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Vivre sans l’énergie russe: l’UE cherche la formule magique

Après plusieurs reports, l’Union européenne dévoile mardi son plan pour tenter de se passer de l’énergie russe, un vrai défi tant l’Europe importe de gaz naturel liquéfié (GNL) depuis la Russie actuellement.En marge d’une session des eurodéputés à Strasbourg, le commissaire européen Dan Jorgensen présentera à 15H30 cette feuille de route très attendue, objet de plusieurs mois de flottements.Depuis l’invasion russe en Ukraine, l’Union européenne a instauré un embargo sur le pétrole russe fin 2022 et s’efforce de réduire ses approvisionnements de gaz par gazoducs.Mais l’UE s’est en partie tournée vers le GNL, transporté par navire, déchargé dans des ports, regazéifié puis injecté dans le réseau européen de gaz.Et derrière les Etats-Unis (45%), la Russie occupe une grande place avec 20% des importations de GNL de l’UE en 2024, soit 20 milliards de mètres cubes sur la centaine de milliards importés.Pour tenter de se passer de l’énergie russe, “le principe directeur est la diversification des approvisionnements”, a indiqué une porte-parole de la Commission, Paula Pinho, il y a quelques jours.L’UE avait évoqué il y a plusieurs mois la possibilité d’augmenter encore ses importations de GNL américain. Mais les tensions commerciales avec les Etats-Unis de Donald Trump ont brouillé les cartes.”Nous sommes tous d’accord pour dire que nous devons nous débarrasser du gaz de Poutine”, mais le plan européen pour se passer de l’énergie russe “a été retardé en raison de la situation géopolitique”, avait déploré l’eurodéputée centriste danoise Sigrid Friis (Renew).Et il a fallu attendre le 1er mai pour que le commissaire européen en charge du commerce, Maros Sefcovic, suggère de nouveau dans une interview au journal Financial Times de “résoudre très rapidement” le différend avec l’administration Trump grâce à des achats de GNL américain ou de produits agricoles comme le soja.Le président américain a lui-même mis une forte pression aux Européens début avril en leur réclamant de commander massivement de l’énergie aux Etats-Unis, à hauteur de 350 milliards de dollars (309 milliards d’euros).- La France, porte d’entrée -Dans les couloirs de la Commission, on reconnaît que les discussions ont été particulièrement sensibles au sujet du gaz russe, sur fond de craintes d’une nouvelle flambée des prix de l’énergie. Quelques Etats membres comme la Hongrie ne cachent pas leur proximité avec Moscou.Et certains pays sont plus dépendants que d’autres au GNL russe.La France est par exemple en première ligne avec ses cinq terminaux de regazéification dont celui de Dunkerque. Selon le groupe de réflexion IEEFA, elle a augmenté de 81 % ses importations de GNL russe entre 2023 et 2024 et versé 2,68 milliards d’euros à la Russie.Le plan présenté mardi comprendra-t-il une proposition d’embargo contre le gaz liquéfié russe à plus ou moins long terme ? “Cette option pourrait être très difficile à mettre en Å“uvre”, car elle nécessite l’unanimité des 27, expose Simone Tagliapietra, spécialiste des questions européennes au centre de réflexion Bruegel. Compte tenu de cette contrainte, une importante hausse des droits de douane sur toutes les importations de gaz russe (gazoducs et GNL) “pourrait être l’option la plus viable pour l’UE”, estime-t-il.Selon l’eurodéputé Yvan Verougstraete (Renew), qui suit les questions énergétiques au Parlement, la Commission pourrait malgré tout proposer une loi pour interdire totalement les importations de gaz russe d’ici à 2027.Au-delà du gaz liquéfié, la Commission européenne ne cesse de souligner tous les efforts qui ont été faits pour réduire la dépendance aux énergies fossiles russes depuis l’invasion de l’Ukraine.En quelques années, “nous sommes passés de 45% d’importations de gaz (gazoducs et GNL) en provenance de Russie à 18%. Nous sommes passés d’un baril de pétrole sur cinq à un baril sur cinquante”, a insisté la présidente de la Commission Ursula von der Leyen, fin avril à Londres.Mais “nous nous savons tous qu’il reste encore beaucoup à faire”, a ajouté la dirigeante, qui ne veut plus “dépendre d’une puissance hostile pour notre approvisionnement en énergie”.

