AFP Business

Guerre commerciale: Trump critique un président chinois “dur”, Bruxelles et Washington avancent

Le président américain Donald Trump a fait pression sur la Chine mercredi pour avancer dans le dossier des droits de douane, tandis que Bruxelles et Washington se sont montrés optimistes au sujet de leurs négociations malgré l’imposition de lourdes surtaxes sur l’acier et l’aluminium.”J’apprécie le président chinois Xi, je l’ai toujours aimé et je l’aimerai toujours, mais il est TRÈS DUR”, a posté mercredi le président américain sur son réseau Truth Social, alors que la Maison Blanche assurait la veille que les deux chefs d’Etat pourraient échanger “probablement cette semaine”.Donald Trump a accusé la semaine dernière Pékin de ne pas respecter les termes de l’accord de désescalade signé mi-mai à Genève (Suisse), menaçant de relancer la guerre commerciale.En parallèle, le commissaire européen au Commerce Maros Sefcovic a rencontré à Paris le représentant de la Maison Blanche au Commerce (USTR) Jamieson Greer.M. Sefcovic a salué à l’issue des échanges qui “vont dans la bonne direction”, parlant de discussion “productive et constructive”.Les négociations “avancent rapidement”, s’est de son côté félicité Jamieson Greer, estimant que l’Union européenne manifeste la “volonté (…) de travailler avec nous”.Cette discussion intervient dans un contexte de fortes tensions. La fin de la pause de 90 jours sur les droits de douane les plus punitifs voulus par Donald Trump est prévue pour le 9 juillet. Le bloc européen est menacé dans ce cadre d’une surtaxe de 50%.Les Etats-Unis viennent en outre de durcir fortement les surtaxes sur l’acier et l’aluminium à 50%.Des droits de douane “illégaux et injustifiés”, a dénoncé le Premier ministre canadien Mark Carney.Les “discussions approfondies” avec le gouvernement américain “progressent”, selon lui, mais “nous prendrons le temps” pour élaborer la réponse à cette nouvelle hausse.”Cela n’aide pas les négociations actuelles d’autant que nous réalisons des progrès”, a pointé le commissaire européen Sefcovic, disant regretter “fortement” ces surtaxes.- “Temps de réaction trop long” -“Je crois toujours” aux négociations, a poursuivi Maros Sefcovic, les qualifiant de “très concrètes” et se disant “optimiste” sur leur issue, tout en rappelant que l’Europe est prête à répliquer en cas de hausse la ciblant spécifiquement.”Sans une action rapide (de Bruxelles), nous ne serons pas seulement sous l’eau, nous nous noierons”, a pressé Eurofer, lobby européen de l’acier.Interrogé par l’AFP, un cadre dirigeant français du secteur de l’aluminium a critiqué le “temps de réaction trop long” de la Commission européenne.L’acier et l’aluminium ont été le premier secteur concerné par les droits de douane voulus par Donald Trump, avec l’entrée en vigueur d’une surtaxe de 25% le 12 mars.Devant le Sénat, le secrétaire américain au Commerce Howard Lutnick a affirmé mercredi que le gouvernement envisageait d’imposer de “nouveaux standards” en matière de droits de douane sur les pièces d’avions, potentiellement “d’ici la fin du mois” afin de “protéger notre industrie”.Ces droits de douane sectoriels, appliqués également à l’automobile pourraient aussi s’étendre prochainement aux produits pharmaceutiques et aux semi-conducteurs.Ce sont pour l’instant les seuls à ne pas avoir été invalidés récemment par des juges. Leurs décisions concernaient uniquement les droits de douane appliqués sans distinction.Ces derniers – en vigueur tant que l’affaire n’est pas tranchée définitivement – continuent néanmoins d’alimenter l’incertitude pour les entreprises américaines, comme l’a rappelé à l’AFP le directeur général de Learning Resources, Rick Woldenberg.Son entreprise vend des jeux éducatifs et est à l’origine d’une des procédures.”Nous sommes confrontés aux mêmes difficultés et problèmes qu’avant la décision judiciaire et devons gérer d’importantes ruptures d’approvisionnements”, s’est-il inquiété.Dans un rapport publié mercredi le Bureau du budget du Congrès (CBO), organe non-partisan, a estimé que “les évolutions des droits de douane allaient pénaliser l’économie américaine, renforcer l’inflation mais aussi réduire le déficit public grâce aux nouvelles recettes.

