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Budget de l’Etat: un conclave décisif entre députés et sénateurs à l’Assemblée jeudi

Une étape cruciale, mais ne préjugeant pas du sort final du texte: sept députés et sept sénateurs se retrouvent jeudi à l’Assemblée nationale pour tenter de s’entendre sur une version commune du budget de l’État, examinée le cas échéant par les députés lundi, avec sans doute le premier 49.3 de François Bayrou.La commission mixte paritaire (CMP), qui a commencé ses travaux à 09H30 et pourrait si nécessaire les poursuivre vendredi, est dominée par la coalition gouvernementale, avec huit parlementaires issus de ses rangs. Une composition qui présage d’une issue favorable des débats, malgré des divergences de vue entre la droite et les macronistes.Dans cette hypothèse, les conclusions de la CMP seront examinées dans l’hémicycle de l’Assemblée lundi et au Sénat mardi. Faute de majorité à la chambre basse, le Premier ministre devrait faire usage de l’article 49 alinéa 3 de la Constitution, pour faire adopter le texte sans vote. S’exposant pour la deuxième fois à la censure des députés.Le négociateur PS de la CMP Philippe Brun a d’emblée mis la pression, en prévenant que faute “d’ouverture à gauche” jeudi, “il y aura censure” du gouvernement la semaine prochaine. Plus sibyllin, le patron des députés socialistes Boris Vallaud s’est contenté de dire: “Nous avons des propositions de réécriture et nous les défendrons”.Les négociations entre les gouvernement et le parti à la rose, engagés depuis plusieurs semaines, s’étaient interrompues mardi après la sortie de François Bayrou sur “le sentiment de submersion” migratoire selon lui ressenti par les Français. Jeudi, le président du Sénat Gérard Larcher a appelé le groupe de Boris Vallaud à la “responsabilité”. “Est-ce qu’on peut continuer à être sans budget, avec les conséquences que ça a au quotidien pour les citoyens, pour les collectivités territoriales, pour le monde économique ?”, a-t-il interrogé.- Accord sur l’AME ? -Au sein du socle commun aussi, les discussions se sont poursuivies pour trouver un terrain d’entente. Les deux chefs de file des discussions en CMP, le rapporteur général du Budget au Sénat Jean-François Husson (LR), et le représentant des députés Renaissance David Amiel, ont multiplié ces derniers jours les rendez-vous pour accorder leurs points de vue.”Cela avance plutôt bien, il reste quelques ajustements, mais les choses sont bien engagées”, s’est félicité mercredi M. Husson auprès de l’AFP, escomptant que la copie issue de la CMP permette au gouvernement de réduire le déficit à 5,4% du PIB comme prévu, au prix d’un effort budgétaire de 50 milliards d’euros.”Je vois difficilement comment (la CMP) ne serait pas conclusive”, a observé le président de la commission des Finances Eric Coquerel (LFI) sur TF1, déplorant de son côté “un budget plus austéritaire” que ne l’était celui de Michel Barnier, censuré début décembre.Parmi les sujets les plus clivants au sein du socle commun, l’Aide médicale d’Etat réservée aux étrangers en situation irrégulière, dont la droite souhaite voir les crédits diminuer de 200 millions d’euros, contre l’avis de la ministre du Budget Amélie de Montchalin et de nombreux macronistes. Les socialistes en font même “une ligne rouge” absolue.In fine, la version commune proposée MM. Husson et Amiel devrait acter cette réduction, selon une source parlementaire.LR a fortement poussé en ce sens. “Pour nous, un budget de l’AME auquel on ne touche pas, ce n’est juste pas possible”, a souligné mercredi un responsable du parti. “On ne peut pas avoir un Premier ministre qui nous parle de submersion migratoire mais qui n’en tire aucune conséquence.”Le président de Renaissance Gabriel Attal, qui avait souhaité après la chute de Michel Barnier que la majorité sorte de la tutelle du Rassemblement national, a lui apporté mercredi son soutien à François Bayrou dans sa recherche d’un accord avec les socialistes.”Personne, aucun groupe politique n’est totalement satisfait par ce budget. C’est peut-être la preuve qu’il y a une forme de compromis”, a-t-il jugé.La droite mettant de son côté en garde contre des concessions excessives: “Un coup de pouce au Smic, ça ne répond pas au sujet”, a tranché le cadre cité plus haut.”On marchera sur un fil étroit, en tentant de pencher ni trop a gauche, pour éviter que la droite ne vote plus le texte, ni trop a droite car les socialistes le censureraient”, a prévenu mercredi la sénatrice Christine Lavarde, cheffe de file budget du groupe LR, et membre de la CMP.”Avec quand même une inconnue, le choix du RN”, “acteur clé du système”, relève-t-elle. Le RN n’a pour l’instant pas dévoilé sa position.