La Bourse de Paris hésite avant la Fed, face aux incertitudes commerciales

La Bourse de Paris oscille autour de l’équilibre mardi, timide face à de nouvelles contradictoires sur le front de la guerre commerciale, en attendant la réunion de politique monétaire de la Réserve fédérale américaine (Fed).Vers 09H50 à Paris, l’indice vedette de la place parisienne, le CAC 40, cédait 0,24% après avoir ouvert en petite hausse, soit une perte de 18,71 points, pour s’établir à 7.709,22 points. La veille, il avait terminé en légère baisse de 0,55%, pour s’établir à 7.727,93 points.”L’idée d’un apaisement commercial a perdu de son élan, en l’absence de progrès concrets dans les négociations et après un message de Trump dimanche soir appelant à des droits de douane de 100 % sur les films produits hors des États-Unis”, commente Jim Reid, économiste à la Deutsche Bank.De quoi doucher les espoirs des investisseurs quant à une désescalade des tensions commerciale.Le secrétaire américain au Trésor Scott Bessent a pourtant indiqué lundi à la chaîne CNBC que les États-Unis avaient été approchés par 17 pays et leur avaient présenté de “très bonnes” propositions commerciales. Il a également déclaré qu’il pourrait y avoir des “progrès substantiels dans les semaines à venir” avec la Chine, frappée par des droits de douane allant jusqu’à 145%.Mais en l’absence de projets concrets, les investisseurs restent sur leurs gardes.Les banques centrales devraient retenir l’attention cette semaine, avec en premier lieu la décision de politique monétaire de la Fed mercredi, après une réunion sur deux jours.Depuis décembre, ses taux se situent dans une fourchette comprise entre 4,25% et 4,50%, et le marché s’attend au statu quo.”Il est largement anticipé que la Réserve fédérale maintiendra ses taux directeurs inchangés”, selon François Rimeu, stratégiste chez Crédit Mutuel AM.”Les données économiques actuelles ne justifient pas une baisse de taux,  bien que l’économie américaine ait enregistré une contraction au premier trimestre 2025″, explique-t-il. “Par ailleurs, le marché du travail demeure solide et l’inflation reste supérieure à l’objectif de 2% fixé par la Fed”.Les valeurs industrielles à la peineLes valeurs du secteur industriel et aéronautique souffrent de l’incertitude autour des droits de douane de Donald Trump, étant particulièrement exposées à la conjoncture économique mondiale.Vers 09H50 à Paris, Saint-Gobain perdait 1,18% à 96,90 euros, ArcelorMittal cédait 1,78% à 26,43 euros, Safran baissait de 1,48% à 239,80 euros et Airbus de 1,88% à 155,30 euros.

Livraisons de repas: l’américain DoorDash va racheter Deliveroo 2,9 milliards de livres

La plateforme américaine de livraison DoorDash s’est entendu avec son équivalent britannique Deliveroo pour acquérir ce dernier pour 2,9 milliards de livres (3,4 milliards d’euros), ont annoncé les deux entreprises mardi dans un communiqué conjoint.Ce rapprochement entre les deux entités, aux “activités géographiques complémentaires”, doit permettre de “renforcer la position” de DoorDash “en tant que plateforme mondiale”, est-il souligné dans le communiqué.Fondé en 2013, Doordash opère dans plus de 30 pays et est numéro un aux Etats-Unis. L’entreprise de San Francisco annoncé en 2024 un chiffre d’affaires de 10,7 milliards de dollars (8 milliards de livres).Egalement fondé en 2013, Deliveroo est présent dans neuf pays: Belgique, France, Italie, Irlande, Koweït, Qatar, Singapour, Émirats arabes unis et Royaume-Uni.Le groupe a présenté en mars, pour la première fois, un bénéfice annuel après impôt de 2,9 millions de livres, sur un chiffre d’affaires de 2,1 milliards. Il affichait jusqu’alors des pertes importantes en raison de coûts d’investissement élevés.La réunion “des deux entreprises permettra au groupe élargi d’opérer dans des pays dont la population combinée dépasse le milliard d’habitants”, soulignent-elles.La plateforme britannique avait annoncé fin avril le début de discussions avec Doordash sur une offre indicative à hauteur de 1,80 livre par action, qu’elle a décidé de recommander à ses actionnaires.

