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Le raid sur une usine sud-coréenne pourrait décourager les investissements, selon Séoul

Le président sud-coréen Lee Jae Myung a averti jeudi que le raid des services de l’immigration américaine ayant débouché sur l’arrestation de centaines d’employés d’une usine de batteries Hyundai-LG était “déstabilisant” et pourrait avoir un effet dissuasif sur les investissements futurs.Quelque 475 personnes, dont une majorité de Sud-Coréens, avaient été arrêtées le 4 septembre par le Service américain de l’immigration et des douanes (ICE) sur le chantier de construction d’une usine de batteries Hyundai-LG dans l’Etat de Géorgie (sud-est).S’exprimant lors d’une conférence de presse à Séoul, le président sud-coréen a déclaré que l’incident pourrait avoir un “impact significatif sur les décisions d’investissement futures, en particulier lors de l’évaluation de la faisabilité d’opérations directes aux Etats-Unis”.M. Lee a expliqué que pour les entreprises sud-coréennes, les techniciens qualifiés étaient “essentiels”, lors de l’installation des infrastructures, des équipements et des usines.”Quelqu’un doit installer les machines, et la main-d’oeuvre nécessaire n’existe tout simplement pas localement aux États-Unis,” a-t-il souligné.- En “état de choc” -Le président sud-coréen a attribué le raid à des “différences culturelles”, expliquant qu’en Corée du Sud, les infractions mineures liées aux visas par des ressortissants américains n’étaient pas considérées comme “un problème sérieux”.Le président américain Donald Trump a finalement renoncé jeudi à expulser ces professionnels mais Séoul a décidé de les rapatrier car ils sont “en état de choc”, a précisé Cho Hyun le ministre des Affaires étrangères sud-coréen.Les salariés seront relâchés à 06H00 GMT, a annoncé jeudi M. Lee.”Le président Trump a demandé si les travailleurs sud-coréens détenus, tous des professionnels qualifiés, devaient rester aux Etats-Unis pour continuer à travailler et à former le personnel américain, ou s’ils devaient rentrer chez eux”, a détaillé le ministère des Affaires Etrangères sud-coréen dans un communiqué à l’AFP.Mais Séoul a répondu que “compte tenu de l’état de choc et de l’épuisement des travailleurs, il serait préférable qu’ils rentrent d’abord chez eux, puis qu’ils reviennent aux Etats-Unis pour travailler plus tard. La partie américaine a accepté cette position”, a-t-il été ajouté.La Corée du Sud a dépêché mercredi un Boeing 747-8I de Korean Air aux Etats-Unis pour rapatrier les travailleurs.La descente, au cours de laquelle ces travailleurs sud-coréens avaient été enchaînés et menottés, est “déstabilisante”, a souligné le chef de l’Etat.Le raid américain a fait la Une des médias en Corée du Sud, un pays qui a promis d’investir 350 milliards de dollars aux Etats-Unis, après des menaces américaines sur les droits de douane. Séoul a indiqué avoir obtenu que ses ressortissants ne soient plus menottés lors de leur rapatriement.Ce raid met en évidence les contradictions de l’administration Trump, qui “fait venir des usines de production à grande échelle tout en négligeant de former les travailleurs locaux”, estime Kim Dae-jong, professeur de commerce à l’université de Sejong.”En conséquence, les Sud-Coréens doivent former la main-d’œuvre locale”. Sud-Coréens et Américains devraient “travailler ensemble, et être non entravés dans leurs efforts”, a-t-il déclaré à l’AFP.Ces problèmes liés à la politique migratoire américaine “aurait dû être traités plus rapidement” souligne à l’inverse Cho Dong-geun, professeur émérite d’économie à l’université de Myongji, soulignant que les entreprises sud-coréennes étaient depuis longtemps conscientes des problèmes liés aux visas. Allié clé des Etats-Unis pour la sécurité dans le Pacifique, la Corée du Sud est aussi la quatrième économie asiatique, un acteur majeur de la construction automobile et de l’électronique. Plusieurs usines sud-coréennes sont implantées aux États-Unis. Les salariés arrêtés ne disposaient probablement pas d’un visa les autorisant à effectuer des travaux de construction, ont relevé des experts.

