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Près de Bordeaux, l’essor timide des emplettes quotidiennes en cryptomonnaies

Acheter au détail en cryptomonnaies, c’est possible depuis un an chez une trentaine de commerçants de Talence (Gironde). Une initiative pionnière en France mais balbutiante pour ces actifs souvent considérés comme spéculatifs, dont la démocratisation bute sur des barrières fiscales et psychologiques.”Payer en crypto”, propose un panonceau sur le zinc de La Fracasse, micro-brasserie qui accepte ce moyen de paiement dématérialisé tout comme une trentaine de commerces de cette commune de l’agglomération bordelaise, contre une vingtaine au départ. Derrière le bar, les cogérants Kirill Pluscheff (30 ans) et Enguérand Larché (25 ans) peuvent générer un QR code sur une application nommée Lyzi, que le client scanne pour prélever son “wallet” (portefeuille de cryptomonnaies) et effectuer le versement sur le compte du commerce, en euros cette fois.”C’est notre moyen d’attraper une nouvelle clientèle”, explique Enguérand Larché à l’AFP, sans toutefois renoncer au paiement par carte bancaire qui représente 95% de leurs encaissements.Avec “quelques transactions par mois” à Talence, “c’est déjà gagné” pour l’application Lyzi, s’enthousiasme Damien Patureaux, son fondateur.- Jeunes et étrangers -La start-up revendique plus de 2.000 marchands affiliés en France et en Europe, dont les grands magasins du Printemps (groupe Kering). À Cannes, une cinquantaine de commerces sont équipés, dont de prestigieux hôtels, visant une clientèle étrangère désireuse notamment de s’affranchir des effets de change.”Le paiement en cryptomonnaies peut s’ancrer dans le commerce physique”, veut croire Lyzi. Pour Damien Patureaux, “ça va se démocratiser encore plus”.Selon une étude du cabinet KPMG en 2023, seuls 8% des Français ont déjà investi dans les “cryptos”. Parmi eux, la moitié ont moins de 35 ans.C’est ce public que ciblent les commerçants de Talence: avec un quart de ses 42.000 habitants âgés entre 18 et 24 ans, dont nombre d’étudiants, la commune se présente comme la “ville la plus jeune” de France, fait valoir Bertrand Cousin, directeur de l’agence de développement économique Talence Innovation, à l’origine de l’initiative.Mais les débuts sont timides: un an après, le nombre de paiements mensuels reste minime (deux opérations par mois pour l’un des bouchers participants, selon Talence Innovation).Damien Patureaux souligne que 20% des marchands affiliés à Lyzi en Europe représentent 80% du volume de paiements (estimé à quelques millions d’euros par mois), avec en première ligne les marques de luxe qui ciblent une clientèle “élitiste” et “l’achat coup de cÅ“ur” d’utilisateurs après une belle plus-value sur leurs cryptoactifs.”Le très petit commerçant, ce n’est pas ce qui génère le plus de volume”, relève-t-il.En cause, selon les partisans des cryptomonnaies, la fiscalité française qui taxe les plus-values et oblige à une fastidieuse déclaration, achat par achat.- “Complexité” -Utilisateur assidu, qui va régler en “crypto” un prochain voyage en Afrique du Sud, Jérémy Debreu ne “croit pas une seconde” à l’essor immédiat d’initiatives comme celle de Talence.”Il faut vraiment l’encourager. Mais je suis assez sceptique sur le fait que des utilisateurs prennent ce risque fiscal”, témoigne ce consultant en RSE (responsabilité sociétale des entreprises) résidant à Bègles, commune limitrophe.”C’est un tel frein qu’à mon avis, beaucoup de gens ne déclarent pas”, pointe Claire Balva, qui s’apprête à quitter la néo-banque Deblock pour prendre la tête de l’Association pour le développement des actifs numériques (Adan), lobby français du secteur crypto. “Pas parce qu’ils ne veulent pas payer d’impôts, mais parce que c’est immensément compliqué”, juge-t-elle.L’autre limite à la démocratisation des cryptomonnaies est psychologique, face à leur “complexité” et leur image parfois connotée, entre “produit financier pour s’enrichir” ou actif “pour blanchir de l’argent”, pointe David Pucheu, maître de conférence en sciences de l’information et de la communication à l’Université Bordeaux-Montaigne.”C’est une question générationnelle”, poursuit-il, mais aussi “culturelle” avec certains pays du Sud, comme le Nigeria, où le “wallet” s’est démocratisé pour compenser l’accès difficile “à des services bancaires corrects”.Pour Claire Balva, les opérateurs devront “proposer quelque chose d’aussi simple” que la carte bancaire traditionnelle. “Les infrastructures cryptos vont remplacer petit à petit le paiement classique via Visa et Mastercard”, veut-elle croire.