Les Bourses européennes ouvrent en petite hausse

Les Bourses européennes ont ouvert mardi en timide hausse, les investisseurs naviguant avec prudence face aux incertitudes liées aux droits de douane, entre promesses d’accords imminents et annonces de surtaxes dans certains secteurs.Dans les premiers échanges, la Bourse de Paris gagnait 0,11%, Francfort 0,01%, Londres 0,33% et Milan 0,20%.

Grève: la SNCF doit affiner mardi ses prévisions pour le pont du 8 mai

La SNCF doit affiner mardi ses prévisions de trafic pour le pont du 8 mai à l’occasion d’une grève qui épargne pour l’heure les grandes lignes.Plusieurs catégories de personnel étaient appelées à faire grève à partir de lundi par la CGT-Cheminots et SUD-Rail. Les cheminots réclament une hausse des rémunérations et une meilleure anticipation des plannings, trop souvent modifiés à la dernière minute d’après eux. Pour le pont du 8-Mai, un influent collectif de contrôleurs baptisé Collectif national ASCT (CNA) s’est joint à l’appel à la mobilisation, lui donnant de l’ampleur.SNCF Voyageurs a prévu un point presse mardi à 10H30 pour actualiser les départs de train, Inoui, Ouigo et Intercités.Lundi, premier jour de grève, les grandes lignes ont été épargnées et les trains circulaient normalement dans la plupart des grandes gares. Les perturbations ont surtout concerné les trains locaux, notamment dans le Nord et le Pas-de-Calais, où un train sur trois étaient annoncés.Le trafic était également fortement perturbé sur certains lignes d’Ile-de-France, comme le RER B. Mardi, la circulation des trains et RER devrait être “perturbée dans des proportions similaires” à lundi sur ces mêmes lignes (B, C, D, H, N, V, U), a indiqué lundi soir SNCF Voyageurs.”Nous sommes loin d’une semaine noire, il n’y aura pas de semaine à l’arrêt, mais une semaine aussi normale que possible”, a indiqué dimanche lors d’un entretien avec l’AFP le PDG de SNCF Voyageurs Christophe Fanichet.”Les circulations seront normales du lundi 5 au jeudi 8 mai sur les TGV”, a-t-il précisé et pour les 9, 10 et 11 mai, la plupart des trains circuleront.Outre la promesse d’acheminer tout le monde en train, Christophe Fanichet s’est engagé à ce “que tous les clients soient prévenus avant de partir (en week-end, NDLR) concernant leur train de retour”. “C’est-à-dire être prévenus avant le début du pont mercredi pour les circulations jusqu’à dimanche 11 mai”, a-t-il détaillé.Il a également indiqué que tous les billets sont “échangeables, remboursables, sans frais”, sur les TGV Inoui comme les Ouigo, pour la semaine du 5 au 11 mai.Certains voyageurs ont déjà commencé à chercher des alternatives. Le loueur de voitures Ada a signalé lundi qu’il enregistrait une hausse de 30% des réservations pour le weekend du pont par rapport à 2024, où le 8-mai tombait un mercredi. 

