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Trump reçoit Carney, élu par les Canadiens pour lui tenir tête

Donald Trump reçoit mardi le nouveau Premier ministre canadien, Mark Carney, porté au pouvoir sur une promesse de tenir tête au président américain et à ses velléités d’annexion, mais qui devra éviter de le braquer s’il veut lui arracher un compromis commercial.L’entrevue, prévue pour 11H45 locales (15H45 GMT) dans le Bureau ovale, et qui sera suivie d’un déjeuner de travail, pourrait être tendue, à entendre lundi le ministre américain au Commerce, Howard Lutnick.Interrogé sur la chaîne Fox Business sur la possibilité d’un compromis douanier, ce très fidèle allié de Donald Trump a répondu que ce serait “très compliqué”, en décrivant le Canada comme un “régime communiste” qui “se nourrit [aux] dépens” des Etats-Unis.”Ce sera une rencontre fascinante”, a-t-il prédit.Il ne faut pas s’attendre à de la “fumée blanche” à l’issue de la réunion, avait averti vendredi le nouveau dirigeant canadien, usant d’une métaphore d’actualité en ces temps de conclave.Selon lui, l’ancienne relation entre les deux pays fondée sur “une intégration croissante” est “terminée”, et il s’agit de savoir comment les deux pays “vont coopérer à l’avenir”. Face à lui, le président américain s’estime en position de force, après avoir suspendu au-dessus du Canada et du Mexique la menace de droits de douane généralisés de 25%, en plus des taxes sectorielles qu’il a déjà imposées, en particulier sur l’acier et l’aluminium.- “Très sympathique” -“J’imagine qu’il veut conclure un accord”, a dit Donald Trump lundi à propos de son visiteur.La semaine dernière, il avait qualifié le nouveau chef du gouvernement canadien d'”homme très sympathique”, un ton incomparablement plus amène que celui réservé à l’ancien Premier ministre Justin Trudeau, pour lequel le milliardaire républicain a une féroce antipathie.Mark Carney, vainqueur la semaine dernière des élections législatives alors que sa formation, le parti libéral, était il y a encore quelques mois promise à une cuisante défaite, a résumé vendredi sa délicate position de négociation.”Mon gouvernement va se battre pour décrocher le meilleur accord (commercial). Cela prendra le temps nécessaire, mais pas plus”, a dit le dirigeant libéral, ancien banquier central rompu à la gestion de crise qui a par exemple tenu le gouvernail de la Banque d’Angleterre dans la tempête du Brexit.Technocrate sans expérience de campagne, Mark Carney doit en bonne partie son élection à Donald Trump.Depuis son retour au pouvoir, ce dernier a lancé contre le Canada des attaques commerciales mais aussi politiques particulièrement violentes, en répétant que le gigantesque pays était voué à devenir le 51e Etat américain.”C’est un moment très important pour (le nouveau dirigeant canadien), puisqu’il a martelé pendant la campagne qu’il pouvait affronter M. Trump”, a expliqué à l’AFP Geneviève Tellier, politologue à l’université d’Ottawa.- Conclure des “deals” -“Cela doit bien se passer pour laisser une chance pour la suite”, a souligné la politologue, pour qui le pire scénario serait une altercation publique telle que celle ayant opposé Donald Trump au président ukrainien, Volodymyr Zelensky, dans le Bureau ovale.Le nouveau Premier ministre, au tempérament mesuré et à l’expression prudente, a une personnalité fort différente de celle de l’éruptif président américain, mais aussi de celle, très extravertie, de Justin Trudeau.Les Etats-Unis et le Canada sont liés par un accord de libre-échange conclu pendant le premier mandat de Donald Trump, et qui pourrait selon certains analystes être revu. Mais renégocier le texte serait un processus long et compliqué peu compatible avec la volonté du président américain de conclure rapidement des “deals” commerciaux spectaculaires.L’entrevue de mardi avec Mark Carney servira aussi de baromètre avant le sommet du G7, prévu au Canada en juin, rassemblant les dirigeants de pays particulièrement bousculés par Donald Trump depuis son retour au pouvoir.Le groupe des 7 réunit l’Allemagne, le Canada, les États-Unis, la France, l’Italie, le Japon, et le Royaume-Uni. L’Union européenne y est également représentée.

