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Guerre commerciale: répit sur les marchés avant le week-end pascal

Après des montagnes russes, les marchés boursiers ont connu vendredi un répit, encouragés par des déclarations de Donald Trump qui semblent marquer une pause dans sa guerre commerciale, à la veille d’un week-end pascal où la majorité d’entre eux sont fermés.  Donald Trump s’est dit sûr “à 100%” qu’un accord sur les droits de douane avec l’Union européenne serait conclu, en recevant jeudi à Washington la dirigeante italienne Giorgia Meloni, pressée par Bruxelles de parler au nom des Vingt-Sept.”Il y aura un accord commercial, à 100%”, a affirmé le président américain, semblant donner le signal d’une accalmie dans la guerre commerciale qu’il a déclenchée avec les partenaires des Etats-Unis en annonçant des droits de douane tous azimuts.La Première ministre italienne, première dirigeante européenne à visiter la Maison Blanche depuis l’offensive douanière du président républicain, a répondu à l’unisson, se disant “certaine” qu’un accord serait trouvé.Signe qu’il reste beaucoup à faire, Donald Trump a toutefois précisé qu’il n’était “pas pressé” et que Giorgia Meloni ne l’avait pas fait varier de stratégie.Le président américain a également déclaré que Washington était “en discussion” avec la Chine afin de résoudre leur différend commercial, assurant : “ils nous ont contactés à plusieurs reprises”.Les Etats-Unis appliquent au minimum 145% de droits de douane sur les produits chinois, Pékin ayant répondu par des taxes à hauteur de 125% sur les produits américains.Se faisant lui aussi l’écho d’un changement de ton, le tout nouvel ambassadeur des États-Unis au Japon s’est dit vendredi “extrêmement optimiste” sur l’obtention d’un accord commercial entre les deux pays, à la suite des discussions menées à Washington par le négociateur japonais.”J’ai désormais rencontré la plupart des principaux responsables impliqués dans les négociations et les discussions. Et je suis extrêmement optimiste quant à la conclusion d’un accord”, a déclaré George Glass à son arrivée à Tokyo, où il doit prendre ses nouvelles fonctions.Proche allié de Washington et première source d’investissements étrangers aux États-Unis, le Japon est visé, comme les autres pays, par des surtaxes douanières américaines de 25% sur l’automobile, l’acier et l’aluminium.Menacé en outre par des surtaxes douanières générales américaines de 24%, qui entraveraient ses exportations, Tokyo réclame un accord “au plus vite”, avant la fin du délai de 90 jours que Donald Trump a accordé la semaine dernière au monde entier – sauf à la Chine – dans une volte-face spectaculaire.En Asie, les marchés boursiers reprenaient prudemment leur souffle.Vers 6H00 GMT, à la Bourse de Tokyo, l’indice vedette Nikkei était en hausse de 1% (à 34.723 points) tandis que l’indice élargi Topix progressait de 1,11% (à 2.558 points).Auparavant la Bourse de Séoul gagnait 0,12% peu après 01H00 GMT, tandis que celle de Hong Kong était fermée en raison d’un jour férié.- “Relation très spéciale” -Les relations entre Giorgia Meloni et Donald Trump, qui partagent un large socle idéologique, sur l’immigration en particulier, sont réputées très bonnes. La Première ministre, qualifiée de “dirigeante fantastique” par le républicain, avait été la seule dirigeante de l’UE invitée à son investiture en janvier.Soulignant cette “relation très spéciale”, de hauts responsables américains ont estimé que Giorgia Meloni pourrait servir d’intermédiaire pour un accord entre l’Europe et les Etats-Unis.”Nous sommes ouverts, nous sommes disponibles, nous sommes prêts à conclure des accords avec les pays qui prennent cela au sérieux. Nous espérons que l’Italie et l’UE en feront partie”, a déclaré un responsable de l’administration Trump aux journalistes avant la rencontre.Mais à Washington, la cheffe de la coalition ultraconservatrice au pouvoir à Rome a déclaré “ne pas pouvoir négocier au nom de l’Union européenne”.Le président américain Donald Trump a imposé depuis le 5 avril des droits de douane d’au moins 10% sur l’ensemble des produits entrant aux Etats-Unis, à l’exception des produits chinois largement surtaxés.Dépendante des exportations de son industrie, qui pèse près d’un quart de son PIB, Giorgia Meloni a critiqué cette offensive tarifaire tout en jouant le dialogue et exhortant Bruxelles à ne pas prendre de mesures de rétorsion.Son pas de deux avec Donald Trump inquiète ses partenaires européens qui ont craint que lors de sa visite à Washington, Giorgia Meloni ne fasse cavalier seul.Une porte-parole de la Commission européenne a toutefois décrit l’initiative de l’Italienne comme “bienvenue” et coordonnée avec Bruxelles.burs-els/pt/pz

