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Entre inflation des bouteilles et nouveaux goûts, la consommation mondiale de vin au plus bas depuis 1961

Des perturbations conjoncturelles mais aussi une tendance de fond: la consommation mondiale de vin a de nouveau reculé en 2024, à son plus bas niveau depuis 1961, estime mardi l’Organisation internationale du vin (OIV) qui constate un manque de visibilité face aux incertitudes économiques.Les achats de vin ont diminué de 3,3% par rapport à 2023, à 214,2 millions d’hectolitres (mhl), détaille l’OIV dans son rapport annuel, basé sur des chiffres officiels des Etats. Si cette estimation était confirmée, “ce serait le plus faible volume enregistré depuis 1961” (213,6 mhl).A l’oeuvre, une demande en baisse sur des marchés clés comme les Etats-Unis et des prix moyens gonflés par de faibles volumes de production, la hausse des coûts et l’inflation générale: le consommateur paie son vin en moyenne 30% plus cher qu’en 2019-20. C’est “la tempête parfaite”, souligne Giorgio Delgrosso, responsable de la division statistiques de l’OIV.La consommation est à la baisse depuis 2018 (-12%), avec notamment le recul des ventes en Chine, en dépit d’un rebond post-Covid en 2021.”Au-delà des perturbations économiques et géopolitiques de court terme, il importe de prendre en compte les facteurs structurels de long terme qui contribuent aussi au déclin observé de la consommation”, souligne l’organisation intergouvernementale créée il y a 101 ans: nouvelles préférences de consommation ou modes de vie…En Europe, qui représente 48% des ventes, la consommation a baissé de 2,8% en 2024. Et en France, pays souvent associé au vin, la consommation diminue progressivement depuis des décennies et a encore reculé de 3,6% l’an dernier.”Il y a une baisse générationnelle: on ne boit plus que dans un cadre festif et les jeunes consomment moins que leurs parents,” rappelle auprès de l’AFP le caviste français Nicolas, qui estime toutefois qu’ “on boit moins, mais mieux”, avec une “augmentation du coût des produits”.L’Espagne et le Portugal comptent parmi les rares marchés européens où la consommation a crû, modestement.Premier marché mondial, les Etats-Unis ont vu leur consommation régresser de 5,8%, à 33,3 mhl.A terme, le repli de l’inflation promis pour 2026 par des économistes “va-t-il ramener la Chine et les Etats-Unis? Ou bien va-t-on se stabiliser sur des niveaux un peu plus bas? Ce sont les deux scénarios”, difficiles à départager à ce stade, explique Giorgio Delgrosso. “Il faut voir ce qui se passe côté Trump, côté commerce international, puisque (…) ça peut être une autre bombe”, a-t-il aussi relevé.- Récolte plus faible que prévu -La production des viticulteurs a parallèlement reculé en 2024 à son plus bas niveau depuis plus de 60 ans, de 4,8% à 225,8 mhl. C’est encore moins que les estimations les plus pessimistes publiées fin 2024, Espagne et Etats-Unis ayant abaissé leurs chiffres.Les récoltes ont subi une surabondance de pluies dans certaines zones, de la sécheresse sur d’autres.L’Europe (61% du total) présente la récolte la plus faible de ce siècle.L’Italie retrouve la place de 1er producteur mondial, à 44 millions d’hectolitres; la production française tombe (-23%) à son plus faible niveau depuis 1957, mais reste 2e avec 36,1 mhl.Arrivent ensuite l’Espagne (31 mhl), les Etats-Unis (21,1 mhl, en baisse de 17,2% du fait notamment de chaleurs extrêmes).L’hémisphère Sud n’avait pas vu récolte aussi réduite depuis 20 ans.Les effets d’une production en recul et de prix plus élevés, se sont faits sentir sur le commerce international, avec 99,8 mhl exportés, comme en 2023 mais 5% en deçà de la moyenne des cinq dernières années.Ce recul en volume a cependant été compensé par une forte valeur à l’export: 35,9 milliards d’euros de vin ont été échangés l’an dernier, grâce à un prix moyen de 3,60 euros par litre, le même niveau record qu’en 2023.L’Italie, premier exportateur mondial, a vu ses commandes croître, tirées notamment par les vins pétillants comme le Prosecco.La surface cultivée a elle aussi continué à décliner. Mais cela “ne nous inquiète pas trop”, note M. Delgrosso: ce peut être une réponse au marché mais aussi un signe d’efficacité améliorée, d’abandon de certaines zones ou encore l’effet de réglementations.

