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Condamnation du RN: le Parlement européen réclame ses 3,5 millions d’euros de dommages et intérêts

Le Parlement européen a indiqué mercredi avoir réclamé au Rassemblement national ainsi qu’à l’ensemble des parties condamnées dans l’affaire des assistants d’eurodéputés, dont Marine Le Pen, les quelque 3,5 millions d’euros des dommages et intérêts.”Compte tenu du jugement du 31 mars, l’avocat représentant le Parlement européen a mis en Å“uvre les conclusions retenues par le jugement et transmis les demandes de remboursement des sommes retenues dans la décision du tribunal”, a indiqué à l’AFP le service de presse du Parlement.Dans sa décision, la juridiction correctionnelle de Paris avait condamné solidairement le parti d’extrême droite, les eurodéputés visés ainsi que leurs assistants parlementaires, payés sur des fonds européens mais dont la justice a établi en première instance que leur activité était au seul bénéfice du RN, à 3.247.982,87 euros de préjudice matériel et 200.000 euros de préjudice moral. A cela s’ajoutent 80.000 euros de frais d’avocat.Les magistrats avaient en outre prononcé l’exécution provisoire de ces condamnations civiles, c’est-à-dire leur application immédiate sans qu’un appel ne suspende leur exigibilité.”Comme il le fait de façon systématique et constante, le Parlement européen s’est constitué partie civile dans l’enquête ouverte par la justice française en vue d’obtenir la réparation des préjudices financiers et de réputation. On notera que les fonds dont il est question ici sont de l’argent public européen et, en ce sens, les citoyens européens et les contribuables français sont tout autant victimes dans cette affaire que ne l’est le Parlement européen”, fait encore valoir l’institution strasbourgeoise.”C’était prévisible, mais je trouve que le tempo, le feuilleton de l’affaire est en tout cas assez savamment orchestré du côté du Parlement européen”, a commenté mercredi sur FranceInfo le député RN Laurent Jacobelli.Le parti à la flamme ainsi que 12 des personnes condamnées dans le dossier des assistants d’eurodéputés du parti, dont Marine Le Pen, ont interjeté appel du jugement. Un second procès doit avoir lieu au premier semestre 2025 devant la Cour d’appel de Paris, laquelle a indiqué qu’elle entendait rendre sa décision au cours de l’été de l’année prochaine.