La Fed se réunit aux Etats-Unis, très problable statu quo sur les taux

La Réserve fédérale (Fed) américaine a débuté mardi deux jours de réunion à l’issue de laquelle elle devrait laisser ses taux d’intérêt inchangés en dépit des pressions répétées du président Trump qui veut les voir baisser.La réunion du Comité de politique monétaire de la Fed (FOMC) “a débuté à 08H30 (12H30 GMT) comme prévu”, a indiqué un porte-parole à la presse.L’institution monétaire, qui rendra sa décision mercredi à 14H00 (18H00 GMT) devrait laisser ses taux au niveau qui est le leur depuis décembre, dans une fourchette comprise entre 4,25% et 4,50%.Ses responsables ont fait savoir qu’ils souhaitaient d’abord jauger comment l’économie allait atterrir face à l’ampleur de l’offensive protectionniste lancée par Donald Trump.Même si les baromètres économiques réguliers montrent une nervosité croissante, les indicateurs officiels restent contenus (4,2% de chômage en avril, 2,3% d’inflation en mars, légèrement au-dessus de la cible de la Fed). “Je pense qu’ils sont bien là où ils sont alors qu’il y a beaucoup de turbulences avec la guerre commerciale”, a déclaré à l’AFP l’ancien président de la Fed de St. Louis (centre des Etats-Unis), Jim Bullard.Mais pendant ce temps – et alors que les experts s’attendent à voir a minima la croissance ralentir aux Etats-Unis – le président Donald Trump ne cesse de pousser pour des baisses de taux, ce qui donnerait un coup de fouet à l’économie.”Il (Powell) devrait les baisser. Et à un moment, il le fera. Il préfèrerait ne pas avoir à le faire car il n’est pas fan de moi”, a affirmé le chef de l’Etat dans une interview à la chaîne de télévision NBC diffusée dimanche.Il a précédemment dit qu’il n’était lui-même “pas un grand fan” de Jerome Powell, dont le mandat court encore un an.Cible de toutes les critiques de Donald Trump, M. Powell ne compte que pour une voix parmi les douze membres du Comité qui votent sur les décisions de politique monétaire.

Lazaro Cardenas, le port mexicain en première ligne de la guerre commerciale lancée par Trump

À l’aube, deux navires de Singapour et Hong Kong déchargent des conteneurs dans le port mexicain de Lazaro Cardenas sur le Pacifique, en première ligne de la guerre commerciale lancée par le président américain Donald Trump. Dans l’ouest du pays, Lazaro Cardenas (du nom d’un ex-président mexicain) couvre l’équivalent de 3.166 terrains de football. La grande façade maritime du Mexique sur le Pacifique reçoit et exporte des milliers de voitures et des millions de pièces automobiles. M. Trump a imposé des taxes de 25% à leur entrée aux Etats-Unis, où partent plus de 80% des exportations mexicaines.Jusqu’ici, pas d’impact sur Lazaro Cardenas: le mouvement des conteneurs a augmenté de 11% entre janvier et mars, malgré le retour de Donald Trump à la Maison Blanche le 20 janvier.Le port est à l’image de l’économie mexicaine, qui a aussi réussi pour le moment à esquiver la récession que lui promet le FMI en raison de la dépendance de son commerce extérieur aux Etats-Unis.Le PIB a augmenté de 0,6% en glissement annuel au premier trimestre de 2025, bien que les analystes avertissent des difficultés dans le secteur manufacturier, à cause des taxes douanières.A Lazaro Cardenas, la Marine mexicaine s’active aussi pour neutraliser le trafic de drogues.A son retour à la Maison Blanche, le président républicain a accusé le Mexique et le Canada de ne pas assez lutter contre le trafic de fentanyl (un opioïde responsable d’une crise sanitaire aux Etats-Unis) et la migration illégale.Dans une zone spéciale, des dizaines de militaires inspectent les produits de certains conteneurs pour s’assurer qu’il n’y a pas de drogues. Un militaire prélève des échantillons dans d’énormes sacs de farine de poisson pour les placer dans une machine capable de détecter des substances illégales telles que la cocaïne. La Marine affirme avoir saisi 2,7 tonnes de poudre blanche l’année dernière.Cependant, l’attention se porte également sur les “substances duales”, des produits chimiques qui peuvent être utilisés aussi bien pour fabriquer des médicaments que pour produire des drogues synthétiques, comme le fentanyl.”Si l’entreprise (propriétaire de la charge) prouve que c’est légalement” qu’elle l’importe, “alors nous vérifions juste que la substance a ces données”, explique le marin responsable de la surveillance du port.- Voitures et acier -Le port est connecté à un chemin de fer qui mène directement jusqu’aux Etats-Unis et au Canada, de sorte qu’un conteneur peut atteindre Chicago en sept jours.”C’est un point logistique stratégique pour la distribution de marchandises”, déclare Joel Méndez, directeur des opérations du port, lors d’une visite des installations avec l’AFP. Lazaro Cardenas est même devenu un concurrent important du port de Long Beach, en Californie, selon les autorités locales. Une extension de 1.100 hectares (916 terrains de football) est prévue.Depuis l’un des affluents du port, on observe des dizaines de véhicules de différentes marques être embarqués vers les Etats-Unis ou transportés par route vers des destinations nationales.Le terminal occupe la première place pour le chargement de véhicules avec 35% du total national dans cette industrie qui, pour sa part, représente 3,6% du PIB.En même temps, des matériaux arrivent pour l’industrie sidérurgique, qui exporte de l’acier fini vers plusieurs marchés. À Lazaro Cardenas est implanté ArcelorMittal, l’un des plus grands aciéristes du monde. L’acier et l’aluminium sont également frappés d’une taxe de 25% à leur entrée aux Etats-Unis. Toutefois, Donald Trump a exclu le Mexique du système de taxes réciproques qu’il a imposé à des dizaines de pays, notamment la Chine, et annoncé des mesures pour atténuer l’impact sur le secteur automobile.Au milieu des tensions commerciales, les travailleurs se préparent pour la haute saison de l’industrie, entre mai et juin, lorsque les entreprises exportent et importent des millions de produits en vue des festivités de fin d’année. “Nous voulons avoir les conditions les plus appropriées pour les accueillir”, résume le directeur des opérations Joel Méndez, certain que le port “continuera de croître”.

