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Airbus, Thales et Leonardo scellent leur alliance dans le spatial pour rivaliser avec Starlink

Les poids lourds européens Airbus, Thales et Leonardo ont signé jeudi un protocole d’accord pour fusionner leurs activités dans les satellites, un méga-projet destiné à contrer la domination de Starlink, la constellation d’Elon Musk, et à renforcer la souveraineté de l’Europe.Le “champion européen” ainsi créé emploiera quelque 25.000 personnes à travers l’Europe, pour un chiffre d’affaires attendu de 6,5 milliards d’euros.Il sera opérationnel en 2027 si la Commission européenne donne son feu vert, selon les signataires. “Dans un contexte mondial marqué par une concurrence accrue, nous avons besoin de champions du spatial à l’échelle de l’Europe. C’est le seul moyen (…) pour être plus compétitifs”, a réagi Philippe Baptiste, ministre français de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Espace et ancien patron du Cnes, l’agence spatiale française.La domination de SpaceX, qui déploie à bas coût ses constellations de satellites en orbite basse, la chute de la demande en télévision par satellite et la complexité de la gouvernance spatiale européenne ont plongé le secteur dans une crise profonde, fragilisant les poids lourds européens dont la spécialité reste les gros satellites géostationnaires, placés à 36.000 km d’altitude.L’Europe a ainsi perdu la moitié du marché des satellites en dix ans. L’aboutissement du projet de fusion, baptisé Bromo, permettra de “renforcer notre souveraineté européenne”, s’est également félicité le ministre français de l’Economie Roland Lescure.Même son de cloche côté italien: le ministre des Entreprises et du Made in Italy, Adolfo Urso, a salué l’accord “favorisant l’émergence de champions européens capables de rivaliser à l’échelle mondiale” tout en “conférant un rôle de premier plan à nos grandes entreprises comme Leonardo”. La nouvelle entité sera basée à Toulouse, dans le sud-ouest de la France, où Airbus, Thales Alenia Space et Leonardo disposent déjà d’importantes implantations en ingénierie, production et recherche.A terme, la fusion permettra “plusieurs centaines de millions d’euros” d’économies par an grâce au regroupement des équipes et au partage des technologie, selon Airbus.  – “Monopole”? -Airbus, Leonardo et Thales détiendront respectivement 35%, 32,5% et 32,5% du capital et exerceront conjointement la gouvernance. Des syndicats ont toutefois mis en garde contre un risque de “monopole” et prévenu que les suppressions d’emploi en cours dans les branches spatiales d’Airbus et Thales mettaient “en péril le maintien des compétences”.Pour la CGT Métallurgie, cette fusion vise à “créer un monopole permettant d’imposer ses prix et d’affaiblir le pouvoir des agences” spatiales française Cnes et européenne ESA. Dans un communiqué mardi, le syndicat a fait valoir qu’Airbus et Thales Alenia Space avaient déjà “un carnet de commandes record qu’ils (avaient) du mal à honorer”.Le syndicat FO Métaux a estimé jeudi que cette fusion ouvrait “la voie à un nouvel équilibre industriel”, à condition que des “savoir-faire” français soient préservés. Elle “ne peut être synonyme de perte d’emploi”, a-t-il mis en garde. “Nous avons trouvé un équilibre, qui se rapproche de ce qui a été fait avec succès il y a 25 ans avec MBDA”, a assuré un haut responsable d’Airbus faisant référence au consortium européen spécialisé dans les missiles, où les principaux actionnaires européens — Airbus, BAE Systems et Leonardo — exercent un contrôle conjoint sur les décisions stratégiques.La souveraineté des Etats sera “préservée”, a-t-il ajouté.- Airbus de l’espace -Dans une interview à l’AFP début octobre le patron de l’ESA Josef Aschbacher avait promis de soutenir Bromo “par tous les moyens”.  “Nous avons vu la force de l’industrie européenne dans l’aviation avec Airbus, qui domine le secteur. Le secteur de l’espace est plus petit, par conséquent, l’Europe doit être encore plus alignée”, avait-t-il estimé. Face à la crise des satellites de télécommunication européens, “nous avons malheureusement dû effectuer des réductions de coûts (en supprimant des emplois, ndlr) au cours des deux dernières années”, a souligné le responsable d’Airbus jeudi. “Avec un marché en croissance, nous ne voyons à ce stade aucune fermeture de site ou autre mesure spectaculaire”, a-t-il assuré. Thales a pour sa part indiqué jeudi que compte tenu du gain d’un important contrat lié à la future constellation européenne de satellites Iris², la suppression de postes dans sa branche spatiale avait été “suspendue”, après avoir déjà redéployé 75% de salariés. 