Corse: le Parlement adopte un texte pour la gestion publique des ports et aéroports

Le Parlement a adopté mercredi la création d’un “établissement public de commerce et d’industrie” en Corse, qui pilotera la gestion des ports et aéroports de l’île, alors que la fin d’une concession inquiétait sur place quant à une possible ouverture à la concurrence.”Ce texte va sécuriser juridiquement la gestion des ports et aéroports de la Corse”, s’est félicité le ministre de l’Aménagement du territoire et de la décentralisation François Rebsamen, dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale.Au coeur du sujet, la fin de concessions accordées par la collectivité de Corse à la chambre de commerce et d’industrie (CCI), il y a une vingtaine d’années, pour la gestion des aéroports et des ports de commerce de l’île. Elle prendront fin le 31 décembre, avec la crainte localement de voir certains acteurs privés se positionner.”Ces infrastructures sont critiques pour l’île de beauté, en raison évidemment de son caractère insulaire et du poids du tourisme au sein de son économie (…) près de 39 % du PIB”, a souligné le rapporteur à l’Assemblée Jean Moulliere (Horizons).”Sans intervention du législateur, (les concessions) devront être remises en concurrence avant la fin de cette année, en application du droit de la commande publique européen”, a-t-il ajouté.Le projet de loi, soutenu par tous les groupes, a été définitivement adopté après un dernier vote de l’Assemblée (59 pour, une abstention). Afin d’éviter toute mise en concurrence préalable, il prévoit la création au 1er janvier 2026 d’un “établissement public du commerce et de l’industrie de Corse”, sous tutelle de la collectivité, et qui reprendra les missions de la CCI ainsi que ses agents.Son conseil d’administration sera majoritairement composé d’élus corses. L’Assemblée de Corse avait soutenu à l’unanimité l’initiative en mars.Michel Castellani, député de Haute-Corse, a salué “un choix politique fort, celui de confier à la Corse les clés de ses outils stratégiques et la capacité à gérer ses affaires de manière autonome”.Côté RN, Stéphane Rambaud a voté le texte qui “semble aller dans le bon sens” mais appelé à la “vigilance”. “Ne risque-t-il pas, à terme, de concentrer la prise de décision entre les mains d’un petit nombre d’acteurs politiques sans réel contrepoids ?”Pour LFI Ugo Bernalicis a également soutenu le projet de loi, regrettant toutefois par exemple que les représentants du personnel n’aient qu’une “voix consultative” au futur conseil d’administration de l’établissement public.

“La France n’est plus le leader mondial du tourisme”, regrette l’Alliance France Tourisme

“La France n’est plus le leader mondial du tourisme” et perd des parts de marché dans un secteur de plus en plus concurrentiel, a déploré jeudi à l’AFP Dominique Marcel, président de l’Alliance France Tourisme.Ce groupe de réflexion qui réunit notamment des entreprises comme Accor, SNCF Connect, European Camping Group, ou encore la Compagnie des Alpes, organise jeudi un colloque avec Régions de France, autour du thème “100 millions de touristes en France : réalité ou totem politique ?”.Pour M. Marcel, ce cap de 100 millions de visiteurs étrangers franchi en 2024 ne “veut pas dire grand-chose, puisque ce qui est important, c’est la dépense touristique”, rappelle-t-il.Avec 71 milliards d’euros de recettes touristiques l’an dernier, la France s’est classée à la quatrième position en la matière, loin derrière les 126 milliards d’euros de l’Espagne, qui a pourtant eu moins de visiteurs.”Ce qu’on veut, c’est passer d’une approche en volume à une approche en valeur”, poursuit M. Marcel, qui juge qu’à l’heure du surtourisme, il n’était pas forcément pertinent de vouloir faire venir de plus en plus de visiteurs, sachant que la durée moyenne de séjours est plus courte en France que dans d’autres pays.”C’est dû au fait que la France est un pays de passage”, avec des visiteurs qui ne passent qu’une “nuit étape” dans le pays et qui se retrouvent comptabilisés dans les statistiques. Pour M. Marcel, la France doit davantage investir, rénover son parc d’hôtels et d’hébergements et mieux répondre aux attentes des visiteurs comme de la population locale.”Il ne faut pas non plus perdre de vue que deux tiers de la dépense globale du tourisme, ce sont les touristes français”, indique-t-il, ce qui doit amener à ne pas “se focaliser uniquement sur la clientèle internationale”.Pour répondre aux enjeux, l’Alliance France Tourisme souhaite davantage travailler avec les Régions et également mieux capitaliser sur l’effet JO. “Il ne faut pas s’autocongratuler, les autres progressent très vite et on perd des points. Il vaut mieux se poser des questions maintenant parce qu’il faut dix ans pour investir”, conclut-il.

