socle commun”, cette fragile coalition gouvernementale réunissant le centre et la droite.Gabriel Attal a cependant indiqué qu’il participerait aux discussions que va mener Sébastien Lecornu dans les prochaines 48 heures à la demande d’Emmanuel Macron.Le chef de l’Etat a en effet mandaté le Premier ministre démissionnaire pour conduire “d’ici mercredi soir, d’ultimes négociations afin de définir une plateforme d’action et de stabilité pour le pays”. Ces tractations, qui ne se traduiront pas nécessairement par une reconduction de Sébastien Lecornu, doivent commencer mardi matin à Matignon par une réunion destinée à recoller les morceaux au sein du socle commun.Gabriel Attal, qui avait dû quitter le poste de Premier ministre après la dissolution de l’Assemblée nationale de 2024, prône une nouvelle méthode pour sortir de la crise politique. Il a de nouveau plaidé pour la nomination d’un négociateur chargé de créer les conditions de la formation d’un gouvernement et insisté sur la nécessité de “partager le pouvoir”.-“Trois fois”-“Le président a essayé trois fois la même chose depuis un an. Je pense qu’on peut essayer autre chose”, a-t-il dit en référence aux nominations des trois derniers chefs du gouvernement Michel Barnier, François Bayrou et Sébastien Lecornu.”Ce que j’ai proposé après la chute du gouvernement de François Bayrou, avant la nomination de Sébastien Lecornu, c’est de changer de méthode et de mettre le quoi avant le qui, de se mettre autour de la table entre forces politiques autour d’un ou de plusieurs négociateurs indépendants pour arriver à un compromis sur le budget et ensuite nommer un gouvernement”, a-t-il expliqué.La dissolution de 2024 avait marqué le début de la mésentente entre Emmanuel Macron et son Premier ministre d’alors. Informé au dernier moment, laissé en dehors de la confidence, Gabriel Attal avait marqué son désaccord avec la décision du chef de l’Etat d’appeler à des élections anticipées.Depuis, il a pris les commandes du parti présidentiel Renaissance, de son groupe parlementaire, et il laisse nettement poindre ses ambitions pour l’élection présidentielle de 2027.”Ce qu’il faut faire aujourd’hui en France, c’est partager le pouvoir. Dans l’exécutif, mais aussi avec nos collectivités locales, avec les partenaires sociaux. Je crois que c’est ce qui est attendu”, a-t-il ajouté. 