“Comment je fais, moi, pour manger?”: des fonctionnaires américains asphyxiés par la paralysie budgétaire

“Faut bien que je vive”, lance d’un ton amer Diane Miller, 74 ans, au milieu d’un parking en banlieue de Washington. A ses côtés, des centaines d’employés fédéraux, étranglés économiquement par la paralysie budgétaire aux Etats-Unis, font la queue devant une distribution d’aide alimentaire.Son tour arrive, elle montre sa carte de fonctionnaire de l’Etat fédéral et reçoit deux cartons: un de fruits et légumes frais, un de denrées non périssables. Une aide “nécessaire” depuis que sa fiche de paie affiche le chiffre “0”.La grande majorité des employés fédéraux ont été placés au chômage technique depuis le 1er octobre et ne touchent plus leur salaire à cause du fameux “shutdown”, faute d’accord entre les républicains de Donald Trump et l’opposition démocrate sur le budget américain.”C’est horrible, on en souffre tous. J’ai travaillé plus de 50 ans pour l’Etat et je me retrouve ici, dans cette file, à venir chercher de la nourriture. Sans ça, comment je fais, moi, pour manger?”, lance, les yeux brillants de colère, Diane Miller.Pour accompagner les fonctionnaires, des distributions de nourriture sont organisées à travers le pays. Mercredi près de Washington, les plus de 310 cartons, contenant chacun l’équivalent de 75 dollars de course, ont été distribués en moins d’une heure.”Ces gens, il y a encore deux semaines, recevaient un salaire régulier et menaient une vie normale. Soudain, ils se sont retrouvés sans rien et font la queue pour recevoir de la nourriture”, soupire Dave Silbert, à la tête de la banque alimentaire qui co-organise la distribution.”Personne ne mérite d’être traité comme nous le sommes actuellement”, fustige Diane Miller, qui travaille pour la Fema, l’agence gouvernementale mobilisée en cas de catastrophe naturelle, qui a vu ses effectifs fondre sous les assauts de Donald Trump.Pour elle, il n’est plus question de faire des dépenses “inutiles”, et encore moins d’aller au restaurant.- “Triste d’être Américaine” -Dans la file d’attente, Adrian, qui préfère taire son nom de famille par crainte de représailles, lâche dans un flot de parole: “On peut à peine payer nos emprunts bancaires et avec les factures du quotidien, comme le téléphone et tout, ça fait effet domino. J’ai besoin d’aide. Ça ne devrait pas être le cas après 33 ans au service de mon pays.””Tout le monde est payé: les députés, les sénateurs. Alors que nous, non. Si on n’est pas payés, ils ne devraient pas l’être non plus.”Cette experte en droit fiscal pointe du doigt la politique de Donald Trump, et notamment les drastiques coupes dans les emplois fédéraux effectuées en début d’année via sa commission à l’efficacité gouvernementale, Doge, chapeautée par Elon Musk: “Tout le monde nous voit maintenant comme un ennemi, alors qu’on fait juste notre travail.””Combien de temps ça va durer?” La paralysie budgétaire, qui s’étire depuis 22 jours, est d’ores et déjà la deuxième plus longue de l’histoire du pays.La question angoisse Amber, employée des ressources humaines de l’armée américaine qui n’a pas souhaité être identifiée: “J’ai très peur que ça dure encore longtemps. Je suis dans une situation très précaire, en plein divorce, et maintenant, sans salaire, j’ai du mal à joindre les deux bouts.”Elle dit qu’elle vient d’emprunter 20.000 dollars pour payer des loyers. “Je suis ici aujourd’hui parce que je dois bien nourrir mes deux enfants…”, glisse-t-elle.”Si ça dure jusqu’aux vacances de Thanksgiving (fin novembre, ndlr), puis jusqu’à l’hiver, ce sera la +cata+!”, renchérit Diane Miller.D’un sourire crispé, la septuagénaire soupire: “Aujourd’hui, je suis triste d’être Américaine.”

