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Hermès va augmenter ses prix aux Etats-Unis pour compenser les droits de douane

Le groupe de luxe Hermès, qui est devenu la première capitalisation boursière française, a annoncé jeudi une augmentation de ses prix aux Etats-Unis pour compenser les 10% de droits de douane américains.Hermès, connu pour ses sacs Birkin (un modèle à plus de 10.000 dollars) ou ses carrés de soie, entend “compenser intégralement” l’impact des 10% de droits de douane américains en augmentant ses prix de vente aux Etats-Unis “dès le 1er mai et sur l’ensemble des métiers”, a déclaré le directeur général des finances du groupe, Eric Halgouët.Il n’a pas précisé le montant de cette augmentation des prix.”Ce sera une hausse de prix complémentaire qu’on est en train de finaliser, mais qui nous permettra de neutraliser cet impact” des droits de douane, a-t-il souligné, lors d’un échange avec des journalistes, en marge de la publication d’un chiffre d’affaires du groupe en hausse de 8,5%, à 4,1 milliards d’euros, au premier trimestre.”Dans un contexte géopolitique et économique complexe, la maison renforce plus que jamais ses fondamentaux”, a relevé Axel Dumas, gérant d’Hermès, cité dans un communiqué de l’entreprise.Le sellier-maroquinier, qui avait déjà fait grimper ses prix dans le monde de “6 à 7%” en début d’année, ne les augmente habituellement qu’une fois par an.- “Pour compenser” -En février, en marge de la présentation des résultats annuels 2024, Axel Dumas avait prévenu que “si les droits de douane augmentent”, le groupe allait “augmenter [ses] prix pour compenser”.”Les clients américains nous resteront fidèles et ceux qui trouvent ça trop cher viendront profiter de nos infrastructures hôtelières à Paris et achèteront au Faubourg (magasin amiral et siège du groupe, situé rue du Faubourg-Saint-Honoré, NDLR)”, avait-il assuré.Au premier trimestre, les ventes du groupe ont été portées par la région “Amériques” (+13,3% à 695 millions d’euros). “C’est une croissance à deux chiffres, tant aux États-Unis, au Canada, au Mexique ou même au Brésil”, a détaillé Eric Halgouët. Aux Etats-Unis, le début d’année a “été perturbé par des événements climatiques”, les incendies à Los Angeles qui ont conduit à la fermeture de deux magasins Hermès pendant plusieurs jours, “et des évènements de neige dans certains autres Etats assez atypiques d’ailleurs, comme par exemple la Floride”, a-t-il signalé. “On a démarré l’année avec un très faible niveau de stocks aux États-Unis” avant de “terminer le trimestre par un très beau mois de mars et ce dans toutes les villes”, a-t-il complété.- “Ultra luxe” pour “ultra riches” -Hermès a un “positionnement +ultra luxe+, avec des articles achetés par une clientèle +ultra riche+”, soulignait mardi Andréa Tueni, responsable des activités de marchés de Saxo Banque France, alors que le sellier-maroquinier venait de ravir à LVMH la place de première capitalisation boursière du CAC 40, à la Bourse de Paris.”En période de turbulences financières que l’on vit aujourd’hui, avec un contexte incertain, cette capitalisation confirme la confiance des investisseurs et le positionnement de la maison comme une valeur refuge”, a jugé jeudi Eric Halgouët.”L’élément différenciant, c’est la stratégie à long terme qui permet aux investisseurs d’avoir cette confiance dans la maison”, a-t-il ajouté.Les analystes de la banque HSBC insistaient en mars sur le “modèle économique unique” du groupe. Selon eux, ce modèle repose sur “la rareté de ses sacs à main emblématiques et le succès d’autres lignes de sacs à main”, ainsi que sur “les divisions hors cuir, qui ont également fait preuve d’une plus grande résilience au fil du temps”. “Un autre atout du modèle économique d’Hermès réside dans sa large gamme de produits, allant des sacs à main haut de gamme emblématiques aux produits plus abordables, tels que les bijoux en argent et les produits de beauté”, expliquaient ces analystes.Dans le secteur du luxe, le constructeur automobile italien Ferrari avait aussi annoncé fin mars son intention de répercuter sur ses prix de vente aux Etats-Unis l’impact des nouveaux droits de douanes américains.