Le train moins cher que l’avion en France, sauf correspondance

Se déplacer en train en France revient en moyenne moins cher qu’en avion, sauf correspondance, et l’aérien reste imbattable pour des trajets en Europe, autant d’arguments pour des mesures de rééquilibrage au nom du climat, selon des rapports publiés jeudi.L’association française de défense des consommateurs UFC-Que Choisir s’est intéressée aux tarifs des trajets ferroviaires, aériens et routiers en France, en prenant comme base les 48 liaisons aériennes les plus fréquentées du pays et suivant deux scénarios types: “un départ en vacances estivales pour un couple ou une famille avec deux adolescents, et un week-end pour deux adultes”.”Le train se montre compétitif lorsqu’il existe des liaisons ferroviaires directes, notamment sur les axes radiaux (depuis ou vers Paris). Dans le scénario estival, 60% des trajets sont moins chers en train qu’en avion. Sur ces liaisons, le train est en moyenne deux fois moins cher que l’avion”, selon l’UFC.”A l’inverse, dans le premier comme dans le second scénario, de nombreuses liaisons transversales (province à province), surtout quand un changement de train est nécessaire, s’avèrent moins chères en avion, de 37% en moyenne”, précise l’association.”Quant à la voiture, elle est surtout attractive dans le scénario familial: un tiers des trajets y sont les moins chers, par rapport au train et l’avion, de 30% en moyenne en comparaison du train et de 44% en comparaison de l’avion”.”Pour faire du train une (option) alternative réellement accessible et universelle”, l’UFC-Que Choisir préconise entre autres de “renforcer l’offre ferroviaire”, notamment transversale, d’augmenter à 4 heures le seuil d’interdiction des vols intérieurs lorsqu’un trajet alternatif ferroviaire existe, contre 2 heures 30 actuellement, ou encore de “mettre en place des tarifs avantageux pour les familles”.En pleine urgence climatique, l’UFC rappelle que “sur longue distance, le train est de loin le mode de transport le plus vertueux, en citant l’Ademe: “un trajet en TGV n’émet en moyenne que 2,9 grammes de CO2 par passager-kilomètre, contre environ 331 g pour l’avion de courte distance et jusqu’à 256 g pour une voiture utilisée en solo (128 g pour deux passagers et 64 g pour quatre passagers)”.Le Réseau Action Climat (RAC), citant un rapport de Greenpeace attendu cet été, a élargi la problématique aux liaisons européennes, où “le train est en moyenne 2,5 fois plus cher que l’avion”, une “aberration totale” selon le groupe.”Sur la liaison Paris-Rome, qui transporte plus de 2 millions de passagers aériens chaque année, le billet d’avion le plus bas se trouve autour de 70 euros en moyenne, contre 210 euros pour un billet de train”, note le RAC.Ce dernier, pour rééquilibrer la concurrence, plaide pour “la fin des niches fiscales aériennes” en augmentant la taxe sur les billets d’avion à un niveau qui compenserait l’absence de taxe sur le kérosène.Le RAC voudrait ainsi financer la subvention d’un billet de train par an à tarif réduit (29 euros aller-retour) pour “tous les Français”, relancer “vraiment” les trains de nuit, en particulier les liaisons entre les régions, et abaisser les péages ferroviaires pour le TGV, qui réduisent sa compétitivité.

France: le Haut Conseil pour le climat appelle à un “sursaut collectif”