Lecornu, la chute du soldat d’Emmanuel Macron réputé habile négociateur

Discret et réputé habile négociateur, fidèle soldat d’Emmanuel Macron, Sébastien Lecornu aura échoué à cimenter le socle commun de sa fragile coalition et à convaincre les oppositions de renoncer à le censurer, devenant le Premier ministre le plus éphémère de la Ve République. A peine plus d’une douzaine d’heures après l’annonce de son gouvernement, et avant même de passer la main aux Armées – portefeuille qu’il avait gardé – à Bruno Le Maire, Sébastien Lecornu , âgé de 39 ans, a remis lundi matin sa démission au président de la République, qui l’a acceptée, plongeant un peu plus la France dans la crise politique. La veille, Les Républicains menaçaient de quitter la coalition gouvernementale.De tous les gouvernements depuis la première élection d’Emmanuel Macron, il avait manqué de peu Matignon l’année dernière, mais y sera resté moins d’un mois (27 jours), soit le bail le plus court de la Ve République.En succédant à François Bayrou, il avait pourtant annoncé des “ruptures” sur la forme et sur le fond que les oppositions – et la droite dans les derniers jours – estimaient ne pas voir venir. Privé comme ses prédécesseurs de majorité, Sébastien Lecornu avait aussi promis d’être “plus créatif”, “plus sérieux dans la manière de travailler avec (les) oppositions”. – “Exigence” -Peu loquace, c’est en grande partie en coulisses qu’il a étendu son influence dans la macronie et tenté à Matignon de négocier notamment avec les socialistes, avec lesquels Emmanuel Macron avait demandé de “travailler”. Mais il avait refroidi la gauche en fermant la porte à ses principales demandes, dans un entretien au Parisien, sans détailler ses intentions budgétaires.Il avait ensuite annoncé, en accord avec Emmanuel Macron, qu’il renonçait à utiliser le 49.3, qui permet l’adoption d’un texte sans vote, un geste en faveur du Parlement, salué par le PS qui le demandait mais jugé insuffisant pour ne pas le censurer.La nomination de son gouvernement dimanche a ensuite été retardée par les velléités de la droite. Celle-ci demandait davantage de garanties et a été ulcérée par la nomination de Bruno Le Maire aux Armées.”Sébastien Lecornu n’a pas poussé l’exigence de dialogue” et aurait pu choisir aux Armées “une autre personnalité”, décrypte un député MoDem. Mais “on ne peut pas lui jeter entièrement la pierre. Il y a de l’irresponsabilité chez les LR et le PS”, chacun dans une “équation compliquée” en vue des municipales et de la présidentielle.”C’est le Paganini de la négo, mais il n’y a plus de corde au violon”, ironise un cacique de la macronie.Proche de Gérald Darmanin et d’Edouard Philippe, issus comme lui de la droite, Sébastien Lecornu s’était illustré par ses négociations avec les parlementaires pour faire adopter la loi de programmation militaire 2024-2030.- Dernier “gaulliste” -Mais “ce n’est pas difficile” de faire passer un budget en hausse, modère un responsable du bloc central, qui le voit davantage “manœuvrier” et pointe la montée du RN dans son département de l’Eure.Sébastien Lecornu avait été épinglé dans la presse pour un dîner avec Marine Le Pen, ce qui en faisait “l’homme de la négociation avec le RN dans la psyché socialiste”, selon une ministre.Originaire de Normandie, petit-fils de résistant, il a un temps pensé faire Saint-Cyr mais s’est lancé très jeune en politique, battant plusieurs records de précocité. Assistant parlementaire à 19 ans, il devient en 2008 le plus jeune conseiller ministériel auprès de Bruno Le Maire aux Affaires européennes, son mentor en politique, puis en 2015, le plus jeune président d’un département, l’Eure, après avoir été maire de sa ville, Vernon.Propulsé au gouvernement à 31 ans, il est passé par l’Ecologie, les Collectivités, l’Outre-mer, puis les Armées. Réserviste de la gendarmerie dans l’Eure, cet amateur d’histoire élu sénateur en 2020 voulait rester aux Armées, citant régulièrement son lointain prédécesseur Pierre Messmer, inamovible titulaire du portefeuille sous le général de Gaulle.Le patron du PS Olivier Faure a salué lundi matin la démission “avec dignité et honneur” d’un dernier “gaulliste”.