La Bourse de Paris avance, prise entre résultats d’entreprises et banques centrales

La Bourse de Paris est en hausse jeudi, digérant une série de résultats d’entreprise, dont ceux de géants technologiques américains, dans un marché concentré sur les décisions de politique monétaire des banques centrales américaine et européenne.L’indice vedette CAC 40 prenait 0,43% vers 10H00, soit 33,88 points à 7.906,36 points. Mercredi, il a reculé de 0,32%.”Les indices européens sont à leur plus haut historique, avant une fin de semaine très chargée”, commentent les analystes de Natixis, citant les réunions de politique monétaire des banques centrales américaine et européenne ainsi que les résultats des géants technologiques américains.Pour sa première décision sous le nouveau mandat de Donald Trump, la banque centrale américaine a décidé mercredi soir, à l’unanimité, de maintenir ses taux d’intérêt dans une fourchette comprise entre 4,25% et 4,50%.”La Fed est maintenant en mode attente, guettant des chiffres d’inflation plus favorables avant d’envisager de nouvelles baisses de taux”, commente Florian Ielpo, responsable de la recherche macroéconomique pour Lombard Odier IM.Jeudi c’est au tour de la Banque centrale européenne (BCE) de se prononcer. Une nouvelle baisse de ses taux d’intérêt est largement attendue par le marché.”L’impact de la baisse des taux ne devrait pas particulièrement influencer le marché, l’attention se portera plutôt sur la conférence de presse de Christine Lagarde, présidente de la BCE, à 14H45 et sur le communiqué de la BCE qui accompagnera la décision”, commente Kathleen Brooks, directrice de la recherche économique chez XTB.STMicroelectronics sanctionnéLe fabricant franco-italien de composants électroniques STMicroelectronics voyait son titre chuter de 7,55% à 21,99 euros vers 10H00, le marché sanctionnant les anticipations économiques moroses du groupe pour le premier trimestre 2025.A l’occasion de la publication de ses résultats annuels, STMicroelectronics, qui fournit des puces à Apple et à Tesla notamment, a dit prévoir un chiffre d’affaires en baisse de 27,6% pour le premier trimestre 2025, à 2,51 milliards de dollars (2,41 milliards d’euros).Sur l’année 2024, son chiffre d’affaires perd 23,2%, à 13,26 milliards de dollars (12,74 milliards d’euros). Une baisse comparable à celle du quatrième trimestre : les recettes de l’entreprise ont été diminuées de 22,4% par rapport à 2023 et atteignent 3,32 milliards de dollars (3,19 milliards d’euros), “en ligne” avec les prévisions.

France: le PIB a reculé de 0,1% au 4e trimestre mais progressé de 1,1% en 2024 (Insee)

Le produit intérieur brut (PIB) de la France s’est contracté de 0,1% au quatrième trimestre, subissant le contrecoup des Jeux olympiques et paralympiques de Paris, a indiqué jeudi l’Insee, mais il a progressé de 1,1% en 2024, conformément à sa prévision. Entre octobre et décembre, période marquée par la chute du gouvernement Barnier, la croissance économique a été pénalisée par le ralentissement de la consommation des ménages (+0,4% après +0,6%), notamment en services, alors que celle-ci avait soutenu la hausse de 0,4% du PIB observée au troisième trimestre. Les investissements ont reculé de 0,1%, moins fortement que durant l’été (-0,3%): ceux des entreprises sont restés stables tandis que du côté des ménages, ils ont reculé de -0,3% (après -0,7%). Au total, la demande intérieure finale (hors stocks) a progressé de 0,3 point (après +0,4) au quatrième trimestre. La contribution du commerce extérieur a été négative (-0,2 point après -0,1 au troisième trimestre), les importations ayant rebondi face à des exportations en baisse. Sur l’ensemble de 2024, la croissance économique française a atteint 1,1%, comme l’avaient prévu l’Insee et le gouvernement. Elle a été tirée par le commerce extérieur (+0,9 point après 0,6) tandis que la demande intérieur finale a ralenti (+0,7 point après 0,9). Pour 2025, le gouvernement du Premier ministre François Bayrou a abaissé sa prévision de croissance de 1,1% à 0,9%. De son côté, l’Insee table sur une hausse de 0,2% du PIB aux premier et deuxième trimestres, horizon de ses prévisions. 