De nouvelles restrictions aux exports de puces vers la Chine affectent Nvidia

Le géant américain des puces Nvidia a annoncé mardi que les nouvelles restrictions à l’export de semi-conducteurs vers la Chine vont lui coûter 5,5 milliards de dollars de charge exceptionnelle au premier trimestre de son exercice fiscal.Le gouvernement de Donald Trump a fait savoir la semaine dernière au groupe californien qu’il devrait désormais obtenir une licence pour exporter certaines puces d’intelligence artificielle (IA) vers la Chine et d’autres pays, d’après un document déposé par l’entreprise auprès de la SEC, le gendarme boursier américain.Le cours de l’action Nvidia chutait de plus de 5% lors des échanges après la clôture de la Bourse de New York.Sous Joe Biden et à présent sous Donald Trump, les Etats-Unis ont interdit ou restreint les exportations des processeurs les plus sophistiqués vers la Chine, notamment ceux qui permettent de développer des technologies d’IA de pointe et des superordinateurs.Washington essaie ainsi de conserver son avance dans ce secteur, et d’empêcher Pékin de développer certaines applications militaires.La licence d’exportation désormais exigée par l’administration américaine concerne les puces H20, conçues spécialement par Nvidia pour être vendues en Chine en respectant les restrictions. Les H20 sont comparables aux puces IA H100 et H200 utilisées aux Etats-Unis, mais moins performantes et moins rapides.- “Stocks” -“Les résultats du premier trimestre devraient inclure jusqu’à environ 5,5 milliards de dollars de charges associées aux produits H20 (à cause des coûts) des stocks, des engagements d’achat et des réserves liées”, a détaillé Nvidia dans le document à la SEC.Le premier trimestre de son exercice annuel décalé correspond à la période de février à avril 2025. Le succès phénoménal de ChatGPT et la course à l’intelligence artificielle (IA) générative ont propulsé Nvidia au top 3 des capitalisations boursières, car ses puces sont les plus recherchées du marché.Son chiffre d’affaires annuel a dépassé le seuil symbolique des 100 milliards de dollars.Mais le lancement fin janvier de DeepSeek, interface d’IA générative de la start-up chinoise du même nom, a provoqué un séisme à Wall Street et accentué les inquiétudes des autorités au sujet de la Chine.DeepSeek a en effet été développée sans le H100, microprocesseur vedette de Nvidia, et uniquement avec un nombre réduit de puces moins performantes.- Concurrence chinoise -Lors de la conférence sur les résultats trimestriels de son entreprise en février, le patron Jensen Huang a souligné que les recettes réalisées en Chine avaient diminué de moitié par rapport à leur niveau avant les contrôles à l’exportation.Il avertit régulièrement que la concurrence chinoise progresse rapidement.Lundi, Nvidia a annoncé qu’elle allait fabriquer des puces pour les superordinateurs d’IA entièrement aux États-Unis pour la première fois, alors que Donald Trump tente d’obliger les entreprises américaines à relocaliser leur production.La société dépend de ses sous-traitants pour la production des semi-conducteurs, et donc d’usines en Asie, notamment à Taïwan et en Chine.Elle a promis que les fabricants taïwanais TSMC, Foxconn et Wistron vont accélérer la production aux Etats-Unis et construire de nouvelles usines spécialisées dans l’année à venir.”La relocalisation de ces industries est une bonne chose pour les travailleurs américains, pour l’économie américaine et pour la sécurité nationale des États-Unis”, a réagi la Maison Blanche dans un communiqué lundi. Les semi-conducteurs ont été exemptés des nouveaux droits de douane imposés par Donald Trump, mais plus pour longtemps.Le président américain a déclaré dimanche qu’il annoncerait “dans la semaine” de nouvelles taxes sur les puces entrant aux Etats-Unis.

Le géant minier canadien Barrick Gold contraint de fermer ses bureaux au Mali

Les autorités maliennes ont fermé les bureaux du groupe minier canadien Barrick Gold à Bamako mardi pour “non paiement d’impôts” d’après les services fiscaux maliens, dernier épisode d’un bras de fer que se livrent l’industriel et l’Etat malien.Le géant minier et Bamako sont en conflit depuis des mois à propos du complexe de Loulo-Gounkoto (ouest), un des plus importants gisements aurifères au monde, détenu à 80% par le groupe minier et à 20% par le Mali.Au nom de la souveraineté économique du pays, le Mali a réformé son code minier en 2024 et réclame des centaines de millions de dollars d’arriérés d’impôts à Barrick Gold.Les services des impôts de Bamako ont fermé les bureaux de Barrick Gold à Bamako pour “non paiement d’impôts”, a indiqué à l’AFP une source des services fiscaux maliens, sous couvert d’anonymat.”Des services de l’Etat ont aggravé la situation en fermant les bureaux de Barrick à Bamako et en menaçant de placer la mine de Loulo-Gounkoto sous administration provisoire”, a dénoncé le groupe canadien dans un communiqué mardi.- Nouveau code minier -“Le Mali a adopté un nouveau code minier en 2024 et voudrait y assujettir les sociétés minières presque avec effet rétroactif. C’est ce sur quoi les discussions achoppent”, a expliqué à l’AFP un conseiller au ministère des Mines malien.Les activités d’extraction à Loulo-Gounkoto sont suspendues depuis la saisie en janvier de trois tonnes d’or sur le site par les autorités maliennes. La junte empêchait déjà Barrick Gold d’exporter l’or du site et quatre employés maliens de la compagnie sont en détention depuis novembre.Les autorités maliennes ont émis en décembre des mandats d’arrêt nationaux contre le PDG sud-africain de la compagnie et le directeur général malien du complexe pour “blanchiment de capitaux”.- Accord “entravé” -Le groupe canadien a affirmé dans son communiqué mardi qu’un accord avait été “négocié et accepté par le Ministère de l’Economie et des Finances en février 2025 sous réserve d’être signé par le Gouvernement”.Selon Barrick Gold, 85 millions de dollars ont déjà été versé à l’Etat malien en octobre “dans le cadre des négociations en cours”.”Cette signature semble désormais entravée par un petit groupe d’individus qui placent leurs intérêts personnels ou politiques au-dessus des intérêts à long terme du Mali et de son peuple”, dénonce le géant minier. “Depuis 2024, l’Etat est dans un bras de fer avec les majors qui produisent l’or au Mali. Barrick, comme les autres, sont accusés d’avoir ouvert des comptes offshores, ce que la législation permet. Malgré tout, nous avons accepté de transiger et de payer. Mais, l’Etat monte les enchères, on demande à Barrick de payer des frais de justice de plus de 15 milliards de Francs CFA (23 millions d’euros)”, a expliqué à l’AFP une source proche de Barrick.L’entreprise affirme continuer à “rechercher une solution constructive” mais “reste prête à poursuivre la voie de l’arbitrage international et les voies de droit dont elle dispose”.L’or contribue à un quart du budget national du Mali.Le Mali, l’un des pays les plus pauvres au monde, est dirigé  par des militaires depuis un double coup d’Etat en 2020 et 2021.La junte a fait de la lutte contre la corruption et de la restauration de la souveraineté nationale sur les ressources naturelles ses mantras. 