Ford estime l’impact des droits de douane à 1,5 milliard de dollars en 2025

Le constructeur américain Ford a publié lundi des résultats pour le premier trimestre meilleurs qu’attendu, mais a suspendu ses prévisions annuelles du fait des droits de douane américains imposés sur l’industrie automobile.Ces derniers devraient peser à hauteur de 1,5 milliard de dollars nets sur son bénéfice d’exploitation proforma en 2025, a-t-il précisé dans un communiqué. En 2024, il avait atteint 10,2 milliards de dollars.”A ce jour, nos équipes ont fait beaucoup pour minimiser l’impact des droits de douane”, a indiqué Sherry House, directrice financière, à des journalistes, précisant que l’impact net au premier trimestre avait été de 200 millions.Par exemple, a-t-elle expliqué, 35% des véhicules traversant les Etats-Unis pour aller du Mexique au Canada utilisent désormais un dispositif alternatif – le transport cautionné – permettant d’échapper à la taxation américaine.L’administration Trump a instauré début avril 25% de surtaxes douanières sur les importations de véhicules neufs et, depuis le 3 mai, sur les pièces détachées.Des allègements sont prévus, en particulier pour certaines productions réalisées au Mexique et au Canada avec lesquels les Etats-Unis ont un accord de libre-échange (ACEUM).Selon Ford, environ 80% des pièces détachées utilisées dans ses 24 usines américaines s’inscrivent dans cet accord.”Nous examinons des opportunités pour lesquelles il serait sensé de développer une chaîne d’approvisionnement” aux Etats-Unis pour le reste, a relevé Kumar Galhotra, directeur des opérations, lors d’une audioconférence avec des analystes.Lors de la présentation des résultats annuels début février, Ford prévoyait un bénéfice opérationnel proforma entre 7 et 8,5 milliards de dollars et un flux de trésorerie de 4,5 milliards.Il a précisé lundi être sur cette trajectoire, en faisant abstraction de l’impact des droits de douane dont la moitié découle des véhicules neufs et l’autre des pièces détachées.Cet impact inclut aussi la possible hausse des prix engendrée par les surtaxes douanières sur les cours de l’acier et de l’aluminium, même si Ford s’approvisionne aux Etats-Unis à 85% pour l’acier et en totalité pour l’aluminium, a souligné Mme House, aux analystes.”A cause des incertitudes liées aux droits de douane, l’entreprise suspend ses prévisions financières”, a-t-elle précisé.Pour son premier trimestre, le groupe de Dearborn (Michigan) s’attendait en février à un bénéfice “à peu près à l’équilibre à cause de ventes aux concessionnaires inférieures et d’un mix produits défavorable”.- Bénéfices -Entre janvier et mars, Ford a engrangé un chiffre d’affaires de 40,66 milliards de dollars (-5% sur un an) et un bénéfice net de 471 millions de dollars (-65%).Le consensus des analystes de FactSet anticipait respectivement 38,02 milliards et une perte de 90 millions.Rapporté par action et hors éléments exceptionnels – valeur privilégiée par les marchés -, le bénéfice net ressort à 14 cents. Le consensus attendait une perte de deux cents.Dans les échanges électroniques après la fermeture de la Bourse de New York, l’action Ford perdait 2,16%.La semaine dernière, il avait annoncé un bond de ses ventes en avril (+16%) après un repli au premier trimestre (-1,3%), au cours duquel les mois de janvier et février avaient subi un recul mais mars avait profité d’achats anticipés avant les nouveaux droits de douane.Le début de l’année a pâti d’une réduction des ventes aux concessionnaires après la mise à l’arrêt programmée de plusieurs usines, liée au lancement de nouveaux modèles, et à la réorganisation des stocks, a-t-il expliqué lundi.Ford accorde depuis début avril “les prix pour les employés à tout le monde aux Etats-Unis” pour certains modèles des marques Ford et Lincoln, mais chaque concessionnaire décide de participer ou non à cette opération commerciale. Prévue pour s’arrêter le 2 juin, elle a été prolongée la semaine dernière jusqu’au 4 juillet.Le cabinet Anderson Economic Group (AEG) a calculé, en incluant les dernières mesures annoncées le 29 avril, que ces taxes entraîneraient un surcoût de production compris entre 2.000 et 12.000 dollars par véhicule, voire au-delà de 15.000 dollars pour les luxueux modèles arrivant d’Asie et d’Europe.Reste à savoir si les constructeurs vont en répercuter tout ou partie sur leurs prix de vente.