IA: SoftBank envisage d’investir jusqu’à 25 milliards de dollars dans OpenAI

Le géant japonais de l’investissement dans les technologies SoftBank Group est en pourparlers pour investir entre 15 et 25 milliards de dollars dans OpenAI, champion américain de l’intelligence artificielle et créateur de ChatGPT, a rapporté jeudi le Financial Times (FT).Un tel apport pourrait faire de SoftBank le principal bailleur de fonds de la startup américaine, selon le quotidien financier, qui rappelle toutefois qu’aucun accord n’est encore finalisé.SoftBank et OpenAI sont tous les deux associés au projet “Stargate” d’investissements massifs dans les infrastructures d’IA aux Etats-Unis, dévoilé la semaine dernière par le président américain Donald Trump, et qui vise à déployer au total 500 milliards de dollars sur quatre ans.L’investissement envisagé par le groupe japonais dans OpenAI viendrait s’ajouter à son engagement immédiat de plus de 15 milliards de dollars dans Stargate, déclare le FT, citant des personnes sans les identifier des sources proches des négociations.OpenAI va également investir 15 milliards de dollars dans Stargate, et la participation de SoftBank dans la société américaine pourrait couvrir l’engagement de cette dernière dans le projet, précise le quotidien financier.Sollicité par l’AFP, SoftBank s’est refusé à commenter ces informations. Vers 05H00 GMT, le titre SoftBank Group reculait de 0,84% à la Bourse de Tokyo, à rebours d’un marché en hausse de 0,28%.Ces informations du FT surviennent peu après l’onde de choc provoquée par la start-up chinoise DeepSeek, dont le nouveau robot conversationnel –extrêmement puissant mais développé à une fraction du coût de ses rivaux américains– a semé la panique dans la Silicon Valley et fait dévisser les valeurs tech à Wall Street.Masayoshi Son, le flamboyant fondateur et patron de SoftBank, est connu pour avoir fait des paris colossaux, risqués et finalement très rémunérateurs, sur Yahoo! et sur le géant chinois du commerce électronique Alibaba dans les années 1990.Mais certains de ses autres investissements se sont révélés de cuisants échecs.Masayoshi Son a récemment réorienté ses priorités vers l’intelligence artificielle –notamment avec la société Arm, détenue majoritairement par SoftBank, un concepteur britannique de puces dont la technologie est présente dans 99% des smartphones.Outre OpenAI et SoftBank, le projet Stargate associe également le spécialiste du “cloud” (informatique à distance) Oracle et le fonds d’investissement MGX, adossé aux Émirats arabes unis.Elon Musk, patron de Tesla et nommé par M. Trump à la tête d’une mission extra-gouvernementale, a ouvertement critiqué Stargate sur son réseau X, estimant que les participants “n’ont pas l’argent” nécessaire pour le financer. Ce que Sam Altman, patron d’OpenAI, avait aussitôt démenti.Certains analystes avaient de leur côté estimé que SoftBank pourrait réduire sa participation dans Arm pour garantir ses financements dans Stargate.burs-stu/jug/cg/alh

Au Salvador, une petite ville adepte du bitcoin se frotte les mains face au retour de Trump