Grève: la SNCF propose une compensation aux clients touchés ce weekend

La SNCF a annoncé mardi qu’une compensation financière serait proposée aux clients touchés par des annulations de trains liées à la grève des cheminots ce week-end, tout en assurant que 90% des trajets seraient assurés.”On ne sera pas loin de 90% de trains qui vont rouler” ce week-end, malgré l’appel à la grève de plusieurs syndicats, a assuré le PDG de la SNCF, Jean-Pierre Farandou, appelant les clients à ne pas annuler leur réservation.Deux syndicats de l’entreprise publique ont déposé plusieurs préavis de grève pour cette semaine comportant un week-end prolongé, durant lequel 1,8 million de personnes ont prévu de prendre le train.Les revendications syndicales portent principalement sur la revalorisation d’une prime et sur l’organisation du travail.”Tous les départs vont bien se passer puisqu’il n’y a quasiment pas de grève mercredi, jeudi” et “il y aura un train dimanche pour ramener tout le monde”, a affirmé M. Farandou sur France Inter. “N’annulez pas, votre train roulera”, a lancé le patron de l’entreprise publique, estimant que “la plupart des clients auraient vraiment le train pour lequel ils ont acheté un billet”, tandis que “quelques-uns devront peut-être se déplacer d’une heure ou deux”.Pour assurer ces neuf circulations sur dix, la SNCF a formé aux tâches de chef de bord des volontaires, “des cadres qui sont dans des missions différentes dans les bureaux”, a précisé Alain Krakovitch, le directeur de TGV-Intercités.- Compensation -La SNCF a promis d’informer les clients sur le maintien ou l’annulation de leur train au plus tard mercredi matin. Les conséquences sur les trains Intercités devraient être “très faibles”, a précisé M. Krakovitch lors d’une conférence devant la gare Montparnasse, à Paris, où seul un train Paris-Le Mans était perturbé mardi, avec un terminus exceptionnel à Chartres.Les trains internationaux seront tous assurés, ainsi que tous les trajets des enfants qui circulent dans le cadre de l’offre “Junior & Cie”.Tous les billets restent échangeables et remboursables sans frais sur les TGV Inoui comme les Ouigo pour la semaine du 5 au 11 mai.Par ailleurs, tous les passagers touchés par des annulations recevront un bon de réduction de 50% à valoir sur un prochain trajet, même s’ils décident de changer de train, a précisé M. Krakovitch.La première journée de grève lundi n’a pas perturbé les grandes lignes mais rendu les trajets compliqués sur certains réseaux régionaux, comme dans le Nord et en Ile-de-France.Mardi, le trafic était à nouveau “fortement perturbé” sur certaines lignes d’Ile-de-France, comme les RER B et C, selon le site Transilien.En ce qui concerne les TER et les Transilien, “on a bon espoir que le mouvement s’arrête assez vite et que le service public puisse reprendre ses droits”, a indiqué M. Farandou.- Collectif de contrôleurs -La CGT-Cheminots et SUD-Rail réclament une hausse des rémunérations et une meilleure anticipation des plannings, trop souvent modifiés à la dernière minute d’après eux. Pour le pont du 8-Mai, un influent collectif de contrôleurs, baptisé Collectif national ASCT (CNA), s’est joint à l’appel à la mobilisation, lui donnant de l’ampleur.Après plusieurs négociations ces dernières années, “je crois que les Français ne comprennent pas bien pourquoi quelques catégories de cheminots revendiquent encore, en fait, de l’argent”, a estimé M. Farandou. Les négociations sont “ouvertes” et “ça ne sert à rien de faire des grèves catégorielles (…) qui embêtent tout le monde”, a jugé le PDG. “Il faut avoir une capacité à dialoguer tranquillement, à froid, sereinement, en écoutant tous les syndicats”, a-t-il ajouté. Des rendez-vous sont prévus début juin avec les représentants des conducteurs et des chefs de bord.En raison des appels à la grève, certains clients ont déjà commencé à chercher des alternatives.”Il y a déjà des gens qui ont annulé”, des “milliers” selon M. Farandou. “Nos concurrents rigolent. Il y a des trains qui sont archi-pleins. Et Blablacar, c’est plus de 20 ou 30%. La location de voiture, pareil”, a regretté M. Farandou.