Le Haut Conseil pour le climat (HCC) a mis jeudi la pression sur le gouvernement de François Bayrou, appelant à un “sursaut collectif” à l’heure du ralentissement du rythme de décarbonation en France et de “reculs” sur certaines mesures comme la rénovation des bâtiments.Sous pression des partis de droite, d’extrême droite, de LFI ou de certains membres du bloc central selon les dossiers, plusieurs textes ont aussi acté des reculs au Parlement ces dernières semaines au sujet de l’artificialisation des sols (zéro artificialisation nette, ZAN) ou la restriction des véhicules les plus polluants dans les grandes villes (zones à faibles émissions, ZFE).”Nous avons besoin d’un sursaut collectif pour relancer l’action climatique, avec un cadre d’action publique clair, des actions structurelles, une gouvernance solide et des cibles bien définies”, a déclaré à des journalistes Jean-François Soussana, l’agronome qui préside le HCC.Cet organisme indépendant, installé en 2018 par le président Emmanuel Macron, est composé de douze experts chargés d’évaluer l’action climatique du gouvernement et d’émettre des recommandations.En mars, il avait alerté sur le fait que la France n’était “pas encore prête” face au réchauffement, qui atteint déjà +2,2°C dans le pays en 2015-2024. Un constat toujours d’actualité au moment où le pays sort progressivement d’une longue vague de chaleur, intense et précoce.”Ce type de canicule est une illustration du fait que l’on peut toucher dans certains cas des limites d’adaptation avec des impacts, par exemple sur la santé, qui sont importants”, souligne M. Soussana.Les mesures contenues dans le plan d’adaptation du gouvernement “sont encore en décalage par rapport aux vulnérabilités et aux besoins”, regrette le HCC.- Baisse “conjoncturelle” -Dans son rapport annuel intitulé “Relancer l’action climatique face à l’aggravation des impacts et à l’affaiblissement du pilotage”, il rappelle que le rythme de baisse des émissions de gaz à effet de serre a beaucoup ralenti en 2024 (-1,8%).La baisse est restée forte pour la production d’énergie, mais a patiné dans les autres secteurs (agriculture, bâtiments, industrie, transports…). Le rythme devra pourtant doubler pour atteindre les objectifs de la France à l’horizon 2030.Les experts soulignent même qu’une grande partie (70%) de cette réduction peut être attribuée à des facteurs “conjoncturels”, tels que la douceur hivernale ou le redémarrage de réacteurs nucléaires.”Les éleveurs ont une vie difficile et gagnent mal leur vie et donc de plus en plus d’élevages arrêtent leur activité. Donc c’est ce qu’on appelle (un effet) conjoncturel, parce que ça n’est pas un phénomène politique voulu”, donne en exemple Marion Guillou, membre du HCC et spécialiste de l’alimentation.- “Lisibilité remise en cause” -Le HCC regrette aussi des “reculs” qui ont “souvent concerné des mesures rencontrant un succès important auprès des particuliers”: leasing social (location de véhicules électriques aux ménages modestes), soutien aux panneaux solaires en toiture ou à la rénovation des bâtiments.”La lisibilité de la politique climatique de la France a été remise en cause par ces reculs, créant une absence de visibilité pour le secteur privé et pour les collectivités territoriales”, juge le rapport.MaPrimeRénov’, aide de l’État pour la rénovation énergétique des logements, est ainsi actuellement suspendue pour les nouveaux dossiers de travaux d’ampleur, jusqu’à mi-septembre. Le président Macron avait lui-même affiché son mécontentement, critiquant les “incertitudes” quant à certains dispositifs. Le HCC cite également les reculs actés au Parlement sur les ZAN ou ZFE.Les experts répètent au passage leur critique des retards pris dans la publication de certains textes structurants pour l’énergie et le climat et regrettent “l’affaiblissement” du Secrétariat général à la planification écologique, organisme rattaché à Matignon.A l’international, ils suggèrent aussi de “relancer la diplomatie climatique de la France”.La Commission européenne a soumis mercredi aux États membres son objectif de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 90% en 2040 par rapport à 1990, avec des “flexibilités”. Aucun vote n’interviendra avant septembre, si bien que le calendrier est très serré avant la conférence climat de l’ONU (COP30), en novembre au Brésil. L’UE doit dévoiler sa feuille de route climatique à l’horizon 2035 avant ce grand rendez-vous.”Ce retard fragilise la position de l’UE dans le contexte de la COP30 et participe au relâchement de la pression internationale sur le relèvement de l’ambition climatique”, regrettent les auteurs.

Sommet Mercosur: l’accord avec l’UE en attente, Lula en invité encombrant de Milei

