AFP Business

Éclatements de pneus en France: Goodyear convoqué en vue d’une éventuelle mise en examen

Le géant du pneu Goodyear, soupçonné d’avoir dissimulé les défauts de certains de ses modèles équipant des camions à l’origine d’accidents mortels, est convoqué le 13 mai devant la justice à Besançon pour une éventuelle mise en examen pour “homicides involontaires” et “tromperie”, a annoncé jeudi le procureur.L’enquête porte également sur des “pratiques commerciales trompeuses”, a précisé le procureur Étienne Manteaux, ajoutant que ce chef d’accusation faisait encourir à Goodyear une amende pouvant aller jusqu’à 10% de son chiffre d’affaires. Sollicité par l’AFP, l’industriel a indiqué qu’il ne souhaitait pas commenter “les procédures en cours”. “Nous continuons d’apporter notre pleine coopération dans le cadre de cette instruction judiciaire”, a déclaré un porte-parole.Il est reproché au géant américain d’avoir eu connaissance d’un défaut de fabrication sur deux de ses modèles de pneumatiques, les Marathon LHS II et II+, mais de ne pas en avoir averti suffisamment ses clients: à partir de 2013, Goodyear a mis en place des “programmes volontaires d’échange” des pneus défectueux, ce qui lui a permis de récupérer environ 50% des équipements incriminés. Mais le groupe n’a pas procédé à une campagne de rappel “impératif” des pneus concernés, selon le magistrat, qui évoque une pratique “systémique de dissimulation”, destinée à ne pas “induire de perte de confiance chez les consommateurs”. Les accidents auraient “peut-être” pu être évités si l’entreprise avait enclenché un programme de rappel, selon lui. Le juge d’instruction “a convoqué deux personnes morales”, a détaillé M. Manteaux: la SAS Goodyear France, distributeur des pneumatiques en France, et la SAS Goodyear Opérations, qui a produit les pneus incriminés et dont le siège est au Luxembourg. Le juge interrogera leurs représentants légaux “pour déterminer s’il y a lieu de les mettre en examen ou pas” sur ces trois chefs, a-t-il ajouté.- Lanceuse d’alerte -L’enquête avait été ouverte en 2016 à Besançon après le dépôt de plainte avec constitution de partie civile de Sophie Rollet, veuve d’un chauffeur routier décédé en juillet 2014 dans un accident sur l’autoroute A36 dans le Doubs, et dont le procureur a salué jeudi la “pugnacité”. Refusant la “fatalité du routier” et le classement sans suite initial de l’affaire, cette ancienne assistante maternelle, mère de trois enfants, avait mené sa propre enquête sur internet, recensant inlassablement les accidents de poids lourds, se persuadant de la responsabilité des pneus dans la collision fatale. Un juge d’instruction de Besançon enquête depuis lors sur trois dossiers de collisions mortelles, impliquant des poids lourds équipés de pneus Goodyear, et qui ont fait quatre morts au total. L’enquête a donné lieu en mai 2024 à des perquisitions chez Goodyear en France, au Luxembourg et au siège européen de l’entreprise à Bruxelles.D’après les investigations, les accidents ont été provoqués par l’éclatement du pneu avant gauche, faisant perdre le contrôle des véhicules aux chauffeurs. Pour chacun de ces dossiers, des experts différents ont conclu que l’éclatement des pneus n’était pas dû à une cause extérieure mais à un défaut de fabrication.Ouverte au départ pour des faits d’homicide involontaire – ce qui faisait encourir à l’entreprise 375.000 euros d’amende, “autant dire, rien pour Goodyear”, selon M. Manteaux -, l’enquête a ensuite été élargie à d’autres chefs de poursuite, avec à la clef des sanctions éventuellement beaucoup plus conséquentes pour le géant industriel.”Derrière chaque accident (…) il y a des victimes”, a tenu à rappeler jeudi la lanceuse d’alerte Sophie Rollet, très émue à l’annonce de ce nouveau développement judiciaire. Elle s’est surtout dite inquiète du fait que certains des pneus défectueux soient “encore en circulation” – en l’occurrence, sur des sites de ventes d’occasion en Europe de l’Est, selon le procureur. Pour écarter tout danger, a plaidé Mme Rollet, il faudrait “l’officialisation d’un RAPEX”, un programme de rappel d’urgence à l’échelle de l’Union européenne.

