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Borne ouvre la porte à une “suspension” de la réforme des retraites

La ministre démissionnaire de l’Education et ancienne Première ministre Elisabeth Borne s’est dite mardi ouverte à une “suspension” de la très impopulaire réforme des retraites qu’elle avait fait adopter en 2023, dans une interview au Parisien.”Si c’est la condition de la stabilité du pays, on doit examiner les modalités et les conséquences concrètes d’une suspension jusqu’au débat qui devra se tenir lors de la prochaine élection présidentielle”, a-t-elle déclaré. “Dans le contexte actuel, pour avancer, il faut savoir écouter et bouger”, a-t-elle ajouté, préconisant ce geste en direction de la gauche.”Je pense qu’on ne doit pas faire de cette réforme des retraites un totem”, a-t-elle ajouté à propos de cette réforme qui porte progressivement de 62 à 64 ans l’âge légal de départ à la retraite, et qui avait provoqué des manifestations massives. “C’est un réveil tardif, mais c’est un réveil positif”, a réagi sur France 2 le patron du PS Olivier Faure, qui doit être reçu mercredi matin à Matignon. “Mais ce que je souhaite, c’est que nous puissions maintenant porter des débats à l’Assemblée”, a-t-il ajouté. Cette déclaration d’Elisabeth Borne intervient au lendemain de la démission surprise du Premier ministre Sébastien Lecornu, et alors que celui-ci mène d’ultimes consultations des forces politiques, en quête d’un compromis pour le budget 2026, notamment avec la gauche. “On doit tout faire pour ne pas en arriver” à une dissolution de l’Assemblée nationale, a également déclaré Elisabeth Borne au Parisien. Elle a dit plaider “pour la nomination à Matignon d’une personnalité qui ne soit pas marquée politiquement”.”Aller chercher une personnalité de la société civile permettrait d’apaiser les choses”, a-t-elle estimé, en soulignant que cette personne devrait également être “sans ambition présidentielle”.Celle qui est aujourd’hui ministre démissionnaire de l’Education a par ailleurs dénoncé une “surenchère permanente ces derniers jours où chacun semble davantage guidé par des intérêts partisans”, alors que la crise a gangréné jusqu’au camp présidentiel. 

“J’appelle le standard”: quand Le Maire tente d’appeler Retailleau au ministère de l’Intérieur

“J’appelle (le standard du ministère de l’Intérieur) et je tombe sur un garçon très sympathique”. Hélas pour Bruno Le Maire, l’agent de permanence lui raccroche au nez, pensant à une “blague” alors qu’il tente de joindre dimanche Bruno Retailleau pour comprendre en quoi sa nomination au ministère des Armées lui pose “problème”.”Le Premier ministre m’a dit dimanche soir, +honnêtement on a un sujet du côté des Républicains+”, a relaté mardi Bruno Le Maire dans une interview vidéo au média en ligne Brut, alors que le retour au gouvernement de l’ex-ministre de l’Economie (2017-2024) commençait à faire grincer des dents chez les LR.”Je dis: +Il n’y a aucun sujet, j’ai d’excellentes relations avec Bruno Retailleau depuis des années, il n’y a pas de difficultés+”, assure l’ex-patron de Bercy, critiqué pour avoir laisser se creuser les déficits et se gonfler l’endettement.Il décide donc de s’en entretenir directement avec le ministre de l’Intérieur.”Je l’appelle une fois, il répond pas, je l’appelle une deuxième fois, il répond toujours pas. J’envoie un texto, pas de réponse. Je me dis +bon bah aux grands maux, les grands remèdes+”, raconte-t-il.”Je trouve le numéro du ministère de l’Intérieur. J’appelle (…) et je tombe sur un garçon très sympathique”… l’agent de permanence. Malgré le caractère sérieux de sa requête, son interlocuteur lui répond: “+Ecoutez, Monsieur, je ne sais pas qui vous êtes mais on est dimanche, 22H00, donc c’est pas l’heure des blagues+ et il a raccroché”, sourit Bruno Le Maire.Face à la levée de boucliers contre sa nomination, Bruno Le Maire a décidé lundi de se retirer du gouvernement qui, après la démission de Sébastien Lecornu, en est réduit à expédier les affaires courantes. “Je me casse, pas de problème”, dit-il avoir indiqué au Premier ministre.Interrogé sur le renoncement à ses avantages en tant qu’ancien ministre, Bruno Le Maire a qualifié le débat d'”un peu lunaire”. “Je n’ai pas pris d’indemnités quand je suis parti des finances en 2024, après y avoir passés sept ans. Je ne vais pas en prendre non plus, après avoir passé 12 heures comme ministre des Armées”.