Le coeur industriel de la Chine fébrile face aux taxes de Trump

Des usines chinoises affirment déjà sentir les premiers effets des surtaxes douanières draconiennes décrétées par Donald Trump contre le “made in China”. Leurs commandes chutent et elles pourraient être contraintes de se détourner du marché américain.La tendance se fait notamment sentir dans la province du Guangdong (sud de la Chine), le coeur manufacturier du géant asiatique, où des milliers d’usines fabriquent de tout – des vêtements aux produits électroniques.Elles alimentent l’insatiable appétit de consommation du monde en produisant à des coûts imbattables. Depuis des décennies, la province a joué un rôle moteur dans l’ascension de la Chine comme superpuissance économique.Mais la bataille du président américain Donald Trump pour rapatrier l’industrie manufacturière aux États-Unis et sa guerre commerciale contre Pékin pourraient tout bouleverser.Propriétaire d’une usine textile à Canton, la capitale du Guangdong, Xiao Junyi explique à l’AFP que le marché américain représente 20 à 30% de ses commandes. “Les surtaxes ont réellement des répercussions sur nous”, constate le jeune patron de 24 ans. “Nos ventes et commandes ont nettement chuté”, souligne-t-il.Une partie des marchandises de son usine est vendue aux consommateurs américains via Temu, la plateforme de commerce en ligne de produits à bas prix, qui appartient au géant chinois PDD Holdings.Face aux nouvelles surtaxes américaines – de 145% sur la plupart des produits, et de 245% pour certains – Temu a publié une note indiquant qu’elle réduirait ses investissements publicitaires aux États-Unis, affirme Xiao Junyi.- “Sans fin” -Il espère désormais trouver d’autres débouchés que les États-Unis: “On peut commercer avec le monde entier”, affirme-t-il.Xiao Junyi estime toutefois “peu probable” que d’autres pays puissent totalement remplacer le marché américain.”Les États-Unis restent un grand pays développé, avec des volumes de commande bien plus importants”, souligne-t-il.Non loin se tient actuellement la Foire de Canton – un grand événement commercial organisé deux fois par an.Ce salon professionnel permet aux acheteurs du monde entier de rencontrer en face-à-face les fabricants chinois, de voir leurs produits de près ou encore de mettre en place de nouvelles chaînes d’approvisionnement.Mais cette année, les clients américains sont rares.Ceux présents ont décliné toute demande d’interview lorsque l’AFP leur a demandé quels produits les intéressaient – ou si la guerre commerciale compliquerait leurs affaires.Parmi les entreprises chinoises désireuses de nouer des contacts figure Wosen Lighting Technology, un producteur de solutions d’éclairage LED, qui fournit notamment le mastodonte américain du commerce en ligne Amazon.”C’est un nouvel épisode de la guerre commerciale”, déclare à l’AFP Andy Lin, responsable du développement commercial, dans l’une de leurs usines située à Zhongshan, près de Canton.”Ils rajoutent des surtaxes, on rajoute des surtaxes, c’est une compétition sans fin”, déplore-t-elle.”Cette situation ne pourra pas durer, car elle a des répercussions très concrètes pour tous les pays”, ajoute Mme Lin. “Cela affectera particulièrement le quotidien des Américains.”- Nouveaux clients -Le ralentissement des exportations vers l’Amérique de Donald Trump pourrait également affecter l’industrie manufacturière aux États-Unis, où Wosen contribue à l’emploi de plusieurs centaines de personnes.Dans les usines visitées par l’AFP cette semaine dans le Guangdong, l’activité battait toutefois son plein. Les ouvriers s’affairaient sur les chaînes de production, au milieu du ronronnement des tapis roulants.De nombreux fabricants ont reconnu que l’intensification de la guerre commerciale perturberait leurs activités. Mais ils espèrent que cela les incitera à trouver de nouveaux clients, hors des États-Unis.Les surtaxes de Donald Trump devraient peser sur les consommateurs aux Etats-Unis car ils pourraient accroître l’inflation, a averti cette semaine le patron de la banque centrale américaine, Jerome Powell.Dans l’autre sens, Andy Lin, de l’entreprise Wosen, juge que les surtaxes douanières de Pékin sur le “made in USA” auront peu de répercussions sur la vie quotidienne des Chinois.Elle dit consommer peu de produits américains et a l’habitude d’acheter sur les plateformes chinoises de commerce en ligne, qui se fournissent auprès de fabricants locaux.”Dans l’ensemble, tous ces biens peuvent être produits en Chine” car c’est une “puissance manufacturière”, souligne Mme Lin.”A moins de chercher des produits très spécifiques, l’impact sera minime” sur le quotidien des Chinois, estime-t-elle.

