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L’ombre de Musk plane sur le sommet IA de Paris

Vers une intelligence artificielle plus éthique? Le sommet de Paris sur l’IA va tenter mardi d’aboutir à une position commune des Etats participants mais risque d’être éclipsé par les vues d’Elon Musk sur un acteur-clé du secteur, OpenAI.Chefs d’Etat et dirigeants de la tech se réunissent au dernier jour du sommet à Paris, au moment où l’homme le plus riche du monde cherche à prendre le contrôle de la start-up californienne qui a popularisé l’IA générative avec ChatGPT fin 2022.Selon des informations du Wall Street Journal lundi, Elon Musk veut, avec un groupe d’investisseurs, racheter l’organisation à but non lucratif qui contrôle OpenAI pour la somme de 97,4 milliards de dollars.Si le milliardaire proche de Donald Trump n’a pas répondu à l’invitation au sommet IA lancée par le président français Emmanuel Macron, il risque d’être présent dans les discussions mardi et d’alimenter le débat sur la course à l’intelligence artificielle, étant lui-même partie prenante avec sa start-up d’IA générative, xAI, lancée en 2023.”Non merci (…)”, lui a sèchement répondu sur X le patron d’OpenAI, Sam Altman, qui sera un des participants-phare de la dernière journée du sommet IA, marquée par un volet “business”. Mardi, la session de clôture du sommet IA de Paris, prévoit de dérouler le tapis rouge aux chefs d’État et patrons de la tech pour une série de discours impliquant treize personnalités.Le Premier ministre indien Narendra Modi, dont le pays co-préside l’événement, le vice-président américain J.D. Vance, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres prendront la parole. Le PDG de Google Sundar Pichai, la directrice générale du groupe sud-coréen Naver, Choi Soo-yeon, et le chanteur et créateur de mode Pharrell Williams figurent également parmi les intervenants. L’événement se doublera d’un “Business day”, réunion des entreprises de la tech européenne et internationale, à Station F, l’incubateur de start-up fondé par le milliardaire français Xavier Niel. Le président français Emmanuel Macron s’exprimera, quant à lui, deux fois, avant le point d’orgue de sa journée: un déjeuner avec J.D. Vance à l’Elysée. Le numéro deux de l’exécutif américain, qui a fait carrière dans la Silicon Valley, effectue son premier déplacement à l’international depuis la prise de fonction de Donald Trump fin janvier et l’annonce de “Stargate”, un plan d’investissements dans l’IA américaine à hauteur de 500 milliards de dollars. – “Choisir la France” -Pour son ouverture lundi, le sommet IA a vu le président Macron promettre une “stratégie” comparable à celle mise en avant pour la reconstruction de Notre-Dame de Paris.Son objectif: accélérer la construction d’infrastructures en France dédiées à cette technologie, avec un plan d’investissements privés à hauteur de 109 milliards d’euros.Il faut “choisir l’Europe et choisir” la France, a martelé lundi M. Macron, avec pour arguments l’électricité bas carbone, les talents et la promesse d’une accélération des procédures.Le chef de l’État devrait réitérer ce message mardi après-midi dans les allées de Station F, au milieu des 3.000 à 4.000 entrepreneurs internationaux réunis.  En parallèle, alors que la réglementation de l’IA, l’importance des modèles en source ouverte (qui permettent l’accès à leur code informatique et autorisent d’autres à les utiliser) et le respect de la vie privée ont été largement abordés lundi, les attentes portent sur la déclaration commune prévue mardi. Les participants au sommet devraient publier un texte non-engageant, rassemblant des principes partagés de régulation.Mais lundi, Max Tegmark, président du Future of Life Institute, un organisme non lucratif basé aux États-Unis qui met régulièrement en garde contre les méfaits de cette technologie, a appelé les participants à “ne pas signer” cette déclaration.Après la circulation d’un brouillon de cet accord, M. Tegmark s’est élevé contre une “occasion manquée”. En cause, notamment, l’absence supposée de mention relative aux “risques” associés à l’IA. L’envoyée spéciale de l’Élysée pour le sommet, Anne Bouverot, avait indiqué en amont que le texte final serait “très court”, sans en préciser le contenu.Pour la première fois organisé au sein de l’Union européenne, le sommet de Paris, auquel participent quelque 1.500 personnes, fait suite à deux autres en Corée du Sud et au Royaume-Uni.