Droits de douane: Meloni en mission délicate à Washington pour négocier au nom des Européens

Avocate du “Made in Italy”, mais pressée par Bruxelles de parler au nom de ses partenaires européens, la Première ministre italienne Giorgia Meloni doit rencontrer Donald Trump jeudi à Washington pour une mission délicate sur les droits de douane.La cheffe de la coalition ultraconservatrice au pouvoir à Rome est la première dirigeante de l’UE à se rendre à la Maison Blanche depuis qu’a éclaté la guerre des droits de douane, alors que la Banque Centrale Européenne (BCE) vient de s’accorder pour une baisse de 0,25 point des taux directeurs pour renforcer l’économie de la zone euro. Sa présidente Chritine Lagarde a déclaré jeudi que la BCE devait “faire face à l’imprévisible” et à se montrer “agile” face au contexte incertain de guerre commerciale menée par les Etats-Unis.La directrice du Fonds monétaire international (FMI), Kristalina Georgieva, a de son côté affirmé dans son traditionnel discours de lever de rideau des réunions de printemps du FMI et de la Banque mondiale que malgré les “incertitudes” engendrées par les “politiques commerciales”, les projections de croissance, “en baisse notable”, ne “montrent pas de récession”.- “Relation très spéciale” -C’est dans ce contexte indécis que la Première ministre italienne, la seule dirigeante de l’UE invitée en janvier à l’investiture de Donald Trump, se rend à Washington.Giorgia Meloni partage un large socle idéologique avec le locataire de la Maison Blanche, qui l’a qualifiée de “dirigeante fantastique”.Soulignant la “relation très spéciale” entre les deux dirigeants, de hauts responsables américains ont estimé que Mme Meloni pourrait servir d’intermédiaire pour un accord entre l’Europe et les Etats-Unis.”Nous espérons que la Première ministre et le président seront en mesure de faire avancer les choses”, a déclaré un responsable de l’administration Trump aux journalistes avant la rencontre prévue à 12H00 locales (16H00 GMT).”Nous sommes ouverts, nous sommes disponibles, nous sommes prêts à conclure des accords avec les pays qui prennent cela au sérieux. Nous espérons que l’Italie et l’UE en feront partie”, a-t-il ajouté.Dépendante des exportations de son industrie, laquelle pèse près d’un quart de son PIB, Mme Meloni a critiqué ces droits de douane tout en jouant le dialogue et exhortant Bruxelles à ne pas prendre de mesures de rétorsion.- “Aucune pression” -Son pas de deux et sa proximité avec M. Trump inquiètent ses partenaires européens, à l’instar du ministre français de l’Industrie, Marc Ferracci, qui a dit craindre, à l’annonce de la visite de Mme Meloni à Washington, qu’elle ne fasse cavalier seul.”Je ne sens aucune pression”, a plaisanté Mme Meloni mardi soir en marge d’une cérémonie devant des chefs d’entreprise. “Je suis consciente de ce que je représente et je suis consciente de ce que je défends.”L’Italie réalise plus de 10% de ses exportations vers les Etats-Unis, troisième partenaire commercial de la péninsule. 10% des exportations de l’Allemagne se font également aux Etats-Unis, et 7% des exportations françaises.”Nous devons absolument éviter une guerre tarifaire”, a plaidé le ministre de l’Industrie, Adolfo Urso, ajoutant que Mme Meloni chercherait à Washington à “convaincre tout le monde de la nécessité de discuter”.Rappelant que la Commission européenne est seule compétente en matière d’accords commerciaux, sa présidente Ursula von der Leyen a insisté sur le fait que “toute démarche auprès des Etats-Unis est la bienvenue” et “étroitement coordonnée”.Selon un diplomate européen interrogé par l’AFP, “il n’y a aucun problème” dès lors que tout dirigeant du bloc se rendant à l’étranger “porte le message des Européens” pour “renforcer l’unité européenne”.Selon la presse italienne, la médiation de Mme Meloni vise notamment à préparer une rencontre entre M. Trump et Mme von der Leyen.burs-gab-dk/ph/vla

Dans le Nord, la lutte antidrones est synonyme de “made in France”