En Corse, derrière les promenades en mer, la criminalité organisée en embuscade

Derrière la vague d’incendies criminels qui a frappé des bateaux de promenade en mer ces derniers jours en Corse, magistrats, spécialistes et collectifs antimafia pointent la présence, de longue date, de la criminalité organisée dans ce secteur touristique lucratif.Mardi, à Calvi (Haute-Corse), cinq semi-rigides appartenant à trois sociétés différentes ont été incendiés par des personnes munies de bidons d’essence, a indiqué à l’AFP une source proche du dossier. “Les premières constatations suggèrent une origine criminelle”, a confirmé à l’AFP le procureur de la République de Bastia, Jean-Philippe Navarre, qui a ouvert une enquête pour association de malfaiteurs et destruction en bande organisée par un moyen dangereux.Mercredi toujours à Calvi, c’était au tour d’un luxueux catamaran également dédié aux excursions d’être détruit par les flammes, et là encore l’hypothèse d’une origine criminelle est “privilégiée”, a précisé à l’AFP le procureur.Fin avril à Saint-Florent, autre port de Haute-Corse, un bateau de promenade faisant figure d’institution avait été détruit par un incendie criminel qui avait également endommagé quatre autres navires. Mi-mai à Ajaccio, c’était un bateau de la compagnie effectuant les traversées dans le golfe d’Ajaccio qui était incendié, après une précédente tentative en février.Face à ces événements, le collectif antimafia “Maffia no, a vita ié” (Non à la mafia, oui à la vie) a dénoncé ces “attentats crapuleux” contre “le tourisme maritime”, dont “la nature même révèle des pratiques mafieuses visant à ruiner les entreprises pour mieux asseoir leur emprise”.La justice doit “mettre hors d’état de nuire les auteurs de ces actes lâches avant qu’ils ne poussent plus loin leur avantage et ne recourent à l’assassinat pour consolider leur domination”, a appelé le collectif.- “Outil pour blanchir” -Même indignation du côté de la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) de Corse, qui craint que sans la mise “hors d’état de nuire sans délai” des auteurs “de cette vague de violence autodestructrice”, “l’économie de la Corse déjà fragilisée” soit “précipitée vers le chaos et l’anarchie”.Pour un spécialiste de la sécurité en Corse interrogé par l’AFP sous couvert d’anonymat, depuis des décennies “la batellerie en Corse est attractive pour la criminalité organisée, parce que ça n’est pas très difficile de blanchir dans ce secteur. Quand on a un bateau de 20 places et qu’on embarque 10 personnes, il est facile de dire qu’on en a embarqué 20. Donc non seulement il y a de l’argent à se faire parce qu’il y a de la clientèle, mais en plus c’est un outil assez pertinent pour blanchir des fonds”.Cet expert rappelle l'”hyperconcurrence dans le secteur”, qui s’était déjà traduite par des morts et des blessés par balles et de multiples incendies dans les années 1990 et 2000, en particulier dans les bouches de Bonifacio (Corse-du-Sud) où les sociétés de promenades en mer se menaient une véritable guerre.En juin 2019, un batelier de 52 ans, condamné en 2016 dans une affaire d’extorsion autour de ce juteux marché, avait également été tué sur le port de Bonifacio dans ce qui avait été analysé par le procureur d’Ajaccio de l’époque comme une possible réplique dans la guerre du secteur.”Aujourd’hui encore, la présence de la criminalité organisée est avérée dans ce secteur économique”, assure le spécialiste consulté par l’AFP.En avril 2024, dix personnes avaient ainsi été mises en examen dans une enquête pour extorsion et blanchiment autour de la “prise de contrôle d’un village de vacances” et “des conditions d’exploitation d’une société de promenade en mer, en Haute-Corse”, avait annoncé le parquet de Marseille.Cette enquête concernait la mouvance du “clan Federici”, qui figure parmi les 25 bandes criminelles de l’île de Beauté répertoriées dans une note confidentielle de 2022 de la police nationale, consultée par l’AFP. Près de 520.000 euros et un véhicule avaient été saisis.

