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Le boycott des mairies écologistes par Safran relance un débat sur la “réindustrialisation verte”

La décision radicale du patron de Safran de “bannir” tout investissement dans les villes écologistes a ravivé le débat sur la “réindustrialisation verte” de la France, les Ecologistes assumant leur défense d’un développement “durable” tandis que des adversaires politiques tendaient les bras au groupe aéronautique.L’étincelle à l’origine de la polémique est partie lundi d’une déclaration aussi rare que directe du directeur général de Safran : Olivier Andriès, devant la commission d’enquête de l’Assemblée nationale sur les freins à la réindustrialisation, a vivement dénoncé les critiques formulées, en février 2024, par des élus écologistes de Rennes contre l’implantation d’une fonderie avec 500 emplois à la clé.”On avait négocié avec la maire socialiste de Rennes, (…) ça s’est très bien passé, et là, les écologistes nous ont jeté des tomates sur le thème: +c’est scandaleux, un groupe vient s’installer, créer de l’emploi, c’est l’aéronautique, c’est l’avion, ils vont polluer, et puis c’est le militaire, c’est pas bien+”, a-t-il déclaré.En conséquence, “pour moi, il n’est plus question aujourd’hui d’investir en France dans une ville qui est détenue par une majorité écologiste”, “chaque fois que l’on aura un choix de localisation, je bannirai une offre faite” par ces mairies, a ajouté le patron du motoriste et équipementier aéronautique français, dont l’Etat détient presque 12%.”Si c’est pour détruire la planète, on a 500 emplois qui vont probablement, derrière, durer un temps très court”, lui a répondu mercredi la députée écologiste Sandrine Rousseau sur BFMTV.Le site de la fonderie, censé être opérationnel à partir de 2027, doit fournir des aubages de turbine pour les moteurs de Rafale, l’avion de combat français, ou le moteur Leap, qui équipe tous les Boeing 737 MAX et environ 60% des Airbus A320neo.- “Chantage à l’emploi” -“À un an des municipales, cette prise de position très politique d’un industriel nous interroge”, ont réagi Les Ecologistes dans un communiqué jeudi soir.”Le chantage à l’emploi ne fait pas une politique industrielle” et “la question à se poser est donc plutôt de savoir en quoi les emplois créés par Safran seront durables, notamment en cas d’envolée du coût de l’énergie”, se défend le parti.Leurs élus rennais, qui font partie de la majorité municipale conduite par la socialiste Nathalie Appéré, avaient vivement critiqué la décision prise “dans le dos” par leurs alliés d’accepter l’implantation de cette usine de Safran sur un terrain racheté par les collectivités locales à Stellantis.”Au regard des urgences climatiques, d’autres solutions, qui étaient à l’étude, notamment avec des PME/PMI du territoire et au-delà, auraient pu être privilégiées”, défend le parti.”La Région ÃŽle-de-France accueillera tous les emplois que Safran souhaitera créer pour ses habitants avec reconnaissance et engagement (à lui simplifier la vie !)”, a opportunément fait valoir sa présidente Valérie Pécresse (LR), dans un message sur X (ex-Twitter). Pour le groupe au 27 milliards d’euros de chiffre d’affaires et aux 100.000 employés, les bras sont ouverts également à Romans-sur-Isère (Drôme), a aussi tweeté la maire de cette commune, Marie-Hélène Thoraval.- “Nativement verte” -Le directeur de Safran “a raison”, a aussi défendu jeudi sur RMC le patron de Bpifrance, Nicolas Dufourcq: “On ne peut pas vouloir à la fois la réindustrialisation (…) et en même temps, poser mille et mille et mille et mille conditions qui font que c’est absolument impossible pour les industriels”.”La réindustrialisation de la France (…) elle est nativement verte” car “ce sont des usines qui sont électrifiées, qui sont conçues pour être décarbonées”, a argué le directeur général de la banque publique d’investissement . “Les Français savent bien que ça suffit, cette situation dans laquelle tout est fabriqué en Chine”.”Quand vous faites du semi-conducteur, par exemple, dans la vallée de Grenoble, (…) c’est quand même la fierté française d’avoir des grandes usines qui sont compétitives avec la Chine, qui permettent d’alimenter toute notre industrie et l’industrie mondiale”, a-t-il aussi plaidé.”Mais on a quand même tout le monde contre nous”, a déploré M. Dufourcq, rappelant l’exemple de “l’attentat contre l’alimentation électrique de l’usine de STMicroelectronics”, lorsque des câbles électriques avaient été incendiés en 2022 à Crolles (Isère).