Au procès libyen, Sarkozy et les petits carnets du ministre du pétrole

Nicolas Sarkozy l’assure depuis le début du procès: “personne” n’avait jamais parlé d’un “pseudo” financement de sa campagne par la Libye avant qu’il n’envoie des “avions français” soutenir les rebelles en 2011. Personne, sauf un ancien ministre du pétrole, qui l’a écrit dans des petits carnets découverts de façon rocambolesque.Régulièrement et notamment quand les questions l’exaspèrent, l’ex-chef de l’Etat annonce un décompte – un peu aléatoire – du temps qu’il a déjà passé à la barre du tribunal correctionnel de Paris depuis le début du procès le 6 janvier. “22 heures !”, lance Nicolas Sarkozy ce lundi dans la salle d’audience particulièrement pleine de curieux venus tenter d’apercevoir le bracelet électronique qu’il porte désormais sous sa chaussette bleue marine.Ni le poids à la cheville droite, ni le temps passé à la barre n’entravent pourtant son énergie à répéter sa “profonde indignation”, face aux témoignages incriminants que la présidente lui lit ce jour à l’audience. “Accablant de bêtise !”, “que des +gossips+, que des ragots”, enrage l’ex-président qui jure et rejure n’avoir pas touché “un centime” libyen. “Je dois rester bien sûr posé, calme, respectueux, mais quand même, y a un moment c’est fort quoi ! Les innocents ont le droit de s’indigner !”La présidente Nathalie Gavarino, toujours impassible, continue, en arrive aux fameux carnets de Choukri Ghanem. Ex-Premier ministre libyen, ex-ministre du pétrole, il avait rompu avec Mouammar Kadhafi quelques mois avant la chute du régime en 2011 et s’était exilé à Vienne.En avril 2012 et dans des circonstances troubles, son corps est retrouvé dans le Danube. L’enquête conclura à un infarctus suivi d’une noyade. “Il semble qu’il soit mort de manière naturelle fort heureusement”, commente Nicolas Sarkozy à la barre. Un an après sa mort et “de manière totalement incidente”, dans le cadre d’une enquête n’ayant rien à voir avec celle qui occupe le tribunal, insiste le procureur financier, ses agendas sont découverts en perquisition chez son gendre, avant d’être réclamés quelques années plus tard par la justice française dans ce dossier.- “Escroquerie” -Dans ces agendas écrits en arabe où l’on parle de tout sauf de politique française, le nom de Nicolas Sarkozy apparaît pourtant une fois, à la date du 29 avril 2007 – en plein entre-deux-tours de la présidentielle qu’il remportera.Choukri Ghanem y résume “un déjeuner” avec deux autres hauts dignitaires libyens, au cours duquel il a appris que trois virements d'”un million et demi”, de “trois millions”, puis de “deux millions” ont été envoyés “à Sarkozy”.Un total de 6,5 millions d’euros, et surtout la trace d’une mention de financement bien antérieure aux accusations “scandaleuses” lancées par le clan Kadhafi en mars 2011 – des représailles selon Nicolas Sarkozy après l’engagement militaire de la France dans la coalition occidentale. “Je suis celui qui abat la dictature kadhafienne”, justifie, enflammé, l’ex-président à la barre.Le procureur financier ne peut lui s'”empêcher de relever la correspondance assez troublante” entre les montants indiqués dans les carnets, et les virements libyens effectivement retrouvés sur le compte “Rossfield” de l’intermédiaire libanais Ziad Takieddine – jugé mais en fuite.”N’est-ce pas de nature à accréditer de manière extrêmement forte la réalité de ce pacte de corruption ?”, demande Philippe Jaeglé.”Donc pour vous Rossfield, c’est pour moi ?”, rétorque agressif l’ex-chef de l’Etat.”M. Sarkozy, est-ce que vous pouvez répondre sans poser de question”, le prie la présidente.”Les versements libyens sur Rossfield ne me concernent pas”, martèle Nicolas Sarkozy plus calmement. Dans les carnets, note-t-il, Choukri Ghanem écrit aussi au sujet des dignitaires libyens qui auraient envoyé des fonds: “On leur a dit que l’argent n’était pas arrivé, il semblerait que les mecs en chemin l’ont détourné”.Ziad Takieddine a été “capable de faire croire” aux Libyens qu’il “pouvait beaucoup de choses, qu’il était très implanté en France, elle est là l’escroquerie”, assure Nicolas Sarkozy. “Ils se sont fait avoir”.

Conseil constitutionnel : Macron choisit Richard Ferrand, mis au défi des auditions parlementaires