Présidentielle anticipée: pas de campagne possible sans démission effective, selon une constitutionnaliste

Annoncer la démission à l’avance d’Emmanuel Macron, comme proposé par Edouard Philippe, risquerait de créer une pré-campagne présidentielle “inéquitable”, selon la constitutionnaliste Anne-Charlène Bezzina qui estime que la France s’achemine “immanquablement vers une dissolution”. Question: Edouard Philippe demande à Emmanuel Macron de programmer sa démission pour début 2026 pour avoir une présidentielle anticipée avec une campagne plus ordonnée. Est-ce possible constitutionnellement ?Réponse: “C’est absolument impossible de démissionner en deux temps et de considérer qu’on va lancer une campagne présidentielle en annonçant sa démission. L’article 7 de la Constitution précise bien que c’est la vacance de la présidence de la République qui va lancer la campagne présidentielle. Cela nous est arrivé en 1969 et en 1974, la première fois parce que de Gaulle démissionne, la deuxième fois parce que Pompidou meurt. Cette campagne-là, de 35 jours maximum, va lancer toutes les règles de financement, de temps de parole médiatique, de recueil des parrainages, de déclaration des candidatures officielles, etc.On ne peut pas avancer la présidentielle car ce sont des délais précis prévus par la Constitution. La seule chose qui peut avancer la présidentielle, c’est une déclaration de vacance par le Conseil constitutionnel. En dehors de ce cadre, le Président peut bien annoncer qu’il démissionnera, la parole présidentielle ne crée pas du droit.” Q: Est-ce que politiquement cette démission annoncée ne permettrait pas au moins d’organiser une pré-campagne ?R: “Est-ce que cette pré-campagne vaudra véritablement campagne, et est-ce qu’elle ne va pas être complètement inéquitable, parce que chacun pourra se déclarer pré-candidat ?Cela va amener des inégalités, avec des primes aux sortants ou à ceux qui ont déjà une très forte présence médiatique et c’est précisément ce que nos règles constitutionnelles veulent essayer d’éviter, c’est-à-dire qu’on part tous sur la ligne de départ avec les mêmes chances. Cela va être un embrouillamini absolu, puisque vous allez avoir des recours tous les quatre matins en disant +j’ai eu moins de temps qu’untel, pourtant je suis véritablement candidat+, +comment on finance ça+, etc. Si c’est juste pour lancer des idées, rien n’empêche à ce qu’une campagne d’idées infuse dès maintenant pour la présidentielle de 2027…Que ça vienne d’Edouard Philippe donne surtout l’impression que l’étau se resserre autour d’Emmanuel Macron parce que là vous avez affaire à son ancien Premier ministre qui tue le père. Donc ça veut dire quelque chose du clivage autour de la personnalité d’Emmanuel Macron.”Q: Il est de toute façon peu probable qu’Emmanuel Macron suive le conseil d’Edouard Philippe… Selon vous, on va inévitablement vers la dissolution ?R: “Si on raisonne en mode troisième et quatrième République, une Assemblée nationale contient en elle plusieurs potentialités gouvernementales, c’est-à-dire que vous pouvez essayer plusieurs alliages. Sauf qu’à mon sens, on les a utilisés tous.Certes, on n’a pas essayé l’alliage gauche-centre, mais c’est trop tard maintenant puisque le centre lui-même ne parle plus d’une seule voix. Comment est-ce que vous voulez qu’un gouvernement de gauche, qui n’est plus soutenu par l’ensemble de la gauche en plus et ne sait pas jusqu’où il s’étend, trouve véritablement une assise à l’Assemblée ?On peut encore avoir des petites solutions comme celle-ci, mais j’ai peur qu’elles amènent au même échec de gouvernement de 48 heures.Il me semble qu’on est immanquablement orienté vers la dissolution. La dissolution, c’est la sortie d’un blocage entre deux institutions, le gouvernement et l’Assemblée, qui ne peuvent plus travailler ensemble. Là on est en plein dedans.”