Le Brésilien Lula devait jeudi ravir la vedette au sommet des pays sud-américains du Mercosur à Buenos Aires, avec une visite prévue à sa vieille alliée politique Cristina Kirchner, en détention à domicile: rien moins que l’opposante N.1 à son hôte du jour, l’ultralibéral Javier Milei.Le bloc régional du Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay, Bolivie), réunit en sommet semestriel ses chefs d’Etat, le regard tourné vers Bruxelles, où se joue l’avenir d’un accord de libre-échange entre l’UE et le bloc sud-américain.Luiz Inacio Lula da Silva (centre-gauche) prend jeudi pour six mois la présidence du bloc, en relais de son voisin argentin Milei: deux dirigeants aux antipodes idéologiques, à l’inimitié notoire, et qui n’ont toujours pas tenu de tête-à-tête en 18 mois de présidence Milei, malgré leur présence ensemble à divers forums.Rien n’indiquait mercredi que le sommet de Buenos Aires dérogera à cet évitement.Une “bilatérale” bel et bien prévue, par contre, jeudi après le sommet, est celle entre Lula et Cristina Kirchner, l’ex-présidente péroniste (2007-2015), qui depuis trois semaines purge à domicile une peine de six ans de prison et d’inéligibilité, pour administration frauduleuse pendant ses mandats.Soumise à une liste restreinte de visiteurs (famille, médecins, avocats), elle a demandé – et obtenu – de la justice l’autorisation expresse que Lula puisse venir la voir chez elle. La présidence brésilienne a confirmé à l’AFP la tenue de la réunion.Mais la justice a aussi rappelé à “CFK” Kirchner que son assignation à résidence l’enjoint à “s’abstenir de tout comportement susceptible de troubler la tranquillité du voisinage et/ou de perturber la cohabitation pacifique de ses habitants”.Référence aux centaines de sympathisants qui se sont relayés sous ses fenêtres, en une veille bruyante et quasi-permanente, les jours suivant sa condamnation en juin. Et éventuellement, référence à la nuée de médias que devrait attirer jeudi la venue de Lula.Le sommet proprement dit, dans une déclaration finale “déjà agréée”, selon le chef de la diplomatie argentin Gerardo Werthein, devrait réaffirmer l’importance stratégique, pour le bloc Mercosur, de l’accord de libre-échange avec l’UE, signé fin 2024 au bout de 25 ans de négociations, mais qui doit être ratifié par les pays européens.L’accord permettrait à l’UE d’exporter notamment plus de voitures, machines ou spiritueux vers l’Amérique du Sud. Et en retour, faciliterait l’entrée en Europe de viande, sucre, riz, miel ou soja sud-américains, au risque de fragiliser certaines filières agricoles européennes.La France considère l’accord inacceptable en l’état et veut le voir complété par des mesures additionnelles pour “protéger certains marchés agricoles clés”, a récemment plaidé son président Emmanuel Macron.- Lula convaincu de signer avec l’UE -Paris a intensifié ses efforts auprès de pays européens pour les rallier à son opposition, alors que le texte juridique de l’accord pourrait être présenté “d’ici quelques jours” au vote des Etats membres, selon la Commission européenne.Mercredi depuis le Brésil, Lula s’est redit convaincu qu’il signera l’accord avec l’UE “durant (son) mandat de président du Mercosur”, soit avant fin 2025. “Ce sera le plus grand accord commercial de l’histoire, avec 722 millions d’habitants répartis entre les deux blocs et un PIB de 27.000 milliards de dollars”, a-t-il plaidé.Dans l’attente, et faute d’UE, le Mercosur avance… avec d’autres Européens. Les chefs de diplomatie sud-américains réunis mercredi ont annoncé la finalisation d’un accord de libre-échange avec l’Association européenne de libre-échange (AELE) qui regroupe Norvège, Islande, Liechtenstein et Suisse, non-membres de l’UE.Cet accord, conclu initialement en 2019 mais soumis par la suite à révision, crée un marché de près de 300 millions de personnes, facilitant l’accès de 97% des exportations des pays concernés, couvrant notamment biens et services, investissements, propriété intellectuelle.Les deux blocs s’engagent à garantir la signature du traité “dans les prochains mois de 2025”, a affirmé M. Werthein.Une avancée apaisée, pour un Mercosur, qu’il y a quelques mois encore, Javier Milei menaçait de quitter “si nécessaire” afin de poursuivre son rêve hypothétique d’un accord de libre-échange avec les Etats-Unis de son allié Donald Trump.D’ailleurs, le sommet devrait parapher une autre avancée douanière: un accord infra-Mercosur sur une liste accrue de produits exemptés du tarif extérieur commun du bloc. Initiative répondant au panorama tarifaire mondial, né de la guerre commerciale américaine. 