“Le contexte géopolitique actuel nous donne raison”: près de Lille, l’entreprise MC2 Technologies, spécialisée dans la lutte antidrones, revendique une maîtrise totale de sa production, un avantage dans une Europe “très dépendante des technologies américaines et asiatiques”.”Quand on dit qu’on est souverain dans nos technologies, qu’on maîtrise vraiment toute la chaîne de valeur, c’est une réalité”, assure Nicolas Vellas, cofondateur et président de cette société basée à Villeneuve-d’Ascq (Nord).Associé à Christophe Gaquière, qui était le directeur de sa thèse dans le domaine des hyperfréquences, M. Vellas a créé en 2004 cette entreprise initialement spécialisée dans la microélectronique, et désormais à la pointe de la lutte antidrones, contre lesquels elle développe détecteurs et brouilleurs.Dans ce domaine, l’Europe “a laissé partir des technologies aux Etats-Unis ou en Asie” qu’elle n’aurait pas dû abandonner, et a en conséquence “une forme de dépendance à des fournisseurs américains ou asiatiques”, déplore M. Vellas.Chez MC2, “du composant électronique jusqu’au système, on maîtrise vraiment toute la chaîne de l’informatique, tout ce qui est système embarqué, tout ce qui est mécanique, électronique, hyperfréquence, etc.”, énumère-t-il.”Tout ça est maîtrisé en interne. Et c’est ça qui fait notre force”, assure l’entrepreneur, avant de souligner, dans un sourire: “Le contexte géopolitique actuel nous donne raison”.- “Bulle de protection” -MC2 Technologies compte près d’une centaine de salariés, contre une quinzaine en 2015. Une expansion rapide qui a déjà obligé la société à déménager plusieurs fois ces dernières années, pour agrandir ses locaux.Ses “fusils” brouilleurs de drones NEROD RF, des armes semblant tout droit sortir d’un épisode de Star Wars, ont été utilisés pour la sécurisation de grands événements tels que le 14-Juillet et les JO de Paris-2024.L’entreprise fabrique aussi de gros équipements comme son MAJES, imposant brouilleur de drones de près de 2 mètres de haut pour plus de 400 kgs, qui peut aussi fonctionner en réseau avec plusieurs unités.De quoi “permettre de générer une bulle de protection de plusieurs kilomètres autour d’un site sensible à défendre” tel qu’un “palais présidentiel, une base militaire, un aéroport, un stade”, selon Alexandre Massonnet, responsable commercial chez MC2.Les technologies anti-drones sont devenues “absolument indispensables”, relève Léo Péria-Peigné, chercheur au Centre des études de sécurité de l’Institut français des relations internationales (Ifri).Trois ans après le début de l’invasion russe de l’Ukraine, “le drone est partout, tout le temps, dans tous les domaines et, surtout, le drone est maintenant un outil consommable”, souligne ce chercheur.L’armée française ne compte actuellement que quelques milliers de drones dans ses équipements, quand les Ukrainiens en ont utilisé plus d’un million et demi l’an passé et comptent en utiliser 4,5 millions cette année pour faire face à la Russie.- “Six semaines” de développement -L’explosion de l’usage du drone s’est accompagnée d’une accélération du cycle de développement. “Il y a 15 ou 20 ans”, ces cycles “étaient de plusieurs années”, rappelle Nicolas Vellas. En Ukraine, leur durée est à présent de “six semaines”, selon Léo Péria-Peigné.MC2, qui réalise déjà 85% de ses ventes sur le marché de la défense, se dit prêt à tripler voire quadrupler sa production, et à passer d’un chiffre d’affaires actuel d’environ 15 millions d’euros à 50 millions d’euros, sur fond de la volonté affichée par la France et l’Europe de se réarmer massivement.Mais le développement des dispositifs anti-drones en France est ralenti par un coût bien plus élevé qu’en Russie. Entre ce que produit MC2 Technologies et ce qui peut se faire là-bas, “vous pouvez avoir un facteur 10 sur le coût”, reconnaît Nicolas Vellas.Il y a aussi des contraintes normatives, et la rareté des exercices lors desquels MC2 peut faire tester ses technologies. “Si on veut faire des essais de nos équipements, on doit le faire dans le cadre d’exercices organisés par les autorités régaliennes” telles que l’armée et la police, explique Nicolas Vellas.”En six mois de temps, il n’y a eu qu’une (fenêtre)”, regrette-t-il. “Il aurait fallu en faire dix”.