OpenAI abandonne son projet de devenir une société à but lucratif

Le directeur général d’OpenAI Sam Altman a fait savoir lundi que l’entreprise à l’origine de ChatGPT abandonnait son projet de devenir une société à but lucratif, qui était vivement contesté par des observateurs du secteur de l’intelligence artificielle mais également par Elon Musk.”OpenAI n’est pas une entreprise normale et ne le sera jamais”, a écrit Sam Altman dans un courriel adressé au personnel et publié lundi sur le site internet de l’entreprise.”Nous avons pris la décision de rester une société à but non lucratif après avoir écouté des leaders de la société civile et échangé avec les bureaux des procureurs généraux (des Etats américains) de Californie et du Delaware”, a-t-il annoncé.Le fleuron de l’IA est devenu une des start-ups les plus prospères de l’histoire de la Silicon Valley, propulsée en 2022 par son outil d’IA générative ChatGPT.Après une crise au sein de l’entreprise en 2023, des investisseurs majeurs d’OpenAI avaient souhaité pouvoir faire fructifier leurs placements dans une structure vouée à être rentable, eu égard notamment aux coûts considérables liés à la conception, à l’entraînement et au déploiement des modèles d’IA comme ChatGPT.L’an dernier, OpenAI, dont les ambitions dans le secteur de l’IA nécessitent des dizaines de milliards de dollars d’investissement, avait dévoilé un plan de passage au statut d’entreprise à but lucratif dans les deux ans.Mais des critiques avaient jugé ce projet dangereux au vu de la puissance des outils d’intelligence artificielle et parce que ce changement de structure aurait selon eux fait passer les intérêts des actionnaires avant ceux de la société civile.- “Pas à vendre” -L’homme le plus riche de la planète, Elon Musk, avait également critiqué ce plan, qui nécessitait par ailleurs l’approbation des Etats de Californie et du Delaware où OpenAI est respectivement basée et enregistrée.Musk et Altman faisaient partie de l’équipe de 11 personnes qui a fondé OpenAI en 2015, le premier apportant un financement initial de 45 millions de dollars.Mais leurs relations sont exécrables depuis qu’Elon Musk a quitté en 2018 l’entreprise, contre laquelle il avait entrepris une action en justice et qu’il a aussi proposé de racheter.Sam Altman lui avait alors sèchement répliqué qu’OpenAI n’était “pas à vendre”.Dans le nouveau plan d’OpenAI, le bras armé de l’entreprise pourra faire des profits mais, point capital, restera sous la supervision d’un conseil d’administrateurs comme une organisation à but non lucratif.Rester une société à but non lucratif “nous permettra de continuer de réaliser des progrès rapides et sûrs et de donner à tous l’accès à une IA performante”, a estimé lundi Sam Altman.Reste à attendre la réaction des investisseurs à ce renoncement d’OpenAI, comme celle de la société d’investissement japonaise SoftBank qui avait fait du passage au statut à but lucratif une condition de sa récente annonce d’un apport massif de 30 milliards de dollars.Cette somme pourrait désormais descendre à 20 milliards, selon une clause prévue par un document officiel.La participation de SoftBank fait partie d’une levée de fonds de 40 milliards de dollars annoncée fin mars, la plus importante jamais vue pour une société non cotée dans le secteur technologique.Ce nouveau tour de table valorise la société californienne 300 milliards de dollars.