Bétharram: la sortie d’un livre devancée par une interview de la fille de Bayrou

L’interview d’une fille de François Bayrou a fait de l’ombre à la sortie, jeudi, du livre du porte-parole des victimes de Bétharram, Alain Esquerre, qui retrace son combat contre le “déni collectif” des violences de l’institution catholique et appelle à “ne plus regarder ailleurs”.Dans une interview à Paris Match publiée mardi, Hélène Perlant, l’aînée du Premier ministre, a révélé qu’adolescente, lors d’un camp d’été, elle fut rouée de coups par un curé officiant dans le collège de filles dirigé par la congrégation religieuse au cÅ“ur du scandale, où elle était scolarisée.”On se doutait que c’est ça qui serait mis en avant, c’est malheureux pour les victimes parce que ça leur vole un peu la vedette”, a déclaré Alain Esquerre mercredi à l’AFP, ajoutant que la fille de François Bayrou était aussi “très agacée” par la situation.”C’est très injuste, tout le monde parle de Paris Match, le livre n’est quasiment plus signalé”, a insisté Alain Esquerre.L’avant-dernier chapitre de son ouvrage “Le Silence de Bétharram” (éd. Michel Lafon) est consacré à “Hélène”. Elle y raconte les violences qu’elle a subies, affirmant n’en avoir jamais parlé à ses parents.”En tant que père de famille, ça me poignarde le cÅ“ur (…) Qu’on ne l’ait pas su et que des dérives de cet ordre aient eu lieu, pour moi, c’est presque insupportable”, a réagi mercredi le chef du gouvernement lors d’un déplacement en Isère.Mais sa fille “n’est pas le centre de l’affaire”, a-t-il ajouté, “et en tant que responsable public, qui dépasse le père de famille, c’est aux victimes que je pense”.- “Une victime quelconque” -Hélène Perlant a contacté Alain Esquerre le 21 février, en lui précisant d’emblée qu’elle ne voulait pas parler du “scandale Bayrou” mais partager ses réflexions sur le “déni collectif” qui a entouré, des décennies durant, les violences commises à Bétharram.Dans l’interview à Paris Match, Hélène Perlant répond en revanche à plusieurs questions concernant son père, qui doit être entendu le 14 mai par la commission d’enquête parlementaire née du scandale.Accusé d’avoir été au courant, dans le passé, des agissements dénoncés aujourd’hui par d’anciens élèves, et d’être intervenu dans une affaire judiciaire impliquant un religieux de l’institution, François Bayrou a démenti fermement à plusieurs reprises.”On fantasme le surhomme, le ministre ? On veut le mouiller ? C’est juste un quidam quelconque comme je suis une victime quelconque”, déclare sa fille.Pour elle, c’est le “déni collectif” qui a empêché son père, “comme tous les autres parents”, dit-elle, de comprendre “le système” et la “perversité” en place à Notre-Dame-de-Bétharram.- “Crime parfait” -Alain Esquerre a voulu dédier son récit de 250 pages “à tous les enfants victimes de violences physiques, morales et sexuelles commises par des adultes”.Le silence qui a prévalu jusqu’ici n’est “pas seulement celui d’une époque” mais celui “d’une nation” face à un “crime parfait”, commis sur des enfants “qui ont de très nombreuses raisons de ne pas parler”, estime l’ancien pensionnaire, victime lui-même de violences physiques.Il décrit un lieu conçu comme une “secte”, avec des enseignants jeunes, en début de carrière, face à des enfants “toujours en slip” lors des punitions ou dans la file de la douche hebdomadaire.On ne s’y fait pas agresser par malchance mais “selon une logique, un choix réfléchi”, analyse-t-il, face à la récurrence de témoignages d’enfants de familles monoparentales, élevés par une mère veuve ou une grand-mère pieuse.Les sévices défilent sous la plume de celui qui a recueilli, inlassablement, la parole de plus de 200 victimes depuis l’automne 2023 : les masturbations imposées sous la tente, les “douleurs anales aiguës” ressenties par un élève passé par la chambre d’un surveillant, les piqûres de seringues remplies d’eau dans les bras, qui font “un mal de chien” ; ou la “confession” qu’un prêtre fait subir à un jeune garçon, nu et agenouillé devant lui.Alain Esquerre évoque aussi ces repas où l’on ne mange pas à sa faim, malgré les 10.000 francs annuels de frais de scolarité, et revient sur la mort d’un enfant malade, une nuit au dortoir, alors qu’il est seulement sous la surveillance d’adolescents.Le parquet de Pau a ouvert une information judiciaire il y a deux mois après une année d’enquête sur les plaintes. Un ex-surveillant de Bétharram a été mis en examen et placé en détention provisoire pour viol et agression sexuelle. Deux autres mis en cause ont bénéficié de la prescription des faits.