Foot/Droits TV: la Ligue rompt avec DAZN, ouvrant un abîme d’incertitudes

Les dirigeants de la Ligue de football professionnel (LFP) ont opté mardi pour une rupture avec le diffuseur de la Ligue 1 DAZN dès la fin de cette saison, refusée dans la foulée par le diffuseur, ouvrant un abîme d’incertitudes pour l’avenir.La médiation entre les deux parties initiée début mars n’a donc pas abouti à une solution à l’amiable, plongeant de nouveau le football français dans une crise qui pourrait se régler devant les tribunaux.A la suite du refus de rupture par DAZN, le contrat, entré en vigueur en début de saison, “se poursuit avec les poursuites contentieuses à la clé”, selon une source proche de la Ligue.Les deux parties sont liées par un contrat portant sur 400 millions d’euros annuels pour la diffusion de 8 matches par journée de Ligue 1 jusqu’en 2029 depuis le début de la saison, mais en l’état, le contrat initial permettait à l’une ou l’autre des parties d’en sortir à la fin de la saison 2025-26.  La chaîne qatarie BeIn verse de son côté quelque 100 M EUR pour la diffusion d’un match de chaque journée.La Ligue “prend acte de l’échec de la médiation initiée début mars 2025”, a indiqué dans un communiqué la LFP, qui “attend de son partenaire qu’il exécute pleinement l’ensemble de ses obligations à ce titre”.- “Manque de coopération” -“La médiation n’a malheureusement pas permis de suffisamment rapprocher les points de vue. Il a donc été impossible de trouver – à ce stade – un accord pour une résolution amiable de la situation”, a déclaré de son côté DAZN.Le Conseil d’administration de la LFP a accéléré le divorce avec la plateforme de streaming britannique, commencé avec un retard de paiement (35 millions d’euros) en début d’année, finalement honoré.DAZN doit encore payer deux échéances les 30 avril et 30 juin prochains pour un total de 140 millions d’euros. La fin mardi de la médiation du tribunal de commerce de Paris appelait une décision. Sur proposition du médiateur, le CA de la LFP a voté pour rompre le contrat dès la fin de saison en envoyant une proposition financière à DAZN, selon des sources concordantes.Il s’agit d’un paiement de 140 millions d’euros pour la fin de saison et une indemnité comprise entre 110 et 125 millions d’euros pour la suivante, demandés au diffuseur de la L1, selon une des sources.Mais cette proposition financière a été refusée dans la foulée par le diffuseur, qui réclamait en justice pas moins de 573 millions d’euros “pour manquement observé” et “tromperie sur la marchandise”.DAZN, longtemps bloqué autour de 500.000 abonnés, avant une légère hausse ces dernières semaines grâce à de très nombreuses promotions, se plaignait notamment des conditions d’exploitation difficiles liées au piratage et du manque de coopération de certains clubs pour mettre en valeur le “produit Ligue 1”.- Vertigineuse déflation -L’incertitude est aussi énorme pour les clubs, dont la santé financière dépend directement du montant des droits TV versés par le diffuseur. Ils vont devoir naviguer à vue sur leurs recettes en cas de long conflit juridique.Mais la plus grande des inquiétudes concerne la diffusion du championnat: où le fan de foot français va-t-il pouvoir regarder la Ligue 1 la saison prochaine? Quel montant la LFP va-t-elle pouvoir négocier auprès d’un futur diffuseur ? Les difficiles négociations pour conclure le contrat actuel, l’énorme couac de la collaboration avec DAZN, le déjà gigantesque échec avec Mediapro en pleine pandémie, les mauvaises relations avec l’ancien diffuseur historique Canal+: tout semble indiquer que trouver un acquéreur à un prix correct relèvera du miracle.Le foot français risque une vertigineuse déflation, avec ce que cela suppose de départs de bons joueurs pour renflouer les caisses des clubs et des acquisitions beaucoup moins onéreuses et régulières.Le montant des droits TV perçus par les clubs français est largement inférieur aux Championnats étrangers: quelque 2 milliards pour l’Angleterre, 1 md pour l’Espagne et l’Allemagne et 900 M EUR pour l’Italie (droits nationaux). La période allant jusqu’au début de la saison prochaine (mi-août) devrait en outre relancer les spéculations sur la solution alternative d’une chaîne 100% détenue et produite par la LFP, poussée par certains clubs (Lens, Lyon). Cette option ne rapporterait que très peu d’argent au moins dans un premier temps, selon une source proche du dossier.