Choisi lundi par Emmanuel Macron pour succéder à Laurent Fabius à la tête du Conseil constitutionnel, l’ancien président de l’Assemblée Richard Ferrand doit désormais surmonter la délicate épreuve des auditions parlementaires, incertaine pour ce proche du président dans le contexte politique.La présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, et son homologue du Sénat, Gérard Larcher, ont également procédé à une chacun : l’ex-députée MoDem et ex-magistrate Laurence Vichnievsky pour la première, le sénateur Les Républicains Philippe Bas pour le second.Ces derniers candidats doivent remplacer Corinne Luquiens et Michel Pinault qui, comme M. Fabius, achèvent leur mandat de neuf ans.Mais c’est bien le choix présidentiel qui recouvre le plus d’enjeu : la décision d’Emmanuel Macron apparaît comme un premier héritage pour le chef de l’État, puisque le futur président du Conseil constitutionnel sera en poste jusqu’en 2034, bien après la fin de son propre bail à l’Élysée.Cette nomination est d’autant plus sensible que personne dans la classe politique française ne se hasarde plus à exclure la possibilité de l’accession au pouvoir de Marine Le Pen dans les prochaines années.Or, le Rassemblement national – comme la droite de Laurent Wauquiez – s’est régulièrement montré critique du juge constitutionnel. Et le RN envisage parfois une révision de la loi fondamentale pour permettre des référendums notamment sur l’immigration.”Sur le fond, il faut effectivement des gens capables de résister à un changement de régime. Ce n’est pas neutre”, explique une source au fait des nominations.- “Recyclage” -Le choix par M. Macron d’, premier de cordée de son accession au pouvoir, qui a gardé l’oreille du président malgré un retrait apparent de la vie politique – il a créé en 2022 sa société de conseil – suscite des critiques tant dans la classe politique que parmi les juristes.”Ce même Richard Ferrand qui en 2023 se disait favorable au 3e mandat présidentiel de Macron !”, a fustigé sur X la présidente des députés LFI Mathilde Panot, faisant référence à un entretien de ce dernier au Figaro, dans lequel il regrettait “à titre personnel” la “limitation du mandat présidentiel dans le temps”, qui “corsète la vie publique” selon lui.Le profil de M. Ferrand “ne s’intègre ni dans une exigence de compétence technique ni dans une impartialité, objective comme subjective, le plaçant au-dessus des contingences politiques”, estiment pour leur part les universitaire Dominique Chagnollaud et Jules Lepoutre dans une tribune au Monde.Dimanche, la porte-parole du RN Edwige Diaz a dénoncé sur France 3 “le monde du recasage et du recyclage des battus”, rappelant que Richard Ferrand, président de l’Assemblée sortante, avait été battu aux législatives de 2022 dans le Finistère.De leur côté, les députés communistes ont déposé une proposition de loi pour encadrer les nominations au Conseil. Il faut “en finir avec les nominations qui font polémique et le fragilisent”, écrivent-ils.M. Ferrand “coche quand même beaucoup de cases. Ancien président de l’Assemblée, comme (Jean-Louis) Debré, comme Fabius. Proche du président, comme cela se fait généralement. Politique, mais plutôt sorti du jeu”, rétorque un chef de groupe.Dans l’entourage d’Emmanuel Macron, on assure également que cette nomination est “dans la tradition de la Ve République” avec le choix d’un “législateur, ancien président de l’Assemblée connu pour son indépendance”.- A l’Assemblée le 19 février -Les trois personnalités doivent désormais passer le cap de l’audition parlementaire. Celles-ci sont programmées le 19 février.Laurence Vichnievsky sera auditionnée par la Commission des Lois du Palais-Bourbon, Philippe Bas par celle du Palais du Luxembourg. Épée de Damoclès: leur candidature sera recalée si trois cinquièmes des commissionnaires s’y opposent.M. Ferrand devra pour sa part convaincre dans les deux chambres, une mission ardue à l’Assemblée où le camp macroniste est loin d’être majoritaire. Prudent, M. Ferrand a ainsi consulté plusieurs chefs de groupe parlementaire et prépare ces auditions. “Il a quand même été un peu abîmé par les polémiques”, souligne un député, rappelant l’affaire des Mutuelles de Bretagne qui lui avait coûté sa place au gouvernement en 2017, et pour laquelle il a obtenu un non-lieu au bénéfice de la prescription.”C’est le candidat du président de la République, dans le contexte actuel c’est déjà une difficulté”, estime une députée macroniste, pessimiste sur l’issue du vote.

Conseil constitutionnel : Laurence Vichnievsky et Philippe Bas, la juge et le sénateur