Livraisons de repas: l’américain DoorDash vers un rachat de Deliveroo

La plateforme américaine de livraison DoorDash s’est entendue avec son équivalent britannique Deliveroo pour acquérir cette dernière 2,9 milliards de livres (3,4 milliards d’euros), une opération stratégique sur un secteur en cours de consolidation.Ce rapprochement entre les deux entités, aux “activités géographiques complémentaires”, doit permettre de “renforcer la position” de DoorDash “en tant que plateforme mondiale”, est-il souligné dans un communiqué.DoorDash, présent dans plus de 30 pays, est numéro un aux Etats-Unis. L’entreprise de San Francisco, fondée en 2013, a annoncé l’an dernier un chiffre d’affaires de 10,7 milliards de dollars (9,45 milliards d’euros).Les revenus de Deliveroo, également créé en 2013, sont quatre fois moins importants (2,1 milliards de livres), mais l’entreprise a pour la première fois dégagé un bénéfice (2,9 millions de livres ou 2,5 millions d’euros) l’an passé, après des années de pertes en raison d’investissements élevés.Elle a l’avantage d’opérer dans neuf pays ou DoorDash n’existe pas:Belgique, France, Italie, Irlande, Koweït, Qatar, Singapour, Émirats arabes unis et Royaume-Uni.”En l’absence d’offre concurrente en vue, il s’agit d’une initiative audacieuse et calculée visant à dépasser les rivaux mondiaux”, estime Matt Britzman, analyste chez Hargreaves Lansdown, pour qui l’opération peut notamment servir de “rampe de lancement au Moyen-Orient”.- “Trop d’entreprises” -Ce rachat devrait selon lui “transformer le marché britannique en une féroce course à deux chevaux avec DoorDash et Uber en tête”. Et “une cible probable” pour les deux entreprises: le groupe anglo-néerlandais Just Eat Takeaway.com, qui enchaîne les difficultés sur plusieurs de ses marchés.Just Eat est en cours de rachat par le groupe d’investissement néerlandais Prosus, qui entend, avec cette opération à 4,1 milliards d’euros, créer le “quatrième groupe mondial de livraison de nourriture”.”Il y avait trop d’entreprises” sur le secteur, “ce qui n’était pas viable à long terme”, relève Russ Mould, analyste chez AJ Bell.”Nous sommes désormais dans une phase où seuls les plus solides survivront, et ce sont eux qui rachètent les plus petits concurrents, lesquels réalisent que leur avenir passe davantage par l’intégration dans un groupe plus grand que par une stratégie en solo”, ajoute-t-il.Deliveroo avait annoncé fin avril le début de discussions avec Doordash sur une offre indicative à hauteur de 1,80 livre par action — celle qu’elle a décidé de recommander à ses actionnaires.”La prime de 40% sur le prix de l’action est une belle récompense pour les investisseurs. Toutefois, ce prix reste bien en deçà du sommet atteint en 2021 par le cours de l’action, à savoir 395 pence” (0,46 euro), souligne Kathleen Brooks, de XTB.Elle constitue donc “un coup dur pour ceux qui détiennent des actions depuis l’introduction en bourse”, ajoute-t-elle.L’action Deliveroo était en hausse d’environ 1,8% à Londres vers 9H15 GMT.- Conditions de travail -DoorDash souligne ne pas avoir “l’intention de procéder à des restructurations” ni de déménager le siège social de Deliveroo.L’entreprise n’entend pas non plus “apporter des changements” ayant “un impact important sur les conditions” de travail des livreurs, “sauf si cela s’avère nécessaire pour faire face à l’évolution de l’environnement réglementaire”.Le statut des dizaines de milliers de livreurs auto-entrepreneurs des plateformes de livraison de repas dans le monde suscite des controverses depuis des années.Fin 2023, la Cour suprême du Royaume-Uni a par exemple statué qu’ils ne pouvaient pas être reconnus comme des employés, ni être représentés par un syndicat.L’Espagne est à l’inverse devenu en 2021 le premier pays de l’Union européenne à leur accorder des droits, exigeant qu’ils soient reconnus comme employés plutôt que considérés comme des travailleurs indépendants — ce qui avait conduit Deliveroo à quitter le pays.DoorDash a de son côté été condamné en février à payer 16,8 millions de dollars (14,8 millions d’euros) de dédommagements à certains de ses livreurs dans l’Etat de New York pour mettre fin à des poursuites. Ils l’accusaient de les avoir “escroqués” de leurs pourboires.