Congrès du PS: un trio de candidats se dessine pour le poste de N.1

Olivier Faure, Nicolas Mayer-Rossignol, Boris Vallaud ? Les contours du congrès du Parti socialiste se dessinent, avec trois courants en lice à trois jours du dépôt des motions qui doit déterminer qui sera candidat au poste de premier secrétaire. Mercredi, le chef des députés PS Boris Vallaud a acté qu’il présenterait son propre texte d’orientation (ou motion), après plusieurs jours de négociations avec ses concurrents qui espéraient l’arrimer à eux et s’assurer ainsi une victoire indiscutable, loin des tergiversations du congrès de Marseille.Mais celui qui était auparavant au côté du premier secrétaire sortant Olivier Faure et se présente comme le candidat de la “réconciliation” des différents courants socialistes n’entend pas se ranger derrière quiconque. Il tend même la main à ses concurrents, pour qu’ils se rallient à lui.En face, Olivier Faure, qui brigue sa réélection, va également présenter un texte d’orientation. Ses troupes se disent dans “une confiance raisonnable”, d’autant qu’il a engrangé ces derniers jours quelques soutiens de poids, comme ceux de l’ex-maire de Lille Martine Aubry, du président de la Seine-Saint-Denis Stéphane Troussel, ou de la maire de Saint-Denis de La Réunion Ericka Bareigts.    Le courant de ses opposants, le maire de Rouen Nicolas Mayer-Rossignol et la maire de Vaulx-en-Velin, Hélène Geoffroy, se préparent également à déposer une motion. Les deux édiles, qui étaient partis séparés lors du dernier congrès, se sont alliés pour peser davantage face à Olivier Faure, et doivent finaliser dans les prochains jours leur accord. Le député Philippe Brun, qui a lancé son propre courant, est aussi en discussion avec eux, mais a vu mardi une partie de ses troupes rejoindre Olivier Faure, dont la trésorière du PS Fatima Yadani. Une incertitude plane encore sur la personne qui sera premier signataire du texte d’orientation et briguera donc la tête du parti. Nicolas Mayer-Rossignol a indiqué qu’il était candidat et semble tenir la corde, derrière “une équipe de direction” qui comprendrait Hélène Geoffroy, la présidente d’Occitanie Carole Delga, Philippe Brun et le maire de Saint-Ouen Karim Bouamrane. Les trois courants sont persuadés de pouvoir arriver dans le duo de tête. Car au terme du vote des adhérents sur les textes d’orientation, prévu le 27 mai, seuls les premiers signataires des deux textes d’orientation arrivés en tête pourront concourir au poste de premier secrétaire, lors d’un second vote le 5 juin.- vote utile -Et chacun y va de ses pronostics. “Nous partons dans un rassemblement qui va nous mettre en tête du premier tour”, assure Hélène Geoffroy.Dans l’entourage de Boris Vallaud, on estime à ce stade son poids autour de 25%, et on se dit certains qu’il peut faire la différence, “car personne n’a envie de revivre le congrès fratricide de Marseille”, où s’étaient affrontés Olivier Faure et Nicolas Mayer-Rossignol. Dans le camp d’Olivier Faure, on évoque une configuration à 40% pour le premier secrétaire sortant, 40% pour le camp Mayer-Rossignol, et 20% pour Boris Vallaud. Mais au fil de la campagne interne, le rapport de forces évoluerait à 50-40-10, car “le vote utile s’enclenchera”, et il y a “peu de différences sur le fond” entre Boris Vallaud et Olivier Faure, considère la même source. Alors qu’au congrès de Marseille, la divergence majeure s’était concentrée entre les pro-alliance avec La France insoumise et les anti, la question est désormais tranchée: tous ont acté la séparation d’avec la France insoumise pour 2027.Mais le débat tourne désormais autour de la future stratégie d’alliance pour cette échéance.Le premier secrétaire prône la mise en place d’une “plateforme commune” allant du député “François Ruffin (qui a rompu avec LFI) à Raphaël Glucksmann”, eurodéputé de Place publique, pour 2027. Mais le camp Mayer-Rossignol y voit un “processus de primaire sans cohérence sur le fond”.Ils plaident pour leur part pour “l’affirmation de l’identité socialiste” et pour une “fédération de la Gauche” républicaine dotée d’une “plateforme programmatique commune”. Boris Vallaud lui, dans une forme de synthèse, défend “un processus en deux temps”, qui passe par “l’affirmation des socialistes” et “un processus ouvert vis-à-vis de la gauche +de Glucksmann à Ruffin+”.