Pensions alimentaires : des associations féministes dénoncent une “injustice fiscale criante”

Des associations féministes ont exhorté mercredi, à la veille de la fin de la période de déclarations des revenus 2024, à défiscaliser les pensions alimentaires, jugeant que la situation actuelle constituait une “injustice fiscale criante” pour les femmes. Mise en place après un divorce ou une séparation, la pension alimentaire est une contribution financière versée par l’un des parents à l’autre pour participer aux frais liés à “l’entretien et à l’éducation de l’enfant” (nourriture, vêtements, transport, frais de logement, loisirs, cantine…).  Cette pension, considérée comme un transfert de revenus, est ajoutée aux ressources du parent ayant la garde de l’enfant à titre principal – et à l’inverse déduite des ressources de l’autre parent – pour le calcul de l’impôt sur le revenu. Elle est également prise en compte dans les barèmes des prestations sociales (RSA, prime d’activité, prestations familiales et aides au logement).Ce système se fait aux dépens des femmes qui représentent plus de 90% des quelque 900.000 parents percevant une pension alimentaire chaque année, dénoncent une dizaine d’associations féministes (Fondation des femmes, Osez le féminisme, la Fédération nationale des centres d’information sur les droits des femmes et des familles…), qui ont lancé une pétition réclamant une révision de cette fiscalité. “Défiscaliser les pensions est une mesure de justice”, souligne la Fondation des femmes dans un communiqué. Il s’agit d'”une mesure simple, compréhensible et attendue, qui allégerait la charge financière des mères, éviterait les erreurs de déclaration, et reconnaîtrait enfin que cette somme appartient à l’enfant.”Un amendement socialiste, visant à défiscaliser la pension alimentaire reçue par le parent ayant la garde de l’enfant et à supprimer l’avantage fiscal dont bénéficie celui qui la verse, avait été approuvé en octobre 2024 par les députés sous le gouvernement Barnier mais n’avait pas été retenu dans le budget final pour 2025 voté sous le gouvernement Bayrou.  “Cette avancée avait suscité un réel espoir pour les familles monoparentales qui ne doit pas rester lettre morte, il est temps de rouvrir la discussion”, estime la Fondation des femmes.

Wall Street en petite hausse après de nouvelles données sur l’emploi aux Etats-Unis

La Bourse de New York a ouvert en petite hausse mercredi, quelque peu retenue par un indicateur sur les créations d’emplois aux Etats-Unis nettement inférieur aux anticipations, et toujours en attente d’un accord commercial entre Washington et Pékin.Vers 13H45 GMT, le Dow Jones avançait de 0,21%, l’indice Nasdaq prenait 0,39% et l’indice élargi S&P 500 gagnait 0,29%.La place américaine se trouve prise “entre deux dynamiques” après la publication d’un nouvel indicateur sur l’emploi américain, estime auprès de l’AFP Steve Sosnick Interactive Brokers.Les entreprises privées aux Etats-Unis ont créé nettement moins d’emplois en mai qu’attendu par les analystes, selon une enquête publiée mercredi qui a fait sortir de ses gonds le président Donald Trump.Le mois dernier, 37.000 emplois ont été créés dans le secteur privé, contre 60.000 en avril (chiffre révisé légèrement à la baisse), d’après l’enquête mensuelle ADP/Stanford Lab.Les analystes s’attendaient au contraire à un rebond, avec autour de 110.000 créations d’emplois, selon le consensus publié par MarketWatch. “Le marché considère qu’il s’agit d’un chiffre négatif d’un point de vue économique, mais pas d’un chiffre important”, estime Steve Sosnick. “Par conséquent, personne ne se précipite vraiment pour vendre”, ajoute l’analyste.De plus, les investisseurs sont “dans une psychologie tellement positive en ce moment (qu’ils) disposent d’un scénario gagnant-gagnant pour tout ce qui se présente”, assure M. Sosnick.En l’occurrence, ce recul surprise peut être interprété comme un argument en faveur d’une baisse des taux de la Réserve fédérale (Fed), selon l’analyste.Le président Donald Trump – qui a juré de rendre l’Amérique plus riche et plus prospère que jamais – a lui-même appelé mercredi le président de la Fed Jerome Powell à baisser les taux d’intérêt “maintenant”. Dans ce contexte, sur le marché obligataire, le rendement des emprunts d’État américains à 10 ans se détendait à 4,41% contre 4,45% mardi en clôture.D’autres données sur le marché du travail aux Etats-Unis doivent être publiées dans les prochains jours, en particulier vendredi, avec le rapport sur l’emploi non agricole.Les investisseurs continuent aussi de scruter les derniers développements sur le plan commercial.Donald Trump a fait pression sur la Chine mercredi pour avancer dans le dossier des droits de douane, tandis que l’Europe s’est montrée “optimiste” sur les négociations avec Washington tout en critiquant le doublement des surtaxes américaines sur l’acier et l’aluminium imposées mercredi.Ailleurs à la cote, la chaîne de magasins d’articles à bas prix Dollar Tree glissait de 8,55% à 88,46 dollars après avoir annoncé que son bénéfice net par action pour le deuxième trimestre pourrait baisser de près de 50%, notamment à cause des hausses de prix liées aux droits de douane. Pour les trois premiers mois de l’année, l’entreprise a cependant dépassé les attentes, réalisant entre autres un chiffre d’affaires de 4,6 milliards de dollars.Le spécialiste de la cybersécurité CrowdStrike reculait de 7,98% à 449,78 dollars, l’entreprise ayant prévenu que son chiffre d’affaires pour le trimestre en cours devrait être compris entre 1,14 et 1,15 milliard de dollars, en deçà des attentes.La banque américaine Wells Fargo (+3,21%, à 78,08 dollars) bénéficiait de l’autorisation reçue par la Réserve fédérale (Fed) pour développer son activité à nouveau, plus de sept ans après avoir été sanctionnée à la suite d’un scandale de comptes fictifs.La société informatique américaine Hewlett Packard Enterprise (HPE) était recherchée (+2,58% à 18,13 dollars) après avoir annoncé des résultats supérieurs aux attentes au premier trimestre ainsi qu’un relèvement de ses prévisions pour l’exercice en cours.