Sexisme au travail: 8 femmes sur 10 considèrent que les inégalités sont encore très marquées

Pour huit femmes sur dix (80%), les inégalités professionnelles sont encore très importantes aujourd’hui, selon un baromètre sur le sexisme au travail réalisé par l’Association française des managers de la diversité dévoilé mardi.L’édition 2025 de ce baromètre confirme la persistance des inégalités de genre et des comportements sexistes dans le monde du travail en France. Selon les résultats, 67% des femmes assurent avoir déjà été confrontées personnellement à une situation discriminatoire ou sexiste au sein de leur entreprise. Trois femmes interrogées sur quatre estiment que les femmes sont régulièrement confrontées à des attitudes ou décisions sexistes dans le monde du travail. Un chiffre qui grimpe à 86% chez les moins de 35 ans.Le sentiment d’inégalité concerne également le salaire: plus d’une femme sur deux déclare être moins payée que ses collègues masculins pour un travail de valeur égale. Selon le baromètre, plus de six femmes sur dix (66%) ont également le sentiment de devoir en faire plus pour être reconnues dans leur travail. Une réalité qui échappe aux hommes, puisque moins d’un sur deux partage ce sentiment.  Le sexisme en entreprise semble s’exprimer aussi à travers l’humour: plus de sept femmes sur dix assurent avoir déjà entendu des femmes faire l’objet de “blagues sur les femmes” au travail. La maternité est également un vecteur d’inégalité, puisque pour 73% des sondées, être mère est un frein à la carrière. Face à un climat professionnel sexiste, les femmes interrogées assurent avoir recours à des stratégies d’évitement, comme ne pas porter certaines tenues vestimentaires (31%), éviter de se retrouver seule avec certaines personnes (25%), ou encore ne pas prendre la parole en public (18%).Pour lutter contre ces inégalités, 43% des salariées interrogées voient la sanction systématique comme moyen d’action prioritaire à mettre en place. Elles sont seulement 46% à considérer que les entreprises s’impliquent suffisamment pour faire reculer ces inégalités. Le baromètre met également en lumière des résistances présentes chez les hommes: 40% d’entre eux pensent qu’ils sont discriminés en raison de la promotion de l’égalité homme femme. Autre chiffre marquant: près d’un homme sur deux considère que le partage des tâches domestiques et parentales n’a pas d’impact sur l’égalité professionnelle entre les hommes et les femmes. Le baromètre a été réalisé en collaboration avec IPSOS, auprès d’un échantillon de 1.000 salariés représentatif des entreprises de plus de 250 salariés en France, interrogés sur internet en janvier 2025.  