Nichée entre des collines parées de plantations de café, la petite ville de Berlin, bastion du bitcoin au Salvador, déborde d’enthousiasme face au retour à la Maison-Blanche de Donald Trump, grand promoteur des cryptomonnaies.A l’entrée de cette commune de 18.000 habitants, située à 110 kilomètres à l’est de la capitale San Salvador, un panneau annonce la couleur : “Bienvenue à Bitcoin Berlin, ici on vit avec le bitcoin”.”Avec l’élection de Trump et tout ce qu’il a récemment dit sur le bitcoin, nous espérons que le bitcoin va grimper”, ce qui permettra de générer “emploi et revenus”, explique à l’AFP Marcela Flores, employée d’un café qui accepte cette cryptomonnaie. Magasins, hôtels, épiceries, stations-service… plus d’une centaine de commerces de Berlin utilisent la cryptomonnaie, dans un pays qui fut le premier au monde à adopter, en 2021, le bitcoin comme monnaie légale aux côtés du dollar, à l’initiative du président Nayib Bukele.Pour les défenseurs de ce marché en plein essor, mais en quête de légitimité, le retour au pouvoir de Donald Trump est vécu comme une aubaine.Après avoir qualifié les cryptomonnaies d’escroquerie durant son premier mandat (2017-2021), le milliardaire américain a changé son fusil d’épaule pendant sa dernière campagne électorale – en partie financée par le secteur – et affirmé vouloir faire des Etats-Unis “la capitale mondiale du bitcoin et des cryptomonnaies”.Il a même lancé sur la “blockchain” Solana son propre “memecoin”, cryptomonnaie à valeur exclusivement spéculative, reposant sur un engouement populaire et influencée par les tendances internet, sobrement baptisé “Trump”, avant d’être suivi par sa compagne et son token “Melania”. Quelques heures avant son investiture le 20 janvier, le bitcoin a franchi un nouveau record, dépassant la barre des 109.000 dollars. Mercredi soir, il cotait un peu moins de 100.000 dollars.- “Vivre bitcoin” -Gerardo Linares, 32 ans, a quitté San Salvador en 2023 pour s’installer à Berlin afin d’y promouvoir l’utilisation du bitcoin et “d’éduquer” les commerçants et leurs clients. Aujourd’hui, la ville dispose d’un “Centre communautaire du Bitcoin” où M. Linares et d’autres animent des ateliers de formation et enregistrent des podcasts. “Nous avons fait un peu de bruit sur les réseaux sociaux (et) des étrangers ont commencé à venir”, raconte-t-il à l’AFP. Une vingtaine de personnes venues de France, des États-Unis, du Canada, de Nouvelle-Zélande, d’Australie et d’Irlande l’ont rejoint sur place pour participer au projet. “Je vis selon une norme bitcoin : on me paie en bitcoin (…) et je dépense en bitcoin ici”, à 95%, assure Quentin Ehrenmann, Français de 28 ans arrivé en octobre 2023. – Indifférence des Salvadoriens -Julio Cruz, 53 ans, vend des souvenirs artisanaux colorés et affichant le “B” du bitcoin aux touristes attirés le week-end par le climat frais de la ville. Il voit d’un bon oeil l’utilisation du bitcoin.”Cela a été une bonne expérience, très positive, nous pensons que le bitcoin est la solution pour atteindre notre indépendance économique”, affirme-t-il.La ferveur observée à Berlin contraste avec l’indifférence de l’immense majorité des Salvadoriens, dont 92% disent ne pas avoir utilisé le bitcoin en 2024, selon une enquête de l’Université Centraméricaine (UCA) publiée en janvier.”Les autorités continuent d’insister (sur le bitcoin) comme un pari économique, mais nous voyons une déconnexion avec ce que les gens pensent du cryptoactif”, relève Laura Andrade, directrice de l’Institut d’opinion publique de l’UCA. Né en 2008 sur l’idée d’une monnaie échappant au contrôle des institutions financières grâce à la technologie de la “blockchain”, et après plusieurs scandales, le bitcoin est aujourd’hui en quête de respectabilité. A Berlin, qui orthographie partout son nom en remplaçant le “B” par le symbole du bitcoin, la cryptomonnaie a trouvé ses ambassadeurs.

Automobile: l’UE rassemble les constructeurs pour relancer la filière

L’Union européenne lance jeudi une vaste concertation avec le secteur automobile, afin de relancer des constructeurs européens en grande difficulté pour passer le cap de l’électrification des véhicules face à la concurrence chinoise.Bruxelles doit composer entre ses ambitions environnementales et les appels à l’aide du secteur. En plein tournant pro-business, la Commission a promis dès mercredi des “flexibilités” pour répondre à “l’urgence”.L’exécutif semble prêt à épargner les constructeurs européens qui risquaient des amendes en cas de non-respect des objectifs de réduction des émissions de CO2 en 2025.Outre les constructeurs, plusieurs Etats dont l’Allemagne, la France et l’Italie s’opposent à ces amendes, au grand dam des ONG environnementales.Initié par la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, ce “dialogue stratégique” sur l’avenir de l’automobile doit réunir durant plusieurs mois constructeurs, équipementiers, ONG et représentants des consommateurs.L’automobile européenne est frappée de plein fouet par la concurrence de la Chine. Et l’arrivée au pouvoir de Donald Trump aux Etats-Unis laisse craindre une explosion des droits de douane sur les voitures du Vieux continent.Comme un symbole, l’usine Audi de Bruxelles (groupe Volkswagen) s’apprête à cesser sa production fin février. Elle fabriquait un modèle haut de gamme de voiture électrique, mais les ventes de ce SUV sont en baisse et la direction met en avant “des coûts de production élevés” dans la capitale belge.Face à la crise, la Commission promet d’accompagner un secteur qui emploie quelque 13 millions de personnes au sein de l’UE et représente environ 7% de son PIB.De premières mesures pourraient être annoncées fin février afin de soutenir les achats de voitures électriques pour les flottes d’entreprises ou tenter de sécuriser les chaînes d’approvisionnement en matières premières.- “Déjà en retard”Le précédent mandat d’Ursula von der Leyen a été marqué par les ambitieuses mesures du Pacte vert (Green Deal), et son emblème: l’interdiction à la vente des véhicules thermiques neufs en 2035.”Nous voulons maintenir cet objectif”, a assuré mercredi Ursula von der Leyen, tout en accompagnant les entreprises dans cette “transition très complexe”.  Jusqu’ici, le totem de 2035 n’a pas été frontalement remis en cause à Bruxelles. Mais la pression monte du côté des constructeurs et d’une partie de la classe politique. Au Parlement, la droite européenne demande des aménagements et l’extrême droite appelle à “suspendre le Green Deal”.Les organisations environnementales s’alarment. Lucien Mathieu, de Transport et Environnement (T&E), redoute un mauvais signal qui inciterait les constructeurs européens à “ralentir”, alors qu’ils “sont déjà en retard” en matière de véhicules électriques, souligne-t-il auprès de l’AFP.En Europe, la part des voitures électriques dans les ventes a baissé pour la première fois depuis l’envol du marché en 2020: 13,6% en 2024 contre 14,6% en 2023.Pendant ce temps, la Chine, pionnière mondiale, a vendu 11 millions de véhicules électriques en 2024, un chiffre en hausse de 40% sur un an.L’UE a engagé un bras de fer commercial avec Pékin, à qui elle reproche d’avoir artificiellement dopé sa filière électrique à coups de subventions publiques. Malgré l’hostilité de l’Allemagne, Bruxelles a ainsi décidé fin octobre d’ajouter aux 10% de taxes déjà en place une surtaxe allant jusqu’à 35% sur les voitures à batterie de fabrication chinoise.Mais en Europe, “l’ampleur des investissements et le rythme de l’innovation sont restés à la traîne”, déplore un récent rapport de l’Institut Jacques Delors, particulièrement dans le domaine de la fabrication de batteries.”La Chine devrait contrôler les deux tiers de la production mondiale de batteries d’ici à 2030″, estime cet institut, qui appelle l’UE à “augmenter sa production assez rapidement”.