Madagascar: Macron annonce la signature d’accords économiques ambitieux

Le président français Emmanuel Macron et son homologue malgache Andry Rajoelina ont annoncé mercredi un renforcement de leur coopération économique via plusieurs projets ambitieux, au premier jour d’une visite d’Etat à Antananarivo.Emmanuel Macron a annoncé “plusieurs accords importants”, citant une variété de domaines: “énergie, numérique, infrastructures, connectivité et tourisme”.Andry Rajoelina a souhaité que la France, “toujours proche” de son pays, s’y “investisse encore plus”, évoquant l'”immense potentiel” de l’île-Etat de l’océan Indien.M. Macron a annoncé un accompagnement financier de l’Agence française de développement (AFD), ainsi qu’un prêt du Trésor français pour la réalisation d’un barrage hydroélectrique à Volobe, dans l’est du pays, dans les tuyaux depuis près d’une décennie. Le géant français de l’électricité EDF a également signé un accord pour entrer à hauteur de 37,5% au capital du consortium chargé de sa construction, chiffrée entre 525 et 700 millions d’euros.Alors que la France a été le premier client et troisième fournisseur de Madagascar en 2024, Emmanuel Macron a évoqué un “accompagnement financier”, un effort de “sécurisation des apports en blé” et une rénovation de deux lignes ferroviaires séculaires héritées de la colonisation.Il a aussi souhaité un “partenariat en matière de terres rares stratégiques”, ces métaux nécessaires aux technologies actuelles que l’île possède dans son sous-sol.Accompagné de son épouse Brigitte, le président français est aussi venu renforcer la place de Paris dans l’océan Indien, en dépit de contentieux persistants hérités de la colonisation.”Ces brûlures du passé ne consumeront en rien les liens qui nous unissent”, a espéré M. Macron.C’est la première visite bilatérale d’un président français dans l’ancienne colonie de 30 millions d’habitants depuis la venue de Jacques Chirac (1995-2007) en 2005.La France, confrontée à une souveraineté contestée sur plusieurs de ses territoires et aux ambitions croissantes de la Chine et de la Russie dans cette partie du monde, entend consolider son statut de puissance régionale.- Mémoire -Madagascar revendique les îles Eparses tout comme les Comores revendiquent l’archipel de Mayotte. Ces deux territoires français occupent une position stratégique dans le canal du Mozambique, carrefour stratégique du transport maritime international et riche en hydrocarbures.”Ces demandes de rétrocession, c’est un enjeu d’identité nationale, d’accès aux ressources et un moyen de pression pour obtenir autre chose” de la France, résume Denys-Sacha Robin, spécialiste en droit international de la mer à l’université Paris-Nanterre (France).Au sujet des îles Eparses, une “réunion de la Commission mixte franco-malgache” dédiée doit avoir lieu le 30 juin à Paris, ont annoncé les deux chefs d’Etat.Paris privilégie une solution de type “cogestion”, selon la présidence française. Des souverainistes malgaches souhaitent à l’inverse que le président Rajoelina remette la question de la rétrocession sur la table.La question mémorielle liée à la colonisation reste aussi au coeur de la relation franco-malgache. M. Macron s’est ainsi engagé en faveur de la restitution de biens culturels.Le crâne du roi Toera, décapité en 1897 par les troupes françaises et emporté comme trophée en France, ne sera toutefois pas restitué comme prévu à l’occasion de la visite.Des descendants du roi s’opposaient à une restitution en avril, synonyme de malheur selon les traditions locales. La famille a demandé aussi que le tombeau du roi, récemment profané, soit restauré avant d’accueillir dignement les restes humains.Les Malgaches réclament des gestes mémoriels plus forts de Paris, comme la mise en place “d’une commission pour faire toute la lumière sur ce qu’on appelle les violences coloniales”, relève Jeannot Rasoloarison, historien à l’université d’Antananarivo.Le président français défendra jeudi l’intégration de Mayotte, bloquée par les Comores, à la Commission de l’océan Indien (COI), à l’occasion du cinquième sommet de l’organisation intergouvernementale dans la capitale malgache.”La France tout entière a vocation à avoir sa place dans la COI”, a martelé lundi M. Macron à Mayotte, alors que seul le département de La Réunion y est aujourd’hui représenté.