BCE: réunion de rentrée compliquée par la crise politique française

La crise politique française, avec un nouveau Premier ministre mais sans gouvernement ni budget, devrait s’inviter jeudi à la réunion de la Banque centrale européenne (BCE), confrontée aux turbulences de la deuxième économie de la zone euro.Sauf énorme surprise, le principal taux directeur devrait être maintenu à 2%, l’inflation étant contenue en zone euro et les tensions commerciales apaisées, rendant cette réunion de rentrée pauvre en décisions monétaires. Mais celle-ci intervient juste après qu’Emmanuel Macron a propulsé mardi son fidèle ministre des Armées, Sébastien Lecornu, comme chef du gouvernement, une nomination immédiatement critiquée par les oppositions. Sa mission: bâtir des accords politiques et former un gouvernement pour tenter de façonner un budget, sous la menace constante d’une motion de censure.Lors de la conférence de presse commentant les décisions de politique monétaire, Christine Lagarde, présidente de la BCE et ancienne ministre française des Finances (2007-2011), sera inévitablement interrogée sur les développements en France. – Responsabilité budgétaire -Quel que soit le gouvernement qui sera mis en place, il pilotera un pays dont la dette atteint désormais environ 3.300 milliards d’euros, soit plus de 115% du PIB, record de la zone euro.Sans visibilité sur le cap politique à venir, les investisseurs exigent une prime de risque accrue pour prêter à la France.Si bien que le taux de l’emprunt français à dix ans a dépassé l’italien à même échéance mardi pour la première fois depuis le début des années 2000.  La France est également sous la menace d’une dégradation de sa note par l’agence Fitch vendredi.Mme Lagarde devrait certes éviter tout commentaire politique, mais “pourrait rappeler l’appel de la BCE à la responsabilité budgétaire”, estime Felix Schmidt, chez Berenberg. La question pourrait aussi porter sur l’éventuel recours à un mécanisme spécial au sein de l’institut francfortois destiné à stabiliser les marchés obligataires en cas de turbulence.Cet outil, l'”Instrument de protection de la transmission”(IPT), permet à la BCE de racheter les obligations de pays empêchés de se financer à coût raisonnable à cause d’attaques de marché injustifiées, mais pas de ceux confrontés à des difficultés liées à un mauvais pilotage budgétaire. Créé en 2022, lors d’une période de forte instabilité politique en Italie, il n’a encore jamais été utilisé. Les analystes estiment qu’il ne serait déclenché que si la crise française se propageait à d’autres pays. Or, les marchés restent calmes et “il y a peu de raisons de penser que l’aggravation des problèmes en France provoquerait des difficultés ailleurs”, note Jack Allen-Reynolds, de Capital Economics. Signe rassurant: l’euro a légèrement progressé mercredi à 1,17 dollar, les marchés misant sur le fait que “dans le pire des cas, la BCE agirait probablement comme prêteur en dernier ressort” comme lors de la crise de la zone euro, estime Antje Praefcke, de Commerzbank.- Allemagne au ralenti – A ces inquiétudes s’ajoute la morosité économique en Allemagne, première économie de la zone euro, où les dernières données ont douché les attentes de reprise et compliqué la tâche du gouvernement de Friedrich Merz.Pour autant, ni les déboires politiques français ni la faiblesse allemande ne devraient influencer à court terme les décisions de la BCE. La dernière baisse des taux remonte à juin, et l’institut juge depuis sa politique bien “calibrée”, dans un contexte d’inflation proche de la cible de 2%, favorable à l’économie.Les gardiens de l’euro disposeront également de nouvelles projections économiques, qui devraient légèrement revoir à la baisse les prévisions de croissance et d’inflation pour 2026, selon les observateurs. Elles tiendront compte de l’accord conclu début août avec les Etats-Unis, fixant des droits de douane de 15% sur la plupart des produits européens, un peu supérieur au scénario de base imaginé par la BCE en juin.Reste que la récente amende de près de 3 milliards d’euros infligée par la Commission européenne à Google pourrait provoquer une nouvelle escalade commerciale par l’imprévisible président Donald Trump.