Le gouvernement acte la suspension de la réforme des retraites, son financement critiqué

Le gouvernement a acté jeudi la suspension de la réforme des retraites dans le projet de budget de la Sécurité sociale, mais la mise à contribution des complémentaires santé et des retraités, prévue pour la financer, suscite de vives critiques.  Après plusieurs jours de tergiversations sur le véhicule législatif – amendement, projet de loi à part… – l’option de la lettre rectificative au projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) a finalement été entérinée lors d’un Conseil des ministres spécial présidé, en visioconférence, par le président Emmanuel Macron depuis Bruxelles.”Gage de clarté et de transparence, cette inscription dans le texte initial”, réclamée par le RN et la gauche, “vise à garantir la tenue d’un débat parlementaire loyal et sincère”, a souligné Matignon dans un communiqué alors que l’examen du PLFSS débute lundi au Parlement.Le projet décale dans le temps l’application de la réforme Borne de 2023. Il suspend jusqu’à janvier 2028 la marche en avant vers les 64 ans, tout comme le relèvement du nombre de trimestres à cotiser pour partir à taux plein.Cette suspension coûtera 100 millions d’euros en 2026 et 1,4 milliard d’euros en 2027, selon la lettre rectificative dévoilée mercredi par le quotidien économique Les Échos et dont l’AFP a obtenu copie.Pour financer la mesure, les complémentaires santé et les retraités seront mis à contribution, d’après le document.La sous-indexation des pensions par rapport à l’inflation, initialement prévue à 0,4 point, sera augmentée de 0,5 point supplémentaire en 2027, ce qui pèsera sur le pouvoir d’achat des retraités.Le taux de contribution des organismes complémentaires (mutuelles, assurances de santé…) passera de 2,05% à 2,25% en 2026.- “jeu de dupes” -Les options retenues font controverse. D’autant que le gouvernement avait indiqué que les pensions de retraite et les prestations sociales seraient gelées en 2026 pour freiner la dérive des dépenses publiques.”Il n’est pas possible que la désindexation des pensions prévoie quasiment deux années blanches pour les retraités en 2026 et 2027. Les plus modestes ne peuvent supporter une telle mesure”, a réagi à l’AFP Yvan Ricordeau, numéro 2 de la CFDT.”On fait payer une micro-suspension de la réforme aux retraités actuels et futurs”, a déploré Denis Gravouil, secrétaire confédéral de la CGT, Rémi Servot, de l’Association nationale des retraités (ANR), qualifiant le projet de financement d'”assez scandaleux”.A gauche, La France insoumise a dénoncé “un jeu de dupes”. “Les retraités partiront trois mois avant mais avec une retraite plus faible”, a relevé le président de la commission des Finances, Eric Coquerel.LFI a rapidement reporté les torts sur les socialistes qui ont décidé de ne pas censurer, dans l’immédiat, le gouvernement de Sébastien Lecornu notamment contre la promesse d’une suspension de la réforme Borne. “Bravo le PS!”, a ironisé sur X le coordinateur du mouvement Manuel Bompard.”Quel est l’objectif derrière ça?”, s’est interrogée la présidente du groupe écologiste et social à l’Assemblée nationale, Cyrielle Chatelain, pour qui le gouvernement veut rendre “ce report finalement insupportable”.Le Rassemblement national, également favorable à la suspension, a lui aussi dénoncé le financement de la mesure. “Ils tapent toujours sur les mêmes. Et en l’occurrence, évidemment, les retraités sont assez lourdement frappés par ce budget”, a dénoncé, depuis l’Assemblée nationale, la présidente des députés RN Marine Le Pen. “La question, c’est comment le PS va voter ça? Comment les LR vont voter ça?”, a-t-elle ajouté, sans préciser si son parti pourrait s’abstenir sur le projet de budget de la Sécurité sociale afin de laisser passer la suspension.Dans un climat déjà empreint de suspicion, le chef de l’État avait semé le trouble mardi en déclarant depuis la Slovénie que la réforme n’était ni “abrogée” ni “suspendue”, au risque de fragiliser son Premier ministre.L’entourage du président de la République a toutefois démenti depuis tout contentieux entre les deux têtes de l’exécutif, expliquant qu’il avait seulement signifié que la réforme ne pouvait être suspendue “ad vitam” au regard des besoins de financement du système.bur-bj-vl-sde/jmt/tes

TotalEnergies condamnée pour ses promesses de “neutralité carbone”