Bardella se dit “prêt à tendre la main” aux Républicains sur “un accord de gouvernement”

Le président du Rassemblement national, Jordan Bardella, a répété mardi son appel à une nouvelle dissolution de l’Assemblée et affirmé qu’il “prendra ses responsabilités” en cas de législatives anticipées, avec une “très probable” candidature et une “main tendue” à la droite pour former une majorité si besoin.”Si demain il doit y avoir des élections législatives, au regard de la gravité du moment, il est effectivement très probable que je sois candidat à des élections”, a déclaré le président du parti d’extrême droite sur BFMTV et RMC.Un scénario que le président du RN appelle de ses vœux, puisqu’il a réitéré quatre fois en vingt minutes d’interview sa demande “solennelle” à Emmanuel Macron pour qu’il dissolve à nouveau l’Assemblée nationale, car “les Français doivent se choisir une majorité”.S’il a encore assuré que “la décision n’est pas prise” concernant son cas personnel, celui qui prétend accéder à Matignon en cas de victoire semble déterminé à se jeter dans la mêlée: “Évidemment je prendrai mes responsabilités et j’irai aux élections législatives anticipées”.Des élections que le parti à la flamme et ses alliés ciottistes de l’UDR sont “aujourd’hui en capacité de gagner”, veut-il croire, persuadé que le “barrage républicain” qui a contrarié ses plans l’an dernier “est en train de prendre l’eau”.Mais s’il devait lui manquer “quelques députés pour constituer une majorité absolue”, le président du parti d’extrême droite envisage déjà de se tourner vers ceux qui, chez Les Républicains, ne veulent pas “se fondre dans le macronisme”.”J’appellerai l’ensemble des déçus des partis traditionnels, l’ensemble des orphelins de la droite à venir travailler à mes côtés”, a-t-il ajouté, se disant “parfaitement disposé et parfaitement prêt à leur tendre la main sur un accord de gouvernement”, sans “aucun sectarisme” afin d’obtenir “la majorité la plus large possible”.”C’est un virage inédit”, a dénoncé le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, sur X. “Les Républicains n’ont jamais autant usurpé leur nom. La fusion entre la droite et l’extrême droite est entamée”, a-t-il assuré.De son côté, le patron des Républicains Bruno Retailleau a appelé à ne pas voter pour la gauche au second tour dimanche d’une législative partielle dans le Tarn-et-Garonne qui opposera une candidate PS à un UDR, le parti d’Éric Ciotti, soutenu par le RN. “Pas une voix pour la gauche (…) c’est notre ligne”, s’est-il justifié, sans appeler à voter explicitement pour le candidat UDR.