En plus de Richard Ferrand, proposé par Emmanuel Macron pour présider le Conseil constitutionnel, les présidents de l’Assemblée et du Sénat ont eux aussi choisi deux futurs Sages, respectivement l’ex-députée Laurence Vichnievsky et le sénateur Philippe Bas.Laurence Vichnievsky, magistrate en politiqueCandidate de Yaël Braun-Pivet, la députée MoDem porte à 70 ans l’étiquette d’une femme “pragmatique”.La native de Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), fille d’un père russe professeur d’université et nièce d’oncles préfets et magistrats, fait notamment ses classes à la prestigieuse Ecole Alsacienne.D’abord juge en banlieue parisienne, elle a été juge d’instruction au pôle financier du tribunal judiciaire de Paris et présidente du tribunal de grande instance de Chartres.Son nom est associé à des affaires médiatisées, elle qui avait hérité du dossier concernant la mort en 1979 de l’ex-ministre RPR du Travail Robert Boulin, et qui a notamment instruit l’affaire Elf, avec les juges Renaud Van Ruymbeke et Eva Joly.Comme cette dernière, elle quitte le monde judiciaire pour entrer dans l’arène politique en 2009 au sein d’EELV.Porte-parole puis conseillère régionale en Provence-Alpes-Côte d’Azur, elle prendra ensuite ses distances avec le parti écologiste, avant de se rapprocher du MoDem et d’être élue conseillère régionale en Auvergne-Rhône-Alpes fin 2015 sur la liste de Laurent Wauquiez (LR).Dans un entretien sur le site du MoDem en 2016, elle estime que le système politique “hypertrophie les pouvoirs du président de la République”, prône la “défense de l’environnement”, mais critique “les dérives gauchisantes des représentants officiels de l’écologie”.Elue députée en 2017, cette “pessimiste active” est membre de la Cour de justice de la République, et passe son temps en commission des Lois.Elle y côtoie Yaël Braun-Pivet qui vante aujourd’hui une Laurence Vichnievsky “à la fois politique et magistrate” et très “indépendante”.Elle a toutefois échoué à se faire réélire députée après la dissolution.Son passé de juge “n’est pas celui qui nous rassure (…), on verra à l’audition”, souligne un cadre RN, qui l’estime “dure”. “Elle a l’image d’une juge offensive”, mais est “estimable” et “pragmatique”, note un influent député à l’extrême droite.Suscitera-t-elle des réticences à droite ? Un proche de Laurent Wauquiez, désormais chef des députés LR, se souvient juste qu’elle ne paraissait pas poser problème sur ces bancs au conseil régional d’Auvergne-Rhône-Alpes. Elle est “plus à droite qu’on ne le croit”, juge un cadre MoDem.Philippe Bas, serviteur de l’Etat de droitHaut-fonctionnaire au CV long comme le bras, fin politique au discours minutieux et ardent défenseur de la Ve République, le sénateur Les Républicains Philippe Bas incarne comme peu de parlementaires le service de l’Etat.Âgé de 66 ans – comme la Constitution du 4 octobre 1958 -, le sénateur de la Manche fut secrétaire général de l’Elysée sous Jacques Chirac (2002-2005), ministre de la Santé de Dominique de Villepin, soutien-clé dans la campagne de François Fillon à la présidentielle de 2017.Au fil d’une carrière débutée au… Conseil d’Etat, dès 1984, le natif de Paris ne s’est jamais tenu très loin des institutions de la Ve République.Pour Gérard Larcher, Philippe Bas “est le choix de la légitimité”, glisse-t-on dans l’entourage du président du Sénat, qui souligne la “richesse et la diversité de sa carrière”. “Nul doute qu’il apporterait au Conseil constitutionnel la sagesse et l’expertise juridique nécessaires à l’accomplissement de sa mission constitutionnelle”, explique-t-on encore.Au Sénat, Philippe Bas détonne par son discours millimétré et ses formules teintées parfois d’un humour un peu pince-sans-rire ou d’autodérision.Avec ses fines lunettes et son style “vieille France”, l’énarque est surtout systématiquement consulté lorsqu’il s’agit de toucher à la Constitution.Quitte à s’attirer les foudres dans son camp, c’est lui qui réussit à débloquer le dossier sensible de l’inscription de l’avortement dans la Constitution, lorsqu’il propose un compromis autour du terme de “liberté” d’avoir recours à une IVG, entraînant derrière lui une majorité au Sénat.Favorable à l’union de la droite avec le centre pour contrer le Rassemblement national bien avant la dissolution, cet ancien collaborateur de Simone Veil n’en reste pas moins un élu très critique d’Emmanuel Macron, sur son choix de dissoudre l’Assemblée nationale par exemple. Il a aussi piloté au Sénat une commission d’enquête retentissante sur l’affaire Benalla.