Chocolats de Pâques: les cloches s’envolent et les prix aussi

Devant la boutique d’une enseigne parisienne de chocolats, Jacques, 50 ans, énumère ses achats de Pâques: poules, lapins, friture… Du “classique”. Mais cette année, il a choisi des “petits formats” car “les prix ont augmenté”, flambée des cours de cacao oblige.”C’est plus cher que l’an dernier, je dirais d’environ 15%”, dit-il à l’AFP. Pas question toutefois de renoncer à ces emplettes annuelles destinées à sa famille et… à ses propres papilles: “C’est un achat plaisir”.Ce “fort attachement des Français au chocolat”, festif à Pâques et Noël (les deux gros temps forts d’achat) et du quotidien pendant l’année, est “une grande chance pour la profession”, reconnaît Gilles Rouvière, secrétaire général du Syndicat du chocolat, qui regroupe petites entreprises familiales, PME plus grosses et multinationales.D’autant que les achats de Pâques sont aux trois quarts destinés aux enfants, selon les enquêtes de l’organisation, même si les achats pour les adultes croissent plus rapidement que ceux pour les enfants (+8% et +2,4% respectivement en 2024).Les cours du cacao, stables pendant une dizaine d’années, se sont envolés à partir de début 2023. Sur le marché londonien des matières premières, la tonne de cacao valait 1.900 livres sterling (2.200 euros) en janvier 2023, 3.800 livres un an plus tard et a atteint un plus haut mi-décembre 2024, à plus de 9.000 livres. Un prix multiplié par 4,5 en deux ans. Depuis début 2025, les cours ont toutefois reflué et la tonne cotait quelque 6.200 livres fin mars.Les raisons de la flambée des cours ces dernières années? Des conditions climatiques défavorables (pluies diluviennes provoquant des maladies dans les cultures, sécheresse) en Afrique de l’Ouest (notamment en Côte d’Ivoire et au Ghana), ceinture cacaoyère qui fournit 70% des fèves de cacao dans le monde.L’envolée des prix a freiné la demande et poussé des agriculteurs à consacrer plus de ressources à la culture du cacao, permettant une détente des cours ces derniers mois, avec la constitution de réserves pour la première fois depuis quatre ans.- Moins de lapins dans les jardins ? -Mais les fabricants des chocolats de Pâques ont acheté le cacao il y a plusieurs mois, parfois au plus haut.Une enquête réalisée par UFC-Que Choisir pointe une hausse en moyenne de 14% des prix de chocolats de Pâques en grande distribution cette année, par rapport à Pâques 2024.Une augmentation portée à 23% en moyenne sur les marques distributeurs, qui restent toutefois moins chères que les marques nationales, selon les relevés effectués par l’association de défense des consommateurs le 31 mars sur 78 produits.Une envolée qui contraste avec l’inflation alimentaire revenue à moins de 0,5% en 2024. Oliviers Dauvers, expert des sujets de grande consommation, pronostique “un mauvais millésime” des ventes de chocolats de Pâques 2025: “Même si l’inflation est justifiée” par la flambée des cours du cacao, “une part des clients ne peuvent pas suivre, tout simplement”.Un porte-parole du Groupement Mousquetaires (Intermarché, Netto) dit proposer les mêmes produits que l’an dernier, sans baisser la part de cacao. Mais des magasins du groupement présentent aussi des articles de Pâques avec très peu de chocolat, comme par exemple des oeufs fourrés d’une crème au lait.Pas question, assure-t-il à l’AFP, de pousser les étiquettes vers le haut pour ces achats exceptionnels car “la plupart des enseignes proposent plus ou moins la même chose”. L’achat de sujets de Pâques est certes “un passage un peu obligé pour les parents, mais on doit être le plus concurrentiel possible”, sinon le client va voir ailleurs.La plupart des achats de chocolats ont lieu dans la semaine précédent le week-end de Pâques. Il est donc trop tôt pour dire si cloches et lapins seront moins nombreux dans les jardins dimanche. 

Face au chaos douanier, la BCE s’accroche à la détente monétaire

La Banque centrale européenne a abaissé ses taux jeudi pour la sixième fois d’affilée, espérant contrer l’effet des tensions commerciales exacerbées avec les États-Unis qui menacent la croissance.Les perspectives en zone euro “se sont détériorées du fait de l’intensification des tensions commerciales”, a constaté l’institution de Francfort à l’issue de sa réunion de politique monétaire.L’offensive tarifaire de Donald Trump pèse sur l’économie, avec un “risque de baisse des exportations, des investissements et de la consommation”, a résumé sa présidente Christine Lagarde, ajoutant que le climat financier dégradé pourrait freiner encore davantage l’activité.Ce choc en puissance a convaincu les gardiens de l’euro de donner une nouvelle bouffée d’oxygène en baissant les coûts d’emprunt : le taux de dépôt, qui fait référence, a été abaissé de 25 points de base, à 2,25%, un niveau qui n’est plus jugé pénalisant pour l’économie.Dans un contexte “d’incertitudes exceptionnelles”, qui a vu Donald Trump enchaîner les annonces et revirements spectaculaires, l’institution se garde d’anticiper ses prochaines décisions et va plus que jamais continuer à s’appuyer sur les “données” pour “déterminer, réunion par réunion”, l’orientation de la politique monétaire.”Nous devons être prêts à faire face à l’imprévisible”, a souligné Christine Lagarde, prônant “agilité” et “réactivité”.”La voie reste largement ouverte à de nouvelles baisses de taux”, selon Ulrike Kastens, analyste chez DWS, certains observateurs voyant le taux de dépôt ramené à 1,75 % dans les prochains mois.- Trump chamboule tout – Depuis juin 2024, la BCE a abaissé ses taux à sept reprises, inversant un cycle de resserrement monétaire amorcé deux ans plus tôt pour lutter contre l’inflation provoquée par la guerre russe en Ukraine et ses répercussions énergétiques. Lors de leur dernière réunion en mars, les gardiens de l’euro laissaient entendre qu’ils n’excluaient pas une pause dans ce cycle de baisse des taux, leur optimisme reposant sur les projets de relance budgétaire en Allemagne, premier pays de la zone euro.Le gouvernement du futur chancelier allemand Friedrich Merz prévoit des centaines de milliards pour la défense et les infrastructures, un investissement qui pourrait soutenir l’industrie et la croissance en zone euro, a souligné jeudi Mme Lagarde.Mais le choc externe d’une guerre commerciale a rebattu les cartes. Début avril, Donald Trump a imposé des droits de douane réciproques à tous les pays – 10 % universels et jusqu’à 145 % supplémentaires sur la Chine – assortis de quelques exemptions sectorielles.Une pause de 90 jours a ensuite été décrétée pour les surtaxes supérieures à 10% sur les pays hors Chine, mais cela n’a pas suffi à rassurer les marchés.- Inflation au second plan -A Francfort, siège de la BCE, les inquiétudes concernant la hausse des prix sont passées au second plan: la désinflation est “en bonne voie”, observe la BCE, avec une inflation dans les 20 pays membres de la zone euro qui s’est établie à 2,2% en mars se rapprochant de la cible de 2%.Et l’effet de la guerre commerciale sur les prix est encore incertain, souligne Christine Lagarde : une baisse de la demande pourrait faire refluer l’inflation tandis qu’une fragmentation des chaînes d’approvisionnement mondiales pourrait au contraire pousser les prix à la hausse.Une différence avec les Etats-Unis où le président de la Réserve fédérale (Fed) américaine Jerome Powell a estimé mercredi que les droits de douane entraîneront “très certainement une hausse temporaire de l’inflation”.Il s’est attiré les foudres de Donald Trump selon lequel le patron de la Fed aurait dû baisser les taux “depuis longtemps déjà, comme la BCE”.Face à cette attaque contre l’indépendance des banques centrales, Christine Lagarde a affiché sa solidarité avec son “estimé” collègue américain.”Les baisses de taux, à elles seules, ne suffiront pas à protéger l’économie de la zone euro face aux bouleversements et défis historiques actuels”, prévient Carsten Brzeski, expert chez ING.Une raison pour laquelle Mme Lagarde a lancé en toute fin de conférence de presse un appel appuyé aux Européens pour qu’ils s’attellent enfin aux réformes structurelles attendues de longue date, telles que le renforcement de la compétitivité ou l’union des marchés de capitaux.