France: les chiffres d’une croissance dégradée fin 2024 annoncés jeudi

L’Insee dévoile jeudi les chiffres de la croissance française au quatrième trimestre 2024, attendue en net ralentissement dans une France plongée dans une crise budgétaire et privée du regain d’activité qu’aurait pu insuffler le repli marqué de l’inflation.L’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) table sur une croissance nulle au quatrième trimestre 2024 après une hausse de 0,4% au troisième trimestre attribuable aux Jeux olympiques et paralympiques de Paris.Sur l’ensemble de l’année 2024, l’Insee estime que le produit intérieur brut (PIB) a progressé de 1,1%, comme en 2023. C’est mieux que l’Allemagne, en récession pour la deuxième année d’affilée avec une contraction de 0,2% du PIB, mais bien moins que l’Espagne, où la croissance économique a atteint 3,2%.En France, “il est difficile de trouver un poste (du PIB) qui se porte très bien”, euphémise Maxime Darmet, économiste chez Allianz, interrogé par l’AFP.- Incertitude -Il pointe du doigt la faiblesse de la production industrielle – à l’exception de l’aéronautique – et une consommation des ménages sans éclat malgré le recul à +2% de l’inflation en 2024 en moyenne annuelle, contre +4,9% l’année précédente. Dynamisés par les JO, les services subiraient “un contrecoup”. En décembre, l’Insee tablait sur une augmentation de la consommation de 0,9% en 2024, moins que le pouvoir d’achat (+2,1%). Les ménages, qui ne perçoivent pas encore l’assagissement des prix, ont préféré épargner, sur fond de craintes concernant le chômage. L’incertitude politique qui agite la France depuis la dissolution de l’Assemblée nationale en juin pèse sur la croissance et se double d’une crise budgétaire: le pays est sans budget pour 2025 à cause de la chute du gouvernement Barnier en décembre. Signe de la confiance ébranlée des investisseurs, l’écart entre les taux d’emprunt français et allemand à 10 ans s’est creusé. Le taux français dépasse maintenant ceux de l’Espagne et du Portugal, naguère mauvais élèves de la zone euro. Cette situation vient “en partie annihiler” la baisse des taux d’intérêt amorcée en juin par la Banque centrale européenne (BCE) et qui pourrait se poursuivre jeudi, après des relèvements destinés à faire baisser l’inflation, souligne Maxime Darmet. – Discussions houleuses -Le début 2025 s’annonce morose également, dans un environnement international difficile, où le président américain Donald Trump brandit la menace de droits de douane accrus. En France, le nouveau gouvernement de François Bayrou ambitionne de réaliser plus de 50 milliards d’euros d’effort budgétaire cette année pour ramener le déficit public à 5,4% du PIB, contre environ 6% en 2024. Mais les négociations pour s’accorder avec les socialistes sur un budget de “compromis” sont houleuses, faisant toujours planer le risque d’une censure. “La confiance dégradée et l’incertitude entourant le budget 2025 continuent de peser sur la demande intérieure et cela risque de perdurer dans les prochains mois”, souligne Charlotte de Montpellier, économiste chez ING, dans une note.Le gouvernement a abaissé sa prévision de croissance de 1,1% à 0,9% pour 2025. De son côté, l’Insee table sur une hausse de 0,2% du PIB aux premier et deuxième trimestres, horizon de ses prévisions. Le reflux de l’inflation se poursuivrait – l’Insee la voit à 1% sur un an en juin et le gouvernement à 1,4% en moyenne sur l’année – tandis que la facture d’électricité de la plupart des ménages baissera en moyenne de 15% au 1er février.Cependant, la demande devrait rester “déprimée”, affectée notamment par des dépenses publiques plus restreintes:  “la consommation n’accélérerait pas” et l’investissement des entreprises baisserait encore de 2%, avance Stéphane Colliac, économiste chez BNP Paribas, dans une note.