Richard Ferrand, le dernier grognard de Macron prêt à devenir Sage

Il se serait imaginé “éteindre la lumière” des quinquennats d’Emmanuel Macron comme Premier ministre, mais Richard Ferrand a été désigné lundi comme le candidat du président pour la tête du Conseil constitutionnel. Une consécration pour cet ex-président de l’Assemblée issu de la gauche, resté un influent entremetteur politique.Vendredi 13 décembre 2024, 10H30, un nom s’affiche sur le téléphone de Richard Ferrand: François Bayrou. “Richard, il nous faut nous voir”, souffle le patron du MoDem, à peine sorti du bureau d’Emmanuel Macron où il tente d’arracher sa nomination comme Premier ministre.Pourquoi, en plein bras de fer, M. Bayrou passe-t-il une heure à écumer sa colère dans un appartement de la rive gauche de Paris ? Car il sait Richard Ferrand l’un des rares capables de décoder la psyché élyséenne, après dix années à côtoyer Emmanuel Macron. “Il a un positionnement unique auprès du président qui est de pouvoir vraiment tout lui dire, sans filtre, et le président l’écoute pour de vrai. Ce lien-là je ne l’ai jamais vu s’éteindre”, témoigne l’ancien ministre Stanislas Guerini.Un poids que M. Ferrand, 62 ans, s’emploie à minimiser auprès de ses interlocuteurs, faisant valoir qu’il y avait “des sujets sur lesquels” il pouvait “emporter la conviction” du président. “D’autres, ce sont des bouteilles à la mer”, s’amuse-t-il.Sans mandat électif depuis 2022, désormais à la tête d’une société de conseil, M. Ferrand n’en conserve pas moins un pied en politique, au point d’être maintes fois cité pour Matignon. Il est aperçu devisant avec François Hollande devant Notre-Dame le jour de la réouverture, à une table de restaurant avec les ex-ministres Eric Dupond-Moretti et Olivier Dussopt, tandis que fuitent des bribes de ses échanges avec Nicolas Sarkozy…Et cet adepte de la formule ciselée, amateur de bonne chère et de rugby, d’ironiser sur le taux de remplissage de sa messagerie à l’heure des remaniements, ou sur les floraisons de mots doux – et intéressés – qu’on lui susurre à l’adresse du président, y compris d’opposants notoires. – Garant -Du commando originel qui a contribué à amener M. Macron au pouvoir en 2017, beaucoup ont pris le large, usés, déçus voire balayés par les affres de la politique. Mais Richard Ferrand, qui végétait au mitan des années 2010 dans le marais des députés socialistes avant d’être propulsé sur le devant de la scène par l’aventure macroniste, est arrimé dans la garde rapprochée. Y compris après sa défaite aux législatives de 2022, après dix ans de mandat dans le Finistère où cet Aveyronnais d’origine avait jeté l’ancre. Y compris aussi après avoir essuyé dès l’été 2017, tout juste nommé ministre de la Cohésion des territoires, une tempête judiciaire avec le dossier des Mutuelles de Bretagne. Mis en examen pour “prise illégale d’intérêts”, il a vu le feuilleton se clore en octobre 2022, la Cour de cassation confirmant la prescription de faits que M. Ferrand estime de toutes façons “pas établis”.Père de deux jeunes filles et d’un fils plus âgé issu d’un premier mariage, cet ancien journaliste et dirigeant d’une agence de graphisme s’est souvent dit meurtri par cette affaire immobilière. Cela l’a aussi amené à réserver sa réponse pour se porter candidat à la présidence du Conseil constitutionnel. Pas tant une question d’envie: comment refuser de s’inscrire dans les pas de Laurent Fabius et Jean-Louis Debré, qui furent également ses prédécesseurs à la présidence de l’Assemblée ? Une manière aussi de se poser en garant des institutions en cas d’arrivée de forces populistes à l’Elysée en 2027.Ses ennuis passés pourraient-ils amener députés et sénateurs à rejeter la candidature de M. Ferrand ?”Je pense qu’il prend une banane à la fin”, prédit une ancienne ministre, notant que l’ombre portée d’Emmanuel Macron ne représentait guère un avantage. L’adversité pourrait-elle même venir de son camp, où la page Macron commence à se tourner, avec la prise de contrôle du parti par Gabriel Attal ? Visant notamment M. Ferrand, l’entourage de l’ex-Premier ministre avait d’ailleurs moqué l’an dernier dans la presse l’influence des “boomers” qui voudraient faire de la Ve République un “Ehpad”. A l’inverse, un cadre de la majorité fait valoir l’expérience au Perchoir (2018-2022) de M. Ferrand “qui a plutôt donné le sentiment de respecter chacun”. Avant de tempérer: “Comme on est dans un moment politique où tout le monde veut faire la peau de tout le monde, on ne sait pas”.

Budget de la Sécurité sociale: l’Assemblée repousse une nouvelle motion de censure contre Bayrou

L’Assemblée nationale a rejeté lundi une nouvelle motion de censure, déposée par LFI contre le recours de François Bayrou à l’article 49 alinéa 3 de la Constitution pour faire adopter sans vote la partie “recettes” du budget de la Sécurité sociale pour 2025. La motion n’a recueilli que 115 voix sur 289 nécessaires, en l’absence du soutien du RN et du groupe PS.Face à un hémicycle fortement clairsemé, François Bayrou a défendu le besoin d’un budget “adopté dans les plus brefs délais”. La vice-présidente LFI de l’Assemblée Nadège Abomangoli ayant appelé à censurer un budget qui “multiplie les trompe-l’oeil” et un gouvernement qui “parle et agit comme le Rassemblement national”.Chahuté par les Insoumis, le socialiste Jérôme Guedj a assumé la non-censure et appelé à “un Grenelle du financement” de la Sécu, mettant notamment sur la table le financement par “les successions”, “le patrimoine” ou encore une “participation des retraités”.Dans la foulée le Premier ministre a engagé un autre 49.3, sur la dernière partie du texte, concernant les “dépenses” pour 2025. Les Insoumis répondant par l’annonce d’une nouvelle motion de censure, qui devrait être examinée probablement mercredi.Une fois adopté à l’Assemblée, le texte ira au Sénat, où le gouvernement espère une validation sans modification par la chambre haute, a priori les 17 et 18 février, qui vaudrait adoption définitive au Parlement et viendrait clore la séquence budgétaire.Le projet de loi, qui avait coûté son poste à Michel Barnier, a depuis fait l’objet de tractations, notamment entre l’exécutif et le PS.Il prévoyait de contenir la hausse des dépenses de santé à +2,6%, pour arriver à 264,2 milliards d’euros. Le gouvernement a promis de réviser cet objectif à +3,3%. Une rallonge de plus d’un milliard pour redonner de l’air aux hôpitaux.L’exécutif a aussi renoncé à une hausse des tickets modérateurs (reste à charge du patient après le remboursement de l’assurance maladie), notamment sur les consultations médicales, pour un coût chiffré à 400 millions d’euros.La censure a par ailleurs eu raison de la désindexation des retraites sur l’inflation, largement combattue dans l’hémicycle.Après un premier passage au Sénat, le texte prévoyait une nouvelle “journée de solidarité” en faveur du grand âge, soit sept heures annuelles supplémentaires travaillées sans rémunération. Mais le gouvernement y a renoncé.Le projet initial prévoyait un déficit de 16 milliards d’euros, mais le retard pris depuis la censure, certaines concessions non compensées et la dégradation des prévisions macro-économiques, conduisent le gouvernement à prévoir un déficit autour de 23 milliards d’euros en 2025, un déficit “considérable et en progression”, a alerté François Bayrou évoquant une “tâche immense pour l’avenir”.