Trump ressuscite le fantôme de bases militaires américaines au Panama

L’insistance de Donald Trump à vouloir “reprendre” le contrôle du canal de Panama a ravivé dans ce pays la crainte d’un rétablissement de bases militaires américaines et mis en porte-à-faux son président centriste José Raul Mulino, un allié naturel des Etats-Unis.Le président américain clame depuis qu’il a pris ses fonctions en janvier vouloir contrer l'”influence chinoise” sur cette voie commerciale interocéanique. Après une visite au Panama et un coup de pression de son secrétaire d’Etat Marco Rubio, le secrétaire à la Défense, Pete Hegseth, a obtenu la semaine dernière la signature d’un accord avec le gouvernement Mulino autorisant les États-Unis à déployer des soldats dans les zones adjacentes au canal.Un sujet sensible au Panama, où les forces armées américaines sont intervenues en décembre 1989 pour faire chuter l’ancien dictateur Manuel Antonio Noriega, accusé de trafic de drogue.Les Etats-Unis avaient ensuite entamé en 1994 un processus de retrait de leurs bases militaires, installées pour protéger ce canal datant de 1914, avant de remettre la gestion de ce dernier au Panama le 31 décembre 1999.- Réel retour des bases américaines ? -Bien que l’accord ne mentionne pas explicitement des “bases militaires”, Washington pourra disposer au Panama de forces militaires de rotation, comme celles qu’il a en Australie et ailleurs, pour “formation”, “exercices” et autres manÅ“uvres.Par périodes de trois ans renouvelables, des troupes seront déployées sur trois bases (aérienne, aéronavale et navale) construites lorsque les Américains disposaient d’une enclave dans la zone autour du canal.”Il y a une violation flagrante” de la Constitution qui interdit les bases étrangères et des traités de 1977 qui établissent la “neutralité” du canal et stipulent que seul le Panama disposera de forces militaires sur son territoire national, a déclaré à l’AFP Euclides Tapia, professeur panaméen de relations internationales.Cependant, ces traités ont laissé une ouverture : “Ils permettent aux États-Unis de défendre le canal lorsque celui-ci est considéré comme menacé”, rappelle à l’AFP l’analyste Will Freeman, du Conseil des Relations internationales, à New York.Benjamin Gedan, un ancien directeur pour l’Amérique du Sud du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche, affirme que le Panama a toujours pleinement coopéré avec les États-Unis dans cette “coresponsabilité” quant à la sécurisation du canal.L’avocat Arturo Hoyos ne voit quant à lui aucune violation des lois ou des traités, car l’accord récemment signé n’implique pas de présence militaire étrangère “exclusive” mais des opérations “communes”.- Le gouvernement panaméen se défend d’avoir cédé -Le président Mulino soutient n’avoir pas cédé le moindre centimètre carré de souveraineté, malgré les pressions de Pete Hegseth qui réclame des “bases militaires”.Le gouvernement panaméen défend qu’il ne s’agit nullement de bases américaines, que les installations et les terrains appartiennent au Panama et seront utilisés “en commun” par les forces de sécurité des deux pays.Mais les critiques ont fusé. L’ex-candidat à la présidentielle, Ricardo Lombana, a accusé M. Mulino de déguiser la “reddition” en “coopération”.”Les États-Unis nous recolonisent et nous réoccupent”, a affirmé Julio Yao, qui a conseillé le gouvernement panaméen pendant les négociations de 1977.La politologue Natasha Lindstaedt, de l’Université britannique d’Essex, a estimé auprès de l’AFP que la pression de l’administration Trump sur des pays comme le Panama pouvait “provoquer des divisions” au sein des gouvernements sur la manière de “gérer” Washington.- Que cherche réellement Trump ? -Les États-Unis considèrent que l’entreprise hongkongaise Hutchinson, qui exploite deux ports aux extrémités du canal, constitue une “menace” pour leur sécurité.”Trump veut minimiser le risque que Pékin bloque le canal pour empêcher le passage de navires militaires dans le cas d’un éventuel conflit”, avance Benjamin Gedan, professeur à l’université Johns Hopkins, aux Etats-Unis.Natasha Lindstaedt partage cet avis, mais estime que “cela fait partie d’un conflit plus vaste : les États-Unis tentent de freiner l’influence chinoise au Panama et dans la région”.Selon Will Freeman, Donald Trump “cherche probablement à démontrer que, s’il le voulait, il pourrait fermer le canal au commerce chinois” pour, par exemple, empêcher la Chine d'”envahir Taïwan”, qu’elle considère comme faisant partie de son territoire. “Nous voyons au Panama la doctrine Trump de la paix par la force”, a-t-il commenté.D’autres, comme Euclides Tapia, ne croient pas à une quelconque menace chinoise sur le canal de Panama. “Ils l’inventent”, dit-il. Selon lui, les déclarations du président Trump sur le Canada, le canal de Panama et le Groenland sont “une mise en scène destinée à l’opinion publique américaine”.