La compagnie pétrolière TotalEnergies a été condamnée jeudi par la justice française pour pratiques commerciales trompeuses pour la promotion de ses engagements vers la neutralité carbone d’ici 2050, une première de ce type contre une major pétrolière.Il s’agit du “premier jugement au monde qui statue qu’un grand groupe pétrolier et gazier a trompé le public en verdissant son image”, a réagi auprès de l’AFP l’ONG ClientEarth qui suit de près la jurisprudence sur le greenwashing contre l’industrie pétrolière et gazière et a soutenu les associations plaignantes.Le tribunal judiciaire de Paris a estimé que le groupe TotalEnergies et sa filiale TotalEnergies Electricité et Gaz avaient fait état d’allégations environnementales à partir du site commercial totalenergies.fr qui “étaient susceptibles d’altérer le comportement d’achat du consommateur” et de nature à l'”induire en erreur” en lui faisant croire qu’elle pouvait atteindre la neutralité carbone en 2050 tout en augmentant la production de pétrole et de gaz, selon un communiqué du tribunal sur cette procédure civile. Le tribunal a en revanche rejeté les demandes des associations concernant les allégations de TotalEnergies sur le gaz fossile et les agro-carburants.Le tribunal avait été saisi en 2022 au civil par les ONG Greenpeace France, Les Amis de la Terre France et Notre Affaire à Tous.Elles se sont immédiatement félicitées d'”un précédent juridique majeur contre la désinformation climatique des majors pétrolières”, dans un communiqué.La décision sera centrale dans la jurisprudence naissante sur le greenwashing ou écoblanchiment – le fait de se présenter plus vertueux sur l’environnement qu’en réalité – non seulement en France mais en Europe et au-delà.Des tribunaux et régulateurs européens ont déjà épinglé pour écoblanchiment les compagnies aériennes KLM en 2024 et Lufthansa en mars, et d’autres entreprises dans l’alimentation et d’autres secteurs.Mais jamais une compagnie pétrolière n’avait été condamnée par un tribunal pour sa communication sur sa stratégie climatique autour d’objectifs de zéro émission de gaz à effet de serre. Et bien que le jugement soit français, la condamnation devrait faire référence au-delà, explique Johnny White, juriste de ClientEarth. – Retrait des messages -L’affaire portait sur la campagne de communication du groupe déployée à partir de mai 2021 sur son site internet, dans la presse, sur les réseaux sociaux et à la télévision. A l’époque, Total venait de se rebaptiser TotalEnergies pour souligner son ambition d’être “la compagnie de toutes les énergies”, du pétrole à l’électricité éolienne et solaire.Le groupe affichait alors son objectif de “neutralité carbone d’ici 2050, ensemble avec la société” et vantait le gaz comme “l’énergie fossile la moins émettrice de gaz à effet de serre”, malgré son bilan climatique contesté en raison des fuites de méthane, très réchauffant pour l’atmosphère.En tout, une quarantaine de messages, dont une partie sont encore accessibles en ligne, étaient épinglés. Les associations ont obtenu le retrait sous astreinte “dans le délai d’un mois à compter de la signification de la décision” de ceux concernant la neutralité carbone et la transition énergétique, tels que: “Notre ambition est d’être un acteur majeur de la transition énergétique tout en continuant à répondre aux besoins en énergie des populations” ou “Nous avons pour ambition de contribuer à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 ensemble avec la société”. TotalEnergies et TotalEnergies Electricité et Gaz France devront en outre publier dans le même délai et pendant 180 jours le jugement sur la page d’accueil du site www.totalenergies.fr- Des investissements réels -En face, le groupe, qui n’a pas encore réagi au jugement, défendait sa bonne foi et la réalité de ces investissements “bas carbone”, dans le solaire par exemple.Il avançait que ces messages n’étaient pas des publicités destinées aux consommateurs mais relevaient d’une “communication institutionnelle” et générale, encadrée par le code monétaire et financier.Cette affaire est “une instrumentalisation du droit de la consommation pour critiquer la stratégie de la société”, affirmait le groupe.

Le Parlement européen adopte des règles plus strictes contre la pollution aux microplastiques