Les Bourses mondiales naviguent à vue, au gré des négociations commerciales

Les Bourses mondiales sont suspendues jeudi aux négociations commerciales des partenaires économiques de Washington sur fond de tensions douanières, quand les banques centrales doivent décider quel ton adopter.En Europe, vers 07H30 GMT, la Bourse de Paris était quasi stable (-0,02%), Londres perdait 0,24% quand Milan prenait 0,14%, et Francfort 0,36%.Pékin et Washington continuent mercredi de se renvoyer la balle sur les droits de douane, alimentant l’incertitude quant à l’issue d’une guerre commerciale.Mercredi, l’Organisation mondiale du commerce (OMC) a estimé que le commerce mondial de marchandises pourrait perdre de 0,2% à 1,5% en volume en 2025, en fonction de l’ampleur de la politique protectionniste de Donald Trump.De son côté, le patron de la Réserve fédérale américaine (Fed) Jerome Powell a estimé, également mercredi, que “les droits de douane vont très certainement entraîner au moins une hausse temporaire de l’inflation” avec la possibilité que “les effets inflationnistes soient également persistants”.Ses commentaires ont créé “une inquiétude croissante concernant les perspectives à court terme”, affirme Jim Reid, économiste à la Deutsche Bank. “De plus, il a minimisé la nécessité d’une intervention de la Fed sur les marchés, soulignant qu’ils demeuraient ordonnés.””En d’autres termes, M. Powell a déclaré que l’inflation était sa priorité et que la meilleure chose à faire était d’attendre avant de réduire les taux”, commente Ipek Ozkardeskaya, analyste chez Swissquote Bank.Pour l’heure, c’est à la Banque centrale européenne (BCE) de dire comment elle réagit à cette nouvelle donne économique lors de sa réunion de politique monétaire jeudi. Une baisse des taux d’intérêt est attendue.Côté négociations commerciales, si Pékin maintient un ton ferme, Tokyo réclame un accord “au plus vite”, avant la fin du délai de 90 jours que M. Trump a accordé la semaine dernière au monde entier – sauf à la Chine.Le Premier ministre Shigeru Ishiba a prévenu à Tokyo jeudi que “bien sûr, les discussions à venir ne seront pas faciles”.L’ouverture des négociations entre Washington et Tokyo a insufflé un vent d’optimisme sur les marchés asiatiques. La Bourse de Tokyo a terminé en nette hausse de 1,35%. A Hong Kong, l’indice Hang Seng gagnait 1,30%. L’indice composite de Shanghai prenait 0,13%, celui de Shenzhen glissait de 0,16%.Après le Japon, des délégations de Corée du Sud et d’Indonésie sont attendues à Washington pour discuter de compromis commerciaux.”Malgré ces gros titres”, Jim Reid note tout de même un certain scepticisme des investisseurs “compte tenu de l’absence de résultats concrets pour l’instant”.D’autant que les discussions avec le Japon “apparaissent comme le premier véritable test de cette diplomatie de la carotte et du bâton”, estime Stephen Innes, de SPI AM.Si le Japon parvient à un résultat “gagnant-gagnant” et “traverse (les négociations) sans turbulences, il établira le modèle”, poursuit-il. “Mais s’il trébuche? Nous (reviendront) deux pas en arrière”.L’or toujours plus haut, le dollar remonte”L’or a vu sa demande augmenter en tant que valeur refuge, tandis que les rendements des bons du Trésor américain et le dollar ont légèrement progressé”, note Patrick Munnelly, analyste chez Tickmill Group, trois actifs qui sont traditionnellement perçu comme des valeurs refuges.Les fortes turbulences de la guerre commerciale ont remis en question ce statut pour le dollar et le marché de la dette américaine.Mais “les investisseurs mondiaux concentrent désormais leur attention sur les progrès des négociations avant de prendre d’importantes décisions d’investissement” et se réfugient vers les réserves de valeur traditionnelles, poursuit M. Munnelly.L’or s’est ainsi hissé à un nouveau sommet historique jeudi, à plus de 3.357 dollars l’once. Il évoluait vers 07H30 GMT à 3.318 dollars l’once.Côté marché des changes, le billet vert prenait 0,33% face à la monnaie unique, à 1,1361 dollar pour un euro. Il s’est tout de même fortement déprécié depuis le début du mois.Sur le marché de la dette, le rendement des emprunts d’Etat américains à dix ans se stabilisait autour des 4,30%, désormais loin de sa flambée à près de 4,60% la semaine passée.