Wall Street termine en baisse, dans l’attente de nouvelles étapes de la guerre commerciale

La Bourse de New York a terminé en baisse mardi, les investisseurs reprenant leur souffle après une vague de séances très chahutées et restant dans l’expectative des nouveaux développements de la guerre commerciale, alors que Donald Trump souffle le chaud et le froid sur l’économie mondiale.Après une ouverture en hausse, le Dow Jones a finalement reculé de 0,38%, l’indice Nasdaq a terminé pratiquement à l’équilibre (-0,05%) et l’indice élargi S&P 500 a perdu 0,17%.La séance a été globalement “calme”, et a représenté une étape de “consolidation d’un marché très volatil au cours des dernières semaines”, relève auprès de l’AFP Adam Sarhan, de 50 Park Investments.”La situation concernant les droits de douane va-t-elle s’améliorer ou s’aggraver? Nous n’en savons rien. Ce point d’interrogation incite les investisseurs à ne pas prendre de positions importantes” en l’absence de nouveaux développements, “tant qu’un accord définitif n’est pas conclu”, ajoute l’analyste.”La balle est dans le camp de la Chine” si elle veut abaisser les droits de douane imposés par Donald Trump, a déclaré mardi la porte-parole de la Maison Blanche, Karoline Leavitt, assurant que Washington n’a “pas besoin d’un accord” avec elle.Mais Pékin ne semble pas de cet avis et a, au contraire, choisi de maintenir la pression sur l’économie américaine, au-delà des droits de douane déjà appliqués, en suspendant toute réception d’avion fabriqué par Boeing (-2,36%).Selon l’agence de presse Bloomberg, la Chine a également demandé aux compagnies aériennes du pays “de stopper tout achat d’équipements et de pièces détachées pour avions auprès d’entreprises américaines”.Les deux pays sont entrés dans une surenchère de droits de douane, se rendant coup pour coup pour monter à plus de 125% de droits de douane de part et d’autre sur les produits importés depuis son rival.Les Etats-Unis ont imposé au total 145% de droits de douane sur les produits chinois, au-delà de ceux préexistants au retour de Donald Trump à la Maison Blanche.Sur le marché obligataire, le rendement des emprunts d’Etat américains à dix ans s’établissait à 4,33% vers 20H20 GMT contre 4,38% la veille en clôture, après une franche détente qui avait soulagé la place américaine lundi.Par ailleurs, “toutes les données économiques” publiées dans les prochaines semaines “seront importantes, car les investisseurs du marché vont assembler les pièces du puzzle” sur l’état de santé de l’économie américaine, juge Adam Sarhan.La place américaine attend notamment mercredi les chiffres des ventes au détail pour le mois de mars.Ailleurs à la cote, “c’est le début de la saison des résultats (et) les banques n’ont pas publié de chiffres terribles, ce qui est en soi un bon signe”, pour M. Sarhan.Bank of America a été recherchée (+3,60%) après avoir publié mardi des résultats supérieurs aux attentes au premier trimestre, dopés par les activités de courtage. La banque se dit prête à faire face à “une économie changeante à l’avenir” sur fond de conflit commercial. De janvier à fin mars, le chiffre d’affaires de la banque américaine a atteint 27,4 milliards de dollars, en hausse de 6% sur un an, selon un communiqué publié mardi, supérieur aux attentes des analystes de Bloomberg.La banque américaine Citigroup a aussi terminé en hausse (+1,76%) après avoir fait mieux qu’attendu au premier trimestre grâce à l’ensemble de ses métiers, en particulier les activités de marchés, malgré un bond du coût du crédit du fait d’une “détérioration des perspectives macroéconomiques”.La société informatique américaine Hewlett Packard Enterprise (HPE) a pris de la vitesse (+5,11%) après des informations de presse faisant état d’une prise de participation dans l’entreprise d’un montant de 1,5 milliard de dollars par le fonds d’investissement activiste Elliott Management, connu pour demander des changements stratégiques au sein des groupes dans lesquels il investit.