Lucie Castets appelle à “une primaire des gauches la plus large possible”

Lucie Castets, éphémère candidate à Matignon après les législatives de 2024, invite les chefs des partis de gauche à se rassembler le 2 juillet pour discuter d’une candidature commune à la présidentielle.Dans une tribune publiée mercredi dans Libération, intitulée “Organisons une primaire des gauches la plus large possible”, celle qui avait été désignée par les partis du Nouveau Front populaire pour être leur candidate au poste de Première ministre, les appelle à dépasser “leurs querelles partisanes”, car “la situation actuelle doit susciter un sursaut unitaire”.Pour gagner à la prochaine présidentielle, “nous avons besoin de nous mettre autour de la table et de travailler. Donnons-nous rendez-vous le 2 juillet prochain”, après le congrès du PS prévu mi-juin, “pour poser la première pierre de la victoire”, écrit-elle.Défendant “une candidature commune aux partis de gauche et aux écologistes, fédérée autour d’une équipe”, elle appelle à élaborer, de manière collective, “une procédure démocratique et transparente de désignation de la candidate ou du candidat qui nous représentera à l’échéance présidentielle”.Elle évoque “plusieurs options”, comme l’organisation, “juste après les municipales de 2026”, d’une “primaire des gauches la plus large qu’on ait jamais proposée” pour “permettre au peuple de gauche de donner son opinion éclairée après une campagne respectueuse”. Autre option, elle juge “possible que les représentants des partis se réunissent pour une concertation de quelques jours” pour décider de la candidature la plus pertinente. “Ou encore, il est envisageable d’organiser une convention citoyenne avec des représentants des partis, de la société civile organisée, mais aussi d’électrices et électeurs de la gauche tirés au sort”, suggère-t-elle. 