Wall Street termine en baisse, prudente avant la réunion de la Fed

La Bourse de New York a terminé en baisse lundi, attentiste avant la réunion de la banque centrale américaine (Fed) et continuant de suivre les développements sur le front de la guerre commerciale lancée par Washington.Le Dow Jones a perdu 0,24%, l’indice Nasdaq a lâché 0,74% et l’indice élargi S&P 500 a abandonné 0,64%.”Pour la première fois depuis longtemps, la journée a été très calme”, estime auprès de l’AFP Christopher Low, de FHN Financial.”Actuellement, les actions (…) sont vendues en fonction des attentes concernant la conclusion d’accords commerciaux importants”, ajoute l’analyste.Il a été rapporté que des négociations étaient en cours, notamment avec le Japon ou l’Union européenne, concernant la guerre commerciale tous azimuts lancée par Donald Trump.”Même la Chine commence à évoquer la possibilité (…) d’entamer au moins une certaine forme de conversation” avec Washington, note M. Low.En revanche, pour l’heure, aucun accord n’a été acté.”Les indices peinent à prolonger leur progression (…) alors que l’anxiété croissante concernant la prochaine réunion de la Fed coïncide avec l’absence de progrès en matière d’accords commerciaux”, souligne pour sa part Jose Torres, d’Interactive Brokers.Les investisseurs attendent la nouvelle réunion de la banque centrale américaine (Fed) qui débutera mardi et se prolongera jusque mercredi, alors que Donald Trump a répété à maintes reprises ses appels pour une baisse de taux.”Vendredi, les chiffres sur l’emploi se sont inscrits dans une fourchette acceptable, à la suite de bonnes nouvelles sur l’inflation”, rappelle M. Low.Les investisseurs anticipaient déjà avant cette date que la Fed n’abaisse pas ses taux lors de sa réunion de cette semaine. “Aujourd’hui, ne rien faire semble d’autant plus approprié”, ajoute l’analyste.La grande majorité des acteurs du marché s’attendent en effet à ce que l’institution monétaire laisse ses taux inchangés, dans une fourchette comprise entre 4,25% et 4,50%, selon l’outil de veille du groupe CME, FedWatch.Côté indicateurs, la place américaine a bien accueilli l’enquête de la fédération professionnelle ISM, qui a montré que l’activité dans les services a progressé en avril aux Etats-Unis, au-dessus des attentes.L’indice mesurant cette activité s’est élevé à 51,6% en avril, contre 50,8% le mois précédent. Les analystes l’attendaient plus bas, à 50,4%, selon le consensus compilé par Briefing.com.Sur le marché obligataire, le taux d’intérêt des emprunts d’Etat américains à dix ans s’est établi à 4,33%, contre 4,31% vendredi à la clôture. Au tableau des valeurs, l’assureur santé UnitedHealth (+1,27%), l’une des premières pondérations du Dow Jones, a “enregistré des gains solides”, remarquent les analystes de Briefing.com.Les géants du divertissement ont été boudés après l’annonce par Donald Trump “de droits de douane de 100%” sur les films diffusés aux Etats-Unis mais produits à l’étranger. Netflix a perdu 1,94%, Warner Bros Discovery 1,99% et Disney 0,41%.”Je ne cherche pas à nuire au secteur. Je veux l’aider”, a déclaré Donald Trump devant la presse lundi.Le conglomérat Berkshire Hathaway, qui possède des dizaines d’entreprises, des piles Duracell à l’assureur américain Geico, a reculé (-4,98%) après l’annonce par Warren Buffett de son départ du poste de directeur général à la fin de l’année. Remplacé par son bras droit Greg Abel, M. Buffett conservera son rôle de président du conseil d’administration de son groupe.Le secteur de l’énergie a terminé dans le rouge, miné par notamment par la baisse des prix du brut, à l’instar d’ExxonMobil (-2,74%), de Chevron (-2,17%) ou de ConocoPhillips (-4,16%).