Conseil constitutionnel: très probable choix du président, Ferrand tourné vers les auditions parlementaires

Richard Ferrand va-t-il succéder à Laurent Fabius à la tête du Conseil constitutionnel ? Très probable choix d’Emmanuel Macron attendu lundi soir, l’ancien président de l’Assemblée devra ensuite passer l’épreuve des auditions parlementaires, incertaine dans le contexte politique.La présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, et son homologue du Sénat, Gérard Larcher, doivent également procéder chacun à une nomination. Leurs candidats doivent remplacer Corinne Luquiens et Michel Pinault qui, comme M. Fabius, achèvent leur mandat de neuf ans.Selon plusieurs sources, Mme Braun-Pivet pencherait pour l’ex-députée MoDem et ex-magistrate Laurence Vichnievsky. Côté Gérard Larcher, circulent les noms du sénateur Philippe Bas, favori, et du ministre François-Noël Buffet. Ce dernier bénéficierait cependant du soutien du ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, selon une source proche du processus de nomination.Mais c’est bien le choix présidentiel qui recouvre le plus d’enjeu: la décision d’Emmanuel Macron apparaît comme un premier héritage pour le chef de l’État, puisque le futur président du Conseil constitutionnel sera en poste jusqu’en 2034, bien après la fin de son propre bail à l’Élysée.Cette nomination est d’autant plus sensible que personne dans la classe politique française ne se hasarde plus à exclure la possibilité de l’accession au pouvoir de Marine Le Pen dans les prochaines années. Or, le Rassemblement national – comme la droite de Laurent Wauquiez – s’est régulièrement montré critique du juge constitutionnel. Et le RN sur l’immigration envisage parfois une révision de la loi fondamentale via la procédure controversée de l’article 11.”Sur le fond, il faut effectivement des gens capables de résister à un changement de régime. Ce n’est pas neutre”, explique une source au fait des nominations.- “Recyclage” -Le choix par M. Macron d’un proche, premier de cordée de son accession au pouvoir, qui a gardé l’oreille du président malgré un retrait apparent de la vie politique – il a créé en 2022 sa société de conseil – suscite des critiques tant dans la classe politique que parmi les juristes.”Ce choix va indubitablement affaiblir la légitimité d’une institution qui va prendre une importance considérable, étant donné les circonstances politiques”, a estimé sur X le sénateur Pierre OuzouliasLe profil de M. Ferrand “ne s’intègre ni dans une exigence de compétence technique ni dans une impartialité, objective comme subjective, le plaçant au-dessus des contingences politiques”, estiment pour leur part les universitaire Dominique Chagnollaud et Jules Lepoutre dans une tribune au Monde.Dimanche, la porte-parole du RN Edwige Diaz a dénoncé sur France 3 “le monde du recalage et du recyclage des battus”, rappelant que Richard Ferrand, président de l’Assemblée sortante, avait été battu aux législatives de 2022 dans le Finistère.De leur côté, les députés communistes ont déposé une proposition de loi pour encadrer les nominations au Conseil. Il faut “en finir avec les nominations qui font polémique et le fragilisent”, écrivent-ils.M. Ferrand “coche quand même beaucoup de cases. Ancien président de l’Assemblée, comme (Jean-Louis) Debré, comme Fabius. Proche du président, comme cela se fait généralement. Politique, mais plutôt sorti du jeu”, rétorque un chef de groupe.”Je ne vois pas ce qui pourrait s’opposer à ce qu’il soit désigné”, a abondé dimanche sur Radio J le président du groupe centriste au Sénat, Hervé Marseille.- A l’Assemblée le 19 février -Une fois annoncées, les trois personnalités devront passer le cap de l’audition parlementaire. Celles-ci sont programmées le 19 février s’agissant de l’Assemblée.Le candidat de Mme Braun-Pivet sera auditionné par la Commission des Lois du Palais-Bourbon, celui de M. Larcher par celle du Palais du Luxembourg. Épée de Damoclès: leur candidature sera recalée si trois cinquièmes des commissionnaires s’y opposent.Le candidat de M. Macron devra pour sa part convaincre dans les deux chambres. Prudent, M. Ferrand a ainsi consulté plusieurs chefs de groupe parlementaire et prépare ces auditions. “Il a quand même été un peu abîmé par les polémiques”, souligne un député, rappelant l’affaire des Mutuelles de Bretagne qui lui avait coûté sa place au gouvernement en 2017, et pour laquelle il a obtenu un non-lieu au bénéfice de la prescription.”C’est le candidat du président de la République, dans le contexte actuel c’est déjà une difficulté”, estime une députée macroniste, pessimiste sur l’issue du vote.