Affaire Betharram: la fille de Bayrou révèle avoir été victime de violences

La fille de François Bayrou a révélé mardi avoir été victime, adolescente, de violences physiques lors d’un camp d’été organisé par la même congrégation à laquelle l’établissement catholique Notre-Dame de Bétharram (Pyrénées-Atlantiques) appartient, tout en assurant ne pas avoir parlé de cette agression à son père. “Dans cette colo, on était une quarantaine, moniteurs inclus. Un soir, alors qu’on déballe nos sacs de couchage, (le père, ndlr) Lartiguet me saisit tout d’un coup par les cheveux, il me traîne au sol sur plusieurs mètres et me roue de coups de poing, de coups de pied sur tout le corps, surtout dans le ventre. Il pesait environ 120 kilos”, raconte dans un entretien à Paris Match Hélène Perlant, âgée de 14 ans au moment des faits. “Pour parler crûment, je me suis urinée dessus et suis restée toute la nuit, comme ça, humide et prostrée dans mon duvet”, ajoute Hélène Perlant, aujourd’hui âgée de 53 ans.Son témoignage est également recueilli dans le livre “Le Silence de Bétharram” d’Alain Esquerre, porte-parole du collectif des victimes, à paraitre jeudi.”Il ne sait pas que je suis victime et il ne sait pas que je vais témoigner comme victime”, assure encore la fille du Premier ministre.”Je suis restée trente ans dans le silence. En dehors de ça, pas une allusion, à personne. Mon père, j’ai peut-être voulu le protéger, inconsciemment, je pense, des coups politiques qu’il se prenait localement”, relève-t-elle.”Bétharram était organisé comme une secte ou un régime totalitaire exerçant une pression psychologique sur les élèves et les enseignants, pour qu’ils se taisent”, accuse également cette ancienne élève de l’établissement.François Bayrou doit être entendu le 14 mai par la commission d’enquête parlementaire née du scandale Bétharram.Plus tôt dans le mois, un ancien gendarme et un ex-juge qui ont enquêté sur la première plainte pour viol ayant visé un religieux de cet établissement scolaire catholique du Béarn, ont indiqué que François Bayrou était intervenu dans cette affaire.Des propos fermement démentis par le Premier ministre.”Évidemment, on peut penser qu’il a eu toutes les infos. Mais lui, comme les autres parents, était très, très intriqué politiquement, localement. Lui davantage. Mais je le mets au même niveau que tous les parents. Plus on est intriqué, moins on voit, moins on comprend. Et plus il y a de témoins, moins ça parle”, estime Hélène Perlant auprès de Paris Match.M. Bayrou, actuel maire de Pau et ancien député et président du conseil départemental des Pyrénées-Atlantiques, nie plus largement avoir eu connaissance, dans le passé, des agressions physiques et sexuelles dénoncées aujourd’hui par 200 anciens élèves de l’établissement.

Chikungunya, cyclone… A La Réunion, les habitants témoignent de leurs difficultés à Macron

Emmanuel Macron a constaté mardi à La Réunion les difficultés engendrées par l’épidémie de chikungunya et le cyclone Garance qui a mis à l’épreuve le secteur agricole, au deuxième jour d’une tournée dans l’océan Indien finalement écourtée pour que le président puisse se rendre aux obsèques du pape François.Prévues samedi, celles-ci ne permettent pas au chef de l’Etat de se rendre à l’île Maurice comme initialement prévu vendredi, a indiqué l’Elysée.A La Réunion, selon le ministre de la Santé Yannick Neuder, sur place, “autour de 120.000” personnes pourraient avoir été contaminées par le chikungunya, maladie infectieuse transmise par le moustique tigre.Un impact pour l’instant moindre que celui de 2005-2006, marqué par plus de 260.000 cas et plus de 250 décès. Yannick Neuder a encore évoqué, sur RTL, lundi soir “230 patients hospitalisés, avec à peu près 25% de nourrissons et dans la moitié des cas des patients qui ont plus de 65 ans”.Six morts ont été comptabilisés sur l’île depuis le début de l’année, et un septième cas est en cours d’investigation, selon l’agence régionale de santé.Début avril, 40.000 doses du vaccin Ixchiq, le premier ayant obtenu une autorisation de mise sur le marché en Europe, sont arrivées à La Réunion pour lancer la campagne de vaccination. Elles sont destinées aux personnes de 65 ans et plus, présentant des comorbidités.”Nous sommes le premier pays au monde à avoir acheté autant de doses disponibles de ce tout nouveau vaccin”, a relevé Emmanuel Macron lors d’un point presse. Il faut aussi mettre en place “toutes les mesures de protection et de prévention surtout pour les mamans enceintes”, a-t-il ajouté.Le président a échangé avec le directeur général de l’agence régionale de santé, Gérard Cotellon, qui a indiqué que 60.000 doses supplémentaires ont été achetées. La campagne “démarre timidement”, avec environ 3.000 personnes déjà vaccinées, a-t-il dit. Le chef de l’Etat a également assisté à une opération de débroussaillage, destinée à éliminer les lieux de prolifération des moustiques. Les difficultés restent palpables. Le directeur général du centre hospitalier de La Réunion, Lionel Calenge, a demandé l’envoi de renforts médicaux.”Tous les jours depuis plusieurs semaines, on accueille entre 30 et 40 patients atteints de +chik+ sur nos deux services d’urgence”, a-t-il alerté dimanche. Début avril, le CHU avait déclenché le plan blanc, dispositif permettant de déprogrammer certaines opérations ou de rappeler des personnels en congés dans les hôpitaux. “Si des renforts sont nécessaires, ils seront mis en place”, a promis mardi Emmanuel Macron.- Dispositif d’urgence -Autre défi pour La Réunion, autosuffisante aux trois-quarts: le passage du cyclone Garance, le 28 février, a généré près de 250 millions d’euros de dégâts, dont 150 pour le secteur agricole, selon de premiers bilans.Déjà frappées par une sécheresse sévère, toutes les filières agricoles de l’île ont lourdement été impactées par le cyclone, qui a fait cinq morts.Le chef de l’État a rencontré dans la matinée des exploitants agricoles.”Je me retrouve sans salaire”, s’est désolé un agriculteur, disant avoir perdu ses deux derniers hectares de bananes. “On a besoin d’être soutenus plus que cela pour les fruits et légumes”, a ajouté un chef d’entreprise agroalimentaire. Emmanuel Macron a annoncé la mise en place “d’ici à juin” d’un “dispositif d’urgence”, avec un travail engagé “dès les prochaines semaines” sous l’autorité du préfet.Dans ce cadre, il envisage notamment d’augmenter “autour des 1.000 euros” l’aide ponctuelle pour les planteurs de canne. Début avril, le ministre des Outre-Mer, Manuel Valls, avait annoncé porter cette aide de 385 à 765 euros par hectare pour les exploitants affectés. – Renforts militaires – La souveraineté alimentaire sera au cÅ“ur du cinquième sommet de la Commission de l’océan Indien jeudi à Madagascar.La Réunion y est représentée aux côtés de Madagascar, Maurice, des Comores et des Seychelles mais pas Mayotte, les Comores s’opposant à l’intégration de l’archipel dans l’organisation.Emmanuel Macron va y réaffirmer le “rôle stratégique de La Réunion dans la zone indo-pacifique”, où la France aspire à se poser en puissance régionale au côté des États-Unis, de la Chine ou l’Inde. “Depuis 2018, la France a une stratégie indo-pacifique. Nous avons mis beaucoup plus de moyens militaires et diplomatiques ces dernières années, et cela va encore se renforcer”, a relevé mardi le chef de l’État.”Nous allons ici, à La Réunion, augmenter d’environ 200 le nombre de militaires présents” qui “vont passer d’environ 1.600 à 1.800”, a-t-il ajouté. Dans la zone indo-pacifique, on a “plus de 8.000 militaires”, “les meilleurs équipements sur le plan maritime, aérien ou terrestre”, “des missions régulières qui se multiplient”, a-t-il détaillé.vl-sde-la-pgr/pcl/jp