Le gouvernement veut récuperer 15 milliards d’euros sur la fraude en 2026

La ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin a déclaré mardi vouloir récupérer 15 milliards d’euros sur les fraudes en 2026, alors que 40 milliards d’euros sont à trouver pour maintenir l’objectif de déficit de 4,6% du PIB en 2026.En 2024, “toutes les fraudes fiscales, sociales ensemble, c’est 20 milliards d’euros qu’on a détectés mais c’est surtout, et ça c’est la grande nouvelle, 13 milliards d’euros qu’on a encaissés”, a chiffré la ministre sur France 2. “L’objectif pour 2026, c’est qu’on encaisse 15 milliards d’euros”, a-t-elle poursuivi.Amélie de Montchalin a évoqué une “industrie de la criminalité organisée” et a dit souhaiter “qu’on continue d’encaisser l’argent, parce que c’est l’argent qui est volé aux Français”. Récupérer l’argent des fraudes constitue un enjeu crucial pour le gouvernement, qui souhaite ramener le déficit public de la France à 4,6% du PIB en 2026. Maintenir cet objectif “va demander un effort supplémentaire de 40 milliards d’euros”, ce qui est “très considérable”, avait dévoilé dimanche le ministre français de l’Economie Eric Lombard.Lutter contre les fraudes, “c’est une manière de résoudre les enjeux de déficit sans augmenter les impôts pour que les honnêtes gens n’aient pas à payer pour les criminels et les fraudeurs”, a souligné Mme de Montchalin mardi.”Pendant des années, la fraude, c’était anecdotique. Aujourd’hui, c’est des enjeux en dizaines de milliards qui sont essentiels aux services publics”, a-t-elle conclu.

Dette: Bayrou diagnostique une “situation intolérable”, sans s’avancer sur les solutions

François Bayrou a voulu de nouveau alerter les Français sur le “piège” de la dette qui menace “la survie de notre pays”, sans proposer de remède immédiat et en écartant la piste des augmentations des impôts.”Seule la confrontation les yeux ouverts avec la vérité de notre situation peut soutenir une action déterminée”, a déclaré le Premier ministre à l’issue d’un “Comité d’alerte du budget” qui a réuni – sans lui – plusieurs membres de son gouvernement avec des parlementaires, des représentants d’organismes de sécurité sociale ou encore syndicaux. Graphiques à l’appui, le chef du gouvernement a énuméré les faiblesses de la France qui “manque de moyens” pour financer ses priorités parce “qu’elle ne produit pas assez et ne travaille pas assez” par rapport à ses voisins, notamment en raison d’un taux d’emploi plus faible chez les jeunes et les seniors.Cela conduit à une aggravation de la dette – 3.305,3 milliards d’euros en 2024, soit 113% du PIB – qui devient “un piège dangereux, potentiellement irréversible”, selon le Premier ministre. – “Explosion assurée” -“Nous ne pourrons pas en supporter durablement la charge” qui pourrait “atteindre 100 milliards d’euros en 2029”, a-t-il prévenu.  “Si les taux d’intérêt explosent, alors c’est l’explosion assurée” à laquelle aucun gouvernement ne résistera, a-t-il insisté, un leitmotiv de longue date chez lui.Après avoir fait ce “diagnostic” d’une “situation intolérable”, et annoncé “un effort de quelque 3 milliards supplémentaires” en 2026 pour la défense face à la guerre en Ukraine et au retournement stratégique des États-Unis, François Bayrou n’a pas détaillé de réponses concrètes à ce stade. Il a simplement annoncé que les “grandes orientations” et les “grands choix” du prochain budget seront proposés avant le 14 juillet, en amont des débats budgétaires au Parlement début octobre.”Ce calendrier va permettre de rassembler toutes les contributions pendant quelques semaines autour des choix que nous allons devoir faire”, a-t-il expliqué.Dans un contexte de ralentissement de la croissance pour 2025, rabotée à 0,7% dans les prévisions du gouvernement, après 1,1% en 2024, le Premier ministre n’a pas chiffré le volume d’économies à réaliser.A ses côtés, le ministre de l’Economie Eric Lombard avait évoqué dimanche “un effort” de 40 milliards pour réduire le déficit de 5,4% du PIB — objectif 2025 — à 4,6% en 2026. Il a précisé mardi viser une réduction de 6% des dépenses en cinq ans.Sur quels leviers agir ? “L’effort doit être équitable entre les trois grandes catégories” – Etat, sécurité sociale et collectivités locales, a indiqué M. Lombard. La ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, a notamment évoqué une action contre “la très grande dérive” des arrêts maladie. Côté recettes, M. Bayrou a exclu “d’augmenter les prélèvements” car c’est “intenable”.”Si nous choisissions de continuer à augmenter ces prélèvements, c’est notre pays qui en souffrirait”, a-t-il dit. Afin de préserver la compétitivité des entreprises, “nous ne souhaitons pas augmenter ni les impôts, ni les charges des entreprises”, a renchéri M. Lombard.Mais pour le premier président de la Cour des Comptes, Pierre Moscovici, “il faut que tous les Français fassent des efforts à hauteur de leur capacité contributive”, a-t-il avancé mardi soir sur BFM, jugeant qu’il ne devait pas y avoir de “tabou” sur la “fiscalité”.”Nous sommes mis dans une telle situation que nous n’avons pas d’autre choix que de faire un effort budgétaire”, a-t-il par ailleurs jugé.- “Opération de communication” -Embourbé dans les sondages et souvent taxé d’immobilisme après quatre mois à Matignon, François Bayrou entendait mardi amorcer la méthode dite de “coresponsabilité” avec les Français qu’il a souvent prônée avant de prendre les commandes du gouvernement.Mais ce gouvernement tiendra-t-il jusqu’à la présentation du budget 2026 alors que La France insoumise et le Rassemblement national menacent à nouveau de censurer ? “La conférence de presse du Premier ministre n’est pas à la hauteur de la grave crise des finances publiques”, a réagi Marine Le Pen, prévenant que le RN “ne laissera pas passer des mesures contre les Français alors qu’il existe tant de gabegies”.La gauche s’inquiète, elle, de “l’impact récessif” sur la croissance de nouvelles économies et appelle le  gouvernement à envisager des hausses d’impôts pour les plus riches et des remises en causes d’exonérations aux entreprises.Pour la leader de la CGT, Sophie Binet, le Premier ministre n’a apporté “aucune réponse” à ses “interrogations” et “interpellations”. De son côté, la patronne de la CFDT, Marylise Léon, a déploré “une vision comptable” du gouvernement, estimant qu'”on ne fait pas un budget uniquement avec un tableur Excel”. bur-bpa-far-max/jbo/asm