“Bloquons tout”: des dizaines de milliers de manifestants, des tensions mais pas de paralysie

Contre l’austérité, les “inégalités” et le “déni” démocratique : la France a connu un 10 septembre sous tensions, avec des centaines d’actions et d’interpellations lors d’une mobilisation née sur les réseaux sociaux, dont l’ampleur a dépassé celle du 1er mai avec quasiment 200.000 participants.Le ministère de l’Intérieur a fait état de “596 rassemblements” et “253 blocages” réunissant “197.000 participants”, selon le bilan établi en soirée de cette journée “Bloquons tout” relayée depuis plusieurs semaines sur des messageries et soutenue par la gauche, la CGT et Solidaires.De Toulouse à Lille, en passant par Bordeaux, La Rochelle, Nantes, Rennes, Paris: de nombreuses métropoles ont vu défiler des cortèges fournis, encadrés par des forces de l’ordre en grand nombre (80.000 policiers et gendarmes mobilisés), avec une participation dépassant largement celle recensée par les autorités lors du 1er mai 2025 (157.000 manifestants). Plusieurs milliers de manifestants ont bravé la pluie jusqu’en soirée à Paris, dans une ambiance festive place des Fêtes, plus tendue place de la République. “On veut des services publics qui fonctionnent, plus d’impôts sur les riches moins d’impôts sur les pauvres, une plus juste répartition des richesses”, a clamé à Paris Jean-Baptiste, 30 ans et salarié dans le social, qui n’a pas souhaité donner son nom de famille, comme plusieurs autres manifestants.- “Déni” démocratique -“Je voudrais qu’il y ait une meilleure répartition de l’argent et aussi que les politiques donnent une meilleure image, surtout sur leurs dépenses”, a expliqué à La Rochelle Christian, 59 ans, travailleur dans le service enfance-jeunesse d’une collectivité locale.D’autres manifestants pointaient un “déni” démocratique, visant notamment Emmanuel Macron: “Les politiques n’écoutent pas les urnes”, selon Bastien, étudiant de 23 ans, qui a défilé à Rennes avec 10.400 personnes, selon la préfecture qui a fait état de 36 interpellations.Cette mobilisation nourrie de revendications très diverses, dont certains aspects ont résonné avec les Gilets jaunes d’il y a sept ans, survient au lendemain de la nomination de Sébastien Lecornu à Matignon.”La nomination de Sébastien Lecornu est un mauvais signal qui risque, les mêmes causes produisant les mêmes effets, de conduire à une nouvelle dissolution”, selon la maire écologiste de Strasbourg, Jeanne Barseghian, qui a manifesté. Depuis le perron de l’Elysée, M. Lecornu a promis “des ruptures”, sur le fond comme sur la forme.- Rendez-vous le 18 –   Plusieurs rassemblements ont été émaillés d’incidents, de gaz lacrymogènes et d’arrestations. Selon un point établi à 23h00, le ministère de l’Intérieur a recensé 540 interpellations en France, dont 211 à Paris, et 415 gardes à vue, dont 110 à Paris. A Nantes, où 34 personnes ont été interpellées, un manifestant a été hospitalisé “après avoir été incommodé” par des gaz lacrymogènes et 16 policiers ont été légèrement blessés, selon la préfecture.A Toulouse, des confrontations musclées ont marqué la fin des rassemblements.Dans le centre de la capitale, un incendie a endommagé la façade d’un immeuble, peut-être provoqué involontairement par une intervention policière, selon le parquet. A Rennes, un bus a été saccagé et incendié par des manifestants, a rapporté Star, le réseau de transports en commun. Le directeur général de RSF, Thibaut Bruttin, a regretté “d’apparents actes de brutalité des forces de l’ordre commis contre les journalistes qui couvrent les mouvements sociaux”.Le ministre démissionnaire de l’Intérieur Bruno Retailleau s’est félicité de “la mise en échec de celles et ceux qui voulaient bloquer le pays” quand le leader de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon a qualifié de “succès” cette “manifestation auto-organisée”. Quelques blocages ont été recensés sur les routes. Sur les rails, pas de très grosses perturbations, mais des “actes de malveillance”, selon la SNCF. La station Châtelet-Les Halles à Paris, noeud majeur en Ile-de-France, a été fermée à la demande des forces de l’ordre. Idem pour son centre commercial. Interrogés par l’AFP, les réseaux bancaires n’ont pas constaté de baisses notables des transactions par carte bancaire, ce qui était l’une des modalités préconisées par certains initiateurs du mouvement.Après cette journée, soutenue seulement par la CGT et Solidaires du côté des syndicats, l’intersyndicale appelle à son tour les salariés à la grève le 18 septembre.”Cette mobilisation est un succès”, a salué la CGT dans un communiqué. Sa leader, Sophie Binet, a souhaité sur RTL que celle “du 18 le soit encore plus”.