Face à la fragmentation, la patronne du FMI appelle à “en tirer le meilleur parti possible”

Alors que le Fonds monétaire international (FMI) alertait encore ces derniers mois sur le risque de fragmentation de l’économie mondiale, sa directrice générale Kristalina Georgieva a appelé jeudi, dans un entretien à l’AFP, l’ensemble des pays à “en tirer le meilleur parti possible”.”Nous ne sommes plus dans un monde où les règles peuvent être collégialement facilement tranchées mais dans un monde multipolaire, avec tout ce que cela implique”, en particulier en terme de régionalisation de l’économie mondiale, a insisté Mme Georgieva.Dès lors, “plutôt que d’espérer que le monde retournera à ce qu’il était” avec une économie pleinement mondialisée, “il est préférable que chacun travaille dur pour en tirer le meilleur parti possible”, a-t-elle estimé.Et la fragmentation n’a pas nécessairement que des effets négatifs, juge Mme Georgieva au contraire, “certaines parties du monde pourraient en profiter”, citant en particulier le continent africain.”Nous observons une approche plus régionale en terme de croissance et de commerce, là où ces liens devraient être plus forts, (…) certaines parties du monde peuvent renforcer leurs liens commerciaux avec leurs voisins ou avec des économies proches avec des chaînes d’approvisionnements dès lors renforcées”, a-t-elle détaillé.Mais dans l’immédiat, le brusque retour des droits de douane parmi les outils économiques, en particulier aux Etats-Unis devrait peser sur l’économie, alors que le FMI anticipe un ralentissement de la croissance cette année, sans pour autant plonger le monde dans la récession.Le président américain Donald Trump a imposé début avril au moins 10% de droits de douane supplémentaires sur l’ensemble des produits entrant aux Etats-Unis, et jusque 145% sur les produits chinois, avant d’introduire quelques exceptions pour les produits électroniques.L’effet sera cependant variable d’un endroit à l’autre car “les droits de douane provoqueront un choc de l’offre dans certains pays, de la demande dans d’autres, ce qui amènera des inquiétudes différentes, certains pays pour la croissance, d’autres sur l’inflation”, a prévenu Kristalina Georgieva.En Europe en particulier, “on a vu la Banque centrale européenne (BCE) agir en baissant ses taux car l’UE est plutôt confrontée à un choc de demande, avec les prix qui risquent de baisser et les biens (venant de Chine, NDLR), qui ne vont plus aux Etats-Unis, aller vers l’Europe”.”Aux Etats-Unis on est face à une situation plus compliquée. Les anticipations d’inflation sont à la hausse et dans le même temps la croissance devrait ralentir, cela va rendre les choses plus compliquées pour la Fed”, a ajouté Mme Georgieva.- Aide internationale plus coordonnée -Pour le reste du monde, le ralentissement de l’économie ne sera pas sans conséquence, en particulier pour les pays à faibles revenus.”Lorsque l’économie mondiale ralentit, toutes choses égales par ailleurs, ce n’est pas bon pour eux”, mais plus encore lorsque ces pays, sont confrontés, comme actuellement, à “une baisse de l’aide internationale” alors que les économies avancées réduisent leur dépenses.Car au-delà de la coupe drastique connue aux Etats-Unis avec la fermeture de l’Agence pour l’aide au développement (USAID), la France ou le Royaume-Uni ont notamment annoncé une baisse de leurs dépenses en la matière, et comptent poursuivre dans cette voie.Face à cette situation, Kristalina Georgieva appelle les pays en développement à “prendre au sérieux la nécessite d’améliorer leur propre économie (…) il est temps pour eux de remettre les choses en ordre”.Cela passe en particulier par une meilleure mobilisation de l’impôt pour financer leur Etat et un travail afin de réduire la part de l’économie informelle dans leur produit intérieur brut.Mais le FMI compte également sur d’autres acteurs pour prendre le relai des économies avancées, et sa directrice générale regarde en particulier vers le Conseil de coopération du Golfe (GCC), qui réunit les monarchies pétrolières du Proche-Orient.”Le GCC agissait jusqu’ici principalement de manière bilatérale mais nous pouvons travailler de manière plus coordonnée, pour une utilisation plus efficace de l’argent. C’est mieux pour le pays aidé, pour les donateurs et c’est notre responsabilité”.Mais sans davantage d’aide au développement, cela peut rendre les choses plus compliquées pour le FMI.”Nous agissons en tant que prêteur principal, l’argent que nous apportons n’est pas un don” mais un prêt, et dès lors “nous avons absolument besoin de continuer à travailler avec la communauté des donateurs”, a rappelé Mme Georgieva.Mais “si nous devons réduire notre aide au développement, alors au moins faisons en sorte de travailler plus efficacement pour les pays en développement”, a-t-elle demandé.