Retailleau ne ferme pas la porte à un retour au gouvernement

Le patron des Républicains Bruno Retailleau a affirmé mardi qu’il ne fermait pas la porte à un retour de son parti dans le gouvernement, à condition qu’il s’agisse d’une “cohabitation” avec la macronie et que LR “ne se dilue pas” dans le camp présidentiel.Les Républicains sont prêts “à gouverner à une condition: c’est que ce soit un gouvernement que j’appellerai de cohabitation” avec la macronie, a affirmé Bruno Retailleau, invité de Europe 1-CNews. La nomination, il y a un an, du LR Michel Barnier à Matignon est déjà “une forme de cohabitation”, a-t-il dit, sans préciser s’il revendiquait le poste de Premier ministre pour son parti. A l’inverse, il a qualifié l’équipe gouvernementale, présentée dimanche par Sébastien Lecornu et qu’il a fait voler en éclats en menaçant de démissionner, comme le reflet “d’une hyper-présidence” d’Emmanuel Macron. Bruno Retailleau a rejeté l’accusation de vouloir rester à tout pris au gouvernement pour conserver un poste. “Allez-y, citez-moi le nombre de personnalités qui depuis 1958 (date de la fondation de la Ve République), nommées ministre d’État, ministre de l’Intérieur, ont refusé?”, s’est-il emporté.Il a attribué sa décision de claquer la porte au fait que Sébastien Lecornu ait “caché” la nomination de Bruno Le Maire à la Défense, l’ancien ministre de l’Economie étant accusé par LR d’avoir provoqué un endettement massif de la France. “On nous a traités, nous, partenaires de ce fameux socle commun, comme on disait à l’époque, comme si on était prêt à avaler toutes les couleuvres”, a-t-il déploré. 

Edouard Philippe demande à Macron d’organiser une présidentielle anticipée après l’adoption du budget

Le patron d’Horizons Édouard Philippe a demandé mardi au président Emmanuel Macron d’annoncer qu'”il organise une élection présidentielle anticipée”, après l’adoption d’un budget pour 2026, pour “sortir d’une façon ordonnée et digne d’une crise politique qui nuit au pays”. Face à “l’affaissement de l’Etat” qui n'”est plus tenu” selon l’ancien Premier ministre, “la sortie de crise, c’est sur lui qu’elle repose”.  “On ne va pas faire durer ce que nous vivons depuis six mois pendant 18 mois encore, c’est beaucoup trop long”, a estimé sur RTL Édouard Philippe, évoquant “un jeu politique affligeant”. Dès lors qu’Emmanuel Macron annoncerait une présidentielle anticipée pour début 2026, “ce serait de nature à donner un peu de visibilité à tout le monde” et rendrait plus facile la nomination d’un Premier ministre “avec pour fonction de construire et faire adopter un budget”, a estimé M. Philippe, lui-même candidat à la prochaine présidentielle.”Face à cette mise en cause terrible de l’autorité de l’Etat, il doit prendre la décision qui est à la hauteur de sa fonction, c’est de garantir la continuité des institutions en partant de façon ordonnée”, a-t-il jugé.L’ancien Premier ministre d’Emmanuel Macron (2017-2020) estime que le chef de l’Etat, “en prenant des décisions à contretemps s’est placé dans cette situation”. “Il n’avait pas à dissoudre, on utilise la dissolution pour régler une crise politique. On ne l’utilise pas pour déminer je ne sais quoi ou à sa convenance personnelle. Quand on est chef de l’Etat, on ne se sert pas des institutions, on les sert”, a-t-il cinglé.Il s’est dit opposé à une dissolution car “le risque terrible d’une dissolution, c’est qu’il n’y ait pas de majorité”.Interrogé sur cette prise de position sur Europe1/Cnews, le président des Républicains Bruno Retailleau a jugé qu’il y avait “une petite course les uns vis-à-vis des autres (dans le camp présidentiel) pour se distinguer du président de la République”.”Je suis gaulliste, ça ne fait pas de moi un macroniste, mais je tiens aux institutions de la Ve République et cette décision est extrêmement grave. Seul le président de la République peut la prendre”, a-t-il expliqué.Lundi soir, Gabriel Attal, le président du parti Renaissance, avait déjà indiqué, que “comme beaucoup de Français” il “ne comprend plus les décisions” du chef de l’Etat”.