Les profits de Meta bondissent, mais le marché attend des résultats dans l’IA

Meta a conclu l’année 2024 avec des revenus et profits en forte hausse et supérieurs aux prévisions, mais le marché n’a d’yeux que pour l’intelligence artificielle (IA), à cause des investissements mirobolants engagés par le géant des réseaux sociaux.La maison mère de Facebook, Instagram, et WhatsApp a réalisé 48,4 milliards de dollars de chiffre d’affaires au quatrième trimestre (+21% sur un an), dont elle a dégagé 20,8 milliards de bénéfice net (+50% sur un an), sans susciter d’enthousiasme à Wall Street.”La solide croissance des recettes de Meta masque un problème imminent”, a réagi l’analyste Debra Aho Williamson.”Ses perspectives de revenus pour le premier trimestre sont inférieures aux attentes, et elle prévoit des dépenses exorbitantes dans l’IA en 2025. La situation est donc préoccupante”, a détaillé l’experte de Sonata Insights.Le marché attend des preuves que les investissements colossaux des géants de la tech sont justifiés et vont porter leurs fruits, alors que la start-up chinoise DeepSeek vient de montrer qu’il était possible de rivaliser avec ChatGPT (OpenAI), Gemini (Google) et Llama (Meta) pour une fraction des coûts.Meta a annoncé la semaine dernière que ses dépenses d’investissement seraient comprises entre 60 et 65 milliards de dollars cette année, soit 50% de plus qu’en 2024, principalement pour renforcer sa position dans la course à l’intelligence artificielle (IA) générative.”Je n’arrête pas de répéter à mes équipes que (l’année 2025) va être intense”, a dit Mark Zuckerberg, patron du groupe californien, lors de la conférence aux analystes. – Objectif “vague” -Le groupe californien a intégré Meta AI, à ses différents services et sur ses lunettes connectées Ray-Ban, dans l’espoir qu’il devienne l’assistant IA le plus utilisé dans le monde, malgré l’avance de ChatGPT.En décembre 2024, 3,35 milliards de personnes dans le monde se connectaient tous les jours sur au moins une des plateformes de Meta.Le recours à Meta AI “croît le plus vite sur WhatsApp”, a indiqué Susan Li, la directrice financière de l’entreprise. “Les utilisateurs s’en servent pour trouver des informations et du soutien émotionnel”.”L’objectif de Mark Zuckerberg d’atteindre 1 milliard de personnes avec Meta AI en 2025 est suffisamment vague pour qu’il soit certainement possible d’y arriver”, a commenté Debra Aho Williamson. Face au succès de DeepSeek, Meta a entrepris de disséquer le nouveau modèle chinois pour améliorer Llama.Mais selon Mark Zuckerberg, cela ne veut pas dire que les coûts vont baisser.”Je continue de penser que le fait d’investir massivement dans les infrastructures constituera un avantage stratégique. Il est possible que nous apprenions le contraire à un moment donné, mais c’est beaucoup trop tôt”, a-t-il déclaré, soulignant que Meta “sert beaucoup de gens”.Les dépenses de la firme américaine sont d’autant plus scrutées qu’elle perd plusieurs milliards tous les trimestres dans sa branche “Reality Labs”, dédiée au métavers, un univers ou le réel et le virtuel se mélangent via les écrans et les lunettes et casques de réalité mixte (virtuelle et augmentée).En 2024, Reality Labs a creusé ses pertes à 17,7 milliards de dollars.- Annonceurs “préoccupés” -“Meta sort de son adolescence et de ses obsessions maladroites sur le +métavers+ et se transforme en géant de la publicité numérique, plus musclé et plus concentré”, estime Jeremy Goldman de Emarketer. Mais les récents changements de politique, pour aligner les plateformes avec la nouvelle administration américaine et Donald Trump, inquiètent les analystes.Mark Zuckerberg a notamment mis fin au programme de vérification indépendante des faits aux Etats-Unis, conçu pour lutter contre la désinformation, et assoupli la modération des contenus, autorisant plus de discours haineux, notamment.”Les prévisions plus légères qu’attendu pour ce trimestre montrent que ces récentes modifications (…) pourraient avoir un impact sur les recettes”, a souligné Debra Aho Williamson. “Les annonceurs sont préoccupés, ils ont en tête les performances habituellement fortes de la pub sur Meta mais aussi le risque que le ton des conversations sur ses réseaux puisse être moins sûr pour les marques à l’avenir.”Susan Li a assuré que les changements apportés au règlement n’avaient pas eu d’impact “remarquable” sur les dépenses des annonceurs pour l’instant.Et Mark Zuckerberg s’est félicité que les Etats-Unis aient désormais un “gouvernement fier de nos grandes entreprises, attaché à la victoire des technologies américaines”.Meta a accepté mercredi de payer 25 millions de dollars de dédommagements à Donald Trump pour mettre fin à ses poursuites engagées après la suspension en 2021 de ses comptes Facebook et Instagram, pour avoir encouragé ses partisans lors de l’assaut du Capitole à Washington.