Guerre commerciale: Trump critique un président chinois “dur”, l’Europe optimiste

Le président américain Donald Trump a fait pression sur la Chine mercredi pour avancer dans le dossier des droits de douane, tandis que l’Europe s’est montrée “optimiste” sur les négociations avec Washington tout en critiquant les lourdes surtaxes sur l’acier et l’aluminium imposées mercredi.”J’apprécie le président XI de la Chine, je l’ai toujours aimé et je l’aimerai toujours, mais il est TRÈS DUR”, a posté mercredi le président américain sur son réseau Truth Social.La Maison Blanche a assuré mardi que Trump espérait échanger avec son homologue chinois Xi Jinping, “probablement cette semaine”, mais le président américain a déclaré mercredi qu’il “est extrêmement dur de trouver un accord” avec lui.Donald Trump a accusé la semaine dernière Pékin de ne pas respecter les termes de l’accord de désescalade signé mi-mai à Genève (Suisse), menaçant de relancer la guerre commerciale.- “Productive et constructive” -En parallèle, le commissaire européen au Commerce qui a échangé à Paris avec le représentant de la Maison Blanche au Commerce (USTR) Jamieson Greer, a salué mercredi des échanges qui “vont dans la bonne direction”.Sous une publication écrite de Maros Sefcovic sur X qui qualifie une discussion entre les deux hommes de “productive et constructive”, les deux responsables se serrent la main en souriant sur une photo alors que Donald Trump menaçait encore récemment de durcir à 50% les surtaxes imposées à l’UE, accusant le bloc de ne pas négocier de bonne foi.Cette discussion intervient dans un contexte de fortes tensions, alors que la fin de la pause de 90 jours, annoncée dans la foulée des droits de douane dits “réciproques” est prévue pour le 9 juillet.Et que les Etats-Unis viennent de durcir fortement les surtaxes sur l’acier et l’aluminium à 50% mercredi à travers un décret entré en vigueur à 00H01 heure locale (04H01 GMT) dans lequel Donald Trump a justifié la hausse de ces surtaxes par la volonté de “s’assurer que (les importations) ne mettront pas en péril la sécurité nationale”.”Cela n’aide pas les négociations actuelles d’autant que nous réalisons des progrès”, a pointé le commissaire européen au Commerce Maros Sefcovic au cours d’une conférence de presse à l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), disant regretter “fortement” ces surtaxes.”Je crois toujours” aux négociations, a-t-il poursuivi, les qualifiant de “très concrètes” et se disant “optimiste” sur leur issue, tout en rappelant que l’Europe est prête à répliquer en cas de hausse la ciblant spécifiquement.Cas singulier, le Royaume-Uni est quant à lui exempté de cette nouvelle hausse et voit son taux rester à 25%, pour laisser le temps à Londres et Washington de boucler leurs négociations et faire entrer en vigueur un arrangement commercial, annoncé le mois dernier, censé réduire à zéro les droits de douane du secteur sidérurgique britannique.- “Sous l’eau” -UK Steel, qui représente les professionnels du secteur, salue “une pause bienvenue” mais appelle Londres et Washington à “transformer de toute urgence l’accord de mai en réalité”.”Sans une action rapide (de Bruxelles), nous ne serons pas seulement sous l’eau, nous nous noierons”, s’est inquiété en revanche Eurofer, lobby européen de l’acier.Interrogé par l’AFP, un cadre dirigeant français du secteur de l’aluminium a critiqué le “temps de réaction trop long” de la commission européenne, et fustigé le contenu de certaines contremesures préparées par Bruxelles la proposition de taxer les déchets d’aluminium exportés des Etats-Unis vers la France, ce que n’ont pas fait les Américains.L’acier et l’aluminium ont été le premier secteur concerné par les droits de douane voulus par Donald Trump, avec l’entrée en vigueur d’une surtaxe de 25% le 12 mars, dans la volonté affichée d’inciter aux investissements dans le pays.Et ces droits de douane sectoriels, appliqués également à l’automobile avant de s’étendre prochainement aux produits pharmaceutiques et aux semi-conducteurs, sont les seuls à ne pas avoir été bloqués par une récente décision de justice, qui a visé les droits de douane appliqués sans distinction.Les représentants au Commerce du G7 se sont en parallèle rassemblés à la représentation canadienne de l’OCDE, une organisation internationale qui tient une réunion jusqu’à mercredi soir fortement teintée des discussions sur les droits de douane.