Wall Street termine en ordre dispersé, prudente avant les prix à la consommation

La Bourse de New York a terminé sans direction claire mercredi, les investisseurs se montrant attentistes avant la publication jeudi d’un nouvel indicateur d’inflation côté consommateurs aux Etats-Unis, susceptible de donner de nouveaux indices sur la trajectoire privilégiée par la banque centrale américaine (Fed).L’indice élargi S&P 500 (+0,30%) et l’indice Nasdaq (+0,03%) ont tous les deux grappillé de nouveaux records, respectivement à 6.532,04 points et 21.886,06 points. Le Dow Jones a, pour sa part, perdu 0,48%.”Le marché connaît quelques ventes avant la publication demain (jeudi) de l’indice CPI” des prix à la consommation américains, a commenté auprès de l’AFP Peter Cardillo, analyste de Spartan Capital Securities.Mercredi, les investisseurs ont finalement peu réagi à l’annonce d’un recul surprise des prix à la production en août aux Etats-Unis (-0,1%), après une forte augmentation un mois plus tôt (+0,7% en juillet).”C’est une bonne nouvelle, mais cet indicateur ne porte que sur un seul mois, et n’indique donc pas de véritables changements vis-à-vis de l’inflation, qui reste tenace”, a expliqué M. Cardillo.En rythme annuel, l’indice a ralenti en août à +2,6%. En revanche, hors prix volatils de l’alimentation et de l’énergie, il a accéléré à +2,8%.La publication jeudi de l’indice des prix à la consommation (CPI) avant l’ouverture de Wall Street sera plus “significative”, a souligné Jose Torres, analyste d’Interactive Brokers, car elle viendra affiner les attentes des investisseurs concernant les perspectives de baisses des taux de la Réserve fédérale (Fed).Selon l’outil de veille FedWatch de CME, la grande majorité des acteurs du marché estiment que l’institution baissera ses taux d’un quart de point lors de sa prochaine réunion prévue les 16 et 17 septembre.”Mais si le CPI est inférieur aux prévisions (…) cela pourrait ouvrir la voie à une baisse d’un demi-point la semaine prochaine”, a estimé M. Cardillo.Dans ce contexte, sur le marché obligataire, le rendement des emprunts d’Etat américains à échéance 10 ans se détendait par rapport à la clôture mardi, à 4,04% vers 20H20 GMT contre 4,09%.A la cote, Oracle a été catapulté (+36,07% à 328,62 dollars) après avoir annoncé que le chiffre d’affaires de ses infrastructures “cloud” (informatique dématérialisée) devrait atteindre 144 milliards de dollars d’ici 2030, profitant de l’engouement autour de l’intelligence artificielle (IA).A l’occasion de la publication mardi de ses résultats trimestriels, le groupe a annoncé dans un communiqué anticiper une croissance de 77% du chiffre d’affaires d’Oracle Cloud Infrastructure, “pour atteindre 18 milliards de dollars cette année fiscale”.Selon le Wall Street Journal, le groupe aurait par ailleurs signé un contrat d’environ 300 milliards de dollars avec OpenAI, l’un des leaders de l’IA générative.Le spécialiste suédois du paiement fractionné Klarna a reçu un accueil mitigé pour son premier jour de cotation à la Bourse de New York. L’entreprise a fait son entrée avec un titre vendu au prix de 40 dollars l’unité. L’action a terminé à 46,33 dollars (+15,8%).La chaîne de sandwicheries Potbelly s’est envolée (+31,32% à 16,98 dollars) après que la société a annoncé qu’elle avait accepté d’être rachetée par RaceTrac, entreprise de stations-services et de magasins de proximité aux Etats-Unis, dans le cadre d’une transaction évaluée à environ 566 millions de dollars.