Un demi-siècle d’équilibre aéronautique en jeu: Airbus et Boeing face à Trump

Après un demi-siècle de statu quo sur le marché mondialisé de l’aéronautique, le conflit commercial déclenché par Donald Trump secoue Airbus, qui se prépare au pire, mais bouscule aussi Boeing, son principal concurrent américain.REPONSE – La situation est volatile “avec des incertitudes sur les taxes définitives et les exemptions potentielles”, résume Airbus. Depuis le 12 mars, une surtaxe douanière de 25% s’applique sur les importations aux Etats-Unis d’aluminium et d’acier, matériaux phares de l’aéronautique. L’ensemble des produits (dont les avions) importés d’Europe doivent eux s’acquitter d’une surtaxe de 10%, qui pourrait monter à 20% à l’issue du sursis de 90 jours annoncé par le président américain le 9 avril. En tant qu’importateur américain pour son usine d’assemblage à Mobile à Alabama, Airbus était aussi exposé aux droits de douane appliqués au Canada et au Mexique où sont installés beaucoup de sous-traitants aéronautiques. Mais une exception a finalement été décidée. Depuis 1979, l’industrie aéronautique était exemptée de droits de douane ce qui lui a permis “de prospérer des deux côtés de l’Atlantique”, a souligné lundi Olivier Andriès, directeur général de Safran qui fournit les moteurs à Airbus et à Boeing. “C’était gagnant-gagnant et les premiers qui vont souffrir, ce sont les acteurs américains”, assure-t-il, ajoutant que certains messages ont déjà “fait reculer” l’administration américaine. R – “Boeing est bien plus exposé”, selon Leeham News and Analysis, média américain spécialisé dans l’analyse du secteur aéronautique.Les surtaxes douanières imposées par Trump exposent Boeing au risque de représailles de nombreux pays alors qu’Airbus n’y fait face qu’aux Etats-Unis, argumente Leeham. Plus de la moitié des livraisons de Boeing concernent des clients non-américains sur la période 2022-2025, soit beaucoup plus que les livraisons d’Airbus à des compagnies basées aux Etats-Unis (17% en 2024), souligne Pascal Fabre, directeur général au sein du cabinet de conseil AlixPartners interrogé par l’AFP.La Chine a d’ores et déjà ordonné à ses compagnies aériennes de suspendre toute réception d’avions de Boeing, mais aussi “de stopper tout achat d’équipements et de pièces détachées pour avions auprès d’entreprises américaines”.Le directeur général de Ryanair, première compagnie aérienne d’Europe en nombre de passagers, a aussi menacé mardi de retarder les réceptions d’avions commandés à Boeing.Avec ses ses lignes d’assemblage réparties entre Toulouse en France, Hambourg en Allemagne, Tianjin en Chine et Mobile aux Etats-Unis, Airbus a plus de flexibilité notamment pour la famille A320 qui représente l’essentiel de ses livraisons (88% en 2024), ajoute-t-il.La majorité des pièces des Airbus assemblés à Mobile viennent d’Europe et pourraient subir les droits de douane. Mais Airbus, dont le carnet de commandes affiche complet jusqu’à la fin de la décennie, pourrait choisir de privilégier les compagnies non-américaines. R – “Ferme sans être symétrique, qui fasse mal si la négociation n’est pas possible”, résume Olivier Andriès.  La filière européenne souhaiterait voir taxés les Boeing assemblés mais pas les composants, car sur ces derniers, l’avionneur américain pourrait bénéficier du “duty drawback”, un mécanisme qui permet par exemple de se faire rembourser les droits de douane payés sur les pièces importées d’Europe pour être montées sur un avion ensuite vendu hors des Etats-Unis, explique un connaisseur du secteur à l’AFP. R – Ce sera aux compagnies américaines qui importent des Airbus de payer les surtaxes, a lancé le patron d’Airbus. Quelques jours plus tôt, le patron de Delta Airlines Ed Bastian avait affirmé qu’il n’entendait pas débourser plus pour les Airbus dont il attend la livraison cette année.”Évidemment, ils n’aiment pas être dans cette situation, alors nous voyons avec eux comment gérer la situation”, a souligné Guillaume Faury.”Dans les contrats, à notre connaissance, il n’y a pas de clauses pour répercuter des hausses de coûts liées aux droits de douane”, nuance Pascal Fabre. “C’est un sujet à négocier”.Avocats et commerciaux sont à l’oeuvre pour atténuer l’impact potentiel.Fin mars 2025, Airbus devait encore livrer 902 avions à des compagnies américaines, soit plus de 10% de son carnet de commande. Seuls ceux qui ne sont pas assemblés à Mobile sont sujets aux surtaxes. 

Netflix réjouit Wall Street avec des résultats trimestriels supérieurs aux attentes

Netflix a enregistré une croissance solide au premier trimestre et n’anticipe pas d’impact majeur lié aux guerres commerciales de Donald Trump, des annonces et déclarations qui ont réjoui Wall Street jeudi.Le géant américain du streaming a réalisé 10,54 milliards de dollars de chiffre d’affaires au premier trimestre, en hausse de 12,5% sur un an, dont il a dégagé 2,89 milliards de dollars de bénéfice net, deux résultats supérieurs aux attentes du marché.Son titre prenait près de 3% lors des échanges électroniques après la clôture de la Bourse de New York.”Nous suivons de près la situation économique, notamment la confiance des consommateurs (…) mais nous n’observons rien de significatif pour l’instant”, a indiqué Ted Sarandos, le co-directeur général de la société, lors de la conférence aux analystes.”Historiquement, le fait que le secteur du divertissement, et Netflix en particulier, se soient montrés assez résistants pendant les périodes économiques difficiles nous rassure aussi”, a-t-il ajouté.La guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine et les menaces de droits de douane plus élevés de la part du président américain Donald Trump pèsent sur les entreprises. Certaines marques diminuent leurs budgets publicitaires.”Que les nouvelles taxes soient ou non appliquées, cette situation est destructive pour de nombreuses industries et rendra le divertissement plus coûteux à produire”, a commenté Ross Benes, de Emarkerter.”Mais Netflix est en mesure de résister à la pression mieux que la plupart de ses concurrents, du moins dans un premier temps, en raison de sa faible dépendance aux recettes publicitaires et de ses taux d’annulation des abonnements relativement faibles par rapport à ses pairs”, a ajouté l’analyste.La plateforme table sur plus de 11 milliards de dollars de revenus pour le trimestre en cours, une estimation meilleure que celle du marché.- “Engagement” -A la fois pionnier et leader de l’industrie du streaming, Netflix comptait plus de 300 millions d’abonnés en décembre dernier.Le groupe californien venait alors de gagner près de 19 millions de nouveaux abonnements pendant le quatrième trimestre 2024, des chiffres qui font pâlir la concurrence.Mais, comme il l’avait annoncé, il ne divulgue plus cet indicateur désormais, afin de se concentrer sur les mesures “d’engagement” de l’audience (temps passé à regarder des contenus).Netflix “a supprimé cette mise à jour trimestrielle au moment où les gains liés à la fin du partage des mots de passe entre utilisateurs allaient diminuer et où les perspectives d’augmentation du nombre d’abonnés semblaient s’essouffler”, a noté Ross Benes.Selon l’expert, tout le secteur du streaming se concentre maintenant moins sur les gains de spectateurs, et plus sur les revenus par abonné.”Les consommateurs peuvent s’attendre à de nouvelles augmentations de prix”, a-t-il détaillé.En décembre, la plateforme a augmenté ses prix aux Etats-Unis : la formule “Standard” est passée à 18 dollars au lieu de 15,50 et la formule moins chère avec de la publicité, lancée fin 2022, à 8 dollars par mois au lieu de 7.Netflix espère commencer à tirer des revenus significatifs de cet abonnement cette année. “Nous avons doublé nos recettes publicitaires d’une année sur l’autre en 2024, et nous prévoyons de les doubler à nouveau cette année”, avait indiqué en janvier Greg Peters, co-directeur général du service.Il a évoqué jeudi l’ambition de ses équipes de parvenir au “même niveau de sophistication” dans la distribution des clips publicitaires que dans les recommandations de contenus, c’est-à-dire “trouver la bonne pub pour le bon public et la bonne émission”.Pour convaincre les spectateurs, Netflix va continuer d’investir dans les émissions en direct, notamment dans le sport. “Le direct représente une part relativement faible de nos dépenses et du nombre d’heures visionnées”, a reconnu Ted Sarandos, “mais les retombées sont disproportionnellement positives en termes d’attraction des spectateurs et sans doute de la rétention (des abonnés)”.La plateforme compte aussi sur une nouvelle saison de la série dystopique “Black Mirror”, sortie ce mois-ci, et la très attendue dernière saison de “Stranger Things”, prévue pour plus tard cette année.