Le Parlement européen a définitivement adopté jeudi un règlement renforçant la lutte contre les microplastiques en s’attaquant aux granulés plastiques industriels (GPI), des microbilles utilisées pour la fabrication de tous les objets plastique.Le texte, qui élargit la responsabilité des pertes de GPI) dans l’environnement aux transporteurs et a fait l’objet d’un compromis entre les eurodéputés, la Commission européenne et les Etats membres, avait été largement validé lundi en commission parlementaire. Jeudi, en séance plénière, il a été adopté sans nouveau vote, aucun amendement ou motion de rejet n’ayant été déposé.Ces granulés produits par l’industrie pétrochimique par millions de tonnes chaque année dans le monde, sont livrés par bateaux ou camions aux plasturgistes afin d’être transformés en objets ou composants.Plusieurs dizaines de milliers de tonnes sont perdues chaque année dans l’Union européenne (UE) – entre 52.000 et 180.000 en 2019, selon la Commission européenne – polluant les mers ou les sols.En mer, les granulés, aussi surnommés “larmes de sirène”, peuvent causer des “marées blanches” qui déferlent sur les plages et sont extrêmement difficiles à nettoyer.L’inclusion dans la règlementation du transport maritime, qui était épargné jusque-là, est la principale avancée du texte.En vertu du règlement adopté jeudi, les armateurs devront emballer les granulés dans des containers de qualité suffisante et étiquetés comme contenant des microplastiques.En cas de perte accidentelle, ils devront immédiatement alerter les services d’urgence compétents et prendre des mesures pour limiter les dégâts ; puis ils devront donner dans les 30 jours une estimation de la quantité de microplastiques déversée dans l’environnement.”Avec ce règlement, il ne peuvent plus dire: ah non, ce n’est pas moi”, s’est félicité auprès de l’AFP le rapporteur du texte, le socialiste César Luena. “On leur impose une responsabilité. Ce sont les premiers responsables d’avertir les autorités.”Toutes les entreprises, européennes ou non, transportant plus de cinq tonnes de microplastiques par an dans l’UE devront se conformer au nouveau règlement, dans un délai de deux ans pour le transport terrestre et trois ans pour le transport maritime.Les industriels qui produisent, transportent ou transforment ces granulés devront établir des plans d’évaluation des risques afin de contenir les fuites éventuelles et engager rapidement des opérations de nettoyage le cas échéant.Les grandes entreprises qui produisent ou transportent plus de 1.500 tonnes de microplastiques par an auront 5 ans à partir de l’entrée en vigueur du texte pour obtenir une certification auprès d’un organisme indépendant.

Thales: Iris² dope les commandes et sauve des emplois dans le spatial

Le contrat lié à la future constellation européenne de satellites Iris² a contribué au 3e trimestre au bond des commandes du groupe de haute technologie Thales, jusqu’ici porté surtout par la défense, assurant l’arrêt des suppressions de postes dans la branche spatiale.Thales, qui vient parallèlement d’annoncer la signature d’un accord avec l’européen Airbus et l’italien Leonardo pour fusionner ses activités spatiales, a détaillé jeudi ce contrat d’un montant de plus de 100 millions d’euros.Il marque la première phase d’ingénierie du projet de constellation Iris² (prononcé Iris Square), clé pour la sécurité européenne et la relance d’un secteur de satellites de communications affaibli par la domination de Starlink, la méga-constellation d’Elon Musk.”Pour la première fois, nous avons pu signer un contrat de taille très significative avec SpaceRise”, le consortium des trois opérateurs de satellites chargé du déploiement en 2030 d’Iris², un réseau de près de 300 satellites pour la connectivité sécurisée, a déclaré Pascal Bouchiat, directeur financier de Thales, au cours d’une conférence de presse téléphonique. – “Dégradation de la santé” -Interrogé par l’AFP, il a confirmé que “compte tenu du projet Iris²”, la suppression de postes dans sa branche spatiale avait été “suspendue”, après avoir déjà redéployé 75% de salariés. En juin, le groupe avait déjà fait état d’un “ralentissement” de la mise en œuvre de son “plan d”adaptation” lancé en mars 2024 et concernant 1.300 salariés dans le spatial dont 980 en France. L’annonce de ce contrat intervient dans un contexte social tendu : la CGT de Thales Alenia Space a assigné la direction en justice, dénonçant une “dégradation de la santé des salariés” liée au plan de suppressions de postes.Le tribunal de Toulouse rendra sa décision le 15 décembre, après l’audience tenue le 20 octobre.Le syndicat demande au juge d’imposer à la direction l’arrêt “complet et définitif” de ce plan ainsi qu’un plan d’embauches “à la hauteur de la charge de travail”.”Les accusations portées par la CGT sont infondées et dénuées d’objet, sachant que le plan évolue à un niveau fortement ralenti depuis le premier trimestre 2025. Il a par ailleurs été suspendu pour les équipes travaillant sur les programmes spatiaux”, argumente la direction de Thales dans un communiqué envoyé à l’AFP en assurant que la santé des salariés était une “priorité”.Elle a toutefois rappelé que la demande en satellites de communication avait “été divisée par deux ces cinq dernières années”, ce qui a motivé la réduction des emplois.  “L’activité télécom dans le domaine spatial reste sous pression”, a souligné Pascal Bouchiat. “Le fait que nous ayons ce premier contrat de développement sur Iris Square n’enlève pas l’ensemble des challenges auxquels cette industrie fait face en Europe. Starlink n’a pas disparu”, a-t-il ajouté.- Missiles pour plus d’un milliard d’euros -Avec quatre gros contrats engrangés au troisième trimestre, dont trois dans la défense, les commandes de Thales ont progressé de 37% par rapport à la même période de l’année précédente, à 6,4 milliards d’euros, selon un communiqué publié jeudi. Le groupe a notamment décroché un contrat de plus d’un milliard d’euros avec le ministère de la Défense du Royaume-Uni pour la production et la livraison de 5.000 missiles LMM pour un pays tiers.Deux autres commandes de plus de 100 millions d’euros sont celle du ministère allemand de la Défense pour des radars portatifs de surveillance terrestre pour un pays tiers, et d’un autre pays européen pour la livraison de munitions de 70 millimètres.Sur les neuf premiers mois de l’année, les prises de commandes ont également augmenté, de 8%, à 16,8 milliards d’euros.Au troisième trimestre, le chiffre d’affaires a progressé de 9,1%, à 4,95 milliards d’euros. Des éléments qui permettent de “confirmer avec confiance” les objectifs annuels d’une croissance du chiffre d’affaires de 6 à 7% à périmètre et changes constants, dans la fourchette de 21,8 à 22 milliards d’euros, et d’une marge opérationnelle de 12,2 à 12,4%. Vers 11H15, l’action Thales gagnait 1,2% à 262,30 euros à la Bourse de Paris, dans un marché en légère hausse.