Trump attaque le président de la Fed et menace de le limoger

Donald Trump s’en est de nouveau pris jeudi au président de la banque centrale américaine (Fed) Jerome Powell, qui refuse de baisser les taux d’intérêt de l’institution, affirmant: “Il partira si je lui demande.””Je ne suis pas content de lui. Je lui ai fait savoir et si je veux qu’il parte, il partira vite fait, croyez-moi”, a assuré le président américain dans le Bureau ovale, aux côtés de la Première ministre italienne Giorgia Meloni. “Il est plus que temps que le mandat de Powell se termine”, a écrit Donald Trump sur sa plateforme Truth Social plus tôt dans la journée, alors que le second mandat du président de la Fed doit s’achever en mai 2026.Ce dernier aurait “dû baisser les taux d’intérêt depuis longtemps déjà, comme la BCE”, la Banque centrale européenne, a ajouté le président américain, en encourageant M. Powell à “le faire maintenant”.Les responsables de la BCE, qui se réunissent toutes les six semaines, viennent de s’accorder sur une baisse de 0,25 point des taux directeurs pour renforcer l’économie de la zone euro. Sa présidente Christine Lagarde a dit jeudi que la BCE devait “faire face à l’imprévisible” et se montrer “agile”, jugeant impossible de s’engager à l’avance sur une trajectoire de taux dans le contexte incertain de guerre commerciale menée par les Etats-Unis.Elle a aussi affiché sa solidarité avec son homologue de la banque centrale américaine, pour qui elle a dit avoir “beaucoup de respect”.- Inflation -Les droits de douane voulus par M. Trump placent la Réserve fédérale face à une situation “compliquée”, avait déclaré mercredi M. Powell, en estimant que ces surtaxes allaient “très certainement entraîner au moins une hausse temporaire de l’inflation”.”Les prix du pétrole sont en baisse, le montant des courses (même les Å“ufs!) aussi, et les Etats-Unis s’enrichissent grâce aux droits de douane”, a répondu tôt jeudi M. Trump, pour qui le patron de la Fed “est toujours trop lent et a toujours tort”.Le dirigeant républicain avait déjà exhorté le 4 avril M. Powell à baisser les taux d’intérêt, estimant alors que ce serait “le moment parfait”.La Fed a maintenu ses principaux taux stables, entre 4,25% et 4,50%, depuis le début de l’année.La baisse du pétrole a freiné l’inflation en mars, avec l’indice des prix à la consommation qui a reculé de 0,1%, après une hausse de 0,2% en février. L’indice a été tiré vers le bas par la baisse des prix à la pompe: -6,3% sur un mois et -9,8% sur un an. Cela a conforté la Maison Blanche dans sa politique douanière, alors que les économistes prévoient un regain d’inflation dû aux nouveaux droits de douane mis en place par Donald Trump.Or, en mars, les surtaxes sur les produits importés aux Etats-Unis n’étaient pas toutes entrées en vigueur. Depuis, et malgré de spectaculaires revirements, les Etats-Unis frappent les produits étrangers de 10% de droits de douane additionnels, et ceux en provenance de Chine d’une surtaxe punitive de 145%.- Agence indépendante -Donald Trump a nommé Jerome Powell à la tête de la Fed lors de son premier mandat, en 2018, mais l’accuse aujourd’hui de politiser la banque centrale américaine.Il a été reconduit à la tête de la Fed en 2021 par Joe Biden pour un second mandat.En août dernier, en pleine campagne électorale, Donald Trump avait menacé l’indépendance de l’agence, suggérant que la Maison Blanche pourrait avoir son mot à dire concernant la politique monétaire. Le président américain n’a pas le pouvoir de limoger directement les patrons de la Fed. Pour tenter de destituer Jerome Powell, Donald Trump devrait entamer une longue procédure et prouver que ce dernier a commis une faute grave. S’il n’est pas rare que présidents américains et patrons de la Fed s’opposent sur la politique monétaire à suivre, toute tentative de démettre Jerome Powell de ses fonctions serait du jamais-vu dans l’histoire américaine contemporaine.L’intéressé a déclaré début avril avoir l’intention de “rester en poste jusqu’à la fin de (son) mandat” en 2026. 