USA-Chine: le choc des titans

Sur fond d’escalade dans la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine, profil comparé des deux premières puissances économiques mondiales.- Géants géographiques et démographiques -Les Etats-Unis et la Chine, avec une superficie de plus de neuf millions de km2 chacun, figurent parmi les quatre pays les plus vastes au monde, après la Russie et le Canada.Mais la Chine (1,4 milliard d’habitants fin 2024 selon les statistiques nationales), deuxième pays le plus peuplé du monde derrière l’Inde, compte quatre fois plus d’habitants que les Etats-Unis.- Puissances économiques -Les Etats-Unis sont la première puissance économique mondiale, avec un PIB de plus de 29.000 milliards de dollars en 2024, suivis par la Chine (plus de 18.000 milliards), selon les estimations du Fonds monétaire international (FMI).La Chine était l’an dernier le premier pays exportateur mondial de marchandises (3.580 milliards de dollars) et les Etats-Unis le premier importateur (3.360 milliards), d’après l’Organisation mondiale du commerce (OMC).Les Etats-Unis affichent un gros déficit commercial avec la Chine en matière de marchandises (355 milliards de dollars en 2024 selon l’ONU Commerce et Développement). Le président américain Donald Trump a imposé depuis son retour à la Maison-Blanche 145% de surtaxes douanières cumulées aux produits chinois, hors exemptions. Pékin a riposté avec un taux qui atteint désormais 125%.- Gros pollueurs -La Chine est le premier émetteur mondial de gaz à effet de serre, suivie par les Etats-Unis.Les Etats-Unis s’étaient engagés à réduire de moitié leurs émissions d’ici 2030 par rapport à 2005, mais Donald Trump, ouvertement climatosceptique, a annoncé un nouveau retrait de son pays de l’Accord de Paris.La Chine s’est engagée à stabiliser ses émissions de CO2 d’ici 2030 puis à atteindre la neutralité d’ici 2060.- Géants numériques -Les Etats-Unis ont donné naissance aux “Gafam”, les géants du numérique Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft, tandis que la Chine a aussi ses mastodontes de la tech, les “Batx” (moteur de recherche Baidu, Alibaba pour le commerce électronique, Tencent pour les réseaux sociaux et jeux vidéo, smartphones Xiaomi).La rivalité technologique sino-américaine se manifeste également dans l’intelligence artificielle (IA). Depuis le lancement de ChatGPT en novembre 2022, les modèles d’IA générative se sont multipliés aux Etats-Unis et en Chine. La start-up chinoise DeepSeek, fondée en 2023, a chamboulé le monde de l’IA en janvier avec son robot conversationnel R1, égalant à moindre coût les performances de ses concurrents américains.Une loi votée en 2024 par le Congrès américain impose au Chinois ByteDance de céder le contrôle des activités américaines du réseau social TikTok – accusé de permettre aux autorités chinoises de collecter indûment des données sur des utilisateurs américains – sous peine d’interdiction aux Etats-Unis. Donald Trump a reporté l’échéance, désormais fixée au 19 juin.- Puissances militaires -Les États-Unis sont restés en 2023, et de loin, les plus dépensiers dans le domaine militaire. Ils y ont consacré 916 milliards de dollars, trois fois plus que la Chine, classée deuxième (296 milliards de dollars), selon l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri).Les États-Unis détiennent avec la Russie près de 90% des armes nucléaires mondiales (avec plus de 5.000 ogives nucléaires chacun début 2024, en comptant celles retirées et en attente de démantèlement), loin devant la Chine qui en a dix fois moins.- Course à l’espace -La Chine, qui a envoyé son premier taïkonaute dans l’espace en 2003, a investi ces dernières décennies des milliards d’euros dans son programme spatial pour rattraper les Etats-Unis et la Russie. Elle a posé en 2019 un engin spatial sur la face cachée de la Lune, une première mondiale, et a fait atterrir en 2021 un petit robot sur Mars. Elle ambitionne d’envoyer d’ici 2030 une mission habitée sur la Lune, où elle veut construire une base.Le programme Artemis de la Nasa prévoit lui un retour des astronautes américains sur la Lune en 2027 et de futures missions sur Mars. Pour faire baisser le coût des missions, l’agence américaine a choisi il y a plusieurs années de charger des sociétés privées de l’envoi de matériel et de technologies sur la Lune.burx-ang-paj/maj/er