Pour la justice américaine, Google a monopolisé le marché de la publicité sur internet

Google a été reconnu coupable jeudi d’avoir abusé de sa position dominante sur le marché de la publicité sur internet, une deuxième défaite cuisante pour le géant américain des technologies déjà jugé coupable de pratiques anticoncurrentielles dans la recherche en ligne.Une juge fédérale a conclu que Google avait bien établi un monopole sur la publicité numérique, causant des “dommages importants” à ses clients et empêchant ses rivaux de lui faire concurrence.Les autorités américaines de la concurrence accusaient l’entreprise d’imposer des prix artificiellement élevés et un partage inéquitable des recettes aux sites web, grâce à son contrôle des outils de gestion des publicités et des ventes d’espaces publicitaires (comme les bannières).Selon la magistrate, les acquisitions de sociétés spécialisées dans les technologies publicitaires telles que DoubleClick n’étaient pas illégales, mais la façon dont Google les a ensuite utilisées constitue une infraction au droit de la concurrence.Google a fait part de son intention de faire appel, et l’affaire pourrait monter jusqu’à la Cour suprême.”Le tribunal a estimé que nos outils et nos acquisitions, comme DoubleClick, ne nuisent pas à la concurrence”, a souligné Lee-Anne Mulholland, vice-présidente de Google, dans une déclaration transmise à l’AFP.  “Nous avons remporté la moitié de cette affaire et nous allons faire appel concernant l’autre moitié”.”L’ampleur des retombées dépendra des recours juridiques utilisés et le calendrier de mise en Å“uvre s’étalera probablement sur des années si Google perd ses appels anticipés”, a commenté pour l’AFP Evelyn Mitchell-Wolf, analyste principale chez Emarketer.- “Marée antitrust” -“Mais le tableau d’ensemble est clair comme de l’eau de roche : la marée antitrust s’est retournée contre Google et d’autres géants de la publicité numérique.”Le groupe californien a déjà été reconnu coupable en août 2024 d’abus de position dominante sur un autre dossier, celui de la recherche sur internet. Sur les outils publicitaires numériques, le gouvernement de Joe Biden avait porté plainte contre la firme en janvier 2023. Le procès a eu lieu en septembre dernier.”Les plaignants ont prouvé que Google avait sciemment entrepris une série d’actions anticoncurrentielles pour atteindre et conserver un pouvoir de monopole dans le serveur de publications publicitaires et dans les marchés d’échanges de publicités sur internet”, a conclu la juge fédérale Leonie Brinkem.Dans une décision de 115 pages, elle explique comment la société a lié dans ses contrats les outils technologiques et la vente d’espaces publicitaires, empêchant tout rival d’émerger.”Tout le monde, des grands organes de presse aux petits blogueurs indépendants, a subi un préjudice financier à cause du comportement de Google”, a réagi jeudi Letitia James, la procureure générale de New York, dans un communiqué qui salue une “grande victoire”.Les méthodes de Google “rendent plus difficile d’offrir un contenu en ligne gratuit et de haute qualité pour tout le monde”, a-t-elle insisté.- “Remèdes” -Pendant le procès, la défense avait fustigé une version selon elle dépassée d’internet, ignorant le contexte actuel, où les publicités sont aussi placées dans les résultats de recherche, les applications mobiles et les réseaux sociaux.La juge a donné sept jours aux parties pour lui remettre un calendrier pour la suite de la procédure, afin de déterminer les “remèdes” à cette situation. Elle prononcera ensuite la peine. Mais l’issue du dossier pourrait au final être déterminée par la nouvelle administration.Le président Donald Trump avait en effet laissé entendre en octobre qu’il n’était pas favorable au démantèlement de Google, qui pénaliserait les États-Unis sur la scène internationale.Après des années d’enquêtes et de plaintes contre les entreprises technologiques et leurs monopoles, Google est la première entreprise à faire face à d’éventuelles conséquences.Dans l’affaire sur la recherche en ligne, où Google a été jugé coupable l’année dernière, le parquet réclame qu’il se sépare de son navigateur Chrome. Il veut aussi lui interdire de passer des accords avec les fabricants de smartphones pour installer son moteur de recherche par défaut sur leurs appareils.Le procès de Meta (Facebook, Instagram) s’est par ailleurs ouvert lundi à Washington. Le géant des réseaux sociaux est accusé d’avoir acquis Instagram et WhatsApp il y a plus de dix ans afin d’étouffer toute concurrence potentielle à ses services.