LVMH espère un accord sur les droits de douane et veut rassurer sur la succession du PDG

Le numéro un mondial du luxe LVMH a tenu jeudi son assemblée générale dans un contexte délicat au moment où ses ventes fléchissent, en espérant un accord sur les droits de douane et en tenant à rassurer sur la succession de Bernard Arnault.”L’année 2025 commence de manière un peu chahutée, si on peut dire”, a déclaré le PDG du groupe Bernard Arnault.”Jusque fin février, tout s’est passé très bien. Puis on est arrivé en face d’une situation géopolitique et économique mondiale qui a été bouleversée par les droits de douane potentiels, par l’aggravation des crises internationales”, selon lui.Le numéro un du luxe avait annoncé mardi des ventes en recul de 2% au premier trimestre, à 20,3 milliards d’euros, décevant les analystes et lui faisant perdre sa place de première capitalisation boursière du CAC 40 au profit de Hermès. Jeudi soir, LVMH a repris de justesse le titre.”Notre situation est loin d’être préoccupante”, a relativisé Bernard Arnault face aux actionnaires.”L’objectif, c’est d’offrir la meilleure qualité. Et après, la croissance, ça suit plus ou moins vite et plus on est gros, plus c’est difficile”, a-t-il relevé, “ou alors il faut accepter de banaliser les choses, ce qu’on refuse catégoriquement, notamment pour nos deux principales marques” Louis Vuitton et Dior, a-t-il ajouté.”Peut être qu’on fera un petit peu moins de croissance”, a-t-il souligné, ajoutant: “ça ne me dérange pas du tout”.Le secteur du luxe comptait sur le marché américain pour contrebalancer le ralentissement des ventes en Chine, mais doit désormais faire face aux nouveaux droits de douane annoncés par Donald Trump. Bernard Arnault, dont le groupe réalise 25% de ses ventes aux États-Unis, a appelé les dirigeants européens à régler “à l’amiable” les tensions commerciales entre l’Union européenne et les États-Unis, se disant même “favorable” à “une zone de libre-échange” entre les deux puissances économiques.”Ces négociations sont vitales pour beaucoup d’entreprises en France et malheureusement, j’ai l’impression que nos amis britanniques sont plus concrets dans l’avancée des négociations”, a déploré le PDG en marge de l’assemblée générale. – “Des plans de succession existent” -“Il faut absolument trouver un accord, comme les dirigeants de Bruxelles semblent essayer d’en trouver un pour la voiture allemande. Pour la viticulture française, c’est vital”, a-t-il insisté. LVMH réalise 34% de ses ventes de vins et spiritueux (Dom Pérignon, Hennessy, Krug,…) aux États-Unis.Si jamais ces négociations n’aboutissaient pas et qu'”on se retrouve avec des droits de douane élevés, (…) on sera amené à augmenter nos productions américaines”, a précisé M. Arnault. Son groupe possède déjà trois ateliers Louis Vuitton et quatre ateliers de la marque américaine Tiffany aux États-Unis. “Il ne faudra pas dire que c’est de la faute des entreprises. Ce sera la faute de Bruxelles si cela devait arriver”, a estimé l’homme d’affaires, qui a assisté aux premières loges à l’investiture de Donald Trump en janvier. Si la modification des statuts du groupe “afin d’harmoniser les limites d’âge du président du conseil d’administration et du directeur général” pour les porter à 85 ans a été plébiscitée (à 99,18%), la question de la succession a été posée par des actionnaires.”Des plans de succession existent”, a répondu Stéphane Bianchi, directeur général adjoint du groupe. “Les dits plans n’ont pas vocation à être révélés publiquement. Mais bien évidemment, ils existent tant dans des hypothèses de moyen terme qu’en cas d’événements soudains”, a-t-il ajouté.Il a souligné que “le conseil d’administration, et plus spécifiquement le comité durabilité et gouvernance (…) composé exclusivement d’administrateurs indépendants, débat tous les ans des plans de succession des dirigeants, y compris des mandataires sociaux”.Stéphane Bianchi a en outre rappelé que la société Agache, holding de la famille Arnault, “a été transformée en 2022 en sociétés en commandite par actions afin de pérenniser le contrôle familial du groupe et la vision à long terme”.”Cette structure édicte des règles précises qui permettront de s’assurer à l’avenir d’un vote unique de l’actionnaire de contrôle sur tous les sujets relevant de sa compétence”, a-t-il ajouté.Bernard Arnault n’a pas nommé de successeur à ce jour, mais ses cinq enfants travaillent tous pour le groupe et quatre d’entre eux sont au conseil d’administration. Fin 2024, la famille Arnault possédait 49% du capital de LVMH et 64,81% des votes.