Le PDG de Nvidia à Pékin alors que la guerre commerciale menace les ventes

Le PDG de Nvidia, leader mondial des puces électroniques pour l’intelligence artificielle, a rencontré jeudi à Pékin des responsables chinois, selon les médias d’État, en pleine guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine, et après que le gouvernement américain a limité l’exportation de certaines puces.Jensen Huang a rencontré le vice-premier ministre He Lifeng et lui a dit apprécier “le potentiel de l’économie chinoise”, selon l’agence de presse officielle Xinhua. Le patron de Nvidia a aussi déclaré vouloir “continuer à être très présent sur le marché chinois” et “à jouer un rôle positif dans la promotion de la coopération commerciale entre les États-Unis et la Chine”, selon Xinhua. La Chine “a toujours été un terrain fertile pour les entreprises étrangères qui souhaitent investir et commercer”, a répondu le vice-premier ministre. “Nous invitons davantage d’entreprises américaines telles que Nvidia à s’implanter durablement sur le marché chinois”, a-t-il ajouté, selon Xinhua. Le PDG de Nvidia avait auparavant rencontré le directeur du Conseil chinois pour la promotion du commerce international, Ren Hongbin, à qui il a déclaré que “la Chine est un marché très important” pour sa société, selon la chaîne de télévision publique CCTV. En 2024, Nvidia a réalisé 17 milliards de dollars de ventes en Chine, soit 13% de son chiffre d’affaires mondial.La société, qui est l’une des plus grosses capitalisations boursières mondiales, a indiqué plus tôt cette semaine qu’elle prévoyait une charge exceptionnelle de 5,5 milliards de dollars ce trimestre en raison d’une nouvelle exigence de licence américaine sur les processeurs graphiques avec des largeurs de bande similaires au H20, la principale puce que Nvidia pouvait légalement vendre en Chine. Mercredi, l’action de Nvidia a chuté de presque 7% à Wall Street.Depuis l’entrée en fonction de Donald Trump en janvier, Washington a imposé de nouveaux droits de douane allant jusqu’à 145% sur les importations chinoises. Pékin a riposté en imposant des taxes de 125% sur les produits américains.Sous la présidence de Joe Biden, le prédécesseur de Donald Trump, Washington avait déjà restreint les exportations vers la Chine des puces les plus sophistiquées de Nvidia, conçus pour alimenter les modèles d’IA haut de gamme.

Trump attaque le président de la Fed, “trop lent” à baisser les taux

Le président des Etats-Unis Donald Trump s’en est pris de nouveau jeudi au président de la banque centrale américaine (Fed) Jerome Powell, qu’il a jugé “trop lent” à baisser les taux d’intérêt de l’institution.”Il est plus que temps que le mandat de Powell se termine”, a écrit M. Trump sur sa plateforme Truth Social, alors que le second mandat du président de la Fed doit s’achever en mai 2026.Ce dernier aurait “dû baisser les taux d’intérêt depuis longtemps déjà, comme la BCE”, la Banque centrale européenne, a ajouté le président américain, en encourageant M. Powell à “le faire maintenant”.Les responsables de la BCE, qui se réunissent toutes les six semaines, viennent de s’accorder sur une baisse de 0,25 point des taux directeurs pour renforcer l’économie de la zone euro. Sa présidente Christine Lagarde a dit jeudi que la BCE devait “faire face à l’imprévisible” et se montrer “agile”, jugeant impossible de s’engager à l’avance sur une trajectoire de taux dans le contexte incertain de guerre commerciale menée par les Etats-Unis.Elle a aussi affiché sa solidarité avec son homologue de la banque centrale américaine, pour qui elle a dit avoir “beaucoup de respect”.- Inflation -Les droits de douane voulus par M. Trump placent la Réserve fédérale face à une situation “compliquée”, avait déclaré mercredi M. Powell, en estimant que ces surtaxes allaient “très certainement entraîner au moins une hausse temporaire de l’inflation”.”Les prix du pétrole sont en baisse, le montant des courses (même les Å“ufs!) aussi, et les Etats-Unis s’enrichissent grâce aux droits de douane”, a répondu tôt jeudi M. Trump, pour qui le patron de la Fed “est toujours trop lent et a toujours tort”.Le dirigeant républicain avait déjà exhorté le 4 avril M. Powell à baisser les taux d’intérêt, estimant alors que ce serait “le moment parfait”.La Fed a maintenu ses principaux taux stables, entre 4,25% et 4,50%, depuis le début de l’année.La baisse du pétrole a freiné l’inflation en mars, avec l’indice des prix à la consommation qui a reculé de 0,1%, après une hausse de 0,2% en février. L’indice a été tiré vers le bas par la baisse des prix à la pompe: -6,3% sur un mois et -9,8% sur un an. Cela a conforté la Maison Blanche dans sa politique douanière, alors que les économistes prévoient un regain d’inflation dû aux nouveaux droits de douane mis en place par Donald Trump.Or, en mars, les surtaxes sur les produits importés aux Etats-Unis n’étaient pas toutes entrées en vigueur. Depuis, et malgré de spectaculaires revirements, les Etats-Unis frappent les produits étrangers de 10% de droits de douane additionnels, et ceux en provenance de Chine d’une surtaxe punitive de 145%.- Agence indépendante -Donald Trump a nommé Jerome Powell à la tête de la Fed lors de son premier mandat, en 2018, mais l’accuse aujourd’hui de politiser la banque centrale américaine.Il a été reconduit à la tête de la Fed en 2021 par Joe Biden pour un second mandat.En août dernier, en pleine campagne électorale, Donald Trump avait menacé l’indépendance de l’agence, suggérant que la Maison Blanche pourrait avoir son mot à dire concernant la politique monétaire. Le président américain n’a pas le pouvoir de limoger directement les patrons de la Fed. Pour tenter de destituer Jerome Powell, Donald Trump devrait entamer une longue procédure et prouver que ce dernier a commis une faute grave. S’il n’est pas rare que présidents américains et patrons de la Fed s’opposent sur la politique monétaire à suivre, toute tentative de démettre Jerome Powell de ses fonctions serait du jamais-vu dans l’histoire américaine contemporaine.L’intéressé a déclaré début avril avoir l’intention de “rester en poste jusqu’à la fin de (son) mandat” en 2026. 