Macron attendu à Roquefort sur fond de guerre commerciale avec Trump

Emmanuel Macron est attendu jeudi à Roquefort-sur-Soulzon (Aveyron), fief du célèbre fromage de brebis qui célèbre les 100 ans de son appellation d’origine, sur fond d’ultimes tractations à Washington pour tenter d’éteindre la guerre des droits de douane déclenchée par Donald Trump avec l’Europe.Le chef de l’Etat doit visiter en début d’après-midi les Caves de Roquefort Société et rencontrer les éleveurs et producteurs des célèbres pâtes persillées dans ce village situé à 30 kilomètres de Millau, au sud du Massif central.”Symbole du patrimoine fromager national”, l’appellation d’origine protégée (AOP) du Roquefort, obtenue le 26 juillet 1925, contribue activement à “la préservation des savoir-faire” et à “l’attractivité de nos campagnes”, salue l’Elysée.L’AOP représente plus de 2.600 éleveurs, réunis autour de 1.330 exploitations, et la commercialisation de près de 14.000 tonnes en 2024. Le roquefort est aussi un emblème gastronomique à l’international où il réalise un quart de ses ventes, notamment aux Etats-Unis, et où il cherche de nouveaux débouchés, malgré un contexte tendu, pour compenser une baisse structurelle de ses ventes dans l’Hexagone.La visite du chef de l’Etat intervient au moment où le commissaire européen au Commerce, Maros Sefcovic, tente de conclure un accord commercial avec les Etats-Unis à Washington avant la date butoir du 9 juillet fixée par Donald Trump.- “Symbole important” -Le président américain pourrait doubler à 20% le taux par défaut des droits de douane sur les importations en provenance de l’Union européenne, voire les porter à 50% comme il l’avait déclaré en mai.Emmanuel Macron estime que cette “guerre commerciale” est une “aberration” et appelle à la conclusion “rapide” d’un accord, “pas à tout prix” néanmoins.Dans ce contexte, “le symbole et l’image que renvoie ce déplacement du président de la République est très important”, estime François-Xavier Huard, PDG de la Fédération nationale de l’industrie laitière (FNIL).”Quand l’intérêt collectif est en jeu, il faut que tout le monde se regroupe derrière la bannière”, dit-il à l’AFP. “Au delà de 10% (en plus des 10% déjà en place, NDLR), cela va devenir compliqué à gérer”, met-il en garde.Le marché américain représente 25.000 tonnes de fromages, principalement de l’emmental et du brie et quelques AOP, précise-t-il.Le roquefort avait déjà souffert de 1999 à 2009 d’une guerre commerciale entre les Etats-Unis et l’Europe, avec des droits de douane américains de 100% imposés en réponse à l’interdiction européenne d’importer du bÅ“uf aux hormones. Une surtaxe de 20% devrait toutefois être possible à répercuter sur les prix payés par les Américains pour les produits laitiers haut de gamme de la filière, comme le roquefort, estiment certains experts.- “Moment particulier” -L’inquiétude est aussi grande du côté de la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux (FEVS) dont le chiffre d’affaires atteint 3,8 milliards d’euros aux Etats-Unis, soit dix fois plus que les produits laitiers. “Nous attendons que le président de la République joue le jeu collectif de l’Europe, et n’expose pas inutilement la France”, souligne son président, Gabriel Picard, interrogé par l’AFP.”On est dans un moment particulier de la relation Europe-Etats-Unis, et à quelques jours d’un accord, du moins nous l’espérons”, ajoute-t-il.Même son de cloche côté cognac, déjà frappé de plein fouet par une guerre commerciale avec la Chine et qui redoute aussi de faire les frais d’une hausse des droits de douane aux Etats-Unis, son premier débouché.Les exportations de fromages bénéficient aussi de certains accords de libre-échange, comme le Ceta avec le Canada, même si celui-ci, contesté, n’est toujours pas ratifié par le Parlement, souligne de son côté l’Elysée. Un point qui devrait être abordé par le chef de l’Etat.L’appellation roquefort est certes centenaire mais le fromage est bien plus ancien, d’au moins huit siècles, ce qui en fait, avec le brie, le gruyère ou les fromages d’Auvergne, un des patriarches de la production fromagère française. Il est aussi la 3e AOP française en tonnage commercialisé, derrière le comté et le reblochon. 