La Bourse de Paris finit dans le rouge, entre tensions commerciales et BCE

La Bourse de Paris a terminé en recul jeudi, freinée par les tensions commerciales malgré une nouvelle baisse des taux annoncée par la Banque centrale européenne.Le CAC 40 a perdu 0,60% à 7.285,86 points, en recul de 44,11 points. Mercredi, l’indice vedette de la Bourse française avait terminé à l’équilibre, cédant 0,07% à 7.329,97 points.Sur l’ensemble de la semaine, l’indice gagne toutefois 2,55%. Les marchés seront fermés vendredi et lundi, pour cause de week-end de Pâques.”Le manque de visibilité est extrêmement fort”, explique à l’AFP Jeanne Asseraf-Biton, directrice recherche et stratégie chez BFT. Pékin et Washington continuent de se renvoyer la balle sur les droits de douane, alimentant l’incertitude sur l’issue d’une guerre commerciale qui devrait provoquer un recul des échanges mondiaux et une hausse de l’inflation aux Etats-Unis.Dans ce contexte, la Banque centrale européenne (BCE) a abaissé ses taux jeudi pour la sixième fois d’affilée, espérant contrer l’effet des tensions commerciales qui menacent la croissance en zone euro. Le taux de dépôt, qui fait référence, a été abaissé de 25 points de base, à 2,25%.”Les marchés ne peuvent pas s’enthousiasmer sur une baisse des taux qui était attendue, alors que les tensions commerciales actuelles provoquent un manque de visibilité sur l’évolution future de l’activité”, tranche Jeanne Asseraf-Biton.La décision de la BCE “traduit une inclinaison à la prudence”, explique Madison Faller, de J.P. Morgan Private Bank.Cet abaissement a fait logiquement reculer les taux d’intérêt souverains des Etats européens. Le rendement de l’emprunt à dix ans français a atteint 3,23% , contre 3,26% la veille. Son équivalent allemand, référence en Europe, reculait à 2,47%, contre 2,50% mardi.Outre-Atlantique, la politique monétaire est également un point d’attention majeure des marchés. Donald Trump s’en est pris jeudi au président de la banque centrale américaine (Fed) Jerome Powell, qu’il a jugé “trop lent” à baisser les taux d’intérêt de l’institution.Le dirigeant aurait “dû baisser les taux d’intérêt depuis longtemps déjà, comme la BCE”, a estimé le président américain, en encourageant M. Powell à “le faire maintenant”.”Il est plus que temps que le mandat de Powell se termine”, a encore écrit M. Trump sur sa plateforme Truth Social, alors que le second mandat du dirigeant doit s’achever en mai 2026.Hermès et LVMH au coude-à-coudeLe groupe de luxe français Hermès et le géant français du luxe LVMH sont au coude-à-coude pour la place de première capitalisation boursière du CAC 40, mais aussi de société de luxe la plus valorisée au monde.Mardi, après la clôture de la Bourse de Paris, Hermès avait ravi la tête du CAC 40 à son rival LVMH, ainsi que la place de troisième capitalisation boursière européenne derrière l’éditeur allemand de logiciels SAP et le géant pharmaceutique danois Novo Nordisk. Un retournement de courte durée: jeudi, LVMH (+0,08% à 485,60 euros), numéro un mondial du secteur en termes de chiffre d’affaires, a retrouvé son trône. La valorisation d’Hermès a atteint en clôture de la Bourse de Paris environ 241,4 milliards d’euros, contre 242,5 milliards d’euros pour LVMH, selon les calculs de l’AFP. Le titre Hermès (-3,22% à 2.287 euros) a reculé après avoir annoncé jeudi une augmentation de ses prix aux Etats-Unis pour compenser les 10% de droits de douane américains, en parallèle de la publication de résultats au premier trimestre en dessous des attentes du marché.

Éclatements de pneus en France: Goodyear convoqué en vue d’une éventuelle mise en examen