Premier ministre et maire de Pau, la drôle de vie de François Bayrou

“J’habite ici, je n’ai pas l’intention de déménager”: depuis sa nomination à Matignon, François Bayrou redescend tous les week-ends à Pau, où il occupe toujours son fauteuil de maire, assumant ce cumul de fonctions malgré les critiques locales et nationales.”Ici c’est le maire de Pau”, a-t-il répondu vendredi à la radio RMC venue sur ses terres. “Premier ministre, vous savez, c’est fugace (…) on n’est pas assuré de la durée, tandis que la mairie de Pau, c’est un enracinement profond”, nécessaire pour atténuer la “rupture” entre “la base” des “Français qui travaillent” et “le sommet” du pays.Pour remédier à ce problème, M. Bayrou a même annoncé le 16 décembre vouloir “rouvrir le débat” sur le non-cumul des mandats locaux pour les parlementaires, lors du premier conseil municipal qui avait suivi sa nomination à la tête du gouvernement, trois jours plus tôt.Son choix d’aller à Pau plutôt qu’à Mayotte, tout juste ravagée par le passage du cyclone Chido, avait alors suscité la polémique. “Je suis obligé de vous dire que Pau est en France”, avait ironisé le lendemain à l’Assemblée François Bayrou, en réponse à la cheffe de file des députés insoumis, Mathilde Panot, soulignant qu’il avait participé à une cellule de crise sur Mayotte “en visio”, comme le ministre de l’Intérieur. Mais pas jusqu’au bout, car son visage avait disparu au moment des conclusions d’Emmanuel Macron. Maire depuis 2014 et rompu aux responsabilités nationales, le Premier ministre a mis en place localement un “fonctionnement resserré” et “bien huilé” autour de son directeur général, de son directeur de cabinet et de son premier adjoint, selon ce dernier.- “Maire en pointillé” -Pour Jean-Louis Pérès, auquel François Bayrou a confié une délégation générale, “l’expérience locale nourrit la réflexion dans la fonction de Premier ministre”.Du vendredi au lundi, François Bayrou enchaîne à Pau les inaugurations et conférences de presse sur des projets locaux, comme celui de la végétalisation d’une place samedi. Ce grand amateur de chevaux a aussi été aperçu à l’hippodrome, le 19 janvier, et le week-end suivant au stade du Hameau pour un match de rugby entre la Section paloise et Clermont.”Ca ne surprend que les gens qui sont Parisiens dans leur tête et qui considèrent que le pouvoir ne s’exerce qu’à Paris”, a déclaré le Premier ministre à l’AFP. Simplement, “je rentre chez moi le week-end”.”Il n’a pas transformé son mode de fonctionnement”, convient Jean-François Blanco, élu d’opposition écologiste (EELV) depuis 2020. “Il est là du vendredi au lundi, comme maire en pointillé, davantage préoccupé par son destin national”. “Je pense qu’il ne voulait pas lâcher Pau et qu’avec son orgueil très fort il voulait montrer qu’il pouvait tout faire, qu’il pouvait réussir là où tout le monde a échoué, estime le socialiste palois Jérôme Marbot. Pour justifier ça, il a proposé qu’on revienne sur le non-cumul des mandats.”- Indemnités locales abandonnées -Devenu Premier ministre, avec un emploi du temps parisien décrit comme un “enfer”, François Bayrou a “immédiatement” renoncé à ses indemnités de maire de Pau et de président de la Communauté d’agglomération, d’un montant cumulé d’environ 8.200 euros brut, a indiqué son entourage à l’AFP. Quant à ses allers-retours entre Paris et les Pyrénées, ils sont opérés en “vols commerciaux”, sans que les “Falcon ne soient mobilisés”, selon Matignon.Sauf justement ce 16 décembre, quand François Bayrou s’est rendu en Falcon à Pau, car c’était “plus facile”, selon lui, au vu des places à réserver pour les nombreux personnels de sécurité qui l’accompagnent pour sa santé et les transmissions. Un moyen auquel il a aussi eu recours le 11 janvier, avait dénoncé M. Marbot. Air France opère quatre liaisons par jour entre Pau et l’aéroport Charles-de-Gaulle, depuis l’arrêt de la liaison de Transavia avec Orly le 27 octobre. Sa reprise n’est pas encore actée, mais François Bayrou a cherché à convaincre son prédécesseur Michel Barnier de la maintenir.Fin janvier, en conférence de presse à Pau, François Bayrou avait assuré ne “jamais confondre les rôles” locaux et nationaux. “Ici je suis maire, comme je suis père de famille quand je suis chez moi.”