Macron critiqué par Attal: il est “trop commode de s’acharner sur un seul homme”, pour Fesneau (MoDem)

Le chef des députés MoDem Marc Fesneau a taclé mardi matin Gabriel Attal, après sa prise de distance avec Emmanuel Macron, estimant qu’il est trop “commode de s’acharner sur un seul homme” alors que la responsabilité se trouve à l’Assemblée.”Il est très commode aujourd’hui de s’acharner sur un seul homme quand, au fond, c’est à l’Assemblée nationale qu’il faudrait essayer de trouver les solutions”, a déclaré M. Fesneau sur Public Sénat.”Qu’est-ce qui fait chuter les gouvernements? C’est pas le président de la République (…) C’est l’incapacité que nous avons à trouver un terrain d’entente pour des choses aussi simples que de voter un budget”, a-t-il ajouté, estimant que l’heure n’est pas à “régler ses comptes” ou “à avoir ce type de querelle”.Il ne “faut pas” être dans “une forme d’ingratitude” alors que “nous sommes tous le produit d’une élection gagnée par un seul homme, Emmanuel Macron”, a ajouté M. Fesneau, appelant la classe politique “à ne pas chercher de bouc émissaire” mais “à trouver des solutions”.Lundi soir, Gabriel Attal, ancien Premier ministre d’Emmanuel Macron et président du parti présidentiel Renaissance, a largement pris ses distances avec le président, en déclarant ne plus plus comprendre, “comme beaucoup de Français”, les décisions du chef de l’Etat.Mardi, le chef d’Horizons Édouard Philippe, Premier ministre d’Emmanuel Macron de 2017 à 2020, a demandé au chef de l’Etat d’annoncer qu'”il organise une élection présidentielle anticipée”, après l’adoption d’un budget pour 2026.

Instabilité politique: le “décrochage” économique est “enclenché”, selon le patron du Medef

Le président du Medef Patrick Martin a fait part mardi sur Franceinfo de sa “colère” et de son “inquiétude” au sujet de la situation politique de la France, après la démission du Premier ministre Sébastien Lecornu qui plonge le pays dans l’incertitude.L’incertitude est telle, selon le patron du Medef, que “le décrochage” économique de la France “est enclenché” face à des pays comme l’Espagne, dont la croissance est “quatre fois supérieure à celle de la France cette année”, ou l’Allemagne, dont “le gouvernement de coalition (…) prend des mesures de soutien massif aux entreprises”. Déplorant des “débats” qu’il juge “très hors sol”, le dirigeant à la tête de la première organisation patronale du pays appelle à “une prise de conscience collective” de la classe politique, alors que quatre chefs de gouvernement se sont succédé en moins de deux ans et qu’aucun consensus ne semble pouvoir être obtenu à l’Assemblée nationale.Le coût de “l’indécision politique” a “été chiffré à 9 milliards de produit intérieur brut de moins cette année” relève Patrick Martin qui “pense que c’est le minimum” que pourrait coûter la situation.  Selon l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), un institut de recherche indépendant OFCE, l’incertitude politique issue de la dissolution de l’Assemblée nationale en juin 2024 puis de la censure du gouvernement Barnier en décembre amputera la croissance de 0,3 point de PIB en 2025. 

Macron donne à Lecornu, démissionnaire, 48 heures pour “d’ultimes négociations”