Malgré les droits de douane, le FMI n’envisage pas de récession cette année

Les droits de douane mis en place par Donald Trump vont peser sur l’économie mondiale et provoquer un ralentissement “notable” cette année mais sans la faire basculer en récession, a estimé jeudi la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Kristalina Georgieva.Malgré les “incertitudes” engendrées par les “politiques commerciales”, “nos projections de croissance sont en baisse notable mais ne montrent pas de récession”, a assuré Mme Georgieva dans son traditionnel discours de lever de rideau en amont des réunions de printemps du FMI et de la Banque mondiale (BM).L’événement débutera mardi et sera l’occasion pour l’institution de présenter ses prévisions actualisées pour l’économie mondiale (WEO).Le président américain Donald Trump a mis en place des droits de douane d’au moins 10% sur l’ensemble des produits entrant aux Etats-Unis, en vigueur depuis le 5 avril, et jusque 145% sur les produits chinois, au-delà des taxes existantes avant son retour à la Maison Blanche.”Il y a eu des changements plutôt significatifs du contexte économique mondial”, a reconnu Kristalina Georgieva, “mais ce que j’ai appris durant ma carrière est que la perception est essentielle”, en particulier pour nourrir l’incertitude auprès des marchés et des consommateurs.”Pris dans leur globalité, les récentes hausses de droits de douane, pauses, escalades et exemptions, il est clair que le taux effectif aux Etats-Unis s’est envolé à des niveaux qui n’ont plus été connus depuis bien longtemps”, a souligné la patronne du FMI.Plusieurs études estiment en effet que les droits de douane appliqués désormais aux Etats-Unis se situent autour de 20%, en tenant compte des dernières exemptions annoncées vendredi sur les semiconducteurs et produits électroniques, soit un niveau qui n’avait pas été atteint depuis près d’un siècle.En particulier, les tensions commerciales entre les Etats-Unis et la Chine sont montées de plusieurs crans, les deux premières puissances mondiales se rendant coup pour coup: Pékin taxe désormais à 125% les produits américains pour répondre aux droits de douane imposés par Washington.”Cela aura des conséquences car pendant que les grands s’affrontent, les plus petits pays sont pris entre deux feux. La Chine, l’Union européenne et les Etats-Unis sont les plus gros importateurs. La conséquence? La taille importe et ils sont capables de provoquer d’énormes retombées sur le reste du monde”, a alerté Mme Georgieva.- “Réformes nécessaires” -Malgré tout, la période offre des possibilités “dès lors que nous y répondons avec intelligence”, a-t-elle estimé, notamment celle de mettre en place “une économie mondiale mieux équilibrée et plus résistante” aux crises.Cela passe par la nécessité, pour l’ensemble des pays, de “remettre de l’ordre dans leurs affaires” car “il n’y a pas de place pour reporter les réformes nécessaires”, en particulier dans un monde “de plus grande incertitude et confronté à des chocs fréquents”.”Une action budgétaire résolue afin de reconstruire l’espace financier nécessaire et un chemin d’ajustement graduel respectant les cadres budgétaires” s’impose notamment, a insisté Kristalina Georgieva.Mais il faut également compenser le retard pris par les autres pays vis-à-vis des Etats-Unis en termes de productivité.Parmi les solutions préconisées par la directrice générale du FMI: “des réformes ambitieuses du secteur bancaire, des marchés de capitaux, des règles de concurrence, du droit de la propriété intellectuelle et une adaptation aux usages de l’intelligence artificielle”, capable de générer selon elle d’importants gains de croissance.Les pays doivent également corriger leurs principaux déséquilibres, budgétaires pour les Etats-Unis ou la France, ou de balance commerciale dans le cas de la Chine ou de l’Allemagne.”Au FMI, nous savons que ces rééquilibrages sont difficiles mais ils sont nécessaires”, a-t-elle insisté, “mais nous soutiendrons les efforts menés par les pays, notamment en apportant des contributions rapides pour les pays qui en auront besoin”.Enfin, dans un monde désormais “multipolaire”, “la plus importante des priorités est de nous assurer que nous pouvons coopérer”, et le FMI doit jouer un rôle en tant que “lieu essentiel pour le dialogue dans une période cruciale”, a conclu Kristalina Georgieva.