Trump sûr à “100%” qu’un accord sur les droits de douane avec l’UE sera trouvé

Donald Trump s’est dit sûr “à 100%” qu’un accord sur les droits de douane avec l’Union européenne serait conclu, en recevant jeudi à Washington la dirigeante italienne Giorgia Meloni, pressée par Bruxelles de parler au nom des Vingt-Sept.”Il y aura un accord commercial, à 100%”, a affirmé le président américain. La Première ministre italienne, première dirigeante européenne à visiter la Maison Blanche depuis la brutale offensive douanière lancée par son locataire, a répondu à l’unisson, “certaine” qu’un accord sera trouvé.Signe qu’il reste beaucoup à faire, Donald Trump a précisé qu’il n’était “pas pressé” et que Giorgia Meloni ne l’avait pas fait varier de stratégie.Au moment où les relations sont tendues entre l’UE et les Etats-Unis par la guerre commerciale menée par le président républicain avec ses droits de douane tous azimuts, la cheffe de la coalition ultraconservatrice au pouvoir à Rome a affirmé “ne pas pouvoir négocier au nom de l’Union européenne”.En pleine guerre commerciale, la Banque centrale européenne (BCE) vient de s’accorder pour une baisse de 0,25 point des taux directeurs pour renforcer l’économie de la zone euro.Sa présidente Christine Lagarde a déclaré jeudi que la BCE devait “faire face à l’imprévisible” et se montrer “agile” face au contexte économique mouvant.Le président américain a également déclaré que Washington était “en discussion” avec la Chine afin de résoudre leur différend commercial, assurant qu'”ils nous ont contactés à plusieurs reprises”.Les Etats-Unis appliquent au minimum 145% de droits de douane sur les produits chinois, Pékin ayant répondu par des taxes à hauteur de 125% sur les produits américains.- “Relation très spéciale” -Donald Trump a en revanche renforcé ses attaques contre Jerome Powell, le patron de la Fed, la banque centrale américaine, dont la politique de taux d’intérêts lui déplaît. “Je ne suis pas content de lui. Je lui ai fait savoir et si je veux qu’il parte, il partira vite fait, croyez-moi”, l’a défié l’hyper-président.Les relations entre Giorgia Meloni et Donald Trump, qui partagent un large socle idéologique, sur l’immigration en particulier, sont réputées très bonnes. La Première ministre, qualifiée de “dirigeante fantastique” par le républicain, avait été la seule dirigeante de l’UE invitée à son investiture en janvier.”Mon objectif est de rendre sa grandeur à l’Occident, et je pense qu’on peut le faire ensemble”, a-t-elle déclaré jeudi en référence au slogan “Make America Great Again” de Donald Trump.Soulignant cette “relation très spéciale”, de hauts responsables américains ont estimé que Giorgia Meloni pourrait servir d’intermédiaire pour un accord entre l’Europe et les Etats-Unis.”Nous sommes ouverts, nous sommes disponibles, nous sommes prêts à conclure des accords avec les pays qui prennent cela au sérieux. Nous espérons que l’Italie et l’UE en feront partie”, a déclaré un responsable de l’administration Trump aux journalistes avant la rencontre.- Cavalier seul -Le président américain Donald Trump a imposé depuis le 5 avril des droits de douane d’au moins 10% sur l’ensemble des produits entrant aux Etats-Unis, à l’exception des produits chinois largement surtaxés.Dépendante des exportations de son industrie, qui pèse près d’un quart de son PIB, Giorgia Meloni a critiqué cette offensive tarifaire tout en jouant le dialogue et exhortant Bruxelles à ne pas prendre de mesures de rétorsion.Son pas de deux avec Donald Trump inquiète ses partenaires européens, à l’instar du ministre français de l’Industrie, Marc Ferracci, qui a dit craindre, à l’annonce de la visite de Giorgia Meloni à Washington, qu’elle ne fasse cavalier seul.Une porte-parole de la Commission européenne a toutefois décrit l’initiative de Giorgia Meloni comme “bienvenue” et coordonnée avec Bruxelles.Si les deux dirigeants partagent bon nombre de positions, Donald Trump et Giorgia Meloni sont moins en phase sur l’Ukraine, que Rome a toujours ardemment défendue.Donald Trump, qui s’est rapproché de manière spectaculaire de Vladimir Poutine depuis son retour au pouvoir et dont la rencontre avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait tourné au clash fin février, a certes déclaré jeudi ne pas le “tenir pour responsable” de la guerre en Ukraine. Mais “j’estime qu’il n’a pas fait le meilleur job du monde. Je ne suis pas un grand fan”, l’a-t-il critiqué une fois de plus dans la foulée.burs-els/eml

Le boycott des mairies écologistes par Safran relance un débat sur la “réindustrialisation verte”