Elus et usagers des lignes SNCF “dégradées” repartent déçus de leur montée à Paris

Des centaines d’élus et usagers des lignes Paris-Orléans-Limoges-Toulouse (POLT) et Paris-Clermont-Ferrand sont “montés à la capitale” en train mardi pour dire leur “exaspération” face à l’état “dégradé” de ces lignes qu’ils jugent oubliées, mais ils sont redescendus dans leurs régions respectives “en proie à la colère”.”Face à une mobilisation inédite (…) le ministre des Transports choisit l’humiliation et la mascarade”, fustigeait dans un communiqué, François Kuss, directeur de cabinet du président du conseil départemental du Lot, Serge Rigal (DVG) au terme d’un rendez-vous au ministère qui a finalement tourné court.La ville de Limoges, s’exprimait dans le même sens: “Montés à Paris avec détermination, chacun redescend dans sa province en proie à de la colère. À défaut d’oxygène, la lente asphyxie de nos territoires semble inéluctable”, a fustigé la municipalité dirigée par Emile Roger Lombertie (LR) dans un autre communiqué.”Non seulement le Ministre n’a pas daigné recevoir la délégation, mais le plus humiliant, c’est qu’en plein milieu du tour de table, le ministre a diffusé un communiqué de presse, publiant les conclusions d’une réunion à laquelle il n’avait pas participé”, a expliqué la ville, M. Kuss précisant à l’AFP que les élus de la délégation étaient sortis de la réunion au ministère “après une dizaine de minutes”.Ils avaient quitté leurs villes, avec des usagers et des représentants d’associations, très tôt le matin pour rallier Paris-Austerlitz. “Tous unis pour une desserte ferroviaire dynamique respectueuse des usagers et de nos territoires”, pouvait-on lire sur une banderole déployée en gare de Cahors, a constaté l’AFP.”Je suis venu défendre la ligne historique Paris-Toulouse”, déclarait Francesco Testa, conseiller municipal de Cahors, avant d’ajouter: “comme on a affaire à des malentendants, on se déplace pour être plus près de leurs oreilles.”Avant de monter à bord, Monique Codet, 84 ans, ancienne habituée du trajet “Montauban-Cahors pendant 14 ans”, a confié vouloir que les nouvelles générations aient la chance de vivre ce qu’elle avait connu: “Il n’y avait pas de retard. Je me souviens d’une seule panne”. C’était la “bonne époque”, a-t-elle dit, au point qu’elle avait même fêté sa retraite en 1998 “dans le train avec tous les amis que je m’y étais fait”.- “Rames hors d’âge” -Au passage du train en gare de Limoges, où une centaine de manifestants mécontents ont scandé “ras-le-POLT”, M. Lombertie a jugé qu’il était “plus facile aujourd’hui pour un étudiant d’aller faire ses études à Bruxelles, à Berlin, à Copenhague ou ailleurs, que d’aller entre Limoges et Clermont-Ferrand”.Au départ de cette dernière ville, un second train de quelque 130 manifestants rejoignait également la capitale.A son bord, Jean-Philippe Ollier, responsable du projet de reconversion du parc Cataroux, site industriel historique du groupe Michelin, est venu “défendre la capacité de pouvoir aller à Paris de manière fiable” car le “parc Cataroux, c’est 400.000 visiteurs et énormément d’entreprises qui vont s’installer et travailler avec l’écosystème parisien”, a-t-il précisé à l’AFP.”Les choses se sont aggravées depuis 40 ans avec des rames hors d’âge et un temps de trajet qui a augmenté de 40 minutes”, a de son côté souligné Patrick Wolff, président de l’association locale Objectif capitales.- “Engagement de l’Etat” -Vendredi, le ministre des Transports Philippe Tabarot s’était rendu à Clermont-Ferrand “pour rappeler l’engagement de l’Etat et annoncer des mesures correctrices et de long terme” pour ces lignes de trains d’équilibre du territoire (TET), selon un communiqué du ministère, rappelant qu’il promettait de réunir “dans les prochains mois” le comité de suivi des dessertes ferroviaires du POLT.Les lignes POLT (plus de 700 km de voie ferrée) et Clermont-Paris (420 km) transportent respectivement 2,6 et 1,9 millions de voyageurs chaque année dans des trains Intercités. La SNCF a lancé en 2018 un programme de modernisation de ces lignes, qui restent cependant “encore équipées d’installations techniques hétérogènes et vieillissantes”, reconnaît la compagnie ferroviaire.Selon le ministère, des “investissements significatifs réalisés depuis 2018” incluent 1,9 milliard d’euros à l’horizon 2027 pour la ligne POLT et près d’un milliard pour Paris-Clermont, les “deux plus gros chantiers conduits cette année par SNCF Réseau”, même si M. Tabarot souligne “que la situation n’est toujours pas satisfaisante”.Les investissements évoqués ne sont pas suffisants pour Jean-Noël Boisseleau, vice-président de l’association Urgence Ligne POLT qui évoque “une régénération partielle”. Il faudrait “2,5 à 3 milliards d’euros supplémentaires pour que, vraiment, on reparte pratiquement à neuf”, dit-il.