Cybersécurité: Microsoft renforce sa coopération avec les gouvernements européens

Microsoft va approfondir sa coopération avec les gouvernements européens en matière de cybersécurité en fournissant aux autorités davantage de renseignements obtenus grâce à ses outils d’intelligence artificielle (IA), a-t-il annoncé mercredi.Ce “programme de sécurité européen” (European Security Program) lancé par le géant de la tech vise à “utiliser le pouvoir de l’intelligence artificielle pour renforcer la résilience en matière de cybersécurité”, a indiqué le président de Microsoft Brad Smith lors d’une conférence de presse en ligne. “Nous sommes en position aujourd’hui de partager davantage de renseignements sur les menaces, et de meilleure qualité, avec les gouvernements et de le faire plus rapidement qu’avant”, a-t-il souligné. L’essor de l’IA a aussi “démultiplié et fait évoluer le comportement des auteurs de menaces”, a-t-il détaillé dans un billet de blog.   C’est la raison pour laquelle “Microsoft traque désormais l’usage malveillant de ses nouveaux modèles d’intelligence artificielle et prend des mesures proactives pour empêcher les auteurs de menaces d’utiliser ses produits”, a ajouté le dirigeant. Brad Smith a aussi annoncé des ressources additionnelles pour la cybersécurité dans l’Union européenne, en termes d’effectifs et d’infrastructures mais sans donner de chiffres précis. Microsoft entend également intensifier sa collaboration avec les forces de l’ordre européennes pour identifier et interrompre les comportements criminels en ligne. Dans cette optique, l’entreprise avait rendu publique mi-mai une opération d’ampleur menée avec l’agence Europol et avec la participation du gouvernement américain pour neutraliser l’infrastructure ayant permis la propagation d’un virus d’origine russe baptisé “Lumma Stealer”. Microsoft est ainsi parvenu à bloquer, suspendre ou effacer environ 2.300 adresses internet qui formaient l’ossature de Lumma. Ces efforts s’inscrivent aussi dans la volonté du géant de la Silicon Valley de muscler l’ensemble de ses opérations en Europe, à un moment où le Vieux continent connaît un bras de fer sans précédent avec les Etats-Unis et où la dépendance stratégique des entreprises européennes à la tech américaine est particulièrement remise en question. 