La décision radicale du patron de Safran de “bannir” tout investissement dans les villes écologistes a ravivé le débat sur la “réindustrialisation verte” de la France, les Ecologistes assumant leur défense d’un développement “durable” tandis que des adversaires politiques tendaient les bras au groupe aéronautique.L’étincelle à l’origine de la polémique est partie lundi d’une déclaration aussi rare que directe du directeur général de Safran : Olivier Andriès, devant la commission d’enquête de l’Assemblée nationale sur les freins à la réindustrialisation, a vivement dénoncé les critiques formulées, en février 2024, par des élus écologistes de Rennes contre l’implantation d’une fonderie avec 500 emplois à la clé.”On avait négocié avec la maire socialiste de Rennes, (…) ça s’est très bien passé, et là, les écologistes nous ont jeté des tomates sur le thème: +c’est scandaleux, un groupe vient s’installer, créer de l’emploi, c’est l’aéronautique, c’est l’avion, ils vont polluer, et puis c’est le militaire, c’est pas bien+”, a-t-il déclaré.En conséquence, “pour moi, il n’est plus question aujourd’hui d’investir en France dans une ville qui est détenue par une majorité écologiste”, “chaque fois que l’on aura un choix de localisation, je bannirai une offre faite” par ces mairies, a ajouté le patron du motoriste et équipementier aéronautique français, dont l’Etat détient presque 12%.”Si c’est pour détruire la planète, on a 500 emplois qui vont probablement, derrière, durer un temps très court”, lui a répondu mercredi la députée écologiste Sandrine Rousseau sur BFMTV.”Je suis fier de notre industrie aéronautique française, leader mondial, avec des grands groupes et un tissu de PME d’excellence”, a rétorqué à son tour jeudi soir le ministre de l’Industrie Marc Ferraci.”L’industrie aéronautique a un avenir formidable” et sa décarbonation “est en marche”, a-t-il ajouté dans un réaction transmise à l’AFP.Le site de la fonderie, censé être opérationnel en 2027, doit fournir des aubages de turbine pour les moteurs de Rafale, l’avion de combat français, ou le moteur Leap, qui équipe tous les Boeing 737 MAX et environ 60% des Airbus A320neo.- “Chantage à l’emploi” -“À un an des municipales, cette prise de position très politique d’un industriel nous interroge”, ont réagi Les Ecologistes dans un communiqué jeudi soir.”Le chantage à l’emploi ne fait pas une politique industrielle” et “la question à se poser est donc plutôt de savoir en quoi les emplois créés par Safran seront durables, notamment en cas d’envolée du coût de l’énergie”, se défend le parti.Leurs élus rennais, qui font partie de la majorité municipale conduite par la socialiste Nathalie Appéré, avaient vivement critiqué la décision prise, “dans le dos”, par leurs alliés d’accepter l’implantation de cette usine de Safran sur un terrain racheté par les collectivités locales à Stellantis.”Au regard des urgences climatiques, d’autres solutions, qui étaient à l’étude, notamment avec des PME/PMI du territoire et au-delà, auraient pu être privilégiées”, défend le parti.”La Région ÃŽle-de-France accueillera tous les emplois que Safran souhaitera créer pour ses habitants avec reconnaissance et engagement (à lui simplifier la vie !)”, a opportunément fait valoir sa présidente Valérie Pécresse (LR), dans un message sur X (ex-Twitter). Pour le groupe au 27 milliards d’euros de chiffre d’affaires et aux 100.000 employés, les bras sont ouverts également à Romans-sur-Isère (Drôme), a aussi tweeté la maire de cette commune, Marie-Hélène Thoraval.- “Nativement verte” -Le directeur de Safran “a raison”, a aussi défendu jeudi sur RMC le patron de Bpifrance, Nicolas Dufourcq: “On ne peut pas vouloir à la fois la réindustrialisation (…) et en même temps, poser mille et mille et mille et mille conditions qui font que c’est absolument impossible pour les industriels”.”La réindustrialisation de la France (…) elle est nativement verte” car “ce sont des usines qui sont électrifiées, qui sont conçues pour être décarbonées”, a argué le directeur général de la banque publique d’investissement . “Les Français savent bien que ça suffit, cette situation dans laquelle tout est fabriqué en Chine”.ngu-od-leo-bl/swi