Airbus, Thales et Leonardo fusionnent leurs activités spatiales pour la souveraineté de l’Europe

Les poids lourds européens Airbus, Thales et Leonardo ont signé jeudi un protocole d’accord en vue de fusionner leurs activités dans les satellites, un méga-projet destiné à contrer la domination de Starlink, la constellation d’Elon Musk, et à renforcer la souveraineté de l’Europe.L'”acteur spatial européen de premier plan” ainsi créé emploiera quelque 25.000 personnes à travers l’Europe, pour un chiffre d’affaires de 6,5 milliards d’euros (à fin 2024) et un carnet de commandes représentant plus de trois années de ventes.Il sera opérationnel en 2027 si la Commission européenne donne son feu vert, souligne Thales.”Dans un contexte mondial marqué par une concurrence accrue, nous avons besoin de champions du spatial à l’échelle de l’Europe. C’est le seul moyen pour investir plus, innover plus, être plus compétitifs et mettre le spatial au service de notre autonomie stratégique”, a réagi Philippe Baptiste, ministre français de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Espace et ancien patron du Cnes, l’agence spatiale française. Ce projet de fusion, baptisé Bromo, est “une excellente nouvelle”, s’est également félicité le ministre français de l’Economie Roland Lescure, saluant “la création d’un champion européen des satellites” qui permettra de “renforcer notre souveraineté européenne”. – “Monopole”? -Le siège social de la nouvelle entité sera basé à Toulouse, dans le sud-ouest de la France, où Airbus, Thales Alenia Space et Leonardo disposent déjà d’importantes implantations en ingénierie, production et recherche, a annoncé un haut responsable de Thales lors d’une conférence téléphonique.Airbus, Leonardo et Thales détiendront respectivement 35%, 32,5% et 32,5% du capital. L’entreprise fonctionnera sous contrôle conjoint, avec “une gouvernance équilibrée”, selon Leonardo. Des syndicats ont toutefois mis en garde contre le “monopole” que créerait cette fusion et prévenu que les suppressions d’emploi en cours dans les branches spatiales d’Airbus et de Thales mettaient “en péril le maintien des compétences”.Pour la CGT Métallurgie, la raison de cette fusion est “de créer un monopole permettant d’imposer ses prix et d’affaiblir le pouvoir des agences” spatiales française Cnes et européenne ESA. Dans un communiqué mardi, le syndicat a fait valoir qu’Airbus et Thales Alenia Space avaient déjà “un carnet de commandes record qu’ils (avaient) du mal à honorer”.Le syndicat FO Métaux a estimé jeudi que cette fusion ouvrait “la voie à un nouvel équilibre industriel”, à condition que des “savoir-faire” français soient préservés. Elle “ne peut être synonyme de perte d’emploi”, a-t-il mis en garde. “Nous avons trouvé un équilibre, qui se rapproche de ce qui a été fait avec succès il y a 25 ans avec MBDA”, a assuré un haut responsable d’Airbus faisant référence au consortium européen spécialisé dans les missiles, où les principaux actionnaires européens — Airbus, BAE Systems et Leonardo — détiennent des parts équilibrées et exercent un contrôle conjoint sur les décisions stratégiques.La souveraineté des Etats sera “préservée” avec de “fortes fonctions transversales”, a-t-il ajouté.- Airbus de l’espace -Dans une interview à l’AFP début octobre le patron de l’ESA Josef Aschbacher avait promis de soutenir Bromo “par tous les moyens”.  “Nous avons vu la force de l’industrie européenne dans l’aviation avec Airbus, qui domine le secteur. Le secteur de l’espace est plus petit, par conséquent, l’Europe doit être encore plus alignée”, avait-t-il déclaré. Face à la crise des satellites de télécommunication européens, “nous avons malheureusement dû effectuer des réductions de coûts (en supprimant des emplois, ndlr) au cours des deux dernières années. C’est en grande partie accompli”, a souligné le responsable d’Airbus. “Avec un marché en croissance, nous ne voyons à ce stade aucune fermeture de site ou autre mesure spectaculaire”, a-t-il assuré. Thales a pour sa part indiqué jeudi que compte tenu du gain d’un important contrat lié à la future constellation européenne de satellites Iris2, la suppression de postes dans sa branche spatiale avait été “suspendue”, après avoir déjà redéployé 75% de salariés. La nouvelle entité regroupera principalement les activités Space Systems et Space Digital d’Airbus, les co-entreprises de Thales et Leonardo – Thales Alenia Space et Telespazio -, ainsi que la filiale Thales SESO.