Emploi des seniors: le projet de loi arrive à l’Assemblée jeudi

Le projet de loi transposant plusieurs accords trouvés entre syndicats et patronat, dont celui destiné à faciliter l’emploi des seniors, arrive jeudi en première lecture à l’Assemblée nationale après avoir été adopté en première lecture par le Sénat début juin.Adopté à l’unanimité à la chambre haute, malgré l’abstention des écologistes et communistes, le texte prévoit notamment la création d’un CDI senior baptisé contrat de valorisation de l’expérience (CVE).Destiné à faciliter l’embauche des demandeurs d’emploi d’au moins 60 ans, voire dès 57 ans en cas d’accord de branche, ce contrat permettra une mise à la retraite par l’employeur dès que le salarié a droit à une retraite à taux plein, et offre à l’employeur des exonérations sur l’indemnité de mise à la retraite.Alors que la France pâtit d’un taux d’emploi des seniors moins élevé que certains voisins – il était en 2023 de 58,4% pour les 55-64 ans contre 78% en Suède ou encore 74% en Allemagne -, le projet de loi entend transposer un Accord national interprofessionnel (ANI) signé par les trois organisations patronales (Medef, CPME, U2P) et quatre des cinq syndicats de salariés représentatifs (CFDT, FO, CFE-CGC et CFTC).- Reconversion -Le texte de loi doit en outre permettre l’entrée en vigueur de la réduction de la durée minimale d’affiliation, de six à cinq mois, pour les primo-entrants à l’assurance chômage. Cette disposition de la nouvelle convention d’assurance chômage, entrée pour l’essentiel en vigueur au 1er avril, nécessite une mesure législative pour pouvoir s’appliquer.Un ANI supprimant la limite de trois mandats successifs pour les élus du Comité social et économique (CSE), répondant à une revendication syndicale, figure également dans le projet de loi.Enfin, le gouvernement a prévu d’insérer in extremis par amendement dans le projet de loi un accord destiné à faciliter l’utilisation des dispositifs de reconversion professionnelle, trouvé entre plusieurs syndicats et l’ensemble des organisations patronales le 25 juin.Avec cet accord, le compte personnel de formation (CPF) pourra désormais être mobilisé, à hauteur de 50%, avec l’accord du salarié, pour financer une période de reconversion à l’initiative de l’employeur.Cet ANI a été signé côté syndical par la CFDT, FO, la CFE-CGC et la CFTC, mais critiqué par la CGT. Côté patronal, le négociateur du Medef Hubert Mongon avait salué un accord “au service de l’emploi”, également avalisé par la CPME et l’U2P.Deux points d’apparence technique de l’accord font néanmoins tiquer le gouvernement, ce qui agace les partenaires sociaux: la création d’un espace stratégique de concertation et le contrôle par les partenaires sociaux des flux financiers du “projet de transition professionnelle”.”L’accord est transposé dans toutes ses composantes qui changent la donne pour les entreprises et les salariés qui souhaitent se reconvertir. Nous saluons le travail des partenaires sociaux (…) En revanche, pas de création de nouveaux organes ou de flux financiers complexes au moment où nous travaillons sur la simplification administrative”, a-t-on commenté à Matignon.

Boulangers, fleuristes… Le Sénat veut autoriser le travail de leurs salariés le 1er-Mai

Du muguet et du pain pour la Fête du Travail: le Sénat examine jeudi matin un texte pour permettre aux boulangers et aux fleuristes, notamment, de faire travailler leurs salariés le 1er-Mai, une initiative vilipendée par les syndicats et la gauche.Loi de bon sens ou attaque en règle contre les droits des travailleurs ? Les débats s’annoncent passionnés à partir de 10H30 dans l’hémicycle du palais du Luxembourg.Le point de départ de la discussion remonte à la fin du mois d’avril, lorsque certains boulangers étaient montés au créneau, dénonçant les contrôles inédits menés ces dernières années par l’Inspection du travail auprès de plusieurs artisans. Car si eux sont autorisés à travailler, ils ont été épinglés pour avoir fait travailler leurs salariés durant cette journée fériée et chômée en France. Ces chefs d’entreprise s’indignent d’une législation très floue, qui permet certes des exceptions, mais seulement dans les établissements qui “ne peuvent interrompre le travail”, comme les transports, la sécurité ou les hôpitaux…C’est pour clarifier cette disposition que les sénateurs centristes, soutenus par le gouvernement, ont souhaité déposer une proposition de loi au printemps. Portée par le patron de l’UDI (centre) Hervé Marseille et sa collègue Annick Billon, elle est examinée en première lecture.”Pour stabiliser les choses et mettre fin au zèle de ces inspecteurs du travail, on n’a pas d’autre solution que de légiférer”, explique le rapporteur Olivier Henno (UDI). “Si on ne faisait rien, on pourrait aboutir à l’aberration de voir des vendeurs de muguet à la sauvette exercer, alors que les fleuristes devront rester fermés dans cette journée très importante pour leur activité”, décrit-il à l’AFP.- “Une brèche” -Le texte centriste visait initialement à permettre aux établissements déjà autorisés à ouvrir le dimanche de pouvoir le faire le 1er-Mai. Mais en commission, il a été largement modifié ces derniers jours pour définir précisément le périmètre des commerces bénéficiant d’une dérogation uniquement pour la Fête du Travail.Parmi eux figurent les “commerces de bouche de proximité” (boulangeries, pâtisseries, boucheries… ), les activités répondant à un “usage traditionnel propre au 1er-Mai”, comme les fleuristes, ou encore les établissements exerçant “une activité culturelle” comme les cinémas et les théâtres.Ces derniers pourraient donc faire travailler leurs salariés, à condition qu’ils soient volontaires. Ils seraient alors payés double, comme les autres métiers concernés par ces dérogations.La mesure offusque l’ensemble des groupes de gauche au Sénat: tous tenteront de faire rejeter le texte dans sa globalité, les communistes ayant même déposé une motion de rejet préalable. “C’est une nouvelle brèche ouverte dans le droit du travail et dans la protection des salariés”, s’indigne auprès de l’AFP la socialiste Monique Lubin, en colère face aux “coups de canif à répétition” portés selon elle aux avancées sociales. Si le patronat soutient cette modification juridique, les syndicats opposent eux une fin de non-recevoir en bloc: dans un communiqué intersyndical publié mardi, ils ont appelé les sénateurs à s’opposer au texte.”Remettre en cause le principe de cette journée, c’est remettre en cause 100 ans d’histoire de lutte sociale”, écrivent ainsi CGT, CFDT, FO, CFE-CGC, CFTC, UNSA, Solidaires et la FSU.