Dans un lycée de la Marne, deux députés dénoncent “l’omerta” autour des agissements d’un professeur

En visite mardi au lycée Pierre Bayen de Châlons-en-Champagne, les co-rapporteurs de la commission d’enquête parlementaire sur les violences en milieu scolaire ont dénoncé “l’omerta” et la lenteur de la réaction de l’Éducation nationale face aux alertes visant un enseignant accusé de violences sexuelles.Ce lycée est le premier établissement public visité par les députés Violette Spillebout (Renaissance) et Paul Vannier (LFI) dans le cadre de leur mission. Plusieurs élèves ont mis en cause un professeur de français et des arts du cirque, décédé en décembre 2023.Une ancienne enseignante du lycée, Marie-Pierre Jacquard, indique avoir alerté la direction dès 2021, mais le professeur n’a été suspendu que le 29 septembre 2023, selon le rectorat, après une plainte pour viol, précise Mme Jacquard.Le parquet de Châlons-en-Champagne a indiqué mardi à l’AFP qu’une enquête avait été ouverte le 12 avril 2023, à la suite d’un signalement de l’association Colosse aux pieds d’argile, mentionnant des faits de harcèlement, des comportements inadaptés et des propos à connotation sexuelle de la part de cet enseignant.Au total, neuf plaintes ont été déposées pour des faits s’étalant de 1998 à 2023 selon le parquet: une pour viol, trois pour atteintes sexuelles et cinq pour harcèlement moral.Le suicide de l’enseignant en décembre 2023 a mis fin à l’action publique.La semaine dernière, le parquet a reçu un signalement au titre de “l’article 40” du code pénal, qui prévoit que toute autorité ayant connaissance d’un crime ou un délit doit en informer la justice. Selon ce signalement, “certaines personnes” auraient été au courant des agissements de ce professeur “mais n’auraient rien fait”, a-t-il précisé.”On peut s’interroger sur la lenteur de la réponse de l’administration de l’Éducation nationale, alors que du côté de syndicats, d’associations, d’une autre structure publique, le Centre national des Arts du Cirque, des décisions ont été prises beaucoup plus tôt, permettant de mettre à l’écart l’enseignant à l’origine d’agressions sexuelles et d’accusations de viol”, a assuré lors d’un point presse M. Vannier.Il a insisté sur la nécessité de développer “une culture du signalement” à “tous les étages de l’Éducation nationale”.Sa collègue Violette Spillebout a, de son côté, appelé à casser “l’omerta” autour des violences dans l’Éducation nationale.  Contacté par l’AFP, le rectorat de l’académie de Reims affirme avoir reçu les premiers signalements relatifs aux agissements de cet enseignant début avril 2023.- Plainte contre l’Etat -Deux anciens élèves du lycée, une association de parents d’élèves, des parents d’élèves et Mme Jacquard entendent attaquer dans les prochains jours l’État devant le tribunal administratif, l’accusant d’inaction dans ce dossier, a indiqué leur avocat.A l’issue de la visite à Châlons-en-Champagne mardi, la députée Violette Spillebout a souligné lors d’une conférence de presse les efforts engagés depuis par l’établissement, avec “une direction volontariste et très soucieuse du bien-être” des élèves. M. Vannier a salué la mise en place de “mesures concrètes” comme un espace “safe place” (lieu sûr NDLR) permettant “d’entendre la parole des élèves” pour faciliter “la remontée d’informations préoccupantes” et le traitement des signalements. Cette commission d’enquête parlementaire avait été lancée dans la foulée du scandale déclenché par une série de plaintes concernant des violences commises au sein de l’établissement catholique Notre-Dame de Bétharram dans les années 1970 à 1990. Les co-rapporteurs, qui doivent rendre leurs recommandations fin juin, indiquent avoir déjà effectué une vingtaine de signalements au procureur au titre de l’article 40. Outre l’ex-Notre-Dame-de-Bétharram, ils ont également déjà visité la communauté catholique traditionaliste de Riaumont (Pas-de-Calais), qui a longtemps tenu un village d’enfants visé par plusieurs enquêtes pour violences, agressions sexuelles et viol sur mineur.A ce stade de leurs travaux, le député LFI pointe “un cloisonnement très fort des administrations” et “donc des signalements qui ne sont pas transmis de l’une à l’autre”. Ce cloisonnement créé “une dilution des responsabilités avec des acteurs qui s’interrogent sur le périmètre de leurs actions”. Il faudra “cartographier, diagnostiquer et clarifier pour que les traitements soient plus rapides, plus efficaces et qu’à la fin les enfants soient protégés”, a-t-il ajouté. 

Marine Le Pen conteste en justice sa démission d’office comme conseillère départementale

Marine Le Pen a saisi le tribunal administratif de Lille pour contester la perte de son mandat de conseillère départementale du Pas-de-Calais, consécutive à sa condamnation pour détournement de fonds, a annoncé mardi Steeve Briois, élu en binôme avec Mme Le Pen.Marine Le Pen “est toujours conseillère départementale. Un recours suspensif a été introduit devant le tribunal administratif”, a écrit sur le réseau X M. Briois, maire Rassemblement national d’Hénin-Beaumont et conseiller départemental du Pas-de-Calais.La préfecture du Pas-de-Calais a notifié la semaine dernière à Marine Le Pen sa démission d’office de son mandat de conseillère départementale. Cela fait suite à sa condamnation le 31 mars à une inéligibilité immédiate de cinq ans dans le dossier des assistants d’eurodéputés du parti, qui lui a aussi valu quatre ans d’emprisonnement, dont deux ferme.Le tribunal correctionnel de Paris a estimé qu’elle était au “cÅ“ur” d’un système de détournement de fonds publics mis en place pour payer des salariés du parti avec l’argent du Parlement européen, entre 2004 et 2016. Le montant total des détournements s’élève à 4,4 millions d’euros.La peine d’inéligibilité avec exécution provisoire n’entraîne pas la fin de son mandat de député, mais elle met fin aux mandats locaux, avec “pour effet de rendre définitive une décision de première instance”, a déploré M. Briois. Selon lui “Marine Le Pen engage donc une longue bataille procédurale pour garantir ses droits et son honneur après une condamnation que nous trouvons aussi injuste qu’infamante”.Le tribunal administratif de Lille doit statuer dans les deux mois sur ce recours. “Dans l’attente d’une décision définitive par les juridictions administratives, elle reste conseillère départementale”, a indiqué M. Briois à l’AFP, entendant faire valoir “la présomption d’innocence”.