Les terres rares ne sont pas rares, il suffit de savoir les extraire, selon une scientifique

Les terres rares “ne sont pas rares, le seul défi, c’est de les séparer”: un moyen nouveau d’extraction, breveté par la chimiste franco-américaine Marie Perrin, lui vaut de faire partie des 10 “jeunes inventeurs de l’année” primés mardi par l’Office européen des brevets.Née à Houston au Texas de parents français, la jeune docteure en chimie de 28 ans, qui a étudié à Toulouse, Paris, Boston et Zurich, est en train de lancer une startup baptisée “Reecover”, pour tenter d’industrialiser le fruit de ses recherches.Sur fonds d’accélération de la course mondiale aux terres rares et aux métaux stratégiques contrôlés à plus de 70% par la Chine, la jeune scientifique a mis au point une technologie jugée “plus rapide, plus propre et plus durable” que les méthodes existantes, notamment pour récupérer l’europium, l’une des 17 terres rares répertoriées officiellement, indique l’OEB, basé à Munich.Cet élément, connu pour ses propriétés luminescentes, est utilisé dans tous les types d’écrans LED, mais également dans la fabrication des billets de banque d’euro. “Mais pour obtenir une tonne d’europium dans la nature, il faudrait +miner+ des tonnes et des tonnes de minerais” souligne la jeune scientifique au cours d’un entretien avec l’AFP.Selon la Harvard International Review, l’extraction et le traitement des terres rares peuvent engendrer jusqu’à 2.000 tonnes de déchets toxiques pour chaque tonne de terres rares extraite.Aussi a-t-elle choisi d’aller chercher l’europium là où il existe en concentration “jusqu’à vingt fois supérieures à celles contenues dans des minerais naturels”: dans des déchets comme les lampes fluorescentes à basse consommation ou les tubes néons. “Au début de ma thèse en 2019, il m’est arrivé de casser moi-même des lampes pour tenter de récupérer de l’europium” raconte-t-elle à l’AFP.Son innovation pour récupérer l’europium de manière sélective repose sur l’interaction entre les poudres issues des lampes cassées, contenant des terres rares, et des petites molécules bio-inspirées contenant du soufre en solution. “Au bout de quelques heures, on observe la formation d’un solide, qu’il faut juste quantifier”, c’est l’europium. “Ce procédé fonctionne très bien” dit-elle. – “Une centaine d’années” -Jusqu’à présent, “on cherchait plutôt à extraire les terres rares grâce à leurs interactions avec l’oxygène”, explique la jeune femme dont le procédé permet de séparer “en une seule étape” les molécules, ce qui permet de réduire les déchets chimiques et donc la pollution générée par le recyclage, ainsi que la consommation d’énergie.Pour monter sa startup, la jeune entrepreneuse qui a soutenu sa thèse en novembre 2024, s’est associée à sa meilleure amie de classe préparatoire-chimie, devenue spécialiste en finance, et de son ancien superviseur de thèse à l’école polytechnique fédérale de Zurich (ETH) Victor Mougel.La montée des tensions sur l’attrait des terres rares et des métaux stratégiques et la médiatisation du sujet est “une bonne nouvelle” selon elle. “Je trouve très bien que les gens se rendent compte de l’impact du numérique sur la planète” dit-elle. Les terres rares ne sont pas rares, “elles sont présentes un peu partout dans la croute terrestre, en revanche elles sont difficiles à isoler: il a fallu aux chimistes une centaine d’années rien que pour les séparer, les isoler et les caractériser de façon correcte”, explique-t-elle. “C’est pour cela qu’elles ont été nommées rares”.Le nom de Marie Perrin fait partie de la liste des 10 jeunes chercheurs lauréats du prix de l’OEB rendue publique mardi, sélectionnés sur 450 dossiers à travers le monde. Le palmarès des trois premiers sera annoncé le 18 juin prochain à Reykjavik en Islande.