Tesla a déçu les attentes au 4T, mais promis une année “historique” en 2025

Le groupe Tesla, spécialiste américain des véhicules électriques, a publié mercredi des résultats inférieurs aux attentes au quatrième trimestre mais anticipe une année 2025 “majeure” grâce aux avancées dans la conduite autonome.”Avec la progression de l’autonomie des véhicules et l’introduction de nouveaux produits, nous anticipons un retour de la croissance de l’activité automobile en 2025″, a précisé le groupe aux activités diverses (automobile, stockage d’électricité, robot humanoïde Optimus, intelligence artificielle, etc), dans un communiqué.”L’année 2025 sera majeure dans l’histoire de Tesla grâce à l’amélioration rapide de la FSD”, pour “Full Self-Driving”, c’est-à-dire la conduite entièrement autonome, a-t-il poursuivi.Ce sera la “meilleure année de l’histoire de Tesla”, a assuré Elon Musk lors d’une audioconférence avec des analystes, parlant d’une année “pivot”.Et “ça va être dément” les trois années suivantes, a-t-il affirmé, précisant que la pénurie de batteries freinait actuellement son essor.Au quatrième trimestre 2024, les résultats ont été inférieurs aux attentes des analystes. Le chiffre d’affaires a atteint 25,71 milliards de dollars (+2% sur un an), le bénéfice net 2,32 milliards de dollars (-71% sur un an). Selon Tesla, le prix moyen de vente de ses berlines a reculé sous l’effet notamment d’une baisse de leur tarification et d’options de financement qualifiées d'”attractives”.Malgré ces résultats en-deçà des anticipations, l’action Tesla gagnait 4,17% dans les échanges électroniques après la clôture de la Bourse de New York.- Nouveaux modèles -Le groupe a confirmé l’arrivée de modèles à bas coût, dont la production devrait commencer au premier semestre, ainsi que le lancement de son robotaxi – le Cybercab – dès juin à Austin (Texas) pour commencer et sa production à grande échelle à partir de 2026.Concernant Optimus, qu’Elon Musk veut produire massivement pour le faire travailler dans son usine texane dès 2026, “il ne faudra pas de nombreuses années avant que nous en produisions 100 millions” par an, a-t-il confié aux analystes.Selon lui, Tesla devrait même commencer à en livrer à d’autres entreprises au second semestre 2026.Avec une production annuelle d’un million d’exemplaires, “le coût de revient unitaire devrait être inférieur à 20.000 dollars”, a-t-il anticipé.Pour Wedbush, le retour de Donald Trump à la Maison Blanche “va totalement changer la donne” pour l’autonomie et l’intelligence artificielle, par sa volonté d’alléger les réglementations et les aides fédérales.Autant d’éléments “très favorables” pour l’entreprise d’Elon Musk, devenu un allié très proche.Mais, dès les premières heures de sa seconde présidence, le républicain climatosceptique a ciblé les véhicules électriques en supprimant des subventions pour l’implantation de stations de recharge.D’autres mesures pourraient suivre, comme la suppression d’un crédit d’impôt fédéral de 7.500 dollars pour l’achat d’un véhicule électrique.D’après Wells Fargo, Tesla serait le constructeur le plus affecté car tous ses modèles peuvent y prétendre, contre seulement 31% pour ses concurrents.N’ayant pas hésité à rogner ses marges pour stimuler ses ventes, il dispose désormais de peu de flexibilité en la matière.- Première baisse -Ses livraisons ont fléchi en 2024 (-1%) à 1,79 million de véhicules – premier recul de son histoire – alors que Tesla anticipait une “légère augmentation”. Le groupe a été affecté par la fermeture temporaire de plusieurs sites.Le groupe s’est aussi fait grignoter des parts de marché par des constructeurs traditionnels comme General Motors, Ford ou Toyota, et par des startups comme Rivian, désormais soutenue par le géant allemand Volkswagen.Malgré cela, il a conservé sa place de premier constructeur mondial de véhicules tout électrique, devant le Chinois BYD (1,76 million).”Nous nous attendons à ce que les volumes rebondissent en 2025, tirés par les nouveaux modèles et versions rafraîchies”, ont indiqué les analystes de Deutsche Bank, pariant sur un bond de 15% des livraisons annuelles.”La politisation d’Elon est, à coup sûr, un sujet brûlant pour les investisseurs et, d’après les premières indications, ils pensent qu’il met en danger les ventes de véhicules”, a commenté Jeff Osborne, de TDCowen.