Mouvement de grève: pas de version papier du journal La Provence depuis dimanche

Pour la deuxième journée consécutive, le quotidien régional La Provence n’a pas été imprimé lundi en raison d’une grève reconductible votée samedi à l’appel de la Filpac-CGT, après l’annonce d’un plan de sauvegarde de l’emploi qui “menace directement des dizaines d’emplois”, majoritairement parmi les imprimeurs, selon le syndicat.Dimanche et lundi, seule la version numérique du titre, vendu à quelque 65.000 exemplaires par jour en moyenne dans les Bouches-du-Rhône, le Vaucluse, les Alpes-de-Haute-Provence et les Hautes-Alpes, était disponible en ligne.La Tribune Dimanche, hebdomadaire dominical qui appartient, comme le groupe La Provence (comprenant les quotidiens régionaux La Provence et Corse-Matin), à l’armateur CMA CGM, propriété de Rodolphe Saadé, n’est pas non plus paru en version papier dans les zones sud-est, sud-ouest et Rhône-Alpes.Le mouvement social a été décidé après “l’annonce, le 29 avril, d’un Plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) brutal et unilatéral, qui menace directement des dizaines d’emplois”, indiquait la Filpac-CGT dans un communiqué, demandant “l’annulation pure et simple de ce PSE”.D’après un délégué syndical interrogé par l’AFP, le plan concernerait 75 postes, dont 51 à l’imprimerie, un “massacre social” selon cette source. Une nouvelle assemblée générale devait décider tard dans la soirée lundi d’une éventuelle prolongation du mouvement.”La Provence est un bien commun. Elle ne se résume pas à des lignes comptables. Nous défendons nos emplois, mais aussi une certaine idée de la presse, libre, locale et de qualité. La lutte (…) se poursuivra jusqu’au retrait du plan”, ajoute le communiqué de la Filpac-CGT. Evoquant un PSE concernant 72 salariés, dont 51 de l’actuelle imprimerie de La Provence, Jean-Christophe Tortora, directeur général de CMA Media, la holding médias de CMA CGM, qui possède également BFMTV et la radio RMC, a assuré à l’AFP lundi soir qu'”une proposition de reclassement sera faite pour chacun des salariés” concernés.25 propositions de reclassement seront notamment au sein de la nouvelle imprimerie que va acquérir CMA Médias à Vitrolles, à une trentaine de kilomètres de Marseille, a précisé M. Tortora, rappelant que l’imprimerie actuelle du groupe La Provence à Marseille sera contrainte à la fermeture en septembre.”Cela n’est pas notre décision, la cession de Salengro (le site marseillais, ndlr) avait été décidée avant la prise de contrôle de La Provence par CMA CGM en octobre 2022″, a insisté le DG de CMA Media, estimant qu’avec l’acquisition de l’imprimerie de Vitrolles La Provence aura “son propre outil industriel, ce qu’elle mérite”.Parmi les autres salariés visés par le PSE, certains se verront proposer des départs en pré-retraite, d’autres des reclassements au sein de CMA CGM.Selon M. Tortora, la décision de CMA Media d’opter pour le site de Vitrolles, où est déjà imprimé le quotidien La Marseillaise, est également la conséquence des difficultés rencontrées par le groupe à trouver un site pour une nouvelle imprimerie, en raison des “enjeux d’acceptabilité” par les communes de ces installations industrielles, “avec leurs nuisances”.CMA Media avait envisagé une nouvelle imprimerie au Cannet-des-Maures ou au Muy, deux commune du Var, sans succès selon M. Tortora.Il a également évoqué le nouveau refus “clair” lundi de la part de l’Etat de tout soutien à de nouvelles imprimeries de presse, celui-ci préférant favoriser “la mutualisation d’imprimeries existantes”.