Wall Street termine en ordre dispersé, à l’issue d’une séance en dents de scie

La Bourse de New York a terminé sans direction claire, à l’issue d’une séance volatile, et en l’absence de développements majeurs sur la guerre commerciale lancée par les Etats-Unis, l’indice Dow Jones ayant pour sa part accusé le coup face au plongeon de l’assureur santé UnitedHealth.Le Dow Jones a lâché 1,33%, l’indice Nasdaq s’est effrité de 0,13% et l’indice élargi S&P 500 a grappillé 0,13%.C’était “essentiellement une journée calme”, résume auprès de l’AFP Peter Cardillo, de Spartan Capital Securities.En raison du week-end pascal, la Bourse de New York sera fermée vendredi, comme la majorité des places mondiales. Lors des semaines raccourcies, les volumes d’échanges tendent à être plus faibles, pouvant ainsi favoriser la volatilité.”Nous n’avons pas entendu grand-chose de Washington ou de la Chine concernant de nouveaux développements dans la guerre commerciale”, explique M. Cardillo.De fait, “le marché est clairement dans l’expectative” en ce qui concerne les droits de douane, détaille auprès de l’AFP Art Hogan, de B. Riley Wealth Management. “La Maison Blanche tente d’être optimiste quant à de possibles accords”, ajoute l’analyste.Donald Trump s’est dit sûr “à 100%” qu’un accord sur les droits de douane avec l’Union européenne sera conclu, en recevant jeudi la dirigeante italienne Giorgia Meloni, pressée par Bruxelles de parler au nom des Vingt-Sept.La présidente du Conseil italien a parlé d’une même voix au début de la rencontre à Washington, se disant elle aussi “certaine” qu’un accord sera trouvé.Par ailleurs, Tokyo a entamé mercredi à Washington des négociations sur les massives surtaxes douanières imposées par les Etats-Unis, et réclame un accord “au plus vite”, avant la fin du délai de 90 jours que Donald Trump a accordé la semaine dernière au monde entier sur les droits de douane “réciproques”, à l’exception de la Chine.Sur le marché obligataire, le rendement des emprunts d’Etat américains à dix ans s’est tendu à 4,32% contre 4,28% la veille en clôture.”Le marché s’est plutôt concentré sur les informations relatives aux entreprises”, selon M. Hogan.Au tableau des valeurs, l’assureur santé UnitedHealth – pondération la plus importante du Dow Jones – a entraîné l’indice historique de la place américaine dans le rouge. Le groupe a plongé de 22,38% après avoir annoncé un abaissement surprise de ses prévisions pour l’exercice en cours, face à une hausse de ses coûts. Au premier trimestre, l’entreprise a fait moins bien qu’attendu par les analystes, avec notamment un bénéfice net par action de 7,20 dollars. D’autres noms du secteur ont emboîté le pas de UnitedHealth, à l’instar de Humana (-7,40%) ou d’Elevance Health (-2,42%).Ailleurs à la cote, le laboratoire américain Eli Lilly, qui fabrique notamment les traitements anti-obésité Zepbound et Mounjaro, a brillé (+14,30%) après avoir dévoilé des résultats encourageants d’essais cliniques pour une nouvelle pilule anti-obésité.Novo Nordisk, connu pour Ozempic et Wegovy, ses traitements pour le diabète et la perte de poids a en revanche terminé en baisse (-7,54%).Alphabet – maison mère de Google – a perdu du terrain (-1,38%) après qu’une juge fédérale américaine a conclu que Google avait monopolisé le marché de la publicité sur internet, estimant que le géant américain des technologies avait “sciemment entrepris une série d’actions anticoncurrentielles” et avait causé des “dommages importants” à ses clients. Google a indiqué avoir l’intention de faire appel de cette décision rendue publique jeudi.Le loueur de véhicules Hertz a été propulsé pour la deuxième séance consécutive (+43,87%) après que le fonds de l’investisseur activiste Bill Ackman a racheté 12,7 millions d’actions du groupe, soit une part d’environ 4% du capital. Selon le média américain CNBC, le fonds est désormais le deuxième plus gros actionnaire du loueur, avec une participation totale d’environ 19%.

Le boycott des mairies écologistes par Safran relance un débat sur la “réindustrialisation verte”

La décision radicale du patron de Safran de “bannir” tout investissement dans les villes écologistes a ravivé le débat sur la “réindustrialisation verte” de la France, les Ecologistes assumant leur défense d’un développement “durable” tandis que des adversaires politiques tendaient les bras au groupe aéronautique.L’étincelle à l’origine de la polémique est partie lundi d’une déclaration aussi rare que directe du directeur général de Safran : Olivier Andriès, devant la commission d’enquête de l’Assemblée nationale sur les freins à la réindustrialisation, a vivement dénoncé les critiques formulées, en février 2024, par des élus écologistes de Rennes contre l’implantation d’une fonderie avec 500 emplois à la clé.”On avait négocié avec la maire socialiste de Rennes, (…) ça s’est très bien passé, et là, les écologistes nous ont jeté des tomates sur le thème: +c’est scandaleux, un groupe vient s’installer, créer de l’emploi, c’est l’aéronautique, c’est l’avion, ils vont polluer, et puis c’est le militaire, c’est pas bien+”, a-t-il déclaré.En conséquence, “pour moi, il n’est plus question aujourd’hui d’investir en France dans une ville qui est détenue par une majorité écologiste”, “chaque fois que l’on aura un choix de localisation, je bannirai une offre faite” par ces mairies, a ajouté le patron du motoriste et équipementier aéronautique français, dont l’Etat détient presque 12%.”Si c’est pour détruire la planète, on a 500 emplois qui vont probablement, derrière, durer un temps très court”, lui a répondu mercredi la députée écologiste Sandrine Rousseau sur BFMTV.Le site de la fonderie, censé être opérationnel à partir de 2027, doit fournir des aubages de turbine pour les moteurs de Rafale, l’avion de combat français, ou le moteur Leap, qui équipe tous les Boeing 737 MAX et environ 60% des Airbus A320neo.- “Chantage à l’emploi” -“À un an des municipales, cette prise de position très politique d’un industriel nous interroge”, ont réagi Les Ecologistes dans un communiqué jeudi soir.”Le chantage à l’emploi ne fait pas une politique industrielle” et “la question à se poser est donc plutôt de savoir en quoi les emplois créés par Safran seront durables, notamment en cas d’envolée du coût de l’énergie”, se défend le parti.Leurs élus rennais, qui font partie de la majorité municipale conduite par la socialiste Nathalie Appéré, avaient vivement critiqué la décision prise “dans le dos” par leurs alliés d’accepter l’implantation de cette usine de Safran sur un terrain racheté par les collectivités locales à Stellantis.”Au regard des urgences climatiques, d’autres solutions, qui étaient à l’étude, notamment avec des PME/PMI du territoire et au-delà, auraient pu être privilégiées”, défend le parti.”La Région ÃŽle-de-France accueillera tous les emplois que Safran souhaitera créer pour ses habitants avec reconnaissance et engagement (à lui simplifier la vie !)”, a opportunément fait valoir sa présidente Valérie Pécresse (LR), dans un message sur X (ex-Twitter). Pour le groupe au 27 milliards d’euros de chiffre d’affaires et aux 100.000 employés, les bras sont ouverts également à Romans-sur-Isère (Drôme), a aussi tweeté la maire de cette commune, Marie-Hélène Thoraval.- “Nativement verte” -Le directeur de Safran “a raison”, a aussi défendu jeudi sur RMC le patron de Bpifrance, Nicolas Dufourcq: “On ne peut pas vouloir à la fois la réindustrialisation (…) et en même temps, poser mille et mille et mille et mille conditions qui font que c’est absolument impossible pour les industriels”.”La réindustrialisation de la France (…) elle est nativement verte” car “ce sont des usines qui sont électrifiées, qui sont conçues pour être décarbonées”, a argué le directeur général de la banque publique d’investissement . “Les Français savent bien que ça suffit, cette situation dans laquelle tout est fabriqué en Chine”.”Quand vous faites du semi-conducteur, par exemple, dans la vallée de Grenoble, (…) c’est quand même la fierté française d’avoir des grandes usines qui sont compétitives avec la Chine, qui permettent d’alimenter toute notre industrie et l’industrie mondiale”, a-t-il aussi plaidé.”Mais on a quand même tout le monde contre nous”, a déploré M. Dufourcq, rappelant l’exemple de “l’attentat contre l’alimentation électrique de l’usine de STMicroelectronics”, lorsque des câbles électriques avaient été incendiés en 2022 à Crolles (Isère).