Wall Street sans direction claire, entre rebond et résultats d’entreprise

La Bourse de New York évolue en ordre dispersé jeudi, la place américaine tentant une reprise après sa nette baisse de la veille, l’indice Dow Jones accusant toutefois le coup face aux résultats mal accueillis par les investisseurs de l’assureur santé UnitedHealth.Vers 14H05 GMT, le Dow Jones reculait de 1,05% tandis que l’indice Nasdaq avançait de 0,17% et l’indice élargi S&P 500 prenait 0,43%.La veille, la place américaine avait nettement reculé face aux perspectives moroses du patron de la banque centrale américaine (Fed) quant à l’état de santé de l’économie américaine.Jerome Powell a jugé mercredi que “les droits de douane vont très certainement entraîner au moins une hausse temporaire de l’inflation” avec la possibilité que “les effets inflationnistes soient également persistants”.Selon lui, la politique commerciale de Trump place l’institution monétaire américaine face à une situation “compliquée dans laquelle nos deux objectifs (de plein-emploi et d’une inflation à 2%, ndlr) sont en tension”.”La plupart des investisseurs ont réalisé que les propos de Jerome Powell n’étaient pas différents de ce qu’ils attendaient de lui et qu’il n’y a rien de nouveau, c’est juste que le président de la Fed a énoncé l’évidence et que cela n’a pas été bien perçu”, estime auprès de l’AFP Sam Stovall.Le président des Etats-Unis Donald Trump s’en est pris de nouveau jeudi au président de la banque centrale américaine (Fed) Jerome Powell, qu’il a jugé “trop lent” à baisser les taux d’intérêt de l’institution.En l’absence de nouvelles prévisions pessimistes, ou de développements concernant les droits de douane, Wall Street peut désormais repartir à la hausse, ajoute M. Stovall. En début de séance jeudi, seul le Dow Jones restait en nette baisse, lesté par les résultats de UnitedHealth.L’assureur santé plongeait (-19,15%) après avoir annoncé un abaissement surprise de ses prévisions pour l’exercice en cours, face à une hausse de ses coûts. Au premier trimestre, l’entreprise a fait moins bien qu’attendu par les analystes, avec notamment un bénéfice net par action de 7,20 dollars.Fait particulier, les 30 titres qui figurent au sein du Dow Jones, le plus vieil indice de Wall Street, sont pondérés en fonction de la valeur de l’action, un paramètre jugé peu pertinent. Avec un prix de plus de 470 dollars l’action, UnitedHealth est en conséquence la valeur avec le poids le plus important sur le Dow Jones.Côté indicateurs, les nouvelles inscriptions hebdomadaires au chômage sont ressorties en baisse par rapport à la semaine dernière (-9.000), en deçà des attentes.Les mises en chantier ont grimpé en mars à 1,482 million en rythme annuel contre 1,459 million en février et les demandes de permis de construire, sont elles en baisse par rapport au mois dernier.Sur le marché obligataire, le rendement des emprunts d’Etat américains à dix ans se tendait très légèrement à 4,29% vers 14H00 GMT contre 4,28% la veille en clôture.A l’approche du weekend pascal, la Bourse de New York sera fermée vendredi, comme la majorité des places mondiales. Dès jeudi, “nous pourrions avoir un volume plus faible” d’échanges, ce qui conduit généralement “à une plus grande volatilité”, prévient Sam Stovall.Ailleurs à la cote, le laboratoire américain Eli Lilly, qui fabrique notamment les traitements anti-obésité Zepbound et Mounjaro, bondissait de 15,14% après avoir dévoilé des résultats encourageants d’essais cliniques pour une nouvelle pilule anti-obésité.Le loueur de véhicules Hertz s’envolait pour la deuxième séance consécutive (+22,79%) après que le fonds de l’investisseur activiste Bill Ackman a racheté 12,7 millions d’actions du groupe, soit une part d’environ 4% du capital. Selon le média américain CNBC, le fonds est désormais le deuxième plus gros actionnaire du loueur, avec une participation totale d’environ 19%.Le poids lourd du secteur financier American Express cédait un peu de terrain (-0,41%) après avoir publié des résultats meilleurs qu’attendu au premier trimestre et annoncé maintenir ses prévisions pour l’année 2025, notant toutefois qu’elles restaient “sujettes à l’environnement macroéconomique”.