Les Bourses européennes ouvrent sans direction claire

Les Bourses européennes ont ouvert sans direction claire jeudi, attentives aux négociations sur le front de la guerre commerciale avec Washington et en période de publication de résultats d’entreprises.Dans les premiers échanges, la Bourse de Paris perdait 0,48%, Londres 0,73% et Milan 0,45%, quand Francfort se distinguait, prenant 0,18%.

Luxe: Hermès va augmenter ses prix aux Etats-Unis pour compenser les 10% de droits de douane

Le groupe français de luxe Hermès va augmenter ses prix en mai aux Etats-Unis pour compenser les 10% de droits de douane et a publié une hausse de 8,5% de son chiffre d’affaires au premier trimestre.Hermès, qui a ravi mardi à son rival LVMH la place de première capitalisation boursière française, va “compenser intégralement” l’impact des 10% de droits de douane américains en augmentant ses prix de vente aux Etats-Unis “dès le 1er mai et sur l’ensemble des métiers”, a déclaré le directeur général des finances du groupe, Eric Halgouët, qui n’a pas précisé le montant de cette hausse des prix.”Ce sera une hausse de prix complémentaire qu’on est en train de finaliser, mais qui nous permettra de neutraliser cet impact”, a-t-il dit lors d’un échange avec des journalistes.Le sellier-maroquinier avait déjà relevé ses prix dans le monde de “6 à 7%” en début d’année, et ne les augmente habituellement qu’une fois par an.Au premier trimestre, les ventes du groupe ont été portées par la région “Amériques” (+13,3% à 695 millions d’euros). “C’est une croissance à deux chiffres, tant aux États-Unis, au Canada, au Mexique ou même au Brésil”, a détaillé Eric Halgouët. Aux Etats-Unis, le début d’année a “été perturbé par des événements climatiques” comme les incendies à Los Angeles qui ont conduit à la fermeture de deux magasins Hermès pendant plusieurs jours, “et des évènements de neige dans certains autres états assez atypiques d’ailleurs, comme par exemple la Floride”, a-t-il dit. “On a démarré l’année avec un très faible niveau de stocks aux États-Unis” avant de “terminer le trimestre par un très beau mois de mars et ce dans toutes les villes”, complète-t-il.En Asie-Pacifique (hors Japon), Hermès réalise un chiffre d’affaires en hausse de 2,7% à 1,97 milliard d’euros. Ses ventes au Japon font un bond de 17,9% à 421 millions d’euros grâce à la clientèle locale. Le chiffre d’affaires en Europe (hors France) progresse de 12,7% à 501 millions d’euros et les ventes en France font un bond de 14,2% à 357 millions d’euros.

Pernod Ricard: chiffre d’affaires en repli de 3% au 3T, dans un contexte “très volatil”