Vivre sans l’énergie russe: l’UE cherche la formule magique

Après plusieurs reports, l’Union européenne dévoile mardi son plan pour tenter de se passer de l’énergie russe, un vrai défi tant l’Europe importe de gaz naturel liquéfié (GNL) depuis la Russie actuellement.En marge d’une session des eurodéputés à Strasbourg, le commissaire européen Dan Jorgensen présentera à 15H30 cette feuille de route très attendue, objet de plusieurs mois de flottements.Depuis l’invasion russe en Ukraine, l’Union européenne a instauré un embargo sur le pétrole russe fin 2022 et s’efforce de réduire ses approvisionnements de gaz par gazoducs.Mais l’UE s’est en partie tournée vers le GNL, transporté par navire, déchargé dans des ports, regazéifié puis injecté dans le réseau européen de gaz.Et derrière les Etats-Unis (45%), la Russie occupe une grande place avec 20% des importations de GNL de l’UE en 2024, soit 20 milliards de mètres cubes sur la centaine de milliards importés.Pour tenter de se passer de l’énergie russe, “le principe directeur est la diversification des approvisionnements”, a indiqué une porte-parole de la Commission, Paula Pinho, il y a quelques jours.L’UE avait évoqué il y a plusieurs mois la possibilité d’augmenter encore ses importations de GNL américain. Mais les tensions commerciales avec les Etats-Unis de Donald Trump ont brouillé les cartes.”Nous sommes tous d’accord pour dire que nous devons nous débarrasser du gaz de Poutine”, mais le plan européen pour se passer de l’énergie russe “a été retardé en raison de la situation géopolitique”, avait déploré l’eurodéputée centriste danoise Sigrid Friis (Renew).Et il a fallu attendre le 1er mai pour que le commissaire européen en charge du commerce, Maros Sefcovic, suggère de nouveau dans une interview au journal Financial Times de “résoudre très rapidement” le différend avec l’administration Trump grâce à des achats de GNL américain ou de produits agricoles comme le soja.Le président américain a lui-même mis une forte pression aux Européens début avril en leur réclamant de commander massivement de l’énergie aux Etats-Unis, à hauteur de 350 milliards de dollars (309 milliards d’euros).- La France, porte d’entrée -Dans les couloirs de la Commission, on reconnaît que les discussions ont été particulièrement sensibles au sujet du gaz russe, sur fond de craintes d’une nouvelle flambée des prix de l’énergie. Quelques Etats membres comme la Hongrie ne cachent pas leur proximité avec Moscou.Et certains pays sont plus dépendants que d’autres au GNL russe.La France est par exemple en première ligne avec ses cinq terminaux de regazéification dont celui de Dunkerque. Selon le groupe de réflexion IEEFA, elle a augmenté de 81 % ses importations de GNL russe entre 2023 et 2024 et versé 2,68 milliards d’euros à la Russie.Le plan présenté mardi comprendra-t-il une proposition d’embargo contre le gaz liquéfié russe à plus ou moins long terme ? “Cette option pourrait être très difficile à mettre en Å“uvre”, car elle nécessite l’unanimité des 27, expose Simone Tagliapietra, spécialiste des questions européennes au centre de réflexion Bruegel. Compte tenu de cette contrainte, une importante hausse des droits de douane sur toutes les importations de gaz russe (gazoducs et GNL) “pourrait être l’option la plus viable pour l’UE”, estime-t-il.Selon l’eurodéputé Yvan Verougstraete (Renew), qui suit les questions énergétiques au Parlement, la Commission pourrait malgré tout proposer une loi pour interdire totalement les importations de gaz russe d’ici à 2027.Au-delà du gaz liquéfié, la Commission européenne ne cesse de souligner tous les efforts qui ont été faits pour réduire la dépendance aux énergies fossiles russes depuis l’invasion de l’Ukraine.En quelques années, “nous sommes passés de 45% d’importations de gaz (gazoducs et GNL) en provenance de Russie à 18%. Nous sommes passés d’un baril de pétrole sur cinq à un baril sur cinquante”, a insisté la présidente de la Commission Ursula von der Leyen, fin avril à Londres.Mais “nous nous savons tous qu’il reste encore beaucoup à faire”, a ajouté la dirigeante, qui ne veut plus “dépendre d’une puissance hostile pour notre approvisionnement en énergie”.