Le modèle de financement des infrastructures est “à bout de souffle”, alerte Bayrou

“Notre modèle de financement des infrastructures de transport est aujourd’hui à bout de souffle”, a déclaré lundi le Premier ministre François Bayrou, lors du lancement à Marseille d’une grande conférence qui va durer deux mois et doit dégager des pistes de financement pour les transports de demain.”Plusieurs dizaines de milliards d’euros sont nécessaires pour régénérer et moderniser notre réseau ferroviaire, ainsi que nos routes et autoroutes non concédées”, a insisté le Premier ministre, alors que la France doit trouver 40 milliards d’économie pour son budget 2026.La conférence, baptisée Ambition France Transports et présidée par l’ancien secrétaire d’État aux Transports Dominique Bussereau, doit proposer des scénarios pour sécuriser des financements pérennes avec trois ambitions: régénérer et moderniser les réseaux de transports, augmenter l’offre et accélérer la transition écologique.Pour atteindre les objectifs fixés lors de la troisième stratégie nationale bas carbone, la fréquentation des transports publics doit augmenter de 25% d’ici 2030. Le secteur des transports est responsable d’un tiers du total des émissions de gaz à effet de serre en France, l’immense majorité à cause de la route. Les infrastructures de transport doivent aussi s’adapter au changement climatique avec les vagues de chaleur, inondations ou glissements de terrains qui viennent accélérer la dégradation des ouvrages.- Ruralité -“Les engagements de l’État n’ont cessé de s’accumuler sans mettre les moyens en face”, a souligné François Bayrou.En 2023, la Première ministre de l’époque Élisabeth Borne annonçait notamment un plan d’investissements de 100 milliards d’euros pour le ferroviaire d’ici 2040. Une promesse qui peine aujourd’hui à se concrétiser.”Les 100 milliards n’ont pas été totalement budgétisés, c’est le moins qu’on puisse dire. Mais pour autant, il en reste quelque chose”, a répondu le ministre chargé des Transports Philippe Tabarot, soulignant l’augmentation des investissements pour l’entretien du réseau ferroviaire. Une hausse des crédits uniquement permis par les bénéfices de la SNCF.L’Association des maires de France (AMF) a déploré de son côté de ne pas avoir été associée au groupe de réflexion sur la mobilité routière. Pourtant, “elle représente les collectivités en charge de 65% du réseau routier national”. Les communes doivent gérer “700.000 km de voies et 120.000 ouvrages” alors qu’elles “n’ont aucune ressource dédiée et font face à des charges croissantes”, dénonce l’AMF. L’association assure qu’elle sera attentive à la prise en compte des zones rurales, moins dotées que les villes en transports collectifs.Ambition France Transports, dont les travaux doivent se terminer mi-juillet, sera organisée sous forme de quatre ateliers, réunissant chacun entre 10 et 15 participants (élus, professionnels, économistes).- Avenir des autoroutes -L’un portera sur le financement des transports du quotidien et en particulier les Serm (Services express régionaux métropolitains, les fameux RER métropolitains annoncés en 2022). Un atelier concernera la mobilité routière et notamment l’avenir des concessions autoroutières qui arrivent toutes à échéance entre 2031 et 2036, un autre le ferroviaire et un dernier le fret.La fin des concessions autoroutières, exploitées dans leur immense majorité par trois grands groupes (Vinci, Eiffage et l’Espagnol Abertis), devrait occuper une grande partie des débats. Elle “offre une opportunité sans précédent pour les pouvoirs publics de rediriger les recettes des péages de manière durable vers les projets de transport”, a relevé François Bayrou.”Je me souviens qu’en 2005, j’avais été bien seul à m’émouvoir, lorsque le gouvernement avait décidé de céder ses parts dans les sociétés concessionnaires d’autoroutes”, a-t-il rappelé.”L’État, je le crois, s’est volontairement privé d’une ressource qui était le véritable patrimoine des Français et qui aurait pu abonder de manière pérenne le secteur des transports pour trouver de nouveaux investissements, de nouveaux financements”, a-t-il poursuivi, sans vouloir révéler quel modèle aurait sa préférence à l’avenir.Les sociétés concessionnaires réalisent environ 13 milliards d’euros de chiffre d’affaires par an. Pour défendre leur modèle, elles affirment assumer de nombreux investissements, à commencer par l’installation de bornes électriques dont le nombre sur les aires d’autoroute devra être multiplié par dix d’ici 2035 pour répondre à la demande, selon l’une d’entre elles.