Statu quo sur les taux d’intérêt aux Etats-Unis, Trump lâche ses coups

La banque centrale américaine (Fed) a maintenu ses taux inchangés mercredi, déclenchant les foudres du président Donald Trump qui voulait les voir diminuer “immédiatement”.A l’issue de deux jours de réunion – la première sous le nouveau mandat du républicain -, la Fed a décidé à l’unanimité mercredi de laisser ses taux d’intérêt dans la même fourchette, entre 4,25% et 4,50%.L’institution n’a pas besoin “d’agir dans la précipitation” et d’abaisser davantage ses taux alors que l’économie des Etats-Unis, et tout particulièrement son marché de l’emploi, restent solides, a estimé le président de la Fed, Jerome Powell, en conférence de presse. La réaction du chef de l’Etat, qui avait “exigé” la semaine dernière que les “taux d’intérêt baissent immédiatement”, ne s’est pas fait attendre.Utilisant un diminutif de Jerome, Donald Trump a écrit sur son réseau social Truth Social que “Jay Powell et la Fed ont échoué à stopper les problèmes qu’ils ont créés avec l’inflation”.”Si la Fed avait passé moins de temps sur les politiques antidiscriminations, l’idéologie de genre, l’énergie +verte+ ou le pseudo-changement climatique, l’inflation n’aurait jamais été un problème. Au lieu de ça, nous avons subi la pire inflation de notre histoire”, a affirmé le président américain, qui cite inlassablement ces sujets comme des épouvantails.Les Etats-Unis ont connu un pic d’inflation mi-2022, avec des prix augmentant de 9,5% en rythme annuel selon l’indice CPI, un niveau qui n’avait plus été observé depuis le début des années 80.Le pays a toutefois traversé des périodes où les hausses de prix étaient plus marquées: jusqu’à 14,5% en rythme annuel en avril 1980 et même près de 20% en rythme annuel en mars 1947 après la Seconde Guerre mondiale.Pour juguler l’inflation post-pandémie de Covid-19, la Fed avait relevé ses taux jusqu’à une fourchette comprise entre 5,25% et 5,50%, renchérissant le coût des crédits pour les entreprises et les particuliers.Face à l’accalmie sur les prix, la banque centrale a commencé en septembre 2024 à baisser ses taux: trois fois en trois réunions, pour un total d’un point de pourcentage.Le statu quo de mercredi met fin à ce cycle.- “Attendre” -Lors de la conférence de presse, M. Powell a refusé de “répondre ou commenter d’une manière ou d’une autre” les précédentes déclarations de Donald Trump.Interrogé pour savoir si la Fed prenait en compte le potentiel inflationniste de mesures voulues par Donald Trump (surtaxes douanières, baisses d’impôts, expulsions massives de sans-papiers, dérégulation), M. Powell a répondu que la Fed souhaitait “attendre” de voir quelle politique serait effectivement menée avant de jauger de son impact potentiel.M. Powell était devenu président de la Fed en 2018, après que M. Trump l’eut proposé à ce poste sous son premier mandat.La décision de la Fed avait été largement anticipée par les marchés. Son annonce n’a d’ailleurs quasiment pas eu d’impact à Wall Street, où la conférence de presse de M. Powell n’a pas suscité de mouvements inattendus.La Bourse de New York a clôturé en baisse, portant son attention sur les résultats trimestriels des géants américains de la tech.”Tous les regards vont désormais se détourner de la Fed et se diriger vers les conséquences économiques des politiques du nouveau gouvernement”, a estimé dans une note Thomas LaSalvia, analyste pour Moody’s.Selon ses statuts, la Réserve fédérale doit chercher, via ses taux, en permanence un équilibre pour que l’économie soit la plus proche du plein emploi possible, avec une inflation stable et modérée. En l’absence de signe de faiblesse du marché du travail, elle n’est pas pressée de baisser davantage ses taux d’intérêt pour donner un coup de fouet à l’activité économique.L’exécutif américain propose les candidats aux postes les plus élevés de la Fed, mais il n’a pas la possibilité de mettre fin prématurément à leurs fonctions, une condition nécessaire pour préserver l’indépendance de l’institution vis-à-vis du pouvoir politique.