Présidence de la SNCF: Jean Castex ne se portera pas candidat

L’ex-Premier ministre Jean Castex, actuel PDG de la RATP, a déclaré le 11 avril en conseil d’administration qu’il ne serait pas candidat à la présidence de la SNCF, démentant des informations de presse, a indiqué jeudi à l’AFP une source au sein de la direction de la régie de transports.Devant le conseil d’administration de l’entreprise publique réuni vendredi, M. Castex a fait savoir qu’il n’avait écrit aucune lettre de candidature pour remplacer Jean-Pierre Farandou, qui quittera la direction de la SNCF d’ici cet été en raison de la limite d’âge (68 ans).”Je n’ai jamais écrit à l’Élysée, ni à une autre autorité, et je ne me porte pas candidat à la succession de Jean-Pierre Farandou”, a notamment déclaré M. Castex, relevant qu’il avait été reconduit en octobre pour cinq ans à la tête de la RATP.Depuis plusieurs jours, différents articles de presse font état d’une candidature de M. Castex pour la SNCF, alors que l’ancien Premier ministre (2020-2022) n’a jamais caché sa passion pour le secteur ferroviaire.Parmi les autres noms cités figurent celui de Xavier Piechaczyk, président de RTE, ou encore celui de Marie-Ange Debon, présidente de Keolis (filiale de la SNCF).Selon une source proche des négociations, M. Piechaczyk est poussé par l’Élysée, notamment son secrétaire général sur le départ Alexis Kohler. D’après un ancien ministre, il était le choix d’Emmanuel Macron jusqu’à ce que la dissolution rebatte les cartes.Mais “sa candidature suscite des anticorps”, notamment “une opposition irréductible de la CGT”, première organisation syndicale au sein de la SNCF, note la même source, soulignant qu'”aucune candidature interne ne se détache” par ailleurs.Cette incertitude a renforcé l’hypothèse Castex qui, s’il n’est pas candidat de manière anticipé, pourrait être finalement sollicité par l’exécutif, comme il l’avait été en 2020 pour mettre en Å“uvre le déconfinement lors du Covid-19 puis pour occuper contre toute attente Matignon.Selon un ministre, la patronne de la CGT Sophie Binet a elle-même demandé à ce que M. Castex, qui avait entretenu des bonnes relations avec les syndicats lors de son bail à Matignon, soit nommé à la tête de la SNCF. Jean Castex est également apprécié de certains syndicats à la RATP, comme FO qui avait appelé à le reconduire pour un nouveau mandat. Son bilan financier est plus contrasté : si le chiffre d’affaires de la RATP a augmenté de 10% en 2024, porté par les Jeux olympiques et des prolongements de lignes de métro, l’activité de transport est restée déficitaire.Dans une interview mercredi à La Tribune, le ministre des Transports Philippe Tabarot imaginait, pour succéder à M. Farandou, “quelqu’un qui sait dialoguer avec ses salariés, qui a la culture du résultat financier, (…) qui a une connaissance de la maison, du ferroviaire et du territoire.” “Je vous laisse deviner quelle peut être cette personne”, avait-il ajouté.L’option d’une dissociation des postes de président et de directeur général, pour permettre à Jean-Pierre Farandou de conserver la présidence du groupe jusqu’à 70 ans, un temps envisagée, a été définitivement écartée.