Chocolats de Pâques: les cloches s’envolent et les prix aussi

Devant la boutique d’une enseigne parisienne de chocolats, Jacques, 50 ans, énumère ses achats de Pâques: poules, lapins, friture… Du “classique”. Mais cette année, il a choisi des “petits formats” car “les prix ont augmenté”, flambée des cours de cacao oblige.”C’est plus cher que l’an dernier, je dirais d’environ 15%”, dit-il à l’AFP. Pas question toutefois de renoncer à ces emplettes annuelles destinées à sa famille et… à ses propres papilles: “C’est un achat plaisir”.Ce “fort attachement des Français au chocolat”, festif à Pâques et Noël (les deux gros temps forts d’achat) et du quotidien pendant l’année, est “une grande chance pour la profession”, reconnaît Gilles Rouvière, secrétaire général du Syndicat du chocolat, qui regroupe petites entreprises familiales, PME plus grosses et multinationales.D’autant que les achats de Pâques sont aux trois quarts destinés aux enfants, selon les enquêtes de l’organisation, même si les achats pour les adultes croissent plus rapidement que ceux pour les enfants (+8% et +2,4% respectivement en 2024).Les cours du cacao, stables pendant une dizaine d’années, se sont envolés à partir de début 2023. Sur le marché londonien des matières premières, la tonne de cacao valait 1.900 livres sterling (2.200 euros) en janvier 2023, 3.800 livres un an plus tard et a atteint un plus haut mi-décembre 2024, à plus de 9.000 livres. Un prix multiplié par 4,5 en deux ans. Depuis début 2025, les cours ont toutefois reflué et la tonne cotait quelque 6.200 livres fin mars.Les raisons de la flambée des cours ces dernières années? Des conditions climatiques défavorables (pluies diluviennes provoquant des maladies dans les cultures, sécheresse) en Afrique de l’Ouest (notamment en Côte d’Ivoire et au Ghana), ceinture cacaoyère qui fournit 70% des fèves de cacao dans le monde.L’envolée des prix a freiné la demande et poussé des agriculteurs à consacrer plus de ressources à la culture du cacao, permettant une détente des cours ces derniers mois, avec la constitution de réserves pour la première fois depuis quatre ans.- Moins de lapins dans les jardins ? -Mais les fabricants des chocolats de Pâques ont acheté le cacao il y a plusieurs mois, parfois au plus haut.Une enquête réalisée par UFC-Que Choisir pointe une hausse en moyenne de 14% des prix de chocolats de Pâques en grande distribution cette année, par rapport à Pâques 2024.Une augmentation portée à 23% en moyenne sur les marques distributeurs, qui restent toutefois moins chères que les marques nationales, selon les relevés effectués par l’association de défense des consommateurs le 31 mars sur 78 produits.Une envolée qui contraste avec l’inflation alimentaire revenue à moins de 0,5% en 2024. Oliviers Dauvers, expert des sujets de grande consommation, pronostique “un mauvais millésime” des ventes de chocolats de Pâques 2025: “Même si l’inflation est justifiée” par la flambée des cours du cacao, “une part des clients ne peuvent pas suivre, tout simplement”.Un porte-parole du Groupement Mousquetaires (Intermarché, Netto) dit proposer les mêmes produits que l’an dernier, sans baisser la part de cacao. Mais des magasins du groupement présentent aussi des articles de Pâques avec très peu de chocolat, comme par exemple des oeufs fourrés d’une crème au lait.Pas question, assure-t-il à l’AFP, de pousser les étiquettes vers le haut pour ces achats exceptionnels car “la plupart des enseignes proposent plus ou moins la même chose”. L’achat de sujets de Pâques est certes “un passage un peu obligé pour les parents, mais on doit être le plus concurrentiel possible”, sinon le client va voir ailleurs.La plupart des achats de chocolats ont lieu dans la semaine précédent le week-end de Pâques. Il est donc trop tôt pour dire si cloches et lapins seront moins nombreux dans les jardins dimanche.Â