La Bourse de Paris avance au rythme des résultats

La Bourse de Paris évolue en petite hausse, les investisseurs digérant une nouvelle série de résultats d’entreprises, dont le poids lourd du luxe Kering, sur fond de tensions commerciales entre les Etats-Unis et la Chine.Vers 10H00, l’indice vedette de la place parisienne prenait 0,53%, soit un gain de 43,29 points, pour s’établir à 8.250,16 points. Mercredi, le CAC 40 avait cédé 0,63%, pour terminer à 8.206,87 points.”La proposition de l’administration Trump d’imposer de nouvelles restrictions sur les exportations de logiciels vers la Chine a ravivé les craintes d’une nouvelle escalade commerciale”, a commenté Patrick Munnelly, analyste de Tickmill Group.Le président américain Donald Trump va entamer à la fin de la semaine une importante tournée en Asie, qui devrait être marquée par une rencontre très attendue avec son homologue chinois Xi Jinping. M. Trump a toutefois soufflé le chaud et le froid au sujet de ces discussions, estimant cette semaine qu’elles pourraient “peut-être” ne pas se tenir.Les investisseurs digèrent par ailleurs une nouvelle salve de résultats d’entreprises.Kering se démarqueLe groupe de luxe Kering était en forte hausse au lendemain de la publication de ses ventes au troisième trimestre, en baisse de 10% à 3,4 milliards d’euros, mais au-dessus des attentes du marché.Le titre prenait 8,48% à 344,20 euros, vers 09H50, prenant largement la tête de l’indice vedette CAC 40.Série de cartons rougesL’éditeur français de logiciels Dassault Systèmes (-14,18% à 25,85 euros vers 09H50) chutait après avoir revu en baisse ses objectifs pour 2025 à cause d’une croissance moins rapide qu’espéré.Le groupe de restauration collective et de services Sodexo (-9,71% à 50,70 euros) chutait après avoir clos son exercice 2024-2025 sur un bénéfice net de 695 millions d’euros, en baisse de 5,8% par rapport à celui de l’année précédente. “Le point clé aujourd’hui concerne les prévisions faibles pour l’exercice 2026”, estiment les analystes de Jefferies dans une note.Le distributeur Carrefour (-4,30% à 12,90 euros) plongeait à la suite de l’annonce d’un chiffre d’affaires de 22,6 milliards d’euros au troisième trimestre, en recul de 1,5%, pénalisé par l’évolution des changes en Amérique latine.Le groupe franco-italien STMicroelectronics (-3,26% à 24,66 euros), spécialisé dans les semi-conducteurs, a vu son titre fortement baisser, de plus de 5%, à l’ouverture de la Bourse, dans le sillage de la publication d’un bénéfice net en baisse de 32,3% au troisième trimestre.