Dans les Landes de Gasgogne, quand la pomme de terre cultive son environnement

Moins d’engrais, moins de pesticides: dans ses champs bordés de pins des Landes, Samuel Allix veut prendre soin de son environnement autant que de ses pommes de terre. Une petite révolution culturale.”Il faut l’envie de faire mieux”, résume l’agriculteur, debout dans une parcelle couverte de plants aux larges feuilles vertes qui donneront d’ici quelques semaines de savoureuses “primeurs” destinées aux marchés alentour.Devenu le principal producteur de pommes de terre fraîches de Gironde, il récolte le tubercule, fruit de près de 40 ans d’efforts, réalisés au diapason du terroir et des avancées techniques.La société Allix produit 15 variétés de pommes de terre, commercialise 10.000 tonnes par an sur plus de 260 hectares – dont l’essentiel chez des agriculteurs partenaires dans un rayon de 30 km – pour un chiffre d’affaires annuel moyen de 6 millions d’euros.L’agriculteur de 58 ans égrène une poignée de sable noir: on est loin des grandes terres de production des Hauts-de-France. “Ici, on a des terres sableuses, faciles à travailler mais qui ne retiennent pas l’eau”, décrit-il.”Alors on s’adapte: on a investi dans une planteuse, une machine haut de gamme de 100.000 euros, avec en plus une option engrais: en même temps qu’on plante, on place l’engrais (sous forme de granulés) à 3 centimètres sous la pomme de terre”, explique-t-il.Cela permet d’éviter qu’un gros orage, en lessivant la terre, emporte les fertilisants à peine épandus: cette efficacité a conduit à “réduire de 25% l’usage des engrais”.- “Herse étrille” -Au bord du champ, à peine visibles en cette fin mai, de minuscules pousses de plantes mellifères sortent de terre: “Cela donnera des bandes fleuries et quand il fera sec, de quoi nourrir les abeilles noires qui vivent dans la forêt” voisine.C’est en réalité tout le système cultural qui a évolué: Samuel Allix privilégie les rotations longues de cultures – il attend six ans avant de refaire de la pomme de terre sur une parcelle – pour “casser le cycle des ravageurs”, et ses champs sont toujours couverts – alternant cultures, plantes mellifères ou fixatrices d’azotes.Il ne laisse aucun déchet au champ, où des résidus de cultures pourraient se transformer en réservoir de parasites. “2.000 tonnes de déchets de pomme de terre vont en méthaniseur pour produire du biogaz et du digestat – un résidu formant un engrais naturel – qui est retourné aux cultures.”Vingt des 260 hectares travaillés sont en agriculture biologique: “Cela nous a appris à revenir au désherbage mécanique”, explique-t-il, désignant une grosse machine équipée d’une “herse étrille”, une sorte de gros râteau dont les dents, en vibrant, déracinent les mauvaises herbes.”En 2024, on a généralisé le désherbage mécanique, pratiqué dans 80% des cultures. L’objectif, c’est 100% en 2025″, dit-il. “C’est possible dans un sol sableux, mais pas partout”, reconnaît-il. Et si se passer des herbicides est à sa portée, ce sera plus difficile pour les fongicides.- Fin des “produits magiques” -Première culture vivrière au monde, la pomme de terre est fragile, soumise à un vaste cortège de parasites, dont le plus terrible est le mildiou qui peut “ravager un champ en cinq jours”. Cette menace en a fait la culture la plus traitée aux pesticides derrière la vigne et la pomme.Samuel Allix est tout de même passé “de 15 traitements en début de carrière à 8 aujourd’hui”, quand la moyenne nationale est encore à 14,8.Pour ce faire, il a à la fois investi dans du matériel de haute précision – une machine à épandre, des sondes météo pour intervenir au bon moment – et utilise des produits de biocontrôle pour éviter ou retarder l’usage de pesticides de synthèse.”Avec la chimie, on a eu des produits magiques à un moment, puis le mildiou est devenu résistant. Le biocontrôle coûte plus cher mais il y a peu chances que le champignon développe une résistance”, estime-t-il.Avec ses agriculteurs associés, il teste sans cesse de nouvelles variétés et travaille pour baisser sa consommation d’eau et d’énergie.”On a besoin que le grand public entende qu’on n’est pas sourds aux demandes de la société”, insiste-t-il. Mais on ne peut “pas tout faire d’un coup”.

L’automobile européenne dans une situation “très préoccupante”, selon un représentant de la filière