Un salarié malade pendant ses congés a désormais le droit de les reporter

Un salarié qui tombe malade pendant ses vacances a “le droit de voir son congé payé reporté”: pour aligner le droit français sur les règles européennes, la Cour de cassation a acté ce principe mercredi, deux ans après avoir déjà imposé l’acquisition de congés durant les arrêts maladie.En droit européen, “l’objectif du congé payé est de permettre aux salariés non seulement de se reposer, mais aussi de profiter d’une période de détente et de loisirs”, rappelle la plus haute juridiction française.L’objectif du congé maladie est différent: il doit “permettre aux salariés de se rétablir d’un problème de santé”, poursuit-elle dans son communiqué en expliquant que “ces deux droits n’ont donc pas la même finalité”.Dans la jurisprudence française jusqu’ici en vigueur, et donc désormais appelée à être réformée, “c’est la cause première de l’arrêt qui compte: si je suis en arrêt maladie alors que les congés payés arrivent, je conserve mes droits à congé payé puisque j’étais déjà en arrêt maladie”, décrypte pour l’AFP Arnaud Teissier, associé chez Capstan Avocats.”En revanche, si je suis déjà en congés alors que survient mon arrêt maladie, je ne peux pas prétendre à un recrédit de mes congés payés”, ajoute-t-il. – “Gain très concret” -“Désormais, si vous tombez malade pendant vos vacances, vos jours ne disparaissent plus. (…) C’est à la fois une victoire symbolique et un gain très concret pour des millions de salariés”, constate sur son site Eric Rocheblave, avocat spécialiste du droit du travail, qui estime que le “droit au repos, pierre angulaire du droit du travail, en ressort consolidé”.Il souligne toutefois que cela “impose une nouvelle donne” aux employeurs, qui devront “ajuster la  gestion des plannings”.En septembre 2023, déjà en vertu d’une directive européenne, la Cour de cassation avait révisé le droit du travail français en permettant aux salariés en arrêt maladie d’acquérir des congés payés, même si “cette absence n’est pas liée à un accident du travail ou une maladie professionnelle”.La loi française avait ainsi été modifiée, le parlement adoptant en avril 2024 une mesure permettant cette acquisition de congés payés par les salariés en arrêt maladie non professionnelle, mais uniquement dans la limite des quatre semaines par an garanties par le droit européen, et non de cinq semaines par an comme en droit français, ce que les syndicats avaient critiqué.Le système français va se trouver “un peu déstabilisé par ces décisions de septembre 2023 et aujourd’hui de septembre 2025”, selon Arnaud Teissier.- “Signal très négatif” -L’avocat estime que “ça va renvoyer vers la Sécurité sociale des arrêts maladie qui n’avaient pas lieu d’être”: “ce n’est pas forcément un bon signal qui est donné” au moment où “on fait la chasse aux arrêts maladie, surtout à ceux qui sont peut-être un peu abusifs”, dit-il. Dans un autre arrêt publié mercredi, la Cour de cassation a décidé, à la suite d’un pourvoi de trois salariés, le droit au paiement d’heures supplémentaires pour un salarié au décompte horaire, y compris “sur la semaine au cours de laquelle il a posé un jour de congé payé et n’a donc pas réalisé 35 heures de travail effectif”.Ainsi, un salarié en congés le lundi et le mardi et qui aura travaillé huit heures par jour les trois jours restants de la semaine aura dorénavant trois heures supplémentaires payées, contre aucune jusqu’ici.Pour le Medef, ces deux nouvelles décisions “envoient un signal très négatif à l’heure où notre pays confronté à la concurrence d’un monde ouvert a besoin de travailler plus”. La principale organisation du patronat “appelle le futur gouvernement à se saisir de toutes les possibilités qui s’offrent à lui pour défendre la valeur travail”. 