Le géant du pneu Goodyear, soupçonné d’avoir dissimulé les défauts de certains de ses modèles équipant des camions à l’origine d’accidents mortels, est convoqué le 13 mai devant la justice à Besançon pour une éventuelle mise en examen pour “homicides involontaires” et “tromperie”, a annoncé jeudi le procureur.L’enquête porte également sur des “pratiques commerciales trompeuses”, a précisé le procureur Étienne Manteaux, ajoutant que ce chef d’accusation faisait encourir à Goodyear une amende pouvant aller jusqu’à 10% de son chiffre d’affaires. Sollicité par l’AFP, l’industriel a indiqué qu’il ne souhaitait pas commenter “les procédures en cours”. “Nous continuons d’apporter notre pleine coopération dans le cadre de cette instruction judiciaire”, a déclaré un porte-parole.Il est reproché au géant américain d’avoir eu connaissance d’un défaut de fabrication sur deux de ses modèles de pneumatiques, les Marathon LHS II et II+, mais de ne pas en avoir averti suffisamment ses clients: à partir de 2013, Goodyear a mis en place des “programmes volontaires d’échange” des pneus défectueux, ce qui lui a permis de récupérer environ 50% des équipements incriminés. Mais le groupe n’a pas procédé à une campagne de rappel “impératif” des pneus concernés, selon le magistrat, qui évoque une pratique “systémique de dissimulation”, destinée à ne pas “induire de perte de confiance chez les consommateurs”. Les accidents auraient “peut-être” pu être évités si l’entreprise avait enclenché un programme de rappel, selon lui. Le juge d’instruction “a convoqué deux personnes morales”, a détaillé M. Manteaux: la SAS Goodyear France, distributeur des pneumatiques en France, et la SAS Goodyear Opérations, qui a produit les pneus incriminés et dont le siège est au Luxembourg. Le juge interrogera leurs représentants légaux “pour déterminer s’il y a lieu de les mettre en examen ou pas” sur ces trois chefs, a-t-il ajouté.- Lanceuse d’alerte -L’enquête avait été ouverte en 2016 à Besançon après le dépôt de plainte avec constitution de partie civile de Sophie Rollet, veuve d’un chauffeur routier décédé en juillet 2014 dans un accident sur l’autoroute A36 dans le Doubs, et dont le procureur a salué jeudi la “pugnacité”. Refusant la “fatalité du routier” et le classement sans suite initial de l’affaire, cette ancienne assistante maternelle, mère de trois enfants, avait mené sa propre enquête sur internet, recensant inlassablement les accidents de poids lourds, se persuadant de la responsabilité des pneus dans la collision fatale. Un juge d’instruction de Besançon enquête depuis lors sur trois dossiers de collisions mortelles, impliquant des poids lourds équipés de pneus Goodyear, et qui ont fait quatre morts au total. L’enquête a donné lieu en mai 2024 à des perquisitions chez Goodyear en France, au Luxembourg et au siège européen de l’entreprise à Bruxelles.D’après les investigations, les accidents ont été provoqués par l’éclatement du pneu avant gauche, faisant perdre le contrôle des véhicules aux chauffeurs. Pour chacun de ces dossiers, des experts différents ont conclu que l’éclatement des pneus n’était pas dû à une cause extérieure mais à un défaut de fabrication.Ouverte au départ pour des faits d’homicide involontaire – ce qui faisait encourir à l’entreprise 375.000 euros d’amende, “autant dire, rien pour Goodyear”, selon M. Manteaux -, l’enquête a ensuite été élargie à d’autres chefs de poursuite, avec à la clef des sanctions éventuellement beaucoup plus conséquentes pour le géant industriel.”Derrière chaque accident (…) il y a des victimes”, a tenu à rappeler jeudi la lanceuse d’alerte Sophie Rollet, très émue à l’annonce de ce nouveau développement judiciaire. Elle s’est surtout dite inquiète du fait que certains des pneus défectueux soient “encore en circulation” – en l’occurrence, sur des sites de ventes d’occasion en Europe de l’Est, selon le procureur. Pour écarter tout danger, a plaidé Mme Rollet, il faudrait “l’officialisation d’un RAPEX”, un programme de rappel d’urgence à l’échelle de l’Union européenne.

Droits de douane: Meloni en mission délicate à Washington pour négocier au nom des Européens

Avocate du “Made in Italy”, mais pressée par Bruxelles de parler au nom de ses partenaires européens, la Première ministre italienne Giorgia Meloni doit rencontrer Donald Trump jeudi à Washington pour une mission délicate sur les droits de douane.La cheffe de la coalition ultraconservatrice au pouvoir à Rome est la première dirigeante de l’UE à se rendre à la Maison Blanche depuis qu’a éclaté la guerre des droits de douane, alors que la Banque Centrale Européenne (BCE) vient de s’accorder pour une baisse de 0,25 point des taux directeurs pour renforcer l’économie de la zone euro. Sa présidente Chritine Lagarde a déclaré jeudi que la BCE devait “faire face à l’imprévisible” et à se montrer “agile” face au contexte incertain de guerre commerciale menée par les Etats-Unis.La directrice du Fonds monétaire international (FMI), Kristalina Georgieva, a de son côté affirmé dans son traditionnel discours de lever de rideau des réunions de printemps du FMI et de la Banque mondiale que malgré les “incertitudes” engendrées par les “politiques commerciales”, les projections de croissance, “en baisse notable”, ne “montrent pas de récession”.- “Relation très spéciale” -C’est dans ce contexte indécis que la Première ministre italienne, la seule dirigeante de l’UE invitée en janvier à l’investiture de Donald Trump, se rend à Washington.Giorgia Meloni partage un large socle idéologique avec le locataire de la Maison Blanche, qui l’a qualifiée de “dirigeante fantastique”.Soulignant la “relation très spéciale” entre les deux dirigeants, de hauts responsables américains ont estimé que Mme Meloni pourrait servir d’intermédiaire pour un accord entre l’Europe et les Etats-Unis.”Nous espérons que la Première ministre et le président seront en mesure de faire avancer les choses”, a déclaré un responsable de l’administration Trump aux journalistes avant la rencontre prévue à 12H00 locales (16H00 GMT).”Nous sommes ouverts, nous sommes disponibles, nous sommes prêts à conclure des accords avec les pays qui prennent cela au sérieux. Nous espérons que l’Italie et l’UE en feront partie”, a-t-il ajouté.Dépendante des exportations de son industrie, laquelle pèse près d’un quart de son PIB, Mme Meloni a critiqué ces droits de douane tout en jouant le dialogue et exhortant Bruxelles à ne pas prendre de mesures de rétorsion.- “Aucune pression” -Son pas de deux et sa proximité avec M. Trump inquiètent ses partenaires européens, à l’instar du ministre français de l’Industrie, Marc Ferracci, qui a dit craindre, à l’annonce de la visite de Mme Meloni à Washington, qu’elle ne fasse cavalier seul.”Je ne sens aucune pression”, a plaisanté Mme Meloni mardi soir en marge d’une cérémonie devant des chefs d’entreprise. “Je suis consciente de ce que je représente et je suis consciente de ce que je défends.”L’Italie réalise plus de 10% de ses exportations vers les Etats-Unis, troisième partenaire commercial de la péninsule. 10% des exportations de l’Allemagne se font également aux Etats-Unis, et 7% des exportations françaises.”Nous devons absolument éviter une guerre tarifaire”, a plaidé le ministre de l’Industrie, Adolfo Urso, ajoutant que Mme Meloni chercherait à Washington à “convaincre tout le monde de la nécessité de discuter”.Rappelant que la Commission européenne est seule compétente en matière d’accords commerciaux, sa présidente Ursula von der Leyen a insisté sur le fait que “toute démarche auprès des Etats-Unis est la bienvenue” et “étroitement coordonnée”.Selon un diplomate européen interrogé par l’AFP, “il n’y a aucun problème” dès lors que tout dirigeant du bloc se rendant à l’étranger “porte le message des Européens” pour “renforcer l’unité européenne”.Selon la presse italienne, la médiation de Mme Meloni vise notamment à préparer une rencontre entre M. Trump et Mme von der Leyen.burs-gab-dk/ph/vla