Le maire RN de Fréjus convoqué au tribunal pour prise illégale d’intérêt

Le maire RN de Fréjus David Rachline, soupçonné de prise illégale d’intérêts, est convoqué le 30 septembre devant le tribunal correctionnel de Draguignan (Var), a-t-on appris lundi auprès du parquet, confirmant une information du Nouvel Obs.L’affaire, dans laquelle M. Rachline est poursuivi pour “prises illégales d’intérêt”, “concerne les conditions de sa nomination à la tête des deux sociétés d’économie mixte”, Fréjus Aménagement et Gestion du port de Fréjus, a précisé à l’AFP le procureur de Draguignan Pierre Couttenier.Dans un communiqué, M. Rachline, maire de Fréjus depuis 2014, s’est dit “serein et confiant”, dénonçant un “acharnement médiatique” et des “polémiques calomnieuses”.”Sur le fond, affirme M. Rachline, l’affaire porte sur des délibérations du conseil municipal concernant les deux sociétés d’économie mixte locale de la ville de Fréjus, à une époque où la loi n’imposait pas aux élus de se déporter de ces délibérations, en considérant qu’ils n’étaient pas en situation de conflit d’intérêt”.Selon lui, les accusations sont “contredites par la Chambre régionale des Comptes PACA qui a passé au crible tous les actes de gestion et les marchés publics de la Ville de Fréjus, sans retenir aucune infraction pénale”, et dont le rapport “sera rendu public d’ici quelques semaines”.En décembre 2023, la justice avait ouvert une enquête sur le maire de Fréjus à la suite de la publication du livre “Les Rapaces”, écrit par une journaliste de l’Obs Camille Vigogne Le Coat et mettant en cause sa gestion de cette cité balnéaire de 56.000 habitants. M. Rachline avait alors qualifié les accusations du livre “de pures inventions relayées par d’anciens collaborateurs éconduits et opposants politique”.Agé de 37 ans, David Rachline a gravi à grande vitesse les échelons du parti d’extrême droite. Conseiller municipal de sa ville à 20 ans, il a dirigé le Front national de la jeunesse et été directeur de campagne de Marine Le Pen pour la présidentielle de 2017. Cinq ans plus tard, l’ex-sénateur, réélu à la tête de sa ville dès le premier tour en 2020, est propulsé deuxième vice-président du parti d’extrême droite.

Immigration: Faure appelle la gauche à “parler fort”

Le premier secrétaire du parti socialiste Olivier Faure a appelé lundi la gauche à “parler fort” sur le sujet de l’immigration, plutôt que de laisser “la place vide” à la droite et l’extrême droite. “On ne peut pas considérer à tout moment qu’en fuyant le débat on consolide ses positions”, a estimé Olivier Faure sur RMC-BFMTV, alors que le Premier ministre François Bayrou a souhaité vendredi “ouvrir un débat” sur l’immigration “plus large” que le seul droit du sol.”Qu’est-ce que c’est qu’être français? Qu’est-ce que ça donne comme droits? Qu’est-ce que ça impose comme devoirs? Qu’est-ce que ça procure comme avantages? Et en quoi ça vous engage à être membre d’une communauté nationale? A quoi croit-on quand on est Français?”, a développé le chef du gouvernement. “En 2008-2009, Nicolas Sarkozy avait déjà posé le débat de l’identité nationale et à l’époque, la gauche avait considéré que c’était un piège”, a rappelé Olivier Faure. “C’était un piège, c’est vrai, mais je crois qu’il faut prendre son risque”, a-t-il complété.Olivier Faure avait suscité la colère de la France insoumise (LFI) en fin de semaine dernière lorsqu’il avait déclaré qu’un débat sur l’identité nationale n’était “pas tabou”.”Il faut que la gauche puisse parler fort de ce qu’elle pense être l’identité du pays”, a-t-il insisté. “La France est aujourd’hui un pays métissé, pluriculturel, plurireligieux et qui aujourd’hui plonge ses racines à la fois dans son histoire mais aussi dans les apports successifs migratoires”, a détaillé le responsable socialiste.  Critiquant la “vision figée” d’une “France blanche et catholique”, d'”un âge d’or mythique auquel il faudrait revenir”, selon lui partagée par les ministres de l’Intérieur et de la Justice Bruno Retailleau et Gérald Darmanin, il a défendu sa propre vision: “vivre en France”, c’est “partager un projet”. “Depuis la Révolution française, ce sont des valeurs essentielles qui sont rappelées au fronton de nos mairies, de nos écoles, liberté, égalité, fraternité auxquelles nous avons rajouté la laïcité”, a-t-il expliqué. Il a jugé que “ce projet partagé” permettait “à des gens qui ont une histoire qui peut plonger ses racines à des milliers de kilomètres de Paris” de “venir consolider ce que nous sommes”.Â