Droits de douane: la France déçue de l’accord UE-USA
La France, déçue de l’accord commercial annoncĂ© dimanche entre l’Union europĂ©enne (UE) et les Etats-Unis, a plaidĂ© lundi pour que l’Europe se montre plus ferme lors des nĂ©gociations Ă venir sur ses modalitĂ©s d’application. Le prĂ©sident français Emmanuel Macron n’avait pas rĂ©agi lundi. Mais son Premier ministre François Bayrou a Ă©voquĂ© un “jour sombre” pour l’Europe, qui “se rĂ©sout Ă la soumission”. Se projetant vers la suite, le ministre de l’Economie Eric Lombard a lui estimĂ© lundi soir que “cet accord n’est pas complet” et que “le travail continue”. Car “l’accord n’est pas finalisĂ© et nous veillerons Ă ce qu’il soit amĂ©liorĂ©”, a-t-il dit dans une interview Ă LibĂ©ration.”Les discussions doivent se poursuivre pour les produits pharmaceutiques – on comprend que certains gĂ©nĂ©riques seront exemptĂ©s -, sur l’acier, sur l’aluminium, sur les produits chimiques, sur les semi-conducteurs et sur les vins et les produits agricoles”, prĂ©cise-t-il.”Il ne faudrait pas que cet accord soit la fin de l’histoire, auquel cas nous nous serions tout simplement juste affaiblis”, avait estimĂ© sur France Inter dès lundi matin le ministre français dĂ©lĂ©guĂ© au Commerce extĂ©rieur, Laurent Saint-Martin. “Maintenant, il va y avoir une nĂ©gociation technique” et “nous pouvons nous saisir de cette sĂ©quence pour nous renforcer”, a-t-il ajoutĂ©. Le prĂ©sident amĂ©ricain Donald Trump et la prĂ©sidente de la Commission europĂ©enne Ursula von der Leyen ont annoncĂ© dimanche en Ecosse un accord douanier prĂ©voyant que les produits europĂ©ens exportĂ©s aux Etats-Unis soient taxĂ©s Ă 15%.Avec l’espoir d’Ă©viter une escalade commerciale, l’UE s’est aussi engagĂ©e Ă 750 milliards de dollars d’achats d’Ă©nergie – visant notamment Ă remplacer le gaz russe – et Ă 600 milliards d’investissements supplĂ©mentaires aux Etats-Unis.A Paris, si on concède que cet accord va apporter de la “stabilitĂ©” aux entreprises, on insiste surtout sur son caractère “dĂ©sĂ©quilibrĂ©”, selon les termes utilisĂ©s par plusieurs membres du gouvernement. “Notre responsabilitĂ© aujourd’hui, c’est de faire en sorte que cet accord, in fine, soit le moins dĂ©sĂ©quilibrĂ© possible”, a dĂ©clarĂ© sur RTL le ministre de l’Industrie et de l’Energie Marc Ferracci.- Prochains jours dĂ©terminants -MM. Ferracci et Saint-Martin ont plaidĂ© pour un “rééquilibrage” portant sur les services, en particulier le numĂ©rique, en rappelant que si la balance commerciale des Etats-Unis avec l’Europe est dĂ©ficitaire pour les biens, celle des services est excĂ©dentaire. Concernant les Ă©changes de biens, la France affichait en 2024 un excĂ©dent commercial de 16,4 milliards de dollars Ă l’Ă©gard des Etats-Unis selon les AmĂ©ricains, mais les Douanes françaises Ă©voquent pour la mĂŞme pĂ©riode un dĂ©ficit de 4,2 milliards d’euros.Les nĂ©gociateurs europĂ©ens devront utiliser “l’ensemble des outils qui sont Ă leur disposition” et notamment envisager “de limiter l’accès des entreprises amĂ©ricaines aux marchĂ©s publics europĂ©ens”, a insistĂ© M. Ferracci.Du cĂ´tĂ© des entreprises, Patrick Martin, le prĂ©sident du Medef, première organisation patronale française, a estimĂ© que “si les choses sont bien ce qui nous a Ă©tĂ© annoncĂ©, ce n’est pas admissible”. “Il faut continuer Ă nĂ©gocier”, selon lui.La CPME, deuxième organisation patronale, a dit anticiper “des rĂ©percussions dĂ©sastreuses” pour les petites et moyennes entreprises. Et le mouvement des ETI (Meti) a Ă©voquĂ© “des consĂ©quences particulièrement prĂ©occupantes pour les entreprises de taille intermĂ©diaire”.Selon les secteurs, les sentiments sont ambivalents. “Il y a du soulagement parce que cet accord donne de la visibilitĂ©”, a dĂ©clarĂ© Ă l’AFP Emmanuel Guichard, dĂ©lĂ©guĂ© gĂ©nĂ©ral de la FĂ©dĂ©ration des entreprises de la beauté (FEBEA). Mais “ce n’est pas un bon accord pour nous, tout simplement parce qu’on avait 0% de droits de douane en janvier vers les Etats-Unis et maintenant on va ĂŞtre Ă 15%.””La catastrophe est Ă©vitĂ©e”, en rĂ©fĂ©rence aux 30% de droits de douane Ă©voquĂ© par M. Trump, “mais les prochains jours seront dĂ©terminants pour le secteur français des vins et spiritueux”, dĂ©clare dans un communiquĂ© la FĂ©dĂ©ration des Exportateurs de Vins et Spiritueux (FEVS), Ă laquelle se joint l’ensemble des interprofessions françaises (CNIV) et de la filière.Dans l’agroalimentaire, l’organisation patronale du secteur, l’Ania, a dĂ©noncĂ© un “accord clairement inĂ©quitable (…) qui fragilise notre position”.Seuls les secteurs qui pourraient bĂ©nĂ©ficier d’une exemption de droits de douane, comme l’aĂ©ronautique, se sont montrĂ©s complètement soulagĂ©s.Le Gifas (Groupement des industries françaises aĂ©ronautiques et spatiales) a salué dans une dĂ©claration transmise Ă l’AFP une exonĂ©ration “bonne pour une industrie Ă©quilibrĂ©e entre la France et les Etats-Unis” et qui permettra de “conserver des emplois qualifiĂ©s en France Ă tous les niveaux de la chaĂ®ne de sous-traitance.”Les organisations patronales et les fĂ©dĂ©rations des filières Ă©conomiques affectĂ©es par cet accord seront reçues mercredi Ă Bercy. myr-pca-max-kap/ak/ktr