Emmanuel Macron a donné lundi à Sébastien Lecornu, Premier ministre le plus éphémère de la Ve République, 48 heures pour des négociations de la dernière chance, laissant planer la menace de dissolution en cas d’échec.Ces ultimes tractations ont été accueillies froidement jusque dans le camp présidentiel.”Il y a des décisions qui donnent le sentiment d’une forme d’acharnement à vouloir garder la main”, a taclé le secrétaire général du parti Renaissance Gabriel Attal au 20 heures de TF1. L’ex-Premier ministre, balayé par la dissolution de 2024, a avoué qu’il “ne comprend plus les décisions” du chef de l’État et appelé à “partager le pouvoir”. Il a toutefois indiqué qu’il participerait aux “ultimes négociations”, annoncées par l’Elysée, “afin de définir une plateforme d’action et de stabilité pour le pays”.Sébastien Lecornu, qui dira au chef de l’Etat mercredi soir si un compromis est possible ou non, débutera ses nouvelles tractations mardi à 09H00 en recevant des dirigeants du “socle commun”, la fragile coalition entre le camp présidentiel et le parti de droite Les Républicains dont les signes d’implosion l’ont poussé à démissionner.Les présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat seront aussi présents. Mais pas Bruno Retailleau, le président de LR et ministre démissionnaire de l’Intérieur, qui préfère des contacts bilatéraux avec Sébastien Lecornu, selon des sources de son parti.En cas de nouvel échec mercredi, Emmanuel Macron “prendra ses responsabilités”, a fait savoir son entourage, semblant laisser planer l’hypothèse d’une nouvelle dissolution. Il a précisé qu’en cas de succès, Sébastien Lecornu ne serait pas automatiquement renommé Premier ministre, son rôle se bornant à ce stade à dire si “des voies de compromis” sont encore possibles.- “Fin de règne” -“La fin de règne de la Macronie est interminable. Qu’ils s’en aillent tous!”, a réagi la cheffe des députés La France insoumise Mathilde Panot, quand la patronne des Ecologistes Marine Tondelier a ironisé sur ce “monde politique en train de s’effondrer et qui s’accroche comme une moule à son rocher”.La journée avait commencé par un coup de tonnerre politique.Troisième Premier ministre désigné en un an depuis la dissolution de juin 2024, Sébastien Lecornu, nommé le 9 septembre, s’est rendu aux premières heures à l’Élysée pour remettre sa démission, quatorze heures seulement après avoir formé son gouvernement. Emmanuel Macron l’a d’abord formellement acceptée.”Les conditions n’étaient plus remplies” pour rester, a déclaré M. Lecornu un peu plus tard, regrettant “les appétits partisans” ayant conduit à sa démission. Une allusion claire au patron de LR Bruno Retailleau qui, dimanche soir, a précipité sa chute quelques heures après avoir accepté de rester au gouvernement.Le ministre de l’Intérieur démissionnaire a assuré qu’il ne se sentait “pas du tout” responsable de la crise. La veille, il s’était insurgé contre la composition de l’équipe Lecornu, critiquant notamment le retour, aux Armées, de l’ex-ministre de l’Economie Bruno Le Maire. Ce dernier a renoncé à participer au gouvernement dans l’espoir de permettre “la reprise des discussions”.- Démission, dissolution ou cohabitation -Sébastien Lecornu a aussi regretté que son offre de renoncer à l’article 49.3 de la Constitution pour redonner la main au Parlement n’avait “pas permis” d’évacuer la menace d’une censure de la gauche et du Rassemblement national.Il s’agit du gouvernement le plus bref de la Ve République. Sa chute plonge la France dans une crise politique sans précédent depuis des décennies, aggravant l’impasse née de la dissolution.Le président de la République a peu de cartes dans sa main.Hormis cette mission de la dernière chance confiée à son fidèle soutien, il peut dissoudre une Assemblée figée en trois blocs comme le demande le RN, démissionner comme le voudrait LFI ou nommer un Premier ministre de gauche comme l’ont de nouveau réclamé écologistes et socialistes. Ou encore faire appel à une personne sans étiquette à la tête d’un “gouvernement technique”.- Censure “systématique” -Au RN, Marine Le Pen a jugé une dissolution “absolument incontournable” et estimé qu’une démission du chef de l’Etat serait “sage”.Dans la soirée, le parti d’extrême droite et ses alliés de l’UDR ont fait savoir, par la voix d’Eric Ciotti, qu’ils “censureront systématiquement tout gouvernement” jusqu’à la dissolution ou la démission du président. Le leader de LFI Jean-Luc Mélenchon a lui demandé l’examen “immédiat” d’une motion de destitution d’Emmanuel Macron, “à l’origine du chaos”.Le patron des socialistes Olivier Faure, qui avait joué le jeu des négociations jusque-là et réclamait un nouveau vote parlementaire sur la réforme des retraites pour ne pas censurer, a demandé sur TF1 “un changement de cap” avec l’arrivée d’un “gouvernement de gauche” à Matignon.Face à ce nouveau rebondissement de la crise, la Bourse de Paris a terminé en baisse et sur le marché obligataire, le taux d’intérêt à dix ans passait au-dessus de celui de l’Italie. bur-lum-far-fff-sde/hr/dsa