Hermès devient la société de luxe la plus valorisée au monde, détrônant LVMH

Le groupe de luxe français Hermès a détrôné mardi son rival, le géant français du luxe LVMH, devenant la première capitalisation boursière à la clôture du CAC 40, l’indice vedette de la Bourse de Paris, mais aussi la société de luxe la plus valorisée au monde.La valorisation d’Hermès en Bourse a atteint 248,60 milliards d’euros, contre 244,39 milliards d’euros pour le numéro un mondial du luxe LVMH, selon les calculs de l’AFP.Cela fait d’Hermès la première capitalisation boursière du CAC 40 mais également la troisième capitalisation boursière européenne, juste derrière l’éditeur allemand de logiciels SAP et le géant pharmaceutique danois Novo Nordisk. La maison devient également la société de luxe la plus valorisée en Bourse au monde.Ce retournement est intervenu après la chute en Bourse de LVMH mardi (-7,82% sur la séance), sanctionné par le marché au lendemain de la publication de ses ventes pour le premier trimestre, jugées décevantes par les analystes.Après une année 2024 freinée par la faible demande en Chine, un de ses principaux marchés, le groupe fait face aux incertitudes géopolitiques, notamment aux Etats-Unis, où il est confronté à “une légère baisse” de son chiffre d’affaires, selon l’entreprise, et à une hausse des droits de douane. Depuis début janvier, le titre LVMH a baissé de plus de 23%.Les chiffres publiés lundi ont “confirmé un début difficile pour 2025”, relèvent les analystes de Jefferies.Hermès, de son côté, ne connaît pas la crise. Depuis le 1er janvier, il gagne près de 1,5% sur le CAC 40, une progression notable dans un contexte plus difficile pour le secteur du luxe dans son ensemble après des années d’euphorie post-Covid.- Bataille de positionnement -Malgré ses 2.355 euros par action, le titre Hermès “continue d’attirer”, affirme Andréa Tuéni, responsable des activités de marchés de Saxo Banque France. Une preuve de la “confiance qu’affichent les marchés dans la marque” célèbre à travers le monde pour ses iconiques sacs Kelly et Birkin et ses carrés de soie.Hermès a mieux résisté au ralentissement de la demande mondiale de produits de luxe que ses concurrents. Un salut que la marque doit à “son positionnement +ultra luxe+, avec des articles achetés par une clientèle +ultra riche+”, comparé à un “positionnement luxe uniquement du côté de LVMH”, explique à l’AFP M. Tuéni.En conséquence: “Hermès parvient à publier des résultats records, toujours en hausse”, relève-t-il. Le sellier-maroquinier publiera son chiffre d’affaire du premier trimestre 2025 jeudi matin.”Le paysage du luxe français est complétement éclaté”, rappelle Alexandre Baradez, responsable de l’analyse marchés à IG France.”L’essor d’une classe moyenne aisée en Chine, qui pouvait accéder à un luxe globalement assez abordable” avait tiré vers le haut les groupes de luxe comme Kering, propriétaire de la marque Gucci, et LVMH, qui détient notamment Christian Dior et Louis Vuitton.La rivalité date des années 2010, lorsque LVMH était entré par surprise au capital de Hermès, poussant les membres de la famille à s’unir dans la holding H51 pour contrer les appétits du milliardaire Bernard Arnault.Hermès fonctionne avec une logique de rareté des articles. “Le groupe se base sur un haut niveau de créativité et d’artisanat avec des hausses de prix raisonnables”, notent les analystes de HSBC.Ce positionnement dans un secteur du luxe encore supérieur confère au groupe une meilleure capacité à résister aux crises économiques, et aux “phases où la Chine a beaucoup souffert”, quand LVMH et Kering ont pris un coup, étant fortement exposés, souligne M. Baradez.Des interrogations demeurent cependant quant aux conséquences sur le groupe de la guerre commerciale initiée par Donald Trump, à coup de salves de droits de douane contre ses partenaires commerciaux d’une ampleur sans précédant depuis les années 1930.”Les ultra riches”, la clientèle de prédilection de Hermès, “ont une exposition assez forte aux marchés financiers” qui ont connu de très fortes turbulences ces dernières semaines, prévient Alexandre Baradez.