La Bourse de Paris hésite avant la Fed, face aux incertitudes commerciales

La Bourse de Paris oscille autour de l’équilibre mardi, timide face à de nouvelles contradictoires sur le front de la guerre commerciale, en attendant la réunion de politique monétaire de la Réserve fédérale américaine (Fed).Vers 09H50 à Paris, l’indice vedette de la place parisienne, le CAC 40, cédait 0,24% après avoir ouvert en petite hausse, soit une perte de 18,71 points, pour s’établir à 7.709,22 points. La veille, il avait terminé en légère baisse de 0,55%, pour s’établir à 7.727,93 points.”L’idée d’un apaisement commercial a perdu de son élan, en l’absence de progrès concrets dans les négociations et après un message de Trump dimanche soir appelant à des droits de douane de 100 % sur les films produits hors des États-Unis”, commente Jim Reid, économiste à la Deutsche Bank.De quoi doucher les espoirs des investisseurs quant à une désescalade des tensions commerciale.Le secrétaire américain au Trésor Scott Bessent a pourtant indiqué lundi à la chaîne CNBC que les États-Unis avaient été approchés par 17 pays et leur avaient présenté de “très bonnes” propositions commerciales. Il a également déclaré qu’il pourrait y avoir des “progrès substantiels dans les semaines à venir” avec la Chine, frappée par des droits de douane allant jusqu’à 145%.Mais en l’absence de projets concrets, les investisseurs restent sur leurs gardes.Les banques centrales devraient retenir l’attention cette semaine, avec en premier lieu la décision de politique monétaire de la Fed mercredi, après une réunion sur deux jours.Depuis décembre, ses taux se situent dans une fourchette comprise entre 4,25% et 4,50%, et le marché s’attend au statu quo.”Il est largement anticipé que la Réserve fédérale maintiendra ses taux directeurs inchangés”, selon François Rimeu, stratégiste chez Crédit Mutuel AM.”Les données économiques actuelles ne justifient pas une baisse de taux,  bien que l’économie américaine ait enregistré une contraction au premier trimestre 2025″, explique-t-il. “Par ailleurs, le marché du travail demeure solide et l’inflation reste supérieure à l’objectif de 2% fixé par la Fed”.Les valeurs industrielles à la peineLes valeurs du secteur industriel et aéronautique souffrent de l’incertitude autour des droits de douane de Donald Trump, étant particulièrement exposées à la conjoncture économique mondiale.Vers 09H50 à Paris, Saint-Gobain perdait 1,18% à 96,90 euros, ArcelorMittal cédait 1,78% à 26,43 euros, Safran baissait de 1,48% à 239,80 euros et Airbus de 1,88% à 155,30 euros.

Livraisons de repas: l’américain DoorDash va racheter Deliveroo 2,9 milliards de livres

La plateforme américaine de livraison DoorDash s’est entendu avec son équivalent britannique Deliveroo pour acquérir ce dernier pour 2,9 milliards de livres (3,4 milliards d’euros), ont annoncé les deux entreprises mardi dans un communiqué conjoint.Ce rapprochement entre les deux entités, aux “activités géographiques complémentaires”, doit permettre de “renforcer la position” de DoorDash “en tant que plateforme mondiale”, est-il souligné dans le communiqué.Fondé en 2013, Doordash opère dans plus de 30 pays et est numéro un aux Etats-Unis. L’entreprise de San Francisco annoncé en 2024 un chiffre d’affaires de 10,7 milliards de dollars (8 milliards de livres).Egalement fondé en 2013, Deliveroo est présent dans neuf pays: Belgique, France, Italie, Irlande, Koweït, Qatar, Singapour, Émirats arabes unis et Royaume-Uni.Le groupe a présenté en mars, pour la première fois, un bénéfice annuel après impôt de 2,9 millions de livres, sur un chiffre d’affaires de 2,1 milliards. Il affichait jusqu’alors des pertes importantes en raison de coûts d’investissement élevés.La réunion “des deux entreprises permettra au groupe élargi d’opérer dans des pays dont la population combinée dépasse le milliard d’habitants”, soulignent-elles.La plateforme britannique avait annoncé fin avril le début de discussions avec Doordash sur une offre indicative à hauteur de 1,80 livre par action, qu’elle a décidé de recommander à ses actionnaires.