Crise politique: Attal acte sa prise de distance d’avec Emmanuel Macron

Gabriel Attal, ancien Premier ministre d’Emmanuel Macron et président du parti présidentiel Renaissance, a déclaré lundi que “comme beaucoup de Français” il “ne comprend plus les décisions” du chef de l’Etat, confirmant la nette prise de distances entre les deux hommes.”Je ne comprends plus les décisions du président de la République”, a-t-il asséné au 20H de TF1. “Il y a eu la dissolution. Il y a depuis des décisions qui donnent le sentiment d’une forme d’acharnement à vouloir garder la main”, a-t-il ajouté au soir de la démission de Sébastien Lecornu qui a jeté l’éponge lundi matin après l’implosion du “socle commun”, cette fragile coalition gouvernementale réunissant le centre et la droite.Gabriel Attal a cependant indiqué qu’il participerait aux discussions que va mener Sébastien Lecornu dans les prochaines 48 heures à la demande d’Emmanuel Macron.Le chef de l’Etat a en effet mandaté le Premier ministre démissionnaire pour conduire “d’ici mercredi soir, d’ultimes négociations afin de définir une plateforme d’action et de stabilité pour le pays”. Ces tractations, qui ne se traduiront pas nécessairement par une reconduction de Sébastien Lecornu, doivent commencer mardi matin à Matignon par une réunion destinée à recoller les morceaux au sein du socle commun.Gabriel Attal, qui avait dû quitter le poste de Premier ministre après la dissolution de l’Assemblée nationale de 2024, prône une nouvelle méthode pour sortir de la crise politique. Il a de nouveau plaidé pour la nomination d’un négociateur chargé de créer les conditions de la formation d’un gouvernement et insisté sur la nécessité de “partager le pouvoir”.-“Trois fois”-“Le président a essayé trois fois la même chose depuis un an. Je pense qu’on peut essayer autre chose”, a-t-il dit en référence aux nominations des trois derniers chefs du gouvernement Michel Barnier, François Bayrou et Sébastien Lecornu.”Ce que j’ai proposé après la chute du gouvernement de François Bayrou, avant la nomination de Sébastien Lecornu, c’est de changer de méthode et de mettre le quoi avant le qui, de se mettre autour de la table entre forces politiques autour d’un ou de plusieurs négociateurs indépendants pour arriver à un compromis sur le budget et ensuite nommer un gouvernement”, a-t-il expliqué.La dissolution de 2024 avait marqué le début de la mésentente entre Emmanuel Macron et son Premier ministre d’alors. Informé au dernier moment, laissé en dehors de la confidence, Gabriel Attal avait marqué son désaccord avec la décision du chef de l’Etat d’appeler à des élections anticipées.Depuis, il a pris les commandes du parti présidentiel Renaissance, de son groupe parlementaire, et il laisse nettement poindre ses ambitions pour l’élection présidentielle de 2027.”Ce qu’il faut faire aujourd’hui en France, c’est partager le pouvoir. Dans l’exécutif, mais aussi avec nos collectivités locales, avec les partenaires sociaux. Je crois que c’est ce qui est attendu”, a-t-il ajouté.