Les leaders de l’UE à Bruxelles pour un moment de clarification sur le climat

L’Union européenne va-t-elle renoncer à certaines de ses ambitions climatiques au nom de la protection de ses industries, soumises à une concurrence internationale féroce? Cette question brûlante sera au cœur des discussions entre les 27 dirigeants jeudi à Bruxelles, avec une échéance très serrée pour l’arbitrer.”Je pense qu’il y aura un échange très vif à ce sujet”, prédit un diplomate européen.Deux dossiers illustrent parfaitement à quel point l’équilibre que les Européens recherchent, entre climat et compétitivité, est précaire.- “Petite fenêtre de tir” -L’adoption d’un objectif commun pour réduire les émissions de gaz à effet de serre en 2040, d’abord. Les Européens ont ici particulièrement du mal à s’entendre, mais veulent afficher un front uni avant la grand-messe du climat au Brésil, début novembre.Un blocage persiste sur la proposition de la Commission européenne de réduire ces émissions de 90% par rapport à 1990.Le Danemark, la Suède et l’Espagne poussent pour, mais des pays comme la Hongrie et la République tchèque sont contre au nom de la défense de leur industrie. La France reste prudente.”Les dirigeants disposent d’une petite fenêtre de tir pour sortir de l’impasse et envoyer un signal clair avant la COP30″, estime Elisa Giannelli, du think tank E3G.La Commission a fait un geste début juillet, en proposant une  flexibilité dans le mode de calcul: la possibilité d’acquérir des crédits carbone internationaux, à hauteur de 3% du total, qui financeraient des projets en dehors de l’Europe. Mais cette concession n’a pas suffi.Aucune décision formelle n’est attendue sur ce point lors des échanges entre les 27 chefs d’Etat et de gouvernement à Bruxelles. Le sommet est davantage vu comme un moment de clarification, avant une réunion capitale, prévue le 4 novembre.- La croisade de Merz -Autre dossier essentiel: l’interdiction de vendre des voitures thermiques neuves dans l’UE à partir de 2035. Cette mesure est de loin la plus symbolique du Pacte vert européen, cet ensemble de textes qui doit permettre au continent d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. C’est probablement la plus tangible pour les consommateurs européens aussi. Mais elle est vivement contestée par les constructeurs automobiles, qui réclament à cor et à cri un assouplissement des règles.Ils ont dans cette croisade le soutien du chancelier allemand Friedrich Merz, qui a jeté un pavé dans la mare début octobre en s’engageant à “tout faire” pour lever cette interdiction de vente de voitures en 2035. La France et l’Espagne s’opposent à cette initiative, plaidant plutôt pour une flexibilité pour le secteur.- “Changement de mentalité” -Bousculée par la poussée de l’extrême droite aux élections européennes de juin 2024, l’UE est de fait beaucoup moins allante sur les enjeux environnementaux qu’il y a quelques années.L’écologie peine à trouver une place dans l’agenda, dans un contexte géopolitique tendu.”Il y a un changement de mentalité, c’est assez évident”, estime un diplomate européen. “Personne ne remet en question la nécessité de lutter contre le changement climatique. Mais la manière d’y parvenir a changé”.Certains scientifiques rétorquent toutefois que cet arbitrage entre ambitions climatiques et protection de l’industrie n’est pas nécessaire.”Il est scientifiquement prouvé qu’un objectif climatique ambitieux pour 2040 est compatible avec la prospérité économique”, défendent 2.000 d’entre eux dans une missive envoyée aux chefs d’État en amont du sommet.Sous la pression d’industriels, de plusieurs États membres mais au grand dam des ONG, l’Union européenne a en parallèle lancé la révision de plusieurs textes très ambitieux, qu’elle a adopté il y quelques années seulement, portant notamment sur la déforestation ou le droit de vigilance des entreprises. 

Les Bourses européennes ouvrent en timide hausse

Les Bourses européennes ont ouvert jeudi en timide hausse, les investisseurs digérant une nouvelle salve de résultats d’entreprises sur fond de tensions commerciales entre les Etats-Unis et la Chine.Dans les premiers échanges, la Bourse de Paris prenait 0,34%, Francfort 0,23%, tandis que Londres et Milan gagnaient 0,35%.