Les Bourses naviguent à vue, entre politique monétaire et tensions commerciales

Les Bourses mondiales ont les yeux rivés jeudi sur les politiques des banques centrales, dont la BCE qui a baissé ses taux face aux tensions commerciales qui bousculent l’économie mondiale depuis le retour de Trump.La Banque centrale européenne (BCE) a abaissé ses taux jeudi pour la sixième fois d’affilée, espérant contrer l’effet des tensions commerciales exacerbées avec les États-Unis qui menacent la croissance en zone euro.Cette septième baisse depuis juin 2024, qui fait passer le taux principal à 2,25%, accompagne un processus de désinflation “en bonne voie”. Mais les perspectives de croissance en zone euro “se sont détériorées” du fait de l’intensification des tensions commerciales, a déclaré l’institution de Francfort dans un communiqué.La décision de l’institution “traduit une inclinaison à la prudence”, explique Madison Faller, de J.P. Morgan Private Bank.En Europe, après cette annonce, vers 13H30 GMT, la Bourse de Paris perdait 0,68%, Francfort 0,47%, Londres 0,50% et Milan 0,54%.Outre-Atlantique, la politique monétaire est également un point d’attention majeure des marchés. Donald Trump s’en est pris jeudi au président de la banque centrale américaine (Fed) Jerome Powell, qu’il a jugé “trop lent” à baisser les taux d’intérêt de l’institution.Le dirigeant aurait “dû baisser les taux d’intérêt depuis longtemps déjà, comme la BCE”, a estimé le président américain, en encourageant M. Powell à “le faire maintenant”.”Il est plus que temps que le mandat de Powell se termine”, a encore écrit M. Trump sur sa plateforme Truth Social, alors que le second mandat du dirigeant doit s’achever en mai 2026.A Wall Street, les indices étaient dispersés dans les premiers échanges: vers 13H30 GMT, le S&P 500 prenait 0,39%, le Nasdaq 0,45%, tandis que le Dow Jones cédait 1,29%.Les marchés américains avaient dévissé mercredi, après que Jerome Powell avait justement estimé que les droits de douane imposés contre les partenaires commerciaux des Etats-Unis allaient “très certainement entraîner au moins une hausse temporaire de l’inflation”, compliquant une baisse des taux.Une baisse des taux, positive pour la croissance, peut en effet provoquer une accélération de l’inflation.”En d’autres termes, M. Powell a déclaré que l’inflation était sa priorité et que la meilleure chose à faire était d’attendre avant de réduire les taux”, commente Ipek Ozkardeskaya, analyste chez Swissquote Bank.Côté négociations commerciales, les grandes économies exportatrices d’Asie comme le Vietnam, le Japon ou Taïwan se pressent à Washington pour négocier un compromis sur les surtaxes douanières américaines, tirant profit du sursis partiel de 90 jours qui leur est accordé.Siemens Energy brilleSiemens Energy (+12,65% à Francfort vers 13H20 GMT), a relevé ses prévisions annuelles, après avoir fait état d’un solide deuxième trimestre de son exercice décalé, dans un communiqué de résultats préliminaires publié mercredi.Pour 2025, le groupe table désormais sur un bénéfice net pouvant atteindre un milliard d’euros. Siemens Gamesa, sa filiale en difficulté depuis de nombreuses années, a augmenté son chiffre d’affaires au cours du deuxième trimestre et a réduit sa perte nette.L’or toujours plus haut, le dollar remonteL’or, valeur refuge face aux incertitudes, continue sa course aux records. Le métal précieux s’est hissé à un nouveau sommet historique jeudi, à plus de 3.357 dollars l’once. Il évoluait vers 13H20 GMT à 3.327 dollars l’once.Côté marché des changes, le billet vert prenait 0,30% face à la monnaie unique vers 13H20 GMT, à 1,1356 dollar pour un euro, après la baisse des taux de la BCE qui a pour conséquence une baisse de rémunération des actifs libellés dans la monnaie européenne.Toutefois, le dollar recule toujours sur un mois, perdant près de 4,50%, sur fond d’inquiétudes de investisseurs sur l’économie américaine et la politique erratique de Donald Trump.Sur le marché de la dette, le rendement des emprunts d’Etat américains à dix ans se stabilisait autour des 4,30%, désormais loin de sa flambée à près de 4,60% la semaine passée.Le pétrole grimpeLes cours de l’or noir grimpent jeudi après que les Etats-Unis ont annoncé mercredi des sanctions contre une nouvelle raffinerie indépendante en Chine, accusée de transformer illégalement du pétrole iranien.Vers 13H20 GMT, le Brent de la mer du Nord prenait 1,51% à 66,85 dollars le baril, et son équivalent américain, le WTI gagnait 1,72% à 63,55 dollars le baril.

Wall Street ouvre sans direction claire, entre rebond et résultats d’entreprise

La Bourse de New York a ouvert en ordre dispersé jeudi, la place américaine tentant une reprise après sa nette baisse de la veille, l’indice Dow Jones accusant toutefois le coup face aux résultats mal accueillis par les investisseurs de l’assureur santé UnitedHealth.Dans les premiers échanges, le Dow Jones reculait de 1,22% tandis que l’indice Nasdaq avançait de 0,57% et l’indice élargi S&P 500 prenait 0,36%.