La Bourse de Paris termine en petite hausse

La Bourse de Paris a fini en légère hausse mercredi, digérant sereinement le recul surprise de l’indice des prix à la production en août aux Etats-Unis, tout en gardant un œil sur la situation politique française.Le CAC 40 a pris 0,15%, à 7.761,32 points, en hausse de 11,93 points. La veille, il avait grignoté 0,19%.L’indice américain des prix à la production pour août, publié mercredi aux Etats-Unis, a surpris en s’affichant en léger recul, après une forte augmentation un mois plus tôt. Ce résultat n’avait pas été anticipé par les analystes.Sur un mois, cet indice (PPI) a reculé de 0,1%, après avoir progressé de 0,7% en juillet, selon les données publiées par le ministère du Travail. Les marchés anticipaient un ralentissement de l’inflation, mais pas un recul.Ces données confortent en revanche les investisseurs dans leur anticipation d’une baisse des taux de la banque centrale des Etats-Unis (Fed) lors de sa prochaine réunion les 18 et 19 septembre, afin de stimuler l’économie américaine qui donne des signes de ralentissement.”Plus personne ne croit au statu quo. On ne voit pas ce qui va empêcher la Fed de mener une baisse des taux”, a expliqué à l’AFP David Kruk, responsable du trading de La Financière de l’Échiquier.Une inflation contenue ou une baisse des prix permet de donner à une banque centrale davantage de marge de manœuvre pour assouplir sa politique monétaire, décision qui peut avoir des effets inflationnistes.En zone euro, les investisseurs sont également tournés vers la Banque centrale européenne (BCE), à la veille de sa réunion de politique monétaire. L’institution devrait maintenir ses taux directeurs inchangés.- Un œil sur la politique françaiseAutre point d’attention des marchés: la situation politique française.Lors de sa prise de fonctions mercredi, le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu a lancé un message aux Français et aux oppositions pour trouver un compromis permettant la formation d’un gouvernement et l’adoption d’un budget.Il s’agit du troisième chef du gouvernement nommé depuis la dissolution de l’Assemblée nationale en juin 2024. Et le cinquième depuis le début du second quinquennat d’Emmanuel Macron en 2022. C’est dans ce contexte d’instabilité que l’agence de notation Fitch Ratings doit publier vendredi soir son évaluation de la qualité du crédit français.Le taux pour la dette française à dix ans s’établissait mercredi à 3,46%, maintenant l’écart avec son équivalent allemand à plus de 0,80 point de pourcentage, un niveau jugé élevé par les observateurs financiers.”Pour le moment, les marchés semblent avoir digéré les mauvaises nouvelles des derniers jours. Ce qui pourrait les faire bouger à nouveau serait une nouvelle dissolution”, selon David Kruk.- Alstom annonce un contrat à un milliard d’eurosL’action du constructeur ferroviaire Alstom a bondi de 6,80%, à 21,06 euros, après avoir annoncé une commande de la société des transports du New Jersey (NJ Transit), aux Etats-Unis, que le groupe français chiffre à 1 milliard d’euros.

“Bloquons tout”: des manifestants par milliers, des tensions mais pas de paralysie