Le géant des spiritueux Pernod Ricard a annoncé jeudi un recul de son chiffre d’affaires de 3% au troisième trimestre de son exercice décalé, à 2,3 milliards d’euros, maintenant ses perspectives annuelles de repli des ventes dans un contexte géopolitique “très volatil”.Le recul du trosième trimestre est lié notamment à un marché toujours atone en Chine et à la suspension pour le cognac du régime de duty-free dans les aéroports du pays, ainsi qu’à des éléments conjoncturels (fête de Pâques tardive cette année, interruption de production en Inde…), explique le groupe français.Il souligne sa “performance résiliente sur neuf mois, dans un environnement macroéconomique et géopolitique mondial difficile, et très mouvant notamment en matière de droits de douane”.Pour l’année, Pernod Ricard maintient ses perspectives d’une baisse de son chiffre d’affaires à périmètre et taux de change constants limitée à quelques points de pourcentage, “dans un contexte qui demeure très volatil”.”Cette perspective tient compte de l’impact des droits de douane attendus en Chine et aux Etats-Unis sur la base des informations dont nous disposons aujourd’hui”, souligne la société, qui prévoit aussi “une stabilisation” de sa marge opérationnelle organique “grâce à des mesures d’efficacités opérationnelles”.Pernod Ricard avait début février révisé à la baisse ses objectifs annuels au vu “des incertitudes géopolitiques accrues”, notamment en Chine où son activité subit des mesures “anti-dumping” appliquées par Pékin dans le cadre d’un conflit avec l’Union européenne.

Xi Jinping au Cambodge pour resserrer les liens face à Trump

Le président chinois Xi Jinping est arrivé jeudi à Phnom Penh  pour la dernière étape d’une tournée destinée à resserrer les liens de Pékin avec ses partenaires en Asie du Sud-Est face à l’offensive douanière américaine.M. Xi a d’abord visité le Vietnam puis la Malaisie, à un moment où la Chine cherche à contrebalancer l’explosion des droits de douane imposée par le président Donald Trump aux partenaires commerciaux des Etats-Unis.Il a atterri jeudi à l’aéroport de Phnom Penh, où il a été accueilli par le roi Norodom Sihamoni lors d’une cérémonie militaire.Le numéro un chinois doit se rendre au palais royal dans l’après-midi avant de rencontrer l’ancien dirigeant Hun Sen et son fils, le Premier ministre Hun Manet, selon des documents officiels consultés par l’AFP.Selon un communiqué publié jeudi par le site officiel d’information cambodgien Fresh News, M. Xi a déclaré que la Chine soutenait le royaume “dans le choix d’une voie de développement qui convienne à la nation, en sauvegardant sa souveraineté nationale, son indépendance et son intégrité territoriale”.Il a ajouté que les deux pays devaient “s’opposer résolument aux forces extérieures qui s’ingèrent dans les affaires intérieures, sèment la discorde et sapent” les relations, dans une allusion transparente à la guerre commerciale déclenchée par le président américain.- Amitié “à toute épreuve” -Premier partenaire commercial du Cambodge, la Chine est le premier investisseur étranger dans le pays et détient plus du tiers de la dette extérieure du royaume, soit 11 milliards de dollars, selon le Fond monétaire international.  Phnom Penh compte aussi parmi les soutiens les plus fiables de Pékin en Asie. Hun Manet a décrit mercredi la visite de M. Xi comme la démonstration d’une amitié “à toute épreuve”.Dans une vidéo publiée mercredi, il explique que les deux pays ont “des intérêts communs fondés sur les principes du respect de la souveraineté, de l’égalité et de la non-ingérence dans les affaires intérieures”, ajoutant que la Chine avait joué un “rôle central” dans le développement socio-économique du Cambodge.La Chine et le Cambodge célèbrent les 67 ans de leurs relations diplomatiques et commémorent les 50 ans de la prise de Phnom Penh par les Khmers rouges — alors soutenus par Pékin –, le 17 avril 1975.Début avril, Donald Trump avait annoncé 49% de droits de douanes sur le Cambodge, un des taux les plus élevés qu’il a décrétés.Le pays, qui compte de nombreuses usines à capitaux chinois, a finalement vu, comme le monde entier à l’exception de la Chine, ce taux ramené à 10% pendant 90 jours.Hun Manet a écrit une lettre à la Maison Blanche pour assurer celle-ci de “la bonne foi du Cambodge pour négocier une solution mutuelle”, réduction des droits de douane sur 19 catégories de produits américains à la clé, selon le ministère du Commerce.Pékin, qui reste taxé à 145%, a qualifié ce taux de “plaisanterie” et a imposé en représailles des droits de douane de 125% sur les produits américains.