Macron réaffirme son engagement pour la “refondation” de Mayotte avec un plan à plus de 3 milliards

Emmanuel Macron a annoncé lundi à Mayotte une enveloppe de plus de trois milliards d’euros sur six ans pour financer le plan de “refondation” du département, le plus pauvre de France, meurtri par le cyclone Chido en décembre. Quatre mois après le passage du cyclone qui a fait quelque 40 morts et causé 3,5 milliards d’euros de dommages, le chef de l’Etat a passé une journée sur place, accompagné de son épouse Brigitte, des ministres Manuel Valls (Outre-mer), Annie Genevard (Agriculture), Yannick Neuder (Santé) et Thani Mohamed-Soilihi (Francophonie).Emmanuel Macron est venu donner “un coup d’accélérateur” à la reconstruction. “Mayotte a un avenir dans cette région si nous y mettons les moyens”, a-t-il déclaré devant des élus mahorais. Le président est arrivé avec, dans ses cartons, un projet de loi pour “la refondation” de l’archipel, qui vise à renforcer la lutte contre l’immigration clandestine, l’habitat illégal, l’insécurité et à soutenir l’économie locale. L’enveloppe de ce plan sera de 3,2 milliards d’euros entre 2025 et 2031, selon l’Elysée, et son financement proviendra de “fonds nationaux”, “européens” et de “bailleurs internationaux”.Le texte de loi sera voté d'”ici l’été”, a-t-il promis. Devant lui, plusieurs élus locaux ont fait état d’une situation très précaire, dénonçant le manque d’eau, l’inquiétude face au chikungunya, ou encore le retard pris par de nombreux dispositifs promis après le cyclone.Emmanuel Macron a assuré que les prêts à taux zéro étaient “en train d’arriver” et invité les banques comme les assurances à s’en “tenir aux textes” sans “compliquer les choses pour ne jamais payer”. Il a également indiqué que la campagne de vaccination contre le chikungunya commencerait dès mardi. Le chef de l’Etat, qui avait promis en 2019 une piste longue à l’aéroport de Mayotte, sur Petite Terre, afin de faciliter l’atterrissage des gros porteurs, a concédé une impossibilité pour raisons techniques, et invité à s’en remettre à une solution alternative sur Grande Terre.- “Plus de moyens” -Alors que Mayotte est confronté à un défi migratoire, notamment en provenance des Comores voisines, M. Macron a promis qu’en la matière, “d’ici un an, les choses auront profondément changé”.Le président avait plus tôt rencontré des agents engagés dans la lutte contre l’immigration clandestine, montant à bord d’une vedette d’interception sur le canal du Mozambique.Il s’est aussi rendu à Tsingoni (ouest) où il était déjà venu en décembre échanger avec des habitants en détresse.”Le moral n’est pas tellement bon”, lui a lancé une femme alors que des chants traditionnels retentissaient. Une autre s’est plainte du retard des assureurs. “On a toujours pas été relogé, pourtant je leur ai envoyé tous les papiers.””On est à la traîne par rapport à ce que vous avez fait pour La Réunion”, frappée en février par le cyclone Garance, a déploré un travailleur du BTP.Au centre hospitalier de Mamoudzou, l’inquiétude était aussi palpable. Il nous faut “plus de moyens, plus de personnel, et dans la durée”, a dit une infirmière au chef de l’Etat.- Bidonvilles -Mayotte, où Marine Le Pen a réalisé un de ses meilleurs scores à la présidentielle de 2022, reste aussi un enjeu politique majeur.Après une première loi d’urgence en février, le nouveau projet de loi, plus vaste, prévoit notamment de durcir les conditions d’obtention du titre de séjour dans l’archipel ainsi qu’une extension de l’aide au retour volontaire.Il entend aussi faciliter les expulsions de bidonvilles — alors que plusieurs élus locaux ont réclamé lundi l’interdiction pure et simple de leur construction.Mayotte, où le niveau de vie restait sept fois plus faible qu’ailleurs en France avant le passage de Chido, doit devenir une zone franche globale, avec des abattements fiscaux à 100%.Le projet de loi prévoit aussi une “convergence sociale” entre la métropole et l’archipel où les minima sociaux, comme le RSA, sont aujourd’hui 50% inférieurs.Le texte a été entériné dans la soirée par un Conseil des ministres spécial que M. Macron a présidé en visioconférence depuis l’avion qui l’a mené de Mayotte à La Réunion, deuxième étape d’une tournée de cinq jours dans l’océan Indien.Il doit également assister durant son voyage à un sommet de la Commission de l’océan Indien (COI) à Madagascar.Alors que les Mahorais souhaitent leur intégration à la COI, bloquée par les Comores qui ne reconnaissent pas la souveraineté française sur l’archipel, Emmanuel Macron a plaidé lundi pour le développement de “coopérations” régionales dans les domaines universitaire, alimentaire et économique.”Il n’y aura pas de lutte raisonnable contre la vie chère si on continue d’importer autant depuis le territoire métropolitain”, a-t-il aussi souligné.