Pas de pays à l’arrêt mais la France connaît un 10 septembre sous tensions avec des centaines de blocages ou de tentatives, contrées par des forces de l’ordre en nombre, et des dizaines de milliers de manifestants contre l’austérité budgétaire, les inégalités et un “déni” démocratique.Après les actions et rassemblements de la matinée – 430 actions ayant regroupé jusqu’à 29.000 participants selon les autorités -, plusieurs manifestations se sont déroulées dans l’après-midi dans le cadre de cet appel à la mobilisation atypique, né sur les messageries et les réseaux sociaux et aux revendications très variées.A Paris, ils sont encore des milliers place de la République et place des Fêtes en milieu d’après-midi, ont constaté des journalistes de l’AFP. “Je voudrais qu’il y ait une meilleure répartition de l’argent et aussi que les politiques donnent une meilleure image, surtout sur leurs dépenses qui semblent parfois indécentes”, a expliqué à La Rochelle Christian, 59 ans et travailleur dans le service enfance-jeunesse d’une collectivité locale.Outre le volet social, les manifestants pointaient également un déni démocratique: “Les politiques n’écoutent pas les urnes”, a déploré Bastien, étudiant de 23 ans, qui a défilé à Rennes au milieu de 10.400 personnes, selon la préfecture.Les manifestants étaient 6.000 à Bordeaux, un chiffre plutôt conséquent pour cette ville, 5.000 à Brest, 4.900 à Strasbourg, 2.200 à Lorient, 2.000 à Orléans, selon les préfectures.- Immeuble en flammes -A Paris, des rassemblements et tentatives de blocages ont été recensés dans différents points de la capitale, ponctués de face à face parfois tendus avec les forces de l’ordre, avant que les manifestants ne convergent vers Châtelet et la République. Dans le centre de la capitale, un incendie a endommagé la façade d’un immeuble, peut-être provoqué involontairement par une intervention policière, selon le parquet. Cette mobilisation, lancée par des citoyens sur les réseaux sociaux et qui rappelle le mouvement des “Gilets jaunes” il y a sept ans, survient au lendemain de la nomination de Sébastien Lecornu à Matignon.”Je n’en attends rien: c’est le même bord politique, la succession”, a déploré à Nantes, Mahault, une éducatrice spécialisée de 52 ans en grève.”La nomination de Sébastien Lecornu est un mauvais signal qui risque de reproduire les mêmes causes produisant les mêmes effet (et) conduire à une nouvelle dissolution”, a redouté en manifestation la maire de Strasbourg, Jeanne Barseghian. M. Lecornu a lui promis “des ruptures sur le fond” et “pas que sur la forme”.   Quelques incidents ont émaillé sporadiquement les rassemblements comme sur la rocade de Rennes où un bus a été saccagé et incendié par des manifestants, a rapporté Star, le réseau de transports en commun de la ville.A Toulouse, une confrontation a éclaté entre de jeunes manifestants, parfois équipés de masques à gaz, lunettes de ski ou de natation, et les forces de l’ordre.- Centre commercial fermé -En milieu d’après-midi, 203 personnes avaient été interpellées en agglomération parisienne. Au niveau national, le ministère de l’Intérieur a fait état de 295 interpellations à 13H00. Dans un communiqué, le directeur général de RSF, Thibaut Bruttin, a regretté “depuis ce matin d’apparents actes de brutalité commis des forces de l’ordre contre les journalistes qui couvrent les mouvements sociaux” et invité les journalistes “violentés” à se faire connaître.En raison de “mesures de sécurité demandées par la préfecture de police”, aucun métro ni train ne marquait l’arrêt dans les stations de Châtelet-les-Halles, et son centre commercial – le plus fréquenté d’Europe selon la direction du site – a fermé ses portes après des appels aux pillages sur les réseaux sociaux.Côté transports, la circulation des trains a été coupée par des occupations de voies à Cherbourg et Valence, selon la SNCF. A Paris et en Ile-de-France, les transports en commun connaissent quelques perturbations. Au musée du Louvre à Paris, seules quelques salles étaient ouvertes tandis que le musée d’Orsay restait lui complètement fermé.Une centaine de lycées étaient perturbés et 27 bloqués, selon le ministère de l’Education nationale, notamment à Paris, à Montpellier, Rennes et Lille. Des mobilisations étudiantes ont été recensées dans plusieurs villes.Après cette première journée de mobilisations citoyennes, soutenue seulement par la CGT et FO, l’intersyndicale appelle à son tour les salariés à la grève le 18 septembre.

Les Bourses européennes terminent sans direction claire

Les marchés boursiers européens ont fini sans direction notable mercredi, digérant sereinement le recul surprise de l’indice des prix à la production aux Etats-Unis, qui conforte les prévisions d’une baisse des taux imminente de la Réserve fédérale américaine (Fed).Paris a pris 0,15% et Milan 0,12%. Londres a cédé 0,19% et Francfort 0,36%.

Climat: une étude lie producteurs d’énergies fossiles et augmentation des canicules