La guerre commerciale de Trump attise l’inquiétude économique mondiale

La guerre commerciale de Donald Trump attise l’inquiétude économique mondiale, le Japon avertissant jeudi de négociations “difficiles” avec Washington où le patron de la banque centrale a dit redouter une accélération de l’inflation aux Etats-Unis.Le président américain, qui a bouleversé l’ordre économique international, reste pourtant optimiste pour sceller des accords commerciaux avec ses partenaires et alliés à qui il impose depuis début avril sa volonté politique protectionniste. L’ancien magnat de l’immobilier a ainsi vanté mercredi soir des “progrès importants” après avoir vu à Washington une délégation ministérielle japonaise emmenée par le ministre de la Revitalisation économique Ryosei Akazawa, lequel s’est entretenu avec le secrétaire au Trésor Scott Bessent.Menacé par des surtaxes américaines massives qui entraveraient ses exportations, Tokyo réclame dorénavant un accord “au plus vite”, avant la fin du délai de 90 jours que M. Trump a accordé la semaine dernière au monde entier – sauf à la Chine – dans une volte-face spectaculaire.Mais à l’issue de ces pourparlers américano-japonais sans avancée concrète, le Premier ministre Shigeru Ishiba a prévenu à Tokyo jeudi que “bien sûr, les discussions à venir ne seront pas faciles”.Il a dit “envisager de rencontrer directement le président Donald Trump au moment le plus opportun”.Cette guerre commerciale alimente les incertitudes macro-économiques.- Recul du commerce mondial -Pour l’Organisation mondiale du commerce (OMC), le recul des échanges internationaux de marchandises pourrait atteindre -1,5% en volume en 2025, dépendant de l’ampleur de la politique protectionniste de Donald Trump.Et le président de la Réserve fédérale (Fed) américaine Jerome Powell a estimé mercredi que cela allait “très certainement entraîner au moins une hausse temporaire de l’inflation” aux Etats-Unis, avec la possibilité que “les effets inflationnistes soient également persistants”.Plombée par cette morosité, Wall Street a clôturé en nette baisse mercredi soir: l’indice Nasdaq, où se concentre le secteur technologique, a plongé de 3,07%.En Asie jeudi midi, les Bourses étaient en petite hausse, Tokyo grimpant de 0,99% et Séoul de 0,21%. A Hong Kong, l’indice Hang Seng gagnait 1,55%.Pour l’analyste Stephen Innes, de SPI Asset Management, ces discussions Tokyo-Washington font figure de “véritable test de cette diplomatie de la carotte et du bâton” américaine, avant d’hypothétiques discussions entre la Chine et les Etats-Unis.- Le torchon brûle -Car le torchon brûle entre les deux premières puissances mondiales, à coups de surenchères en droits de douane réciproques complètement prohibitifs.L’administration Trump a imposé au total 145% de surtaxes sur les produits chinois entrant aux Etats-Unis, en plus de celles en vigueur sous la présidence de Joe Biden (2021-2025).Elles peuvent ainsi atteindre un taux monumental de 245% en fonction des secteurs.La Chine a répliqué avec une surtaxe de 125% pour les produits américains.Washington a cependant exempté les ordinateurs, smartphones et autres produits électroniques, ainsi que les semi-conducteurs, à grande majorité venant de Chine.Symbole de l’impact de cette guerre commerciale sur le grand public, les plateformes chinoises de vente en ligne Shein et Temu ont annoncé une hausse de leurs prix, justifiée par les “récents changements dans les règles de commerce mondial”.Pékin, qui ne bénéficie pas du délai de 90 jours pour négocier, reste ferme.Si les Etats-Unis “veulent véritablement résoudre le problème par le dialogue et la négociation, ils doivent (…) cesser de menacer et de faire du chantage, et discuter avec la Chine sur la base de l’égalité, du respect et du bénéfice mutuel”, a prévenu son ministère des Affaires étrangères. Le président Xi Jinping en profite lui pour organiser la riposte avec l’Asie du Sud-Est, région déjà très liée économiquement et politiquement avec Pékin. Après la Malaise mercredi, Xi Jinping doit arriver jeudi au Cambodge, pays très proche du géant chinois.Du côté des Etats-Unis, la cheffe du gouvernement italien Giorgia Meloni doit être reçue jeudi à la Maison Blanche par Donald Trump. La Première ministre d’extrême droite est toutefois pressée par Bruxelles de parler au nom de ses 26 partenaires de l’Union européenne.Et la Californie, Etat démocrate, a contesté mercredi en justice la politique tarifaire du président américain, estimant qu’il ne pouvait pas agir sans l’accord du Congrès à majorité républicaine.burs-nr/lpa