Dans le Nord, la lutte antidrones est synonyme de “made in France”

“Le contexte géopolitique actuel nous donne raison”: près de Lille, l’entreprise MC2 Technologies, spécialisée dans la lutte antidrones, revendique une maîtrise totale de sa production, un avantage dans une Europe “très dépendante des technologies américaines et asiatiques”.”Quand on dit qu’on est souverain dans nos technologies, qu’on maîtrise vraiment toute la chaîne de valeur, c’est une réalité”, assure Nicolas Vellas, cofondateur et président de cette société basée à Villeneuve-d’Ascq (Nord).Associé à Christophe Gaquière, qui était le directeur de sa thèse dans le domaine des hyperfréquences, M. Vellas a créé en 2004 cette entreprise initialement spécialisée dans la microélectronique, et désormais à la pointe de la lutte antidrones, contre lesquels elle développe détecteurs et brouilleurs.Dans ce domaine, l’Europe “a laissé partir des technologies aux Etats-Unis ou en Asie” qu’elle n’aurait pas dû abandonner, et a en conséquence “une forme de dépendance à des fournisseurs américains ou asiatiques”, déplore M. Vellas.Chez MC2, “du composant électronique jusqu’au système, on maîtrise vraiment toute la chaîne de l’informatique, tout ce qui est système embarqué, tout ce qui est mécanique, électronique, hyperfréquence, etc.”, énumère-t-il.”Tout ça est maîtrisé en interne. Et c’est ça qui fait notre force”, assure l’entrepreneur, avant de souligner, dans un sourire: “Le contexte géopolitique actuel nous donne raison”.- “Bulle de protection” -MC2 Technologies compte près d’une centaine de salariés, contre une quinzaine en 2015. Une expansion rapide qui a déjà obligé la société à déménager plusieurs fois ces dernières années, pour agrandir ses locaux.Ses “fusils” brouilleurs de drones NEROD RF, des armes semblant tout droit sortir d’un épisode de Star Wars, ont été utilisés pour la sécurisation de grands événements tels que le 14-Juillet et les JO de Paris-2024.L’entreprise fabrique aussi de gros équipements comme son MAJES, imposant brouilleur de drones de près de 2 mètres de haut pour plus de 400 kgs, qui peut aussi fonctionner en réseau avec plusieurs unités.De quoi “permettre de générer une bulle de protection de plusieurs kilomètres autour d’un site sensible à défendre” tel qu’un “palais présidentiel, une base militaire, un aéroport, un stade”, selon Alexandre Massonnet, responsable commercial chez MC2.Les technologies anti-drones sont devenues “absolument indispensables”, relève Léo Péria-Peigné, chercheur au Centre des études de sécurité de l’Institut français des relations internationales (Ifri).Trois ans après le début de l’invasion russe de l’Ukraine, “le drone est partout, tout le temps, dans tous les domaines et, surtout, le drone est maintenant un outil consommable”, souligne ce chercheur.L’armée française ne compte actuellement que quelques milliers de drones dans ses équipements, quand les Ukrainiens en ont utilisé plus d’un million et demi l’an passé et comptent en utiliser 4,5 millions cette année pour faire face à la Russie.- “Six semaines” de développement -L’explosion de l’usage du drone s’est accompagnée d’une accélération du cycle de développement. “Il y a 15 ou 20 ans”, ces cycles “étaient de plusieurs années”, rappelle Nicolas Vellas. En Ukraine, leur durée est à présent de “six semaines”, selon Léo Péria-Peigné.MC2, qui réalise déjà 85% de ses ventes sur le marché de la défense, se dit prêt à tripler voire quadrupler sa production, et à passer d’un chiffre d’affaires actuel d’environ 15 millions d’euros à 50 millions d’euros, sur fond de la volonté affichée par la France et l’Europe de se réarmer massivement.Mais le développement des dispositifs anti-drones en France est ralenti par un coût bien plus élevé qu’en Russie. Entre ce que produit MC2 Technologies et ce qui peut se faire là-bas, “vous pouvez avoir un facteur 10 sur le coût”, reconnaît Nicolas Vellas.Il y a aussi des contraintes normatives, et la rareté des exercices lors desquels MC2 peut faire tester ses technologies. “Si on veut faire des essais de nos équipements, on doit le faire dans le cadre d’exercices organisés par les autorités régaliennes” telles que l’armée et la police, explique Nicolas Vellas.”En six mois de temps, il n’y a eu qu’une (fenêtre)”, regrette-t-il. “Il aurait fallu en faire dix”.