L’industrie automobile européenne n’est “pas éternelle” et se trouve dans une situation “très préoccupante”, a jugé mercredi matin Luc Chatel, président de la Plateforme automobile (PFA), qui représente constructeurs et grands équipementiers automobiles français, réclamant de la “souplesse” face aux obligations de décarbonation.   “Je suis très inquiet de l’évolution de notre industrie (automobile) en Europe parce qu’elle n’est pas éternelle” et “pas à l’abri” face aux industriels “chinois qui font des voitures de grande qualité, qui sont à bas coûts, qui vont nous envahir”, a estimé Luc Chatel au micro de RMC. En mai, le marché des voitures neuves s’est replié de 12% en France, en baisse pour le cinquième mois consécutif. “On s’enfonce un peu dans une crise structurelle”, décrit le président de PFA, “parce que les consommateurs sont dans l’incertitude (et) reportent leur décision d’achat.”Une situation selon lui “très préoccupante”, que le secteur doit conjuguer avec la “difficulté de la transition” vers le tout électrique. L’échéance de 2035 pour l’interdiction de la vente dans l’Union Européenne de voitures neuves à moteur thermique, “aujourd’hui nous ne la tenons pas” au regard des ventes de véhicules électriques, assure-t-il. Pour y arriver, “il faut remettre de la souplesse” et “faire confiance à l’innovation, à la technologie”, préconise M. Chatel. L’Europe “a pris une décision réglementaire qu’elle a imposé à l’ensemble des industriels de la filière, alors qu’eux-mêmes avaient engagé des gros efforts en matière de réduction des émissions de CO2” mais a “juste oublié qu’à la fin, si on voulait y arriver, il fallait qu’il y ait des consommateurs qui achètent des voitures. On n’a pas pensé à eux et on s’est aperçu que finalement, les consommateurs, il leur fallait du temps pour changer leurs habitudes”, abonde-t-il. “On va avoir, au cours du deuxième semestre 2025 et 2026, ce qu’on appelle une clause de révision” à l’occasion de laquelle “on va faire un point sur le règlement voté en 2022 :  Est ce qu’on maintient en l’état ? Est-ce qu’on assouplit ? On va tout mettre sur la table”, assure le représentant. Au Parlement européen, certains élus ont fait savoir qu’ils préconiseraient également une révision de cette obligation. Début mai, les députés européens ont validé un assouplissement des règles imposées aux constructeurs automobiles en matière d’émissions de CO2, afin de leur éviter des amendes en 2025. 

La Bourse de Paris en légère hausse

La Bourse de Paris évolue en légère hausse mercredi, sur un marché dynamique mais gardant un Å“il sur les tensions commerciales entre Washington et ses partenaires, au premier jour d’une nouvelle surtaxe douanière américaine sur l’acier et l’aluminium.Le CAC 40 prenait 0,29% vers 09H40 (heure de Paris), en hausse de 23,01 points. La veille, l’indice vedette parisien a gagné 0,34% à 7.763,84 points. “L’ambiance s’améliore peu à peu, car le ralentissement redouté de la croissance économique dû aux droits de douane ne se reflète pas dans les données conjoncturelles”, note Jochen Stanzl, chez CMC MarketsSuivant Wall Street, les indices sont portés par “l’espoir qui entoure le futur de la croissance américaine après un rapport sur l’emploi de bonne facture”, abonde John Plassard, spécialiste de l’investissement pour Mirabaud.Toutefois, “la mise en place aujourd’hui (mercredi) d’un doublement des droits de douane américains sur l’acier et l’aluminium laisse entendre que la Chine et l’Union européenne pourraient répliquer”, a-t-il ajouté.Ce mouvement haussier “reste très fragile”, relève Ipek Ozkardeskaya, de Swissquote Bank.Le président américain Donald Trump a doublé la mise mercredi sur les importations d’acier et d’aluminium, en portant les surtaxes sectorielles à 50%, alors que des négociations avec plusieurs de ses partenaires doivent se tenir dans la journée à Paris.Dans un décret publié mardi et entré en vigueur à 04H01 GMT, cette hausse a été justifiée par la volonté de “s’assurer que (les importations) ne mettront pas en péril la sécurité nationale”.La Commission européenne a d’ores et déjà regretté “vivement” ces nouvelles taxes, qui “sapent les efforts en cours pour parvenir à une solution négociée” avec les Etats-Unis, menaçant de “contre-mesures”.Les investisseurs seront aussi à l’affut de la publication, au cours de la séance, des indices PMI dans les services en zone euro et aux Etats-Unis.Côté obligataire, le taux de l’emprunt à dix ans français de référence atteignait 3,18%, au même niveau que la veille.Carrefour cède des parts dans CarmilaLe géant français de la grande distribution  (-0,41% à 13,23 euros vers 09H40) a annoncé mardi la cession de 7% de ses parts dans le capital du groupe de centres commerciaux français Carmila, qui reculait de 4,73% à 17,74 euros à Paris.Le groupe conservera toutefois “environ 29,8%” des actions dans l’entreprise, et assure vouloir “rester l’actionnaire de référence” de Carmila.