La guerre commerciale de Trump bouscule les plans de la BCE

La guerre commerciale de Donald Trump a déjà largement chahuté les marchés. C’est jeudi au tour de Banque centrale européenne (BCE) de dire comment elle réagit à cette nouvelle donne économique, qui devrait l’inciter à poursuivre la baisse des taux d’intérêt.Le caractère imprévisible des décisions du président américain et l’impact négatif que cette incertitude pourrait avoir sur la croissance de la zone euro ont renforcé les attentes envers l’institution de Francfort pour qu’elle continue d’assouplir les coûts d’emprunt.Accompagnant le reflux de l’inflation, la BCE a baissé ses taux à six reprises depuis juin 2024, après les avoir relevés drastiquement pendant deux ans pour combattre l’envolée des prix dans le sillage de la guerre russe en Ukraine.Lors de leur dernière réunion en mars, les gardiens de l’euro avaient laissé entendre qu’ils n’excluaient pas une pause dans ce cycle de baisse des taux.Il y a six semaines, la BCE avait les yeux rivés sur l’annonce du plan de relance budgétaire massif en Allemagne et sur l’augmentation des budgets militaires en Europe, qui laissaient entrevoir une croissance et une inflation plus élevée à moyen terme.Mais d’autres priorités se sont depuis imposées : Donald Trump a accéléré sur le front commercial en imposant des droits de douane réciproques à tous les pays – 10% universels et 145% supplémentaires sur la Chine, avec diverses exemptions sectorielles.Si les surtaxes supérieures à un plancher de 10% ont été mises en pause pour 90 jours pour les pays autres que la Chine, cela n’a guère apaisé les inquiétudes.- Inflation au second plan -“Les droits de douane américains sur l’UE et de nombreux autres pays ont ravivé les craintes de croissance pour la zone euro, du moins à court terme”, souligne Carsten Brzeski, de la banque ING.Pour les membres du Conseil des gouverneurs de la BCE, une pause dans la baisse des taux n’est “plus une option”, selon lui.D’autant que la Maison Blanche a également imposé une taxe de 25% sur le secteur automobile et ouvert des enquêtes sur les semi-conducteurs et les produits pharmaceutiques qui pourraient conduire à des droits de douane sur ces secteurs.Dans ce contexte, une nouvelle baisse des taux pour soulager les ménages et les entreprises et soutenir l’économie semble “évidente”, estiment les analystes d’Unicredit.Les inquiétudes concernant la hausse des prix sont passées au second plan: l’inflation dans les 20 pays membres de la zone euro s’est établie à 2,2% en mars, se rapprochant de la cible de 2% visée par la BCE.Une nouvelle baisse de 25 points de base ramènerait le principal taux d’intérêt rémunérant les dépôts de 2,5% à 2,25%.Reste à savoir comment la BCE et sa présidente Christine Lagarde vont communiquer sur la suite du cap monétaire dans un contexte aussi chahuté, où le dollar a récemment atteint un plus bas face à l’euro depuis trois ans, où les taux d’emprunt américains montent en flèche tandis que les marchés actions jouent aux montagnes russes.La semaine dernière, Mme Lagarde a signalé la détermination de l’institution à soutenir la zone euro dans un scénario plus critique, où le blitz tarifaire de Donald Trump menacerait la stabilité financière, déterminante pour celle des prix.La BCE “surveille la situation et est toujours prête à intervenir” en utilisant “les instruments dont elle dispose”, a déclaré Christine Lagarde à Varsovie, en marge d’une réunion informelle des ministres des Finances de la zone euro.Mais “comme la situation macroéconomique est extrêmement incertaine (…) la BCE va sûrement continuer à éviter toute communication prospective sur l’orientation ultérieure des taux, et indiquer que les prochaines décisions dépendront des données” économiques, prédit Eric Dor, directeur des études économiques à l’IESEG School of Management. 