Les Rencontres économiques d’Aix s’ouvrent jeudi sur fond de crises mondiales multiples

Les Rencontres économiques d’Aix-en-Provence, grand rendez-vous annuel réunissant chefs d’entreprises, responsables politiques, économistes et société civile, démarrent jeudi avec l’ambition d’apporter pendant trois jours une réflexion “apaisée” dans un monde secoué par des chocs multiples, comme la crise budgétaire française ou l’offensive protectionniste américaine.Jusqu’à samedi, plus de 380 intervenants prendront la parole lors de quelque 70 sessions et débats ouverts au grand public dans le parc Jourdan ou en ligne, quelques jours avant la mise en place éventuelle de droits de douane massifs par les Etats-Unis et des annonces budgétaires très attendues par le Premier ministre français François Bayrou.”La convergence d’événements extrêmement différents, que ce soit le choc démographique, la faiblesse de la croissance, la financiarisation massive de l’économie mondiale, la perception des inégalités, constitue une rupture comme on n’en a pas connu depuis un demi-siècle”, explique à l’AFP Jean-Hervé Lorenzi, président des Rencontres d’Aix, organisées par le Cercle des économistes.”On est parti vers des tensions extrêmement incontrôlables”, qu'”on peut essayer d’apaiser un peu”, ajoute-t-il.- Souveraineté européenne -En pleine guerre commerciale avec les Etats-Unis, la thématique de la souveraineté et de la compétitivité européennes sera développée notamment par le ministre français de l’Economie Eric Lombard, le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau, le PDG de TotalEnergies Patrick Pouyanné, ou l’ancien chef du gouvernement italien et ex-président de la Banque centrale européenne (BCE) Mario Draghi, auteur d’un important rapport sur le sujet. En cas d’absence d’accord commercial, Washington a promis de mettre en place le 9 juillet des droits de douane massifs, une échéance qui pourrait toutefois être reportée selon la Maison Blanche. Eric Lombard espère un accord passant notamment par une augmentation en Europe des importations d’énergie en provenance des Etats-Unis.”L’idéal serait de trouver un accord sans avoir à mettre en place une (…) riposte” européenne, a-t-il indiqué dans La Tribune Dimanche, alors qu’Emmanuel Macron a appelé de ses vÅ“ux un accord “rapide”. Parmi les autres intervenants figurent le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot, la prix Nobel d’Economie Esther Duflo, l’ex-Premier ministre français Michel Barnier, la secrétaire générale de la CGT Sophie Binet ou le président du Medef Patrick Martin, sur des thèmes comme l’intelligence artificielle, l’emploi, la crise climatique, les bouleversements géostratégiques ou le choc démographique. – Efforts “très exigeants” -Au-devant de l’actualité en France, les finances publiques très dégradées du pays seront également discutées avant la présentation à la mi-juillet, par le Premier ministre François Bayrou, de sa feuille de route budgétaire pour trouver 40 milliards d’euros en 2026. Nous allons “présenter aux Français, sans dissimuler, les conditions qui peuvent permettre à notre pays d’aller vers (…) un meilleur équilibre des finances publiques”, a récemment déclaré le centriste, désireux de demander un effort à tous.Objectif: réduire progressivement le déficit public pour le ramener sous le seuil de 3% du produit intérieur brut (PIB) en 2029.François Bayrou pourrait à cette occasion lancer un appel à propositions pour certaines économies, a appris l’AFP de plusieurs sources. Il “essaiera de mettre les partis politiques devant leurs responsabilités” et de leur demander, s’ils proposent de nouvelles dépenses, de “trouver les recettes” correspondantes, avance une ministre. La Cour des comptes a prévenu mercredi soir que des efforts budgétaires “très exigeants” seraient nécessaires sur les prochaines années.Cette année, les Rencontres débordent également dans la ville avec une programmation pédagogique et cinématographique spéciale, dans des restaurants notamment. En 2024, l’événement avait attiré près de 7.000 participants et enregistré quelque 5 millions de vues en ligne. Â