Au pied des Alpes, l’usine Paraboot chausse le monde entier

Une odeur de cuir et de caoutchouc flotte dans l’usine de Paraboot, près de Grenoble, où une centaine d’ouvriers découpent, cousent, fondent, polissent ces chaussures “made in France” qui s’arrachent à l’étranger.A contre-courant du déclin des chausseurs français, le chiffre d’affaires de la marque ne cesse d’augmenter: 24 millions d’euros en 2023, 26,7 millions en 2024 et 28,2 millions prévus en 2025. La société exporte 67% de sa production, réalisée à 80% dans son usine de Saint-Jean-de Moirans, en contrebas des massifs du Vercors et de la Chartreuse, en Isère.Initialement spécialisée dans les chaussures de travail, Paraboot, née en 1908, continue d’équiper policiers ou électriciens mais est aussi devenue un produit de mode, vu aux pieds de stars comme George Clooney et Johnny Depp. Son secret ? Des produits “solides, durables et réparables” et un “ADN” qui n’a pas changé depuis 117 ans, vante Eric Forestier, PDG de l’entreprise. “Les planètes se sont alignées, parce que la tendance revient à des produits souvent assez simples” tels la chaussure Paraboot “reconnaissable de loin”, se réjouit-il auprès de l’AFP.Vendues entre 230 et 500 euros la paire, les chaussures en cuir cousues à la main au design rustique avec leurs semelles gommes et leur couture extérieure visible, conservent ces caractéristiques depuis la naissance de la marque. Elle a su toutefois élargir son public en multipliant les collaborations avec des marques niche comme Engineered Garments ou Arpenteur.- Savoir-faire -Fondée par Rémy Richard à Izeaux, à quelques kilomètres de l’usine actuelle, Paraboot emploie aujourd’hui quelque 200 personnes, en Isère et dans ses 28 boutiques réparties en France et en Belgique.Environ 600 paires de chaussures sortent chaque jour de l’usine de Saint-Jean-de-Moirans où s’affairent 97 ouvriers. Reste 20% de la production assurée en Espagne, en Italie et au Portugal “pour des raisons de savoir-faire”, justifie Eric Forestier, notamment pour profiter du cousu mocassin, expertise espagnole.”Dans le monde actuel c’est un peu la course à la technologie, nous c’est l’inverse: c’est la course à la préservation du savoir-faire”, résume le directeur marketing Pierre Colin, chaussures “Michael” aux pieds, le modèle phare de Paraboot.Répartis dans un hangar de 11.000 m2, machines et employés enchaînent 150 opérations pour fabriquer une paire. Au départ, des larges peaux – de veau, principalement, car peu abîmées – sont entreposées dans une grande salle. Celles-ci sont ensuite découpées en différentes petites pièces correspondant aux formes de tiges – le dessus de la chaussure – nécessaires. Le cuir constitue un tiers du prix de vente d’une chaussure, selon Pierre Colin.- Leader -Une fois assemblées, les pièces en cuir sont cousues en doublure, et non pas collées, un procédé “beaucoup plus long et fastidieux” mais qui permet d’évacuer la transpiration, explique le directeur marketing. La tige est ensuite reliée à la semelle en “cousu norvégien”, cette grosse couture extérieure emblématique de la marque.Un mode de fabrication qui permet de réparer la chaussure en remplaçant la semelle, un aspect “hyper important”, insiste Pierre Colin. L’usine dispose d’ailleurs d’un atelier réparation, moyennant 200 euros pour réparer une paire.Paraboot est une entreprise “socialement responsable depuis 1908”, s’amuse Eric Forestier, pour qui “produire en France, évidemment est un choix”, justifiant ainsi le prix élevé des modèles. Ce fait-maison “indéniablement aide”, notamment en Asie qui compte pour 35% de leur chiffre d’affaires, devant la France (33%) et l’Europe (30%), et puis l’Amérique du Nord. La marque, largement imitée, est même devenue “leader” des chaussures en cuir au Japon, selon son PDG.Outre les pieds des stars, Paraboot équipe la police française, EDF ou encore la gendarmerie, offrant une conformité aux normes de sécurité.Face à la violente crise qui frappe le secteur français de la chaussure depuis des années, avec les défaillances de San Marina et André, et le repêchage de Minelli et Clergerie au prix d’emplois supprimés, la direction de Paraboot mise sur la “prudence” et une “vision à long terme”.”L’objectif est de continuer ces 117 ans d’histoire”, insiste Eric Forestier.