Baisse des ventes, chute en Bourse, âge du PDG: contexte tendu pour l’assemblée générale de LVMH

Le numéro un mondial du luxe LVMH tient jeudi son assemblée générale dans un contexte délicat après avoir été détrôné par son rival Hermès en tant que première capitalisation boursière du CAC 40 au moment où ses ventes fléchissent.Le groupe français a subi une chute de près de 8% en Bourse mardi au lendemain de la publication de ventes décevantes au premier trimestre, avec un recul de 2% à 20,3 milliards d’euros.Résultat, LVMH a laissé sa place de première capitalisation boursière de l’indice parisien CAC 40 et de société de luxe la plus valorisée au monde à son concurrent Hermès, en meilleure santé et au positionnement encore plus haut de gamme. “Nous continuons de faire face à des incertitudes macroéconomiques et à un manque de visibilité sur les facteurs externes. Dans ce contexte, nous restons confiants, tout en restant vigilants”, avait assuré mardi la directrice financière de LVMH Cécile Cabanis, lors d’un échange avec des analystes.Le secteur du luxe comptait sur le marché américain pour contrebalancer le ralentissement des ventes en Chine, mais doit désormais faire face aux droits de douane annoncés par Donald Trump.”Nous entrons en territoire inconnu avec la suspension de 90 jours [des droits de douane de 20% annoncés par le président américain, temporairement ramenés à 10%] dont on peut espérer qu’elle permettra des négociations et peut-être une issue positive. Le pire n’est jamais certain”, expliquait Mme Cabanis.Aux Etats-Unis, où LVMH réalise un quart de son chiffre d’affaires, les ventes au premier trimestre ont connu “une légère baisse malgré une bonne performance en Mode et Maroquinerie, et en Montres et Joaillerie”, indique LVMH, sans donner de chiffre.En présentant en février les résultats annuels de 2024, le PDG Bernard Arnault avait déclaré préférer “ne pas (s)’exprimer” au sujet des droits de douane. “Je préfère essayer d’agir tranquillement”, avait-il dit. Il rentrait alors tout juste des États-Unis où il avait assisté en bonne place avec sa fille Delphine, PDG de Dior et son fils Alexandre, directeur délégué de Moët Hennessy, à l’investiture de Donald Trump.- Prologation de l’âge du PDG -Lors de l’assemblée générale, il sera également proposé de prolonger jusqu’à 85 ans de l’âge du PDG, permettant à Bernard Arnault, 76 ans, de rester plus longtemps à la tête du numéro un mondial du luxe.La résolution devrait être adoptée puisque fin 2024 la famille Arnault possédait 49% du capital de LVMH et 64,81% des votes.Cette prolongation de l’âge du PDG “pourrait éveiller la méfiance de certains investisseurs”, notait fin mars la banque HSBC. Le seuil de directeur général avait déjà été relevé à 80 ans en 2022.Bernard Arnault n’a pas nommé de successeur à ce jour mais ses cinq enfants travaillent tous pour le groupe et quatre d’entre eux sont au conseil d’administration. Delphine Arnault, 50 ans, aînée de la fratrie, est PDG de Dior et membre du comité exécutif de LVMH. Antoine Arnault, 47 ans, est président de Berluti et de Loro Piana et chargé de l’image et de la politique environnementale de LVMH. Il est également directeur général et vice-président du conseil d’administration de la holding Christian Dior SE qui contrôle LVMH.Alexandre Arnault, 32 ans, est directeur général délégué de Moët Hennessy, qui rassemble les marques de champagne, de vins et de spiritueux du groupe.Frédéric Arnault, 30 ans, sera à partir du 10 juin directeur général de Loro Piana.Jean Arnault, 26 ans, est directeur du marketing et du développement des montres pour Louis Vuitton. Il est le seul à ne pas être au conseil d’administration. “Il a le temps, il est jeune”, avait déclaré son père en janvier 2024.En juillet 2022, Bernard Arnault avait pérennisé le contrôle familial de LVMH avec la réorganisation de la holding Agache en société en commandite.