Le changement climatique a rendu les vagues de chaleur de ces deux dernières décennies plus probables et plus intenses, et les producteurs d’énergies fossiles et de ciment ont “significativement” contribué à cette tendance, conclut une étude publiée mercredi dans Nature.Ses auteurs, une équipe internationale, ont innové en se penchant sur une série de 213 canicules dans le monde durant la période 2000-2023.Ils ont aussi voulu s’intéresser plus particulièrement au rôle des grandes entreprises de production d’énergies fossiles et de ciment, émettrices de gaz à effet de serre.Les études d’attribution consistent généralement à mesurer le degré d’influence du changement climatique sur un événement météorologique extrême particulier. La singularité de cette étude est de passer en revue plusieurs épisodes.- “Plus intenses et probables” -“Cet article montre que le changement climatique a rendu plus de 200 vagues de chaleur plus intenses et plus probables, et que cette influence augmente”, explique à l’AFP Yann Quilcaille, de l’ETH Zurich, auteur principal de l’étude. “Ensuite, nous montrons que les émissions associées aux plus gros producteurs d’énergies fossiles et de ciment contribuent significativement aux vagues de chaleur”, souligne-t-il.Le changement climatique d’origine humaine a non seulement rendu les canicules plus probables mais, pour un quart d’entre elles (55 sur 213), cette probabilité a été augmentée d’au moins 10.000 fois. Autrement dit, elles auraient été quasiment impossibles sans le réchauffement du climat.L’influence de ce changement du climat se renforce fortement avec le temps: il a rendu les canicules 20 fois plus probables entre 2000 et 2009, et 200 fois plus probables entre 2010 et 2019. Les scientifiques ont ensuite voulu comprendre le rôle des 180 plus grosses entreprises productrices d’énergies fossiles et de ciment dans cette tendance. Pour leurs calculs, ils ont pris en compte toute la chaîne de valeur des entreprises et l’utilisation par les clients des produits qu’elles  commercialisent. Ils ont par exemple attribué à chaque groupe pétrolier les émissions associées à l’essence qu’il a vendue, lorsqu’elle a ensuite été utilisée dans les voitures.  – Litiges en plein essor -Résultat: les émissions liées à ces grandes entreprises ont contribué pour moitié à l’augmentation de l’intensité des canicules par rapport à l’ère pré-industrielle et ont aussi augmenté leur probabilité.Le rôle des 14 plus grosses “majors” (dont Saudi Aramco, Gazprom, Chevron ou BP) apparaît comme très important, pesant autant que les 166 autres entreprises étudiées, dont le rôle n’est pas négligeable pour autant.”Chaque producteur peut être suffisant à lui seul pour rendre possible des vagues de chaleur qui auraient été quasiment impossibles sans changement climatique”, souligne Yann Quilcaille.Pascal Yiou, du Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement (LSCE), qui n’a pas participé à l’étude, y voit “un résumé de l’état de l’art actuel sur l’attribution des vagues de chaleur”, relativisant auprès de l’AFP sa dimension innovante.Karsten Haustein, de l’université de Leipzig, juge pour sa part, dans un commentaire publié par Nature, qu’il s’agit d’un “bond en avant” qui peut être utile pour la justice et la diplomatie climatiques. Les auteurs concluent que l’étude pourrait “renforcer” le rôle de la science de l’attribution devant les tribunaux, alors que le nombre de litiges augmente.Dans un dossier emblématique, un paysan péruvien avait par exemple poursuivi l’énergéticien allemand RWE, l’accusant d’être indirectement responsable de la fonte d’un glacier proche de sa maison. La justice allemande a reconnu fin mai le principe d’une responsabilité mondiale des énergéticiens dans les dommages liés au changement climatique.Ces poursuites “visant des entreprises sont en plein essor, avec des procès contre RWE, Exxon, Shell, Chevron, Holcim, etc. Ces procès se basent souvent sur des résultats scientifiques dépassés, sans les derniers progrès, mais c’est en train de changer”, juge Yann Quilcaille.”Le but de notre (étude) est scientifique” mais “nous sommes conscients de son potentiel” pour éclairer ces dossiers, indique le chercheur.

Un salarié malade pendant ses congés payés peut les reporter, selon la Cour de cassation

Un salarié qui tombe malade pendant ses vacances a “le droit de voir son congé payé reporté”, selon un communiqué publié mercredi par la Cour de cassation.L’arrêt de la plus haute juridiction était attendu pour mettre le droit français en conformité avec le droit européen, qui prévaudra donc, pourvu que “l’arrêt maladie soit notifié par le salarié à son employeur”.En droit de l’Union européenne, “l’objectif du congé payé est de permettre aux salariés non seulement de se reposer, mais aussi de profiter d’une période de détente et de loisirs”, explique la Cour de cassation.L’objectif du congé de maladie est différent: il doit “permettre aux salariés de se rétablir d’un problème de santé”, poursuit le communiqué qui explique que “ces deux droits n’ont donc pas la même finalité”.Dans un autre arrêt publié mercredi, la Cour de cassation a décidé, à la suite d’un pourvoi de trois salariés, le droit au paiement d’heures supplémentaires pour un salarié au décompte horaire, y compris “sur la semaine au cours de laquelle il a posé un jour de congé payé et n’a donc pas réalisé 35 heures de travail effectif”.Là aussi, le raisonnement est fondé sur le droit européen qui veut que “toute mesure pouvant dissuader un salarié de prendre ses congés payés est interdite”.Or “un calcul des heures supplémentaires qui ne tient pas compte des jours de congé payé fait perdre au salarié un avantage financier qui peut le dissuader de se reposer”.