De la dissolution à la démission de Lecornu, des inédits à la chaîne

De la dissolution surprise en juin 2024 à la démission lundi du Premier ministre Sébastien Lecornu, quelques heures après l’annonce d’une partie de son gouvernement, la France a enchaîné, ces 16 derniers mois, les moments politiques inédits.- Campagne électorale la plus courte -Le 9 juin, au soir d’élections européennes largement remportées en France par le Rassemblement national (RN, 31,37% des suffrages), le président Emmanuel Macron annonce la dissolution de l’Assemblée nationale.C’est une première depuis la dissolution ratée de Jacques Chirac en 1997 qui avait porté au pouvoir l’opposition de gauche emmenée par le socialiste Lionel Jospin.Seules trois semaines séparent l’annonce de la dissolution du premier tour des législatives, le 30 juin. Une campagne express sans équivalent sous la Ve République.  – Nombre inédit de députés RN – Les élections aboutissent à une fragmentation de l’Assemblée nationale avec trois blocs, dont aucun n’approche de la majorité absolue des 289 députés.Le Rassemblement national (RN) de Marine Le Pen devient le parti le plus représenté dans l’Hémicycle avec 123 députés, un nombre jamais atteint par cette formation.- Plus long interrègne -Après la démission du Premier ministre Gabriel Attal, Emmanuel Macron annonce qu’il ne désignera pas de Premier ministre avant la fin des Jeux olympiques de Paris.S’ouvre alors le plus long “interrègne” entre deux exécutifs de la Ve République: pendant 51 jours, le gouvernement démissionnaire expédie les affaires courantes.- Premier ministre le plus âgé -Emmanuel Macron désigne le 5 septembre Michel Barnier au poste de Premier ministre. L’ancien commissaire européen et ex-ministre devient à 73 ans le plus vieux Premier ministre de la Ve République (un record battu de quelques mois en avril par son successeur, François Bayrou). Il forme un exécutif marqué à droite, avec à l’Intérieur le conservateur Bruno Retailleau.- Plus court passage à Matignon -La préparation du budget 2025 éprouve durement la fragile coalition de M. Barnier. Le 2 décembre, il engage sa responsabilité pour faire adopter sans vote le budget de la Sécurité sociale (article 49.3). Le 4, une motion de censure de la gauche obtient 311 voix sur les 288 nécessaires, grâce au soutien du RN. Michel Barnier est contraint de démissionner, trois mois à peine après sa prise de fonction. C’est alors le Premier ministre le plus éphémère de la Ve République.- Quatre gouvernements en 12 mois -Emmanuel Macron nomme le 13 décembre le président du MoDem, François Bayrou, à Matignon qui présente le 23 décembre un gouvernement marqué par le retour de deux anciens Premiers ministres, Élisabeth Borne et Manuel Valls, et par le tandem droitier Retailleau-Darmanin. C’est le quatrième gouvernement en l’espace de 12 mois, fait inédit sous la Ve République.Il devra avoir recours en février 2025 à l’article 49-3 pour faire adopter sans vote le budget pour l’année en cours, qui devient le budget le plus tardivement adopté de l’histoire de la Ve République.- Première chute sur un vote de confiance -La chute le 8 septembre du gouvernement Bayrou sur un vote de confiance de l’Assemblée nationale, sollicité par le Premier ministre pour tenter de faire valider ses choix budgétaires, est aussi une première sous la Ve République. Avant François Bayrou, 21 Premiers ministres se sont essayés au vote de confiance, tous avec succès, parfois de justesse comme Jacques Chirac sous la première cohabitation avec François Mitterrand en 1986 et 1987.- Démission avant le premier conseil des ministres -Il avait fallu près d’un mois au nouveau Premier ministre, Sébastien Lecornu, nommé le 9 septembre, pour annoncer dimanche soir la majeure partie de son gouvernement. Son premier conseil des ministres était prévu lundi à 16H00, mais, critiqué de toutes parts et fragilisé par la fronde des Républicains, il a présenté sa démission dans la matinée. Encore une fois du jamais vu sous la Ve République.

Lecornu a remis sa démission à Macron qui l’a acceptée (Elysée)

Le Premier ministre Sébastien Lecornu a remis lundi sa démission à Emmanuel Macron, qui l’a acceptée, a annoncé lundi l’Elysée dans un communiqué.Nommé le 9 septembre, M. Lecornu était sous le feu des critiques des opposants et de la droite après avoir dévoilé dimanche soir une partie de son gouvernement. Son équipe ministérielle n’aura donc duré qu’une douzaine d’heures. M. Lecornu, qui restera comme le Premier ministre le plus éphémère de la Ve République, devait prononcer mardi sa déclaration de politique générale à l’Assemblée et donner à cette occasion ses grandes orientations budgétaires.Sa démission plonge la France dans une crise politique sans précédent depuis plusieurs décennies, et place Emmanuel Macron en première ligne, alors que fleurissent des appels à une nouvelle dissolution, voire à une démission du chef de l’Etat. Le pays a connu cinq Premiers ministres depuis la réélection d’Emmanuel Macron en mai 2022.La désignation de M. Lecornu, ministre des Armées proche d’Emmanuel Macron, avait déjà suscité la réprobation de la gauche et du Rassemblement national, qui n’ont cessé de brandir la menace d’une censure rapide à moins d’une rupture claire dans la politique menée.Mais M. Lecornu a également dû faire face à une fronde à l’intérieur même de sa fragile coalition gouvernementale. Les Républicains ont fait monter la pression ces derniers jours en conditionnant leur participation à des engagements supplémentaires du Premier ministre, notamment sur l’immigration. Ils exigeaient également d’avoir un tiers des postes ministériels.Le dévoilement de son équipe dimanche soir, qui fait la part belle aux reconductions et signe le retour au gouvernement de l’ancien ministre de l’Economie Bruno Le Maire, tenu pour responsable de la situation budgétaire, a achevé d’enflammer la situation. Jusqu’à pousser M. Lecornu à la démission lundi matin.